Numéro complet - Roche Diagnostics France

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Numéro complet - Roche Diagnostics France
4. S’INFORMER
16. S’INSPIRER
30. S’INTERROGER
Premiers consultings
Process et Stratégie
en France
Coopérer pour
optimiser le plateau
technique
NT-proBNP
le biomarqueur de choix
dans la prise en charge
de l’insuffisance cardiaque
JUIN 2016
#96
GIE
BIOLO
ALE
MÉDIC
8. S’IMMERGER
Accréditation :
beaucoup de progrès,
des difficultés
à surmonter
APP
BIOENDOCRINO
DISPONIBLE
SUR L’APP STORE
© DR
UN GUIDE INTERACTIF DU
PARCOURS AVEC UNE MALADIE
RARE
À LA UNE
Le parcours de soins est souvent perçu comme un parcours d’obstacles par les
patients. Dans le cas des maladies rares, il peut ressembler à un parcours du
combattant. Pour simplifier sa compréhension, l’Alliance maladies rares, un collectif
qui rassemble plus de 200 associations de malades, a lancé, en mars 2016, le
« Guide interactif du parcours avec une maladie rare », un outil original pour informer
et orienter les patients. Ce site internet propose quatre entrées : « les premiers
signes de la maladie », « se soigner et s’occuper de soi », « la vie quotidienne » et
« l’engagement associatif » afin de décliner toutes les formes d’accompagnement.
Une carte interactive présente graphiquement ces thèmes et une navigation
adaptée est accessible aux personnes souffrant de déficiences visuelles.
Un guide pour tous
Richement documenté, le site aborde les droits des malades, présente les associations
de patients et propose des ressources sur les traitements, pour s’informer, participer
aux essais cliniques et déclarer un effet indésirable. Il reprend les définitions
essentielles, comme celle du régime des Affections longue durée, et détaille les
démarches administratives à réaliser. Ce « Guide interactif du parcours avec une
maladie rare » s’adresse à tous les patients, quel que soit leur âge, abordant aussi bien
les problèmes de scolarité que l’accès aux emprunts bancaires. Un outil indispensable.
l www.alliance-maladies-rares.org/guideinteractif
VU SUR LE WEB
Après BioCardio et BioRhumato,
Roche Diagnostics France a
créé BioEndocrino, une application
intuitive et conviviale disponible
sur l’App Store pour aider les
biologistes et les endocrinologues
à (re)découvrir toute la prise
en charge des pathologies
thyroïdiennes, du diagnostic
au suivi du patient.
Cette application de formation,
développée avec l’aide d’experts,
se compose de trois parties :
l Aide à l’interprétation des
bilans thyroïdiens en fonction
de 4 profils patient : adulte,
personne âgée, femme enceinte
et nourrisson. Les valeurs
de référence varient pour
chacun des profils, ainsi que
les conditions de la prise en
charge patient. Les examens
de première et de deuxième
intention sont proposés.
l Aide à l’interprétation dans
le suivi du cancer différencié
de la thyroïde, du cancer
médullaire de la thyroïde,
de l’hypo et de l’hyperthyroïdie.
l Orientation du diagnostic
en fonction des symptômes
et médicaments administrés.
Les paramètres concernés
sont : TSH, T4L, T3L, Anti-TPO,
Anti-TSHR et Anti-Tg pour
les bilans thyroïdiens. Pour le
cancer différencié de la thyroïde,
il s’agit de la thyroglobuline (Tg)
et, pour le cancer médullaire,
de la calcitonine.
DÉVELOPPER L’INNOVATION
DIGITALE POUR LE DIABÈTE
Les applications mobiles ont fait leurs preuves dans le diabète.
Elles aident les patients à mieux gérer leur maladie. Parmi les plus
réussies, celles de mySugr ont une place particulière. Cette société,
créée en 2012 par des diabétiques, a su rassembler une large
communauté de patients : plus de 600 000 utilisateurs enregistrés.
Ses applications intègrent les données issues des appareils
connectées, comme le lecteur Accu-Chek Connect, pour
personnaliser le suivi quotidien. Roche Diabetes Care et mySugr
se sont donc associés pour promouvoir ces outils. Ce partenariat
se concrétisera en Allemagne et en Autriche avant de concerner
d’autres pays.
l mysugr.com
© DR
2
VU SUR LE WEB
juin 2016 • n° 96 explore ÉDITO
b
EUDES DE VILLIERS
C
réé sous le titre de 10 000 Biologistes en janvier 1978, votre magazine est devenu 10 000 Bio en 1994. la rédaction a jeté un petit
coup d’œil au tout premier numéro : le dossier portait sur les
cK-mB, un reportage traitait du dépistage de l’alcoolisme en médecine
du travail…
À l’occasion de ses 38 ans, il devient EXPLORE. chaque année, nous
recevons beaucoup de marques de fidélité et d’attachement à notre
magazine. 38 ans de 10 000 BIO, ce sont 38 ans d’échanges entre nous,
38 ans d’innovation, 38 ans de changements, désirés ou subis. tout cela,
nous l’avons vécu ensemble.
alors pourquoi changer ? tout simplement, parce que le futur
nous propose de nouveaux challenges que nous voulons partager et
construire avec vous. nous voulons imaginer avec vous notre avenir,
celui du diagnostic biologique au bénéfice des patients. nous voulons
© ROCHE
C’est une petite révolution !
Ce numéro 96 marque
un changement de nom
de votre magazine
que vous continuiez, à travers des reportages, à nous parler de vos projets et de vos succès. nous voulons faire partager au plus grand nombre
l’excellence scientifique, la vôtre et celle de nos équipes. nous voulons
explorer avec vous l’innovation et les transformations de demain.
dans cette nouvelle formule du magazine de roche diagnostics
france, le rôle fondamental du diagnostic biologique est examiné à travers quatre rubriques : « s’informer » pour faire le tour de l’actualité du
diagnostic in vitro, « s’immerger » pour plonger dans un sujet majeur via
plusieurs articles, « s’inspirer » pour découvrir les expériences d’autres
biologistes et « s’interroger » pour réfléchir au-delà de la biologie médicale et anticiper ses évolutions. EXPLORE vous place toujours au cœur
de ce magazine, car vous êtes les moteurs des nouvelles orientations de
la profession. pour continuer de vous accompagner dans cette aventure,
EXPLORE vous invite à élargir votre horizon.
SOMMAIRE
S’INFORMER
4 • simplifier le suivi
des températures
• du changement au
regional support center
S’IMMERGER
S’INSPIRER
8-15 • accréditation : beaucoup
16-17 • de l’importance du pré-analytique
18-19 • la biopathologie, avant-garde
de progrès, des difficultés
à surmonter
du diagnostic moléculaire
20-21 • automatiser le gold standard
de la cytologie urinaire
• un challenge digital
pour la sclérose en
plaque
22-23 • de nouveaux paramètres en virologie
24-25 • coopérer pour optimiser
5 • la consolidation
le plateau technique
des l’hba1c en
chimie clinique
26-27 • une nouvelle conception
process et stratégie
en france
28 • Biomarqueurs de prééclampsie
29 • troponine ths, l’évolution continue
du diagnostic moléculaire
© ROCHE
6 • premiers consultings
7 • coup de projecteur
sur le diagnostic
biologique et
le rôle médical
des biologistes
S’INTERROGER
30-31 • nt-proBnp, le biomarqueur de choix
dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque
magazine d’information biomédicale
édité par roche diagnostics france
2, avenue du vercors - 38240 meylan
tél. : 04 76 76 30 00
n° d’édition : 96/2016. tirage : 9000 ex.
imprimé en france par munier impression.
dépôt légal : juin 2016
directeur de la publication : Bertrand le Bert
rédacteur en chef : eudes de villiers
explore n° 96 • juin 2016
3
rédacteur en chef adjoint : elisabeth Barbier
comité de rédaction : philippe delie, eudes de
villiers, Katrin simonin, véronique mandran,
régis Buchaille, elisabeth Barbier
responsable médical : frédéric éberlé
copyright : roche diagnostics france
rédaction : Bns communication
conception éditoriale et réalisation graphique :
photos et illustrations : photothèque roche,
catherine roujean, filament production, flamotte,
morrismedia, carter dow, emmanuel farcet,
Bruno fabien, dr. droits de publication réservés.
ont participé À ce numéro : alexandre
cassou, Karine darignac, philippe delie, frédéric
eberlé, eudes de villiers, nicolas Zeitoun, laura
lallé, Bertrand van roy, didier garry, Bertrand
rossignol, roland vieilledent, sandra sapor, Karine
spadacini, marc Bourget, nathaël menras,
laurent viel, emmanuelle Billardello, Jacques
pellerey, davis pellegrin et B. rossignol.
“Explore” est une édition de Roche Diagnostics France
qui paraît deux à trois fois l’an. L’éditeur apporte
le plus grand soin à la constitution de son contenu.
Malgré cela, certaines données peuvent avoir été mal
interprétées ou avoir été modifiées entre temps.
L’éditeur n’en est en aucun cas responsable.
SIMPLIFIER LE SUIVI
DES TEMPÉRATURES
Roche Diagnostics France instaure une
nouvelle technologie de suivi des
températures durant le transport des
produits. Depuis novembre 2015,
l’enregistreur à usage unique Sensitech
Template remplace la puce Siemens
TIMS multi-usage. Ce nouveau système
est doté d’un port USB pour s’adapter
à tous les ordinateurs. Il permet de
partager l’information immédiatement
et évite l’envoi des puces de contrôle
par courrier. L’enregistreur Sensitech
Template concerne tous les transports
de produits exigeant des températures
comprises entre 2 et 8° C ou entre
15 et 25° C. Cette nouvelle technologie
garantit la préservation de l’intégrité
des produits Roche Diagnostics durant
leur transport.
DU CHANGEMENT AU
REGIONAL CUSTOMER
SUPPORT CENTER
Désormais, l’assistance téléphonique
de Meylan (le RCSC, pour Regional
Customer Support Center) est
accessible de 8 h à 18 h.
Ce centre de services rassemble de
nouvelles expertises en consolidant,
à Meylan, une équipe dédiée à la
biologie moléculaire (cobas® 4800,
cobas® 6800, qPCR NAPI, Flow,
MAGNA Pure...) et à l’histopathologie.
Les appels liés au séquençage sont
quant à eux traités par une équipe
internationale via le 04 76 76 30 15.
En complément du support offert
par le RCSC, votre espace client
myrochediagnostics.fr reste un outil
central de vos échanges avec
Roche Diagnostics France.
+ de 90
personnes avec des compétences
applications, techniques et
solutions informatiques
UN CHALLENGE DIGITAL
POUR LA SCLÉROSE EN
PLAQUES
L’institut Roche, l’Arsep et l’École 42 ont créé le challenge Innovate4MS,
un concours d’innovation pour améliorer la prise en charge des patients
souffrant de sclérose en plaques. Les projets lauréats sont
enthousiasmants.
© ROCHE
4
S’INFORMER
La sclérose en plaques est une maladie fréquente et très invalidante. Le suivi
rigoureux de ses symptômes est essentiel pour prendre en charge les poussées le
plus rapidement possible et retarder son évolution. Un challenge que les outils
digitaux peuvent relever. L’institut Roche, la Fondation pour l’aide à la recherche
sur la sclérose en plaques (Arsep) et l’École d’informatique 42, fondée par
l’entrepreneur Xavier Niel et l’informaticien et directeur d’école Nicolas Sadirac,
ont créé un concours pour inviter les étudiants à s’attaquer à cette question.
Parmi toutes les idées imaginées par les étudiants en informatique, trois projets ont
été sélectionnés. Pendant trois mois, leurs auteurs ont affiné et concrétisé leur
concept grâce aux conseils de trois start-ups, Blue Frog Robotics, spécialiste des
robots sociaux, Ad Scientiam, créateur d’applications médicales, et Rythm,
développeur d’outils issus des neurotechnologies. Le 18 mai dernier, le jury a
récompensé du premier prix le site internet Par ici la sortie. Ce projet montera en
puissance grâce à l’accompagnement d’un an offert par les équipes de Roche SAS.
trois technologies, trois finalistes
l Marvin : un robot compagnon incitant le patient à maintenir une activité
musculaire, des interactions sociales et un entraînement cognitif.
l Par ici la sortie : faciliter la mobilité des individus via une plateforme internet
collaborative proposant des sorties adaptées au handicap et un système de
transport participatif entre utilisateurs.
l Sepia : un jeu vidéo pour améliorer le bien-être des patients, éviter
l’isolement, détecter et surveiller des symptômes sans que cela ne soit
intrusif.
juin 2016 • n° 96 explore © ROCHE
5
LA CONSOLIDATION DE L’HbA1c
EN CHIMIE CLINIQUE
GLYCÉMIE Afin de répondre aux besoins d’efficience toujours plus grands, Roche Diagnostics
propose le dosage de l’HbA1c sur l’ensemble de ses instruments de chimie clinique.
