fc chef d`entreprise quel regime matrimonial choisir
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fc chef d`entreprise quel regime matrimonial choisir
CHEF D’ENTREPRISE, QUEL REGIME MATRIMONIAL CHOISIR ? Fiche conseil Nos fiches conseils ont pour objectif de vous aider à mieux appréhender les notions : Comptables Fiscales Juridiques, Sociales, de Gestion Certifié ISO 9001 Réf. : DEV/O/FC/067/11-11/VBU Nom du Document : CHEF D’ENTREPRISE : QUEL REGIME MATRIMONIAL CHOISIR Chemin d’accès 2- DEVELOPPER\FICHES CONSEIL\JURIDIQUE Note d’information non contractuelle. L’attention du lecteur est attirée sur le fait que la législation est sujette à évolution et qui lui appartient de vérifier l’état du droit applicable au jour de la lecture de la présente note. Page : 1/6 Fiche conseil Lorsqu’un chef d’entreprise décide d’entreprendre, il néglige souvent la question de son régime matrimonial. Pourtant il s’agit d’une question essentielle, car comme tout entrepreneur le sait, entreprendre n’est pas sans risque tant pour lui-même que pour son conjoint et par voie de conséquence pour sa famille. Le choix du régime matrimonial est donc déterminant car il fixe les droits et obligations de chacun des époux tant sur leurs biens que sur leurs dettes. En effet, les époux et leur patrimoine sont soumis à un ensemble de règles juridiques appelées « régime matrimonial ». Il est donc important pour les époux et a fortiori pour le chef d’entreprise ou le créateur d’entreprise de s’interroger sur le choix de son régime matrimonial, soit avant le mariage quand l’un des époux est déjà un chef d’entreprise, soit en cours de mariage lorsque l’un des époux souhaite devenir chef d’entreprise. Il est en effet possible de changer de régime matrimonial, dans certaines conditions, en cours de mariage. Pour mémoire, nous vous rappelons qu’à défaut de contrat de mariage, les futurs époux sont soumis depuis le 1er février 1966 au régime matrimonial de la communauté réduite aux acquêts. De manière générale, tout entrepreneur cherche souvent à séparer ses patrimoines privé et professionnel. Il essaie à l’aide des instruments légaux mis à sa disposition de faire échec au gage des créanciers professionnels, via notamment la mise en société de son activité, mais aussi par le choix d’un régime matrimonial adapté. En effet, il n’existe pas de bon ou de mauvais régime matrimonial mais par contre il existe des régimes matrimoniaux mal adaptés à la situation de l’entrepreneur. C’est ici que se situe toute la difficulté, car il n’existe pas qu’un seul régime matrimonial comme il n’existe pas qu’un seul type de chef d’entreprise. Compte tenu des risques de sa vie professionnelle, le chef d’entreprise devra veiller à faire le bon choix, car il va devoir mesurer les conséquences de son activité sur les intérêts de sa famille. Le dilemme pour le chef d’entreprise est de protéger sa famille contre les éventuelles poursuites des créanciers de l’entreprise tout en voulant parfois utiliser son patrimoine familial pour donner confiance à des futurs associés, ou à des futurs fournisseurs ou encore à des banquiers. Par ailleurs, le chef d’entreprise doit avoir à l’esprit la protection de sa famille, mais il doit également anticiper certains maux de la vie, tels que le décès ou encore le divorce. Dans ces cas précis, les règles de partage et de transmission devront être étudiées de près. En droit français, il existe plusieurs types de régimes matrimoniaux : le régime de la communauté réduite aux acquêts, le régime de la séparation de biens, le régime de la participation aux acquêts, et le régime de la communauté universelle. Tous ces régimes peuvent être à leur tour aménagés par des dispositions particulières. QUELS SONT LES DIFFERENTS REGIMES MATRIMONIAUX ? Nous allons essayer ici de vous exposer les grandes lignes des différents régimes matrimoniaux qui sont mis à la disposition de chacun d’entre nous. La matière étant vaste il nous serait donc impossible d’être exhaustif. Note d’information non