Focus sur la logistique urbaine
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Focus sur la logistique urbaine
PPCI TM&L | Focus sur.... La logistique urbaine – Juillet 2012 La logistique urbaine La logistique urbaine traite de l’acheminement dans les meilleures conditions des flux de marchandises qui entrent, sortent et circulent dans la ville. Elle désigne le processus permettant d'acheminer un bien en un endroit donné dans l'espace urbain, au bon moment et avec un coût optimisé. La logistique urbaine recouvre des enjeux considérables (organisation de l’espace urbain, développement des services, transport, qualité de vie des populations, dynamisme économique, environnement) dans un contexte urbain marqué par des contraintes physiques fortes (congestion, réglementation, sécurité, partage de voirie, rareté et prix de l’espace). Le transport de marchandises en ville a toutefois longtemps été une problématique mineure des politiques publiques de déplacements, davantage centrées sur le transport des personnes. Les particuliers, dans le cadre de leurs déplacements pour leurs achats, sont parties prenantes de la logistique urbaine. Environ 60 % des déplacements d’achat sont réalisés en voiture. 70 % des déplacements pour achat se font en « navette » domicile-achat-domicile avec un trajet à vide et 30 % sont intégrés dans une chaîne de déplacements. Outre les déplacements liés aux achats, les nouvelles habitudes de consommation comme les livraisons à domicile et le ecommerce entraînent un accroissement du transport de marchandises, parfois non optimisé en termes de remplissage des véhicules de livraison. Les commerçants et artisans représentent la part la plus importante des destinataires des livraisons dans les centres-villes. Le nombre de livraisons par semaine est en moyenne de 4,5 pour les pharmacies, de 3,7 pour les boucheries, de 2,3 pour les quincailleries et de 0,2 pour les bureaux. Dans un contexte de hausse des prix du foncier en ville, les surfaces de stockage des magasins ont tendance à être réduites, ce qui entraîne un besoin de livraisons plus fréquent. Les chargeurs produisent les marchandises, acheminées par la chaîne logistique jusqu’au client final. Les différents intermédiaires, tour à tour destinataires et/ou expéditeurs de la marchandise, sont les unités de production, les usines de montage, les entrepôts de conditionnement ou de groupage/dégroupage, les commerces de gros, etc. Leurs besoins en termes de délai et de fréquence de livraison/enlèvement et les choix d’implantation de leurs infrastructures modèlent les organisations logistiques. Les transporteurs : le chargeur peut être transporteur, ce que l’on appelle le transport en compte propre. Dans ce cas, l’augmentation du taux de remplissage des véhicules nécessite pour le chargeur de mutualiser ses livraisons avec les autres chargeurs de la zone. Dans le cas du transport pour compte d’autrui, où un transporteur est chargé de la livraison de différents clients, l’optimisation des tournées semble plus facile. Cela renforce l’intérêt du transport en compte d’autrui pour l’optimisation des flux. 1 PPCI TM&L | Focus sur.... La logistique urbaine – Juillet 2012 Les marchandises en ville en chiffres Les flux de marchandises représentent 100 kg par jour et par personne, dont la moitié en matériaux de construction ; chaque emploi génère une livraison par semaine. Le conditionnement des flux est composé de 50% de colis, 20% de vracs, 10% de courriers, 6% de palettes et 13% autres. En outre, les possibilités de réduction des émissions de CO2 en logistique ne résident pas uniquement sur le transport mais à tous les niveaux de la chaîne : en amont, la localisation et le choix des matières premières ainsi que des processus de production comptent autant que les stratégies de transport ; en aval, le retour de produits, le recyclage et le traitement des déchets Plus de la moitié des livraisons sont réalisés en compte impliquent également la mise en œuvre d’organisations propre (55%). 30% de la logistique est externalisée. de logistique retour efficientes. Le transport des marchandises en ville représente 20% des véhicules x kilomètres parcourus en ville (dont 50 % correspondent aux achats des ménages). Les véhicules dédiés au transport de marchandises occupent 30% de la voirie. Les polluants locaux Les véhicules utilisés pour la livraison en ville génèrent des émissions de polluants locaux nocifs pour la santé et l’environnement. On compte les particules, le monoxyde de carbone, les composés organiques volatils, les oxydes Au niveau des carrosseries, les marchandises sont d’azote, et les dioxydes de soufre. Les normes EURO ont essentiellement transportées par des fourgons (35%), permis la mise sur le marché de véhicules dont les rejets des breaks (30%), des PL (2O%) et des VL (1O%). polluants ont sensiblement diminué. Les nuisances sonores Le transport de marchandises en ville contribue à la pollution sonore qui est considérée aujourd’hui comme Les émissions de gaz à effet de serre (GES) un problème de santé publique. La circulation n’est pas Des études réalisées à Bordeaux et Paris ont estimées la seule cause des nuisances sonores liées à la logistique. que les émissions du transport routier de marchandises Les activités de manutention peuvent aussi générer des en ville représentaient le quart des émissions de CO2 gênes sonores. liées à la mobilité urbaine. Externalités environnementales L'efficacité énergétique des moyens de transport est faible : la congestion urbaine entraîne une consommation élevée du véhicule, et d’autre part, les livraisons se font en grande partie en véhicules utilitaires légers (VUL), mieux adaptés pour la livraison en ville, mais qui émettent plus de GES à la tonnekilomètre que les poids lourds : une camionnette pèse une tonne pour moins de 100 kilos de charge d'emport. L’enjeu est