l`education au mexique: politiques et actions du nouveau

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l`education au mexique: politiques et actions du nouveau
L’EDUCATION AU MEXIQUE: POLITIQUES ET ACTIONS
DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
Edith Chehaybar y Kuri
Centro de Estudios Sobre la Universidad-UNAM
Martín Reséndiz García
Organización de Estados Iberoamericanos
Bureau Régional du Mexique
Le Mexique vit aujourd’hui un des changements politiques les plus attendus, au moins
depuis les années soixante, par plusieurs générations, un changement soudain qui concerne les
différentes structures de la société. Il est évident que nous nous trouvons aujourd’hui face à une
étape de la vie politique, économique et sociale dont nous commençons à sentir les conséquences.
La défaite du Parti Révolutionnaire Institutionnel (Partido Revolucionario Institutional,
PRI), au pouvoir pendant plus de soixante-dix ans, et la perte de la majorité absolue à la Chambre
des Députés lors des dernières élections fédérales représentent un événement qui marque une
nouvelle étape dans le long chemin vers l’alternance démocratique du pouvoir politique mexicain,
aujourd’hui dans les mains du Parti Action Nationale (Partido Acción Nacional, PAN).
Contrairement à d’autres cas d’alternance qui ont eu lieu dans notre pays, celle-ci s’est faite
de façon pacifique et dans une atmosphère de stabilité politique apparente qui a rendu possible
l’arrivée au pouvoir d’un parti d’opposition. Mais cette “transition démocratique” est aujourd’hui
contestée, car au lieu d’un vrai changement structurel, les Mexicains avons l’impression d’avoir
assisté à une substitution du parti au pouvoir. N’importe quelle transition réelle devrait impliquer
l’abandon total des pouvoirs liés au contrôle du processus politique, abandon qui n’a pas eu lieu
dans notre pays, ce qui a entraîné une absence de pouvoir réel dont les conséquences ont jusqu’à
présent été défavorables pour l’actuel gouvernement. Reste à voir si le système démocratique
améliorera les conditions de vie des Mexicains.
Pour certains observateurs critiques, ce qui a lieu dans le cadre de cette transition est un
changement de forme plus que de contenu, bien que tous les moyens furent bon pendant trois ans
pour sataniser le PRI et vendre aux jeunes, au départ peu intéressés par la politique, l’idée d’un
besoin urgent et de la possibilité de changer les règles du pouvoir politique afin de créer un décor où
se multiplieraient pour eux les opportunités de mobilité sociale, d’éducation et d’emploi.
Le changement de parti au pouvoir, qui semble, à l’origine, établir un nouveau régime,
prétend représenter une rupture face à l’ancien système politique mexicain; il continue cependant
dans la lignée du modèle néolibéral qu’imposent les intérêts du capital transnational. Devant une
telle situation, nous nous posons les questions suivantes:
· Que faut-il attendre de ce gouvernement dans le domaine de l’éducation?
· Quelle sera l’orientation des politiques éducatives du gouvernement actuel?
· S’agira-t-il de continuer dans la lignée du gouvernement antérieur?
Dans le courant des dernières décennies du XXe siècle, le monde a vécu sous la tutelle de la
politique et de l’idéologie néolibérale. Les dégâts causés au sein de la classe moyenne et des classes
défavorisées par cette idéologie et les façons de gouverner qu’elle implique ont été reconnus même
par ceux qui en ont été les bénéficiaires. Mais malgré cette reconnaissance de la part du
gouvernement des effets pervers de cette idéologie et de la possibilité sous-jacente de continuer à en
souffrir, l’équipe au pouvoir a trouvé le moyen d’appliquer à nouveau les directives néolibérales
tout en en changeant le nom, affirmant que son but principal est de favoriser une politique
“humanitaire”, un “néolibéralisme social”, une “troisième voie”. En tout cas, l’équipe
gouvernementale au pouvoir soutient, sans le moindre fondement scientifique, que les effets
contraires du néolibéralisme sont provisoires et qu’ils dépendent de mesures bien calculées qui
permettront à long terme de résoudre les problèmes des masses appauvries (González Casanova
2000).
