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altitude actus okSR2 8/10 8/10/2003 13:44 Page 2 /ÉDITO/ TOUS EN ALTITUDE /SOMMAIRE/ NEWS 04 04 Dans un contexte économique tendu, la maîtrise des nouvelles technologies s’avère un facteur de relance pour les entreprises. Aujourd’hui, Altran est plus que jamais à leurs côtés. Il les aide à créer de nouveaux produits, innover dans leur processus de fabrication, recourir à des expertises qu’ils ne maîtrisent pas, surmonter un blocage technique, évoluer, voire changer de métier. Altran est ainsi un acteur majeur dans l’univers des technologies et ce, partout dans le monde. Fort de cette position, le groupe propose aujourd’hui un journal d’entreprise d’un genre nouveau : Altitude, le magazine scientifique et technologique d’Altran. Altitude a d’abord pour vocation d’apporter un éclairage sur l’actualité internationale des acteurs du marché des nouvelles technologies. Il propose également d’explorer diverses thématiques technologiques, étayées par des exemples de projets menés par Altran. Altitude souhaite enfin mettre en lumière les carrières, les savoir-faire et les expertises des femmes et des hommes qui font d’Altran le leader du conseil en innovation. Altitude s’adresse à tous ceux qui aiment les sciences, les nouvelles technologies et, plus généralement, l’innovation : aux salariés d’Altran bien sûr, mais aussi aux ingénieurs et managers qui souhaitent rejoindre le groupe, à ses clients et à ses actionnaires. Bonne lecture à tous. Alexis Kniazeff Président-directeur général d’Altran > 04 LE CONCURRENT EUROPÉEN DU GPS Egnos, étape du projet Galileo de navigation par satellite, a émis son premier signal. > 07 FONDATION ALTRAN Prix 2004 de la Fondation : « découvrir, comprendre et aimer les sciences ». > 09 TECHNO SHOPPING Leonardo, robot de compagnie le plus sociable au monde. HIGH-TEC H 11 251, boulevard Pereire, 75017 Paris www.altran.net > 11 VLIELAND, ROYAUME AUTONOME DES ÉNERGIES DOUCES Au nord des Pays-Bas, une petite île prépare le futur énergétique de la planète, avec l’aide des ingénieurs d’Altran. Altitude n°1 octobre 2003 Directeur de la publication : Altran Rédacteurs en chef : PEOP LE 19 David Abrioux, Nathalie Mailharro Rédaction : Altran et Citizen Press Conception et mise en pages : Citizen Press, 01 53 00 10 30 Responsable d’édition : Jérôme Blanchart Direction artistique : David Corvaisier Maquette : Marie-Laure Noel Secrétariat de rédaction : Véronique Boismartel, Françoise Jeancler Crédit couverture : Getty Images - MCT Ltd Fabrication : Sylvie Esquer Impression : > 20 « LE MULTI, ANIMAL DANGEREUX » Fujifilm et son skipper Loïck Peyron sont le fil rouge des contributions d’Altran dans le Landerneau de la course en solitaire. > 23 JOCELYN COUETDIC Un dynamique céleste. Un étudiant au parcours atypique. Augustin Dépôt légal : octobre 2003 N ° ISSN : en attente Si vous souhaitez vous abonner à Altitude, rendez-vous page 23 ou sur le site altran.net 02 Altitude n°1 /octobre 2003 Altitude n°1 /octobre 2003 03 altitude actus okSR2 8/10 8/10/2003 13:44 Page 4 NEWS LE NUMÉRIQUE CONTRE LE CANCER RÉFLEXION STRATÉGIQUE ESA LE CONCURRENT EUROPÉEN DU GPS MIS SUR ORBITE Egnos, étape intermédiaire du projet Galileo de navigation par satellite, a émis son premier signal depuis l’espace le 6 juin dernier. Après le déblocage, fin mai, des 3,4 milliards d’euros nécessaires à son aboutissement, Galileo est sur la bonne voie. Les désaccords européens ont failli avoir raison de Galileo. Mais les 15 pays partenaires de l’Agence spatiale européenne se sont finalement mis d’accord pour assumer, en complément de la Commission européenne, leur part du budget. Le programme européen de géolocalisation par satellite est l’alternative aux systèmes GPS et Glonass, conçus par les États-Unis et la Russie dans une optique militaire. Le développement, la fabrication et le déploiement de Galileo (30 satellites et 2 bases de contrôle terrestre) coûteront l’équivalent de 150 km d’autoroute périurbaine. À ce prix, l’Europe prendra part à une innovation clé du XXIe siècle, comparable à l’avènement du téléphone portable. Les applications du positionnement par satellite sont multiples : transport (guidage de véhicules, d’avions et de navires, calcul des temps de parcours, lutte contre les encombrements…), mais aussi pêche et agriculture, prospection pétrolière, protection civile... Galileo fournira des informations plus précises (précision à 2 mètres près, contre 20 pour le GPS) et plus fiables que ses « concurrents ». Egnos, déployé au printemps 2004, améliore déjà sensiblement les services offerts en Europe par le GPS. Galileo devrait être opérationnel dès 2008. Longtemps leader sur un marché en expansion, l’Europe des lanceurs fait face à une concurrence virulente et à un affaissement du marché. Deux sociétés du groupe Altran, Osys et Altran Technologies, ont combiné leurs expertises pour remettre à la direction des lanceurs de l’Agence spatiale européenne (ESA) une série de recommandations afin d’accroître la transparence et la compétitivité du secteur des lanceurs. La méthode : identifier des leviers originaux et transférer les bonnes pratiques de filières économiques (dont celles en voie de dérégulationlibéralisation) ayant des problématiques voisines. NANOTRANSISTORS : PETITS MAIS COSTAUDS Ce transistor n’est pas plus large que 10 atomes d’hydrogène. Une équipe du Samsung Advanced Institute of Technology et de l’université nationale de Chonbuk (Japon) l’a pourtant fait fonctionner. Conçu à partir d’un nanotube de carbone, il préfigure les mémoires non volatiles (qui ne disparaissent pas quand le courant est éteint) 200 fois supérieures aux mémoires actuelles. Arrivée prévue sur nos ordinateurs dans dix ans. Dans le même temps, des chercheurs du Centre national de recherche scientifique, de l’université du Delaware et de l’université de Barcelone, mettaient au point un transistor d’une taille analogue, mais basé sur les capacités ferromagnétiques de certaines nanoparticules. Pour en savoir plus : Applied Physics Letters, January 13, 2003 (ojps.aip.org/aplo/) et Nature, June 19, 2003 (www.nature.com) 04 Altitude n°1 /octobre 2003 18 DANS UNE DE SES DERNIÈRES ÉTUDES CONSACRÉES AUX SOCIÉTÉS DE CONSEIL INTERNATIONALES, KENNEDY INFORMATION, CABINET AMÉRICAIN QUI FAIT RÉFÉRENCE EN MATIÈRE D’INFORMATION SUR LES MÉTIERS DU CONSEIL, A CLASSÉ ALTRAN EN 18E POSITION. Renault F1 PARTENARIAT ALTRAN-RENAULT F1 TEAM VIVA FERNANDO ! Historique ! Le 24 août