Article 16_1

Transcription

Article 16_1
Ida Grinspan
Rescapée des camps, elle est venue témoigner…
Collège Notre Dame des Anges
Saint Amand les Eaux.
Les élèves de 3ème du collège NDA et les lycéens de Dampierre soit 320 jeunes ont été
particulièrement touchés par son témoignage.
Le jeudi 29 mars à 14H00, Madame Ida Grinspan, qui raconte volontiers son expérience de
la déportation dans les établissements scolaires, a été invitée par les professeurs
d'histoire du réseau Saint Gilles du Valenciennois.
Tous les élèves et quelques professeurs
l’attendaient avec impatience pour qu’elle
leur explique ce qu’elle a vécu…..
C'est Monsieur Chuépo, Directeur de
l'Institution, qui a présenté notre invitée
d'honneur "Ida". Et c'est avec une
certaine émotion que la conférence a
commencé par un préambule de Monsieur
Chuépo.
La France, terre d’accueil
Ses parents vivaient en Pologne où régnait un antisémitisme terrible qui les empêchait de
vivre au quotidien. Cinq ans avant sa naissance, ils ont décidé de venir en France, « terre
d’accueil » pour les juifs d’Europe centrale. Ida Grinspan est née un jour de 1929 à Paris.
Ses parents parlaient le yiddish, c’était sa langue maternelle. Mais elle appartenait à une
famille laïque. Et durant son enfance, son père lui a dit souvent qu’ils avaient beaucoup de
chance de vivre en France.
De la protection à l’arrestation
En juin 1940, les troupes allemandes envahissent le nord de la France. Un immense exode a
lieu. Les enfants étaient envoyés à la campagne. Ainsi, les parents d’Ida l’ont confiée à
Alice, une nourrice dans les Deux-Sèvres, à Melle. Elle avait dix ans et demi. Heureusement
pour elle, sa nourrice Alice l’a chaleureusement entourée. Elle a réussi à être scolarisée et
a obtenu son certificat d’études.
Un jour chez Alice, elle a appris que sa mère avait été déportée et que son père et son
frère étaient en fuite. Dans le village où elle était, elle n’avait pour l’instant rien à craindre
grâce au maire qui était en quelque sorte un Juste (personne ayant permis à des juifs
d’échapper à la déportation). Elle n’avait pas besoin de porter l’étoile, mais malgré cela,
dans la nuit du 30 au 31 janvier 1944, trois gendarmes se sont présentés à sa porte et ont
exigé qu’Ida leur soit livrée. Elle a pensé partir par la fenêtre mais les gendarmes avaient
l’ordre d’emmener le mari d’Alice s’ils ne la trouvaient pas. Sa nourrice lui a donné de quoi
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manger pendant le voyage. À Drancy, les gardiens lui ont dit qu’elle retrouverait sa mère
plus tard, alors elle a gardé la nourriture pour sa mère.
Le wagon plombé
Au bout de quelques jours, ils ont entassé tous les prisonniers dans des wagons à bestiaux
et les ont livrés aux Allemands. Pour monter dans le train, les SS avaient mis des planches
car il y a avait une dénivellation très importante entre le quai et le train. Ils étaient plus
d’une soixantaine dans un seul wagon, tous agglutinés les uns contre les autres. Mais ils
gardaient espoir car les SS leur avaient dit qu’ils retrouveraient leurs proches. Ida pensait
donc qu’elle allait retrouver sa mère ; elle lui avait apporté des provisions. Dans le train, ils
n’avaient qu’un seau d’eau. Ils faisaient leur besoins dans une cuve. Elle nous a dit que, pour
elle, c’était la première grande humiliation : devoir faire ses besoins devant tout le monde.
Heureusement, des hommes solidaires ont déployé leurs manteaux pour réintroduire un
semblant d’intimité. Rapidement ils ont manqué d’eau et en plus la cuve pour faire les
besoins débordait, alors le
contenu se mélangeait à la paille
et cela dégageait une odeur
irrespirable, insupportable.
