Les désordres alimentaires, anorexie et boulimie - Eki-Lib

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Les désordres alimentaires, anorexie et boulimie - Eki-Lib
Les désordres alimentaires
Anorexie et Boulimie
Les désordres alimentaires
Anorexie
et
Boulimie
Les experts sont formels
formels : l’incidence des troubles
alimentaires augmente, au point de sembler quasi
épidémique. Quant à la prévention et au traitement de
ces troubles, selon l’Institut national de la nutrition,
les ressources sont tout simplement insuffisantes.
♀Aujourd’hui,
sur 100 femmes de 12 à 25 ans, 1 est anorexique et 5 sont
boulimiques. Inquiétant, certes, et il y a plus inquiétant encore : loin de diminuer, les
pressions que subit la femme pour que son corps épouse la silhouette des mannequins sont
omniprésentes. Il ne passe pas une journée sans qu’elle soit rappelée à l’ordre : désormais,
aucune excuse pour afficher un seul kilo en trop! Par dizaines, les centres
d’amaigrissement proposent de s’occuper d’elle. Les conseils fusent de partout. Quand on
lui dit de faire de l’exercice ou de bien s’alimenter, c’est trop souvent strictement dans le
but de contrôler son poids.
Pour l’homme, au contraire, performance et santé priment. Il n’est donc pas
étonnant que les désordres alimentaires touchent essentiellement les femmes… Si l’idéal
féminin revenait à la pulpeuse Marilyn Monroe ou aux langoureux modèles de Renoir, nul
doute que les incidences de troubles alimentaires chuteraient rapidement! Le mal vient
de loin : les filles grandissent souvent dans une famille où mère et sœurs parlent
continuellement d’alimentation, de kilos en trop, de régimes amaigrissants…
Elles enregistrent les frustrations et les insuccès multiples de leurs proches dans
leurs tentatives de maigrir (dans 95% des cas, les régimes yoyo ne donnent rien à long
terme). Pas étonnant qu’elles tombent dans le piège à leur tour!
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
Les désordres alimentaires
Anorexie et Boulimie
Les pressions qu’exerce la société
sur le corps de la femme sont-elles alors
la seule cause des désordres alimentaires?
Rien n’est moins sûr. Les experts, faute
d’avoir identifié LA raison, parlent pour
l’instant d’un ensemble de facteurs
biologiques, psychologiques et sociaux. Il
suffit que la graine ait été semée dans un
milieu qui lui permettre de germer…
Quelques exemples : un nourrisson sevré
rapidement du sein maternel; un bébé
sous-alimenté; un parent qui terrorise son
enfant afin qu’il vide son assiette; un
adolescent qui redoute d’aller s’asseoir
trois fois pas jour en face de ses parents
autoritaires pour les incontournables
repas; un père qui tyrannise sa famille; un
enfant qui boude les aliments pour attirer
l’attention; une mère très inquiète de son
poids et de son alimentation…
Selon un manuel de psychiatrie de
l’enfance, il s’agit là de situations
déclencheuses. Le désordre n’apparaîtra
bien souvent que des années plus tard. C’est pourquoi l’histoire de la patiente et celle de
sa famille font partie intégrante du traitement. « Nous cherchons pour chaque cas ce qui
prédispose, précipite et perpétue les désordres alimentaires, explique Hélène Gauthier,
coordonnatrice de la clinique des troubles alimentaires à l’hôpital Douglas. Notre
intervention se fait principalement sur les facteurs qui perpétuent la maladie, dans un
contexte de thérapie à court terme. »
Un traitement urgent
es consultations externes sont réservées aux cas les moins graves. Mais quand les
L
anorexiques et les boulimiques souffrent de malnutrition sévère ou ont perdu le contrôle
de leur comportement alimentaire, il faut les hospitaliser. Première étape : les
encourager à manger, les aider à contrôler leurs comportements autodestructeurs, leur
faire reprendre du poids peu à peu. Seul un milieu strict, encadré et piloté par un
personnel qualifié, peut laisser espérer de bons résultats. Dans la famille, malgré les
meilleures intentions du monde, les affects interfèrent. Peu à peu, quelques
repas plus tard, la confiance s’installera entre la thérapeute et la patiente.