A
u-delà de la précision, l’exactitude des résultats du dosage de l’hba1c ne doit pas
être affectée par la présence de variants de
l’hémoglobine. pour répondre à cette exigence, roche diagnostics propose le réactif tina-quant
hba1c dont l’anticorps reconnaît le tétrapeptide glyqué
de l’extrémité n-terminale de la chaîne β de l’hémoglobine, assurant ainsi une détection hautement spécifique
de l’hba1c.
cette méthode immuno-turbidimétrique permet la
mesure « vraie » de l’hba1c1 telle qu’elle a été définie par
la fédération internationale de chimie clinique (ifcc).
elle n’est pas affectée par les variants courants de l’hémoglobine (s, c, e, d) et est moins sensible aux variants
rares que les techniques hplc2.
de plus, elle ne nécessite pas d’expertise technique
✱ pour valider les résultats, contrairement à l’interprétation
des chromatogrammes.
PREMIÈRE MÉTHODE AGRÉÉE PAR LA FDA
la méthode tina-quant hba1c roche est non seulement certifiée ifcc et ngsp pour le suivi du diabète,
mais elle a également été la première méthode agréée
par la fda3 pour le diagnostic du diabète selon les recommandations de l’association américaine du diabète
(ada)4.
grâce à sa large gamme d’instruments, roche diagnostics est en mesure de proposer la consolidation de
l’hba1c en chimie clinique, aussi bien aux gros plateaux
techniques (au-delà de 600 hba1c/jours), qu’aux centres
hospitaliers, ou encore aux laboratoires satellites.
l
[1] Approved IFCC Reference Method for the Measurementof HbA1c in Human Blood, Clin Chem Lab Med 2002; 40(1):78–89, 2002
[2] HPLC ou CLHP: Chromatographie Liquide Haute Performance
[3] FDA allows marketing of first A1c test labeled for diagnosing diabetes, FDA News release, May 23, 2013.
[4] Standards of Medical Care in Diabetes, Diabetes Care, Vol 33, Suppl 1, Jan 2010.
explore n° 96 • juin 2016
6
S’INFORMER
PREMIERS CONSULTINGS
PROCESS ET STRATÉGIE
EN FRANCE
LABADVANCE Les nouveaux services Process et Stratégie de cobas
LabAdvance ont été mis en œuvre au sein de deux sites pilotes. Ils
démontrent l’efficacité de cette nouvelle philosophie du consulting.
A
nnoncée il y a un an, à l’occasion du congrès euromedlab
2015, l’évolution de l’offre de consulting cobas labadvance
est aujourd’hui réalité. deux sites français ont profité de
cette nouvelle approche, interactive et participative, du
conseil, où les laboratoires trouvent, au sein de leur organisation, les
solutions adaptées à leurs besoins.
UNE RÉFLEXION COLLECTIVE
le service de biologie médicale d’un grand centre hospitalier universitaire voulait réduire le temps de rendu des résultats pour les urgences.
l’équipe de labadvance a donc mis en œuvre un consulting process.
durant cinq jours, les consultants de roche ont travaillé avec les personnels du laboratoire et du service des urgences. « les patients attendaient
en moyenne six heures avant d’être orientés. pourtant, le laboratoire rendait 90 % des résultats en moins d’une heure », se souvient sandra sapor,
cobas labadvance international consultant. « nous avons travaillé avec
tous les intervenants pour fluidifier leur organisation et, après une seule
semaine d’application des changements, ils ont gagné une heure et demie
dans l’orientation des patients ayant besoin d’une analyse biologique. »
DES RÉSULTATS TANGIBLES
À l’institut curie, c’est la création du pôle de pathologie-génétiqueimmunologie-hémobiologie et de la réception centralisée, issus de la
fusion avec le centre rené huguenin de saint-cloud, qui a motivé la
demande auprès de roche diagnostics france. le dr anne vincentsalomon, chef de service du pôle, a expliqué ainsi sa problématique :
« Je sais d’où je pars, je sais où je dois aller mais je veux m’assurer d’embarquer tout le monde avec moi ». un consulting stratégie a donc été
mis en place, mobilisant trois consultants et 26 personnels de l’institut.
« nous avons passé deux journées en ateliers. ce furent deux journées intenses, qui nous ont donné l’opportunité de partager, largement, notre vision de la mission de l’institut, et notre objectif commun : proposer le meilleur diagnostic pour les patients atteints de
cancer, grâce à nos travaux de recherche et d’innovation. nous nous
sommes accordés sur nos priorités et les grands jalons de notre projet », se souvient anne vincent-salomon.
l
3 spécialités
cobas LabAdvance se décline désormais en trois
spécialités : le cobas LabAdvance Consulting Technique,
qui propose des solutions techniques de pointe adaptées
au type d’analyses et au flux du laboratoire, le cobas
LabAdvance Consulting Process, qui travaille sur les
questions d’organisation et le cobas LabAdvance
Consulting Stratégie, qui accompagne les laboratoires
dans la traduction en actes de la stratégie qu’ils ont
eux-mêmes définie. Pour les deux derniers niveaux, Roche
Diagnostics France propose une approche innovante
d’accompagnement et d’éclairage par des exemples
internationaux, amenant ainsi les laboratoires à résoudre
leurs problématiques.
LES SERVICES ROCHE DIAGNOSTICS FRANCE, UN ACCOMPAGNEMENT PRIVILÉGIÉ
Organisation
& Pilotage de
la performance
◊
des services
pour développer
les activités
à forte valeur
ajoutée, piloter
et optimiser
la performance
de l’organisation
Support &
Assistance
◊
des intervenants
formés pour porter
la plus grande
attention aux plus
petits détails
Achat &
Logistique
Gestion de
la qualité
◊
des services
pour améliorer
l’efficacité
des solutions
d’achats et
logistiques
◊
des outils et
des hommes
pour accompagner
au quotidien
la gestion de
la qualité
Ressources
humaines &
Formation
◊
un engagement
pour donner
de la valeur
au capital
humain
Information &
Communication
◊
la volonté de
favoriser les
échanges entre
professionnels
de santé
au bénéfice
du patient
juin 2016 • n° 96 explore 7
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SUR LE DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE ET
LE RÔLE MÉDICAL DES BIOLOGISTES
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CAMPAGNE DE COMMUNICATION Pour améliorer la connaissance du diagnostic in vitro et
du rôle du biologiste médical, Roche Diagnostics France met à disposition de ses clients des supports
de communication adaptés au grand public.
L
es français méconnaissent la biologie médicale, les laboratoires et le
rôle du biologiste médical, ignorant
ainsi tout un volet de leur parcours
de soins. pourtant, depuis la réforme de la
biologie médicale adoptée le 13 janvier 2010,
l’information et le conseil auprès des patients
sont des missions importantes du biologiste
médical. pour mener à bien cette activité, les
supports d’informations manquent.
roche diagnostics france a donc créé des
kits de communication afin d’informer les
patients sur le rôle du diagnostic biologique,
77 %
du dépistage jusqu’au suivi de leur maladie.
ces kits contiennent des affiches, des dépliants et des vidéos pouvant être diffusées
sur des écrans en salle d’attente ou sur le site
internet des laboratoires qui le souhaitent.
DES PROGRAMMES
VOLONTAIRES
une première campagne a été lancée à destination des femmes concernées par l’ostéoporose, sur 800 sites volontaires. elle a été suivie
d’une deuxième campagne dédiée au suivi de
*
des franÇais aimeraient trouver en
salle d’attente des informations
pratiques sur l’examen qu’ils vont suBir.
explore n° 96 • juin 2016
la grossesse qui a concerné 1 000 sites. une
nouvelle campagne sur les hépatites virales
est en préparation. dans chacun de ces cas,
l’objectif est d’expliquer l’importance du diagnostic biologique et le rôle du biologiste
médical dans le parcours de soins.
en proposant ces outils de communication
adaptés aux patients, roche diagnostics
france s’engage auprès des biologistes et renforce son partenariat avec eux. roche diagnostics france donne ainsi aux patients, via
les biologistes, les moyens d’être des acteurs
éclairés de leur santé.
l
75 %
*
des franÇais aimeraient
échanger avec le Biologiste sur
leur suivi médical.
✱ [*] d’après une enquête menée
par IFOP Health Care, pour
Roche Diagnostics France,
auprès de 1 000 individus
représentatifs de la population
française âgés de 18 ans et
plus, en 2014.
S’IMMERGER
© ROCHE
8
juin 2016 • n° 96 explore dossier
Elle effraie, elle suscite des interrogations, elle motive…
Bien qu’indissociable de la pratique actuelle des biologistes médicaux, l’accréditation
n’est pas ressentie par tous de la même manière. La faute à des conceptions du métier
qui se heurtent, à quelques fausses idées et à beaucoup d’a priori. Des différences
visibles à travers l’engagement des laboratoires dans la démarche d’accréditation,
comme l’explique un auditeur du Cofrac.
ACCRÉDITATION :
BEAUCOUP DE PROGRÈS,
DES DIFFICULTÉS
À SURMONTER
explore n° 96 • juin 2016
9
10
S'IMMERGER
dossier
V
b
THIERRY AVELLAN, biologiste
« Les automates
et des systèmes
comme le MPL
facilitent cette
démarche »
oilà déjà treize ans
que la norme nf
en iso 15189 a fait
irruption dans la
pratique de la biologie médicale. depuis
2013, l’engagement
dans cette démarche
est obligatoire. cela
se mesure concrètement. lors de son bilan de
mars 20161, le comité français d’accréditation
(cofrac) a annoncé plus de 2500 accréditations effectives concernant 615 laboratoires
de biologie médicale parmi lesquels 192 laboratoires hospitaliers. le cofrac a également
réalisé l’évaluation de 130 laboratoires dont
les dossiers sont toujours en cours d’examen.
enfin, 278 laboratoires ont déposé leur demande initiale d’accréditation et attendent la
visite d’un auditeur.
derrière ces chiffres, le travail n’est pas encore fini. Beaucoup de retard a été pris. faute
d’un nombre suffisant d’auditeurs techniques
notamment (des pairs biologistes), le cofrac
peine à répondre aux demandes d’évaluation
dans les délais impartis. néanmoins, la loi
exige que tous les laboratoires de biologie
médicale soient accrédités pour au moins
50 % de leur volume d’activité dans chacune
des trois familles d’analyses avant le 1er novembre 2016, puis à 100 % en 2020. une
ambition difficilement applicable alors qu’environ 400 laboratoires attendent, en mars
2016, l’examen de leur dossier par le cofrac
et que les laboratoires déjà accrédités se
voient limités de fait dans leur évolution de
portée.
les deux-tiers des demandes formulées ne
concernent que trois compétences, une dans
chacune des trois familles listées dans l’arrêté de fin 20152. « le plus fréquemment, les
laboratoires commencent par la biochimie,
la sérologie ou l’hormonologie, c’est-à-dire
des analyses traitées par les chaînes automatisées multiparamétriques qui permettent
d’enregistrer de gros volumes liés à la biologie
de routine. probablement une raison de volumes», remarque thierry avellan, biologiste
Ça Bouge du côté
réglementaire
La fin de l’année 2015 et
le début de 2016 ont été
riches en modifications
règlementaires. La plus
importante est sans doute
l’arrêté du 4 novembre
20152 réduisant de seize
à trois le nombre de
familles d’analyses de
la biologie médicale.
En conséquence, un
allègement de l’objectif
de 50 % d’activité
accréditée dans chacune
des familles pour
novembre 2016.
Néanmoins, les capacités
d’évaluation du Cofrac
étant a priori débordées,
il semble peu probable
qu’il réussisse à auditer
tous les laboratoires
avant l’échéance du
1er novembre 2016.
Enfin le référentiel
SH REF 023 du Cofrac
est en cours de révision
depuis septembre 2015.
La nouvelle version
devrait être publiée à la
mi-2016. Ce texte qui
explicite l’interprétation
française de la norme
15 189 pourrait modifier
encore l’application de la
démarche d’accréditation.
médical remplaçant dans les Bouches-durhône et évaluateur technique pour le
cofrac depuis 2005.
DES ÉCARTS ENTRE
LES LABORATOIRES
d’un laboratoire à l’autre, la mise en œuvre
de l’accréditation varie beaucoup. très peu de
laboratoires ont accrédité 100 % de leur activité. une minorité d’établissements a accrédité plus de 80 % de son activité, tandis que la
grande majorité n’en a qualifié que la moitié.
