Ida Grinspan - Lycée Jean Macé

Notre témoin à Auschwitz : IDA GRINSPAN
Fille d’immigrés juifs polonais, Ida naît à Paris en 1929. Au début de la guerre, pour la
protéger des bombardements et des privations, ses parents la confient à une famille d’un village des
Deux-Sèvres, au Jeune Lié de Sompt, non loin de Melle.
Vichy et son administration organisent des rafles de Juifs pour l’occupant nazi. Trois
gendarmes de la brigade de Melle viennent l’arrêter dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944. Ils
restent inflexibles malgré les protestations de la nourrice, du maire et du curé. La gendarmerie la
transfère à Niort, puis avec une cinquantaine de Juifs raflés dans les Deux-Sèvres, à Poitiers, puis à
Drancy, le grand camp de transit de la banlieue parisienne.
Jeudi 10 février, elle est livrée au Allemands à la gare de Bobigny. C’est ensuite le départ
pour l’inconnu dans les wagons à bestiaux du convoi n°68.Trois jours et trois nuits à 80 dans des
wagons à bestiaux, sans hygiène.
Dimanche 13 février au matin: Auschwitz II-Birkenau. Les déportés sont jetés hors des
wagons sur la « Judden rampe » qui sera plus tard prolongée dans le camp. La sélection par les SS :
à droite, à gauche ; 210 hommes et 61 femmes sont sélectionnés pour travailler. Ida fait plus que ses
14 ans… 1229 hommes, femmes, enfants, jugés trop jeunes, trop vieux, trop faibles, montent dans
des camions qui les mènent directement aux chambres à gaz…
Ensuite, dévêtue, tondue, tatouée (N° 75360), Ida est plongée dans l’enfer de Birkenau, vite
informée du sort des Juifs qui sont montés dans les camions : le crématoire fume…Le travail, les
privations, la violence, les exécutions publiques, l’hiver, puis, le 18 janvier 1945, à l’approche de la
Armée rouge, l’évacuation du camp, les marches de la mort qui la conduisent à Ravensbrück puis à
Neustadt-Glewe, où les Américains et les Russes font leur jonction. Hospitalisée par les Russes,
soignée par Wanda, une infirmière polonaise, elle est enfin rapatriée. Son père et sa mère ont
disparu dans les camps.
L’histoire de la mémoire explique qu’Ida n’ait pu parler et être entendue que bien tard, à la
fin des années 80. Depuis, inlassablement, elle témoigne dans les établissements scolaires, et elle
accompagne des lycéens à Auschwitz.
Pour en savoir plus :
Ida Grinspan a publié ses souvenirs, rédigés en collaboration avec l’écrivain et académicien
Bertrand Poirot-Delpech, sous le titre « J’ai pas pleuré » (Robert Laffont, 2002).
Elle est intervenue à plusieurs reprises au Lycée Jean Macé, d’abord à l’initiative de Michel
Chaumet, professeur d’Histoire-Géographie, aujourd’hui Directeur du CRDP de Bordeaux –
Aquitaine. Plusieurs de ces conférences ont été enregistrées, et les vidéos sont disponibles au CDI
du Lycée.
Elle vient à Niort le 10 mai 2007 pour l’hommage rendu à l’Hôtel de Ville à l’historien
Jean-Marie Pouplain disparu en août 2006. Jean-Marie Pouplain, correspondant pour les DeuxSèvres de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS) avec Michel Chaumet, a effectué
d’importantes recherches sur la Résistance et sur les persécutions antisémites dans les Deux-Sèvres.
Ses ouvrages sont publiés par Geste Editions.