REPENSER LES DIFFERENTS TEMPS DE L`ENFANT AU COURS
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REPENSER LES DIFFERENTS TEMPS DE L`ENFANT AU COURS
1 REPENSER LES DIFFERENTS TEMPS DE L’ENFANT AU COURS DES 24 HEURES POUR MIEUX CONCEVOIR LES STRUCTURES D’ACCUEIL EN DEHORS DE LA FAMILLE ET DE L’ECOLE Hubert MONTAGNER, Professeur des Universités en retraite, ancien directeur de recherche à l’INSERM, ancien directeur de l’Unité « Enfance Inadaptée » de l’INSERM Eclairées par les observations cliniques et le vécu des parents, des éducateurs, en particulier les enseignants, et des autres professionnels de l’enfance, les données de la recherche fondamentale nous enseignent qu’on ne peut bien comprendre les possibilités, potentialités, compétences, équilibres psychophysiologiques, capacités d’adaptation et ressources cognitives des enfants à tous les âges, ainsi que leurs difficultés, si on ne prend pas en compte les trois racines majeures qui sous-tendent la sécurité affective (le sentiment de ne pas se sentir abandonné, délaissé, négligé, ignoré, maltraité et/ou en danger : H. MONTAGNER, 2002, 2006) : ** la rencontre durable avec au moins une « figure d’attachement sécure », c’est-à-dire une personne avec laquelle les interactions peuvent être accordées, en d’autres termes un partenaire qui s’engage sans retenue dans les ajustements mutuels des comportements, émotions, affects et rythmes d’action (pour les processus d’accordage ou « attunement », voir D. STERN, 1982, 1985 :) ; ** le respect des rythmes biopsychologiques, c’est-à-dire ceux qui ont une composante biologique sous la dépendance d’une ou de plusieurs « horloges internes » et une composante psychologique évidemment sous l’influence permanente des donneurs de temps familiaux, sociaux et culturels, mais aussi des expériences individuelles et du vécu (par exemple, le rythme veille-sommeil) ; ** l’appropriation sécurisée et conquérante de l’environnement qui permet de sceller l’alliance du corps et de la pensée dans toutes les dimensions de l’espace. C’est ce qu’on observe « ordinairement » au sein d’une famille sécurisante sans difficulté particulière, et aussi dans les structures d’accueil de la petite enfance (crèches, haltes-garderies…) et les établissements scolaires lorsque l’accueil, le mode de fonctionnement, l’organisation du temps et l’aménagement des espaces sont fondés sur des relations apaisées et rassurantes et sur le respect des particularités des différents enfants. 2 S’agissant des « tiers-temps » (les temps passés en dehors de la famille et de l’école), il serait donc logique et souhaitable que trois conditions soient réunies : la possibilité offerte aux enfants de développer dès leur accueil des interactions accordées avec au moins une « figure d’attachement sécure », surtout lorsque leur famille est en difficulté, un aménagement du temps qui ne soit pas à contretemps ou contre-phase de leurs rythmes biopsychologiques, et un aménagement des structures qui permette de sceller en toute sécurité l’alliance du corps et de la pensée dans toutes les dimensions de l’espace. Je me limiterai ici à l’accueil des enfants reçus à l’école primaire (école maternelle et école élémentaire). Mais, pour que cela ait du sens, il faut d’abord examiner les trois racines majeures de la sécurité affective de l’enfant à tous les âges. Les trois racines majeures de la sécurité affective, « cœur » de l’enfant et « moteur » de son développement La « figure d’attachement sécure » Installés et confortés dans la sécurité affective, les enfants de tous âges, de tous milieux sociaux et de toutes origines ont la possibilité de (re)prendre confiance en soi et dans autrui, et de développer l’estime de soi. Ils peuvent alors révéler et partager sans retenue toute la gamme de leurs émotions, tout en libérant le langage oral dans un bain de communications apaisées et plurielles. Ils peuvent alors sortir au moins partiellement des peurs, blocages affectifs et inhibitions dans lesquels ils sont enfermés. La voie est ainsi ouverte aux interactions accordées qui fondent un attachement sécure. Les conditions sont créées pour que les enfants puissent rendre « lisibles » et structurer les cinq ensembles fonctionnels que j’ai proposés sous le terme de « compétences-socles » : l’attention visuelle soutenue, notamment dans les interactions, l’élan à l’interaction, les comportements affiliatifs, l’imitation réciproque et l’organisation structurée et ciblée du geste. Déjà « lisibles » au cours des premiers jours postnataux ou des premières semaines selon les bébés, ces « capacités de base » sont des socles essentiels des constructions et conduites les plus complexes (H. MONTAGNER, 2002, 2006). On citera ici l’acquisition de nouveaux mécanismes de traitement de l’information, l’entrée