Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam

Transcription

Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam
Colloque francophone
« Discours après 2000 »
L’expression verbale de l’émotion
dans le discours francophone
dans les nouveaux médias
après l’an 2000
Résumés
Université Adam Mickiewicz, Poznań, Pologne
20-21 mars 2014
http://discours2000.home.amu.edu.pl
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Fabienne Baider
[email protected]
Maria Constantinou
[email protected]
Université de Chypre
Emotion négative / positive, communication virtuelle et propagande d’extrême-droite
Depuis une dizaine d’années, les partis d'extrême extrême-droite ont considérablement augmenté
leur impact et ils ont gagné du terrain dans le monde politique européen. Parallèlement les arguments
nationalistes, xénophobes ou anti-immigration ont aussi marqué les discours politiques moins
extrémistes et cela autant durant les élections parlementaires européennes que celles nationales
(Sarkozy en 2012 en France; la victoire d’Aube dorée en Grèce en 2012). En particulier les arguments
de ces partis politiques utilisent les affects tels que peur, colère et haine sur lesquelles ils construisent
une partie de leur plate-forme politique (ainsi Sarkozy et son référendum sur l`identité nationale 20102011).
Après avoir expliqué la sémantique lexicale des émotions étudiées (haine, peur et colère) selon la
théorie de Wierzbicka (1999 et passim), cette présentation compare l`ethos de Marine Le Pen (MLP)
construit dans ses discours et ses entretiens à l’ethos de partisans du FN, que ce soit dans les entretiens
ou dans les participations sur les forums. En effet, si la présidente du FN se garde bien de se montrer
ouvertement raciste comme l’a fait son père, ses propos encouragent cependant des dérapages dans les
forums. Cependant, lorsque nous comparons les données des forum lors des discours de Jean-Marie Le
Pen (JMLP) il est clair que MLPa réussi à chnager le ton des discussions, et nous argumenterons que
cette évolution a été possible par un glissement dans le pathos prédominant: MLP se focalise d’abord
sur la fierté (identité nationale, patrimoine à préserver, souveraineté à retrouver) pour redonner espoir
plutôt que sur la peur et la colère comme le faisait JMLP.
Notre corpus se compose principalement de données venant de discours internautes (forum et
YouTube). Le discours extrémiste est en effet un site exceptionnel de bipolarisation du public avec
d'une part ceux qui soutiennent une violence réelle ou symbolique au nom d`une idéologie et ceux qui
la dénoncent de manière parfois aussi violente. De plus les plates-formes de web sociaux, étant
associées à un potentiel émancipateur, à la liberté de parole et à l’expression des sentiments, sont aussi
des espaces particulièrement intéressants pour l'analyse du discours émotionnel et émotionné (Plantin
2011).
Notre corpus qui est en cours se compose déjà de 60 000 mots en ce qui concerne les forum et
blogs des partisans de JMLP et de MLP et de 120 000 mots en ce qui concerne les articles. Notre
méthodologie est basée sur la linguistique de corpus (Blumenthal 2002) et prend en compte en
particulier les co-occurrences les plus fréquentes dans le contexte du paradigme définissant le outsider
tels que immigrés, identité, étrangers, racines, etc. Notre analyse de discours est basée sur la théorie de
l’évaluation (Martin and White 2005): nous travaillons à souligner comment ces sentiments sont
articulées de manière indexicale tout en ayant la même force argumentative que les mots offensants,
les insultes ou des termes explicitement péjoratifs (comme racaille cf. Valette 2010).
4
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Anna Bobińska
[email protected]
Université de Lodz, Pologne
Le phénomène rumoral en tant que déclencheur d’émotion
Notre étude se propose de réfléchir sur les mécanismes de maniement de l'information et plus
précisément, sur la place attribuée à la rumeur dans le discours médiatisé contemporain (à l’exemple
de la récente affaire Hollande-Gayet). Fortement enracinée dans le folklore et l’imaginaire commun,
faisant écho aux tensions qui rythment chaque communauté, celle-ci se sert de tous les réseaux et de
tous les supports pour se diffuser. Lancée à dessein, elle devient une sorte de stratégie de
communication spécifique : une technique d'influence, voire « un underground discursif où tout est
permis » (Christophe Roux-Dufort), ayant le pouvoir de forger des opinions ou de déclencher des actes
ou des réactions émotionnelles, parfois violentes, qui peuvent entraîner de sérieuses répercussions
sociales, économiques et politiques.
Nous chercherons à décortiquer le phénomène en question en nous interrogeant sur les façons de
présenter l'information, y compris les outils langagiers, ainsi que sur les transformations que celle-là
doit subir. Nous essaierons en même temps de cerner les logiques des rumeurs aussi bien que leur
portée et leur impact sur le plan sociétal.
Patrycja Bobowska-Nastarzewska
[email protected]
Université Nicolas Copernic de Torun, Pologne
Exprimer l’émotion dans le discours philosophique
sur l’exemple de l’entretien avec Paul Ricœur concernant le sujet de la justice
L’objet de l’analyse constituent les moyens verbaux, en particulier, lexicaux, stylistiques et
syntaxiques servant à exprimer l’émotion dans le dialogue sur la question de la justice. Le point de vue
présenté et examiné est philosophique puisque la base d’analyse constitue un entretien, réalisé par
Jean-Marc Gaté, avec un grand philosophe français contemporain Paul Ricœur (1913 – 2005) intitulé
Entretien avec Paul Ricœur, publié en 2001 à: Le philosophoire 3/2001 (n° 15), p. 9-21 et accessible
également en ligne: www.fondsricoeur.fr. Les considérations de Paul Ricœur prononcées au long de
l’entretien concernent en majorité la dernière partie de son œuvre, notamment la parution du Juste I et
II en 1995 et 2001. L’objectif de la présente analyse est ainsi de souligner les éléments de l’expression
verbale (orale et écrite) de l’émotion dans le discours philosophique aussi bien de la part d’un
journaliste réalisant l’entretien, posant des questions et menant la conversation que de la part d’un
philosophe, répondant aux questions et essayant d’expliquer au public sa vision de la justice. La
méthode de recherche provient, d’un côté, de la linguistique culturelle, surtout de la théorie de l’image
linguistique du monde du cercle des chercheurs polonais de l’Université Maria Curie-Skłodowska de
Lublin avec Monsieur le Professeur Jerzy Bartmiński en tête et, de l’autre, de la linguistique cognitive,
particulièrement, de la théorie de la métaphore conceptuelle de George Lakoff et Mark Johnson, et
celle de network model de Ronald Wayne Langacker. La méthodologie donnée nous servira à
présenter le fragment de l’image linguistique du monde, notamment celui du monde des sentiments et
des émotions dans le discours français effectué par deux interlocuteurs parlant sur le phénomène de la
justice du point de vue philosophique.