contractuelle. L’attention du lecteur est attirée sur le fait que la législation est sujette à évolution et qui lui appartient de vérifier l’état du droit applicable au jour de la lecture de la présente note 2 Fiche conseil Le régime de la communauté réduite aux acquêts Il s’agit du régime légal qui s’impose à tous les époux qui n’ont pas fait de contrat de mariage. Ce régime comporte 3 masses distinctes de biens : Les biens propres du mari Les biens propres de la femme Les biens communs aux deux époux Les biens propres ce sont les biens acquis par chacun des époux avant le mariage, ou ceux reçus par donation ou succession pendant le mariage. Chacun des époux n’a aucun droit sur les biens propres de l’autre. Les biens communs, ce sont les biens acquis pendant le mariage par les époux, y compris les gains et les salaires. Le chef d’entreprise marié sous ce régime matrimonial et qui gère seul son entreprise va pourtant voir sa liberté d’action réduite. Car il devra demander l’accord de son conjoint, s’il souhaite effectuer des opérations d’achat à crédit, d’emprunt, de garantie, de vente d’un bien immobilier, de prise à bail… Cela peut être une source de difficulté, surtout en cas de mésentente ou d’incapacité pour le conjoint de manifester sa volonté (ex : déplacement professionnel régulier…). En outre, si le chef d’entreprise souhaite partager tant les chances de réussite que les risques, alors ce régime matrimonial est adapté. Le régime de la séparation de biens Pour être applicable, ce régime doit faire l’objet d’un contrat de mariage établi devant Notaire. Ce régime est assez simple dans son fonctionnement car il n’y a ici que deux types de masses de biens. • • Les biens propres du mari Les biens propres de la femme Ici les époux gèrent seuls et en toute liberté leur patrimoine respectif. Ils engagent uniquement leurs biens propres envers leurs créanciers personnels. Il n’y a donc pas d’interférence entre les deux patrimoines. L’avantage de ce régime, c’est que si l’un des époux connaît des difficultés financières, seuls les biens de cet époux pourront être saisis par les créanciers. Ce régime favorise également une plus grande autonomie dans la gestion de l’entreprise. Le divorce n’a que peu de conséquences sur l’entreprise, car le chef d’entreprise ne doit pas la moitié de la valeur de l’entreprise à son conjoint. Par contre, l’inconvénient peut être de taille si l’autre époux n’exerce pas d’activité professionnelle surtout en cas de décès de l’un d’eux, car le conjoint non exploitant peut se retrouver démuni à moins d’avoir pensé à remédier à cette carence par voie de donation, testament ou d’assurance-vie. Il est possible d’aménager le régime de la séparation de biens en y intégrant une société d’acquêts, qui permet à l’intérieur du régime séparatiste de gérer certains biens en commun. Le régime de la participation aux acquêts Le régime de la participation aux acquêts est un régime matrimonial hybride, car il fonctionne comme un régime séparatiste tout au long de la vie commune puis comme un régime de communauté à la dissolution du mariage. Au jour du divorce ou du décès de l’un des conjoints on rééquilibre les patrimoines de chacun. L’époux dont le patrimoine s’est le moins enrichi, a le droit de percevoir la moitié de l’augmentation du patrimoine de son conjoint. Le conjoint exploitant gère donc librement son patrimoine en toute indépendance. Il protège alors le patrimoine de son conjoint à l’égard de ses créanciers. Note d’information non contractuelle. L’attention du lecteur est attirée sur le fait que la législation est sujette à évolution et qui lui appartient de vérifier l’état du droit applicable au jour de la lecture de la présente note 3 Fiche conseil L’entreprise risque ici d’être mise en péril en cas de divorce. En effet, pour payer la créance due à son ex-conjoint l’exploitant sera peut-être obligé de vendre ! C’est pourquoi ce régime doit être évité par les créateurs car en cas de dépôt de bilan, l’ensemble du patrimoine familial est engagé. Pour