Gestion de projet de génie civil Stratégie d`équilibrage des

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Gestion de projet de génie civil Stratégie d`équilibrage des
Gestion de projet de génie civil
Stratégie d’équilibrage des équipements de terrassement
Par Guy Morisset MBA, ing.
Consultants en Gestion de Construction Inc.
Dans la préparation à la bataille, j'ai toujours constaté qu’il était indispensable de planifier
même si les plans résultant de la planification étaient généralement inutiles.
- Dwight D. Eisenhower
Si c’était vrai pour Dwight Eisenhower lors d’une opération militaire, c’est vrai également
pour vous sur un chantier de terrassement important. Vous aurez beau avoir la plus détaillée
des planifications, elle va rapidement montrer ses faiblesses. Pourquoi ? Parce que dès les
premiers jours, vous ferez face à des imprévus.
Alors pourquoi Eisenhower prétend-il que la planification est indispensable ? En fait, ce qu’il
nous dit c’est que ce n’est pas tant le résultat de la planification qui est important, c’est de
faire la planification. En accomplissant cette planification, on en retient les grandes lignes,
mais surtout, on aura étudié le théâtre d’opérations à fond.
La mission donnée par le propriétaire à l’entrepreneur à l’appel d’offres est de livrer des
ouvrages de qualité, en temps et au meilleur coût possible. Nous savons que pour un client,
une fois le contrat accordé, la notion de « meilleur coût possible » perd beaucoup
d’importance et le calendrier des dates de livraison devient son principal objectif.
L’entrepreneur, lui, n’a pas le loisir de perdre ses coûts de vue. Cette préoccupation s’impose
tout le long des travaux et doit être au cœur de sa planification.
Les objectifs de la planification pour l’entrepreneur sont de mémoriser les dates
intermédiaires de livraison, de connaître le terrain, d’y déceler les difficultés, mais surtout d’y
déceler des occasions favorables à saisir. S’il a bien fait sa planification, l’entrepreneur peut
réagir avec intelligence lors d’imprévus, et ce dans son meilleur intérêt.
L’utilisation efficiente de l’équipement est l’élément principal de coût sur un chantier de
terrassement. Le chantier idéal pour l’entrepreneur est celui qui est en temps alors que tous les
équipements travaillent à plein rendement. Or, les besoins en équipements sont variables sur
les chantiers importants de terrassement. Si de s’attendre à ce que tous les équipements
travaillent au maximum de leur capacité tient du rêve, une partie de la différence entre la
réussite et l’échec viendra de l’utilisation la plus efficiente possible des équipements. Il faut
lisser les pointes et tenter de stabiliser la demande en équipements.
Puisque les activités critiques « urgentes et importantes » s’imposent souvent dans des
périodes qui ne sont pas les meilleures, elles affectent négativement la productivité.
Comment limiter cet effet négatif ? Comment alors équilibrer les besoins en équipements ?
Comment éviter d’alterner entre des périodes de surcapacité et de sous capacité de
production ?
Quand c’est possible, il faut mettre en place des stratégies d’équilibrage de la flotte
d’équipement au chantier. Il faut maintenir, en cours de travaux, des activités importantes,
mais non urgentes capables de prendre les surplus d’équipements tout au long des travaux.
Appelons ces activités non urgentes le « buffer », ou tampon du projet. L’entrepreneur arrive
ainsi à « donner un coup » au besoin sur des activités urgentes puisqu’il a, dans les activités
non urgentes, la capacité de production nécessaire. Une fois le coup donné, l’entrepreneur a le
loisir de renvoyer une partie des équipements vers les activités non urgentes – le buffer du
projet – en attendant de donner le prochain coup. Il maintient ainsi la productivité au chantier
et il satisfait les attentes du client.
Voici un exemple illustrant ce propos.
Un entrepreneur en terrassement se voit accorder un contrat de construction de digues assorti
d’une excavation massive de canaux. Au contrat, les digues doivent être livrées à des dates
prédéterminées, ce qui les place sur le cheminement critique. Les canaux doivent être livrés à
la fin du contrat ce qui en fait une activité importante non urgente.
L’entrepreneur peut percevoir l’excavation de masse comme une occasion de créer une entrée
rapide d’argent. Il réalisera alors les excavations de masse en début de chantier en y affectant
100% de sa capacité de production, faisant disparaitre son « buffer ». Une fois l’excavation de
masse terminée, l’entrepreneur devra conserver une capacité suffisante de production pour
répondre aux pointes imposées par les activités critiques tout au long du chantier. Pour le reste
des travaux, lorsqu’il n’aura pas besoin de l’ensemble de sa capacité de production installée, il
se retrouvera en coûteuse surcapacité.
L’entrepreneur peut aussi percevoir et maintenir l’excavation de masse comme une activité
d’équilibrage de sa flotte d’équipements. Il pourra prioriser les activités critiques et urgentes
en y mettant la capacité suffisante de production. Lorsque ces activités urgentes n’auront plus
besoin de toute la capacité de production installée sur le chantier, l’entrepreneur retournera les
équipements en surplus vers cette excavation de masse non urgente. L’excavation de masse
s’échelonnera ainsi sur la durée du projet et elle servira de « buffer ». Ainsi, l’entrepreneur
garde ses équipements productifs et conserve une flotte de capacité suffisante pour atteindre
tous les objectifs. Ses coûts seront meilleurs et son client sera probablement plus satisfait de
sa performance.
Les deux stratégies sont bonnes. La première sert à financer les travaux à venir et la deuxième
à maintenir les coûts au plus bas. Il s’agit d’être conscient des conséquences de l’une et de
l’autre et d’agir selon l’intérêt du moment.