dans les systèmes de communication pluriels, les conduites sociales diversifiées, les processus de socialisation, la lisibilité des processus cognitifs jusqu’alors masqués ou cachés, la libération des ressources 3 intellectuelles, l’acquisition de nouvelles capacités d’ apprentissage et la maîtrise des habiletés manuelles. Ces « phénomènes » qui s’influencent en cascade au fil du développement ne se retrouvent pas clairement ou complètement chez les enfants insécures qui cumulent les difficultés dans une famille en souffrance (maladie, pauvreté, chômage persistant, rythmes de vie stressants, rythmes de travail éprouvants, ruptures affectives, conflits permanents ou récurrents…). Leurs possibilités et potentialités sont illisibles, et leurs conduites sont brouillées au point qu’on évoque alors des « troubles du comportement ». On verra plus loin dans quelles conditions et comment la sécurité affective et donc la confiance en soi et dans autrui peuvent s’installer « malgré tout » pendant les « tierstemps » dès lors que des interactions accordées peuvent se nouer avec au moins une « figure d’attachement sécure ». Les rythmes biologiques et biopsychologiques (ASCHOFF, J. 1965, HALBERG, F. 1960, HELLBRÜGGE, Th. 1960, P. KOCH, H. MONTAGNER et R. SOUSSIGNAN 1987, MONTAGNER, 2002, MONTAGNER, H. 2006, MONTAGNER, H. et al. 1978, MONTAGNER, H. et TESTU, F. 1995, REINBERG, A. 1979, REINBERG, A. 2004, RUTENFRANZ, J., HELLBRUGGE, Th. 1957, TESTU, F. 2000, TESTU, F., FONTAINE, R. 2001, TESTU, F. 2008) Par rythmes biologiques, on entend les événements physiologiques qui se caractérisent par une période, c’est-à-dire qui se reproduisent à l’identique au bout d’un temps donné. Egalement « définis » par une période, les rythmes biopsychologiques peuvent être influencés à tout moment par les situations, contextes, émotions, affects et expériences individuelles dans les différents lieux de vie, même s’ils sont sous la dépendance d’une ou de plusieurs « horloges internes ». On ne peut donc les assimiler à des « rythmes chronobiologiques » sensu stricto. Synchronisés par l’alternance du jour et de la nuit, les rythmes circadiens (du latin « circa » -environ- et « dies » -journée-) sont donc universels. Cependant, ils sont aussi sous l’influence des donneurs de temps familiaux, sociaux et culturels. Ayant une période d’environ 24 heures, leur « temps fort » (les valeurs les plus élevées) et leur « temps faible » (les valeurs les plus faibles) se situent à des moments peu variables de l’alternance du jour et de la nuit. C’est le cas évidemment du rythme veille-sommeil, mais aussi par exemple du rythme circadien de sécrétion des hormones corticostéroïdes par les glandes surrénales (cortisol, cortisone…) : le temps fort se situe entre 06h.00 et 08h.00, et le temps faible environ 12 heures plus tard. On peut ajouter le rythme circadien de 4 la température du corps : elle est globalement à son plus haut niveau entre 16h.00 et 21h.00 (un peu plus tôt ou un peu plus tard selon les personnes, l’âge, les jours… ). On distingue au sein des 24 heures des rythmes rapides dits ultradiens dont la période peut être d’environ une seconde. Par exemple, le rythme cardiaque (la fréquence des battements du cœur au repos est en effet le plus souvent de 60 à 80 par minute). D’autres rythmes ultradiens ont une période de quelques heures. Par exemple, la période du rythme veille-sommeil des enfants de moins de deux ans est d’environ trois heures. Les rythmes ultradiens sont eux aussi sous l’influence des donneurs de temps familiaux, sociaux et culturels. Nous verrons plus loin ce que cela entraîne pour l’accueil des enfants pendant les « tiers-temps ». Enfin, il y a des rythmes lents ou infradiens dont la période est longue (environ un mois, une semaine, une année… ). Les espaces qui permettent de sceller l’alliance maîtrisée du corps et de la pensée L’appropriation maîtrisée de la troisième dimension de l’environnement (hauteur et profondeur), c’est-à-dire l’escalade, la descente, la traversée des espaces et des structures du type tunnel… permet aux enfants de sceller l’alliance du corps et de la pensée et, ainsi, de s’ajuster et s’adapter aux milieux les plus imprévus, divers et complexes. C’est-à-dire, l’intégration par le cerveau de « ce que fait » à tout moment le corps en mouvement (motricité corporelle, gestuelle et manuelle, locomotion, équilibres tonico-posturaux…) dans toutes les dimensions de l’espace, et pas seulement sur les surfaces. C’est en même temps le cerveau qui apprend à contrôler et corriger les positionnements, évolutions, équilibres et déséquilibres du corps en mouvement, en particulier dans la hauteur et la profondeur. Ces influences réciproques permettent à une personne de s’ajuster à tout moment aux environnements les plus difficiles