Troubles d`hypersollicitation du membre supérieur en milieu forestier

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Troubles d`hypersollicitation du membre supérieur en milieu forestier
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INF_SCIENT_DOS_13
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29.02.2012
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: : 29.02.2012
Troubles d’hypersollicitation
du membre supérieur en milieu forestier
DOSSIER
Sommaire :
1.
L’origine des troubles d’hypersollicitation
2.
Les différents types de lésions
 Les lésions musculo-tendineuses
 Les lésions nerveuses
3.
Les principaux troubles d’hypersollicitation
3.1. Le coude
 Les épicondylalgies
 Les épitrochléites
3.2. L’épaule
 Les tendinites de l’épaule
3.3. Le poignet
 Le syndrome du canal carpien
4.
Les tâches impliquées dans la survenue de troubles d’hypersollicitation
4.1. Le martelage
4.2. Les travaux manuels d’entretien
4.3. Le griffage des arbres
4.4. L’élagage
4.5. L’abattage et le tronçonnage
5.
Les mesures préventives
 au niveau du temps de travail
 au niveau des postures de travail
 au niveau de l’outillage
6.
Reconnaissance en maladies professionnelles
 Le système « liste »
 Le système ouvert
7.
Quelques références
Dr Jean-Louis GIOT,
Conseiller en prévention – Médecin du travail
Cellule scientifique
Commission scientifique
16Page
août1 sur
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Cette note reprend la description des principaux troubles occasionnés en milieu forestier par des
gestes professionnels imposant une sollicitation excessive de certaines structures anatomiques.
La dénomination « troubles d’hypersollicitation » a été préférée ici à « troubles musculosquelettiques », plus communément utilisée mais trop réductrice, car ne prenant pas en compte
les atteintes d’autres structures anatomiques, comme les nerfs.
Après quelques données introductives sur l’origine des troubles d’hypersollicitation, les
principales pathologies susceptibles d’être rencontrées en milieu forestier sont décrites dans une
première partie.
La seconde partie présente les tâches exposant à la survenue des ces différentes pathologies
ainsi que les grands principes préventifs et quelques informations concernant la reconnaissance
éventuelle comme maladie professionnelle.
1.
L’origine des troubles d’hypersollicitation
Trois grands types de facteurs sont à prendre en compte :
 les facteurs de sollicitation ;
 la capacité fonctionnelle individuelle ;
 les facteurs psychosociaux liés à l’entreprise.

Les facteurs de sollicitation
Certains gestes professionnels sont susceptibles d’occasionner un surmenage de structures
anatomiques (muscles, tendons1, nerfs,…). Quatre grands facteurs peuvent intervenir et se
combiner :
-
le type de posture requis pour le geste professionnel ;
la fréquence d’exécution du geste (mouvements répétitifs) ;
la durée (maintien prolongé de la posture) ;
l’intensité d’utilisation (si s’y ajoute le développement de forces).
D’autres facteurs externes peuvent s’ajouter à ces facteurs biomécaniques, comme la
température, l’exposition aux vibrations etc.

La capacité fonctionnelle individuelle
Les principaux facteurs influençant la capacité fonctionnelle individuelle sont l’âge, la
morphologie, l’état de la condition physique, les antécédents pathologiques, les capacités
de réaction face aux événements stressants...
1
Le tendon est une structure fibreuse située à l’extrémité du muscle et qui relie celui-ci à l’os. Cet endroit où le tendon s’attache
à l’os est appelé insertion.
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Les facteurs psychosociaux liés à l’entreprise
On reprend ici divers facteurs liés à l’organisation du travail ainsi qu’aux relations de travail :
contraintes de temps, monotonie, manque d’autonomie et de contrôle, relations entre
collègues, mode de management…
Il est bien évident que ces différents facteurs peuvent être liés entre eux.
Ces troubles surviennent majoritairement au niveau du membre dominant.
2.

Les différents types de lésions
Les lésions musculo-tendineuses
Des facteurs mécaniques interviennent dans la survenue des lésions, certains tendons étant plus
exposés en raison de leur trajet, de leur type d’insertion sur l’os etc.