L’anorexique remettre enfin le contrôle de son alimentation entre les mains
d’une personne avec qui elle aura développé un lien de confiance. Elle
parlera enfin de sa crainte de grossir.
Comment expliquer ce changement de cap?
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
Les désordres alimentaires
Anorexie et Boulimie
Peur et anxiété s’atténuent dès que la personne reprend des forces. Il faut bien
comprendre que l’anxiété est un puissant symptôme qu’amplifie la sous-alimentation : la
famine neutralise en effet le fonctionnement normal du cerveau, et celui-ci s’emprisonne
en quelque sorte dans une « logique »… illogique, sous l’emprise de la peur et de l’anxiété.
Plus l’anorexique prive son corps et plus la boulimique se gave, plus elles courent le risque
de rester emprisonnées dans le cercle vicieux de la malnutrition : voilà l’une des clés du
traitement. On a longtemps cru que toute une série de symptômes émotionnels –
dépression, irritabilité, anxiété et sautes d’humeur – et de symptômes physiques – maux de
tête, fatigue, perte des cheveux, troubles visuels et auditifs, besoin réduit de dormir,
baisse de la température corporelle et des battements cardiaques, apparition d’un duvet
parce que le corps a froid – découlaient directement de l’anorexie et de la boulimie.
Erreur! Il s’agit là tout simplement des symptômes de la famine.
Il y a quelques années, 36 jeunes et vigoureux volontaires américains en bonne
santé, en ont fait la preuve. Soumis à un régime sévère les privant durant 24 semaines de
la moitié de leurs calories habituelles, les voilà complètement obsédés par la nourriture,
devenue au fil des jours leur principal sujet de conversation et de lecture. À des degrés
divers, ils ont tous souffert de la faim, et tous les symptômes décrits plus haut sont apparus.
Les volontaires se sont refermés sur eux-mêmes, ont perdu leur sens de l’humour et leurs
capacités intellectuelles. La famine les avait profondément transformés. Avertissement
formel, donc : les causes reconnues jusqu’à maintenant des désordres alimentaires ne sont
en fait que les effets redoutables d’une alimentation déficiente.
Comment aider Marie?
arie, 17 ans, souffre depuis 2 ans d’anorexie accompagnée de crises de
M
boulimie. Quand tout va bien dans sa vie, elle ingurgite deux raisins pour déjeuner, une
pomme pour dîner, un verre de lait et deux carottes pour souper. Elle se sent légère, au
meilleur de sa forme, et toute sa famille constate sa bonne humeur. Cette situation se
maintient deux ou trois jours, voire quelques semaines. Puis quelque chose soudain se
détraque. Un rien, une contrariété, deux ou trois fautes dans une dictée ou son copain qui
annule un rendez-vous… Marie saute alors sur la nourriture et avale tout ce qui lui tombe
sous la main, mange à s’éclater, puis court dans la douche pour se faire vomir sous l’eau,
afin que sa famille ne s’aperçoive de rien. Ou elle avale une boîte complète de laxatifs.
Pourtant, Marie connaît très bien les vertus des aliments, autant
qu’une diététiste qualifiée! Elle connaît surtout tous les secrets des
calories… Elle sait où se cachent les gras, où découvrir les vitamines et les
minéraux, combien de fibres et de protéines il faut consommer chaque
jour. Mais quand vient le moment de choisir entre digérer un repas ou le
vomir, la phobie de grossir l’emporte sur la raison. Marie, en fait, est
obsédée par la minceur et par les calories. Son entourage lui répète à
satiété qu’elle est maigre. « Mais quand je me regarde dans le miroir, je
me vois grosse comme un éléphant », confie-t-elle à sa meilleure amie.
Ses proches s’inquiètent. Sa mère vit un cauchemar : sa petite fille est en
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
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train de « se suicider ». Elle perd ses cheveux. Ses dents se déchaussent. Elle a des
faiblesses et manque parfois de perdre connaissance. Elle nie évidemment toutes ces
choses, et surtout le fait qu’elle met sa vie en danger.
Les adolescentes vivant au présent, elles nient les conséquences parfois
irréversibles d’un désordre alimentaire sur leur santé future. Cœur, reins, estomac,
intestins et ossature peuvent en effet leur donner du fil à retordre pour le restant de leur
vie.
