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femme cumulant deux jobs pour s’en sortir ou plus récemment Thrift Shop
de Macklemore & Ryan Lewis mettant en avant les magasins de seconde main.
S
loup e
a
l
s
ou
L’argent et
la musique
Certaines chansons, plus anecdotiques, dépeignent l’argent sous ses différentes
formes, comme le fait Wim Sonneveld dans Poen. Citons enfin Pascal
d’Hocus Pocus retraçant l’histoire d’un billet de 500 francs français de sa création
jusqu’à sa destruction sur un plateau télévisé par un certain Serge Gainsbourg.
Juillet
Août
2013
Baptiste Cuvelier
Bibliographie • PIRENNE Christophe, Une histoire musicale du rock, Paris, Fayard, 2011, p. 40, 363, 433.
• GRAY Marcus, The Clash : Return of the Last Gang in Town, 5e éd. Revue, Londres, Helter Skelter,
2005, p. 349.
•O
LDFIELD M., Dire Straits. Sidgwick and Jackson, 1984, p. 42.
•M
ACDONALD Ian, Revolution in the Head : The Beatles’ Records and the Sixties, 2e éd., London,
Pimlico, 2005, p. 200.
Musée
© Banque nationale de Belgique
Guide du musée
Tout au long de son histoire, il est difficile, voire impossible, de dissocier l’art
de l’argent tant du point de vue pratique que thématique. Du point de vue
pratique, on ne peut oublier l’influence et l’importance considérable du rôle des
mécènes dans le développement de l’art, tant renaissant que contemporain.
Du point de vue thématique, l’art a abordé l’argent de différentes manières.
De plus, l’argent ne peut être dissocié de l’art, puisqu’il est présent sur plusieurs
pièces antiques, pensons notamment aux représentations stylisées des animaux
que l’on peut rencontrer dans notre musée, mais aussi sur certains billets, comme
le billet de 500 francs belge de la dernière série sur lequel figure Magritte.
Nous allons aborder ici l’argent à travers le quatrième art : la musique.
L’industrie musicale
de la
Banque nationale de Belgique
H i s t o i r e S d ’a r g e n t
rue du Bois Sauvage 10 à 1000 Bruxelles.
Ouvert tous les jours de 10 à 18 h 00. Fermé le lundi.
Pour plus d’informations, appelez +32 2 221 22 06 ou par e-mail [email protected]
Intéressé(e) par un suivi mensuel de notre rubrique
« Sous la loupe » ?
Faites-le nous savoir par e-mail à [email protected]
Depuis ses débuts, la musique populaire moderne
est intimement liée à l’argent et à l’économie. En effet,
rien qu’au niveau du support, une véritable « guerre
des vitesses » va se développer entre les deux industries
principales, Columbia avec le 33 tours vinyle et RCA avec
le 45 tours vinyle. On peut également citer le développement
massif des maisons de disques à partir des années 1950,
se concurrençant vis-à-vis des artistes à produire.
Un élément important dans l’économie musicale va apparaitre dans les années 1970, notamment suite à la mort
d’Elvis Presley en août 1977. Les ventes de ses disques vont s’envoler mais surtout, un nouveau marché va se développer : celui
du merchandising de reliques ciblé pour les fans. De plus, face
aux différentes récessions de l’économie musicale, les industries
vont développer des « vagues » de rééditions de certains albums
afin d’assurer leur survie. Ces « vagues » vont se renouveler
à chaque nouveau support, comme les cassettes ou les CD dans
www.nbbmuseum.be
Juillet – Août 2013
les années 1980. Ces rééditions en CD sont de nouveau
ciblées pour les « fans » puisqu’on peut voir l’ajout d’un
morceau bonus ou simplement la mention « version remasterisée ». De plus, l’existence de différents supports au même moment va permettre aux
maisons de disques d’attaquer sur différents marchés. L’exemple par excellence est Relax de Frankie Goes to Hollywood en 1984 qui sort en 45 tours,
maxi single, picture disc, cassingle, CD single, etc.
Des industries parallèles vont graviter autour de l’industrie
musicale, comme le développement à partir des années 1970
des Hard Rock Cafés ainsi que le merchandising, parfois
indépendant de la volonté des artistes, autour des vêtements,
écussons, vaisselles ou autres à l’effigie d’un groupe.
