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pratiques Evaluation des projets européens OF M.I.C.E. AND MEN Comment construire, dans le cadre des projets Socrates et Comenius, une plate-forme commune d’autoévaluation en fédérant les diverses cultures nationales de l’évaluation ? Modern Instruments for a Common Evaluation répond à cette attente, comme le montrent les deux articles suivants : d’abord un exposé du dispositif recueilli auprès de Myriam Leroux, puis son application sur le terrain (article à suivre). Les projets européens comportent, dans leurs modalités, l’obligation d’évaluer le travail entrepris et surtout ses apports et répercussions. Or force est de constater, à la lecture des dossiers, que les participants semblent assez démunis lorsqu’il s’agit de mesurer cet impact et ce d’autant plus que les partenariats en jeu impliquent des us et coutumes en matière d’évaluation très divers, selon les pays concernés. Les pratiques varient en effet lorsqu’il s’agit de jauger les effets d’un projet européen. Faut-il choisir comme cible les élèves, les enseignants, l’établissement, le partenariat ?… Quels critères adopter parmi les compétences disciplinaires ou en langues étrangères, la motivation des participants, l’implication de l’établissement, la citoyenneté etc. ? Aussi a-t-il été décidé de modéliser cette évaluation en réalisant une grille européenne commune afin d’aider les collaborateurs à réaliser cette tâche. Think Tank Plusieurs principes ont présidé à l’élaboration de cette plate-forme. Tout en respectant les objectifs des projets Comenius, il s’est agi de fournir un outil pragmatique qui soit le fruit de la collaboration de représentants de tous les pays européens du programme, sans entrer en concurrence avec les évaluations nationales en vigueur dans chacun d’entre eux. Une consultation a donc eu lieu entre les membres des seize agences nationales constituées, dans chaque pays, de représentants indépendants placés sous la responsabilité des Académie de Nantes Nantes 44 Propos recueillis par J. PERRU, auprès de M. LEROUX, déléguée académique aux relations internationales et à la coopération échanger - 80 - avril-juin 2003 pratiques ministères de l’éducation respectifs et chargés de relayer le programme Comenius à leur échelle propre. Plusieurs personnes ont supervisé et coordonné cette action d’envergure internationale, soit Guy Tilkin en Belgique, Ludo Mateusen et Marjolin Smith aux Pays Bas, Rosetta Mc Leod en Grande Bretagne, Serban Iosifescu et Monica Calotta en Roumanie et Myriam Leroux en France. Ils font office de contacts. S’appuyant notamment sur l’apport théorique de Jaap Van Lakerfeld, chercheur en sciences de l’éducation à l’Université de Leiden aux Pays Bas, ils ont opté pour un système d’auto-évaluation visant à améliorer le compte rendu de projets en en arrêtant les éléments communs décomposés à des fins de simplification. Ainsi est né Model Instruments for a Common Evaluation, consultable sur www.mice-t.net. Fonctionnement La perspective de l’évaluation formative a été délibérément choisie puisqu’il s’agit de faire en sorte d’améliorer le déroulement d’un projet. D’autre part, le processus d’auto-évaluation qui accompagne toutes les phases du projet, de son élaboration à son bilan, vise à vérifier si les objectifs fixés ont été atteints, à faciliter la prise de décision, y compris les changements en cours de réalisation, ainsi qu’à améliorer les résultats escomptés. Fondamentalement, la technique consiste à recueillir des données, les analyser et les interpréter pour procéder à la remédiation. Le dispositif mis à disposition par MICE se présente comme suit. Un échanger - tableau recense les diverses catégories susceptibles d’être évaluées, en termes d’effets du projet européen sur les élèves, les enseignants, l’établissement et le partenariat. Ces catégories se trouvent elles-mêmes subdivisées en plusieurs domaines qui correspondent à des compétences disciplinaires, sociales, citoyennes, en management etc. Loin d’être exhaustive, l’évaluation d’un projet doit se limiter à un aspect donné, sélectionné en fonction de la spécificité de celui-ci et des objectifs prioritaires. Ainsi, si l’on choisit de tester la motivation des élèves, la grille permet de consulter une série d’indicateurs de réussite tels que la participation, l’implication, l’appropriation. Afin de mesurer ceuxci, des instruments d’évaluation sont nécessaires, qui doivent être élaborés par l’équipe du projet concerné. Toutefois, afin de faciliter cette tâche de création, des exemples pratiques sont fournis tels que, dans le cas retenu, un questionnaire à destination des élèves. Quels indicateurs, pour quelle évaluation ? Evaluer consiste, en effet, à se poser la question suivante : Comment savoir si ce qui a été fixé comme but au projet a été atteint ? Fournissant justement un moyen de mesurer les résultats, un indicateur est un élément visible, constitué de procédés ou de productions, qui prouve qu’un objectif a été atteint ou qu’un résultat a été obtenu. Ainsi, si l’on choisit de tester la motivation des élèves, la grille MICE permet de consulter une série d’indicateurs de réussite tels que la 81 - avril-juin 2003 pratiques Quelques instruments d’évaluation De quoi s’agit-il ? Qui peut le faire ? Avantages Risques et limites Recommandations De quoi s’agit-il ? Qui peut le faire ? Avantages Risques et limites Recommandations De quoi s’agit-il ? Qui peut le faire ? Avantages Risques et limites Recommandations De quoi s’agit-il ? Qui peut le faire ? Avantages