Le plus difficile, c’est de reconnaître le mal. « On n’admet pas volontiers que son
enfant souffre d’une maladie mentale, dira la mère de Marie. C’est tabou. On se sent
terriblement coupable et on ne sait pas comment aborder la question. » Les experts
recommandent à la famille d’adopter une attitude ouverte et honnête, sans oublier pour
autant qu’il y a une limite à ce qu’elle peut faire. Il ne faut surtout pas avoir peur de dire à
son enfant qu’on s’inquiète pour sa santé et qu’on aimerait l’aider. En exprimant sa colère,
sa frustration, son impuissance et sa peur, le parent accorde implicitement à l’enfant
malade la permission de vivre ses propres émotions.
Les membres de la famille ont cependant des questions à se poser sur leurs propres
comportements alimentaires. Tenter la jeune fille anorexique avec ses mets préférés, la
forcer à manger ou parler continuellement de nourriture ou de poids, voilà autant de
comportements nuisibles. Les proches doivent souvent s’engager à fond dans une thérapie
familiale ou conjugale. Reste qu’ils ont de la difficulté à admettre leur part de
responsabilité… « Si vous accordez beaucoup d’importance à votre corps, à votre poids, à
la minceur et aux régimes que vous suivez, ne soyez pas étonné que la personne
anorexique ou boulimique ne change pas ses propres opinions sur son corps et son idéal
de minceur », soutient Dorita Shemie, directrice de la Fondation de l’anorexie nerveuse et
de la boulimie du Québec.
Réagir rapidement : Essentiel!
outes les adolescentes surveillent plus ou moins leur poids, mais toutes ne deviendront
T
pas anorexiques. La candidate à cette maladie présente déjà des signes inquiétants : elle
ne se laisse plus servir à table par ses parents, s’octroie – elle-même – de minuscules
portions, trouves toutes sortes d’excuses pour se défiler rapidement et couper court à son
repas ou carrément le sauter (trop fatiguée, trop d’étude, pas le temps, ne se sent pas
bien, mal à la tête, etc.). Plus le temps passe, moins elle mange, et plus elle maigrit. Par
ailleurs, elle n’est plus menstruée depuis quelques mois. On ne sait pas encore qu’elle
souffre de malnutrition. Difficile d’y voir clair car elle ne parle pas volontiers de son
attitude devant la nourriture et ne veut pas entendre parler de sa maladie.
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
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Anorexie et Boulimie
Faire admettre à sa patiente qu’elle souffre de trouble alimentaire, voilà l’un des
principaux défis du médecin soignant. Il faut encore qu’il soit consulté sans délai, dès
qu’apparaît un doute sérieux : c’est la seule façon de prévenir la chronicité de la maladie
et d’augmenter les chances de réussite du traitement. Malheureusement, la plupart des
omnipraticiens ne savent que faire avec une patiente anorexique ou boulimique. Leur
premier réflexe sera de l’envoyer dans une clinique spécialisée, où elle ne fera que
s’inscrire en bas d’une longue liste d’attente. Avant que ne débute le traitement, la
patiente sera laissée à elle-même. « Or, la meilleure façon de soigner ces maladies, de
prévenir la chronicité, c’est de les prendre dès le début », soutient le Dr Jean Wilkins,
pédiatre à Sainte-Justine, spécialisé en troubles alimentaires.
Les symptômes de l’Anorexie…
l’Anorexie…
anorexique se recrute dans les rangs des perfectionnistes. Ses
L‘adolescente
objectifs dans la vie se révèlent trop souvent déraisonnables, voire impossibles à
réaliser, et ne sont par conséquent jamais atteints. Quant à son désir de peser 36
kilos, il est – malheureusement! – parfaitement réalisable. Son pèse-personne lui
dira bientôt : mission accomplie.