à investir, parfois à risques, tels que l’escalade d’un arbre, d’un mur ou d’un versant de montagne, l’exploration d’un gouffre… Ainsi peuvent se structurer dès la petite enfance des capacités de conquête contrôlée de toutes les surfaces, volumes et milieux. Et, par là même, les concepts qui sous-tendent les processus cognitifs dans la perception et l’intégration de l’espace, et donc la pensée (au dessus, au dessous, en haut, en bas, à côté, en contrebas, en profondeur, en perspective, en parallaxe…). En d’autres termes, c’est le cerveau qui peut donner sens et signification à « ce que fait » le corps en mouvement dans toutes les situations et c’est, « en retour », la conquête de toutes les dimensions de l’espace qui façonne la perception, la cognition, le raisonnement et l’ensemble des ressources intellectuelles dans les environnements les plus variés et complexes. C’est pourquoi, il est important que les 5 structures d’accueil des enfants de tous âges comportent des « mobiliers », dispositifs, superstructures (au dessus du sol) et « infrastructures » (au dessous du sol) qui autorisent l‘alliance du corps et de la pensée dans toutes les dimensions de l’espace. Les modalités de l’accueil, l’aménagement du temps et l’aménagement de l’espace dans les structures qui reçoivent les enfants de l‘école primaire au cours des « tiers-temps » L’accueil avant la classe Il n’est pas rare que les écoliers soient accueillis avant l’ouverture de l’école à 08h.30 dans un lieu labellisé « garderie », le plus souvent entre 07h.30 et 08h.30, parfois plus tôt, en raison, dans la plupart des cas, des horaires de travail contraignants des parents. Il est important que ce lieu préscolaire soit conçu pour préserver ou restaurer les trois racines majeures de la sécurité affective. ** L’accueil dans un lieu rassurant et anxiolytique par au moins une personne qui puisse être ressentie par les enfants comme une « figure d’attachement sécure », c’est-à-dire apaisante, rassurante, sécurisante, « démineuse » des peurs, blocages affectifs et inhibitions. Et aussi, qui ne les renvoie pas à leurs difficultés ni à celles de leur famille, qui sache libérer ses émotions et les faire partager dans des « bains d’accordages » soustendus par le langage oral et la communication plurielle. Une telle personne aide les enfants à relativiser ou dépasser l’inquiétude, l’anxiété et/ou l’angoisse qu’ils ont pu développer dans une famille vulnérable, anxiogène, en difficulté physique (handicap), physiologique (maladie), morale ou sociale, mais aussi en classe et à l’école, ou encore dans leur(s) groupe(s) de pairs, la rue, la cité… En effet, comme cela a été rapporté par le journal « Libération » dans son numéro du 23 septembre 2008 à partir d’une enquête réalisée auprès de 700 jeunes, 42% disaient avoir « mal au ventre » au moment de partir à l’école et 26% ne comprenaient pas ce qu’on leur demandait de faire. Autrement dit, c’est la peur au ventre que 42% de ces enfants partaient pour l’école, et que 26% ne pouvaient pas ou ne voulaient pas comprendre les informations qui leur étaient transmises. Comment des enfants « insécures » qui ont peur (du climat délétère dans le milieu familial, de l’école, des pairs, de la rue, de la société…), et qui ne comprennent pas ce qu’on leur dit, pourraient-ils avoir envie d’apprendre, et comment pourraient-ils entrer avec succès dans les apprentissages scolaires… ou tout autre apprentissage ? 6 En plus de la « figure d’attachement sécure », le spectacle de la vie animale (contemplation de poissons qui évoluent dans un aquarium, observation de tourterelles dans une cage qui ne soit pas perçue comme un lieu d’enfermement …) et les relations avec certains animaux familiers (chiens, poneys, lapins, cobayes, hamsters…) peuvent contribuer à l’installation des enfants dans la sécurité affective, en particulier quand ils ont des « troubles du comportement » ou s’ils sont porteurs d’un handicap (H. MONTAGNER, 1995, 2002). En effet, dans certaines de ces situations, on observe alors une diminution significative du rythme cardiaque et, dans toutes, une libération des comportements affiliatifs (sourires, rires, enlacements, offrandes, sollicitations, coopérations... ). C’est aussi ce qu’on peut observer dans les ambiances anxiolytiques (bruits non inquiétants de la nature comme ceux d’une cascade, d’un ruissellement…, symphonies qui apaisent, jeu de lumières multicolores et tamisées…), ou encore à l’occasion de rencontres avec des personnes insolites ou étranges mais non inquiétantes qui favorisent les conduites affiliatives (partenaires grimés et déguisés, clowns, mimes…). Enfin, en autorisant les auto-balancements qui entraînent une diminution du rythme cardiaque, certains « mobiliers » facilitent l’installation des enfants