en Hongrie, Alonso a décroché une victoire éclatante. Il est le plus jeune gagnant de Grand Prix de tous les temps. Xavier, consultant Altran et Catalan, était sur la piste… « Partager la fierté de Renault F1 Team, vivre le sacre d’un champion de mon pays… c’est inoubliable ! », confesse Xavier. Lorsque Fernando Alonso a franchi la ligne d’arrivée à 15 secondes de ses poursuivants, Xavier était aux premières loges. Il est responsable, dans le partenariat liant Altran à l’écurie, des équipements de réseau sur piste. Son rôle : s’assurer du fonctionnement des applications de contrôle du moteur ; veiller à la transmission, aux ingénieurs de piste et à l’usine, des informations concernant le comportement de la voiture sur la piste. Un flux de 12,8 Gb pour un grand prix. Xavier précède et suit le team dans tous ses déplacements. Premier à arriver sur le stand, dernier à partir, avec un rythme de travail très soutenu. La victoire d’Alonso est un peu la sienne ! La radiologie numérique, avec un contraste supérieur à l’analogique, offre davantage de détails, à un taux d’irradiation plus faible au niveau des patients, et permet un archivage des données. Pour General Electrics Medical Systems, Altran Technologies a conçu le premier mammographe numérique du monde : acquisition et reconstruction d’images 3D, architecture et développement électronique, ingénierie système, design mécanique, motorisation... Une innovation décisive qui optimise les diagnostics. Rappelons qu’avec près de 4 millions de nouveaux cas diagnostiqués chaque année, le cancer est la deuxième cause de mortalité en Europe. HAUT DÉBIT LE HAUT DÉBIT GONFLÉ À L’HÉLIUM Les câbles coûtent cher, les connexions satellite aussi… Pour développer le haut débit à bas prix dans des villes et campagnes qui ne sont pas reliées au réseau, une société anglaise, SkyLinc, propose une troisième voie : les dirigeables. Selon elle, 18 aérostats, maintenus à 1,5 km d’altitude par des câbles, seraient suffisants pour relier 87 % des PME anglaises, à un prix dix fois inférieur aux services haut débit actuels. www.skylinc.co.uk C. Perrotte Altitude n°1 /octobre 2003 05 altitude actus okSR2 8/10 8/10/2003 13:44 Page 6 NEWS Fondation Les temps forts du Prix 2004 DR De gauche à droite : Anne-Lucie Wack, présidente du jury, Michel Friedlander, président de la Fondation, Pierre-Henri Benhamou, lauréat 2003 de la Fondation et Edwige Antier, présidente du jury. C'EST LE NOMBRE MOYEN DE CONSULTANTS ET DE MANAGERS ALTRAN IMPLIQUÉS CHAQUE ANNÉE DANS LES ACTIONS DE LA FONDATION ALTRAN POUR L'INNOVATION. ENTRE AUTRES CONTRIBUTIONS, CITONS L'ACCOMPAGNEMENT DES LAURÉATS, LA PRÉSÉLECTION DES CANDIDATS AU PRIX, LA COOPTATION DE MEMBRES DU JURY OU ENCORE LA DIFFUSION EUROPÉENNE DE L'APPEL À CANDIDATURES. LA FONDATION AUX CÔTÉS DU LAURÉAT 2003 L'édition 2003 du Prix de la Fondation Altran a distingué un lauréat français : le docteur Pierre-Henri Benhamou, président de DBV Technologies et inventeur de « E-patch », un outil de test de tolérance des enfants aux produits alimentaires. Le temps de l'accompagnement technologique est venu. Explications. « Au fil de nos rencontres avec les experts d'Altran, nous avons réalisé combien nos besoins en termes d'accompagnement technologique étaient nombreux, explique Pierre-Henri Benhamou, lauréat du Prix 2003. Plusieurs consultants nous ont déjà aidés à préciser les axes de travail principaux : l'industrialisation, le développement produit et le marketing. » L’équipe s’est fixé des objectifs ambitieux, puisqu’à l’horizon mai 2004, le patch devrait être produit en série. D'ici là, il reste à organiser la production : le choix des sous-traitants a déjà été effectué, sur les conseils de spécialistes d'Altran qui ont établi un cahier des charges très précis. « Nous nous orientons vers un outil de production semi-automatique, qui servira ensuite de pilote pour fabriquer d'autres produits. COUP DE POUCE EUROPÉEN Viviane Renaudin, lauréate 1999 pour un système de dessalement d’eau de mer, dispose enfin d’un budget lui permettant de faire face aux prochaines échéances de son projet Easy MED : perfectionnement du pilote, campagne d’essais sur site réel pour préparer l’industrialisation du procédé. Grâce au soutien d’Altran dans le montage du dossier, 1 million d’euros a été débloqué dans le cadre du Ve PCRD. De quoi financer 60 % du coût total du projet. Easy MED associe désormais les compétences de six partenaires spécialisés en France, en Italie et en Allemagne. Photodisc 06 Altitude n°1 /octobre 2003 La deuxième génération de la machine, elle, sera entièrement automatique et dédiée à la production en plus grande série, poursuit Pierre-Henri Benhamou. Viendront ensuite les questions de formation des équipes, de maintenance... » Pour ce qui est du développement produit, même si le concept a été validé, il se pose des questions sur le choix du plastique, la forme du patch... Aussi, des consultants font un travail d'aide à la créativité et à la décision sur un applicateur, accessoire qui servirait à appliquer le patch sur la peau. Les chantiers à plus long terme concernent la mise en place d'un système qualité, l'élaboration d'une stratégie marketing et la conduite d'une étude clinique sur un échantillon d'enfants. « Nous avons la chance de collaborer avec une dizaine de consultants, dont deux chefs de projet de très haut niveau », conclut PierreHenri Benhamou, déjà très satisfait des premières avancées. Altran 170 THÈME 2004 : DÉCOUVRIR, COMPRENDRE ET AIMER LES SCIENCES Pour sa huitième édition, le Prix de la Fondation Altran pour l’Innovation distinguera des innovations contribuant à rendre les sciences attrayantes et accessibles au plus grand nombre. Constat alarmant : les sciences et les carrières scientifiques perdent leur attrait, notamment aux yeux des jeunes. En 2001, une étude de la Commission européenne a fait la lumière sur les rapports qu’entretiennent les Européens avec les sciences et les technologies. Ses résultats sont éloquents : 45,3 % seulement des Européens déclarent éprouver de l’intérêt pour ce sujet, même s’ils reconnaissent que la lutte contre les maladies, l'amélioration de la vie quotidienne, l'intérêt du travail sont encore largement dus à l'activité scientifique. Et l’étude de la Commission européenne de conclure : le rapport entre les Européens et les sciences est de moins en moins positif. Trois principales raisons à cela : l’image des sciences n’est pas attractive, la communication scientifique ne