La légionellose

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La légionellose
Référence : INF_SCIENT_DOS_02
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Version : 1.0
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Date : 29.02.2012
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La légionellose
DOSSIER
Sommaire :
1.
Quand parle-t-on de légionellose ?
2.
Comment diagnostique-t-on l’infection ?
3.
Existe-t-il un traitement ?
4.
Y a-t-il des mesures de prévention à prendre pour les autres personnes non
malades mais ayant été potentiellement exposées aux germes ?
5.
Quelles sont les mesures de prévention primaire en milieu professionnel ?
6.
Faut-il assurer une surveillance des installations ?
7.
Les mesures préventives secondaires
8.
Remarques concernant les systèmes de conditionnement d’air
9.
Références
Dr Jean-Louis REMY,
Conseiller en prévention – Médecin du travail
Mise à jour par
Dr Jean-Louis GIOT,
Conseiller en prévention – Médecin du travail
Cellule scientifique
Commission scientifique
Mise à jour le 6 septembre 2011
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1. Quand parle-t-on de légionellose ?
Les légionelles sont des bactéries gram négatif en bâtonnet dont il existe 46 espèces et 64
sérogroupes.
Elles sont présentes dans de nombreux milieux naturels (lacs, étangs, rivières,…) ainsi que dans
les réseaux d’eau chaude sanitaire et les circuits de refroidissement : circuits de distribution
d’eau, douches, circuits de climatisation,
tours réfrigérantes, eaux thermales, jaccuzi,
humidificateurs…
La légionelle prolifère en milieu aqueux entre 20°C et 50°C.
En dessous de 20°C, les bactéries sont viables mais ne se développent pas. Elles peuvent
cependant survivre sous une forme « dormante ».
A partir de 50°C, leur durée de vie est limitée à quelques heures ; elles survivent difficilement si
la température dépasse 60 °C et meurent au-delà de 70°C.
La contamination se fait par aérosolisation d’eau contaminée, c'est-à-dire la formation de fines
gouttelettes d’eau de taille inférieure à 5 microns en suspension dans l’air. Il n’a pas été observé
de transmission interhumaine de la maladie. Ce n’est donc pas une maladie contagieuse.
Dans le cadre des eaux sanitaires, c’est le séro-groupe 1 (sur 15) de Legionella pneumophila qui
est le plus à risque. Cet agent est responsable de la maladie du légionnaire, infection pulmonaire
qui constitue la forme la moins fréquente de la maladie, mais dont la mortalité oscille entre 20 et
40 % des cas, ainsi que de la fièvre de Pontiac, syndrome pseudo-grippal sans gravité, passant
le plus souvent inaperçu, qui représente plus de 90 % des infections.
La bactérie pénètre dans l’organisme par les voies respiratoires. Après un délai d’incubation de
deux à dix jours, peuvent apparaitre les premiers signes cliniques de légionellose. La dose
infectante est inconnue.
La maladie se manifeste généralement par
 une sensation de malaise général, de la température,…
 des symptômes respiratoires : essoufflement, toux, …
 des symptômes extra-respiratoires : nausées, vomissements, crampes abdominales,…
Le tableau clinique peut se limiter à ces signes bénins, pseudo-grippaux (fièvre de Pontiac). La
situation peut parfois évoluer vers des complications qui concernent surtout les poumons
(pneumonie, abcès pulmonaires...), susceptibles d’entraîner le décès (maladie du légionnaire).
2. Comment diagnostique-t-on l’infection ?
Le diagnostic biologique peut s’effectuer :
a) par recherche immunochromatographique de l’antigène spécifique de Legionella
pneumophila sérogroupe 1 dans l’urine ;
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b) par sérologie, c’est-à-dire dosage d’anticorps spécifiques dans deux sérums prélevés à
six semaines d’intervalle1 ;
c) par mise en culture de sécrétions bronchiques2.
3. Existe-t-il un traitement ?
L’infection se traite au moyen d’antibiotiques de type quinolones ou néomacrolides.
4. Y a-t-il des mesures de prévention à prendre pour les autres personnes
non malades mais ayant été potentiellement exposées aux germes ?
Il n’y a pas de mesures particulières à prendre, une simple surveillance médicale étant
suffisante. Il convient cependant d’informer les travailleurs et les utilisateurs des installations sur
les premiers symptômes de la maladie, tels que décrits plus haut. Il est recommandé de
consulter son médecin traitant en cas de survenue de ceux-ci.
Il n’existe pas de traitement préventif de la maladie.
5. Quelles sont les mesures de prévention primaire en milieu
professionnel ?
Par prévention primaire, on entend un ensemble de mesures prises en vue d’éviter une
contamination par la légionelle en l’absence de cas cliniques de légionellose.
La prévention primaire repose avant tout sur le respect de certaines règles lors de la
conception des installations.
Ces règles sont :
a) le choix de matériaux adéquats : les tuyaux de zinc, les tubes en PVC et les
colmatages en caoutchouc augmentent le risque de prolifération de légionelles ; par