5
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Anna Dolata-Zaród
[email protected]
Université de Silésie, Pologne
La verbalisation des émotions dans le disours médiatisé spécialisé
Le caractère rationnel et objectif du droit et l'exigence d'impersonnalité semblent s'opposer au
caractère subjectif et relatif de la verbalisation des émotions. Cependant cette opposition nettement
séparée entre droit et verbalisation des émotions est aujourd'hui remise en question aussi bien par les
linguistes que les juristes. Il suffit de parcourir certaines décisions de la Cour de cassation pour se
rendre compte de la présence des marques subjectives dans le discours jurisprudentiel. Dans ce travail,
il s'agit de poser la question concernant la verbalisation des émotions dans la jurisprudence et ensuite
d'évaluation comment influence-t-elle le droit.
Notre communication vise à apporter des éléments de réponses à cette interrogation en proposant
d’étudier la valorisation du discours jurisprudentiel, entendu comme un discours fortement spécialisé,
au caractère soutenu (Cornu 2005). Il est le lieu de la rencontre entre le discours juridique doctrinal, le
discours législatif, le discours juridique procédural et le discours juridique défensif. Sa particularité
tient en partie à l’existence de deux niveaux linguistiques spécialisés qui se combinent dans la
construction de l’espace discursif: d’une part, un volet commun à tous les arrêts qui englobe les unités
lexicales et syntagmatiques propres au domaine procédural et, d’autre part, un volet spécifique formé
par le vocabulaire et la phraséologie relevant de la matière particulière sur laquelle porte l’arrêt.
Notre objectif est d’entamer une réflexion sur le rôle de la verbalisation des émotions dans le
discours médiatisé spécialisé: discours juridictionnel. Pour ce faire, nous partirons de la définition et
du cadre théorique de la verbalisation des émotions. Avant de poursuivre, il serait utile de se pencher
sur le corpus choisi et de présenter la macrostructure des arrêts rendus par la Cour de cassation. Puis,
nous essayerons d’examiner la nature de la verbalisation des émotions du discours juridictionnel et de
fournir des exemples concrets dans les jugements de la Cour de cassation.
ADAM J.-M., 2005: Analyse de la linguistique textuelle - Introduction à l'analyse textuelle des discour., Paris, Armand Colin, collection
« Cursus ».
BARTMIŃSKI J., 2004: „Dynamika kategorii punktu widzenia w języku, tekście i dyskursie”, in: Punkt widzenia w języku i w kulturze.
Bartmiński J., Niebrzegowska-Bartmińska S., Nycz R., (red.) Lublin, Wydaw. UMCS, 321-358.
BRACOPS M., 2006: Introduction à la pragmatique. Les théories fondatrices: actes de langage, pragmatique cognitive, pragmatique
intégrée. Paris, De Boeck.
CORNU G., 2005: Linguistique juridique. Paris, Montchrestien.
6
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Jolanta Dyoniziak
[email protected]
Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne
Identité sociale médiatisée à l'exemple de la presse française et polonaise
L'étude se situe dans le cadre des études sur la communication, notamment celles qui visent à
mettre en lumière la stratégie de la médiatisation de l'information. Vu la complexité du phénomène
évoqué, on a décidé de porter l'attention cette fois-ci sur la stratégie discursive mise en œuvre au cours
du processus de la médiatisation de l'information que la presse (polonaise et française) réalise afin de
définir l'identité sociale.
Il y est question d'une pratique discursive complexe, visant à créer, par le biais d'une série continue
des mécanismes diverses, un univers sémantique commun aux locuteurs, celui des valeurs et des
raisonnements allant à la rencontre de l'espace social commun. Cela permet à l'individu de participer à
la vie communautaire en tant que son membre. La stratégie s'applique en trois étapes: création du
monde communautaire, mise en scène des représentations sociales, légitimation des définitions faites.
Nous sommes d'accord avec l'idée lancée par Augé selon laquelle les médias constituent « un lieu
d'investissement émotionnel » (1992). « La façon de raconter s’appuie davantage sur des valeurs
d’affect socialement partagées car il s’agit de faire ressentir certaines émotions » et éveiller le débat
démocratique (Charaudeau, 2009).
Le travail s'appuie sur un corpus de presse d'information: française (Le Monde, Libération) et
polonaise (Gazeta Wyborcza, Rzeczpospolita) consultées dans leurs versions électroniques.
Alicja Hajok
[email protected]
Université Pédagogique de Cracovie, Pologne
Luis Meneses Lerin
[email protected]
LDI (UMR 7187), France
FIESTA: calculer la subjectivité dans les textes de presse française
Les techniques de TAL sont indispensables à chaque fois que l'objet à traiter informatiquement est
de nature linguistique. Il est donc nécessaire d'appliquer ces techniques pour traiter automatiquement
les grands corpus. Comme le sujet du colloque veut, le corpus du travail sera constitué à partir de
textes de la presse écrite après l’an 2000. Dans ce qui suit, nous voulons présenter le travail qui est en
train d’être réalisé entre l’Université Paris 13 et l’Université Pédagogique de Cracovie dans le cadre du
Master Pro TILDE (Traitement Informatique et Linguistique de Documents Ecrits). Notre objectif est
de constituer un outil capable de calculer automatiquement le degré de la subjectivité dans un texte (en
français, en espagnol ou en italien) et d’afficher instantanément le degré de subjectivité. Pour ce faire,
la subjectivité est définie, dans le cadre de ce travail, comme la manifestation (dans le texte) de la
présence du locuteur à travers des marques linguistiques et elle se manifeste en outre par l’expression
des émotions dans un texte. Ainsi, nous allons procéder à plusieurs étapes d’analyse: (1) la
détermination des indices textuels de subjectivité, (2) la constitution de ressources linguistiques (bases
de données, graphes), (3) l’étiquetage des marques de subjectivité dans le corpus. Les ressources
constituées se regroupent en autour de plusieurs classes: (i) les constructions modales - Il doit aller à
la gare, il devrait aller à la gare), (ii) les connecteurs discursifs – en d’autres termes/ autrement dit,
7
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
(iii) adverbes, adjectifs qui modifient le verbe il s’est battu courageusement, il s’est battu avec
courage, (iv) les adjectifs et les noms évaluatifs – il est idiot, etc. Les adverbes énonciatifs de sincérité
ou d’attitude – Franchement, je suis fatigué; Malheureusement, il pleut et les expressions de
sentiments à la première personne – J’ai peur que; je peur de; je suis heureux, nous intéresseront plus
particulièrement.
BENVENISTE, É. (1958), « De la subjetividad en el lenguaje », Journal de Psychologie, julio-sept., P. U. F.
TODOROV, T. (1970), « Problèmes de l’énonciation », Langages 17.
LYONS, J. (1980), Sémantique linguistique, Larousse, Langue et langage, 496 p.
GARCÍA-PAGE, M. (1990), “Léxico y sintaxis locuciona les: algunas consideraciones sobre las ‘palabras idiomáticas’”. Estudios
Humanísticos. Filología 12, 279-90.
GARCÍA-PAGE, M. (2004) “¿Locuciones verbales locuciones adverbiales?”. Studia Romanica Posnaniensia 31, 267-76.