remplit qu’imparfaitement son rôle et l’enseignement des sciences est jugé trop difficile. RENDRE LES SCIENCES ATTRACTIVES Pourtant, les sciences façonnent notre quotidien d’aujourd’hui et de demain. Elles doivent être accessibles et comprises par le plus grand nombre. Une société qui ne favorise plus les sciences, l’innovation et les technologies est une société qui meurt. Les politiques publiques volontaristes visant à redonner de l’attrait aux sciences et aux technologies sont d’ailleurs soutenues par près des deux tiers des Européens, qui souhaitent que les autorités remédient à cette situation. Nombre d’acteurs politiques, économiques ou encore associatifs ont constaté cette situation et rivalisent d’initiatives. La Fondation Altran pour l’Innovation souhaite s’associer à cette démarche en récompensant en 2004 une innovation permettant de participer à l’inversion de la tendance. « Découvrir, comprendre et aimer les sciences » : avec ce thème, la Fondation Altran souhaite favoriser le développement d’initiatives et de travaux mettant les sciences en valeur. Septembre 2003 : Lancement de l’appel à candidatures. Décembre 2003 : Clôture de l'appel à candidatures. Mars 2004 : Présélection des dossiers effectuée par un jury européen et indépendant. Avril 2004 : Date limite de dépôt des dossiers complémentaires pour les candidats présélectionnés. Mai 2004 : Grand oral de sélection finale des lauréats à Paris. Juin 2004 : Soirée de remise des prix. RECHERCHE PORTEURS DE PROJETS AU SERVICE DES SCIENCES Le coup d’envoi de la 8e édition du Prix de la Fondation Altran pour l’Innovation a été donné en octobre, partout en Europe, sur le thème « Innover pour découvrir, comprendre et aimer les sciences ». Ce thème transversal couvre plusieurs domaines d'intervention, dont la promotion des sciences et de la culture scientifique, la pédagogie et l'enseignement des sciences depuis leur découverte à l'école jusqu'aux travaux de recherche les plus avancés en laboratoire. Seront acceptées les candidatures à titre individuel ou collectif émanant d'associations, d'écoles et d'universités, de centres de recherche, de laboratoires, du milieu pédagogique et éducatif, de médias, d'entreprises, d'organismes privés ou publics des pays d'Europe où Altran est implanté, ainsi qu'aux États-Unis. Un jury international et pluriel, composé d'experts dans différents domaines ayant trait au thème, dévoilera le palmarès du Prix lors de la soirée de remise des prix, en juin 2004. À la clé pour les lauréats : un an de conseil offert par Altran. Les dossiers de candidature sont disponibles sur simple demande au 00 33 1 44 09 54 47. Ils peuvent aussi être téléchargés sur www.fondation-altran.org Altitude n°1 /octobre 2003 07 altitude actus okSR2 8/10 8/10/2003 13:44 Page 8 NEWS Techno Shopping L’homme est debout, dans une rue de Tokyo. À travers lui, on distingue parfaitement le paysage, les passants, la circulation, comme si son corps était composé d’une matière transparente et légèrement fluorescente. Le miracle tient à sa blouse, non à son organisme. Conçue au sein du Tachi Lab, de l’université de Tokyo, elle illustre les recherches qui y sont menées Kärcher LES ASPIRATEURS ATTAQUENT Les robots vont-ils envahir nos domiciles ? Le RoboCleaner 3000, lui, est prêt à l’assaut. Cette soucoupe rampante est le plus ambitieux robot-aspirateur proposé à ce jour ; il est en effet quasi-autonome. Commercialisé par Kärcher (au prix de 1 100 euros), il se déplace au hasard pour effectuer sa mission : il avance en ligne droite et change de direction lorsqu’il rencontre un obstacle. Il revient seul à sa base, qui lui sert à la fois d’accu et de vide-déchets. Et, summum de l’autonomie, des capteurs optiques lui permettent d’éviter les escaliers. Pourtant, la concurrence s’annonce déjà sévère : Hitachi a présenté un prototype similaire au RoboCleaner, si ce n’est qu’il remplit en plus les fonctions de… gardien. LUNETTES VIDÉO sur le « camouflage optique ». Une caméra est fixée dans le dos de la blouse. Ses informations sont traitées en direct, et transmises à un rétroprojecteur, qui renvoie ces images en temps réel sur l’avant de la blouse… qui agit tout simplement comme un écran. Le système est encombrant, mais des applications sont d’ores et déjà réalistes, par exemple en aéronautique. Il serait ainsi possible de fixer des caméras sous, derrière et sur les flancs des avions de chasse, et de projeter leurs images à l’intérieur du cockpit. Le pilote se retrouverait alors dans une sphère virtuelle lui offrant une vision sans entrave du ciel alentour. La blouse en action sur: www.star.t.u-tokyo.ac.jp/ projects/MEDIA/xv/oc.html Nasa LA BLOUSE DE L’HOMME INVISIBLE Stan Winston Studio LEONARDO, ROBOT DE COMPAGNIE Cynthia Breazeal, spécialiste des robots humanoïdes au Massachusetts Institute of Technologies, et Stan Winston, inventeur de créatures à effets spéciaux pour le cinéma (dont les dinosaures de Jurassic Park ou les « bébêtes » d’Alien), sont heureux de vous annoncer la naissance de Leonardo. Leur « bébé », haut de 75 cm, a toutes les apparences d’un enfant. Il ne marche pas, car il est entièrement dédié aux fonctions d’expression et de communication. Leonardo est le robot le C’EST LE DIAMÈTRE DU TÉLESCOPE INFRAROUGE SIRTF, LANCÉ FIN AOÛT PAR LA NASA POUR UNE MISSION DE 30 MOIS. C’EST LE PLUS GRAND JAMAIS ENVOYÉ DANS L’ESPACE. BIOART ANIMAUX MÉDUSÉS Les scientifiques n’ont décidément plus l’apanage des explorations transgéniques. Les animaux GM ont fait irruption sur la scène artistique grâce au (ou à cause du ?) Brésilien Eduardo Kac. Son égérie est un lapin dont les pattes, les oreilles et les yeux vert fluo se révèlent à la lumière ultraviolette. Le phénomène, estampillé « œuvre d’art », résulte d’un croisement génétique avec une méduse du Pacifique. L’artiste n’est rien moins que le directeur d’une section « art et biologie » à l’université de Washington… Et voilà qu’apparaissent les animaux de compagnie transgéniques. Night Pearl est un poisson OGM fluorescent, obtenu à partir de la même protéine colorée de méduse. Les aquariophiles anglais, qui craignent une contamination des espèces naturelles, s’opposent à sa commercialisation au royaume de sa Très Gracieuse Majesté. Mais le poisson peut être acheté à Taïwan. Pour en savoir plus : www.ekac.org/gfpbunny.html 1 995 $, et 640 par 480 pixels à chaque œil. Le SV-6 PC Viewer de Micro Optical, sous un look de banales lunettes, est un afficheur vidéo sans fil, utilisant la technologie wi-fi. Chrystelle Fontaine Microoptical 08 plus sociable au monde. 