De plus, la façon de penser de nuances : tout est noir ou blanc. Les
spécialistes estiment qu’elle a peur de vieillir, peur de vivre une sexualité
conforme à celle des personnes de son âge, peur de l’indépendance. « C’est un
peu comme de vouloir arrêter le temps, avant de plonger dans la vie adulte qui
exige performance, efficacité, succès », rappelle Hélène Gauthier. En quête
d’elle-même, de son identité, l’anorexique cherche à répondre parfaitement à ce
que veulent ses parents. Le traitement l’amènera à construire sa personnalité, à se
détacher doucement des parents, à combler le vide qui ne manque pas de surgir
quand le comportement anorexique cesse de lui servir de masque.
… Et de la Boulimie
a boulimique, elle aussi, souffre d’une peur intense de devenir obèse si elle adopte un
L
comportement alimentaire normal. Les formes de son corps – et jusqu’à sa vie elle-même
– lui déplaisent. Il lui arrive de manger hors de tout contrôle, d’ingurgiter des milliers de
calories d’un seul coup. Après, survient l’opération remords : elle se purge, jeûne ou fait
de l’exercice de façon compulsive pour se débarrasser des intruses… Ces comportements
jouent sur son humeur. Cette personne pourrait bien être assaillie de pensées suicidaires,
et passera parfois aux actes. Son poids varie sans cesse, mais elle ne deviendra jamais
maigre comme l’anorexique. La boulimique est presque toujours sous l’emprise d’un
régime sévère, mais elle perd souvent le contrôle, surtout en soirée, et en profite pour se
gaver.
L’abus sexuel fait aussi partie du portrait clinique d’environ 50% des boulimiques,
soutient Agnès Hack, médecin à la clinique des troubles alimentaires de l’Hôpital Douglas.
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
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Anorexie et Boulimie
« Nous ne prétendons pas que c’est LE
facteur déclenchant pour toutes les femmes, mais
ce l’est pour plusieurs d’entre elles. Inceste,
agression ou abus sexuel de quelque nature que ce
soit laissent des marques dans l’estime – déjà fragile
– que se porte la boulimique. Plusieurs ressentent
un grand sentiment de culpabilité et estiment,
surtout quand elles sont jeunes, qu’elles ont été
agressées par leur faute. La boulimie devient une
sorte d’autopunition. »
Danièle Le Blond, ergothérapeute en
psychiatrie à l’Hôpital Notre-Dame, refuse pour sa
part de chiffrer le nombre de cas d’abus sexuels.
« Mais j’observe dans le cadre de mon travail que
plusieurs anorexiques et boulimiques ont souvent
grandi dans un climat malsain, surtout dans la relation avec le père. On peut parler
d’inceste latent plutôt que réel, de situations équivoques, sans passage réel à l’acte. »
Le Dr Leichner, psychiatre et ex-directeur de la clinique des troubles alimentaires à
l’hôpital Douglas, estime que les anorexiques ont des tendances compulsives
obsessionnelles tandis que les boulimiques souffrent davantage de troubles de la
personnalité, contrôlent mal leurs impulsions, éprouvent un sentiment de vide émotionnel
et sont facilement frustrées et moroses. Si les boulimiques demandent plus facilement de
l’aide que les anorexiques, il n’en reste pas moins que leur faible estime d’elles-mêmes et
la honte qui les paralyse font qu’elles remettent toujours leur décision… au lendemain.
En pleine contradiction
n tentant de contrôler leur corps, anorexiques et boulimiques pensent avoir leur vie
E
bien en main. Mais ce besoin d’établir un tel contrôle dévoile plutôt l’absence de tout
contrôle. C’est ce que soutient Catrina Brown, thérapeute à la clinique des troubles
alimentaires de l’hôpital général de Toronto. Selon elle, la vie de nombre de femmes
oscille entre deux cycles : en contrôle et hors contrôle. Quand elles suivent une diète,
elles maîtrisent la situation et se sentent bien; quand elles n’en suivent pas, c’est l’anarchie
et elles se sentent mal. En fait, il s’agit là d’un drame intérieur perpétuel.