BUVET, P.-A. (2009), « Des mots aux emplois: la représentation lexicographique des prédicats », Le Français Moderne 77 (1), pp. 83-96.
BUVET, P.-A. (2012), « Traitement automatique du discours rapporté », JADT 2012, 11e Journées internationales d’analyse statistique des
données textuelles, Liège (Belgique), du 13 au 15 juin 2012.
(2012) Projet EAST – Évaluation automatique de la subjectivité dans les Textes, Université Paris 13.
Michel Hastings
[email protected]
Institut d’Etudes politiques de Lille, France; membre du comité de lecture de la revue Mots
Paroles transgressives et émotivité digitale.
Internet contribue-t-il à la ‘dé-civilisation des mœurs’ ?
Un média peut-il transformer l’économie émotionnelle d’une société donnée, et déconstruire ce
que Norbert Elias avait nommé le processus de civilisation des mœurs ?
Notre proposition porte sur l’hypothèse de corrélations fortes entre les propriétés du dispositif des
nouvelles technologies de l’information et de la communication et le développement récent d’un
processus de désinhibition de la parole publique. L’espace public et médiatique des sociétés
démocratiques connait en effet actuellement un phénomène inédit, souvent jugé inquiétant, de
prolifération des paroles transgressives (propos racistes, sexistes, insultes et injures, formules de
méchanceté humiliantes et dégradantes) exprimées aussi bien par le personnel politique que par les
citoyens ordinaires, à travers les nouveaux médias et réseaux sociaux. L’Internet offre, on le sait, à
chaque individu la possibilité de produire un énoncé viral, spontané et anonyme. Désormais, cette
liberté revendiquée de parole devient de plus en plus agressive et violente, transformant l’opinion
critique en une véritable entreprise de démolition ad hominem, en une sorte de jeu cruel où les règles
fondées sur le bashing, le tweet clash, le « tacle assassin », le « mot qui tue », ont pour effet
d’ensauvager le discours public, en le libérant des anciens interdits de la civilité, et des contraintes
d’un politiquement correct perçue comme une atteinte insupportable à l’expression démocratique du
citoyen.
Nous souhaitons réfléchir aux causes et aux conséquences de ce phénomène de banalisation de la
parole transgressive en insistant notamment sur deux questions: premièrement celle qui lie les
opportunités techniques offertes par les nouveaux médias, et la publicisation d’une nouvelle affectivité
sociale où dominent les expressions les plus extraverties, les plus radicales, des émotions et
sentiments. Deuxièmement, nous essaierons de réfléchir aux effets d’un répertoire émotionnel
principalement composé de joie mauvaise (Schadenfreude), de haine et d’ironie méprisante, à la fois
sur les conditions de production de l’information publique et des frontières de la politique, sur les
redéfinitions en cours de la participation et de la prise de parole citoyenne en démocratie, ainsi que sur
la subversion même des normes morales.
Nos sources primaires et nos exemples viendront principalement d’un corpus de commentaires
d’internautes, français et belges, réagissant aux informations présentées dans les articles des journaux
mis en ligne.
8
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
AMOSSY R. (dir), (1999), Images de soi dans le discours, Lausanne, Delachaux ;
AZOULAY V., Boucheron V. (dir), (2009), Le mot qui tue, Paris, Champ Vallon ;
CASTELLS M., (2001), La galaxie Internet, Paris, Fayard ;
CARDON D., (2010), La démocratie Internet, Paris Seuil ;
ELIAS N., (1958), La civilisation des mœurs, Paris, Plon ;
HASTINGS M., NICOLAS L., PASSARD C. (dir.) (2012), Paradoxes de la transgression, Paris, Editions du CNRS ;
VIAL S., (2013), L’être et l’écran, comment le numérique change la perception, Paris, PUF.
Alicja Kacprzak
[email protected]
Université de Lodz, Pologne
Jean-Pierre Goudaillier
[email protected]
Faculté SHS – Sorbonne, Université Paris Descartes
Émotions manipulées ː l’affaire DSK vue par les news magazines français
À l’approche des élections présidentielles en France de 2012 éclate « l'affaire DSK » ː rapidement elle
obligera le directeur général du FMI à renoncer à son projet de se porter candidat à la présidence et
apportera par la suite des changements importants sur la scène politique française. Compte tenu de
l’acte injustifiable de Dominique Strauss–Kahn différentes décisions sont prises au sein même du PS,
cependant le rôle des médias et en particulier de la presse restent indéniables en ce qui concerne la
façon dont la société a perçu les événements ayant eu lieu au SOFITEL de New York le 14 mai, ainsi
que le rôle de ses acteurs principaux, dont DSK lui même. Même s’il est sûr que ce scandale aurait
suivi son cours, quand bien même les médias ne seraient pas intervenus, il est aussi indéniable que la
participation de ceux-ci n’a point été neutre et qu’elle lui a ajouté, selon le cas, une coloration
spécifique suscitant auprès du public des émotions de natures diverses.
Les mécanismes pathémiques déployés par quelques titres importants de la presse française lors du
déroulement des faits nous ont semblé être intéressants à étudier en tant que composantes des
stratégies discursives de médiatisation des émotions. Les photos utilisées pour leurs couvertures par
les news magazines français Courrier International, JDD, L'Express, Le Point, Marianne, ParisMatch, Valeurs Actuelles, VSD, ainsi que les titres accompagnant ces photos à la une sont notamment
révélateurs des types de discours adoptés au cours de l'affaire.
AMOSSY, R. (1997). « Cliché et Pathos: l’instigation à la violence », Raynaud, Claudine & Peter Vernon (éds), Fonctions du cliché. Du
banal à la violence, Graat 16, Tours, 15-28.
AMOSSY, R. (2006) [2000]. L’argumentation dans le discours, Paris: Armand Colin.
BRALCZYK, J. (2007), O języku propagandy i polityki, Warszawa: Trio.
CHARAUDEAU, P. ( 2008), « Pathos et discours politique », Rinn, Michael (éd.). Émotions et discours. L’usage des passions dans la
langue, Rennes: PUR, 49-58.
KACPRZAK, A. (2013) « Le pathos négatif en tant que trait du discours politique totalitaire », Argumentation et Analyse du Discours [en
ligne], 10 | 2013, mis en ligne le 10 avril 2013, URL: http://aad.revues.org/1427
KAMIŃSKA-SZMAJ, I. (2004), « Propaganda, perswazja, manipulacja – próba uporządkowania pojęć », Krzyżanowski, Piotr & Paweł
Nowak (éds). Manipulacja w języku, Lublin: Wydawnictwo Uniwersytetu Marie Curie-Skłodowskiej, 13-27.
PLANTIN, Ch. (2005). L’Argumentation, Paris: PUF.
RINN, M. (éd.). 2008. Émotions et discours. L’usage des passions dans la langue, Rennes: PUR.
PERELMAN, Ch., Obrechts-Tyteca, L. (1958), La nouvelle rhétorique, Traité de l’argumentation, T. 1., Paris: PUF.