61 petits moteurs (32 pour son visage) affleurent sous sa peau de silicone au toucher plus vrai que nature. Leonardo dispose d’un très vaste panel de réactions et d’expressions physiques et émotionnelles. Il interagit de manière autonome avec les humains, les situe dans l’espace, comprend leurs gestes, réagit au contact sur tout son corps. Pour en savoir plus : http://robotic.media.mit.edu/projects/ Leonardo/Leo-intro.html 85 cm Altitude n°1 /octobre 2003 Altitude n°1 /octobre 2003 09 altitude actus okSR2 8/10 8/10/2003 13:44 Page 10 NEWS Depuis dix ans, le trafic maritime a augmenté de 35 % et le transport de fret dangereux de 40 %. Les dernières catastrophes maritimes ont mobilisé l’opinion publique et les autorités ont mis en place des moyens de prévention. Pourtant, dans les détroits, la circulation maritime se fait toujours à vue, parfois au radar... Entre 1991 et 1998, on a dénombré 80 accidents sur les mers du globe. TRAFIC MARITIME : LE CHANT DE SIRENA À mesure que le trafic maritime se densifie, les contrôleurs, véritables « aiguilleurs des mers », doivent être assistés par des systèmes technologiques plus avancés. Altran (INAD et Consultrans) a mis au point Sirena : un système de détection et de traitement des risques de collision, indispensable pour la gestion de la circulation des bateaux dans les détroits, là où le trafic se concentre. Les consultants d’Altran ont conçu un simulateur de navigation capable de créer virtuellement les situations les plus complexes. En parallèle, les comportements des contrôleurs face aux situations rencontrées ont été modélisés afin DANGEREUX DÉTROITS Photodisc de mettre à profit leur expérience et doter Sirena d’une « intelligence » fondée sur sa puissance de calcul, mais aussi sur la prise en compte des comportements humains. Confronté aux scénarios émis par le simulateur, Sirena, véritable cerveau du système, centralise les données des navires en circulation, analyse les situations critiques pour indiquer aux navires la route optimale à suivre. Dès la mise en service de Sirena, les données réelles des navires remplaceront le simulateur. Ce dernier, après avoir été un « outil de laboratoire » pour la mise au point du système, servira d’outil de formation pour les contrôleurs des ports. LE GAZ NATUREL, C’EST DU SOLIDE Au Japon, deux usines pilotes – et concurrentes – apprennent à solidifier le gaz naturel, sous forme d’hydrates de méthane. Si les industriels Mitsubishi et Mitsui se livrent une course effrénée pour la maîtrise de cette technologie, c’est qu’ils estiment ses débouchés importants : 5 % du volume total de gaz naturel traité à l’horizon 2010. Le stockage sous forme solide présente de nombreux avantages : de densité (1 m3 d’hydrate contient 160 m3 de gaz à pression atmosphérique), de stockage (stable entre - 15 °C et + 5 °C à pression atmosphérique, contre - 163 °C pour le gaz liquéfié) et d’infrastructure (il ne nécessite pas la construction de pipelines et se contente d’usines de taille modeste pour sa production). Photodisc 10 Altitude n°1 /octobre 2003 4 millions C’EST LE NOMBRE DE VÉHICULES, TOUTES CATÉGORIES CONFONDUES, PRODUITS PAR LA CHINE EN 2003. ELLE SE CLASSE AINSI AU QUATRIÈME RANG DES PRODUCTEURS, DERRIÈRE LES ÉTATSUNIS, LE JAPON ET L’ALLEMAGNE, RAMENANT LA FRANCE EN CINQUIÈME POSITION. 2,6 millions d’e-mails INFECTÉS EN 24 HEURES : SOBIG-F, APPARU LE 18 AOÛT, A BATTU LE RECORD DE PROPAGATION POUR CE TYPE DE VIRUS. SQL SLAMMER, QUANT À LUI, AVAIT INFECTÉ 350 000 ORDINATEURS EN 10 MINUTES VIA LE RÉSEAU – ET NON LES E-MAILS – LE 25 JANVIER 2003. DR P11/18 dossier2SR2 8/10/2003 12:31 Page 1 HIGH-TECH DOSSIER > VLIELAND, ROYAUME AUTONOME DES ÉNERGIES DOUCES 12/ UNE ÎLE PRÉPARE L’AVENIR ÉNERGÉTIQUE DE LA PLANÈTE / 14/ FOCUS : LA PILE À COMBUSTIBLE / 18/ LES ÉNERGIES DOUCES ENCORE SOUMISES AU COURS DU BRUT / P11/18 dossier2SR2 8/10/2003 12:31 Page 2 HIGH -TECH Les éoliennes à axe vertical, VLIELAND, plus discrètes que les éoliennes traditionnelles, comme le montre cette comparaison avec ce phare, le point Au nord des Pays-Bas, une petite île prépare le futur énergétique de la planète. Vlieland, dans l'archipel des Wadden, veut devenir entièrement autonome et vivre exclusivement sur les énergies renouvelables. Beaucoup de vent, du soleil, des courants marins, de la biomasse et un soupçon de géothermie : les ingénieurs Altran ont secoué le cocktail en ajoutant de l'hydrogène... culminant des Wadden. Vlieland : DR ROYAUME AUTONOME DES ÉNERGIES DOUCES utilisées sur Vlieland, sont beaucoup DR « D ieu a créé les Hollandais et les saison. Le chapelet d'îles compte toutefois peu Hollandais ont créé la Hollande », dit de résidents permanents. Ainsi, 1 150 personnes un proverbe néerlandais. Une façon seulement habitent à Vlieland toute l'année. sans doute de rappeler qu'aucune région d'Europe, Conséquence, les infrastructures de l'île sont plutôt voire du monde, n'a été davantage façonnée par sommaires. Par exemple, Vlieland n'est pas relié l'homme au fil des siècles que les Pays-Bas. Près au réseau de distribution national d'électricité. du tiers de la surface actuelle du royaume a été Depuis vingt ans, la production est assurée par une progressivement gagné sur la mer1. Dans ce pays centrale diesel. Plutôt polluante, celle-ci est de densément peuplé (plus de 320 habitants au km2), surcroît sollicitée au-delà du raisonnable. En raison il n'existe en fait presque plus de paysages qu'on de la demande croissante en énergie sur l'île, les limites de rejet de CO2, fixées dans la foulée des puisse qualifier de « naturels ». L'archipel de la mer de Wadden, où se trouve accords de Kyoto par le gouvernement néerlandais Vlieland, fait partie de ces rares endroits préservés. pour cette centrale, sont régulièrement dépassées. Basses sur l'eau, bordées de longues plages et Situation d'autant plus regrettable que Vlieland bosselées de dunes, les Wadden sont chères au abrite plusieurs réserves naturelles d'oiseaux... Après des années de débats, la cœur des Néerlandais. Leurs commune de Vlieland a finalepistes cyclables (les voitures Sur la suggestion d'Altran, ment tapé du poing sur la table sont interdites) et leurs petits l'île deviendrait un labol'an dernier. Il a été décidé villages accueillent des dizaines ratoire grandeur nature en concertation avec le de milliers de visiteurs à la belle fonc-tionnant à 100 % sur les énergies renouvelables. suite page 16 • • • 12 Altitude n°1 /octobre 2003 Les technologies retenues devaient composer avec une contrainte sérieuse, à savoir l'interdiction des éoliennes à axe horizontal sur les îles Wadden. Les pales sont en effet considérées comme trop dangereuses pour les oiseaux. Les ingénieurs d'Altran se sont donc tournés vers des éoliennes à axe vertical, en forme de mât-aile. Ces modèles sont en général réservés aux implantations particulières, par exemple les canyons, ou encore aux endroits exposés à des vents très violents. Leur implantation sur Vlieland intéresse les bureaux d'études, qui souhaitent savoir si les éoliennes à axe vertical peuvent sortir de leur créneau confidentiel. Moins puissantes que les éoliennes traditionnelles, elles ont comme atout leur longévité, leur discrétion et leur faible encombrement. Quatre machines de 500 watts devraient être implantées sur Vlieland. 