dans la sécurité affective (balancelle, balançoire, rocking-chair, hamac…). Le lieu qui accueille les écoliers avant le temps scolaire devrait donc être conçu comme un espace qui permet à chaque enfant de relativiser, d’éponger et de dépasser ses peurs, son anxiété et ses angoisses, et pas simplement comme une « garderie » dans l’attente du moment d’entrée en classe. ** Le respect des rythmes biologiques et biopsychologiques Selon les enquêtes récemment publiées, la durée du sommeil n’a cessé de diminuer dans toutes les classes d’âge au cours des vingt dernières années. Les études longitudinales révèlent quant à elles que beaucoup d’enfants ont de jour en jour, de semaine en semaine… des déficits cumulés de sommeil (certains s’endorment en classe). Ils présentent le plus souvent des « troubles » du rythme veille-sommeil (difficultés d’endormissement, sommeil interrompu plusieurs fois au cours de nuits successives, réveils « accompagnés » de cauchemars et de terreurs chez les plus jeunes). C’est clairement le cas des enfants insécures et ceux (souvent les mêmes) que l’on dit en échec scolaire. Il faut enfin prendre conscience de l’importance des phénomènes physiologiques et psychiques qui « jalonnent » les cycles de sommeil (pendant les phases de sommeil lent : pic de sécrétion de l’hormone de croissance qui joue un rôle dans la synthèse de protéines nécessaires à la récupération des fatigues « physiques », et donc à la réduction de la fatigabilité ; sommeil paradoxal qui joue à travers les rêves phantasmatiques un rôle de « soupape » de l’inconscient dans l’affectivité et la sexualité ; facilitation de la mémorisation et consolidation des apprentissages). Il serait donc souhaitable qu’un secteur du lieu d’accueil préscolaire soit aménagé pour que les enfants en déficit de sommeil puissent s’endormir, y compris ceux 7 de l’école élémentaire. Cela est tout à fait possible puisque la durée du dernier cycle de sommeil est courte (elle est souvent de 15 à 30 minutes). L’état de vigilance étant faible chez la plupart des enfants jusqu’à 09h.00 pour un réveil autour de 07h.00 (souvent jusqu’à 09h.15 ou même 09h.30, en tout cas chez ceux qui sont en difficulté), alors qu’il est à son niveau le plus élevé entre 09h.30 et la fin de la matinée, il serait souhaitable d’aménager dans le lieu d’accueil préscolaire un secteur qui permette aux enfants de s’isoler seuls ou avec un pair, parfois plusieurs, en tout cas de se soustraire à l’environnement lorsqu’il est perçu comme insécurisant. Par exemple, en leur donnant la possibilité de « se réfugier » dans un nid, une « niche», un alvéole, une fosse à coussins… et de choisir une activité calme et non dynamogène qui favorise « l’évasion cérébrale » et nourrit l’imaginaire dans une ambiance non bruyante, non anxiogène, en dehors des allées et venues, des bousculades et des conflits. On peut leur proposer par exemple des puzzles, jeux de construction, « bains de narration », plongées dans un univers d’images non agressives (magazines, bandes dessinées… ), écoutes de musiques anxiolytiques (chants d’oiseaux, « symphonies » de « chants » de baleines, bruits de la nature non inquiétants…). ** Les espaces qui permettent une alliance maîtrisée du corps et de la pensée dans des espaces sécurisés et sécurisants Dès lors qu’ils sont sécurisés et sécurisants, certains mobiliers et certains aménagements d’espace autorisent des activités qui aident les enfants à élever progressivement leur niveau de vigilance, à développer leurs capacités d’attention, leur réceptivité et leur disponibilité, et à mobiliser leurs ressources intellectuelles. C’est en même temps leur « trop plein de mouvement » (estampillé improprement « hyperactivité ») et leur agressivité qui sont canalisés (MONTAGNER et al., 1993, 1994). Par exemple : l’escalade et la descente d’un escalier ou d’une rampe qui conduisent à une mezzanine sécurisée ; le saut, le glissement et l’enfouissement sans risque dans une fosse remplie de balles, coussins, blocs de mousse ; la reptation sur un parcours de bosses ; la circulation dans un couloir (sécurisé) de déambulation aérienne qui canalise les déplacements, facilite les conduites affiliatives et libère le langage oral ; l’accès à un lieu de « défoulement pictural » qui autorise les gribouillages, dessins, peintures, collages… Avec l’augmentation plus ou moins progressive du niveau de vigilance, la plupart des enfants sont ensuite prêts à entrer en classe et à s’engager dans les apprentissages scolaires. L’accueil après la classe Alors que la journée scolaire est en FRANCE la plus longue du monde (six heures de temps contraint) et génère chez tous les enfants une fatigue excessive, voire l’épuisement, mais aussi le stress, la souffrance et de la démotivation chez les plus vulnérables et