TAPPOLET, Ch. (2000), Émotions et valeurs, Paris: PUF.
TETU, J.-F., LAMIZET, B. (2004), « L'émotion dans les médias: Dispositifs, formes et figures », Mots, 75, ENS Éditions, 9-20.
9
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Agnieszka Konowska
[email protected]
Université de Lodz, Pologne
Stratégies médiatiques et pratiques communicatives citoyennes:
un clivage dans l’expression de l’émotion
L’arrivée d’Internet a permis de créer un nouvel espace public ou plutôt de nouveaux espaces
publics divers, dans lesquels les sujets parlants peuvent exprimer leurs opinions et leurs émotions.
L’analyse de différents modes de médiatisation de l’émotion permet d’observer un clivage
profond entre les stratégies discursives des professionnels des médias, surtout des journalistes, et les
pratiques communicatives citoyennes.
Pour les journalistes, la prise de la parole est conditionnée par les normes socioculturelles : ils
sont professionnels et doivent, de ce fait, dominer leurs impulsions et transmettre les informations de
manière la plus objective possible. Même s’il ne s’agit pas pour un journaliste d’informer, mais
d’exprimer ses propres opinions, le discours médiatisé spécialisé aux règles duquel il doit s’en tenir,
ne lui permet pas d’exprimer ses émotions et ses jugements tout librement : il doit ménager ses mots.
De plus, les journalistes ne sont pas anonymes. Par contre, les internautes, grâce à l’anonymat que leur
garantit Internet, peuvent défouler leurs émotions sans mâcher les mots. Par conséquent, quand il
s’agit de verbaliser les émotions, le discours journalistique foisonne d’euphémismes pendant que la
prise de la parole par les internautes s’accompagne à tout bout de champ, ou presque, de
dysphémismes.
Pour illustrer cette situation, nous nous sommes proposé de comparer les commentaires de
journalistes professionnels et d’internautes (« simples citoyens ») du comportement du footballeur
français Samir Nasri qui, en insultant deux fois un journaliste pendant les championnats Euro 2012, a
suscité de vives émotions que chacun de deux groupes en question a verbalisées à sa façon.
Monika Kostro
[email protected]
Université de Varsovie, Pologne
La France en quête de confiance: la construction des émotions
dans les vœux des hommes politiques pour la nouvelle année
Avec le développement des nouveaux canaux de communication politique sur Internet, les vœux
pour la nouvelle année ont cessé d’être l’apanage du président de la République. De plus en plus
d’hommes et de femmes politiques, notamment leaders de partis, publient les leurs sur Facebook,
Twitter ou un blog. Entre bilan de l’année écoulée et perspectives d’avenir, l’objectif de ces messages
est le même que celui des vœux présidentiels: renforcer la cohésion de la communauté à laquelle l’on
s’adresse et lui redonner la confiance (Sauer 2007: 238). Les messages publiés sur les réseaux sociaux
diffèrent cependant par leur teneur. Si les vœux présidentiels sont fortement ritualisés (Sauer 2007) et
consensuels, les interventions sur Internet n’ont pas de forme codifiée ce qui permet aux locuteurs de
varier le ton de leur message, notamment en fonction de leur appartenance politique (parti au pouvoir
vs opposition). Une place plus importante est ainsi accordée aux émotions qu’elles soient formulées
(sentiments exprimés par le locuteur ou ceux attribués aux Français) ou suggérées (recours à des mots
et valeurs susceptibles de déclencher l’émotion) (Tétu 2004: 17). De la peur du déclin de la France à la
fierté nationale, toute une gamme affective est développée pour rassembler les allocutaires autour d’un
projet politique commun. Dans ma communication, je me propose d’étudier cette fonction persuasive
10
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
des émotions en adoptant l’approche de l’analyse de l’argumentation dans le discours qui appréhende
l’émotion en tant que moyen rhétorique (le pathos) employé pour influencer l’auditoire (Amossy
2000: 163-182).
AMOSSY, R. (2000), L’argumentation dans le discours, Paris, Nathan.
SAUER, C. (2007), « Christmas Messages by heads of state. Multimodality and media adaptations », in: A. Fetzer, G. E. LAUERBACH
(eds.), Political Discourse in the Media, Amsterdam / Philadelphia, John Benjamin Publishing Company, 227-273.
TETU, J.-F. (2004), « L’émotion dans les médias: dispositifs, formes et figures », Mots. Les langages du politique [En ligne], 75, URL:
http://mots.revues.org/2843, consulté le 16 décembre 2013.
Jan Lazar
[email protected]
Université dʼOpole, Pologne / Université dʼOstrava, République Tchèque
À propos de lʼexpression de lʼémotion dans le discours tchaté
Notre époque est inséparablement liée aux nouvelles formes de communication électronique. Après
le phénomène du téléphone portable, c'est l'Internet qui notamment commence à conquérir nos foyers
(Uvírová, 2003, 324). Le monde de l'Internet ouvre à ses internautes de nouvelles formes de
communication, parmi lesquelles il faut mentionner la messagerie, les forums de discussion et les
tchats. Les sites de rencontre, les tchats ne cessent de croître, car à n'importe quelle heure on peut y
toujours trouver un internaute prêt à discuter. Il suffit de choisir un pseudonyme, vous enregistrez et la
conversation spontanée peut commencer. Parmi ces services se répand une activité langagière
particulière qui a attiré notre attention.
Bien que la communication sur le tchat ne se déroule jamais en face à face, elle est capable de
conserver les caractéristiques de la communication réelle (Crystal 2001: 39). Anis constate que ce type
de communication, en lʼabsence de contact sensoriel et de signaux paraverbaux, offre au sujet «
parlant » une autre gamme de moyens qui permettent en grande partie de reconstituer la conversation
orale spontanée (Anis, 2001, 21). Il convient de préciser que ces moyens peuvent être subdivisés en
deux groupes, premièrement il sʼagit des artefacts forgés intentionnellement par les créateurs des
serveurs (p.ex. les smileys), deuxièmement on peut distinguer les procédés créatifs inventés par les
utilisateurs (p.ex. la personnalisation des écrits). Pour ce colloque, nous voulons nous interroger à quel
point et comment ces moyens permettent lʼexpression de lʼémotion dans le discours tchaté. Pour
analyser en détail tous ces moyens de lʼexpression de lʼémotion en français tchaté, nous allons nous
servir d'un corpus de 1 200 messages enregistrés sur les trois tchats francophones, Diskut, Adoskuat,
Chat.
ANIS, J. (2001) Approche sémiolinguistique des représentations de l'égo dans la Communication Médiée par Ordinateur. Langage, n. 144,
p. 20-38
ANIS, J. (2002): L'Écriture, théories et descriptions. Bruxelles, Université de Boeck.
CHOVANCOVÁ, K. (2008): Les discussions en direct sur Internet (Énonciation et graphie). Banská Bystrica, Univerzita Mateja Bela.
CRYSTAL D., 2001, Language and the Internet, Cambridge, CUP.