Au sein de ces tendons, l’hypersollicitation, associée aux contraintes mécaniques locales,
compromet la qualité de l’irrigation sanguine des tissus avec pour conséquences :
 la souffrance puis la nécrose de certaines fibres ;
 une réaction inflammatoire locale ;
 l’induction d’un processus de réparation tissulaire.
Les micro-déchirures au niveau des fibres peuvent s’étendre et aboutir à une rupture complète
de l’insertion.

Les lésions nerveuses
Les mouvements répétitifs appliqués au nerf (compression, étirement…) en perturbent l’apport
sanguin ; dans un premier temps, le nerf va s’oedématier, le gonflement accroissant encore la
compression. La répétition des phases de compression des fibres nerveuses peut occasionner
leur fibrose voire leur dégénérescence définitive.
L’exposition aux vibrations mécaniques (tronçonneuse par exemple) peut également
contribuer à l’atteinte du nerf. Par un phénomène physique appelé résonance (voir fiche
consacrée aux vibrations mécaniques), le nerf fait l’objet, lors de l’exposition aux vibrations,
d’une absorption intense d’énergie qui endommage sa gaine, ce qui entraîne des troubles de
conduction de l’influx nerveux.
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3.
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Les principaux troubles d’hypersollicitation
3.1. Le coude
Figure 1 : anatomie du coude
Source : http://www.swissorthoma.ch/orthopedie/Shop/03-coude/tms_coude_gr.gif
 Les épicondylalgies
Le terme très général « épicondylalgies » s’applique aux douleurs survenant dans la région de
l’épicondyle, partie externe2 de l’extrémité inférieure de l’humérus, l’os du bras ; cette saillie
osseuse peut facilement être repérée en palpant la face postéro-externe du coude. C’est sur
cette partie de l’humérus que s’insèrent les muscles responsables des mouvements d’extension
des doigts et de la main ainsi que de la supination3 de la main (muscles épicondyliens).
Les épicondylalgies constituent les douleurs du coude les plus fréquentes.
Ces douleurs, qui peuvent irradier vers le bord externe de l’avant-bras, trouvent leur origine dans
des microlésions des tendons d’insertion des muscles épicondyliens et particulièrement du 2ème
muscle radial (épicondylite proprement dite); les douleurs ne demeurent pas localisées au foyer
de lésion initial mais peuvent être diffuses car ces tendinites s’accompagnent souvent d’une
réaction inflammatoire au sein des tissus avoisinants.
Certaines épicondylalgies peuvent résulter d’une compression de la branche postérieure du nerf
radial (nerf interosseux postérieur) dans la partie supérieure de l’avant-bras. Ici, l’épicentre des
douleurs est le plus souvent localisé un peu plus bas, sous l’articulation du coude, à la face
antéro-externe de l’avant-bras, mais la douleur peut irradier vers l’extrémité du membre.
Enfin, certaines douleurs épicondyliennes peuvent être liées à une arthrose du coude
(articulation entre la tête du radius et le cubitus) voire à une tendinite du biceps du triceps
(muscles du bras).
2
De façon conventionnelle, les localisations anatomiques et les mouvements sont décrits à partir d’une position de repos où
l’individu est debout, bras le long du corps, paumes des mains tournées vers l’avant.
3
Supination : mouvement par lequel on tourne la main de l’avant vers l’arrière (vissage par exemple).
Pronation : mouvement par lequel on tourne la main de l’arrière vers l’avant (dévissage par exemple).
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Ces différents facteurs causaux peuvent être éventuellement associés.
Toutes les douleurs de la région du coude ne proviennent pas d’un trouble de l’articulation ou
des structures voisines. Ainsi, des irradiations douloureuses dans la région du coude peuvent
aussi provenir de l’irritation de racines nerveuses au niveau de la colonne vertébrale cervicale
(5ème et 6ème racines cervicales).
Les postures et mouvements à l’origine de ces lésions sont :
 les mouvements répétés de préhension au moyen de la main en extension sur l’avantbras ;
 les mouvements répétés de supination - pronation, surtout s’ils s’accompagnent d’un
développement de forces, comme dans des tâches de martèlement et de vissage.
Traitement
Les épicondylalgies peuvent dans leur majorité bénéficier d’une prise en charge médicale
recourant à la mise au repos du membre, au traitement anti-inflammatoire oral, à l’infiltration
locale et à la physiothérapie.
