Rencontres littéraires - Le "numéro français" de la

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Rencontres littéraires - Le "numéro français" de la
Source: Czech Radio 7, Radio Prague. All rights reserved. © Copyright 1996, 2016 Radio Prague. Url: http://www.radio.cz/fr/article/73754
Rencontres littéraires - Le "numéro français" de la revue A2
[ 2005-12-17 ] Par Václav Richter
"Les plumes du coq gaulois" - c'est sous ce titre que s'est présenté le 10e numéro de la revue A 2,
hebdomadaire qui comble une lacune béante dans la presse culturelle tchèque. Ce numéro, sorti le 7
décembre dernier, est consacré essentiellement à la culture française. On y trouve des articles sur le cinéma
français, mais surtout des textes concernant Yves Bonnefoy, Henri Michaux et Jean-Paul Sartre.
Vaclav Jamek a élargi le thème en ajoutant un extrait d'un essai
d'Yves Bonnefoy sur Henri Michaux. C'est pourquoi on a
publié également les traductions d'Henri Michaux. C'est de
cette façon-là que le numéro a été composé."
N'avez-vous pas envie de récidiver et de consacrer aussi un
autre numéro à la culture française ?
"En tout cas, on a un projet qui nous permettrait de traiter la
culture française régulièrement une fois tous les trois mois.
C'est en coopérant avec l'Institut français de Prague qu'on
voudrait réaliser ce projet."
Jan Machonin, photo:
www.ipetrov.cz
Jan Machonin, rédacteur en chef adjoint de la revue, explique
la genèse de ce "numéro français":
Yves Bonnefoy
Le lecteur trouve dans la revue une interview avec Yves
Bonnefoy, réalisée par Milos Dolezal et Petr Turek, ainsi qu'un
essai consacré à ce poète français par Vaclav Jamek. La
contribution de celui-ci est d'ailleurs essentielle pour toute
cette édition de la revue :
"L'idée de composer un numéro français est survenue quand
Milos Dolezal, un poète tchèque, nous a proposé de publier
une interview avec le poète français Yves Bonnefoy. C'était le
point de départ. C'est pourquoi, également, on a demandé à
Vaclav Jamek, célèbre traducteur et théoricien de la littérature
française, d'accompagner cette interview de traductions et de
textes qui expliqueraient au lecteur de quel auteur il s'agit.
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la philosophie de Sartre et, finalement, un texte de Jan
Vladislav consacré aux contradictions entre la pensée du
philosophe français et ses attitudes politiques et civiques. Le
poète et traducteur, Jan Vladislav, jette un regard très critique
sur celui qui a été probablement, dans l'après-guerre, le
philosophe le plus célèbre du monde. Il s'explique :
Vaclav Jamek
"En fait j'ai fait une contribution à trois étages parce qu'au
premier abord on m'a demandé de traduire un essai d'Yves
Bonnefoy, or les essais d'Yves Bonnefoy sont longs et la revue
n'a pas beaucoup d'espace, j'ai donc choisi un texte
relativement bref que j'avais sous la main parce que je suis en
train de faire un cours sur Henri Michaux à l'université, et
c'était un texte que Bonnefoy a consacré à Michaux. J'ai enfin
fait ma contribution en l'élargissant d'un côté et de l'autre : j'ai
donné à la revue une traduction de quelques textes de Michaux
tirés de son livre qui s'appelle "Ailleurs", " Voyage en Grande
Garabagne" qui est la première partie d' "Ailleurs", un texte sur
des voyages imaginaires, sur des moeurs et des coutumes de
peuplades bizarres. Et à ce texte de Bonnefoy, qui fait écho à
Michaux, j'ai ajouté une troisième contribution qui venait de
moi. J'ai écrit un petit texte sur Bonnefoy, peut-être aussi long
que celui de Bonnefoy sur Michaux. J'ai donc présenté aussi un
petit texte sur la poésie et sur les essais de Bonnefoy."
Jean-Paul Sartre
"J'ai nommé Jean-Paul Sartre non en tant que personne, en tant
qu'écrivain et philosophe, mais en tant qu'un citoyen qui parlait
de certaines choses de la vie politique de son temps d'une
manière équivoque. D'un côté, c'était un philosophe de la
liberté, d'autre part il menait une activité politique qui était à
mon avis assez douteuse. C'était surtout irresponsable parce
que ce qu'il proclamait dans sa philosophie, il ne le faisait pas
dans sa vie politique et dans son action. Il était philosophe et
être philosophe cela veut dire aimer la vérité, mais parfois en
connaissant la vérité, il l'a démentie, il l'a niée et l'a violée.
C'était au moment de la guerre de Corée, s'était lors des procès
de Prague, c'était au moment de son retour d'Union soviétique
en 1954, quand il a écrit plusieurs textes sur la belle vie menée
par les citoyens soviétiques. Il n'a même pas mentionné les
camps de concentration et les millions de personnes qui
souffraient et qu'on tuait dans les camps, tandis qu'il accusait
les intellectuels français du XIXe siècle, les Goncourt, Flaubert
etc., d'irresponsabilité parce qu'ils n'avaient pas protesté contre
la mort des communards fusillés. C'était affreux, la mort des
membres fusillés de la Commune de Paris, mais le nombre des
fusillés, des torturés et des anéantis en Union soviétique, c'était
des millions, ce n'était pas des centaines et des milliers comme
à l'époque de la Commune de Paris. Et vous savez, c'est ce que
je ne comprends pas. Je ne le reproche pas, mais je ne
comprends pas."
Jan Vladislav
Le centenaire de Jean-Paul Sartre est évoqué dans la revue par
trois textes - une étude de Miroslav Petricek sur une espèce de
symbiose qui existait entre Sartre philosophe et Sartre écrivain,
une courte réflexion de Witold Gombrowicz sur les pièges de
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