« les plus avancés sont en général ceux qui ont
commencé l’accréditation de manière volontaire, en estimant que cela allait sécuriser leur
activité et leur clientèle. ils ont eu le temps
d’évoluer », estime thierry avellan.
parmi les retardataires, « nous rencontrons
dans le privé comme dans le public des réfractaires, certains estimant que le système
qualité n’a rien à voir avec le métier de biologiste, d’autres n’en voyant simplement pas
l’intérêt », témoigne thierry avellan.
un écart entre le privé et le public s’est malgré tout creusé dès les premières années de
la démarche. les premiers laboratoires privés
se sont engagés dans la voie de l’accréditation
dans les années 1999 et 2000. ils étaient une
trentaine en 2005. le premier établissement
public, le service de biologie médicale du
chu de marseille, n’a été accrédité qu’en 2006.
aujourd’hui, les biologistes hospitaliers rattrapent leur retard, en assumant un domaine
de plus vis-à-vis de la plupart des laboratoires
de ville : la biologie délocalisée.
UN OUTIL PUISSANT
l’engagement collectif des biologistes dans
la démarche qualité a déjà produit des effets
positifs. « l’accréditation est un excellent
outil de management. elle oblige à beaucoup
communiquer avec les équipes, à proposer
une gestion positive de l’erreur, et à instaurer
une dynamique qui permet de progresser.
mais comme tous les outils puissants, le
management par la qualité mal utilisé peut
arriver à l’effet inverse si on oublie l’objectif
réel du laboratoire : le patient et son médecin », remarque thierry avellan. « l’outil
smq (système de management de la qualité) est aussi une occasion d’organiser les
échanges entre collègues pour mieux maîtriser l’activité du laboratoire. Je crois que cela
améliore non seulement la qualité de résultats mais également les prestations de conseil.
aujourd’hui, il est fréquent qu’un médecin
appelle le laboratoire avant de prescrire un
examen, voire de poser un diagnostic ou
d’instaurer une thérapeutique… » autant de
bénéfices que les laboratoires réfractaires
ressentiront dans les années à venir s’ils appréhendent correctement cet outil. « À l’inverse, l’éloignement du patient dû à une rationalisation trop poussée est aujourd’hui
possible tout en étant accrédité. encore une
fois tout dépend des objectifs de la direction
du laboratoire. »
l
juin 2016 • n° 96 explore 11
QUALITÉ ET RATIONALISATION
© ROCHE
❰❰ ENTRETIEN AVEC THIERRY AVELLAN, biologiste médical et évaluateur technique pour le Cofrac.
Quels sont les objectifs de l’accréditation ?
b– Au départ, il s’agissait d’harmoniser la qualité
de la prise en charge des patients et des prestations
de biologie médicale et de rationaliser le parc des
laboratoires. Dans les faits, il s’agissait surtout de
trouver des économies à court terme en permettant
aux laboratoires de se regrouper pour faire des
économies d’échelles permettant d’absorber
des baisses de nomenclature. Les représentants
professionnels y ont fait ajouter un volet de
médicalisation, incluant la gestion des données
cliniques du patient en collaboration avec les
cliniciens pour renforcer sa prise en charge.
Quelles sont les difficultés pour appliquer
cette norme aujourd’hui ?
b– Elles sont multiples et tiennent surtout au
timing contraint. Par exemple, la charge de travail
à fournir en quelques mois est très lourde pour les
retardataires. Par ailleurs certains auditeurs (souvent
inexpérimentés) peuvent être particulièrement
« tatillons » et s’éloigner de l’objectif patient pour
évaluer uniquement le formalisme. Cela ne concerne
qu’une minorité d’entre eux mais elle maintient les
biologistes les plus réticents dans une image négative
de l’accréditation. Etre accrédité crée aussi une
lourdeur pour intégrer des évolutions technologiques,
même si au final elles sont bien mieux maîtrisées
explore n° 96 • juin 2016
en général. Enfin, j’ai remarqué un point commun
à toutes les structures où cela se passe mal : la
direction vit l’accréditation comme une contrainte
réglementaire et ne s’implique pas assez…
Quels rôles peuvent jouer les fournisseurs de
solutions diagnostiques pour accompagner les
biologistes ?
b– Ils participent grandement à la formation des
personnels techniques ce qui est important pour
l’accréditation. Les automates et des systèmes
d’information comme les middlewares facilitent aussi
la maîtrise « à la paillasse ». Les fournisseurs font
beaucoup mais ils pourraient faire davantage : les
biologistes aimeraient disposer de matériaux de
référence, pour être étalonnés d’un laboratoire à
l’autre quel que soit le fournisseur de chacun. Les
middlewares pourraient évoluer vers une syntaxe
simple et des outils de contrôle des règles d’expertise
avec traçabilité. Des systèmes informatiques intégrés
unissant le middleware, le SIL et le logiciel qualité
seraient également un vrai apport. Enfin, nous avons
besoin d’une réelle normalisation du transfert de
données, telle qu’elle est préconisée par l’ASIP santé
(Agence des Systèmes d’Informations Partagés
de santé) par exemple, mais il y a un certain
manque de communication entre les tutelles et
les professionnels de ce secteur sur ces sujets,
et nous en sommes loin.
✱ [1] Bilan au 1er mars
2016 accessible sur le site
du COFRAC : https://
www.cofrac.fr/site/
content/french/pages/
actualites/docs/D270/
file/map-repartitionregionale-mars2016.pdf
[2] Arrêté du 4 novembre
2015 modifiant la
liste des familles du
domaine de la biologie
médicale prévue en
annexe I de l’arrêté du
17 octobre 2012 modifié
définissant les conditions
justificatives de l’entrée
effective d’un laboratoire
de biologie médicale
dans une démarche
d’accréditation, Journal
Officiel, 11 Nov 2015.
[3] https://www.cofrac.
fr/documentation/SHREF-02.
dossier
PHOTOS © CATHERINE ROUJEAN 2016
12
S'IMMERGER
LES CLÉS POUR RÉUSSIR
L’ACCRÉDITATION DE LA
BIOLOGIE DÉLOCALISÉE
L’accréditation des examens en biologie médicale délocalisée inquiète souvent. Il y a un an,
le Laboratoire des Cèdres, en Midi-Pyrénées, l’a obtenue sans problème pour la réalisation
de gazométries dans le service de réanimation de la Clinique des Cèdres, près de Toulouse.
Son équipe partage son expérience et livre son secret : anticiper la qualification
dès le choix de l’appareil et du fournisseur.
I
CARTE
D’IDENTITÉ
l 7 sites
l 88 salariés dont
9 biologistes
l Environ 900
dossiers par jour
l 50 % d’activité
hospitalière,
50 % issue d’une
clientèle directe
L
e laboratoire des cèdres fait figure
d’exemple en matière d’application des normes qualité. il était,
en 1990, le premier laboratoire de
biologie médicale certifié iso en france,
puis le premier en midi-pyrénées accrédité
par le cofrac. il est aujourd’hui accrédité
sur 98 % de ses analyses dans la norme nf
en iso 15 189. avec un tel palmarès, on
ne s’étonnera pas qu’il ait été également le
premier de sa région et le premier laboratoire privé en france à être qualifié nf
en iso 22 870. en avril 2015, il a obtenu
cette accréditation des examens de Biologie médicale délocalisée (eBmd) pour la
gazométrie et la mesure du calcium ionisé.
UNE CULTURE DE LA NORME
« pour réaliser les missions du biologiste
médical – produire des analyses les plus
fiables possibles et assurer la prestation de
conseil du biologiste médical auprès de ses
confrères médecins prescripteurs et des
patients –, l’application de normes qualité
rigoureuses est incontournable », explique
le dr fabrice laboudie, directeur de ce laboratoire multisite, dont l’unité historique est
attachée, depuis plus de 30 ans, à la clinique
des cèdres, parmi les dix plus grandes cliniques privées de france, basée à cornebarrieu (haute-garonne). c’est la philosophie
même du laboratoire des cèdres qui traite
juin 2016 • n° 96 explore L’IMPORTANCE DU SYSTÈME
DE PILOTAGE
cependant, en dehors de cette question
des moyens humains, l’accréditation de ces
eBmd fut relativement fluide au niveau de
la maîtrise des moyens matériels, de la maintenance de l’appareil et de l’instauration des
contrôles qualité. « le Bge link nous garantit la maîtrise de l’automate à tous les niveaux », explique sophie rocher. « ce logiciel
de pilotage autorise les techniciens de laboratoires à prendre la main à distance sur le
cobas b 221, à vérifier les paramètres de qualité et les niveaux de réactifs depuis notre
plateforme technique », complète patrick
perez, responsable des moyens matériels et
des matières premières du laboratoire. des
résultats préliminaires sont délivrés extemporanément dans le service. leur validation
s’effectue en temps réel – même la nuit – par
un technicien depuis le plateau technique
après l’intégration de l’ordonnance dans le
système informatique. le réanimateur obtient ainsi les résultats alors qu’il est encore
au chevet du patient. « grâce à cette rapidité,
nous adaptons plus efficacement la thérapeutique », souligne le dr adama faye, réanimateur à la clinique des cèdres. « sans cet automate au sein du service, les prises en charge
explore n° 96 • juin 2016
seraient retardées, en particulier les dialyses
continues pour lesquelles les analyses de gaz
du sang sont essentielles. »
dans le service, environ 30 utilisateurs
sont habilités et suivis par le laboratoire en
permanence. les infirmières habilitées ont
été formées pour garantir la traçabilité des
échantillons et des résultats. « si un utilisateur ne suit pas correctement la procédure
ou si un contrôle qualité n’est pas conforme,
le logiciel bloque la délivrance des résultats
dans le service et le signale au laboratoire »,
précise patrick perez. grâce au code personnel de chaque utilisateur, ce dernier peut
identifier une éventuelle perte de compétence chez le soignant réalisant la mesure et
proposer de nouvelles formations pour corriger la pratique.
ANTICIPER L’ACCRÉDITATION
« de nombreux laboratoires se sont lancés
dans la biologie délocalisée sans penser à
l’accréditation en amont. c’est une erreur »,
analyse sophie rocher. « tout choix d’un appareil d’eBmd doit prendre en compte la
compatibilité du système avec, d’une part,
l’obtention de l’accréditation par le cofrac
et, d’autre part la réalisation pratique au quotidien de ces examens, qu’elle soit la plus naturelle possible pour les infirmières du service,
la plus efficace possible pour les médecins, et
la moins chronophage possible pour les acteurs du laboratoire qui encadrent le tout. sinon il ne sert à rien de se lancer dans de la
biologie médicale délocalisée », surenchérit
fabrice laboudie, réputé exigeant dans le savoir-faire et le savoir-être, et confirme ainsi le
credo de son laboratoire : « il est inconcevable
de mettre en place une analyse sans penser
accréditation. il ne faut donc pas se tromper
de fournisseur. certains possèdent une véritable culture de l’accréditation et anticipent
les besoins du client. c’est le cas de roche
diagnostics france. »
l
b
FABRICE LABOUDIE, directeur
du Laboratoire des Cèdres
« Il est
inconcevable
de mettre
en place
une analyse
sans penser
accréditation. »
La réussite de ce projet
en biologie délocalisée a
nécessité la mobilisation
de toutes les équipes,
du côté du laboratoire
comme de celui du
service de réanimation.
© CATHERINE ROUJEAN 2016
jusqu’à 900 dossiers par jour.
alors, lorsque la question de la biologie
médicale délocalisée s’est posée, suite à une
demande des médecins du service réanimation de la clinique, fabrice laboudie et caroline devaux, les biologistes médicaux du laboratoire ont intégré l’accréditation de
l’analyse par le cofrac dès le début de leur
réflexion. en 2012, ils ont testé les appareils
portatifs d’un concurrent de roche diagnostics. les biologistes se souviennent d’un
échec cuisant. « ce système s’avérait être une
vraie usine à gaz pour l’accréditation », explique le dr laboudie. l’équipe s’est donc
tournée début 2014 vers le cobas b 221, dont
elle possède déjà un automate qualifié sur
son plateau technique. « roche diagnostics
france est venu tout de suite avec le Bge
link, un logiciel qui correspondait à notre
problématique de pilotage à distance », raconte sophie rocher, responsable qualité du
laboratoire. ces eBmd ont été audités en
décembre 2014 par une équipe d’évaluateurs
du cofrac dont le pr henri portugal, spécialiste en la matière, avant de recevoir l’accréditation quatre mois plus tard. « la seule
difficulté a été la mise en œuvre des moyens
humains du service de réanimation à des fins
analytiques. il a été très prenant d’assurer la
formation, l’habilitation et, depuis, le suivi
des compétences des infirmières du service.
pour garantir la motivation de l’équipe soignante, nous avons dû sensibiliser la cadre
infirmière du service, les anesthésistes réanimateurs et impliquer la direction de la clinique. nous devons rester très présents et
vigilants auprès des ressources humaines du
service », précise le directeur du laboratoire.