en échec, le temps après la classe ne devrait pas être un 8 prolongement du temps « académique », mais un « temps-sujet » dans des activités librement choisies. Avec le souci primordial de préserver les équilibres psychoaffectifs et intellectuels de l’enfant-élève, il est nécessaire de réduire la durée du temps scolaire et de supprimer effectivement les devoirs à la maison (ils sont interdits par une dizaine de circulaires ministérielles), ainsi que «l’aide personnalisée » qui accroît la fatigue, le stress, l’anxiété et la démotivation de ceux qui sont en difficulté. En outre, cette « aide » est imposée à des moments où la vigilance et les capacités d’attention sont réduites. Il faut également supprimer « les études » ou « accompagnements scolaires » après les journées de classe. Il faudrait remplacer ces « perversions » de la journée scolaire par des temps d’interactions apaisantes, rassurantes et accordées autour de lectures partagées, de contes racontés par une personne sécurisante, de chansons ou de chant choral, de dialogues apaisés autour de centres d’intérêt partagés, de jeux récréatifs, d’activités qui procurent du plaisir et nourrissent l’envie de comprendre et d’apprendre... dans d’autres situations que celles des apprentissages formels et explicites qui renvoient au temps scolaire. Après la classe et sans contrainte insupportable, les enfants devraient avoir la possibilité » de choisir un temps de « décompression », de détente, de défoulement et de joie de vivre afin de se reconstituer corporellement, émotionnellement, affectivement, socialement et intellectuellement. C’est à l’institution académique que revient la responsabilité d’englober le soutien individualisé dans le temps « ordinaire » de la pédagogie après avoir remodelé les journées et semaines scolaires et après avoir réorganiser l’année, tout en réduisant les programmes… et non pas aux personnes d’accompagnement des temps post-scolaires. L’important n’est-il pas en effet que les enfants-élèves comprennent de mieux en mieux le sens et la signification de ce qui est transmis et de ce qu’ils font, c’est-à-dire de créer les conditions qui permettent le « façonnement intelligent » du cerveau, et non pas qu’ils subissent des empilements de temps contraints, d’activités et d’apprentissages formatés ? Les « tiers-temps » peuvent y contribuer en agissant sur les trois leviers de la sécurité affective. ** L’accueil par des personnes qui puissent d’abord être considérées par les enfants comme des « figures d’attachement sécure ». En l’occurrence, des partenaires qui ne les jugent pas et ne les renvoient pas à leurs difficultés, mais qui sachent les écouter et développer avec eux des interactions accordées au cours desquelles ils peuvent renouer avec la confiance en soi et dans autrui, ainsi que l’estime de soi. Il faut pour cela revoir le mode de fonctionnement de l’école. Au début de l’année scolaire, c’est en interaction avec les enfants, les familles, les enseignants, la hiérarchie de l’Education Nationale, les professionnels des 9 RASED, les autres éducateurs, les animateurs, plus généralement les personnes ayant un savoir être et un savoir-faire à montrer et transmettre… que les représentants des mairies et des départements, les associations, les clubs sportifs, les milieux culturels, les ateliers artistiques, les cirques éducatifs, les lieux animaliers (fermes, réserves naturelles…), les artisans soucieux de valoriser leur talent et leur plaisir de créer… seraient invités dans chaque école. Dans le cadre de contrats, conventions, chartes… ils pourraient présenter le « menu », le cadre, les horaires, les jours et la programmation dans l’année des activités qu’ils peuvent proposer. Chaque enfant pourrait alors choisir une ou des activités pour chaque temps post-scolaire de la semaine, tout en ayant la possibilité de modifier ses préférences. Il faut enfin sortir de la « logique » ou de la routine des mêmes activités imposées à tous au(x) même(s) moment(s), quels que soient l’âge, les expériences et les souhaits des différents enfants. L’organisation des « tiers-temps » après la classe doit en effet être flexible pour s’ajuster aux représentations, dispositions et évolutions de l’enfant, forcément mouvantes en raison de la plasticité du cerveau, de l’accumulation des expériences individuelles et des changements permanents dans les différents lieux de vie. On pourrait ainsi transformer l’école et son environnement en écosystème, c’està-dire un lieu d’écoute mutuelle et de dialogue qui soit à la fois un creuset apaisé de vie et d’éducation et, sans contradiction, un lieu de transmission des savoirs, connaissances et apprentissages (« l’instruction »), dans le cadre d’interactions apaisées entre les différentes composantes (enfants-élèves, enseignants, parents, familles, RASED, autres éducateurs, animateurs, représentants de la mairie…), au cours des temps scolaires et des « tiers-temps ». Il faudrait former les enseignants, éducateurs, animateurs… afin qu’ils sachent installer et conforter l’enfant dans la sécurité affective, en tout cas éviter les ambiances, situations, environnements et relations qui peuvent générer l’insécurité affective, et ainsi l’anxiété et les angoisses. Il faudrait aussi créer un corps de médiateurs qui sachent désamorcer et gérer les conflits. C’est ainsi qu’on peut espérer une réduction du mal-être, des états dépressifs, de l’absentéisme, des conduites agressives et destructrices, de la turbulence comportementale que l’on juge excessive (« l’hyperactivité »). ** Le respect des rythmes biologiques et biopsychologiques de chacun Les activités ludiques qui nécessitent beaucoup d’énergie, ainsi que les activités physiques et sportives, sont particulièrement souhaitables entre 16h.00 (un peu plus tôt ou un peu plus tard selon les enfants et les jours) et 19h.00 (un peu plus tôt ou un peu plus tard). En effet, la température corporelle, le métabolisme et la force musculaire sont alors à des niveaux élevés, et les coordinations motrices sont optimales. Cependant, comme cela a été souligné précédemment, les enfants ont aussi besoin après la classe de « décompression », détente, défoulement... Pendant le temps post-scolaire, on pourrait donc proposer aux 10 enfants des alternances d’un moment à l’autre, ou d’un jour à l’autre, entre d’une part les moments d’activités ludiques « dévoreuses » d’énergie, et/ou les activités physiques et sportives, et d’autre part les moments de « décompression », détente, défoulement… Selon les jours, les enfants pourraient ainsi disposer de temps à « ne rien faire », de temps d’expression libre (ateliers d’arts plastiques, de poterie, d’émaux… ; ateliers de création et de confection de masques ou d’autres objets ; ateliers de tissage, broderie, travail du cuir… ; ateliers musicaux et chorégraphiques : chansons, chant choral, danse, ballet…), de temps culturels ou encore de temps de « plaisir naturaliste » (exploration de l’environnement naturel, découverte et « récolte » de minéraux, fleurs, graines… ; interactions avec des animaux ; spectacles de la vie animale…) … ** Les espaces qui permettent une alliance maîtrisée du corps et de la pensée dans des espaces à trois dimensions faciles à investir avec les pairs et les éducateurs Après la classe, les enfants devraient avoir la possibilité de libérer pleinement leurs émotions et leur langage oral, de révéler et structurer leurs compétencessocles dans d’autres lieux et situations qu’à l’école. Mais aussi, de s’approprier les compétences, « savoir être » et savoir-faire des pairs, éducateurs, animateurs… dans toutes les dimensions de l’espace. Complétant les terrains de sport, les ateliers… des aires ludiques de façonnement de l’alliance du corps et de la pensée pourraient être créées avec le concours des mairies et des autres collectivités locales, mais aussi des associations, clubs… Par exemple et sans entrer dans les détails : les aires « d’aventure terrestre » Structures d’exploration et de découverte, des dédales de labyrinthes ouverts sont constitués de couloirs, d’allées… avec des alternances de « murs végétaux », de tonnelles, de parois percées d’orifices, de hublots… aux configurations et dimensions variées (ils permettent à tout moment d’observer l’environnement, d’entrer, de sortir...), mais aussi de refuges et de caches. De telles réalisations peuvent permettre de développer chez tous les enfants différents registres d’interactions sociales, de raisonnements et de stratégies. Les enfants peuvent en effet jouer à se rechercher visuellement à travers les orifices, anticiper les déplacements des partenaires, élaborer des stratégies d’évitement ou de rencontre... Par intervalles, on peut prévoir dans le sol des cachettes fermées par un couvercle. On peut ainsi dissimuler des objets dans l’une ou l’autre des cavités, et demander aux enfants de les découvrir. Ce sont les enfants eux-mêmes qui peuvent s’approprier le jeu de « j’ai caché… c’est à toi de trouver ». Une signalétique donne à chacun des indicateurs pertinents pour se repérer à tout moment dans le dédale de labyrinthes, et donc de ne pas se sentir perdu. Une tour plus ou moins centrale avec à l’intérieur un escalier spiral permet d’accéder à une plate-forme sécurisée dont la configuration autorise une vision panoramique des différents secteurs » de chaque 11 labyrinthe. Ce qui permet aux accompagnateurs de connaître à tout moment la position de chaque enfant, et ce qui stimule l’élaboration de nouvelles stratégies et la création de nouvelles activités ludiques. Protégé des intempéries par un