à la fois de massifier les envois, de raccourcir les distances parcourues pour le dernier maillon, d’améliorer l’efficacité énergétique des VUL, et de privilégier un report modal. Cependant, le mode routier demeure le mode le plus adapté à la desserte fine des villes. Les conséquences sociétales La livraison des marchandises est nécessaire au fonctionnement du système urbain, et participe à l'attractivité de la ville et de son centre (commerces en coeur de ville). Cependant, la livraison de marchandises en ville pose des problèmes de partage de la voirie et de sécurité. A titre d'exemple, une étude du CERTU révèle que plus de 80 % des arrêts sont réalisés sur des infrastructures en concurrence avec la voiture particulière ; et que plus de 2/3 des arrêts sont effectués en stationnement illicite et à plus de 70 % en double file. 2 PPCI TM&L | Focus sur.... La logistique urbaine – Juillet 2012 Quelques leviers d'action pour une meilleure gestion de la logistique urbaine Le secteur de la logistique a connu ces dernières années des évolutions qui ne favorisent pas une optimisation des flux de marchandises en ville : plateformes de taille croissante, d’envergure nationale et localisées en fonction du coût du foncier plus que de la proximité du bassin de consommation. Ces évolutions ont conduit à distinguer deux maillons de la chaîne logistique : la logistique proprement dite et la distribution urbaine (ou le dernier kilomètre). La logistique longue distance a pendant longtemps focalisé l’attention, au détriment du maillon urbain. La logistique urbaine offre une nouvelle perspective de la relation entre logistique et ville. Elle vise à optimiser les flux provenant d’une plateforme proche du centre-ville, et d’éviter des flux de camions de toute dimension entrant dans les centres-villes à toute heure, dont le taux de remplissage n’est pas toujours maximal. Alors que les outils réglementaires (réglementation des horaires de livraison, limitation de tonnage, aménagement d’aires de livraison, etc.) ont pendant longtemps été le seul levier utilisé par les pouvoirs public, ceux-ci tentent aujourd’hui d’élargir leur champ de réflexion et d’action pour favoriser la création d’une distribution urbaine de meilleure qualité. Les objectifs sont de diminuer les incidences du transport de marchandises sur les niveaux de pollution et sur l’occupation de l’espace public, tout en améliorant l’efficacité de la distribution pour les transporteurs et les destinataires. Il s’agit d’abaisser le ratio kgCO2/tonnes transportées et de diminuer le nombre de trajets. Les leviers à la disposition des pouvoirs publics et des logisticiens pour remplir ces objectifs sont entre autres: la mutualisation des moyens et le report modal, le maillage des villes par des infrastructures logistiques adaptées, et les leviers technologiques. Source : LUMD Intérêts et enjeux d’une amélioration de la logistique urbaine La mutualisation et le report modal La mutualisation des flux vise à mettre en commun des moyens dans le but d’organiser l’acheminement des marchandises en un minimum de flux optimisés. Elle peut être envisagée sous différentes formes comme la mutualisation des transports ou la mutualisation des infrastructures immobilières. La mutualisation des transports permet une réduction des frais de transport, et limite le nombre de déplacements à vide. Massifier les flux permet un meilleur taux de remplissage des véhicules (charge, plancher et volume), une réduction du nombre de trajets et donc une libération d’une partie de l’espace public permettant une atténuation de la congestion. La mutualisation peut également s’envisager par une utilisation partagée d’un réseau pour le transport de voyageurs et de marchandises. Par exemple, le projet IMOTEP vise à étudier les possibilités de faire transiter les passagers et les marchandises sur les réseaux de la RATP. La mutualisation des infrastructures immobilières (entrepôts) permet quant à elle d’économiser de l’espace foncier et de faciliter la mutualisation des flux. 3 PPCI TM&L | Focus sur.... La logistique urbaine – Juillet 2012 Le maillage des villes d’infrastructures logistiques adaptées Sous l’effet de coûts du foncier élevés dans les villes et d’un coût de transport faible, la logistique s’est éloignée des centres d’agglomération. Afin de réconcilier logistique et logistique urbaine, il est nécessaire de mailler la ville d’infrastructures logistiques adaptées afin de permettre des flux amont et aval optimisés, à l’heure la plus pertinente, avec le véhicule adapté et l’organisation la plus appropriée. Les espaces logistiques urbains (ELU) ont pour vocation à recomposer les flux qui parcourent la ville, et sont établis en concertation entre les représentants de l’agglomération, les générateurs de fret et les opérateurs. Cette intégration de la logistique en ville suppose une disponibilité du foncier à proximité des centres-villes, zones prisées où le prix du mètre carré est élevé. Elle nécessite l’identification de réserves foncières assurant la disponibilité d’espaces suffisants à des prix accessibles. 1 Elle doit s'accompagner par une politique cohérente d'accessibilité à l'espace urbain (réglementation, plages horaires, tarification,...). Les leviers technologiques Différents leviers technologiques devront être mobilisés pour améliorer la logistique urbaine : au niveau des véhicules par la motorisation (norme EURO VI, hybride, électrique, GNV,modes actifs...) , par de moindres émissions sonores (véhicule PIEK,..), par les équipements (meilleurs systèmes de réfrigération, système d'information et de traçabilité embarqué) ou au niveau des entrepôts (normes HQE,...), par l'optimisation des conditionnements et des emballages. CERTU : www.certu.fr CERTU : www.certu.fr ADEME, Logistique urbaine : agir ensemble. ADEME, Logistique urbaine : agir ensemble. 1 Ibid. 4