Le port d’une orthèse4, comme un bracelet épicondylien par exemple, peut parfois améliorer la
situation en modifiant la répartition des forces sur les tendons.
Dans certaines situations, une intervention chirurgicale peut s’imposer. C’est entre autres le cas
lors d’atteintes du nerf interosseux postérieur par compression.
 L’épitrochléite
L’épitrochléite (également appelée épicondylite médiale) constitue une tendinite d’insertion des
muscles s’insérant sur l’épitrochlée, partie de l’humérus proéminante, à la partie interne du
coude. Ces muscles, situés à la face antérieure de l’avant-bras assurent la flexion des doigts, de
la main et du poignet ainsi que la pronation et l’inclinaison interne du poignet.
Les épitrochléites d’origine professionnelle sont bien moins fréquentes que les épicondylalgies.
Elles sont surtout en rapport avec le travail en force, bien plus qu’avec les mouvements répétitifs.
Il semble par ailleurs que les épitrochléites soient souvent associées à d’autres pathologies du
membre supérieur comme les épicondylalgies, les tendinites de l’épaule, le syndrome du canal
carpien etc., et qu’elles pourraient résulter de mouvements de compensation, en réaction à la
douleur et aux limitations motrices induites par ces pathologies.
Elles se manifestent par des douleurs au niveau de la face interne du coude à la palpation et lors
des mouvements sollicitant les muscles épitrochléens, mais s’avèrent moins invalidantes que les
épicondylalgies.
Les postures et mouvements à l’origine de ces lésions impliquent une association de :
 la pronation forcée de la main et de l’avant-bras,
 la flexion palmaire et l’inclinaison interne du poignet, surtout avec les doigts en flexion, par
exemple pour la prise d’un manche d’outil.
4
Orthèse : appareil orthopédique destiné à compenser, immobiliser, corriger la partie du corps sur laquelle il est utilisé.
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Traitement :
La prise en charge se calque sur celle des épicondylalgies.
3.2. L’épaule
Figure 2 : anatomie de l’épaule
Source : http://www.arthrosport.com/epaule/pathologie_coiffe_des_rotateurs/pathologie_coiffe_conflit.html
 Les tendinites de l’épaule
Quand le membre supérieur est utilisé en abduction5 au-dessus du niveau des épaules, il y a
sollicitation d’un groupe musculaire appelé « coiffe des rotateurs » de l’épaule, groupe de cinq
muscles dont les tendons s’insèrent sur la partie supérieure de l’humérus. Le plus vulnérable de
ces tendons est celui du muscle sus-épineux étant donné, d’une part, le rôle important que joue
ce muscle dans l’abduction et l’élévation du bras au-dessus du plan des épaules et d’autre part,
son passage « en sandwich » entre l’extrémité supérieure de l’humérus et la partie supérieure de
l’omoplate (acromion), situation qui peut s’avérer conflictuelle.
Le surmenage de ces tendons peut entraîner des microlésions et une réaction inflammatoire qui
peuvent même aboutir à la rupture tendineuse. De plus, les réactions inflammatoires peuvent
évoluer vers la formation de calcifications au sein des structures articulaires.
L’ensemble de ces lésions se traduit par des douleurs parfois très vives au niveau de l’épaule,
occasionnant des douleurs lors du mouvement d’élévation active du bras au-dessus du plan des
épaules, voire l’impossibilité de l’effectuer.
5
Eloignement d’un membre ou segment de membre de l’axe du corps.
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Les mouvements à l’origine de ces lésions sont :
les postures prolongées ou répétées impliquant l’élévation des bras au-dessus du plan des
épaules, surtout si elles sont associées à des contractions dynamiques et à l’utilisation d’outils
pondéreux ainsi qu’à des vibrations, comme dans l’élagage mécanisé par exemple.
Traitement :
La prise en charge s’effectue par une mise au repos des muscles concernés (évitement des
mouvements au-dessus du plan des épaules), un traitement médicamenteux et, en fonction de la
nature, de la gravité et de la durée des phénomènes douloureux par le recours à la
physiothérapie, aux infiltrations voire à une intervention chirurgicale de libération de la coiffe des
rotateurs.