toit, le dédale de labyrinthes est utilisable par tous les temps ; les aires « d’aventure aérienne » Des superstructures « d’aventure aérienne » sont constituées d’un réseau de « couloirs de déambulation » stables et de ponts de singes mouvants. Ils sont ceints de balustrades et maillages de cordes conçus pour empêcher leur escalade, la chute en contrebas, l’emprisonnement des pieds et les étranglements (les intervalles entre les barreaux des balustrades et les maillages de cordes n’autorisent pas le passage des pieds ni celui de la tête). On permet ainsi aux enfants d’école maternelle de « construire » leur schéma corporel et à l’ensemble des enfants de développer leurs coordinations motrices, équilibres tonico-posturaux, habiletés gestuelles, capacités d’attention visuelle soutenue et d’observation, systèmes perceptifs, modes de communication et représentations spatiales dans la hauteur et la profondeur, et non pas seulement sur le sol. Ils acquièrent en même temps la confiance en soi et dans les autres, l’estime de soi, la collaboration, l’entraide… Ainsi se trouvent canalisées l’hyperactivité » et l’agressivité. Ces superstructures sont aussi recouvertes d’un toit ; les parois et murs d’expression libre Fabriqués au moyen de différents matériaux et recouverts de substrats modifiables (cartons, toiles, ardoises, revêtements plastifiés ou en contre-plaqué…), des parois et murs d’expression suffisamment hauts et d’une longueur de plusieurs mètres permettent aux enfants de tous âges de gribouiller, dessiner, peindre, plaquer, coller, encastrer… d’écrire librement un message, un poème, un texte humoristique, un journal… seuls ou en interaction avec d’autres enfants, mais aussi avec leurs parents, éducateurs, animateurs, enseignants… Ils peuvent notamment créer des posters collectifs, des fresques... Des artistes peuvent être invités à transmettre leur savoir faire et contribuer à une œuvre individuelle ou collective. L’ensemble est organisé en réseaux ayant différentes configurations (en étoile, en triangle, en cercle…). Il est également recouvert d’un toit, autorisant ainsi l’expression libre par tous les temps. Les œuvres sont ensuite exposées dans des lieux publics de valorisation. La pause méridienne Les principes et propositions énoncés pour les temps préscolaires et post-scolaires (figure d’attachement sécure, respect des rythmes biopsychologiques, appropriation d’espaces qui scelle l’alliance du corps et de la pensée) restent les mêmes. Cependant, il convient de mettre l’accent sur deux autres aspects, souvent négligés : ** les mauvaises conditions d’accueil et de consommation dans le lieu de restauration. Il faut enfin réduire dans les cantines le bruit, les allées et venues, les bousculades et les conflits, particulièrement stressants, fatigants et anxiogènes pour les enfants les 12 plus vulnérables et en souffrance, en particulier les plus jeunes qui se trouvent avec des enfants beaucoup plus âgés. Il faut enfin concevoir la cantine comme un lieu de détente, de communication et de convivialité en réduisant le bruit, les bousculades et les conflits, en créant un lieu accueillant dont l’ambiance est anxiolytique, en tout cas non anxiogène, et en créant pour les enfants des tables réellement conçues pour « optimiser » le bien-être, ainsi que des sièges ergonomiques plus confortables qui détendent le dos et rendent plus agréable la situation de restauration ; ** les phénomènes « empêchants » de la mi-journée. La mi-journée se caractérise par une « dépression de l’éveil cortical », une augmentation de la sécrétion de mélatonine, parfois labellisée « hormone du sommeil », et une augmentation du rythme cardiaque. En conséquence, il faudrait que, après le repas (mais aussi avant pour certains), les enfants aient la possibilité de se mettre à l‘écart des autres, de s’isoler, de s’assoupir, de somnoler, voire de s’endormir… L’accueil pendant les jours non scolaires Dans les structures qui accueillent les enfants toute la journée alors qu’il n’y a pas classe, il paraît souhaitable de tenir compte de la non concordance entre les moments de forte vigilance, de capacités d’attention optimale, de possibilités augmentées dans la réceptivité, la disponibilité et la mobilisation des ressources intellectuelles (selon les enfants, l’âge, les jours : entre 09h00-09h.30 et la fin de la matinée, puis entre 14h.30 et 16h.00), les phénomènes « empêchants » de la mijournée, et le créneau du milieu de l’après-midi au début de la soirée qui se caractérise par une élévation du métabolisme, de la température corporelle et de la force musculaire. Ce qui conduit à proposer trois « menus » pour les jours non scolaires : un pour la matinée et le moment de 14h.30 à 16h.00 avec des activités qui stimulent la vigilance, l’attention et