DEJOND, A., MERCIER, J. (2002): La cyberl@ngue française. Bruxelles, La Renaissance du Livre.
JANDOVÁ, E. (2006): Čeština na WWW chatu. Ostrava, OU.
MARCOCCIA, M., GAUDUCHEAU, N. (2007): L'analyse du rôle des smileys en production et en réception: un retour sur la question de
l'oralité des écrits numériques. Glottopol, n. 10, p. 39-55
UVÍROVÁ, J. (2003): Mulot, mél, souriants, clavardage et autres « internet-eries » françaises. In: J. Černý (ed.), Romanica Olomucensia
XII, Olomouc, UP, 323–330.
11
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Andrzej Napieralski
[email protected]
Université de Lodz, Pologne
Le discours des commentaires sur le football des internautes lecteurs de www.lequipe.fr
En citant André Martinet qui écrivait que « la fonction essentielle de cet instrument qu’est une
langue est celle de communication : le français par exemple, est avant tout l’outil qui permet aux gens
« de langue française » d’entrer en rapport les uns avec les autres. », il faut signaler que depuis l’an
2000 la communication entre « les uns avec les autres » se fait souvent via Internet. Les internautes
ayant découvert cet instrument de communication globale ont en même temps découvert un nouveau
champ de batailles verbales sur lequel ils peuvent laisser aller leurs émotions, tout en exprimant
complètement anonymement leurs points de vue. Cet outil qui est Internet a changé l’image du débat
et de la discussion polémique qui avant était un échange de répliques, et qui aujourd’hui grâce aux
forums et aux « réactions » est devenu un « bain d’opinions » où chacun peut ajouter son grain de sel.
Les commentaires que nous voudrions présenter dans notre communication sont les réactions des
lecteurs du site Internet www.lequipe.fr, qui après chaque article ont la possibilité d’exprimer leurs
arguments et leurs réactions à l’article qu’ils ont lu. Ce qui est caractéristique pour ces commentaires
ce sont bien sûr l’expression verbale (adaptée au lieu de l’échange) de différents types d’opinions et
surtout les émotions qu’elle véhicule. Comme l’a bien remarqué Chaïm Perelman : « Un argument,
s’il n’est pas adapté à l’auditoire, peut susciter une réaction négative. S’il suscite des objections qui
l’emportent dans l’esprit des auditeurs, l’argument paraîtra faible, et cette faiblesse peut rejaillir sur
l’ensemble du discours, car l’image de l’orateur, ce qu’Aristote a qualifié d’ethos oratoire, en sera
altérée… […] ». Les arguments construisent et enchaînent les polémiques autour des sujets présents
sur le site www.lequipe.fr, les Internautes ne manquent pas à susciter les réactions négatives et l’ethos
oratoire de chaque participant de la discussion est altéré d’avance. Dans notre communication,
l’analyse des « réactions » du site de l’Equipe donnera lieu à la présentation des traits caractéristiques
de ce type d’énoncés, ce qui permettra ensuite à en dégager différents types.
MARTINET A., (1996), Eléments de linguistique générale, 4ème édition, Armand Colin, Paris, p. 9.
PERELMAN Ch., (2009), L’empire rhétorique, Librairie philosophique J.Vrin, Paris, p.174.
Małgorzata Niziołek
[email protected]
Universtité Pédagogique de Cracovie, Pologne
L’expression de la peur dans le discours de la « fin du monde »
Nous voulons dans cette étude analyser les unités qui appartiennent au champ lexical de la peur.
Les émotions peuvent être seulement nommées, mais elles peuvent aussi être décrites, exprimées
implicitement ou explicitement avec les moyens verbaux ou non-verbaux. Dans le texte écrit il est
impossible de juger directement des émotions ressenties par l’interlocuteur en analysant sa façon de
parler (la hauteur de la voix, son intensité, l’accentuation) (ce n’est pas le cas du texte littéraire où ce
type d’informations est véhiculé par le discours attributif et les indices au niveau du récit). Pour cette
raison nous nous pencherons également sur l’expression « typographique » de la peur (emploi de
majuscules, accumulation de signes de ponctuation, répétition des mêmes lettres etc.). La façon
d’écrire peut nous aider à identifier les émotions (il ne s’agit pas ici de «didascalies électroniques »
(Mourlhon-Dallies et Colin, 1999).
12
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Notre corpus se compose de commentaires (presque 65000 mots) qui accompagnent des articles
concernant la fin du monde attendu pour le 21 décembre 2012.
La méthode d’analyse que nous adopterons pour délimiter les séquences d’analyse est celle de la
syntaxe à base sémantique (cf. Karolak, 1991, 2001; Bogacki 1991, Muryn, 1999, 2009). Selon cette
méthode, la structure sémantique (prédicat-arguments) régit la structure formelle. Or, comme la
symétrie entre le niveau sémantique et le niveau formel n’existe pas et que les structures prédicatarguments peuvent revêtir différentes formes, simples ou complexes, une analyse, pour être efficace,
doit s’appuyer sur des méthodes employées par la sémantique lexicale et la phraséologie. Ainsi, outre
les lexèmes, nous identifierons divers types de phrasèmes. Des unités seront regroupées autour d’un
axe dominant dans le discours « de la fin du monde »: le champ lexical de la peur. Le nom peur
possède plusieurs « synonymes » et on retrouve parmi les substantifs les plus souvent cités: crainte,
effroi, épouvante, frayeur, terreur, angoisse, inquiétude (arg., pop. frousse, pétoche, trouille, venette).
Cependant ces dénominations de la peur ne présentent pas de relation synonymique absolue. « Elles
désignent différentes formes d’un même sentiment, et se distinguent les unes desautres par leur
intensité, leur durée, et par des circonstances de leur apparition » (Nevzorova, 2011: ).
A part l’emploi explicite des unités contenant le nom « peur » ou un de ses synonymes, cette
émotion peut se traduire par diverses manifestations corporelles comme une sensation de froid, des
tentatives de fuite, une paralysie etc. traduites sur le plan de l'expression linguistique par l’usage
fréquent des expressions métaphoriques. Cependant les expressions reflétant la corrélation entre les
modifications physiologiques et la peur (avoir les mains moites, la gorge se serre, les dents claquent
etc.) sont rares dans le corpus analysé.
BOGACKI, K., KAROLAK, S., (1991), « Fondements d’une grammaire à base sémantique », Lingua e Stile, XXVI, 3.
BOGACKI, K., (1987), « Surprise, amour, timidité ou une promenade sentimentale » in: K. Bogacki (éd.), Lexique et grammaire des langues
romanes, Warszawa, Wyd. Uniwersytetu Warszawskiego.
JEDRZEJKO, E., (1983), « Opis formalno-powierzchniowych realizacji struktur z czasownikami strachu», Polonica, 135-147.
KAROLAK, S., (2001), Od semantyki do gramatyki: wybór rozpraw, Slawistyczny Ośrodek Wydawniczy, Warszawa.