© CATHERINE ROUJEAN
13
dossier
© ROCHE
14
S'IMMERGER
DES COMPÉTENCES AU
SERVICE DE L’ACCRÉDITATION
À travers un large panel de services, dédiés ou non à la gestion qualité, Roche Diagnostics
France déploie son expertise pour simplifier la mise en œuvre de la norme ISO 15 189
et accompagner les laboratoires de biologie médicale dans cette démarche.
E
n matière de gestion de qualité,
roche diagnostics france dispose
d’une expertise reconnue. engagée
depuis de nombreuses années dans
la qualité, roche diagnostics france a souhaité être présente aux côtés de ses clients et
veille à s’adapter aux besoins des laboratoires.
la quality Box en est le témoin. premier
outil développé dans le cadre de l’accompagnement à l’accréditation, elle rassemble
les outils clés pour initier et faire vivre un
système qualité. Bien que très complète, la
quality Box ne résume néanmoins pas à
elle seule les services de roche diagnostics
france utiles pour l’accréditation.
aider ses clients au quotidien et sur le long
terme, en mobilisant des outils et des
hommes, telle est la promesse et l’engagement de roche diagnostics france. la nouvelle thématique de service gestion de la
qualité s’inscrit dans cet esprit en proposant
un accompagnement personnalisé et de
proximité, adapté à l’évolution des structures
et à leur système qualité.
DES OUTILS DÉDIÉS
la quality box propose un ensemble d’outils
utiles pour la démarche qualité. elle est accessible en ligne depuis myrochediagnostics.fr.
le tableur de validation des méthodes,
connu pour son format prérempli avec les
données techniques des tests roche, est mis
à jour en continu au rythme des évolutions
règlementaires et de l’enrichissement du catalogue. entièrement automatisé, il permet
de sécuriser les calculs et les saisies, et génère
en quelques clics, un rapport final conforme
aux attentes du cofrac.
l’espace documentaire s’enrichi également
juin 2016 • n° 96 explore 15
en permanence de documents clés pour les
laboratoires, tels que des trames préremplies
d’analyses de risques, ou encore de modèles
de procédures. incontournable dès la mise
en place du système qualité, il rassemble
toute la documentation qualité de roche,
ainsi que des informations règlementaires et
de nombreux guides.
le programme tiqcontm (voir ci-contre)
est une autre expression de l’expertise roche
en matière de gestion qualité. quant à elabdoc, c’est un espace internet de veille documentaire technique accessible sur le site
myrochediagnostics.fr. il rassemble les fiches
techniques, les fiches de données de sécurité,
les manuels opérateurs des produits roche
et les bulletins d’information technique et
scientifique. la sélection des sujets, des produits ou des domaines suivis permet aux
biologistes de personnaliser les notifications
de mises à jour pour davantage d’efficience.
tiqcontm continue
À s’enrichir
Lancé en 2012, le programme
TIQConTM, pour Total Integrated
Quality Control, n’a cessé de
s’étendre à de nouveaux contenus
au fil des mises à jour, toujours à
l’écoute des retours des quelques
450 laboratoires qui l’utilisent
au quotidien. Le programme, qui
exploite automatiquement les
résultats des contrôles de qualité
internes des automates Roche pour
les comparer à ceux des autres
laboratoires participants, traite
aujourd’hui 90 % des paramètres
de chimie et d’immunologie, soit
plus de 160 paramètres.
UN ACCOMPAGNEMENT
HUMAIN, UNE DÉMARCHE
INTÉGRÉE PAR TOUS
explore n° 96 • juin 2016
Les indicateurs, eux aussi, se sont
multipliés au fil des années. En se
rendant sur le site, un laboratoire
peut ainsi consulter pour chaque
automate la moyenne, la déviation
standard, le coefficient de variation
(CV), mais aussi le ratio des CV
(RCV) et l’indice d’écart-type (IET),
qui donnent respectivement une
indication sur la fidélité et la
justesse du laboratoire par rapport
à ses pairs, permettant ainsi
d’évaluer la performance de
chaque paramètre en un coup
d’œil. Les résultats mensuels sont
facilement évaluables grâce aux
© DR
la gestion de qualité ne se limite pas à des
outils. l’accompagnement humain est au
cœur de tous les échanges entre le fournisseur et ses clients. toutes les équipes de
roche diagnostics sont sensibilisées à la
démarche qualité. parmi les ingénieurs d’application et les ingénieurs en solution d’organisation, des spécialistes qualité conseillent
les laboratoires dans l’utilisation conforme
des solutions roche au regard de la norme
15189. l’assistance téléphonique compte également des spécialistes accréditation. cette
diffusion de la démarche qualité assure une
cohérence dans les échanges.
le centre de formation de meylan s’inscrit
aussi dans cet esprit. les formations qui y sont
dispensées contribuent à l’habilitation des
personnels. elles s’enrichissent depuis peu
de « classes virtuelles », des web conférences
interactives qui permettent d’échanger avec un
expert roche sur une fonctionnalité ou une
thématique particulière. enfin le e-learning,
accessible depuis le site myrochediagnostics.fr,
propose des formations autonomes sur des
produits ou des logiciels afin de répondre aux
exigences de formation continue du cofrac.
les journées d’accompagnement rte (revue technique par un expert) forment une
autre déclinaison des services roche en matière d’accréditation. cette prestation est réalisée par le référent qualité de roche et propose de vérifier les bonnes pratiques du
personnel autour des solutions roche au
regard de la norme 15189.
l’accompagnement humain peut aller
encore plus loin. roche diagnostics france
propose également des audits blancs réalisés
par des auditeurs appartenant ou non au
cofrac. ces prestations sont personnalisables
afin de répondre au cahier des charges précis
de chaque laboratoire (audit initial d’installation, préaudit du cofrac, audit technique
ou qualité, périmètre, etc).
l
UN CHAMP DE PLUS
EN PLUS ÉTENDU
codes couleurs qui indiquent
leur situation par rapport aux
référentiels Ricos et SFBC. Depuis
mars, le laboratoire peut entrer ses
propres objectifs à suivre : les
indicateurs supérieurs aux objectifs
souhaités s’affichent alors en
rouge. Autre innovation, il devient
possible de comparer les résultats
des différentes machines
du laboratoire qui effectuent
les mêmes analyses et de
les confronter aux normes de
repasse et de suivi, grâce à l’outil
« Comparaison analytique ».
DE NOMBREUX OUTILS
DE VISUALISATION
Pour visualiser simplement les
résultats, le programme TIQConTM
propose les graphiques de Youden
ou de Levey-Jennings – auxquels
vient de s’ajouter le diagramme
de décision pour une vue globale
de tous les paramètres, jugés
hors-limites, marginaux,
acceptables ou bons, avec calcul
du six-sigma, selon les seuils de
Ricos, mais aussi en fonction des
propres critères du laboratoire.
Les évolutions régulières
contribuent à rendre TIQConTM
toujours plus pertinent, complet
et adapté aux nouveaux enjeux
du contrôle interne de qualité.
16
S'INSPIRER
1
hôpitaux universitaires paris-sud
DE L’IMPORTANCE
DU PRÉ-ANALYTIQUE
La plateforme mutualisée d’analyse du groupement hospitalier
des Hôpitaux universitaires Paris-Sud se dote du cobas® 8100,
l’automate de pré-analytique de Roche Diagnostics France, le premier
installé en France. Elle augmente ainsi sa capacité de traitement
tout en rationalisant la distribution des tubes sur la chaîne d’analyse.
I
CARTE
D’IDENTITÉ
l Automate
pré-analytique
l Bidirectionnel
avec 4 lignes
de convoyage
l Rappel
automatisé
des échantillons
pour analyses
complémentaires
l Jusqu’à 8 bras
de connexion
l 1100 tubes / heure1
✱ [1] Manuel opérateur
cobas® 8100, V1.2,
Décembre 2014
P
our accompagner la création du plateau technique
automatisé de Bicêtre, fruit de la mutualisation de
plusieurs services des laboratoires du groupement
hospitalier des hôpitaux universitaires paris-sud ‒ antoine-Béclère, Bicêtre et paul-Brousse ‒, les biologistes
ont fait valoir un besoin croissant d’automatisation, en
particulier de la phase pré-analytique pour des échantillons non urgents.
« la phase pré-analytique consomme beaucoup de
temps aux techniciens de chaque service. regrouper son
traitement dans un lieu unique à proximité d’une réception commune et l’automatiser sont des solutions simples
à cette problématique commune à toutes les spécialités
de la biologie médicale », explique le pr patrice Thérond,
chef du service de Biochimie de l’hôpital Bicêtre. dans
une plateforme technique comme celle de ce groupe hospitalier, répondre aux enjeux globaux est au centre du
projet. « grâce au cobas® 8100, nous ne risquerons plus
de rupture de charge. un élément important pour améliorer, en bout de chaîne, le délai de rendu des résultats. »
VÉRIFIER LA QUALITÉ DES PRÉLÈVEMENTS
après avoir été enregistrés dans le système informatique,
les échantillons sont chargés dans l’automate. en premier
lieu, le cobas® 8100 de roche diagnostics vérifie à l’aide
d’une caméra l’adéquation entre la couleur du bouchon et
la demande d’examen inscrite dans le système, puis centrifuge le tube, le débouche avant de le faire passer à travers
un module de vérification de la qualité de l’échantillon. ce
dernier vérifie le volume du prélèvement contenu dans le
tube et en analyse ses indices sériques – ictère, taux d’hémolyse, caractère opalescent ou lactescent. les prélèvements ne répondant pas aux critères de qualité sont écartés
automatiquement de la chaîne analytique.
« cette évaluation sérique, bien en amont de l’analyse,
permet de sortir immédiatement les tubes non conformes
au lieu de les récupérer en fin de chaîne. c’est un véritable
gain de temps, et une économie de réactifs, pour demander un nouveau prélèvement », estime le pr Thérond.
si l’échantillon correspond aux critères de qualité sérique, il poursuit son trajet dans le cobas® 8100, en étant
soit directement dirigé vers les automates d’analyse, soit
transféré à un module d’aliquotage lorsque cela est prévu
dans la demande d’examens biologiques. « le tube primaire et les tubes secondaires, les aliquots, peuvent être
distribués sur plusieurs automates en même temps. certains peuvent également être sortis de la chaîne pour des
analyses manuelles, exigeant des aliquots complexes,
comme l’hormonologie par exemple », explique le chef
de service.
UNE ZONE DE STOCKAGE TEMPORAIRE
ADAPTÉE À L’ACTIVITÉ HOSPITALIÈRE
au terme des analyses, avant de transférer les tubes
vers des unités post-analytiques, comme les cobas p501
ou p701, les échantillons sont conservés durant quelques
heures dans le module aoB (add-on Buffer) du cobas®
8100. « dans la pratique hospitalière, il est fréquent que
les cliniciens ajoutent au fil de la journée des analyses
complémentaires à la prescription initiale. grâce à cette
zone de stockage à moyen terme, il est possible de rappeler automatiquement les tubes primaires concernés et de
les rediriger vers la chaîne analytique de manière simple
et rapide », explique le pr Thérond. chaque module aoB
peut accepter jusqu’à 1 000 échantillons.
l’ensemble du système est connecté au middleware de
la plateforme d’analyse, le mpl evo 2 dans ce cas, ce qui
garantit une traçabilité complète de l’échantillon. « l’accréditation de la chaîne devrait être ainsi facilitée »,
conclut le pr Thérond.
l
juin 2016 • n° 96 explore 17
© FILAMENTPRODUCTION
un convoyage Bidirectionnel
Le cobas® 8100 est bidirectionnel, c’est-à-dire que la chaîne
de convoyage possède quatre lignes, une dédiée aux tubes à
destination des analyseurs, une deuxième pour les tubes traités
et les deux dernières transportant les supports vides.
« Ce système garantit une grande fluidité de traitement des
échantillons. Avec le cobas® 8100, dont le démarrage est prévu
fin mai 2016, nous pourrons prendre en charge 1 100 tubes
par heure », analyse le Pr Thérond.
La plateforme technique du groupement hospitalier des
Hôpitaux universitaires Paris-Sud a prévu d’y relier deux chaînes
analytiques parallèles, chacune composée de deux modules de
biochimie – des cobas c701 et c502 entre lesquels les paramètres
seront répartis – et un module d’immuno-analyse (cobas e602).
« Dans l’avenir, on pense peut-être y ajouter des automates
d’hémostase, voire augmenter notre capacité de traitement
si besoin », anticipe le chef de service de l’hôpital Bicêtre. Cet
automate peut desservir jusqu’à huit bras analytiques, associant
des appareils Roche Diagnostics ou d’autres fournisseurs.
Le professeur Thérond entouré de son équipe.