L’horreur au quotidien
Quand le train est arrivé à
Auschwitz, ils ne savaient pas où
ils se trouvaient mais ils étaient
tous contents de quitter l’enfer
du wagon. Une fois descendus sur
le quai (sans planche cette fois-ci
!), les hommes et les femmes ont
été séparés en deux colonnes. Ida avait la chance de comprendre l’allemand, car les gens
qui ne comprenaient pas les ordres des SS étaient battus. Les colonnes des hommes et des
femmes étaient ensuite séparées en deux groupes : il y avait ceux qui pouvaient encore
marcher, qui continuaient donc à pied, et ceux qui étaient trop fatigués pour marcher, qui
montaient dans des camions. Ces derniers étaient dirigés vers les chambres à gaz pour y
être tués… Ida qui avait 14 ans n’aurait pas dû aller à pied mais, grâce à sa grande taille et
surtout à sa coiffure qui lui donnait une allure
d’adulte, elle paraissait plus âgée. Elle a ainsi
échappé à la mort.
Arrivée dans le camp, les femmes qui ne sont pas
montées dans les camions, devaient se dévêtir
entièrement, c’était la deuxième grande
humiliation. Ensuite d’autres femmes les
rasaient (la tête, les jambes ...). Puis elles ont dû
prendre une douche froide. Ensuite on leur a donné des vêtements très fins, qui n’étaient
pas adaptés à la saison et des chaussures qui n’étaient pas à la taille de chaque femme.
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Pendant leur détention, les femmes devaient travailler durement. Elles transportaient des
pierres d’un endroit à un autre, et le lendemain elles devaient faire l’inverse, ce qui
rongeait encore plus le moral. Le seul moyen de le garder était leur solidarité.
À l’heure du repas, les femmes ne se servaient pas toutes seules. C’était une « kapo » qui
les servait et elle se réservait les morceaux de légumes qui restaient au fond de la gamelle.
À cause de cet égoïsme, les prisonnières n’avaient que de l’eau à « manger ».
La libération et le retour à Paris
Le 18 janvier 1945, le front Russe avançait vers Auschwitz, les Allemands se repliaient en
emportant les déportés les plus valides. Commence alors la Marche de la Mort. Tous les
déportés doivent marcher vite, et ceux qui, épuisés,
ralentissent, sont tués. Alors, par solidarité, lorsque
quelqu’un est à bout de force, il est soutenu par les autres.
Arrivée au camp de Ravensbrük, Ida tombe malade et est
accompagnée à l’infirmerie où elle reste un mois et demi.
Jusqu’à ce que trois beaux soldats américains les
découvrent ! Ils leur donnent du chocolat et des chewinggums, mais elles repartent peu de temps après... Quelques
jours plus tard, les malades ont été transportées dans des
brouettes par des Russes, jusqu’à un hôpital où elles sont
restées pendant trois mois. Un officier avait proposé à Ida et ses amies d’aller à l’aéroport
en camion, mais elles ont refusé ! Et c’est en avion qu’elles ont rejoint la vraie liberté, en
France. Ida y a retrouvé son frère, la seule personne de sa famille qui avait survécu.
Remerciements
Pour finir, nous remercions Monsieur Chuépo qui a permis l’organisation de cette
conférence.
Et nous remercions tout particulièrement Madame Ida Grinspan qui est venue nous
apporter un témoignage poignant et très enrichissant. Elle nous a marqués et son
expérience restera gravée dans les mémoires de tous. Nous vous conseillons tous de lire
son livre avec attention car nous avons le devoir de ne pas oublier le passé.
Monsieur Silaczuk Joseph.
Enseignant au collège NDA.
Nous avons passé une magnifique après-midi et pour conclure…
"…..Seule la fraternité peut sauver une société en déroute… il faut toujours croire en
l'homme et le servir."
Quelques réactions d’élèves :
• « J’ai été émue de voir une femme qui a vécu à l’époque d’Hitler, une des rares femmes à
avoir survécu à la déportation. »
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• « J’admire sa vivacité malgré son âge. Le récit qu’elle nous a fait de ses épreuves était
poignant. »
• « J’ai été saisi par le courage qu’elle a eu face aux atrocités auxquelles elle a été confrontée. »
• « J’ai été choqué par la rapidité avec laquelle les déportés perdaient leur identité. »
• « Elle nous a permis de nous rendre compte de la chance que nous avons aujourd’hui et de
relativiser les difficultés de notre quotidien. »
Notons que c’est dans le cadre de cet accueil que Monsieur Joseph Silaczuk, professeur de
technologie a reçu des mains de Jean Marie Chuépo, chef d'établissement et en présence
de Madame Ida Grinspan, le diplôme de la fédération nationale "André-Maginot" pour le
travail de Mémoire et de civisme accompli depuis plusieurs années au sein du collège Notre
Dame des Anges de Saint Amand les Eaux.
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