Quand nourriture rime avec obsession... - Eki-Lib

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Troubles alimentaires
Quand nourriture rime avec obsession…
Anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique, les troubles alimentaires
ont en commun une obsession démesurée de la nourriture et du
poids, un déséquilibre qui prend racine dans le mal de vivre de
milliers de Québécois de tous les âges.
Saviez-vous qu’une large proportion des anorexiques ne sont pas des adolescentes, mais
ont plutôt entre 25 et 30 ans ? Saviez-vous que l’anorexie touche également un bon
nombre de femmes de plus de 50 ou 60 ans et que certaines en meurent ? Qu’environ 2 %
des Québécoises, tous âges confondus, souffrent de boulimie ? Connaissez-vous
l’hyperphagie boulimique, un problème qui touche environ 8 % de la population ?
Saviez-vous que si l’on compte 10 à 15 femmes pour 1 homme dans le cas de l’anorexie
et de la boulimie, on compte 3 femmes pour 2 hommes dans les cas d’hyperphagie
boulimique ? Et que ce problème, en particulier chez les hommes, survient souvent après
la quarantaine ou la cinquantaine ?
Étonnant, n’est-ce pas ? De fait, les troubles spécifiques de l’alimentation, tels que
nommés par les scientifiques, sont méconnus du grand public et la plupart des gens
croient qu’ils se limitent à la maigreur spectaculaire des adolescentes anorexiques.
Pourtant, l’obsession démesurée de la nourriture et du poids prend d’autres visages tout
aussi ravageurs pour l’équilibre et la santé de ceux qui en souffrent. Selon les experts, si
l’on combine les cas diagnostiqués répondant aux critères cliniques et que l’on y ajoute
tous les cas de personnes présentant des tendances à cette obsession, les troubles de
l’alimentation touchent directement ou indirectement 10 % des 12 à 30 ans et presque
tout autant pour le reste de la population adulte.
Trois visages, une même obsession
Qu’elles soient anorexiques, boulimiques ou hyperphagiques, les victimes des troubles
alimentaires ont en commun une obsession maladive pour la nourriture et leur poids.
« Elles parlent sans cesse de nourriture, y pensent constamment, organisent leur vie
autour de la nourriture et de leur poids, explique Tania Lemoyne, directrice de BACA,
une clinique privée de traitements des troubles alimentaires. Cette obsession finit par
contrôler leur vie.
Pour les victimes de troubles alimentaires, les aliments on un caractère interdit, nocif, ils
provoquent la répulsion ou la culpabilité. Les privations conduisent à des excès, des
fluctuations de poids et des problèmes de santé. « L’approche en diététique est d’ailleurs
la même dans tout les cas, explique Audrey Brassard, diététiste spécialisée en anorexie et
boulimie au CHUL à Québec. Il faut couper tous les interdits, réintroduire et réhabiliter
tous les aliments, leur redonner leur valeur nutritive, mais aussi leur valeur de plaisir.
Aucune diète au programme même lorsqu’il s’agit d’hyperphagie. Pas question de
compter les calories ou de mesurer des portions avec des gens qui sont déjà obsédés par
la nourriture et leur poids. Il faut dédramatiser et surtout faire une rééducation
alimentaire.
Autres points en commun des troubles alimentaires : un profil psychologique
prédisposant, qui varie d’un type de trouble à l’autre, un mal de vivre qui varie selon les
individus, des déclencheurs (transitions, traumatismes) et, sans aucun doute, une
influence sociale. Car il faut bien le reconnaître, la minceur, les régimes et les aliments
sont les vedettes de la pub et des médias. Finalement, le problème s’accompagne souvent
d’une faible estime de soi.
Quelque part dans le cerveau
Les chercheurs croient qu’en plus de ces composantes psychosociales, un dérèglement
biochimique dans le cerveau pourrait être l’un des facteurs des comportements
boulimiques. Les experts tentent de cerner avec précision la relation entre les niveaux de
sérotonine, une substance sécrétée dans le cerveau responsable notamment des sensations
de faim et de plaisir, et les comportements boulimiques. « Nous croyons que la boulimie
et l’hyperphagie boulimique sont dues à trois types de facteurs, isolés ou combinés,
explique le Dr. Howard Steiger, directeur du programme des troubles de l’alimentation de
l’hôpital Douglas. Tout d’abord, des facteurs génétiques, qui influencent le niveau de
sérotonine dans le cerveau. Deuxièmement, les régimes, car les privations alimentaires
abaissent le niveau de sérotonine; or, un taux de sérotonine trop bas perturbe les facultés
de contrôle. Finalement, des stresseurs (abus sexuels, divorce des parents, etc.) qui
surviennent pendant le développement de l’enfant. »
On utilise donc de plus en plus souvent des médicaments qui augmentent l’activité de la
sérotonine pour traiter les cas de boulimie. Cette approche, combinée à une
psychothérapie et à une rééducation nutritionnelle, semble donner de bons résultats.
L’anorexie
L’anorexique typique est une personne plutôt introvertie et perfectionniste, elle exerce
une constante maîtrise de soi, elle est ordonnée, tente de répondre aux attentes de son
entourage, elle aime la stabilité et aime contrôler son environnement. Elle s’adapte
difficilement à l’imprévu et aux changements. C’est souvent une performante très
exigeante envers elle-même.
L’anorexie se caractérise par une obsession de maintenir son poids sous le poids normal.