3.3. Le poignet
Figure 3 : le canal carpien
Source : http://entrainement-sportif.fr/canal-carpien-etirement-poignet.htm
 Le syndrome du canal carpien
Le syndrome du canal carpien est dû à la souffrance du nerf médian par compression-étirement.
Ce nerf assure la sensibilité de la face palmaire du pouce, de l’index, du majeur et de la moitié
externe de l’annulaire ainsi que d’une partie de leur face supérieure.
Une partie de la motricité de la main et de ces doigts dépend également du nerf médian.
Le nerf passe au niveau du poignet entre d’une part, les os de l’articulation et les tendons des
muscles fléchisseurs des doigts et d’autre part, un ligament, le ligament annulaire du carpe ou
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ligament carpien transverse, situé sous la peau de la face antérieure du poignet. L’ensemble de
ces éléments constitue le « canal carpien ».
La symptomatologie débute souvent par des sensations d’engourdissement, de picotements
voire de douleurs durant la nuit ; l’accentuation nocturne des symptômes s’explique en effet par
le fait que, de façon naturelle, quand le corps adopte une position couchée prolongée, le nerf,
comme d’autres tissus mous, absorbe du liquide et augmente donc de volume. Avec l’évolution,
ces symptômes surviennent lors de l’exécution d’opérations à risques durant le travail (voir
paragraphe suivant), voire lors de gestes de la vie courante (conduite de la voiture par exemple).
Ces troubles sensitifs peuvent s’accompagner de troubles de la motricité (difficultés lors de
mouvements fins, perte de force…). Sans intervention, l’atteinte du nerf peut évoluer vers des
lésions irréversibles.
La confirmation du diagnostic évoqué par les troubles sensitifs et éventuellement moteurs
s’effectue au moyen d’une étude électrophysiologique (EMG).
Postures et mouvements à l’origine des lésions :
L’atteinte du nerf peut se faire par compression, main en hyperflexion, ou par étirement, main
en hyperextension. La compression peut être aggravée par les travaux impliquant une flexion
prolongée des doigts, celle-ci entraînant une inflammation des tendons des fléchisseurs et un
rétrécissement relatif du canal.
Les vibrations mécaniques appliquées à la région, par exemple lors de l’utilisation de la
tronçonneuse, constituent un facteur défavorable supplémentaire.
Traitement :
Le syndrome du canal carpien peut dans un premier temps être soulagé par des injections à
visée anti-inflammatoire mais le plus souvent, une intervention chirurgicale impliquant la section
du ligament carpien transverse s’imposera.
4.
Les tâches impliquées dans la survenue de troubles d’hypersollicitation
4.1. Le martelage
En milieu forestier, c’est le martelage qui constitue la principale source de contraintes au niveau
du coude et des structures musculo-tendineuses.
On retrouve donc ici les facteurs de risque impliqués dans la survenue de troubles par
hypersollicitation. L’utilisation du marteau forestier6 requiert en effet des mouvements répétitifs
impliquant poignet, coude et épaule et sollicitant particulièrement les muscles épicondyliens,
ainsi que le développement de forces.
6
Le marteau forestier, tel qu’utilisé par le Département de la Nature et des Forêts du Service Public de Wallonie, comprend au
niveau du fer un côté tranchant et un côté formé d’une partie cylindrique portant en relief le sceau de l’Etat (silhouette de lion
incluse dans un hexagone).
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Mouvements répétés
Le martelage implique, dans les bois soumis au régime forestier du moins, l’enlèvement d’un
lambeau d’écorce (la « flache ») afin de mettre l’aubier7 à nu et ensuite, en retournant le
marteau, l’apposition du sceau officiel (marque de délivrance) sur l’aubier. Cette opération est
répétée sur chaque arbre destiné à l’abattage.
L’enlèvement du lambeau d’écorce nécessite un travail en extension et pronation de la main sur
l’avant-bras (et de l’avant-bras sur le bras), suivi d’une flexion de l’avant-bras avec freinage brutal
de la main en extension et ensuite un passage en supination lors de l’impact du fer sur l’arbre et
du dégagement du fragment d’écorce.
L’apposition de la marque de délivrance sur l’aubier mis à nu requiert un mouvement
d’extension-supination de la main (retournement du marteau), puis d’une extension rapide de
l’avant-bras suivi d’un impact avec arrêt brutal du mouvement.
