1995, 2003, 2006… Syndicalisme versus mouvement social ?

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1995, 2003, 2006… Syndicalisme versus mouvement social ?
1995, 2003, 2006…
Syndicalisme versus
mouvement social ?
Stage organisé à l’initiative de la CGT Educ’Action (URSEN CGT Académie de
Dijon) avec le soutien de Dissidences, Bulletin de Liaison et d’Etudes des
Mouvements Révolutionnaires (Dissidences.net).
Quels rapports entretiennent le mouvement social et le syndicalisme ?
S’ils furent liés depuis 1995, ils ne sauraient exactement se superposer.
Posons que le premier – le mouvement social- surgit au défaut du
politique : il est figure de la crise, forme de la protestation. Il serait une forme de
politisation que l’ordinaire de la vie politique (les partis) ne prend pas en charge.
Cette définition sommaire ne prend pas en compte la généalogie de l’expression,
avec laquelle d’ailleurs elle semble rompre.
Le Mouvement social est à l’origine le titre d’une revue catholique de
1909 ; l’expression entend se distinguer du mouvement ouvrier, directement lié à la
question syndicale. En 1911, le Mouvement social est le titre d’une collection de
sociologie, chez Albin Michel : la question sociale est alors objet d’étude, le
syndicalisme devenant ainsi la cible d’une investigation scientifique. L’expression
mouvement social s’estompe ensuite, pour ne ressurgir que dans la titulature en 1960
d’une revue d’histoire, qui succède à l’Actualité de l’histoire, et promeut l’histoire
ouvrière, l’histoire sociale. L’engagement de ses membres se marque d’une distance
critique avec le PCF, le parti socialiste1. On le voit, le mouvement social ne désigne
pas alors ce qu’il nomme à partir de 1995. Tout juste peut-on conjecturer de cette
généalogie qu’il est l’expression d’une défiance vis-à-vis du politique, qu’il porte la
question sociale, posant ainsi –et de manière éphémère dans le temps d’une crise
qu’il dévoile- le syndicalisme en allié potentiel et / ou en concurrent qui aurait
échoué à anticiper et dénouer une crise.
Entre syndicalisme et mouvement social, de 1995 à 2006, les liens furent
donc forts, et souvent ombrageux. Tirer le bilan de ces luttes serait pour ce stage
l’occasion de restituer l’ancrage du syndicalisme dans le mouvement social,
d’évoquer la nouveauté de ces moments de luttes en regard de l’histoire des grèves
sur le siècle, en regard de traditions et de mémoires dont rien ne garantit la
pertinence actuelle bien qu’elles résonnent parfois encore dans les AG (ainsi de la
grève générale). Ce serait aussi l’occasion de pointer des formes nouvelles de
militantismes (les mouvements « alter », la « toile »), de revendications (écologie,
mondialisation), que le syndicalisme français –dans sa diversité- appréhende peu à
peu.
Il faut, pour évoquer les liens entre le syndicalisme et le mouvement
social, aiguiser les angles, pointer le cœur de la mésentente. Trois propositions
rythmeront les interventions de ce stage. Elles sont ici assénées de manière
caricaturale, pour susciter la réflexion préalable et nourrir ensuite le débat.
1
Sophie BEROUD, René MOURIAUX, Michel VAKALOULIS. Le mouvement social en France. Essai de
sociologie politique. Paris. La Dispute. 1998.
Le mouvement social surgit-il au défaut du syndicalisme ? Figure de la crise
est-il d’abord, pour notre propos, la figure de la crise du syndicalisme ? Est-il donc, dans cette
perspective, l’instrument du procès fait au syndicalisme français dans ses rapports à l’Etat
social, son institutionnalisation ou/ et son délitement ? Quid alors de la composition sociale
de ce mouvement ?
Le mouvement social est manifestations et grèves. Dans l’histoire du siècle,
que porte-t-il encore des expériences passées ? Nourrit-il de nouvelles formes de luttes et de
militantisme ou renouvelle-t-il les modes d’action par la redécouverte de traditions oubliées,
ou la mutation de formes de luttes nées dans les années 70, marquées par les thématiques de
la coordination, de l’autogestion ?
Enfin, à la lumière de 1995, 2003, 2006, le syndicalisme peut-il être
considéré comme un instrument du mouvement social ou faut-il renverser la perspective et
considérer que le mouvement social est l’une des modalités de l’action syndicale ?
Les interventions de Stéphane Sirot (Historien, Université de Pontoise)
et Georges Ubialli (sociologue, Université de Bourgogne) nourriront ces débats
animés et présentés par Vincent Chambarlhac.
Bibliographie, chronologie, sites seront mis en ligne sur notre site académique
(et sur le site de Dissidences ?).
Modalité : l’article 15 suppose que la demande de congé syndical s’effectue un
mois au moins avant la date du stage