© FILAMENTPRODUCTION
Le MPL evo 2 garantit
une traçabilité complète
de l’échantillon.
b
© FILAMENTPRODUCTION
PR PATRICE THÉROND,
chef du service de Biochimie
de l’hôpital Bicêtre
L’ESSENTIEL
l La plateforme mutualisée
des Hôpitaux universitaires
Paris-Sud automatise
sa phase pré-analytique
avec le cobas® 8100.
l Cet automate trie,
centrifuge, débouche,
explore n° 96 • juin 2016
mesure la conformité
sérique et aliquote
les échantillons.
l Il gère également le
stockage post-analytique
et l’élimination
automatisée des tubes.
l Bien adapté à la pratique
hospitalière, le cobas®
8100 organise le rappel
des tubes analysés
lorsque la plateforme
enregistre une demande
de complément d’analyse.
« Le cobas®
8100 garantit
une grande
fluidité de
traitement des
échantillons »
18
2
S'INSPIRER
laBosud oc Biologie de montpellier
LA BIOPATHOLOGIE,
AVANT-GARDE DU DIAGNOSTIC
MOLÉCULAIRE
Pour accompagner l’essor du diagnostic moléculaire oncologique, de nouvelles unités
d’analyse se sont construites au cours des dix dernières années. Elles associent
anatomopathologistes, cytogénéticiens et biologistes moléculaires. Visite d’une unité
de biopathologie au laboratoire LaboSud OC Biologie de Montpellier.
I
CARTE
D’IDENTITÉ
l 56 laboratoires
l 12 pôles
d’excellence
dont Imagénome
l Une plateforme
de biologie
moléculaire
à haut-débit
O
n peut résumer la biopathologie à l’alliance de l’anatomopathologie et de la biologie médicale, pour
répondre aux besoins de diagnostics induits par le
développement des premières thérapies ciblées. l’expertise
anatomopathologique reste essentielle, elle s’enrichit de la
cytogénétique et de la biologie moléculaire pour compléter
le diagnostic. une tumeur nécessite aujourd’hui d’être étudiée sur tous les plans, depuis sa morphologie jusqu’à son
fonctionnement et son architecture moléculaire.
« les premières unités de biopathologie sont apparues en
2006 sous l’impulsion de l’inca afin d’améliorer le diagnostic
moléculaire des tumeurs », raconte pierre-Jean lamy, biologiste moléculaire au labosud de montpellier, le premier
groupe libéral a avoir créé une telle unité. cette activité y
rassemble deux anatomopathologistes, deux cytogénéticiens, un biologiste moléculaire et des techniciens, travaillant ensemble afin de poser le diagnostic et accompagner
l’oncologue dans l’interprétation thérapeutique des résultats.
gique. en parallèle de celles nécessaires à son analyse, le
pathologiste met à disposition de ses collègues des lames
colorées où il a entouré les zones riches en cellules tumorales. ces lames aident les biologistes à prélever, sur des
lames blanches en miroir, un échantillon de qualité pour
réaliser les tests moléculaires. en effet, ces analyses doivent
être réalisées sur un échantillon contenant au minimum
50 % de cellules tumorales, leur sensibilité étant parfois
faible, proche de 20 % pour le séquençage sanger par
exemple. l’adn est ensuite extrait et analysé par différentes
techniques comme la pcr allèle spécifique, le séquençage
(sanger ou dit de nouvelle génération pour l’étude de
l’exome ou du génome entier), la spectrométrie de masse
et aussi l’hybridation in situ pour la recherche des anomalies chromosomiques. À partir de ces marqueurs, les biologistes, les anatomopathologistes et les cliniciens disposent d’éléments prédictifs de la réponse thérapeutique
et peuvent ainsi personnaliser les traitements.
UNE DÉMARCHE DE COOPÉRATION
DE PLUS EN PLUS DE TESTS
pour atteindre cet objectif, les diagnosticiens collaborent
autour de la pièce anatomopathologique. elle y est reçue
par l’anatomopathologiste, qui, après avoir identifié la zone
tumorale d’intérêt, effectue des prélèvements ciblés sur la
tumeur pour une fixation en paraffine. des coupes sur
lames issues des blocs fixés sont colorées en hématéine
éosine afin de permettre le diagnostic anatomopatholo-
depuis la découverte de l’amplification d’her 2 ou de
l’anomalie chromosomique Bcr-aBl dans les leucémies
myéloïdes chroniques, le nombre d’altérations moléculaires traitables par des thérapies ciblées a considérablement augmenté ces dernières années. il existe aujourd’hui
des thérapies visant des altérations des gènes Kras, Braf,
alK, meK, ros…
L’ESSENTIEL
l La biopathologie associe
l’anatomopathologie, la biologie
moléculaire et la cytogénétique pour
répondre aux besoins de diagnostics
induits par le développement
des thérapies ciblées.
l Avec cette triple compétence,
les médecins disposent
de marqueurs prédictifs
de la réponse thérapeutique
et peuvent ainsi personnaliser
les traitements.
l La biopathologie se place
en avant-garde pour développer
et accélérer la mise sur le marché
de nouveaux tests, en collaboration
avec l’industrie et les sociétés
de diagnostic.
juin 2016 • n° 96 explore 19
imagénome,
investir
dans l’avenir
© FLAMOTTE
C
LaboSud a créé, en 2015, l’Institut
médical d’analyse génomique
ou Imagénome, à Montpellier.
Cette plateforme de biologie
moléculaire à haut-débit dispose
des dernières générations d’outils
pour l’extraction, l’amplification et
l’analyse des acides nucléiques,
telle que la spectrométrie de
masse ou le séquençage nouvelle
génération. De quoi accompagner
le développement de la
biopathologie, mais aussi
de la génétique prénatale
avec notamment le DPNI.
Coupes de blocs de tissus en paraffine :
une des premières étapes de toute
analyse de pathologie moléculaire.
SIMPLIFIER LA TRAÇABILITÉ
DE L’ÉCHANTILLON
cette étroite collaboration entre pathologistes assure
également la concentration, dans un lieu unique, des pièces
anatomopathologiques et des échantillons qui y sont prélevés. « le dialogue entre anatomopathologiste et biolo explore n° 96 • juin 2016
giste moléculaire est permanent. les techniques de pathologie moléculaire morphologique sont indissociables de la
génétique proprement dite. réunir la triple compétence
‒ anatomopathologie, cytogénétique et biologie moléculaire ‒ sur une même plateforme est un atout indéniable
pour assurer un diagnostic rapide et de qualité », remarque
pierre-Jean lamy. toutes les pièces anatomopathologiques
sont précieuses. certaines, comme les biopsies de cancers
de poumon, sont, en plus, de petite taille et nécessitent des
analyses très rationalisées. là encore, l’approche concertée
de la biopathologie peut constituer une solution.
la biopathologie n’a pas vocation à remplacer les pratiques libérales de la biologie et de l’anatomopathologie.
elle s’inscrit en avant-garde, réunissant les expertises pour
assurer l’accès des patients aux tests diagnostics les plus
récents, leur transition vers la standardisation et leur disl
ponibilité sur l’ensemble du territoire.
b
© FLAMOTTE
« or, selon qu’elle se développe dans tel ou tel tissu, une
même anomalie peut entraîner un comportement cellulaire
complètement différent », explique pierre-Jean lamy. « par
exemple, on obtient en clinique de bons résultats en ciblant
Braf dans le mélanome. en revanche, le bénéfice du même
traitement est presque nul pour les cancers colorectaux portant la mutation. » ainsi, l’oncologie moléculaire n’a pas
détruit la classification anatomopathologique qui pose le
diagnostic. « petit à petit, on détaille la classification des
cancers en sous-populations, certaines ne concernant qu’1 %
des malades, de véritables pathologies orphelines. »
en réponse à cet affinement des sous-types tumoraux,
quelques nouveaux tests de diagnostic moléculaire sont
développés chaque année. les médecins des unités de
biopathologie doivent donc réaliser un travail de bibliographie continu et poussé pour maintenir leur expertise.
« non seulement, nous réalisons le test et l’interprétons,
mais nous apportons un conseil thérapeutique afin de
trouver de façon pluridisciplinaire la meilleure option
thérapeutique pour le patient. »
en plein développement exponentiel du diagnostic moléculaire, de nombreux tests sont conçus par les unités de
biopathologie elles-mêmes, avant que des tests commerciaux ne soient mis sur le marché. « nous collaborons beaucoup entre labos, à travers le groupe francophone de cytogénomique oncologique notamment. nous travaillons
également avec l’industrie et les sociétés de diagnostics pour
accélérer l’industrialisation des tests. de plus en plus de cancers ont besoin de diagnostic moléculaire. on espère que
cette discipline entrera progressivement dans la routine.
c’est aussi le rôle des grands groupes de biologie spécialisée
de faciliter l’accès au testing », analyse pierre-Jean lamy.
PIERRE-JEAN LAMY, biologiste moléculaire
au LaboSud de Montpellier
« Non seulement, nous réalisons
le test et l’interprétons, mais
nous apportons un conseil
thérapeutique afin de trouver
de façon pluridisciplinaire la
meilleure option thérapeutique
pour le patient »
3
cliniques universitaires saint-luc, Bruxelles
AUTOMATISER
LE GOLD STANDARD DE LA
CYTOLOGIE URINAIRE
Roche Diagnostics initie une petite révolution pour les analyses urinaires : l’automatisation de la
microscopie. Le cobas u 701 permet ainsi, à partir d’images microscopiques réelles, de standardiser
l’examen cytologique des urines. Son intégration sur le plateau technique et sa connexion
aux systèmes pré-analytiques CCM et cobas® 8100, en cours de développement, garantissent
une amélioration des flux de traitement et des délais de délivrance des résultats.
I
CARTE
D'IDENTITE
l Technologie
de microscopie
intégrée
l Sans réactif
l Technologie RFID
pour les
consommables
et les contrôles
de qualité
Bio-Rad
l Connectivité
avec les
systèmes
pré-analytiques
CCM et
cobas® 8100
l Connexion
au middleware
MPL evo 2
avec intégration
des images
à distance
l 116 échantillons/
heure1
L
a microscopie est la technique de référence pour
l’examen cytobactériologique des urines. plusieurs
appareils proposent de réaliser la numération des
cellules urinaires ainsi que la détection des germes et des
cristaux de manière automatisée par la cytométrie de flux,
obligeant régulièrement la confirmation des résultats au
microscope. avec le cobas u 701, roche diagnostics
réduit le recours à cette vérification et met à disposition
une nouvelle forme d’automatisation : la microscopie
intégrée.
UNE MICROSCOPIE
AUTOMATISÉE
le cobas u 701 réalise, en temps réel, 15 images microscopiques réelles par échantillon puis les compare à une
base de données afin de proposer une interprétation
partielle. il chiffre ainsi le nombre de globules rouges et
de globules blancs et propose une analyse semi-quantitative des bactéries, des cellules épithéliales, des cellules
épithéliales non squameuses. enfin il qualifie les autres
particules (levures, cristaux, sperme, mucus, cylindres
pathologiques). cette approche corrige la variabilité et
le caractère subjectif des observations de différents opérateurs. les images sont enregistrées et les qualifications
des particules peuvent y être corrigées ou enrichies
manuellement par les biologistes.
« nous avons testé le cobas u 701 dans le cadre d’un
partenariat scientifique avec roche diagnostics Belgique,
avant sa commercialisation », raconte catherine fillée,
biologiste aux cliniques universitaires saint-luc, à
Bruxelles, un des sept hôpitaux universitaires de Belgique. « nous avons ainsi pu observer concrètement les
avantages de cette technologie comparée à la cytométrie
de flux. cela a motivé notre décision d’équiper le laboratoire avec cet automate. nous ne le regrettons pas. l’analyse est proche de la microscopie classique, facile à mettre
en œuvre et l’utilisation de l’interface est très intuitive. »
cet automate fonctionne sans réactif et avec un seul
consommable : des cuvettes à usage unique dans lesquelles 170 µl d’échantillon sont injectés à partir d’un
prélèvement de 2 ml1, homogénéisé par le système. le
système minimise ainsi les risques de contamination des
échantillons. cela facilite sa gestion quotidienne.
pour les contrôles qualité, roche diagnostics s’est associé à Bio-rad qui développe des contrôles urinaires pour
lesquels les valeurs de la fourchette cible et les informations du lot sont enregistrées sur une puce rfid, ce qui
évite leur saisie dans le système.