C’est bien là la réalité que nous avons sous les yeux, même si le président actuel Vicente
Fox ne se lasse d’affirmer que “el neoliberalismo representa una esperanza inútil que no permite
que el desarrollo llegue abajo a la población” (“le néolibéralisme représente un espoir inutile qui
empêche que le développement atteigne le bas de la pyramide”), et “que [el neoliberalismo] es
como una gota que tarda demasiado en caer, y a veces ni eso sucede” (qu’il est “comme une goutte
qui met trop de temps pour tomber, et parfois ne tombe même pas”) (La Jornada 02/03/2000). Mais
contrairement à ce qu’il semble penser des mesures néolibérales, les politiques économiques,
sociales et éducatives rendues publiques montrent une continuation évidente du modèle néolibéral
que le Mexique connaît depuis plus de vingt ans.
Nous repasserons ici quelques-unes des propositions faites par le gouvernement dans le
domaine de l’éducation. Par exemple, en ce qui concerne le programme de bourses d’études, une
des solutions proposées est le Programme National des Bourses (Programa Nacional de Becas,
Pronabes), dont le but principal est d’aider les étudiants les plus pauvres qui vivent dans les régions
rurales, suburbaines ou à haute densité de population indigène et qui sont, dès lors, fortement
marginalisés, en leur offrant de faire des études dans l’enseignement secondaire supérieur technique
ou dans des universités publiques qui proposent la formation de “técnico superior universitario”
(“technicien supérieur universitaire”) ou de “profesional asociado” (“professionnel adjoint”), ou
d’études universitaires de deuxième cycle. Les ressources dont dispose ce programme sont
financées par le gouvernement fédéral.
L’autre modalité de financement est le Fonds National des Bourses (Fondo Nacional de
Becas, Fonabes), encouragé par le secteur privé moyennant un fidéicommis administré par le
patronat qui inclut, entre autres, des fonds versés par le gouvernement fédéral. L’essence de ce
programme consiste non pas dans le fait d’octroyer des bourses, mais dans la distribution de crédits
destinés à financer les études d’élèves de l’enseignement supérieur dans les universités privées ou
publiques; bien que ce programme n’ait au départ pour but d’aider les étudiants qui se trouvent dans
des conditions économiques précaires mais plutôt de financer aux étudiants les frais scolaires et
d’entretien, le gouvernement a fait comprendre clairement qu’il donnera la priorité aux “études dont
le pays a le plus besoin”.
Le but premier des deux programmes que nous venons de mentionner est, bien évidemment,
d’augmenter le nombre d’inscrits dans l’enseignement moyen supérieur et supérieur. Les
orientations sont cependant bien différentes: le Fonabes sous-entend que les aides économiques
allouées aux étudiants sont dues et que leur paiement se réalisera, de façon différée, en espèces ou
en nature; ceci entraîne que, dans le but d’assurer l’investissement du patronat et d’éviter les
risques, ce genre de crédit sera rarement alloué à des jeunes dont la situation économique précaire
pourrait faire des candidats à l’abandon. En outre, face au fait que les deniers publics puissent être
destinés aussi bien à des institutions éducatives publiques que privées, notre réaction est qu’il est
injuste d’octroyer les mêmes subsides dans des conditions inégales, puisque les ressources
publiques doivent être distribuées à la communauté qui en a le plus besoin, comme par exemple les
classes populaires et la classe moyenne.
Selon l’idéologie néolibérale, la décentralisation de l’éducation publique et le fait de
favoriser la concurrence entre les écoles publiques et privées ne peut être que bénéfique pour
optimaliser l’enseignement, mesure qui a été adoptée dans de nombreux pays face au défi de
garantir une éducation publique de qualité. Au Mexique, nous considérons que ce système de
bourses proposé par le gouvernement est le point de départ d’un modèle qui dans d’autres pays
reçoit le nom de voucher ou “bono para la educación” (“crédit éducatif”).
Des experts en éducation familiarisés avec ce système ont jugé que le voucher éducatif n’a
donné, du point de vue pédagogique, que des résultats négatifs dans tous les pays où il a été
implanté de façon expérimentale. Dans plusieurs villes des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et du
Chili, ils affirment que “[...] el sistema ha servido sólo para favorecer a familias con recursos que ya
tenían posibilidades para enviar a sus hijos en escuelas privadas, además de reducir los recursos
para escuelas públicas” (“outre le fait de réduire les subsides alloués aux écoles publiques, le
système n’a été utile que pour les familles disposant de revenus qui leur permettaient déjà
d’envoyer leurs enfants dans des écoles privées”) (Fonseca 2000). D’autant plus que le voucher
n’est pas en soi une nouvelle possibilité de choix pour les familles à faibles revenus, qui finissent
par “choisir” l’école la plus proche.