« Contrôler son corps devient pour la femme un substitut précaire au
contrôle réel de sa vie, soutient Catrina Brown. Tout thérapeute, pour réussir son
traitement, doit comprendre cette notion clé de pouvoir et éviter d’imposer son
propre contrôle à sa patiente. Le but de la démarche – retrouver une estime de
soi qui ne passe pas par la nourriture et le contrôle du poids – doit être consenti
par la patiente et les étapes décidées conjointement avec le thérapeute. La
victime d’un désordre alimentaire doit se sentir à la fois en terrain sûr et stimulée
par des défis. »
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
Les désordres alimentaires
Anorexie et Boulimie
« Les femmes parlent avec leur corps, soutient pour sa part l’Américaine Susie
Orbach. Pour plusieurs d’entre elles, le corps reste le lieu où s’expriment les déceptions de
leur existence, l’arène où se disputent leurs luttes. Plutôt que de changer leur vraie vie et
de s’attaquer aux vrais problèmes, elles tentent de transformer leur corps. » Anorexie et
boulimie sont en fait des protestations voilées, un message que l’entourage n’entend pas
toujours…
S’en sortir?
outes, malheureusement, ne quitteront pas leur prison alimentaire. Grosso modo, un
T
tiers des personnes atteintes reprendra pour toujours une vie normale; un second tiers fera
des rechutes, c’est-à-dire qu’anorexie et boulimie resteront leur façon à elles d’exprimer
leur détresse durant certains moments difficiles de leur existence; en ce qui concerne le
dernier tiers, elles resteront les cas chroniques et, parmi elles, jusqu’à 15% mourront des
suites de la malnutrition. Dans tous les cas : une situation à prendre au sérieux, et vite.
Vomir et Abuser des Laxatifs : Danger!!!
La boulimique qui vient de manger à se défoncer et l’anorexique qui a succombé à
une rage d’aliments se retrouvent toutes deux aux prises avec la culpabilité. Il faut
évacuer à tout prix les effets de cette orgie alimentaire qui, estiment-elles, risque de
laisser d’abominables kilos! Leur arsenal : s’enfoncer les doigts dans la gorge pour vomir,
ou encore avaler une boîte complète de laxatifs.
Bien qu’elles semblent à première vue sans conséquence, ces méthodes
expéditives restent très dangereuses. C’est qu’elles font perdre à l’organisme beaucoup
d’eau et de minéraux (potassium, sodium et chlorures) essentiels à certaines fonctions
organiques, dont le transport de l’influx nerveux. Ce qui peut arriver : non seulement de
graves hémorragies en vomissant, mais encore fatigue, constipation, arythmie ou arrêt
cardiaque, fonctionnement des reins et du cerveau perturbé, spasmes musculaires,
détérioration de l’émail des dents, rétention d’eau, émotions en dents de scie et cycle
menstruel irrégulier.
En plus d’être dangereux, ces moyens restent totalement inefficaces, soutient
Danielle Bourque, dans son ouvrage À dix kilos du bonheur. L’organisme assimile très vite
les calories dans le processus digestion. Le temps d’aller se faire vomir, le corps a souvent
emmagasiné davantage de calories que si l’on avait mangé normalement durant la
journée. Le laxatif, pour sa part, ne fait que vider très vite le gros intestin, mais trop tard,
car tout a déjà été assimilé par l’organisme. Le purgatif ne fait que laisser une sensation de
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993
Les désordres alimentaires
Anorexie et Boulimie
vide, ce vide qu’aiment bien l’anorexique et la boulimique, ayant appris à l’associer à la
minceur.
Les Lumières de L’analyse
Pour la psychanalyse, l’aliment demeure le langage le plus expressif qui soit.
Toutes les cultures, en regard de l’alimentation, ont leurs particularités biologiques (pas
les mêmes aliments), morales (on ne s’alimente pas pour les mêmes raisons) et sociales (on
ne s’alimente pas de la même manière). Chaque société voit donc son alimentation régie
par des règles très strictes qui soudent en quelque sorte les individus entre eux. Entrer en
conflit avec l’une ou l’autre des ces règles, de quelque manière que ce soit, peut conduire
au désordre alimentaire.
L’alimentation étant au centre de la vie et la table au centre de la famille, c’est
donc le lieu « où ça se passe ». Autant il peut y régner harmonie, échange et équilibre,
autant peuvent y éclater les conflits et s’y déchaîner les passions. Jour après jour, la table
devient donc le lieu d’un rêve ou… d’un drame. Cette deuxième éventualité, elle aussi,
entraîne parfois le désordre alimentaire
par Guy Sabourin
Santé-Juin 1993

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