UNE ANALYSE INTÉGRÉE
le cobas u 701 propose de sortir la cytologie urinaire de
la paillasse de bactériologie et de l’intégrer au plateau technique, voire de l’associer à un automate de tri pré-analytique. « l’analyse urinaire devient réalisable par une équipe
polyvalente 24 heures sur 24 au sein du laboratoire », témoigne catherine fillée. « notre cobas u 701 sera bientôt
connecté au cobas® 8100. les échantillons n’attendront plus
les techniciens spécialisés, ce qui nous permettra de délivrer les résultats beaucoup plus rapidement. »
cet automate se connecte également au middleware
du laboratoire, le mpl evo 2 de roche diagnostics
france. les analyses de cytologie urinaire bénéficient
ainsi des mêmes standards de qualité et de traçabilité que
les autres spécialités de biologie médicale et s’inscrivent
dans la démarche qualité imposée par les normes européennes et internationales. grâce à cette connectivité du
système, il devient possible de consulter à distance les
images réalisées par le cobas u 701. une opportunité pour
libérer le biologiste de l’automate, créer un réseau d’expertise et améliorer la formation en s’appuyant sur des
images issues de la pratique réelle.
l
✱ [1] Manuel opérateur cobas u 701 microscopy analyzer, Version 2.0.0,
Juillet 2015.
juin 2016 • n° 96 explore © ROCHE
20
S'INSPIRER
© ROCHE
© MORRISMEDIA
21
Le cobas u 701 propose de sortir la cytologie urinaire
de la paillasse de bactériologie et de l’intégrer au plateau technique.
b
CATHERINE FILLÉE, biologiste
aux Cliniques universitaires Saint-Luc
© ROCHE
« L’analyse est
proche de la
microscopie
classique,
facile à mettre
en œuvre et
l’utilisation de
l’interface est
très intuitive. »
L’ESSENTIEL
l Le laboratoire des Cliniques
universitaires Saint-Luc s’est équipé
d’un cobas u 701 après l’avoir testé
dans le cadre d’un partenariat
scientifique et avoir apprécié sa
simplicité d’utilisation.
explore n° 96 • juin 2016
l En s’affranchissant de la paillasse de
bactériologie, le cobas u 701 permet
de confier la cytologie urinaire à des
équipes polyvalentes, voire de faire ces
examens 24 heures sur 24 au sein du
plateau technique.
l Le laboratoire des Cliniques
universitaires Saint-Luc prévoit de
connecter le cobas u 701 à un cobas®
8100 pour automatiser la phase
péri-analytique et délivrer les résultats
encore plus rapidement
22
4
S'INSPIRER
chi de créteil
COBAS® 4800 :
DE NOUVEAUX
PARAMÈTRES
EN VIROLOGIE
HIV, HBV, HCV, HCV-GT... avec l’arrivée de nouveaux réactifs en virologie,
le système cobas® 4800 est, plus que jamais, un automate polyvalent.
I
CARTE
D’IDENTITÉ
l Dessert les
Hôpitaux de
Saint-Maurice
pour la
bactériologie
et les hôpitaux
voisins pour
l’anapathologie
l 14 médecins
et pharmaciens
biologistes
L’AUTOMATE ET SES NOUVEAUX
PARAMÈTRES AU CHI DE CRÉTEIL
❰❰ Depuis son lancement en 2009, le menu de tests du système cobas® 4800
a été constamment enrichi. Initialement commercialisé pour le dépistage
des infections sexuellement transmissibles, ce système automatisé de
PCR en temps réel s’est par la suite ouvert au dépistage des infections
nosocomiales, de l’herpès, des papillomavirus oncogènes ou encore aux
paramètres d’oncologie. Poursuivant cette approche de consolidation,
en décembre dernier Roche Diagnostics France a ajouté quatre nouveaux
tests de virologie : HIV-1, HCV, le génotypage HCV et HBV.
La disponibilité des nouveaux paramètres de virologie a été un argument
déterminant pour l’acquisition du cobas® 4800 par le laboratoire, début 2016.
LE DR SMATI-LAFARGE
est responsable de
la biologie moléculaire
et de la virologie du
laboratoire de Biologie
du CHI de Créteil.
Quels sont les besoins du CHI pour la détection des IST et la mesure de la charge virale ?
bDr Smati-Lafarge
– Nous avons un service de médecine interne et de maladies infectieuses, avec une importante file
active VIH, et un très gros service de gynécologie-obstétrique. L’hôpital suit notamment des femmes
enceintes VIH et leurs enfants. Le service d’hépato-gastro-entérologie a des cohortes d’hépatites B et C.
Nous servons également les urgences médico-judiciaires, pour lesquelles nous pratiquons des
sérologies, des charges virales, et pour la détection des Chlamydia trachomatis et Neisseria
gonorrhoeae. Enfin, un CeGIDD a été ouvert en janvier 2016, un centre de diagnostic et de prévention
des IST qui propose une offre globale de dépistage, et il fallait que nous puissions répondre, notamment
en détectant le gonocoque par PCR.
L’ESSENTIEL
l Le laboratoire de Biologie du CHI
de Créteil a acquis un cobas® 4800
début 2016, avant tout pour
détecter le gonocoque par PCR
mais également pour accompagner
la hausse de la demande de tests
pour d’autres paramètres.
l Le cobas® 4800 automatise la PCR
en temps réel des gonocoques,
Chlamydia et des virus VIH, VHB
et VHC. Il s’ouvre également au
dépistage des infections
nosocomiales, de l’herpès,
des papillomavirus oncogènes
ou encore aux paramètres
d’oncologie.
l Le cobas® 4800 simplifie la traçabilité
des réactifs et des consommable.
juin 2016 • n° 96 explore 23
© CARTER DOW PHOTOGRAPHY 2013
le cobas® 48001 c’est…
Pourquoi avoir acquis le
cobas® 4800 ?
Quels sont les avantages du nouvel
automate ?
bDr Smati-Lafarge
– Avant nous faisions
toutes ces détections
et mesures de charge
virale sur le Taqman 48
et l’AmpliPrep. Nous
pratiquions dans le
laboratoire la culture
du gonocoque, mais pas
la PCR. Le cobas® 4800
nous permet de proposer
la PCR du gonocoque
et de réaliser sur le
même automate celle
de Chlamydia et des
virus VIH, VHB et VHC.
bDr Smati-Lafarge
– L’automatisation, bien sûr. Auparavant
l’extraction du Chlamydia trachomatis
était manuelle, ce qui nécessitait un
temps de technicien assez important
alors que maintenant tout est
automatique, comme, bien sûr, celle
de Neisseria gonorrhoeae et des trois
virus. Avec l’automatisation il y a moins
de risques d’erreurs. La traçabilité
des lots de réactifs et la sécurité des
identités des patients sont également
améliorées, avec la suppression des
entrées manuelles qui sont remplacées
par le scan de codes-barres.
Sur le nouvel automate, quand nous
éditons les rapports nous voyons
les numéros de lots, les dates de
péremption, les contrôles. C’est clair
et très utile pour l’accréditation.
Le nouvel automate a-t-il eu des conséquences sur votre flux de travail ?
bDr Smati-Lafarge
– Nous pensions que nous ferions environ 300 PCR de Chlamydia par an.
Ce sera en réalité le double ou le triple. Celle des gonocoques augmente
depuis que nous la proposons, car le fait qu’une technique soit disponible
sur place entraîne une augmentation des prescriptions. Nous étudions
la possibilité de pratiquer sur le cobas® 4800 le diagnostic herpès, HSV1
et HSV2, sur des prélèvements gynécologiques. Nous pensons aussi
au HPV, le papillomavirus, en liaison avec l’anatomopathologie.
explore n° 96 • juin 2016
l PCR en temps réel
l Préparation des échantillons
entièrement automatisée, à partir
du tube de prélèvement
l Moins de 20 minutes de
préparation pour 94 échantillons
l Jusqu’à 384 échantillons/jour
l Interface intuitive
l Canal ouvert (possibilité de
réaliser des PCR maison)
l Tests disponibles : CT/NG, HPV,
HSV1/2, MRSA/SA, C diff, HIV,
HBV, HCV, HCV GT, BRAF, KRAS,
EGFR
✱
[1] Manuel opérateur cobasR 4800 System,
Version du logiciel 2.2 ou supérieure,
version 1.0, décembre 2015
b
DR SMATI-LAFARGE,
responsable de la biologie moléculaire
et de la virologie du laboratoire
de Biologie du CHI de Créteil
« Avec
l’automatisation
il y a moins de
risques d’erreurs.
La traçabilité des
lots de réactifs
et la sécurité
des identités
des patients
sont également
améliorées […]. »
24
5
S'INSPIRER
cerBa, saint-ouen l’aumône
COOPÉRER
POUR OPTIMISER LE
PLATEAU TECHNIQUE
Roche Diagnostics est un partenaire avec lequel les laboratoires en quête
d’innovation collaborent pour améliorer leur organisation et leur gestion
de la production. Exemple avec l’apport de l’automatisation au plateau
technique du CERBA, à Saint-Ouen-L’aumône.
Le plateau technique du CERBA traite
environ 20 000 tubes par jour.
I
CARTE
D’IDENTITÉ
l Laboratoire
de biologie
médicale
spécialisée
l 26 médecins
et pharmaciens
biologistes
l 1 300 examens
au catalogue
l Plus de 15 000
dossiers patients
par jour
«N
ous avons commencé l’automatisation du
péri-analytique en 2013, afin de sécuriser
ces étapes, c’est-à-dire pour augmenter la
fiabilité du tri et de l’aliquotage, supprimer les tâches sans
valeur ajoutée que réalisaient les techniciens, gagner en
traçabilité et améliorer le rendement des flux », se souvient franck hermet, le directeur technique du cerBa.
la première phase de ce projet a concerné les analyses de
biochimie, immunologie et enzymologie avant de couvrir en partie la biologie moléculaire depuis 2016. dans
un premier temps, les équipes du cerBa ont établi un
cahier des charges complexe. « nous l’avons soumis à
plusieurs fournisseurs, certains ont décliné l’offre devant
l’ampleur de la tâche », relate franck hermet. le choix
s’est finalement porté sur roche diagnostics france
« grâce à leur stratégie collaborative ».
UNE MÉTHODOLOGIE MAÎTRISÉE
pour ce projet, franck hermet a travaillé avec Bertrand
rossignol, un consultant en ingénierie de laboratoire de
roche diagnostics france. « on a construit ensemble tous
les process. Bertrand rossignol et moi, en tant que chefs
de projet, coordonnions le travail d’équipes spécialisées
dédiées aux questions analytique, informatique, de gestion
des flux… ».
compte-tenu de son volume d’échantillons – il traite
environ 20 000 tubes par jour – et de leurs spécificités – en
tant que laboratoire de seconde intention, cerBa gère
notamment différents formats de tubes –, l’évolution du
plateau technique a représenté un véritable défi en termes
de process et de technologie. « les équipes de cerBa et
de roche ont dû évoluer pour répondre aux objectifs du
projet. nous ne pouvions pas rester cantonnés aux solutions habituelles, il fallait être innovants. l’ouverture
d’esprit de roche l’a permis », remarque franck hermet.
« nous avons appliqué la méthodologie « lean »1 aux
différents flux du plateau technique », explique Bertrand
rossignol. « nous avons d’abord réalisé un diagnostic
précis de l’ensemble des processus, mesuré les volumes
circulants, leur distribution et les spécificités de chaque
activité aux différentes étapes de la chaîne de valeur. À
partir de ce travail, nous avons recherché les « irritants »,
c’est-à-dire des points sensibles du process qui pouvaient
être à l’origine de problèmes ou simplement sans valeur
ajoutée. enfin, sur la base des nouveaux systèmes, nous
avons construit ensemble des solutions techniques, organisationnelles et informatiques afin de répondre aux attentes fortes du laboratoire ».
UNE AMÉLIORATION CONCRÈTE DES FLUX
aujourd’hui le tri et le débouchage des tubes destinés à
différents secteurs dont la biochimie, l’immunologie et
l’enzymologie, sont assurés par des cobas p312 et p612.
ce dernier prend également en charge les étapes post-
L’ESSENTIEL
l Le projet d’automatisation
du péri-analytique du plateau
technique a débuté en 2013.
l Il a concerné les analyses
de biochimie, immunologie
et enzymologie avant de couvrir
en partie la biologie moléculaire
depuis 2016.
l Les équipes de Roche Diagnostics
France et du CERBA ont noué
une collaboration soutenue
pour créer la solution technique la
mieux adaptée aux besoins
du laboratoire.
l Ce projet a été construit avec
la méthodologie lean, pour laquelle
l’expertise de Roche Diagnostics
France est riche.
juin 2016 • n° 96 explore 25
© BRUNO FABIEN
lean : une réflexion gloBale et
individualisée de la production
réalisées par les
techniciens, tel le
débouchage des tubes,
pour qu’ils se concentrent
sur d’autres tâches comme
la validation technique.
« Nous pratiquions déjà
la méthode lean au CERBA.