DALLIES, F. RAKOTONOELINA et S. REBOUL-TOURE, F. MOURLHON-DALLIES (éds), (2004), Les discours de l’internet,
Nouveaux corpus, nouveaux modèles ?, Les Carnets du Cediscor, n°8,
GHEERBRANT, F. (1978), La nominalisation et les verbes de sentiments, Thèse de doctorat, Universtité de Paris 7.
GROSSMANN, F., TUTIN, A, (2005), (éd.), Sémantique des noms et adjectifs d'émotion, Lidil, n° 32.
MATHIEU Y.Y., (2008), « Navigation dans un texte à la recherche des sentiments », Lingvisticae Investigationes, 313-322.
MURYN, T., (1999), Le syntagme nominal abstrait et la cohérence discursive. La composition du SN comme signe d’équivalence entre les
strucutures sémantique et formelle, Kraków, Wydawnictwo Naukowwe WSP.
NEVZOROVA, S., (2011), « Sur l’expression verbale de l’émotionnel dans le contexte culturel », Romanica Cracoviensia, n°11.
PAJDZIŃSKA, A., (1990), « Jak mówimy o uczuciach ? Poprzez analizę frazeologizmów do językowego obrazu świata », in J.
BARTMIŃSKI (éd.), Językowy obraz świata, Lublin, 87-107.
Elżbieta Pachocińska
[email protected]
Université de Varsovie, Pologne
Façons de dire et de montrer son indignation sur les sites politiques et citoyens
Dans notre intervention, nous voulons nous concentrer sur l’analyse d’une seule émotion à savoir
de l’indignation du point de vue sémantique, discursif et pragmatique.
Nous commencerons par les définitions du concept d’indignation, ensuite nous passerons à la
description des relations sémantiques et du champ sémantique de cette émotion. Dans la suite, nous
aborderons l’analyse discursive des représentations de l’indignation en nous référant aux exemples
concrets. Cela nous permettra aussi de réfléchir sur l’aspect pragmatique, c’est-à-dire sur le rôle du
contexte et des participants de la communication dans le choix des moyens linguistiques et discursifs
pour représenter l’indignation comme une émotion collective, codifiée par l’usage en politique ou une
réaction spontanée et individuelle. Nous analyserons les façons d’exprimer et de montrer « leur »
13
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
indignation par les politiques et les citoyens à travers le corpus trouvé sur les sites internet, blogs,
twitters, etc. N’oublions pas que cette émotion a donné son nom au mouvement international des
indignés en 2011 ce qui aussi fera l’objet de notre étude à partir de discours des indignés publiés sur
les sites web.
Pour réaliser notre but, nous allons nous référer aux notions suivantes de l’analyse du discours
française: la subjectivité en langue et en discours (Benveniste 1966, Kerbrat-Orecchioni 1980), l’ethos
dit et montré (Maingueneau 1999) ainsi qu’à la méthode d’analyse du discours émotionné proposée
par Ch. Plantin (2011). Nous tenterons d’appliquer dans nos analyses la notion d’engagement du
locuteur pour montrer son impact dans les façons de parler et de montrer son indignation.
BENVENISTE, E. (1966), Problèmes de la linguistique générale, Paris: Gallimard.
KERBRAT-ORECCHIONI, C. (1980) L’énonciation. De la subjectivité dans le langage, Paris: Colin.
MAINGUENEAU, D. (1999) « Ethos, scénographie, incorporation». In: Images de soi dans le discours. La construction de l’ethos, R.
Amossy (dir.), Lausanne- Paris: Delachaux et Niestlé. 75–100.
PLANTIN, Ch. (2011) Les bonnes raisons des émotions. Principes et méthode pour l ‘étude du discours ‘émotionné’, Berne: Peter Lang.
Alessia Pantéléenko
[email protected]
Université d’Etat de Biélorussie
Les particularités de l’expression des émotions
dans le scénario filmique créé à la base d’une œuvre littéraire
A l’époque du développement des medias quand on parle de l’interpénétration de divers types
d’art on note une interaction très forte entre la littérature et le cinéma ce que a trouvé sa réflexion dans
de nombreux travaux soit des cinéaste, soit des linguistes. L’attention des linguistes a été attirées en
particulier par le problème de la transformation d’une œuvre littéraire au cours de l’adaptation
cinématographique.
Dans le cadre de ce thème je m’ intéresse aux phénomènes de la transposition des émotions dans
un texte intermédiaire du scénario lié en même temps au texte littéraire et au texte filmique. En
m’appuyant sur l’analyse des répliques et des remarques je propose une réflexion sur les
transformations lexicaux, grammaticaux et syntaxiques que l’expression des émotions subie pendant
l’adaptation cinématographique de l’œuvre littéraire.
ANDREOLI, M. (1996), Lecture et cinéma: A propos du film «Le colonel Chabert» / L’année balzacienne, Paris, Nouvelle sér. 17, pp.13–
22.
AUSTIN, J.L. (1975), How to do things with words / J.L. Austin, J.O. Urmson, M. Sbisà, Cambridge: Harvard Univ. Press.
BAUDOUIN, B., (2009), Comment écrire votre premier scénario, Genève: Le Touvet: Ambre.
BESSIERE, Е. DEUX, (1997), «Le Colonel Chabert»: analyse comparée des deux oeuvres d’Honoré de Balzac et d’Yves Angelo, Évreux:
CDDR de l’Eure.
CLERC, J.-M. (1985), Écrivains et cinéma: des mot aux images, des images aux mots, adaptations et ciné-romans, Paris: Klincksieck.
GENNET, G., (1982), Palimpsestes: la littérature au second degrée, Paris: Ed. du Seuil.
HUET, A. (2005), Le scénario, Paris: Cahiers du Cinema: SCÉRÉN-CNDR.
LEECH, S.N. (1983), Principles of pragmatics, London; New York: Longman.
PARENT-ALTIER, D. Approche du scénario, Paris: Nathan, 1997.
SEARLE, J.R. , (1980), Speech act theory and pragmatics / J.R. Searle, F. Kiefer, M. Bierwisch, Dordrecht: Reidel.
SELINGER, V.S. (1995), Les secrets du scénario: cinéma et B.D., théorie et pratique, Nantes: Ecrire aujourd’hui.
VANOYE, F., (1999), Scénarios modèles, modèles de scénarios, Paris: Nathan.
VANOYE, F., (2004), Le cinéma / F. Vanoye, F. Frey, A. Goliot-Lété., Paris: Nathan.
VISY, G., (2003), «Le Colonel Chabert» au cinéma: variation sémiologique autour de la transformation du texte en film: théorie, pratique, et
didactique sur «Le Colonel Chabert» et autres textes, Paris: Publibook.