4 022 hectares 12 km de plage 300 hectares de forêt 26 km de piste cyclable ● Amsterdam 0 km de route PAY S - B A S 1 village ● Rotterdam 1 150 habitants permanents MAASTRICHT ● P ROJET Transformer du bois en chaleur et en électricité DR DR DES ÉOLIENNES VERTICALES > > > > > > > Lorena, consultante Eurospace, mène, pour un institut de recherche sur les énergies, une étude portant sur l’utilisation > de biomasse pour produire de la chaleur et de l’électricité. Eifer (Institut européen pour la recherche sur l’énergie) a lancé une étude test dans la région de la ForêtNoire. Objectif : analyser la viabilité économique et écologique de centrales de production d’énergie de biomasse, dans cette région où le bois abonde. Lorena, spécialiste en mathématiques, géodésie et cartographie, joue un rôle clé : se basant sur un outil logiciel spécifique, le GIS (Geo Information System), elle a créé une base de données, ainsi qu’une méthodologie permettant d’évaluer le potentiel d’énergie de biomasse. Y a-t-il des ressources en biomasse suffisantes ? Où sont-elles localisées ? Quelle est la meilleure manière de les exploiter ? Quel est le meilleur site pour implanter une centrale biomasse ? Autant de questions auxquelles Lorena aide à répondre. Mieux encore : en corrélant ces informations au schéma de transport local, grâce aussi aux partenariats noués avec les autorités locales, Eifer sera en mesure de préciser les moyens les plus rentables et écologiques pour effectuer le transport de la biomasse (bateau, train ou camion ?). L’Institut doit également évaluer la pertinence des choix d’implantation : faut-il plutôt une grosse centrale ou plusieurs petites ? Des tests sont en cours dans certains quartiers. Cette méthode, une fois finalisée, devrait être appliquée à d’autres régions en Allemagne, ou en Alsace. Altitude n°1 /octobre 2003 13 P11/18 dossier2SR2 8/10/2003 12:31 Page 4 HIGH -TECH Focus LA PILE À COMBUSTIBLE La pile à hydrogène Au cœur du système qui devrait rendre Vlieland autonome, la pile à combustible n’est pas une nouveauté. Mais une révolution... peut-être. Transports, production massive d’électricité et de chaleur, alimentation de l’électronique « nomade » sont autant de champs d’application potentiels. À Vlieland, elle permettra d’utiliser à la demande, selon les besoins saisonniers, l’énergie générée toute l’année par les éoliennes, turbines marémotrices, etc. Alimentée en hydrogène (H2), la pile réalise l’électrolyse de cette molécule, générant de l’énergie utilisable, c’est-à-dire de l’électricité et de la chaleur. Peu d’émissions (de CO2, notamment), bon rendement énergétique, silence…Ses avantages sont significatifs, mais quelques obstacles restent à surpasser, au premier rang desquels les questions de production, de stockage et de distribution : l’hydrogène est difficile à stocker, et hautement explosif. Certaines piles échappent à ce problème et fonctionnent au méthane (CH4). Mais celui-ci doit être reformé (libération de l’hydrogène contenu dans la molécule) avant d’entrer dans la pile, et cette étape supplémentaire nécessite un dispositif encombrant. Plus que la pile elle-même, c’est cette infrastructure qui décidera de l’émergence de la pile à combustible, et c’est tout l’intérêt de Vlieland, où elle s’inscrit dans un système complet. ANODE : ÉLECTROLYTE : Dans l’anode les molécules de gaz hydrogène (H2) se dissocient : séparation des ions H+, qui transitent par l’électrolyte, et des électrons, qui, euxmêmes, transitent par le circuit électrique, générant un courant, c’est-à-dire de l’énergie. Ce composant permet de faire transiter les ions H+, mais pas les électrons, qui passent par le circuit électrique. L’électrolyte est donc une sorte de filtre. C’est aussi le matériau le plus coûteux de la pile. En été CATALYSEUR : CATHODE : Le catalyseur permet d’accélérer les réactions d’oxydoréduction qui ont lieu dans l’anode et la cathode. En métal précieux (platine) pour des piles à basse température, en métal moins cher (nickel) à haute température. Dans la cathode, ions H+, électrons et molécules de gaz oxygène (O2) réagissent pour former de l’eau H2O, qui est évacuée de la pile, et de la chaleur. Accolées aux supports de l’anode et de la cathode, elles remplissent des fonctions de « gestion » : canalisent les gaz venant de l’extérieur, collectent le courant, gèrent les flux d’eau. O2 H2 Des dizaines de milliers de touristes se pressent sur l'île. La production et le stock sont sollicités à plein régime PLAQUES BIPOLAIRES : H2O Pierre Mosnier Chaleur LES DIFFÉRENTS TYPES DE PILE Technologie AFC En hiver Les 1 150 habitants de l'île n'utilisent qu'une partie de la production, permettant le stockage de l'électricité Chronologie 14 Altitude n°1 /octobre 2003 >1806 : sir >1838 : Christian >1839 : sir William Humphry Davy réalise l’électrolyse de l’eau (2H20 -> 2H2 + O2). Friedrich Schoenbein réalise l’électrolyse grâce à un courant électrique entre deux électrodes de platine. Grove invente la première pile à combustible, constituée de deux électrodes de platine séparées par un électrolyte : l’acide sulfurique. >Pendant un siècle, la pile à combustible est quasiment oubliée. On s’intéresse plus aux accumulateurs et piles électriques. Combustible Température H2 80° PMFC H2 DMFC Méthanol PAFC H2 / CH4 MCFC CH4 SOFC CH4 >1953 : Francis T. Bacon construit un prototype qui enfantera les piles utilisées dans des programmes spatiaux. Utilisation Empilement de cellules (« stack ») Spatial Transports terrestre et maritime Portatif (téléphone, ordinateur...) Stationnaire (250 kW environ) Stationnaire (grande