Que Roche possède la
même culture et complète
notre expertise a été un
vrai plus dans la gestion
et la réussite de ce projet »,
explique Franck Hermet.
b
FRANCK HERMET,
directeur technique du Cerba
« Il fallait être innovants.
L’ouverture d’esprit de
Roche l’a permis »
LE SECTEUR BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
UN NOUVEAU CHALLENGE
✱ [1] Lean Thinking, James P. Womack et Daniel T. Jones, 1996.
explore n° 96 • juin 2016
Franck Hermet et son équipe au sein du plateau technique du CERBA.
© BRUNO FABIEN
le remplacement des automates cap/ctm par des
cobas® 8800, une nouvelle génération d’automates de biologie moléculaire, a été l’occasion de consolider ce périmètre au projet d’optimisation péri-analytique du plateau
technique. les cobas® 6800 et 8800 accroissent l’automatisation de la biologie moléculaire en intégrant toutes les
étapes analytiques dans un automate unique de haut débit.
« la combinaison des nouveaux systèmes analytiques et
péri-analytiques en biologie moléculaire a massivement
diminué le nombre d’interventions sur le process. le
temps d’analyse a également été réduit, raccourcissant le
délai de rendu des résultats», précise Bertrand rossignol.
« grâce à ces optimisations du plateau technique, nous
sommes mieux équipés pour répondre à la demande et
assurer un rendu des résultats à J+1 à nos clients, en incluant l’acheminement des prélèvements », complète
franck hermet. « pour les périmètres de biochimie, immunologie et enzymologie, qui fonctionnent totalement en
routine, nous sommes au rendez-vous qualité que nous
nous étions fixés. nous sommes également très satisfaits
de la productivité et nos flux sont plus faciles à gérer. » l
© BRUNO FABIEN
analytiques en rebouchant les tubes, en gérant les repasses
et le flux des tubes multi-destinations, ainsi qu’en organisant un archivage intelligent dans les racks.
les changements ont également concerné l’informatique. « il fallait faire évoluer le système central de cerBa
et le mpl evo 2 de roche pour prendre en compte nos
nouveaux besoins en termes de traçabilité et d’échange
entre les systèmes. toutes les équipes s’y sont attelées pour
répondre aux objectifs », poursuit franck hermet.
« l’ensemble de ces réalisations a permis de supprimer
un pourcentage élevé de tâches sans valeur ajoutée tout en
sécurisant la production », analyse Bertrand rossignol.
La méthode « lean »
est une philosophie
de gestion de la production
développée, au Japon,
dans les usines Toyota.
Elle vise à éliminer les
gaspillages et à améliorer
en continu les process
et les performances des flux.
Dans le cadre d’une chaîne
analytique automatisée,
il s’agit notamment
d’éliminer du processus
la variabilité et les étapes
sans valeur ajoutée
26
6
S'INSPIRER
laBoratoire médiBio, montargis
UNE NOUVELLE CONCEPTION
DU DIAGNOSTIC
MOLÉCULAIRE
Le diagnostic moléculaire se fait désormais une place sur le plateau technique
automatisé et s’adapte à l’activité des laboratoires indépendants multi-sites,
comme le montre l’expérience du Dr Frank Mentz, directeur du laboratoire MédiBio,
à Montargis, co-fondateur du réseau BPR et président du laboratoire d’analyses
spécialisées de ce réseau.
I
CARTE
D’IDENTITÉ
l Un réseau
de laboratoire
de biologie
médicale
réparti sur
toute la France
l 19 sites
l Une plateforme
d’analyse
automatisée
l Une structure
logistique propre
N
é en 2008 d’une envie d’indépendance de plusieurs praticiens libéraux, le réseau de laboratoire d’analyse Bpr (Biologie perspective et réalité) regroupe aujourd’hui 19 structures réparties dans
toute la france. il a créé sa propre structure logistique,
employant 150 coursiers, pour assurer les échanges.
pour les analyses spécialisées de ses membres, il s’est
bâti sa propre plateforme technique automatisée où il a
développé un large panel d’analyses, depuis la recherche
d’allergènes rares jusqu’au diagnostic prénatal. le diagnostic moléculaire et la mesure des charges virales ne
pouvaient pas en être exclus.
lorsque roche diagnostics france a démontré qu’il
était possible de remplacer deux couples coBas® ampliprep/taqman par un unique cobas® 6800, ces biologistes n’ont pas hésité longtemps. « par an, nous mesurons environ 24 000 charges virales auxquelles s’ajoutent
environ 100 000 pcr pour les chlamydias. l’installation
de cet automate a représenté un vrai gain en termes de
temps d’analyse et de simplicité d’usage. aujourd’hui,
quatre techniciens suffisent pour gérer toute la biologie
moléculaire. on n’a plus besoin de trier ! il suffit de placer toutes les charges virales dans l’automate et il déclenche la pcr automatiquement quand le chargement
est optimal », explique frank mentz.
L’AUTONOMIE
le cobas® 6800 appartient à une nouvelle génération
d’automates de diagnostic moléculaire. il assure l’aliquotage des échantillons, la distribution des contrôles,
l’extraction des acides nucléiques et la réalisation de la
pcr. entièrement automatisé, autorisant le chargement
continu des échantillons, il délivre 384 résultats par
cycle de huit heures (4 runs de 96 tests)1. les 96 premiers résultats sont disponibles moins de 3h301 après
le chargement des échantillons, puis une microplaque
achève son cycle de traitements toutes les 90 minutes1,
ce qui confère une grande fluidité dans le rendu des
résultats.
« le cobas optimise lui-même ses runs » complète le
président du laboratoire d’analyses spécialisées du Bpr.
en effet, il gère son stock de réactifs et distribue dans
chaque puits les amorces adaptées à la demande de
quantification de charges virales. très autonome, il ne
nécessite d’interventions humaines qu’au terme de
chaque cycle de huit heures. les coffrets de réactifs sont
stockés dans un espace réfrigéré, garantissant leur stabilité à bord de l’automate durant 30 jours.
les tests pour le vih-1, les virus des hépatites B et c
ainsi que le cytomégalovirus sont disponibles. l’offre
sera complétée à la fin de l’année 2016 par des kits de
réactifs pour détecter les chlamydias et les papillomavirus. « le cobas® 6800 est une machine d’une grande
fiabilité. elle tourne depuis six mois et nous n’avons eu
qu’une seule panne, réparée dans la journée par les techniciens de roche », souligne le dr mentz.
UN CHANGEMENT DE GÉNÉRATION
« pour une activité multi-sites, tel que Bpr, regrouper
le traitement des charges virales réduit les coûts fonctionnels », analyse frank mentz. le cobas® 6800, comme son
grand frère le cobas® 8800 capable de rendre jusqu’à 960
résultats par cycle de huit heures1, s’inscrit dans cette
démarche en s’intégrant aux chaînes ou îlots automatisés.
il peut être associé à des automates pré et post-analytiques afin de réduire au maximum les interventions
humaines. connecté au middleware du laboratoire,
comme le mpl evo 2 de roche diagnostics, il assure la
traçabilité complète des échantillons et des réactifs.
ce saut technologique inscrit le diagnostic moléculaire dans une nouvelle ère d’automatisation, dans laquelle les standards égalent ceux exigés pour les analyses
de biochimie ou d’enzymologie. « ce genre de systèmes
simplifie l’obtention de l’accréditation de cette paillasse
d’analyses », estime frank mentz.
l
✱ [1] Manuel opérateur cobas ® 6800, V2.0, Août 2015
juin 2016 • n° 96 explore 27
© EMMANUEL FARCET
le cobas® 6800 2
c’est…
l 384 résultats par cycle
de huit heures ;
l la fluidité des rendus
de résultats ;
l des PCR VIH-1, VHB,
VHC, et bientôt CT/NG
et HPV ;
l 1 seule intervention
humaine par cycle
de huit heures ;
l intégrable à une chaîne
convoyée ou à un îlot
automatisé.
✱
[2] Manuel opérateur cobas® 6800,
V2.0, Août 2015
© EMMANUEL FARCET
Dr Franck Mentz et son équipe.
© EMMANUEL FARCET
b
L’ESSENTIEL
l Le plateau technique automatisé du
réseau BPR a remplacé en 2015 deux
couples COBAS® AmpliPrep/TaqMan
par un unique automate cobas® 6800
pour les mesures de charges virales.
explore n° 96 • juin 2016
l Cette nouvelle installation
lui permet de réaliser ses
24 000 mesures de charges
virales annuelles avec beaucoup
plus de fluidité.
DR FRANK MENTZ,
directeur du
laboratoire MédiBio
« Ce genre
de systèmes
simplifie
l’obtention de
l’accréditation
de cette
paillasse
d’analyses »
7
maternité port-royal, paris
BIOMARQUEURS
DE PRÉÉCLAMPSIE
La prééclampsie se caractérise par l’association
d’une hypertension artérielle et d’une protéinurie
de novo dans la seconde moitié de la grossesse.
La prééclampsie complique 2 % des grossesses
en France. Elle reste l’une des principales
causes de mortalité maternelle même
dans les pays occidentaux.
L
e dépistage de la prééclampsie dès le premier trimestre est une possibilité intéressante même si son
utilisation n'est pas systématisée, faute de preuves
suffisantes. néanmoins de récents biomarqueurs
semblent intéressants pour identifier plus tardivement
les patientes qui vont présenter une prééclampsie et les
complications associées. le placental growth factor
(plgf) et le récepteur soluble du vascular endothelial
growth factor (sflt-1) sont respectivement deux molécules pro- et anti-angiogéniques libérées principalement
par le placenta au cours de la grossesse. le dosage de
ces marqueurs est maintenant simple et automatisé. les
taux sériques de plgf augmentent jusqu’à 35 semaines
aménorrhées (sa) puis diminuent physiologiquement
en fin de grossesse. les taux de sflt-1 sont relativement
stables jusqu’à 30 sa puis augmentent discrètement tout
au long du 3e trimestre. par ailleurs, les taux de sflt-1
augmentent considérablement en cas de prééclampsie.
© ROCHE
28
S'INSPIRER
UNE VALEUR PRÉDICTIVE
de nombreux résultats expérimentaux et cliniques suggèrent qu’un déséquilibre de la balance pro (plgf)/antiangiogénique (sflt-1) est impliqué dans la physiopathologie de la prééclampsie. un ratio élevé (supérieur à 85) est
associé à une extraction fœtale dans les deux semaines qui
suivent l’hospitalisation, dans 86 % des cas (se 73 %, sp
94 %, vpn 87 %, vpp 86 %, lhr+ 12, lhr- 0,29). très
récemment l’essai prospectif multicentrique prognosis1
a évalué la valeur prédictive de ce ratio chez 1 273 patientes
présentant une suspicion de prééclampsie. cette étude a
permis de montrer qu’en cas de suspicion de prééclampsie
un ratio sflt-1/plgf inférieur à 38 permet d’exclure une
prééclampsie avec une vpn de 99,3 % dans la semaine à
venir et de 94,9 % dans les quatre semaines à venir. ainsi
l’utilisation de ce ratio sflt-1 permettrait, lorsqu’il est
supérieur à 85, d’intensifier la surveillance et la prise en
charge materno-fœtale et à l’inverse, lorsqu’il est inférieur
à 38, d’éviter des hospitalisations prolongées.
une étude française débutera prochainement afin de
déterminer dans quelle mesure l’utilisation du ratio
sflt-1/plgf pourrait améliorer le pronostic materno-fœtal
et diminuer les coûts de santé.
l
PR VASSILIS TSATSARIS
✱ [1] Zeisler, H. et al. Predictive Value of the sFlt-1: PlGF Ratio in Women
with Suspected Preeclampsia. N Engl J Med. 2016 Jan 7;374(1):13-22.
D’après les fiches techniques : sFlt-1 : v7 01-10-2015 ; PlGF : v8 24-11-2015
b
PR VASSILIS TSATSARIS,
gynécologue-obstétricien, PU-PH responsable de l’unité
de médecine fœtale de la Maternité Port-Royal (Paris)
Un ratio sFlt-1/PlGF
inférieur à 38 permet
d’exclure une prééclampsie
avec une VPN de 99,3 %
juin 2016 • n° 96 explore 29
hôpital louis pradel, lyon
Admission
TnT Hs < 14 ng/L
TROPONINE THs,
L’ÉVOLUTION
CONTINUE
Appliqués dans le bon contexte clinique,
les algorithmes de la proponine THs
sont adaptés à H3, H2, H1 et H0.
