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N°619 septembre 2012
Droit de réponse
Quelle mouche a piqué Nick James, le rédacteur en chef de l’excellente revue britannique Sight and Sound qui, dans son éditorial de juillet 2012, se lamente sur
l’état du cinéma français ? Dans une publication qui ne se caractérise pas par son
esprit polémique (on est loin du sang chaud de la cinéphilie française !), le ton
et les réserves ne manquent pas de surprendre. « À Cannes cette année, j’ai pris
conscience que je n’écris pas beaucoup sur le cinéma français. Je me demande pourquoi, malgré de grands films récents comme Entre les murs (2008) et Un prophète
(2009), le cinéma français me semble s’être éloigné de moi. Cannes a rendu cette
carence encore plus réelle. » Et Nick James d’ajouter, constatant l’absence de nouveaux talents, « Carax, Resnais et Audiard étaient tous en compétition, mais autant
que je puisse en juger aucun des films français dans les autres sections n’a eu le
moindre impact ».
Certes, l’abondance de la programmation dans les grands festivals ne permet pas
d’avoir une vue d’ensemble, mais Le Grand Soir de Kervern et Delépine (primé à
Un certain regard), Journal de France de Depardon et Nougaret, Camille redouble de
Noémie Lvovsky, Adieu Berthe de Bruno Podalydès… ont retenu l’attention de la
presse internationale, sans oublier Thérèse Desqueyroux, du regretté Claude Miller.
De rouille et d’os, que Nick James n’estime guère, figurait dans les cinq films préférés
du panel de critiques étrangers (dans Screen International) auquel il participe, tandis
que Vous n’avez encore rien vu figurait très haut pour nombre d’observateurs. Cette
mauvaise humeur (se traduit-elle aussi à l’égard d’un cinéma anglais sinistré ?) ne
se retrouve pas dans l’écho que rencontre le cinéma hexagonal, qui est le préféré
aux États-Unis malgré le peu d’intérêt qu’y suscitent les productions étrangères,
et qui figure plus qu’aucun autre dans les compétitions festivalières. Certes, la présence française y est considérée comme acquise et il est légitime que le goût de la
découverte conduise à élire un film colombien, portugais, norvégien ou malais. On
peut néanmoins estimer, sans nationalisme excessif, que le cinéma français propose
comme aucun cinéma européen son lot de films conséquents (on attend avant la
fin de l’année les nouveaux opus d’Assayas, Cantet, Dumont et Ozon). Et si Nick
James ajoute, pour faire bonne mesure, « Je me demande si le désir de transformer
des gens comme Haneke ou Kiarostami en réalisateurs français ne se fait pas aux
dépens de jeunes talents locaux », on peut penser au contraire que cette ouverture
sur le monde témoigne d’une cinéphilie active et féconde.
Comme en réponse aux réflexions désabusées (mais minoritaires) de notre confrère
londonien, nous avons voulu dans ce numéro mettre l’accent sur une belle rentrée
avec Camille redouble, déjà cité, et les derniers films de Christian Vincent (Les
Saveurs du palais) et de Stéphane Brizé (Quelques heures de printemps), qui n’ont pas
encore à l’étranger la réputation qu’ils méritent. Faudra-t-il toujours qu’un cinéma
populaire mais exigeant ne soit reconnu que rétrospectivement, comme s’est faite
la réhabilitation de la comédie italienne, du polar français ou du film d’horreur
britannique ? Du moins dans cette revue nous ne mangeons pas de ce pain-là.
Ce qui nourrit en revanche notre activité critique, c’est le bonheur de retrouver
intact le talent de cinéastes que nous avons dès l’origine défendu, en l’occurrence
Joachim Lafosse et Todd Solondz, dont les nouveaux films À perdre la raison et
Dark Horse confirment l’importance. Suivre les traces des auteurs, certes, mais sans
tomber dans les travers de la politique desdits auteurs, qu’une phrase de Truffaut
critique résume trop bien : « Ali Baba (de Becker) eût-il été raté, que je l’eusse
quand même défendu. » On verra par exemple que Lady Vegas de Stephen Frears
(auquel nous avons consacré tant d’entretiens, d’études et de couvertures) est jugé
brièvement et sans indulgence dans cette livraison. Il arrive aux metteurs en scène
que nous admirons de nous décevoir et à d’autres, négligés par nous, de nous
surprendre.
Avec Hugo Cabret, Scorsese nous avait surpris sans nous décevoir. Devant la diversité de ses activités récentes, il était temps de lui consacrer un dossier et de revenir
sur son dernier film qui est aussi un bel hommage au cinéma.
Michel Ciment