puissance, 500-900 kW) 1 000° Stationnaire (grande puissance, 500-900 kW) Cellules >1963 : la Nasa >1994 : dans >2002 : à Tokyo, >2003 : en Europe, >2003 : George emploie pour la première fois des piles comme générateurs, pour le véhicule habité Gemini. Les piles sont toujours employées dans les navettes américaines. le cadre de son IVe PCRD, l’Europe consacre 54 millions d’euros aux piles à combustible. un programme ambitieux voit le jour : il prévoit l’installation parallèle de stations-service à hydrogène et de véhicules à pile. lancement de CUTE, un projet similaire, dans neuf métropoles européennes. Le premier autobus à pile a été livré à Madrid le 5 mai 2003. W. Bush propose d’accorder une aide de 1,2 milliard de dollars en faveur des voitures à pile. Altitude n°1 /octobre 2003 15 P11/18 dossier2SR2 8/10/2003 12:31 Page 8 HIGH -TECH DES ALTERNATIVES FRAGILES DR Le développement des énergies douces reste étroitement soumis aux fluctuations des prix du brut. L’intérêt pour les énergies renouvelables fluctue avec le cours du brut. Mais elles constituent une option énergétique de plus en plus incontournable. L'intérêt suscité par les énergies alternatives est en général proportionnel au cours du pétrole. Il monte avec le prix du brut, et s'effondre au même rythme. Le solaire et la géothermie ont ainsi connu un engouement éphémère en Europe à la fin des années 1970, avant de retomber dans un oubli relatif quand le baril de brut est tombé à quelque 10 dollars au milieu des années 1980. En région parisienne, par exemple, de nombreux puits géothermiques ont été abandonnés à l'ensablement progressif entre 1985 et 1995. Quelques pays ont certes développé des politiques à long terme, comme le Danemark qui couvre désormais 25 % de ses besoins énergétiques grâce à l'éolien. Globalement toutefois, les efforts en faveur des énergies renouvelables manquent de constance. Cela tient en partie au fait que la pénurie mondiale de pétrole recule comme l'horizon, au fur et à mesure que l'observateur avance. De nouveaux gisements sont découverts chaque année et, surtout, les progrès des techniques d'extraction modifient en permanence la donne. Les huiles extra-lourdes de l'Orénoque (Venezuela) étaient inexploitables il y a trente ans, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Par ailleurs, certains gisements ont été considérés comme « épuisés » dans le passé, alors que 15 à 30 % seulement du pétrole en avaient été extraits. Il n'est donc pas du tout impossible que certains puits rouvrent un jour, ce qui reculera encore la date de la pénurie mondiale, aussi inévitable que difficile à dater précisément. ••• Si tout se passe bien, Vlieland pourforme d'hydrogène, un gaz relativeL’expérience est rait être autonome d'ici quelques ment facile à obtenir par électrolyse suivie avec intérêt années. L'expérience est suivie de l'eau. Le principe est simple. par les États insuavec intérêt par les États insulaires Différentes énergies renouvelables laires du Pacifique du Pacifique. Potentiellement, les – vent, soleil, biomasse, courants marins – (voir encadrés pages 13,16 et 17) produi- solutions développées en mer de Wadden peuvent sent de l'électricité. Celle-ci est directement injectée trouver des débouchés dans les îles du monde dans le réseau de distribution, en fonction de la entier. Rares sont celles qui, comme les Açores, demande. Mais si la consommation chute, par peuvent compter sur des ressources géotherexemple en pleine nuit ou en basse saison, le miques abondantes. potentiel de production est tourné vers une unité Il reste cependant de nombreux défis technolod'électrolyse, où les molécules d'eau sont disso- giques à relever. La manipulation de l'hydrogène ciées. L'hydrogène est récupéré et stocké, avec est délicate, tout comme l'ingénierie et l'entretien comme seul rejet de l'oxygène. Cet hydrogène des turbines sous-marines. Il faut également, à pourrait être utilisé directement par les véhicules de plus long terme, que le prix du kilowatt ne soit pas transport en commun dotés de piles à combustible. prohibitif. L'expérience Vlieland va bénéficier de Mais surtout, il alimentera une centrale à cogénéra- subventions gouvernementales et européennes, tion appelée à garantir la continuité en électricité sur mais pour que le projet ait un sens, il devra l'île, pendant les pointes de consommation où à répondre à la question fatale de la compétitivité l'occasion des jours sans vent et sans soleil. La cen- face aux sources d’énergie traditionnelle. trale fonctionnera aussi bien à l'hydrogène qu'au Conquête précaire : les Pays-Bas commémoraient cette année biogaz, avec un appoint sous forme de géothermie, 1. la catastrophe de 1953 où la mer, rompant les digues en pleine nuit, avait tué près de 8 000 personnes. susceptible de chauffer une partie des logements. 18 Altitude n°1 /octobre 2003 P19/23 people2 SR2 8/10 15/10/2003 15:47 Page 19 PEOPLE Trajectoires Certains consultants d’Altran accompagnent leurs clients dans les conditions les plus extrêmes. VOYAGE AU PAYS DU TEMPS SUSPENDU > BIO À Tchernobyl, Framatome construit le plus vaste 1973 > naissance 1997 > diplôme de l’EIGSI (Génie des systèmes industriels à La Rochelle) 1999 > 1re expérience internationale : contrôle commande des éclairages de piste sur l’aéroport de Hong Kong 2000 > rejoint Altran 2002 > s’installe à Slavutich (70 km de Tchernobyl). stockage à sec et en surface de combustible nucléaire au monde. Jean-Baptiste (Altran Technologies) coordonne À 3 km, un sarcophage couvre de sa formidable masse de béton le réacteur éventré. À proximité, deux réacteurs en construction ne seront jamais achevés. Les grues semblent pétrifiées. Dans la zone d’exclusion (30 km autour de l’épicentre de l’explosion), des dizaines de villages ont été abandonnés ou détruits. Mais dans ce faux no man’s land, 4 000 personnes travaillent encore. Sur le chantier, le sol a été décontaminé, mais tout contact avec les végétaux est prohibé. Pour Jean-Baptiste, intervenir sur ce site en démantèlement est « une véritable aventure ». L’installation est un prototype unique au monde. Associé au projet depuis février 2000, Jean-Baptiste a participé, à Paris et Kiev, à plusieurs études sur la ventilation, la distribution électrique et la protection incendie de l’usine. De fil en aiguille, il s’est imposé pour suivre l’activité du bureau d’études sur site dans les phases de montage, d’essais et de mise en service. DR sur place l’activité du bureau d’études… HUMOUR GLAÇANT