14
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Ewa Pirogowska
[email protected]
Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne
Le verbal et le para-verbal du discours antisémite dans les médias français et polonais
Le discours antisémite est présent dans l’espace communicatif européen et reste toujours
très fort, même à l’aube du troisième millénaire. Toutefois, il n’a pas les mêmes couleurs dans
tous les pays. La spécificité du discours français dans ce pays très laïcisé, avec une forte
population musulmane, rélève plus des réflexions portant sur la grande politique
internationale. Par contre, il semble qu’en Pologne (où nota bene dans des camps de
concentration allemands plus de 5 millions de personnes d’origine juive et polonaise ont
trouvé la mort) au sein de la judéophobie, il y ait des sentiments relevant plus de l’histoire
interne de la coexistence de deux nations. En fin de compte, les phobies des citoyens au début
du troisième millenaire restent comparables, aussi mal justifiées que paradoxales, quelle que
soit leur source. Les internautes français semblent en général avoir le sens de discernement,
car ils s’interrogent sur la pertinence des commentaires concernant l’origine juive de StraussKahn ou, ce qui est recemment le sujet chaud, bannissent l’exagération de l’expression
(pseudo-expression ?) artistique de Dieudonnée. Les Français, ce que nous avons très souvent
observé, expriment en général leur mépris envers les propos antisémites. En Pologne, vu que
le personnage de Strauss-Kahn n’était pas très célèbre, de même les créations de Dieudonné,
on en parle soit d’une façon objective, dépourvue d’émotions, soit les discours produits dans
les sites strictement nationalistes, malheureusement associés à l’Eglise catholique romaine,
recouvrent en eux tout le poids affectif de l’expression de l’antisémitisme. L’œuvre de J. T.
Gross publiée en 2000 Sąsiedzi (ang. Neighbors, fr. Voisins) a attisé des sentiments
extrêmement forts et incité les Polonais à rechercher en eux-mêmes une certaine
responsabilité du Shoah. Il y a donc des différences axiologiques significatives dans le(s)
discours antisémite(s) polonais et français. Nous verrons s’il y en a tant dans l’expression
verbale. Nous nous demanderons comment le discours antisémite fonctionne dans les deux
cultures, surtout si et comment les indicateurs paraverbaux (dans le sens général:
suprasegmentaux), accompagnant ses réalisations verbales, témoignent de la forte charge
émotionnelle.
AUBERGE, V. (2002), « Prosodie et émotion », in Actes des deuxièmes assises nationales du GdR I3, Cépaduès, pp. 263-273;
CHABANNE, J.-Ch., (1999), Verbal, paraverbal et non-verbal dans l‟interaction verbale humoristique in: Approches du discours comique,
actes de la journée d’étude Adiscom-Corhum (1995), dir. J.-M. Dufays et L. Rosier. Bruxelles: Mardaga, , coll. «Philosophie et langage »,
pp. 35-53;
KERBRAT-ORECCHIONI, C., (2000), « Quelle place pour les émotions dans la linguistique du XXème siècle », in Plantin et al., Les
émotions dans les interactions, Lyon: Presses universitaires de Lyon, pp. 33-74;
WIERZBICKA, A. (1999), Emotions across languages and cultures: diversity and universals, Cambridge: Cambridge University Press.
sources:

GROSS J. T. (2000), Sąsiedzi: Historia zagłady żydowskiego miasteczka, Sejny, Fundacja Pogranicze; ang. (2001), Neighbors:
The Destruction of the Jewish Community in Jedwabne, Poland, Princeton University Press.

spectacles de DIEUDONNE sur le service youtube
15
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Wojciech Prażuch
[email protected]
Université Pédagogique de Cracovie, Pologne
Les « Blogs des indignés » ou la mise en scène de la colère de la Cité
Les courants de recherche qui se donnent pour objet l'espace des médias informatisés témoignent
de l'intérêt d'une approche par l'interdiscipline et relèvent généralement de deux domaines: les sciences
de l’information et de communication - impliquant le lien entre les formes de la communication et
l'engagement des discours dans la société - et les sciences du langage. Quoique selon des méthodes
différentes, les deux champs s'attachent en fait à décrire les caractéristiques sémiotiques,
rédactionnelles ou linguistiques des discours qui circulent dans les écrits de réseaux.
C’est dans ce contexte et dans une orientation énonciative et d'analyse du discours que notre
intervention se propose de réfléchir à diverses manifestations de l’indignation et de la colère en tant
qu’attitudes émotionnelles spécifiques des données textuelles issues des blogs se réclamant du
pamphlet de Stéphane Hessel: Le blog des indignés jurassiens, Le blog des Indignés de Guérande, Les
Indignés des Combrailles, Le blog des toulonnais indignés, etc.
Si nous nous sommes intéressés au discours nécessairement fragmentaire des blogs politiques à
vocation militante et alternative, c’est qu'il forme, selon nous, un discours spécifique et que cette
spécificité résulte d'un certain rapport au rôle de la communication médiée. Le mot « indignation »
désigne ici une émotion par excellence motivée par le sentiment d’injustice sociale. Mais c’est aussi
un véritable emblème du phénomène de la « blogosphère citoyenne » portée par des inconnus, non
auto-censurée, et représentative de la posture politique dite « engagée » d’où la récurrence d'isotopies
de la communauté.
Dans notre analyse, nous nous intéresserons tant aux éléments induisant l'état émotionnel de sujets
inscrits dans l’énoncé qu’aux effets discursifs et polémiques produits. Ainsi, sans oublier les cadres
syntaxique et sémantique ou interactionnel de l’analyse des marqueurs de l’émotion se situant comme tous
les « indicateurs de subjectivité » (cf. Benveniste, 1966) sur un continuum d'outils linguistiques -, les
emplois (y compris familiers) de prédicats de sentiments, la polyvalence discursive des verbes de
sentiment, etc., nous interrogerons aussi l'engagement assertif du « locuteur collectif » ou l'altérité par
rapport à la doxa comprise comme une prise de position polémique. L’expression de la colère, marque
de la révolte et de la volonté de réappropriation de la politique par la Cité au détriment des élites
dotées d’un pouvoir symbolique, ne peut-elle finalement être perçue comme une des manifestations de
la théâtralité des discours sociaux ?
ANSCOMBRE, J.-C. (éd.), (2009), Les marqueurs d'attitude énonciative, Langue française, n° 161.
BALIBAR-MRABTI, A. (éd.), (1995), Grammaire des sentiments, Langue française, n° 105.
BUVET, P.-A., GIRARDIN, Ch., GROSS G., GROUD, C., Les prédicats d'<affect> », LIDIL, n° 32, URL: [http://lidil.revues.org
/index104.html] [14 janvier 2013]
CHARAUDEAU P., (2005), Le discours politique, les masques du pouvoir, Vuibert.
GOUX, V., « Le langage politique décodé », in Valeurs actuelles [en ligne], 17 février 2011: http://www.valeursactuelles.com
actualit%C3%A9s/politique/langage-politique-d%C3%A9cod%C3%A920110217.html
KERBRAT-ORECCHIONI, C. (2000), « Quelle place pour les émotions dans la linguistique du XXe siècle ? Remarques et aperçus », in.
PLANTIN, Christian, DOURY, Marianne & TRAVERSO, Veronique, 2000, Les émotions dans les interactions, Lyon, Presses Universitaires de
Lyon, p. 33-74.