Développement de forces
La préhension du marteau et l’énergie cinétique à imprimer au fer pour l’arrachement de l’écorce
et l’apposition de la marque imposent le développement de forces. L’énergie nécessaire à
l’opération dépend de l’essence martelée (épaisseur et dureté de l’écorce ainsi que du bois). De
plus, le freinage brutal du fer sur le bois entraîne une dissipation subite de l’énergie avec onde
de choc au sein du membre supérieur.
Aux mouvements en force s’ajoute la transmission de vibrations au membre supérieur lors des
impacts.
4.2. Les travaux manuels d’entretien
Divers travaux manuels d’entretien comme le ratissage, le sarclage, le plantage, le piochage, le
dessouchage impliquent, à des degrés divers, l’utilisation d’outils, main en pronation et poignet
en inclination interne avec développement de forces ; ils sont susceptibles d’imposer des
contraintes mécaniques aux tendons épitrochléens.
4.3. Le griffage des arbres
Selon la direction du trait, le griffage implique le travail de la main soit en extension-supination,
soit en flexion-pronation.
La répétition de cette opération est donc susceptible de solliciter de façon importante les muscles
épicondyliens dans le premier cas (extension de la main et du poignet), les épitrochléens dans le
second (flexion des doigts, de la main et du poignet, pronation et inclinaison interne du poignet et
de la main).
7
Dans un arbre, partie du bois située entre l’écorce et le cœur.
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4.4. L’élagage
L’élagage manuel à la scie sollicite essentiellement l’articulation de l’épaule et les rotateurs de
l’épaule. Suivant la force déployée peut s’y associer une sollicitation des muscles épitrochléens.
Lors de l’élagage mécanisé, le poids de l’outil s’ajoute aux contraintes inhérentes à la posture de
travail. Les vibrations jouent de plus un rôle nocif en cas d’utilisation d’une tronçonneuse tenue à
la main.
4.5. L’abattage et le tronçonnage
L’exposition aux vibrations suite à l’utilisation de la tronçonneuse peut entraîner à moyen terme
des lésions vasculaires au niveau des doigts, se manifestant par des épisodes de spasme : c’est
le « doigt blanc du bûcheron » ou phénomène de Raynaud. Les vibrations ont également des
effets nocifs sur les nerfs périphériques du membre supérieur. Ces troubles ont été évoqués plus
haut et ne seront pas détaillés ici.
Mais l’usage de la tronçonneuse associe aux vibrations un effet postural au niveau des poignets
et des mains, avec compression du canal carpien et contraintes mécaniques au niveau du nerf
médian susceptibles d’aboutir à un syndrome du canal carpien.
5.
Les mesures préventives
 Au niveau du temps de travail
Quel que soit le type de troubles envisagé, au niveau du poste de travail, l’alternance des
tâches constitue la toute première mesure à mettre en œuvre. Il s’agit évidemment d’une
démarche difficile, touchant à l’organisation du travail, et qui se conçoit difficilement dans des
tâches continues comme par exemple le bûcheronnage en exploitation forestière.
En sylviculture par contre, où la diversité des tâches est plus marquée, l’organisation doit
idéalement s’appuyer sur une analyse, même sommaire, des opérations et donc des
mouvements requis pour leur réalisation, de manière à introduire, grâce à une rotation des
travailleurs, une alternance dans la mise en jeu des différentes articulations et structures
musculo-tendineuses.
 Au niveau des postures de travail
D’une façon générale, on recommande d’éviter les appuis prolongés et les chocs sur le talon de
la main.
On évitera les situations de travail sollicitant les articulations, particulièrement poignets et
épaules, dans des positions extrêmes.
On proscrira les outils dont la prise désaxe la main par rapport à l’avant-bras.
La formation joue ici un rôle capital, quand on sait par exemple que la force de préhension
déployée pour tenir un outil comme la tronçonneuse - et donc les contraintes mécaniques et la
transmission des vibrations aux membres supérieurs- diminue au fur et à mesure qu’augmente la
maîtrise de la machine par l’opérateur.
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 Au niveau de l’outillage
On optimisera le poids de l’outil par rapport à la tâche prescrite (les tronçonneuses par exemple).