Cet hiver à Salo (Finlande), Steve (DCE Consultants) était facile à repérer. Par - 37 °C, il était vêtu d’un impeccable complet-cravate. Une coquetterie qui a valu quelques railleries à ce spécialiste du Supply Chain Management, accompagnant DR UN BARRAGE CONTRE LE ZAMBÈZE > Olivier, consultant Segime, participe à la réhabilitation du barrage de Cahora Bassa : il dirige le bureau d’études local. Près de 150 personnes participent aux travaux. « Trente ans après sa construction, le barrage de Cahora Bassa reste une référence, annonce d’emblée Olivier. Situé près de la ville de Songo, il alimente en énergie le Mozambique, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe. » Imaginez, au bout d’une piste de montagne, un colosse de béton de 88 mètres de haut. Cinq énormes unités de production, générateurs et turbines de près de 500 tonnes chacune, dans un antre gigantesque qui pourrait contenir l’Opéra Garnier de Paris ! « On se sent tout petit, poursuit Olivier. Je ne m’habitue pas à l’ouverture des portes de décharge du barrage, pour réguler le niveau des eaux. C’est alors une véritable trombe d’eau de plus de 100 mètres de long à 350 m3/s qui se jette Nokia dans la refonte globale de sa logistique. Le client a testé son courage par un froid sibérien, prétextant, durant 3/4 d’heure, ne plus savoir où il avait parqué sa voiture. Steve a apprécié son projet plus que ce trait d’humour local… BIO 1968 > naissance 1987 > officier pilote de l’aéronautique navale sur Alizée, avion de sûreté embarqué sur porte-avions 1999 > diplômé de l’École des mines de Nancy, il effectue une mission à Dubaï, pour le compte de Total 2000 > rejoint Altran 2002 > participe en Allemagne à la sélection des fournisseurs du système de refroidissement auxiliaire de l’A380 2003 > rejoint le Mozambique. dans le Zambèze, l’un des plus grands fleuves d’Afrique. » Le barrage est le pôle d’attraction de la région : son lac artificiel (270 km de long et 30 km de large) attire les pêcheurs qui parcourent des kilomètres jusqu’à Songo, sac sur la tête, pour vendre ou acheter des produits de consommation courante. Altitude n°1 /octobre 2003 19 P19/23 people2 SR2 8/10 15/10/2003 15:47 Page 22 PEOPLE Experts « Fujifilm et son skipper Loïck Peyron sont le fil rouge des contributions d’Altran. » LOÏCK PEYRON Fiabiliser les multicoques. La question taraude le Landerneau de la course en solitaire. Et mobilise Altran. INTERVIEW LES MÂTS PASSÉS AU CRIBLE L’Orma, organisatrice des grandes épreuves mondiales de multicoques en solitaire, a confié à Acsience une étude sur les mâts des trimarans. Un premier pas dans la mise en commun des moyens de recherche dans le monde de la voile, qui n’est pas habitué à partager. La taille des mâts est limitée à 30 mètres. Tout de carbone vêtus, ils sont de plus en plus légers et fragiles. Pascal, expert en matériaux, a rencontré tous les acteurs de la profession : architectes, concepteurs et fabricants de mâts, skippers. « Mon rôle ?, plaisante-t-il, jouer les Sherlock Holmes. Ne ménager personne pour soutirer des informations jalousement gardées. » Pascal a pointé nombre d’approximations et dysfonctionnements : manque de contact entre les divers acteurs, déficit d’instrumentation des mâts pour connaître leurs limites, conditions de fabrication « prototypes », manque de moyens, de recul et de rigueur dans l’utilisation de matériaux pourtant aussi pointus que ceux qu’on rencontre en F1 ou en aéronautique… Au final, son rapport tient d’une bible. L’Orma a déjà adopté certaines de ses recommandations pour le dimensionnement, la mise en œuvre des matériaux et l’évolution du règlement des courses. > Fujifilm était en avance sur son temps. Il a remporté le championnat 2002 malgré sa destruction lors de la dernière épreuve. SIPA Pourquoi les mâts des multicoques cassent-ils ? À cette question de l’Orma (Ocean Racing Multihull Association), Acsience apporte 200 pages de réponses. UN PETIT PLUS QUI FAIT LA DIFFÉRENCE Barrer confortablement quelle que soit la gîte... Acsience a imaginé pour Loïck Peyron le siège de pilotage de ses rêves ! Barrer un multicoque par gros temps n’est pas de tout repos. À 30 nœuds, les paquets de mer semblent en béton. Et les trimarans jouent les filles de l’air, sur deux voire un seul flotteur. Acsience, partenaire du 60 pieds Fujifilm, s’est attelé au problème. « À quatre mois de la Route du Rhum 2002, se souvient Bruno, consultant dédié au projet, Loïck Peyron m’a demandé d’imaginer un siège adaptable à sa morphologie et orientable quelle que soit l’inclinaison du bateau. J’ai géré le projet 20 Altitude n°1 /octobre 2003 Altitude : Vous êtes LE spécialiste français du multicoque. Pourquoi cette prédilection ? Loïck Peyron : Parce que le multicoque est un bateau très créatif. Il permet d’exprimer toutes sortes de compétences en conception et en navigation. C’est un animal dangereux. Contrairement à la Solitaire du Figaro, le problème en solitaire sur un 60 pieds, c’est de trouver le sommeil. de A à Z, de la recherche de solutions techniques à la modélisation 3D et au suivi de production. » Fujifilm regorge ainsi d’innovations simples et ingénieuses qui font la différence dans les épreuves en solitaire. Il n’aura hélas pas le temps de démontrer sa supériorité. Le 10 novembre 2002, à Saint-Malo, Fujifilm prend le départ de la Route du Rhum. Le 13 novembre, il se disloque en mer dans une tempête qui décime la flotte des concurrents. Alt : La dernière Route du Rhum prouve-t-elle que les trimarans 60 pieds sont trop puissants pour le solitaire ? L. P. : La casse sur la Route du Rhum (18 trimarans au départ, 3 à l’arrivée, NDLR) est due à un déficit de recul sur les matériaux utilisés. Leur rigidité, l’absence d’évaluation des phénomènes d’inertie et de vibration ont été fatals. Les roseaux sont devenus chênes… Notre problème, c’est le manque de temps et de moyens. La seule façon de tester une innovation reste de casser le bateau en live ! Alt : Quelles techniques pour rendre les multis plus sûrs ? L. P. : Avoir un mât de secours. Protéger les postes de pilotage. Équiper les coques d’un capteur déclenchant le choquage de la grand-voile en cas de gîte extrême. Une montre au poignet d’un homme à la mer pour actionner les balises de détresse et mettre le bateau à la cape. Mais les multis sont plus stables à l’envers qu’à l’endroit… Ils ne sont sûrs que s’ils restent à quai ! Altitude n°1 /octobre 2003 21 SIPA « LE MULTI, ANIMAL DANGEREUX » P19/23 people2 SR2 8/10 15/10/2003 