Risques et limites Recommandations LA METHODE DELPHI • Les gens sont invités à exposer ce qu’ils pensent être les qualités, les éléments caractéristiques du projet. • Les déclarations écrites sont ensuite échangées entre les participants de manière à ce que chacun se déclare en faveur ou en opposition par rapport aux déclarations qu’il a reçues. • C’est une façon de collecter les opinions et de connaître le nombre d’opinions pour ou contre les affirmations énoncées. Les coordonateurs, l’équipe de direction, le enseignants, le(s) responsable(s) d’évaluation etc. Il s’agit d’une méthode productive au sens où non seulement l’on obtient des déclarations très variées mais on perçoit aussi l’écho que chacune d’elles reçoit. Les résultats mis en évidence peuvent être différents de ceux que l’on souhaitait aborder. Il s’agit d’un procédé très ouvert qui peut receler des surprises. • Groupe(s) – cible(s) : Aucun en particulier, tous les participants peuvent s’impliquer. • Susciter la production plutôt que la critique de manière à faire émerger les idées. L’EVALUATION CONTRADICTOIRE • Le projet fait l’objet d’un débat public avec ses défenseurs et ses opposants. • Les participants doivent simuler leur rôle et présenter des arguments pour attaquer ou défendre le projet. • Un jury est également constitué qui rend son verdict à la fin. Les coordinateurs, l’équipe de direction, les enseignants, le(s) responsable(s) de l’évaluation etc. Exercice très stimulant qui rend l’évaluation vivante. La bi-polarisation, crispation sur des points de vue très opposés. • Groupe(s) – cible(s) : Aucun en particulier, tous les participants peuvent s’impliquer. • Indiquer clairement au départ l’aspect qui va être débattu de manière à circonscrire la discussion autour du cœur du projet en évitant les dérives concernant des aspects marginaux. LA CRITIQUE LITTERAIRE • Il s’agit d’une procédure d’évaluation externe : un évaluateur extérieur au projet le juge selon un autre point de vue. • Il n’y a pas de critères préalables. • Cette procédure peut venir en addition à d’autres actions d’évaluation. Un évaluateur externe. Procédure stimulante qui ouvre l’esprit sur d’autres perspectives. • La subjectivité excessive. • L’ignorance ou la négation des objectifs du projet. • Le risque de ne pas être convaincant si l’évaluateur choisi ne fait pas l’unanimité. Choisir un critique qui soit bien accepté par tous les participants de manière à ce que son opinion soit bien reçue. L’ECRITURE DE SCENARIOS • On propose différents scénarios développant des suites possibles du projet aux participants qui doivent donner leur avis. • En procédant ainsi, on évalue non seulement les événements passés mais aussi les choix pour l’avenir. Les coordinateurs, l’équipe de direction, les enseignants, le(s) responsable(s) de l’évaluation etc. • C’est une procédure stimulante et constructive qui rend l’évaluation vivante et active. Elle invite à se montrer positif. • Elle donne des indications sur les choix qui peuvent devoir être réalisés. En présentant d’emblée des scénarios, on met déjà les participants sur des pistes. De ce fait, le risque de manipulation n’est pas exclu. Essayer de donner un large éventail de scénarios qui divergent dans la manière de traiter les questions de telle sorte que les participants ne soient pas limités dans leurs choix quant à l’avenir mais se trouvent, au contraire, stimulés et créatifs. échanger - 82 - avril-juin 2003 pratiques Exemples d’indicateurs Cible de l’évaluation Evaluer les effets du projet sur la motivation des élèves INDICATEURS • L’élève est plus en demande de travail supplémentaire dans le cadre du projet • L’élève travaille volontiers davantage • L’élève est plus attentif en classe • L’élève prend plus facilement part aux activités extra-scolaires • L’élève éprouve un sentiment d’“appartenance” face au projet participation, l’implication, l’appropriation, au moyen d’une interview ou d’ observations (voir ci-dessus). Comment rendre visibles ces indicateurs ? Des instruments concrets d’évaluation permettent de faire remonter à la surface les effets ou résultats obtenus : questionnaires, interviews, observations, analyses de documents etc. Certains instruments sont mieux adaptés pour faire émerger des résultats tangibles, chiffrés, tels que les questionnaires à échelle graduée. D’autres se prêtent mieux à la collecte de données plus personnelles et interprétatives tels que l’interview ou l’observation que l’on peut appliquer, par exemple, à l’évaluation du sentiment d’appartenance de l’élève au projet. D’autres instruments sont plus novateurs comme la méthode Delphi, l’évaluation contradictoire, la critique littéraire ou l’écriture de scénarios (voir ci-contre). échanger - Pour une culture de l’évaluation Model Instruments for a Common Evaluation est donc le fruit d’une réflexion et d’une collaboration européenne dont l’ambition et les enjeux dépassent le strict cadre des projets européens. La plate-forme élaborée constitue une tentative pour établir des bases communes dans un domaine non négligeable de l’éducation. Il est en effet relativement récent, en France tout au moins, de se soucier de l’efficience d’une action, préoccupation plus ancienne en revanche dans les pays anglo-saxons de tradition plus pragmatique. Le développement d’une culture de l’évaluation devrait révéler, et de tels instruments y contribuent largement, d’une part que mesurer ne signifie pas contrôler, d’autre part que les résultats sont, le plus souvent, globalement positifs. ❏ 83 - avril-juin 2003