LA CULTURE Texte 1 : Le mythe de Prométhée « Au moment de

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LA CULTURE Texte 1 : Le mythe de Prométhée « Au moment de
Lycée franco-mexicain – Cours Olivier Verdun
LA CULTURE
Texte 1 : Le mythe de Prométhée
« Au moment de produire à la lumière les races mortelles, les dieux ordonnèrent à Prométhée et à
Epiméthée de distinguer entre elles toutes les qualités dont elles avaient à être pourvues. Epiméthée
demanda à Prométhée de lui laisser le soin de faire lui-même la distribution. (…) Dans cette
distribution, il donne aux uns la force sans la vitesse; aux plus faibles, il attribue le privilège de la
rapidité; à certains il accorde des armes. (...) Bref, entre toutes les qualités, il maintient un équilibre. (...)
Après qu'il les a prémunis suffisamment contre les destructions réciproques, il s'occupa de les défendre
contre les intempéries qui viennent de Zeus, les revêtant de poils touffus et de peaux épaisses, abris
contre le froid, abris aussi contre la chaleur. (...) Or Epiméthée, dont la sagesse était imparfaite, avait
déjà dépensé, sans y prendre garde, toutes les facultés en faveur des animaux, et il lui restait encore à
pourvoir l'espèce humaine. (...) Dans cet embarras, survient Prométhée pour inspecter le travail. Celuici voit toutes les autres races harmonieusement équipées, et l'homme nu, sans chaussures, sans
couvertures, sans armes. (…) Prométhée, devant cette difficulté, ne sachant quel moyen de salut trouver
l'homme, se décide à dérober l'habileté artiste d'Héphaïstos et d'Athéna, et en même temps le feu - car,
sans le feu, il était impossible que cette habilité rendit aucun service - puis, cela fait, il en fit présent à
l'homme. C'est ainsi que l'homme fut mis en possession des arts utiles à la vie. » Platon, Protagoras,
320d-321d.
Questions :
1° En quoi peut-on dire, à la lecture de ce texte, que l’homme est nu ?
2° Qu’est-ce qui le différencie des autres êtres vivants ?
Texte 2 : L’ethnocentrisme
«J'ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d'abord avec le colonialisme, puis
avec le fascisme, enfin avec les camps d'extermination, cela s'inscrit non en opposition ou en
contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles,
mais presque dans son prolongement naturel...» (Claude Lévi-Strauss, entretien publié par le journal Le
Monde le 21 janvier 1979).
« C’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les
coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier. En refusant
l’humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages » ou « barbares » de ses représentants,
on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c’est d’abord celui qui croit en
la barbarie » (Lévi-Strauss, Race et histoire).
Questions :
1° Que reproche Lévi-Strauss à l’humanisme occidental ? Que faut-il entendre du reste par
« humanisme » ?
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2° En quoi consiste, selon Lévi-Strauss, la barbarie ?
Texte 3 : un si fragile vernis d’humanité
« L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend
quand on l’attaque, mais un être au contraire qui doit porter au compte de ses données instinctives une
bonne somme d’agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n’est pas seulement un auxiliaire et
un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation. L’homme est en effet tenté de satisfaire son
besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de
l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger
des souffrances, de le martyriser et de le tuer. Homo homini lupus : qui aurait le courage, en face de
tous les enseignements de la vie et de l’histoire, de s’inscrire en faux contre cet adage ? En règle
générale, cette agressivité cruelle ou bien attend une provocation, ou bien se met au service de quelque
dessein dont le but serait tout aussi accessible par des moyens plus doux. Dans certaines circonstances
favorables en revanche, quand par exemple les forces morales qui s’opposaient à ces manifestations et
jusque-là les inhibaient, ont été mises hors d’action, l’agressivité se manifeste aussi de façon spontanée,
démasque sous l’homme la bête sauvage qui perd alors tout égard pour sa propre espèce.
Cette tendance à l’agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à
bon droit l’existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec
notre prochain ; c’est elle qui impose à la civilisation tant d’efforts. Par suite de cette hostilité primaire
qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine.
L’intérêt du travail solidaire ne suffirait pas à la maintenir : les passions instinctives sont plus fortes que
les intérêts rationnels. La civilisation doit tout mettre en œuvre pour limiter l’agressivité humaine et
pour en réduire les manifestations à l’aide de réactions psychiques d’ordre éthique. De là, cette
mobilisation de méthodes incitant les hommes à des identifications et à des relations d’amour inhibées
quant au but ; de là cette restriction de la vie sexuelle ; de là aussi cet idéal imposé d’aimer son
prochain comme soi-même, idéal dont la justification véritable est précisément que rien n’est plus
contraire à la nature humaine primitive. Tous les efforts fournis en son nom par la civilisation n’ont
guère abouti jusqu’à présent. Elle croit pouvoir prévenir les excès les plus grossiers de la force brutale
en se réservant le droit d’en user elle-même envers les criminels, mais la loi ne peut atteindre les
manifestations plus prudentes et plus subtiles de l’agressivité humaine» (Sigmund Freud, Malaise dans
la civilisation).
Questions :
1° Quelle est l’idée directrice du texte ? Quelle est la tâche, selon Freud, de la civilisation ?
2° la culture nous rend-elle nécessairement plus humain ?