Certains musiciens vont s’opposer à ce monopole économique
des majors, soit en se dirigeant vers un label indépendant, soit en prenant
des mesures au sein d’une major. The Clash, groupe punk ayant signé
chez CBS, fut tout au long de son contrat en conflit avec la maison de disques,
notamment vis-à-vis du prix de leurs albums, préférant vendre leur triple album
Sandinista ! au prix d’un double, refusant ainsi leurs royalties.
Face à ces majors ou labels indépendants, certains artistes préfèrent passer par
des sites de crowdfunding, sorte de labels participatifs, pour produire leurs albums.
Ce système laisse aux internautes le choix d’investir dans tel ou tel artiste en
touchant une rémunération en espèces ou plus symbolique, telle que l’apparition
dans les remerciements ou la réception d’éditions collector, etc.
On peut répartir les chansons à propos de l’argent en plusieurs thèmes.
Le premier thème est l’argent comme finalité. Pour certains, l’argent est un but
à atteindre par tous les moyens, comme le souligne 50cent et son album
Get Rich or Die Tryin’. D’autres voient l’argent comme une finalité inaccessible,
un rêve lointain comme ABBA chantant « money must be funny », Gwen Stefani
chantant « if I was a rich girl », Gers Pardoel avec Morgen Ben Ik Rijk ou encore
de manière plus humoristique, Samson & Gert chantant Tien miljoen.
Pour d’autres artistes, on repère ce qu’on peut appeler « le syndrome
C.R.E.A.M. », anagramme créé par le groupe hip-hop Wu-Tang Clan signifiant
Cash Rules Everything Around Me. Cette frange d’artistes critique l’omniprésence
de l’argent qu’ils voient comme négatif. On peut citer Richard Wagner dans son
Der Ring Des Nibelungen critiquant le pouvoir conféré à l’argent. Ce pouvoir
est également le sujet de Money Talks d’ACDC et l’effet néfaste de ce pouvoir
est décrit par Suprême NTM dans L’argent pourrit les gens, tandis que
Kinderen voor kinderen chante de manière naïve que l’argent est superflu dans
Geld is overbodig.
Certains artistes soulignent les acteurs de ce qu’ils considèrent comme néfaste
dans l’économie. On peut citer Tryo qui, avec le morceau G8, s’oppose à l’attitude
des dirigeants de ces pays. Un acteur assez classique est le businessman, dépeint
comme un homme pressé dans le morceau de Noir Désir. Alain Souchon en parle
en dénonçant la pratique des parachutes dorés dans sa chanson du même nom.
Un autre acteur est le percepteur critiqué par les Beatles dans Taxman, vis-à-vis
de l’impôt progressif mis en place par Harold Wilson dans les années 1960 ;
ou décrit de manière humoristique par Urbanus dans Belastingscontroleur.
Le système capitaliste est également attaqué par les artistes,
tels que The Clash dans Magnificent Seven soulignant le consumérisme et la mondialisation
ou encore Argent trop cher par
Téléphone.
L’argent comme inspiration
L’argent a toujours été une inspiration pour les artistes
qui l’abordent de différentes manières. Nous en
tracerons les grandes lignes ici. Outre une inspiration
pour leurs chansons, certains noms de groupes
font directement référence à l’argent. On peut citer
Dire Straits qui tient son nom de l’expression anglaise
to be in dire straits signifiant « être fauché », le rappeur
américain Ca$h Out ou encore UB40 en référence
au « Unemployment Benefit, Form 40 » qui est
le formulaire britannique pour recevoir le chômage. En
Belgique, on peut citer Halve Neuro, en hommage à 50cent, qui ne tire pas son
nom d’une référence directe à l’argent mais à un criminel new-yorkais.
Sous la loupe
Salle 15 : l’imaginaire
Nous terminerons ici par les chansons critiquant la crise comme
I Need A Dollar d’Aloe Blacc ou
« comment survivre à la crise »
avec des chansons telles que
She Works Hard For The Money
de Donna Summer
racontant
la
vie
d’une
Juillet – Août 2013