KRZYZANOWSKA, A., (2011), Aspects lexicaux et sémantiques de la description des noms d’affects en français et en polonais, Lublin,
Wyd. UMCS.
NOVAKOVA, I., TUTIN, A., (2009), Le lexique des emotions, Grenoble, Ellug.
PLANTIN, Ch., (2011), Les bonnes raisons des émotions, Principes et méthode pour l’étude du discours émotionné, Berne, Peter Lang.
RUWET, N., (1972), « A propos d’une classe de verbes « psychologiques » », in N. Ruwet, Théories syntaxiques et syntaxe du français,
Paris, Le Seuil, p. 181-251.
16
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Anna Rycman
[email protected]
Université de Silésie, Pologne
L’intellectuel médiatique au cœur du cyclone émotionnel.
Bernard-Henri Lévy et l’affaire Strauss-Kahn
La toile est devenue le lieu privilégié d’une « démocratie d’expression » selon Pierre Rosanvallon,
où le peuple formule ses jugements et exprime ses émotions. Elle oblige aussi les hommes politiques,
journalistes et leaders d’opinion de recourir aux nouveaux modes d’énonciation qui lui sont propres.
Une distribution traditionnelle des rôles énonciatifs est ainsi remise en question et, émerge désormais
une interactivité souvent construite par un discours plus spontané, plus affectif, et plus centré sur
l’événement.
Dans ce contexte de profonds bouleversements de l’espace public, nous proposons de nous
intéresser à la parole de l’« intellectuel médiatique », avatar contemporain de la grande tradition
française de l’engagement politique des hommes de lettres, à travers l’étude d’un cas précis mais très
emblématique des interactions entre les nouveaux médias de l’information et la mise en scène des
émotions. Nous avons donc choisi d’étudier la prise de parole de Bernard-Henri Lévy, philosophe,
conseiller politique, célèbre pour ses indignations très médiatisées, lorsqu’éclate « L’affaire
Dominique Strauss-Kahn » en mai 2011. Inculpé pour une agression sexuelle commise sur une femme
de chambre, celui qui était alors directeur du FMI, considéré comme l’un des hommes les plus
influents de la planète, favori aux futures élections présidentielles, devient le symbole de l’erreur
fatale, un media event au sens de D. Dayan, suscitant immédiatement de fortes réactions passionnelles.
C’est dans ce climat de sidération et de sur-médiatisation, que Bernard-Henri Lévy, entend défendre
Strauss-Kahn. Son plaidoyer, transmis via la presse en ligne, des interviews et appels téléphoniques
mis en ligne, son blog, dénonce le « lynchage médiatique » et l’emprise néfaste des passions sur le
cours de la justice. Sa démonstration, pleine de colère, de frustration et d’inquiétude, est portée par une
passion antiaméricaine, très vivace dans l’intelligentsia française. Dès lors, ce plaidoyer va susciter en
retour une formidable avalanche de réponses passionnées et clivées.
Partant de l’hypothèse que pour l’« intellectuel médiatique », l’important est la posture et l’effet
produit par son discours, notre réflexion s’inscrira dans le cadre de l’interactivité discursive. Elle se
déroulera en deux temps:
Celui, d’abord, de la stratégie mobilisée par l’auteur: comment et pourquoi un intellectuel joue-t-il
le jeu de médias ? Le débat d’idées se trouve-t-il remplacé par une rhétorique performative* ? En
fonction du dispositif médiatique utilisé, comment le philosophe use-t-il du répertoire émotionnel qu’il
mobilise et qui lui répond ?
Celui, ensuite, des réactions des internautes: à travers une analyse des discussions en ligne, des
commentaires, nous souhaitons reconstruire la naissance verbale d’une communauté des indignés par
le traitement médiatique de l’affaire DSK. Quelles sont les principales topiques de cette indignation
numérique ? Comment la rhétorique du complot s’impose-t-elle comme une sorte de vérité rationnelle
dans ce moment de cyclone émotionnel ?
* La rhétorique performative, selon C. Salmon, « n’a pas pour objectif de transmettre des informations ni d’éclairer des décisions, mais
d’agir sur les émotions et les états d’âme ».
ROSANVALLON P., (2006), La contre-démocratie: la politique à l’âge de la défiance, Paris, Seuil.
SALMON C., (2008), Storytelling, machine à fabriquer les histoires et à formater les esprits, Paris, La Découverte.
RINN M., éd. (2008), Émotions et discours. L’usage des passions dans la langue, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences).
17
Colloque francophone « Discours après 2000 »Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne, 20-21 mars 2014
L’expression verbale de l’émotion dans le discours francophone dans les nouveaux médias après l’an 2000
Dorota Śliwa
[email protected]
Université Catholique de Lublin Jean-Paul II, Pologne
L’expression de l’émotion dans un discours de Jean-Paul II en polonais et en français
A partir du discours de Jean-Paul II pour les voeux adressés au Corps Diplomatique le 10 janvier
2005, dans les textes parallèles polonais et français, nous étudierons les moyens linguistiques de
l’expression de l’émotion tels que l’intensité, l’emphase, l’antithèse et la métaphore. L’analyse
contrastive sera complétée par la description des stratégies du traducteur mises en oeuvre dans la
version française du discours de Jean-Paul II.
Bernadeta Wojciechowska
[email protected]
Université Adam Mickiewicz, Poznan, Pologne
La perception et l’interprétation des émotions dans un débat radiodiffusé
par les apprenants avancés du FLE
Le développement de la compétence de compréhension orale au niveau avancé dépasse largement
la capacité de repérer et de restituer le contenu sémantique des interactions. En effet, on attend des
utilisateurs compétents de langue étrangère d’être capables de saisir les positionnements des
interlocuteurs et d’évaluer la portée de leurs arguments, qu’ils soient exprimés de façon explicite ou
implicite. Ceci demande entre autres de considérer les énoncés particuliers dans un contexte plus large
de l’interaction en cours et de les envisager comme faisant partie de la stratégie rhétorique du locuteur.
Notre analyse portera sur la manière dont les étudiants avancés de philologie romane interprêtent
un extrait du discours polémique radiodiffusé, et en particulier sur quels éléments du discours ils
s’appuient pour identifier les émotions et les positionnements des interlocuteurs. On s’intéressera
également aux émotions et aux évaluations que les choix rhétoriques opérés par les locuteurs suscitent
au retour chez nos étudiants. Pour analyser les interprétations des apprenants, nous allons recourir aux
notions élaborées dans le cadre de l’analyse du discours, l’analyse des interactions et la rhétorique.
Ce travail analytique a pour double objectif de contribuer à mieux comprendre les démarches des
apprenants auditeurs non natifs face à des tâches interprétatives: les possiblités et les difficultés qu’ils
rencontrent lors de leur exécution ainsi que de vérifier, ne serait-ce que de façon succinte, la
pertinence de l’appareil méthodologique issu de l’analyse du discours appliqué au traitement des
problèmes didactiques.
18

Documents pareils