la concentration intellectuelle, un pour la mijournée avec des situations de détente et des activités calmes et non dynamogènes (sans oublier la sieste pour ceux qui en ont besoin), et un troisième pour le milieu de l’après-midi et la soirée avec des activités exigeantes au plan physique (sports, ballets, activité ludiques coûteuses en énergie… ). Les principes restent les mêmes pour les structures qui accueillent seulement les enfants le matin ou l’après-midi. Conclusions Les structures d’accueil des enfants de tous âges en dehors de la famille et de l’école peuvent jouer un rôle essentiel dans les constructions et les équilibres de l’enfant, dans son bien-être, sa réussite et son épanouissement. Mais, à condition qu’elles s’organisent ou se refondent pour que chaque enfant ait la possibilité de rencontrer au moins une « figure d’attachement sécure » avec laquelle il puisse 13 s’installer dans des interactions accordées. Il faut également que ses rythmes biopsychologiques soient respectés, et qu’il puisse s’engager en toute sécurité dans la conquête maîtrisée des espaces ludiques, récréatifs, éducatifs… et sceller ainsi l’alliance du corps et de la pensée. Surtout lorsque les temps familiaux sont insécurisants, déstabilisants et anxiogènes à cause de difficultés persistantes des parents, parfois de la fratrie, et quand l’école est elle aussi insécurisante, déstabilisante et anxiogène. Pour cela, il est nécessaire de considérer l’enfant comme une personne à part entière tout au long des 24 heures, et de repenser l’articulation des trois temps qui « rythment » sa vie au quotidien : les temps familiaux, les temps scolaires et les « tiers-temps » passés en dehors de la maison et de l’école. S’agissant de ces « troisièmes temps », on ne peut les réduire à ce qu’on appelle communément les loisirs. Ce sont en effet des temps de vie pluriels aux multiples facettes qu’on ne peut enfermer dans des à priori, préjugés ou présupposés. On ne peut confondre ou assimiler le temps pré-scolaire pendant lequel les enfants sont accueillis dans une « garderie », la « pause méridienne » et le temps postscolaire. On ne peut davantage concevoir les « troisièmes temps » de la même façon selon que les structures d’accueil les reçoivent après la classe, pendant une matinée ou un après-midi, pour la journée (mercredi ou samedi sans école, centre aéré…), ou encore une ou plusieurs semaines. En effet, et bien évidemment, les enfants n’ont pas vécu et ne vivent pas les même situations, interactions et relations selon qu’ils sortent du domicile familial, de la cantine ou de l’école, selon qu’ils se projettent dans le temps après la classe ou dans la perspective d’une journée à passer dans d’autres lieux avec d’autres partenaires que pendant les deux autres temps. Il est donc nécessaire de concevoir les « tiers-temps » pour qu’ils permettent d’abord à chacun de s’installer dans la sécurité affective et ainsi de relativiser ou déminer ses peurs, blocages affectifs et/ou inhibitions, de réduire ses inquiétudes, son anxiété et ses angoisses, de (re)prendre confiance en soi et dans autrui, et de développer peu ou prou l’estime de soi. En évitant de l’enfermer dans des activités imposées et formatées, fussent-elles labellisées loisirs. Si on veut que les « troisièmes temps » contribuent aux constructions et équilibres de l’enfant, à son bien-être, à sa réussite et à son épanouissement, et lui permettent de dépasser ses difficultés, au moins partiellement, il est nécessaire qu’ils soient vécus comme des « temps-sujets » au cours desquels chacun puisse être acteur de ses conduites, c’est-à-dire, il faut de nouveau le souligner, choisir ses moments, ses activités, y compris se tenir à l’écart et « ne rien faire », et ses partenaires. Nous avons vu que les « figures d’attachement sécure », les mobiliers et ambiances anxiolytiques, et les dispositifs qui permettent de sceller l’alliance du corps et de la pensée dans toutes les dimensions de l’espace, peuvent installer et conforter la sécurité affective, à condition de respecter les rythmes biopsychologiques des enfants, de ne pas les enfermer dans des activités imposées et de ne pas confondre les différents « tiers-temps ». 14 La transformation de l‘école en écosystème dans lequel l’enfant-élève est au centre des interactions entre l’équipe pédagogique, les familles, les autres acteurs (RASED, autres éducateurs, animateurs…), les associations, clubs et autres entités concernées, les responsables académiques et politiques, est nécessaire pour qu’il puisse vivre ses trois temps dans la complémentarité, les interactions constructives et sans rupture… et pour que les égoïsmes, intérêts personnels, idées toutes faites, idéologies… puissent être dépassés. 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