En ce qui concerne certains outils manuels, comme les marteaux forestiers, on choisira des
manches dont le matériau permet une dissipation maximale de l’énergie.
L’entretien des tranchants doit être soigné, que ce soit le côté tranchant du marteau ou d’autres
outils (y compris les chaînes de tronçonneuses).
6.
Reconnaissance en maladies professionnelles
Dans certaines conditions, les troubles d’hypersollicitation peuvent être reconnus comme
maladies professionnelles.
En Belgique, deux systèmes de réparation des maladies professionnelles existent :
 le système de la « liste belge des maladies professionnelles »
 le système dit « ouvert »
 Le système « liste »
La liste belge des maladies professionnelles comprend toute une série de maladies ou de
groupes de maladies en rapport avec une liste d’agents causaux. Le travailleur atteint d’une de
ces affections, s’il a été exposé à ces facteurs de risque lors de son travail, peut introduire
un dossier médical de demande en réparation. Le lien de cause à effet ne doit pas être
démontré par l’intéressé. La réalité de l’exposition au risque peut cependant être vérifiée par le
Fonds des Maladies Professionnelles (FMP).
En ce qui concerne les troubles d’hypersollicitation décrits dans cette note, une maladie est
reprise sur la liste, c’est le syndrome du canal carpien, sous la rubrique « atteinte de la fonction
des nerfs due à la pression » (1.606.51)8.
 Le système ouvert
Si le travailleur est atteint d’une maladie qui ne figure pas sur la liste, mais qu’il attribue à son
activité professionnelle, il lui appartient de prouver l’exposition au risque dans le cadre de cette
activité. Il lui faut en outre apporter la preuve d’un lien de cause à effet, direct et déterminant,
entre l’activité professionnelle et donc le risque, et la pathologie dont il souffre. C’est le cas de
tous les troubles d’hypersollicitation en milieu forestier, à l’exception du syndrome du canal
carpien.
La constitution de ce dossier requiert donc une collaboration étroite entre le médecin généraliste
et/ou le médecin spécialiste et le médecin du travail.
Les modalités de prise en charge des demandes en réparation
Les modalités de traitement de la demande en réparation diffèrent selon le type d’entreprise
auquel appartient le travailleur.
8
Le phénomène de Raynaud, qui ne constitue pas à proprement parler un trouble d’hypersollicitation, est également reconnu
comme « maladie angioneurotique provoquée par les vibrations mécaniques » (1.605.02).
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Dans le secteur privé, c’est le FMP qui est compétent et indemnise le travailleur si la demande
est reconnue. Le FMP traite directement avec le salarié.
Dans le cas d’un employeur public cotisant à l’ONSS-APL, (administrations provinciales et
locales), c’est le FMP qui est compétent et indemnise le travailleur si la demande en réparation
est prise en compte, mais la décision est communiquée via l’employeur.
Dans le secteur public non cotisant à l’ONSS-APL (administrations fédérales et régionales
par exemple), le FMP n’est pas compétent mais joue un rôle d’expert à la demande du service
public ; c’est l’employeur qui détient la décision finale et indemnise le cas échéant, recourant
alors le plus souvent à un système de contre-assurance pour assurer l’intervention financière.
Les documents à utiliser pour l’introduction de la demande varient selon le secteur :
 dans le secteur privé, il convient d’utiliser respectivement les formulaires 501 F et 503 F ;
 dans le secteur public APL, ce sont les formulaires 601 Fet 603 F ;
 dans les autres services publics, la demande doit s’effectuer via les formulaires MP 1
(document administratif) et MP 2 (certificat médical).
7.
Quelques références

Troubles musculosquelettiques (TMS). Série stratégie SOBANE : gestion des risques
professionnels [en ligne]. Bruxelles : SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, 2007.
Disponible sur le Web : <http://www.emploi.belgique.be>

MALCHAIRE J., INDESTEEGE B. Troubles musculo-squelettiques. Analyse du risque.
Bruxelles : Institut National de recherche sur les Conditions de Travail, 1997.

PUJOL M., 1993. Pathologie professionnelle d’hypersollicitation. Atteinte périarticulaire du
membre supérieur. Paris : Masson, 1993.
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