En plus des inconvénients mis en exergue plus haut, ce système présente l’effet pervers de
libérer l’Etat de sa responsabilité de garantir une éducation publique de qualité et de réduire la
marge de contrôle que les autorités éducatives possèdent sur les programmes d’études; en effet, il
rendrait possible que chaque école adopte les mesures qu’elle juge opportunes pour augmenter le
nombre d’inscriptions.
Il est paradoxal que dans la plupart des endroits où ce système soit-disant bénéfique a été
instauré les résultats ont été durement critiqués par les spécialistes en éducation, et qu’en plus il ait
causé un véritable chaos administratif, étant donné les mesures complexes qui doivent être prises
dans le but d’éviter l’écueil de la corruption dans la gestion de ce modèle de financement.
L’étude de Harry Anthony intitulée Descentralización de la educación: financiamiento
basado en la demanda (La décentralisation de l’éducation: le financement basé sur la demande) et
publiée par la Banque Mondiale montre que les résultats obtenus lors de l’installation de variantes
d’un système par lequel les gouvernements encouragent la concurrence entre les écoles dans
plusieurs pays --comme par exemple un système de bourses au Bengladesh, un financement
communautaire au Chad, des subventions spécifiques en Chine et au Mexique, le “coupon éducatif”
en Colombie, des aides aux écoles privées qui acceptaient des étudiants défavorisés en République
Dominicaine et au Pakistan, et des crédits en Jamaïque-- fluctuent énormément et que la réussite est
toujours liée à la participation à parts égales des parents, des autorités éducatives, des professeurs et
du secteur privé. Elle dépend aussi d’une impeccable transparence dans le transfert et la gestion des
fonds.
L’avis donné par les spécialistes est cependant que le financement gouvernemental basé sur
la demande “no benefició por igual a todos los miembros de la sociedad, y no hubo ventaja alguna,
especialmente para los indígenas, minorías étnicas, niñas y los pobres en general” (“n’a pas apporté
les mêmes bénéfices pour tous les membres de la société, et l’on ne décèle aucun avantage pour les
indigènes, les minorités ethniques, les filles et les plus démunis en général”) (Patrinos 2000).
Quant à l’éducation supérieure, la création de trois nouvelles universités a été annoncée,
dans le “Couloir Lerdo” de l’Etat de Mexico, à Matamoros, Tamaulipas et à Tepic, Nayarit, endroit
où sont concentrées la plupart des usines de sous-traitance, ainsi que la création de deux nouvelles
institutions d’éducation supérieure: l’Universidad del Valle de Ecatepec (Université de la Vallée
d’Ecatepec, dans la banlieue de Mexico) et l’Universidad del Caribe (Université des Caraïbes), à
Cancun, Quintana Roo. Ces dernières montreront un profil différent en accord avec les besoins du
secteur productif de la région dans laquelle elles seront créées: l’Université des Caraïbes présentera
une orientation vers le secteur tertiaire (les services), alors que celle d’Ecatepec s’adressera aussi
bien au secteur tertiaire qu’au secondaire (l’industrie).
Et c’est que l’on distingue au travers du discours gouvernemental et de l’implantation de ces
mesures une volonté explicite d’accorder la priorité à des institutions et des études technologiques
et administratives orientées vers le secteur des services; sans montrer aucun intérêt apparent pour la
production du savoir, le projet éducatif envisage une adaptation totale des programmes et des
contenus des institutions technologiques d’éducation secondaire supérieure et supérieure au marché
du travail.
Cette situation, où la préservation et la défense des connaissances scientifiques et humaines
ont été jetées aux oubliettes, mène indubitablement vers un état de crise de la formation dans les
domaines des sciences et des humanités; à ce propos, un groupe de chercheurs de l’UNAM a attiré
l’attention sur le fait que négliger le savoir confinera le Mexique dans un rôle de perpétuelle soustraitance qui l’obligera à se contenter de monter des produits préfabriqués; de même, si le pays
cesse de cultiver les sciences humaines, il court le risque d’affaiblir la grande tradition culturelle
qu’il possède et de perdre ce qu’il est, son histoire, sa philosophie, en bref tous les domaines du
savoir qui rendent possible la critique et la réflexion approfondie.
