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POSITIF
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N°638 avril 2014
Photo de couverture :
Caroline Silhol, Sandrine Kiberlain, Sabine Azéma
dans Aimer, Boire et Chanter d’Alain Resnais
ÉDITORIAL
© F comme Film/ Arnaud Borrel
Ce numéro est doublement dédié à Alain Resnais, à son dernier film et à sa mémoire.
Trois festivals, trois continents, quatre cinéastes
Le corps de ce numéro reflète notre curiosité tous azimuts (un film américain, deux
films européens, un film asiatique) et le rôle central que jouent désormais les festivals dans la découverte et la promotion des œuvres cinématographiques. Il n’y a plus
guère que quelques grands réalisateurs d’outre-Atlantique pour ne pas répondre à leurs
sirènes, encore que certains d’entre eux (Eastwood, Scorsese, Spielberg ou Woody Allen)
ne dédaignent pas, à l’occasion, les avant-premières que leur offrent Cannes, Berlin,
Venise ou Toronto. C’est la Berlinale, trop souvent négligée par les médias français (et
dont nous publierons un compte rendu conséquent dans notre prochain numéro), qui
se taille ce mois-ci dans nos colonnes la part du lion (ou plutôt de l’ours…). Alain
Resnais, pour son vingtième film Aimer, Boire et Chanter, prouvait une ultime fois, deux
semaines avant sa disparition, la jeunesse et l’audace de son inspiration, récompensée
par le Prix de la critique internationale (Fipresci) à l’unanimité (cinquante-cinq ans
après la même attribution à son premier long métrage Hiroshima mon amour à Cannes
en 1959) et l’Ours d’argent du jury pour un film « qui ouvre de nouvelles perspectives ».
Au lieu de se réjouir d’une telle reconnaissance, Le Monde (toujours aussi incorrigible)
n’a pu que juger « incongru » un tel attendu « pour un cinéaste nonagénaire », comme
si les dernières œuvres des grands créateurs (l’histoire des arts l’a souvent démontré) ne
pouvaient pas témoigner d’une invention fertile et novatrice ! Et Libération, boudant
son plaisir, attribuait par avance un « prix d’éloquence au critique qui démontrerait que
c’est son meilleur film ». Ainsi la création artistique se comparerait au saut en hauteur et
l’auteur de chefs-d’œuvre comme L’Année dernière à Marienbad, Providence, Mon oncle
d’Amérique, Les Herbes folles, Muriel ou On connaît la chanson serait sommé, à chaque
nouvel opus, de battre ses propres records !
C’est un autre film présenté, lui, à la précédente Berlinale, Leçons d’harmonie, également
couronné d’un Ours d’argent, sur lequel nous avons voulu mettre l’accent, car il s’agit
d’une des plus importantes révélations de ces dernières années, celle du Kazakh Emir
Baigazin qui, à 28 ans, témoigne d’une époustouflante maîtrise pour son opera prima.
Alexander Payne, plus de dix ans après l’accueil frileux reçu à Cannes pour Monsieur
Schmidt, est revenu sur la Croisette avec Nebraska, qui a valu à cette icône du cinéma
américain qu’est Bruce Dern le prix d’interprétation. Après Sideways et The Descendants,
le réalisateur confirme la justesse et la singularité de sa petite musique et de son regard
sur son pays. Il revenait enfin au jury de la Mostra, conduit par Bernardo Bertolucci, de
créer la surprise en donnant son Lion d’or à un documentaire, Sacro GRA de Gianfranco
Rosi, dont les Éditions Montparnasse avaient permis de découvrir en DVD El Sicario,
Room 164, Sous le niveau de la mer et Le Passeur. Belle occasion de donner la parole à cette
figure majeure du cinéma italien pour la sortie en salle de son dernier film.
Si Positif propose chaque mois sa hiérarchie, c’est à un bilan de l’année que se livrent
les Académies du cinéma américaine et française. Peu à dire des Oscars, lors d’une
cérémonie comme d’habitude bien rythmée, qui ont fait preuve d’ouverture en couronnant le Britannique Steve McQueen (et premier cinéaste noir à être ainsi récompensé)
pour le meilleur film (12 Years a Slave) et le Mexicain Alfonso Cuarón comme meilleur réalisateur (Gravity), deux films qui eurent nos faveurs, l’un avec son sens du récit
et où la réalité dépasse la fiction, l’autre pour le brio de ses trucages numériques qui
nous entraînent dans l’espace. Refusant de céder aux injonctions comminatoires du clan
Farrow, les votants on consacré Cate Blanchett dans le Blue Jasmine de Woody Allen
et reconnu le grand Matthew McConaughey pour Dallas Buyers Club. On sera moins
satisfait de la soirée languissante des César, avec ses interminables remerciements à
maman, mon équipe, mon producteur et la volonté épuisante d’être drôle à chaque instant. Un lamentable petit clip attaquait frontalement Abdelatiff Kechiche, préludant à la
déroute du meilleur film français de l’année, La Vie d’Adèle. La grande famille du cinéma
français ne va pas jusqu’à Tunis et lui préféra l’aimable comédie de Guillaume Gallienne,
l’homosexualité, pourtant présente avec gravité dans La Vie d’Adèle et L’Inconnu du lac,
restant avant tout pour les Français un sujet de comédie. Quentin Tarantino fut invité
pour apprendre qu’Alabama Monroe l’emportait sur Django Unchained, tandis qu’Inside
Llewyn Davis, A Touch of Sin, The Master et La Belle Endormie n’étaient même pas
nommés ! Seules vraies consolations : Roman Polanski (La Vénus à la fourrure) meilleur
réalisateur (enfin !), Sandrine Kiberlain meilleure actrice (9 Mois ferme) et (évidemment)
Adèle Exarchopoulos meilleur espoir féminin (La Vie d’Adèle).
Michel Ciment