éviter cet écueil, les conjoints peuvent insérer dans leur contrat de mariage une clause excluant les biens professionnels de la créance de participation. QUELLES SONT LES CONSEQUENCES DU REGIME MATRIMONIAL ? Ainsi, en cas de divorce le conjoint du chef d’entreprise ne pourra prétendre qu’à la moitié en valeur des biens autres que ceux nécessaires à l’exploitation de l’activité professionnelle de l’entrepreneur. Ce régime est idéal pour les chefs d’entreprises qui désirent conserver personnellement leur entreprise tout en mettant en commun avec leur époux les économies qu’ils réalisent. Le régime de la communauté universelle Ce régime a le mérite de la simplicité : tous les biens sont communs quelle que soit leur origine et corrélativement toutes les dettes sont à la charge de la communauté. Comme nous l’avons vu précédemment, il n’existe pas de régime matrimonial idéal, car celui-ci doit être déterminé en fonction du cas particulier de chacun. Ce qui est sûr, c’est que le choix de celui-ci a des conséquences tant pour le chef d’entreprise que sur l’entreprise elle-même, bien que la frontière entre les deux soit ténue… Quelles conséquences pour le chef d’entreprise ? Alors même qu’il est difficile de faire des généralités sur le choix du régime matrimonial pour le chef d’entreprise, les professionnels du droit mettent souvent en garde un chef d’entreprise qui souhaite se marier de le faire sous le régime légal. Au décès de l'un des époux, l'ensemble des biens est partagé en deux moitiés, dont l'une revient au conjoint et l'autre constitue la succession de l'époux décédé. Un entrepreneur déjà marié sous ce même régime devrait penser à en changer tant dans son intérêt que pour celui de son conjoint. La clause d'attribution intégrale, qui peut accompagner la communauté universelle, permet de transférer l'ensemble de tous les biens au conjoint survivant. En effet, même pour le conjoint il est préférable de choisir un régime séparatiste afin d’isoler ses revenus pour les protéger en cas de défaillance de l’entreprise de son époux afin d’éviter de ne les voir disparaître au profit des créanciers. Il n'y a pas d'ouverture de succession, et rien à partager puisque le conjoint devient instantanément propriétaire de l'ensemble. Aucun droit de succession ni de donation n'est dû. Cela permet également de protéger la famille qui conserve une partie de ses revenus. Ce régime intervient donc plutôt en fin de vie professionnelle et ne doit surtout pas être choisi par de jeunes époux car ici tous les biens que les époux possèdent au jour du mariage et tous ceux qu’ils pourront acquérir après le mariage forment une seule masse commune. Il y a donc également des conséquences sur le patrimoine familial. En effet, les biens communs et donc le salaire du conjoint (sous réserve d’une partie insaisissable par les créanciers) sont engagés au même titre que les biens propres du chef d’entreprise. Seuls les biens propres du conjoint sont protégés. Note d’information non contractuelle. L’attention du lecteur est attirée sur le fait que la législation est sujette à évolution et qui lui appartient de vérifier l’état du droit applicable au jour de la lecture de la présente note 4 Fiche conseil NB : Nous vous rappelons qu’un entrepreneur individuel peut effectuer une déclaration d’insaisissabilité de ses biens immobiliers devant Notaire pour isoler celle-ci des poursuites des créanciers. Cependant cette déclaration ne concerne que les entrepreneurs individuels, or la moitié environ des entreprises nouvelles est créée sous forme de société. Depuis le 1er janvier 2011, l’entrepreneur peut également protéger son patrimoine personnel en exerçant son activité sous le statut de l’EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée). En effet, celui-ci va pouvoir, par une « déclaration d’affectation », faire la liste des biens qu’il souhaite faire affectés à son activité professionnelle. Seuls ces biens seront donc engagés auprès des créanciers. N. B : a compter du 1er janvier 2013, il sera