Le gouvernement a mis en route le programme d’Ecoles de Qualité (Escuelas de Calidad), et
c’est au Ministère de l’Education Publique (Secretaría de Educación Pública, SEP) qu’incombe la
création et la gestion du Fonds National de la Qualité Educative (Fondo Nacional para la Calidad
Educativa), l’allocation des ressources aux entités fédératives et l’implantation d’un programme
intégral de formation et d’encouragement pour les directeurs et les superviseurs. Ces actions seront
sujettes à l’aval du Conseil National des Autorités Educatives (Consejo Nacional de Autoridades
Educativas).
Les autorités de chaque état fédéré devront, quant à elles, élaborer leurs programmes
respectifs de qualité éducative, et créer leurs propre fidéicommis afin de recevoir les subsides
fédéraux et de gérer leurs propres ressources. Avec l’aval du Conseil de Participation de chaque
état, les subsides seront alloués aux écoles choisies par leurs conseils scolaires.
L’Institut National d’Evaluation de l’Education (Instituto Nacional de Evaluación de la
Educación) sera le responsable de la conception et de l’application des instruments d’évaluation
destinés aux écoles participantes.
En ce qui concerne la qualité de l’éducation, jusqu’à ce jour nous n’avons pas encore trouvé,
ni dans le discours officiel ni dans les actions des autorités éducatives, une définition systématique
du concept de “qualité”, bien que celles-ci se soient prononcées pour l’adoption de certains
instruments tels que l’évaluation de la gestion institutionnelle des institutions d’éducation
supérieures, moyennant lesquels elles prétendent adopter les critères de gestion d’entreprise en
passant par un recréation des processus et l’introduction de systèmes de qualité totale qui se
chargeront d’établir le degré de qualité et d’allouer les ressources aux institutions d’éducation
supérieure en fonction de celui-ci. Les critères que nous venons d’exposer ne peuvent ni ne doivent
fonctionner comme les seuls garants de la qualité des résultats. Nous considérons, au contraire, que
la qualité ne peut être mesurée sur base des seuls instruments, car elle implique une formation
scientifique et humaniste qui favorise au sein de la communauté estudiantine l’analyse, la réflexion
et la créativité et qui montre une volonté de faire des étudiants des constructeurs et des
reconstructeurs du savoir. A notre avis, la qualité doit être considérée comme un bénéfice pour la
société, en laissant de côté les intérêts de groupe ou individuels; cela ne peut se faire sans passer
d’abord par la formulation de nouvelles politiques éducatives qui encouragent la formation des
professeurs et qui leur permettent d’acquérir une conscience critique et constructive en fonction de
la réalité et des besoins de la nation.
L’offre d’une augmentation significative du budget alloué à l’éducation s’est avérée minime:
par rapport au PIB, les dépenses dans le domaine de l’éducation n’ont guère augmenté depuis le
dernier exercice fiscal de l’administration précédente et sont passées de 3.97 à 4.01% , ce qui
représente une augmentation d’à peine trois centièmes, légèrement supérieure à celle prévue lors de
la campagne électorale de l’actuelle administration.
Ce que nous montrent les actions et les propositions présentées par l’actuel gouvernement,
c’est qu’il existe aujourd’hui au Mexique une continuité du modèle éducatif néolibéral, étant donné
que les propositions qui émanent du gouvernement en matière de révolution éducative débordent
d’arguments et de solutions étroitement liées à l’idéologie néolibérale: “antes de aceptar una crisis
de universalización y extensión de los servicios educativos, se centran en una crisis de eficiencia,
eficacia y productividad” (“avant d’accepter une crise due à l’universalisation et à l’expansion des
services éducatifs, ils se concentrent sur une crise dans le domaine de l’efficience, de l’efficacité et
de la productivité” ) (Gentili 1999), pour laquelle il est relativement facile de trouver une solution
liée à l’installation d’administrateurs et au respect des lois du marché.
Selon la perspective néolibérale, les réformes éducatives consistent finalement à “transferir
la educación de la esfera de lo político a la del mercado, negando su condición (real o hipotética) de
derecho social y transformándola en una posibilidad de consumo individual, variable según el
mérito y capacidad de los consumidores” (“transférer l’éducation de la sphère politique au monde
du marché et nier sa condition (réelle ou hypothétique) de droit social en en faisant une possibilité
de consommation individuelle, variable selon le mérite et la capacité des consommateurs”) (Gentili
1999).