15:47 Page 24 PEOPLE Campus Nicolas Cotto TÉLÉCOM PARIS À L’ÉCOUTE DES ENTREPRISES Rencontre avec Marc Peyrade, directeur de Télécom Paris, École nationale supérieure des télécommunications. L’ESSEC CERTIFIÉE EQUIS Comme un nombre croissant de grandes écoles, désireuses d’affirmer leur politique internationale, l’Essec (France) s’est vu décerner l’accréditation européenne Equis (European Quality Improvement System). Les experts internationaux l’ont évaluée sur des critères tels que la qualité des formations et de la recherche, le degré d’internationalisation et la prise en compte des besoins du monde de l’entreprise dans ses programmes et activités. L’ETUDIANT ESSAIMAGE EUROPÉEN Fort de son succès hexagonal, Altran a souhaité étendre son action à d’autres junior entreprises (JE) européennes. Depuis 2001, le groupe a ainsi conclu deux partenariats avec les confédérations espagnole (CEJE) et portugaise (FJC). « La relation existant entre Altran et le mouvement des JE en Europe, au travers de différents partenariats, nous a prouvé à quel point le groupe croyait en les junior entreprises, affirme Rui Dinis, directeur général de la FJC. Nous partageons le même esprit d’entreprendre. Grâce aux formations, workshops et autres case-studies, nous comptons sur Altran pour nous faciliter le rapprochement entre vie étudiante et vie professionnelle. » En Espagne, Altran a instauré un parrainage de chaque junior entreprise par un représentant du groupe. « Nous avons également apprécié le coaching individualisé des membres du bureau et l’aide à la définition des orientations stratégiques de CEJE effectués par Altran », ajoute Fernando Martin, son président. D’autres rapprochements avec des junior entreprises européennes sont en cours. À suivre. EN CHIFFRES 140 enseignantschercheurs permanents dispensent des cours et mènent des travaux au sein de 4 laboratoires de recherche intégrés à l’école. 61% des élèves trouveront un emploi avant même d’être diplômés, 23 % dans les 2 mois qui ont suivi leur sortie d’école, 12 % dans les 4 mois. 22 Altitude : Quelle est votre stratégie à l’égard des entreprises ? Marc Peyrade : Écouter et s’adapter. C’est une nécessité pour nous de comprendre ce qu’elles attendent des ingénieurs, découvrir ce qui fait le succès des diplômés de Télécom Paris et adapter notre formation. Alt : Qu’apporte la proximité des entreprises ? M. P. : Être en contact permanent nous permet de savoir quels métiers exercent les ingénieurs télécoms : ceux qui réussissent ont souvent une carrière qui sort de la technique. À nous de les préparer à ne pas être « seulement » de bons ingénieurs. L’enquête annuelle que nous menons auprès des élèves sortants fait apparaître les relations avec les entreprises comme un élément important de leur satisfaction. Alt : Quelles sont les attentes des entreprises ? M. P. : Elles attendent des élèves qu’ils soient préparés à mener une carrière internationale, qu’ils soient ouverts à d’autres métiers que ceux de la technique et qu’ils soient humbles et prêts à s’intégrer. Nous gardons en tête ces critères en Altitude n°1 /octobre 2003 fonction desquels nous adaptons en permanence la formation dispensée. Alt : Comment les relations avec les entreprises s’organisent-elles ? M. P. : Le point central de notre démarche est le Club entreprises. Ses 25 membres représentent tous les intervenants du monde des télécoms : opérateurs, équipementiers, sociétés de conseil… et grands utilisateurs de ces technologies. Parmi les réussites du Club : un Guide des parcours qui permet aux élèves de choisir parmi tous les modules d’enseignement, classés en familles de métiers visés, les plus adaptés à leur projet professionnel. Nous avons également créé ensemble une charte du stage, des simulations d’entretiens d’embauche en anglais, etc. Alt : Pourquoi associer Altran à Télécom Paris ? M. P. : Altran est un interlocuteur majeur pour les ingénieurs télécoms. Depuis le début, le groupe fait partie des entreprises exemplaires dans sa relation avec l’école. Son implication régulière, alliée à un comportement très actif, permet de mener un travail de fond. Photodisc « Je reprendrais bien la musique. Pas l’orgue, comme avant, mais j’aimerais beaucoup me mettre au chant. » Mais Jocelyn Couetdic est occupé. Entendons-nous, il ne s’en plaint pas. Sa passion, la vraie, c’est la cosmologie, et il y excelle : entré en DEA en septembre, il a déjà une publication à son actif ! « J’ai eu la chance de suivre mes deux stages de l’École centrale de Paris dans un laboratoire de l’UCLA (États-Unis), explique-t-il modestement. Un travail très théorique sur trois corps, un soleil et deux planètes, pour identifier les orbites périodiques résonnantes entre les deux planètes. En pratique, cela pourra servir à identifier des zones de stabilité et d’instabilité au sein de notre système solaire, et aussi à localiser des planètes extrasolaires. » Jocelyn admet que son travail, très théorique, est atypique pour un ingénieur, mais il nuance : « J’ai conservé mon côté ingénieur : je m’intéresse aux questions relativement concrètes, comme l’étude du rayonnement de fond, trace laissée par le Big Bang, ou la masse manquante. Pas des théories fumeuses vérifiables dans cinquante ans. » L’UNIVERSITÉ DE CAMBRIDGE À LA PLAGE Démontrer à des jeunes que la science peut être ludique et accessible, c’est le défi qu’a relevé cet été une association d’étudiants de l’université de Cambridge. Parcourant une partie du littoral britannique, ces étudiants de CaOS (Cambridge sur le terrain), ont organisé une série d’expériences spectaculaires et amusantes, amenant ainsi les jeunes à prendre conscience de certains mystères de la science et à apporter eux-mêmes certaines réponses. Parmi les sponsors de cette opération, Arthur D. Little UK figure en bonne place. ABONNEMENT 1878 > date de création de Télécom Paris. JOCELYN COUETDIC, UN DYNAMIQUE CÉLESTE Je souhaite m'abonner à Altitude Nom : Prénom : École / Entreprise / Structure : Adresse : E-mail personnel : Merci de remplir ce bulletin et de l'adresser à : Altran Abonnement Altitude 251, boulevard Pereire 75017 PARIS Altitude n°1 /octobre 2003 23 MAQUETTE_AFFICHE_FRANCAIS 8/10/2003 12:42 Page 1 FONDATION ALTRAN POUR L’INNOVATION PRIX 2004 Appel à candidatures Innover pour découvrir, comprendre et aimer les sciences Un an d'accompagnement et de conseil d'une valeur d'un million d'euros offert par Altran Informations : www.fondation-altran.org Inscriptions : [email protected]