possible, pour l’EIRL d’avoir plusieurs patrimoines d’affectation. En cas de divorce des époux, si l’entreprise a été créée ou acquise durant le mariage, le conjoint non exploitant a le droit à la moitié de sa valeur. Toutefois cette règle ne s’applique pas si l’entreprise a été créée ou acquise avant le mariage ou pendant le mariage avec les biens propres du conjoint exploitant. Dans ce cas son engagement reste valable après le divorce à moins qu’il n’ait pris la précaution de dénoncer ses engagements de cautionnement auprès des tiers. Quelles conséquences l’entreprise ? pour Les conséquences sur la pérennité de l’entreprise sont souvent dramatiques en cas de divorce des époux mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts. L’issue d’une telle situation dépend de la date de la création de l’entreprise. Si l’entreprise a été créée avant le mariage, il n’y a pas de problème, celle-ci représente un bien propre du dirigeant et n’entre donc pas dans le partage de la communauté. Ce sera également le cas si l’entreprise a été créée par remploi de biens propres vendus à cette occasion. Par contre, si elle a été créée après le mariage et sans clause de remploi il s’agit alors d’un bien commun, l’époux a donc droit à la moitié de sa valeur (ou ses héritiers en cas de décès). Si le couple ne dispose pas d’autres biens susceptibles de compenser la valeur de l’entreprise, la vente de cette dernière est donc inévitable. Une clause de remploi doit figurer dans l’acte de constitution ou de reprise. Après un divorce, l’ex conjoint est normalement totalement à l’abri de l’action des créanciers de l’entreprise sauf si la créance est née antérieurement à la date du divorce (une créance n’existe qu’au moment où le tribunal l’établit et non au moment des faits). Il se peut également que le conjoint se soit porté caution personnelle au profit de l’entreprise pendant le mariage. Note d’information non contractuelle. L’attention du lecteur est attirée sur le fait que la législation est sujette à évolution et qui lui appartient de vérifier l’état du droit applicable au jour de la lecture de la présente note 5 Fiche conseil L’autre conséquence du divorce, c’est souvent la baisse du niveau de vie par l’un des conjoint, l’entrepreneur est donc souvent condamné à verser à son ex-époux une prestation compensatoire, ce qui peut également affaiblir l’entreprise. Il faut savoir que, par les associés dirigeants qui exploitent leur activité en société, le divorce combiné à un régime matrimonial de communauté réduite aux acquêts produit les mêmes effets. En effet, en cas de divorce le conjoint peut exiger de devenir personnellement associé de la société pour la moitié des parts sociales lorsque celles-ci ont été acquises grâce à des biens communs (que ce soit en numéraire ou en nature). Votre situation est peut-être celle-ci, ce qui n’est pas étonnant rassurez-vous car 80% des mariages célébrés en France se font sous le régime légal. Néanmoins il est possible de changer de cap en changeant votre régime matrimonial car celui qui est choisi au jour du mariage peut être amené à évoluer tout au long de la vie maritale. Mais ce changement ne peut intervenir qu’avec l’accord des deux époux et dans l’unique intérêt de la famille. CONCLUSION Nous avons essayé de vous éclairer sur les différents types de régime matrimonial car ce sujet est souvent mal considéré alors qu’il est lourd de conséquences. Comme vous l’avez vu, chaque cas mérite une étude personnelle. Nous ne saurions que trop vous conseiller de faire le point à ce sujet avec le notaire de votre choix afin de bien valider avec lui l’adéquation de votre régime matrimonial avec votre situation personnelle et professionnelle. Nous restons bien entendu à votre écoute si vous souhaitez davantage de précisions. Note d’information non contractuelle. L’attention du lecteur est attirée sur le fait que la législation est sujette à évolution et qui lui appartient de vérifier l’état du droit applicable au jour de la lecture de la présente note 6