contre, les tuyaux en cuivre diminuent ce risque ;
b) le placement de filtres à l’entrée des installations intérieures pour éviter que des
particules de corrosion ne soient charriées ;
c) le placement des mitigeurs alimentés par l’eau chaude et l’eau froide le plus près
possible des pommeaux de douche ;
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Cette méthode ne permet qu’un diagnostic tardif voire rétrospectif.
Méthode difficile à mettre en œuvre et donc non utilisée en routine.
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d) la possibilité de mesurer en permanence la température sur les circuits d’eau froide
et d’eau chaude par des thermomètres calibrés ;
e) la possibilité de maintenir la température de l’eau chaude à une température de 70°
au point de distribution ;
f) la possibilité de vidange, de curage, de nettoyage et de désinfection annuels des
réservoirs, chauffe-eau et canalisations.
On recommande par ailleurs :
a) la suppression des bras morts des installations existantes et si ce n’est pas
possible, le placement de robinets purgeurs sur les conduits sans issue ;
b) le maintien de la température de l’eau froide à moins de 20°C en tout endroit du
circuit de distribution ;
c) le maintien de la température de l’eau chaude à plus de 50° tout au long des
circuits de distribution ;
d) le recours aux moyens de lutte contre l’entartrage, éventuellement par des résines
échangeuses d’ions ;
e) le nettoyage annuel à l’acide acétique (vinaigre) des robinets, pommeaux de
douches3 etc. ;
f)
dans les établissements de fonctionnement saisonniers, d’assurer, avant
réouverture, un nettoyage complet des réservoirs et des éléments de robinetterie
avec un écoulement prolongé à tous les points d’usage.
Des recommandations plus détaillées peuvent être trouvées dans le dossier rédigé par le Groupe
de travail Legionella du Conseil Supérieur d’Hygiène de Belgique (voir référence en fin d’article).
6. Faut-il assurer une surveillance des installations ?
En matière de réglementation spécifique à la légionellose, on ne dispose à ce propos que de
l’Arrêté du Gouvernement Wallon du 13 mars 2003 relatif aux bassins de natation. Mais ce
texte est destiné aux gestionnaires des piscines et vise essentiellement la protection des
utilisateurs de celles-ci.
Dans une optique plus générale, on proposera donc ici les recommandations du Conseil
supérieur d’hygiène publique de France pour la gestion du risque lié aux légionelles.
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Il existe actuellement sur le marché des pommeaux filtres qui peuvent remplacer les pommeaux traditionnels. Ce type de
matériel s’avère intéressant mais il doit être remplacé mensuellement, ce qui engendre un coût élevé.
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Tableau 1 :
Actions préconisées selon les concentrations en Legionella dans les eaux chaudes sanitaires
Concentration en L. pneumophila
Actions subséquentes
< 10³ (UFC/L)
Niveau cible :
 Entretien régulier des réseaux et équipements
 Surveillance régulière de la température et des taux de Legionella spp.
4
Niveau d’alerte :
 Vérifier l’origine des écarts par rapport aux résultats d’analyses antérieures
 Renforcer les mesures d’entretien
 Renforcer les contrôles
≥ 10 (UFC/L)
Niveau d’action :
 Intervention technique pour supprimer l’exposition : interdiction des usages
à risques
 Mise en place de moyens curatifs immédiats (choc chloré, choc thermique)
≥ 10³ et < 10 (UFC/L)
4
Source : Orphanet
Le contrôle se fait par récolte d’un litre d’eau dans un flacon stérile et mise en culture. La
concentration des bactéries dans l’eau est mesurée.
Il est impératif de consigner la réalisation des contrôles et les résultats des mesures dans un
registre.
La fréquence des contrôles des eaux sanitaires varie selon le type d’installations. A titre indicatif
sont fournies en fin d’article les références des prescriptions françaises en la matière (Journal
Officiel du 1er février 2010).
7. Les mesures préventives secondaires
La prévention secondaire est constituée de l’ensemble des mesures prises lorsque se produit
une infection à légionelles, suspecte ou confirmée : atteinte du niveau d’action, c’est-à-dire un
nombre d’UFC4 ≥ 104/L dans le schéma de surveillance préconisé au tableau 1.
Ces mesures peuvent consister en :
a) Un choc thermique, consistant en une augmentation de la température de l’eau et un
rinçage des tuyaux en faisant couler l’eau pendant 15 minutes au moins à 70° ou
pendant 3 minutes au moins à 80° 5;
b) Un choc chimique, le plus souvent à base de produits chlorés, excepté en cas de
tuyaux galvanisés ; pour effectuer le traitement de choc chimique, toute l’installation
est remplie d’eau à laquelle sont ajoutés des désinfectants chimiques à une
concentration élevée. On fait circuler cette solution dans toute l’installation en circuit
fermé, afin d’obtenir à chaque point une concentration suffisante en produit actif.
4
5
Unité formant colonie.
Il faut tenir compte du fait que la vétusté des canalisations et des installations de douches (bras morts, dépôts calcaires et