Et cette peur de grossir se maintient même lorsque la patiente est très maigre. Dans
certains cas, la perception du corps et du poids est déformée. L’amaigrissement est tel
que dans bien des cas, le cycle menstruel est interrompu et, dans les cas extrêmes,
l’anorexie peut entraîner la mort.
Il existe deux types d’anorexie : l’anorexie restrictive, qui n’inclut pas d’épisodes
boulimiques et consiste essentiellement à se priver de nourriture et à se faire maigrir, la
patiente niant la gravité de son état et son poids anormal, et l’anorexie/boulimie, où les
périodes de restrictions sévères sont entrecoupées par des crises boulimiques (purges,
vomissements, exercices violents, etc.).
Le traitement consiste en une intervention médicale et diététique pour réintroduire le
poids ainsi qu’en une psychothérapie individuelle ou de groupe. Selon les cas, le
traitement peut durer quelques mois ou des années. « Les femmes de plus de 40 ans qui
sont aux prises avec l’anorexie ont souvent plus de facilité à identifier le problème et à
s’en sortir. Elles ont plus de facilité à communiquer que les plus jeunes et sont plus
conscientes des dangers pour leur santé », soutient la psychologue Julie Pelletier.
La boulimie
Impulsivité, tendance à la dramatisation des événements et des émotions, prédilection
pour les sensations fortes, caractère instable, voilà en gros le profil psychologique type
des boulimiques.
Ce trouble alimentaire se caractérise par ce que les experts appellent les épisodes
boulimiques qui se déroulent en deux temps. D’abord une crise alimentaire. La personne
ingurgite une quantité astronomique de nourriture dans un laps de temps très court (moins
de deux heures) et est convaincue d’avoir perdu le contrôle sur la quantité et la qualité
des aliments qu’elle ingurgite. Deuxième phase : l’action de compensation.
Vomissements, laxatifs, diurétiques, lavements, exercices à outrance, jeûne, la
boulimique veut éliminer ce qu’elle a mangé et se punir de sa perte de contrôle.
La plupart des boulimiques maintiennent un poids relativement normal, mais nuisent
souvent à leur santé et, dans bien des cas, les mécanismes de contrôle finissent par
s’éroder, la boulimique renonce alors aux purges, mais continue ses excès alimentaires.
L’hyperphagie boulimique
Les gens qui développent de l’hyperphagie boulimique ont un profil psychologique
semblable à celui du boulimique. Mais cette fois, ni purge ni vomissement. Les
hyperphagies sont souvent sédentaires, mangent beaucoup sur une base régulière, en plus
de crises alimentaires. Le gain de poids est souvent rapide et le phénomène touche
particulièrement les hommes dans la quarantaine et plus.
« Il ne faut pas croire que l’hyperphagie n’est pas obsédé par son poids corporel, souligne
Audrey Brassard. Au contraire, une seule déviation aux règles d’un régime qu’il comptait
s’imposer suffit à anéantir les efforts prévus pour la journée. Il se punit, se décourage et
mange encore plus. Il se perçoit comme une personne sans volonté et sans contrôle et a
un rapport complètement déformé avec la nourriture. Il se sent constamment coupable et
en échec. »
Attention de ne pas confondre l’hyperphagie boulimique avec les comportements
alimentaires des obèses en général. « Le profil obsessionnel, l’impulsivité et l’instabilité
qui caractérisent les boulimiques et les hyperphagiques ne se retrouvent pas chez les
autres personnes qui font de l’embonpoint », souligne le Dr. Steiger. Toutefois, on estime
que 30 % des personnes qui ont un surplus de poids sont hyperphagiques.
Ménopausées et anorexiques ?
Un peu moins de 1 % des femmes de 45, 50 voire 60 ou 70 ans, souffrent d’anorexie. La
boulimie et l’hyperphagie boulimique touchent aussi beaucoup de personnes (8 %) de
plus de 40 ans. Certaines d’entre elles ont ce problème depuis des années, d’autres le
développent à la ménopause ou au moment de la retraite.
Selon le Dr. Steiger, ces troubles sont souvent associés à une difficulté à vivre des
périodes transitoires de la vie. « Chez les adolescentes, cela peut être le passage à l’âge
adulte; chez les plus âgées, la retraite, la ménopause, le départ des enfants peuvent parfois
conduire à une telle réaction. »
Autre déclencheur chez les plus de 40 ans : le choc post-traumatique après un divorce, la
mort d’un conjoint, une maladie, une dépression. « L’individu utilise alors la nourriture et
son poids comme un élément de contrôle. Ce contrôle devient obsessionnel », explique
Tania Lemoyne.
Et puis, il y a tous ceux qui, toute leur vie, ont tenté de contrôler leur poids avec des
régimes à répétition et dont les mécanismes de contrôle finissent par s’éroder. Dans
certains cas, cela aboutit à une hyperphagie boulimique.
Selon certains experts, les troubles de l’alimentation seraient en hausse dans ce groupe
d’âge. En 2004, l’Association québécoise d’aide aux personnes souffrant d’anorexie ou
de boulimie (ANEB) a même dû mettre sur pied un groupe d’entraide réservé aux 55 ans
et plus pour répondre à la demande croissante. Pour Julie Pelletier, psychologue, il ne
faut pas s’étonner de voir le nombre de cas augmenter chez les plus de 40 ans : « Le culte
de la minceur et de l’éternelle jeunesse est très répandu chez les baby-boomers. Les 50 ou
60 ans d’aujourd’hui sont sur le marché du travail, en compétition avec des plus jeunes;
chez certains, la tentation de rester dans le coup en restant mince peut devenir
obsessionnelle. »
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