Interview du Dr Éric Bonnefoy, cardiologue
à l’hôpital Louis Pradel
Douleur > 6 h
DR ÉRIC BONNEFOY,
cardiologue,
Hôpital Louis Pradel,
Lyon
Douleur < 6 h
La TnT Hs ne varie pas
(Δ H3 < 10 ng/L ou Δ H2 < 7 ng/L
La TnT Hs varie
La TnT Hs ne varie pas
(Δ H3 > 10 ng/L ou Δ H2 > 7 ng/L
Plus de douleurs, score GRACE < 140
diagnostics différentiels exclus
Exclusion, épreuve d’effort
(Δ H3 < 10 ng/L ou Δ H2 < 7 ng/L
Recherche de
diagnostics différentiels
prise en charge
Algorithme diagnostique du SCA non ST+ d’après les recommandations ESC
(D’après Hamm CW et al. Eur Heart J 2011 ; doi:10.1093/eurheartj/ehr236)).
bÉric Bonnefoy
– Un infarctus du myocarde (IDM), est le plus souvent
révélé par une douleur thoracique. et la première tâche
du clinicien est de restreindre les possibilités à quelques
hypothèses diagnostiques. L’interrogatoire et l’examen
clinique sont les éléments essentiels. Si la douleur est
suspecte d’une origine coronaire, il s’agit d’une urgence
et l’hospitalisation doit être faite sans délai dans un
hôpital avec une équipe interventionnelle coronaire.
Quand la douleur a régressé, certains éléments sont
très évocateurs d’IDM par exemple une douleur
à type d’oppression irradiant dans les deux bras et
la mâchoire. Mais beaucoup sont trompeurs et
la valeur d’orientation des facteurs de risque
(cholestérol, hypertension…) disparait après 65 ans.
L’électrocardiogramme est un complément obligatoire
de la clinique, mais n’est pas toujours informatif.
L’interrogatoire et l’examen clinique
sont les éléments essentiels.
Il s’agit donc de mieux prendre en charge les patients, qui probablement
avec des troponines conventionnelles n’auraient pas été orientés de
façon optimale ? Quel impact cela a-t-il pour le patient lui-même ?
bÉric Bonnefoy
– Un autre aspect très positif de la troponine Hypersensible est d’identifier
plus de patients avec un réel infarctus du myocarde. C’est-à-dire des
patients qui auraient été manqués avec un dosage d’ancienne génération.
Il a été démontré que la détection de très faibles concentrations de troponine
chez des patients atteints de syndrome coronarien aigu indiquait un
pronostic plus sévère que celui de patients avec des concentrations
beaucoup plus élevées, mais traités convenablement car identifiés
comme infarctus (coronarographie, angioplastie et stent, antiagrégants
plaquettaires). Le point important est que lorsqu’on traite ces patients avec
des concentrations très faibles de troponine de façon correcte, leur pronostic
redevient meilleur que ceux traités avec des concentrations plus élevées
de troponine. On rétablit en quelques sortes un juste ordre des choses.
explore n° 96 • juin 2016
TnT Hs > 14 ng/L
Redoser la TnT Hs à 3 heures
En quoi le contexte de la douleur
thoracique est compliqué pour un clinicien,
particulièrement en ambulatoire ?
b
TnT Hs > 50 ng/L
+ signes cliniques
Pas de redosage H3
8
Douleur thoracique - ECG non contributif
Quel rôle joue la biologie à ce stade
et particulièrement la Troponine T
Hypersensible avec les algorithmes
proposés à H1, H2 ou H3 ?
bÉric Bonnefoy
– C’est dans ce contexte que s’inscrivent
les dosages de troponine. La sensibilité
des dosages actuels pour détecter une lésion
myocardique est tellement importante qu’il n’est
plus possible de lier fortement leur élévation
à une cause ischémique, sauf en cas de
concentration élevée ou de cinétique
franchement ascendante. De bons résultats sont
obtenus pour exclure un infarctus du myocarde
en utilisant une concentration de troponine
à la limite de la détection ou en exploitant
la différence de concentration entre deux
dosages séparés de 1, 2 ou 3 heures. Les
travaux qui valident ces approches sont
nombreux. Parmi les plus récents, les études
APACE1 et TRAPID2 donnent des résultats
particulièrement convaincants. TRAPID évalue
la combinaison de deux dosages de troponine T
Hs séparés d’une heure chez des patients se
présentant pour une douleur thoracique de
moins de 6 heures. L’algorithme proposé exclu
un IDM avec une valeur prédictive négative
de 99,1 %. Dans une population plus large avec
une douleur thoracique datant de moins de
12 heures, la valeur prédictive négative du même
protocole est de 99,9 %. Cela concerne plus de
60 % des patients. Ces résultats illustrent la
puissance des nouveaux dosages de troponine
pour exclure un infarctus du myocarde mais
leur application pratique a de nombreuses
limites : le protocole est complexe et suppose
d’intégrer deux valeurs en un temps très court.
Sur le terrain, cela suppose une organisation
et une discipline difficile à appliquer. D’autant
qu’éliminer un infarctus ne dispense pas
d’évaluer les autres diagnostics possibles. Les
cliniciens insistent pour intégrer les troponines T
Hs dans une stratégie réfléchie. L’utiliser comme
un test d’exclusion indépendant d’une analyse
clinique préalable exposerait à des erreurs.
✱ [1] Etude APACE, Reichlin T. et Al, CMAJ, 2015.
[2] Etude Trapid, Ann. Emerg. Med, 2015
NT-proBNP
LE BIOMARQUEUR DE CHOIX
DANS LA PRISE EN CHARGE DE
L’INSUFFISANCE CARDIAQUE
Le dosage du NT-proBNP ouvre la voie à un dépistage efficace, fiable et rapide ainsi
qu’au suivi des patients souffrant d’insuffisance cardiaque (IC), comme l’expliquent
Michel Galinier, chef du service de cardiologie du CHU de Toulouse, et Patrick Jourdain,
cardiologue à l’hôpital René Dubos de Pontoise.
À quelles étapes le NT-proBNP intervient-il
dans la prise en charge de l’IC ?
bMichel Galinier
– La HAS demande aux cardiologues de revoir les patients un
mois après un évènement aigu d’IC. Cette période est critique et
le dosage du NT-proBNP – programmé par le médecin hospitalier
lors de la fin de l’hospitalisation ou prescrit par le médecin
généraliste – permet d’identifier les patients dont le taux reste
supérieur à 3 000 pg/mL qui présentent un risque important de
nouvelle décompensation et d’hospitalisation. Il faut alors modifier
leurs traitements afin de réduire sa valeur de 30 % minium.
L’objectif pour un patient équilibré et traité de façon optimale
est de descendre en dessous de 1 000 pg/mL, ce qui traduit une
amélioration pronostique significative. Lorsqu’on n’y arrive pas, on
cherche à obtenir la valeur la plus proche possible en optimisant
le traitement neuro-hormonal et éventuellement les diurétiques.
© ROCHE
30
S'INTERROGER
Quel est le rôle des différents acteurs
médicaux dans cette prise en charge ?
bPatrick Jourdain
– Dans le pôle que je dirige, nous avons
un lien très fort avec le médecin
généraliste, en particulier pour détecter
les épisodes aigus, avec les dispositifs
de télésurveillance. Les généralistes
doivent être formés à l’optimisation
bPatrick Jourdain
–Lors de la période d’optimisation thérapeutique, le dosage du
NT-proBNP est très important pour ajuster le traitement. Par la
suite, pour les patients asymptomatiques (NYHA 1), un dosage par
an suffit. Pour les patients plus nombreux des classes NYHA 2 ou 3,
la HAS recommande d’effectuer le dosage de NT-proBNP une fois
tous les semestres en lien avec le bilan du patient. Concernant les
patients plus sévères des classes NYHA 3 à 4, une surveillance
accrue incluant le NT-proBNP est nécessaire. Mais l’important
c’est l’intensification du traitement consécutif au dosage en
fonction du résultat. Il n’y a pas de mauvaise demande de dosage
de NT-proBNP si par la suite on agit en adaptant le traitement.
rapide du traitement diurétique en cas
d’aggravation clinique et à la détection
des patients à risques. Sans attendre les
nouvelles molécules tel que Entresto®
[ndlr : inhibiteurs du récepteur de
l’angiotensine et de la néprilysine
comme le Sacubitril-Valsartan], nous
pouvons déjà tirer le maximum du panel
thérapeutique à notre disposition,
simplement en traitant sans attendre
la décompensation, nous préviendrons
des décompensations d’IC.
bMichel Galinier
– Certes, le rôle du médecin généraliste
est central, mais le chef d’orchestre du
traitement de l’IC, c’est le cardiologue de
terrain. Il peut modifier les posologies de
diurétiques mais également les posologies
du traitement neuro-hormonal.
juin 2016 • n° 96 explore 31
TEST ELECSYS® NT-proBNP
seuil d’exclusion
ic chronique2
<125 pg/ml
seuil d’exclusion
ic aigÜe2
oBJectif
thérapeutique1
<300 pg/ml
1000 pg/ml
type
d’échantillon2
sérum ou
plasma
durée
du test2
9 à 18
minutes
staBilité de
l’échantillon2
3 jours
à température
ambiante
✱ [1] Masson et al. (2008). J Am Coll Cardiol 52, 997-1003. et Januzzi JL et al. J Am Coll Cardiol 2011 ; 58 (18) : 1881-9.
[2] D’après la fiche technique: Test Elecsys® NT-proBNP II, v9.0, Fev 2016
Quelle est la place du dosage des peptides
natriurétiques avec l’arrivée des nouveaux traitements ?
bPatrick Jourdain
– Les peptides natriurétiques (NT-proBNP ou BNP) restent
des éléments clefs sur le plan de l’analyse pronostique
de l’IC. Mais le mécanisme d’action du Sacubitril-Valsartan
(Entresto®) qui bloque la dégradation du BNP, en modifie
le taux, et complique son interprétation. Dans ce cas, le
dosage de suivi pronostique par le NT-proBNP prend tout
son sens car il évolue en lien avec l’état clinique du patient.
Cela a été démontré dans l’étude PARADIGM3 qui a révélé
l’efficacité du LCZ696 [ndlr : nom de développement
d’Entresto®] en termes de réduction de la mortalité et des
hospitalisations chez des patients insuffisants cardiaques
préalablement traités par IEC et bêtabloquants. Parmi
les marqueurs clefs de la réponse thérapeutique, il y a
les marqueurs cliniques et échographiques bien entendu,
mais toutes les études sur les marqueurs neuro-hormonaux
(NT-proBNP ou BNP) le montrent, les peptides
natriurétiques sont également des éléments essentiels
au quotidien, facilement accessibles et quantitatifs.
✱ [1] Etude PARADIGM, McMurray, J.J.V. et al. (2014). Eur J Heart Fail 17, 242–247
INTERVIEW
des docteurs
Jourdain et
Galinier sur la
chaîne Axis TV
© ROCHE
a
l’europe face À la violence
de l’insuffisance cardiaque
Le 24 février 2016, l’insuffisance
cardiaque (IC) était au centre des
débats au Parlement européen.
Un colloque réunissant décideurs
politiques, industriels et patients
a mis en lumière le besoin
d’innovations pertinentes
dans un contexte d’explosion
du nombre de cas en Europe.
« L’IC vous heurte comme un train,
c’est comme recevoir un coup d’un
boxeur poids lourd », a expliqué Nick
explore n° 96 • juin 2016
Hartshorne-Evan, directeur exécutif
de l’association britannique de
patients Pumping Marvellous
Foundation, souffrant lui-même d’IC.
« Parmi nous, une personne sur cinq
risque de développer une insuffisance
cardiaque au cours de sa vie » a
rappelé, lors du colloque, Ed Harding,
le directeur de la société britannique
Health Policy Partnership.
« L’insuffisance cardiaque est l’une
des principales causes d’hospitalisation
en Europe », a également indiqué le
Dr Paul van Haelst, directeur médical
des secteurs cardiovasculaire et
métabolique de Roche Diagnostics.
« Cette situation peut changer.
Aujourd’hui, nous disposons de
plusieurs tests de détection, de
biomarqueurs, à la fois très fiables
et hautement spécifiques. Ils peuvent
aider les médecins non seulement
à détecter l’IC de manière précoce
mais également à suivre l’efficacité
du traitement, pendant et après
l’hospitalisation. »
PA-061-16 JUIN 2016
COBAS, LIFE NEEDS ANSWERS
sont des marques commerciales de Roche.
Les autres marques commerciales citées appartiennent
à leurs propriétaires respectifs.
© 2016 Roche
Agissez pour
le recyclage des
papiers avec
Roche Diagnostics.
Roche Diagnostics France
F38242 MEYLAN CEDEX
France
www.cobas.fr
www.roche-diagnostics.fr
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Les systèmes et réactifs de la gamme cobas® sont destinés
aux analyses de biologie médicale. Ils sont marqués CE IVD.
Lire attentivement les instructions figurant sur les étiquetages
et/ou dans les notices d’utilisation.
Fabricant /mandataire : Roche Diagnostics GmbH ( Allemagne )
Distributeur : Roche Diagnostics France