Ce que nous connaissons actuellement au Mexique est un changement de parti au pouvoir et
non pas une véritable révolution des structures politique, économique et sociale; si cette tendance à
l’inertie subsiste, ce qui nous attend dans les six prochaines années --durée du mandat de l’actuel
gouvernement-- est une mise en route graduelle des thèses éducatives du néolibéralisme, que nous
pouvons décrire comme suit:
a) L’éducation comme une marchandise, l’école comme une entreprise et l’administration
éducative comme une gestion destinée à produire des gains ou des “ressources propres”,
telle est la préoccupation fondamentale;
b) L’inutilité de l’école publique et la priorité aux écoles privées;
c) La privatisation de l’éducation, qui entraîne la destruction du métier d’enseignant en tant
que carrière publique et des droits que celle-ci implique;
d) La réduction des dépenses de l’Etat dans le domaine de l’éducation, qui permet
d’augmenter la capacité de paiement de la dette extérieure;
e) L’objectif politique et idéologique de former le “capital humain” selon les paramètres de
l’individualisme au service de l’Etat néolibéral, de l’éthique pragmatique et de
l’économie du libre marché.
L’argument qui sert de pilier aux politiques éducatives néolibérales est que les grands
systèmes scolaires sont inefficaces et inéquitables et qu’ils donnent comme résultat des produits de
mauvaise qualité. A partir de cette information, le néolibéralisme déduit que l’éducation publique a
raté le coche et que cet échec justifie pleinement les politiques de réduction de la responsabilité de
l’Etat dans le domaine de l’éducation. Ce discours, qui démontre depuis plus de vingt ans son
manque total d’efficacité, continue à présenter les idées néolibérales comme la seule réforme
possible face à une double crise bien réelle: une crise de la qualité et une crise de l’administration.
L’idée centrale de ce modèle dans le contexte plus vaste de la crise semble favoriser l’Etatprovidence, dont les directives sont établies moyennant les politiques de redistribution des revenus
et la promotion des sources d’emploi à l’échelon national. Cette doctrine affirme que seul le libre
jeu des forces du marché et de la concurrence peut assurer une amélioration de la qualité de
l’enseignement. C’est le marché qui décide et ses résultats ou ses conséquences seront non
seulement efficaces, mais aussi tout à fait justes (Puiggros 1998).
La mise en pratique des politique néolibérales au Mexique et en Amérique Latine met en
exergue la contradiction insurmontable que cette dynamique néolibérale entraîne et creuse sans
cesse, c’est-à-dire qu’elle mondialise les effets de la globalisation (nous comprenons par ce concept
l’imposition à l’échelon mondial du marché et son idéologie, vid. Chehaybar y Reséndiz 2000),
mais sans universaliser la participation équitable à celle-ci.
Il a été dit que l’essentiel en politique est de trouver des réponses aux problèmes de la
société; dans les circonstances actuelles, la politique doit prendre comme point de mire l’éducation
afin de proposer une solution aux problèmes et de profiter le plus possible de la mondialisation et
des progrès que celle-ci implique dans le domaine de la technologie.
Face aux événements conjoncturels de la transition politique du Mexique, nous distinguons
la possibilité de proposer et de récupérer des espaces de dialogue et de participation dans les
différents domaines éducatifs dont les politiques néolibérales ont eu tendance, ces vingt dernières
années, à priver le monde de l’éducation au Mexique et en Amérique Latine. Depuis ces espaces
reconquis, il est indispensable d’encourager un projet éthique dont le centre serait la solidarité et de
faire de celle-ci une alternative rationnelle au système en vigueur, afin de favoriser ainsi de
nouvelles pratiques et politiques éducatives qui encouragent vraiment l’équité.
Ces politiques et ces pratiques doivent faire l’objet d’une discussion démocratique lors de
laquelle les objectifs politiques seraient fixés en toute transparences; de même, il est urgent
d’identifier les organismes et les institutions qui participeront à l’exécution de ces politiques et de
concevoir et proposer des méthodes alternatives pour l’enseignement et la formation des
professeurs; un autre point important de ces politiques alternatives réside dans la détermination du
rôle que jouera chacun des différents acteurs (les élèves, les professeurs, le personnel administratif,
la famille, la communauté, etc.) dans la gestion des politiques éducatives. Ceci aiderait, nous en
sommes sûrs, à rendre plus forte et légitime la fragile démocratie qui commence à éclore en
Amérique Latine.
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