autres, absence de système de purges des circuits,…) est de nature à rendre la mesure de décontamination de type « choc
thermique » moins efficace, voire inopérante.
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Ensuite, on laisse agir le désinfectant durant un temps suffisamment long : dans certains cas,
plus de 12 heures. Durant un tel traitement, le circuit d’eau est entièrement hors d’usage et les
concentrations en substances chimiques sont en outre tellement élevées que toute ouverture
d’un point d’eau doit être évitée par mesure de sécurité.
Le traitement de choc thermique peut être le plus souvent réalisé par le personnel de
maintenance local. Cependant, ces opérations, comme d’ailleurs les diverses tâches de
maintenance, d’entretien, de nettoyage, doivent être strictement encadrées par la délivrance
d’une information, voire d’une formation, à destination des salariés susceptibles d’être exposées
aux aérosols en piscine ou autre espace professionnel à risque.
Des équipements de protection individuelle doivent être fournis afin de prévenir tout risque de
contamination et de brûlure:
 un masque respiratoire de type FFP3 contre les aérosols solides et liquides, assurant un
niveau élevé de filtration du milieu ambiant ;
 des gants en caoutchouc ou en vinyle ;
 des bottes ;
 des lunettes de protection.
Le traitement de choc chimique est généralement réalisé par des entreprises spécialisées,
familiarisées avec le risque de légionellose (les travailleurs de ces entreprises disposent
d’équipements de protection individuelle respiratoires adéquats lors des manœuvres de
décontamination ainsi que d’appareils de mesure du chlore résiduel dans l’air ambiant).
En résumé :
 l’adduction d’eau chaude doit être maintenue à plus de 50° et doit pouvoir être
portée à une température supérieure ou égale à 70° et celle d’eau froide doit être
maintenue à une température inférieure ou égale à 20°.
 Il faut éviter la stagnation d’eau dans les bras morts, facteur important de
développement des légionelles.
8. Remarques concernant les systèmes de conditionnement d’air
Les systèmes de conditionnement d’air constituent aussi un milieu favorable au développement
et à la dissémination des légionelles (production d’aérosols)6.
Dans les systèmes de conditionnement d’air, il faut être particulièrement attentif à l’hygiène des
systèmes d’humidification et des tours aéroréfrigérantes (TAR).
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Ces systèmes peuvent également être à l’origine d’une affection respiratoire de type allergique : la fièvre des humidificateurs,
à ne pas confondre avec la légionellose.
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 Les systèmes d’humidification
L’humidification d’un flux d’air ou de l’atmosphère d’un local est réalisée soit par évaporation
d’eau, soit par injection de vapeur ; dans ce dernier cas, la température est suffisamment élevée
pour détruire tous les micro-organismes. Il existe un danger avec les humidificateurs à réserve et
recyclage de l’eau où les températures peuvent se situer dans la zone favorable au
développement de légionelles.
Il est donc utile de prévoir :
1.
des filtres permettant de diminuer les quantités de particules pénétrant dans une
installation ;
2.
un programme d’entretien efficace ;
3.
la facilité d’accès aux éléments de l’installation pour le nettoyage des pièces de
l’humidificateur et le rinçage avec une solution désinfectante (hypochlorite).
 Les tours aéroréfrigérantes
Une tour aéroréfrigérante humide est un échangeur de chaleur "air/eau", dans lequel l’eau à
refroidir est en contact direct avec l’air ambiant. L’eau chaude est pulvérisée en partie haute de la
tour aéroréfrigérante et ruisselle sur le corps d’échange. L’air traverse le système de
ruissellement et est rejeté dans l’atmosphère. Le refroidissement s’effectue principalement par
évaporation de l’eau. L’existence d’un système de refroidissement à eau où la température est
proche de celle favorable au développement de légionelles constitue donc un danger. C’est la
pulvérisation de l’eau dans l’air et donc la dissémination dans l’atmosphère des légionelles
éventuellement présentes qui constitue le mode de contamination.
L’inspection des tours aéroréfrigérantes (TAR) et leur désinfection sont préconisées une fois par
an par un spécialiste du traitement des eaux. Une ligne de conduite résumée est proposée au
tableau 2.
Tableau 2 :
Actions préconisées selon les concentrations en Legionella dans les TAR
Concentration en L. pneumophila
Actions subséquentes
< 10³ (UFC/L)
Niveau cible :
 Mesures d’entretien et de suivi normal
5
≥ 10³ et < 10 (UFC/L)
5
≥ 10 (UFC/L)
Niveau d’alerte :
 Mesures nécessaires pour abaisser la concentration en Legionella en
dessous de 10³ UFC/L
Niveau d’action :
 Arrêt du fonctionnement du système de refroidissement
 Vidange, nettoyage et désinfection avant remise en service
Source : Orphanet
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9. Références

France. CONSEIL SUPERIEUR D’HYGIENE PUBLIQUE DE FRANCE. Gestion du risque lié aux
légionelles [en ligne]. Paris : Ministère du travail, de l’emploi et de la santé, 2007.
Disponible sur le Web : <http://www.sante.fouv.fr>

Arrêté du 1er février 2010 relatif à la surveillance de légionelles dans les installations de production,
de stockage et de distribution d’eau chaude sanitaire. Journal officiel de la République française
[en ligne], 9 février 2010, n° 0033, p. 2276, texte n°7.
Disponible sur le Web : <http://www.journal-officiel.gouv.fr>

FRANCE.
MINISTERE DE L’ECOLOGIE, DU DEVELOPPEMENT DURABLE, DES
TRANSPORTS ET DU LOGEMENT. PREVENTION DES RISQUES ET LUTTE CONTRE LES
POLLUTIONS. INSPECTION DES INSTALLATIONS CLASSEES. Tours aéroréfrigérantes [en
ligne], [consulté le 20 juin 2011]
Disponible sur le Web : <http://installationsclassees.ecologie.gouv.fr>

JARRAUD, Sophie, REYROLLE, Monique, MEUGNIER, Hélène, et al. Légionellose. La presse
médicale [en ligne], 2007, vol. 36, p. 279-87.
Disponible sur le Web : <http://www.orpha.net>

Légionellose. Aide-mémoire [en ligne], 2011, N° 285.
Disponible sur le Web : <http://www.who.int>

BELGIQUE. SERVICE PUBLIC FEDERAL SANTE PUBLIQUE, SECURITE DE LA CHAINE
ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT. CONSEIL SUPERIEUR DE D’HYGIENE. GROUPE DE
TRAVAIL LEGIONELLA. Recommandations pour la prévention des infections à Légionella dans
les établissements de soins [en ligne]. Bruxelles : SPF Santé publique, sécurité de la chaîne
alimentaire et environnement, 2002. N° CSH 7509.
Disponible sur le Web : <http://www.health.belgium.be>
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