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YAGSE
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VOYAGE – INFOS n° 76
Editorial
« L’Afrique vous salue bien » (Lionel Zinsou, investisseur béninois) Terrorisme, Ebola, guerres civiles…Vu de l’extérieur l’espace africain fréquentable s’est considérablement rétréci, en raison de faits objectifs qui décuplent l’imaginaire des peurs. « L’Afrique noire est mal partie » écrivait déjà en 1962 René Dumont, ingénieur agronome, un best‐seller qui a fait l’effet d’une bombe. Son ouvrage était une critique cinglante de l’agriculture productiviste – exportée ‐, de l’incompétence et corruption des élites africaines et experts étrangers qui prolongeaient le modèle colonial et étaient très éloignés des masses paysannes. La pauvreté, la misère, la famine, l’explosion démographique, poussaient alors les populations rurales vers les bidonvilles des centres urbains, ou vers l’émigration. Un fossé se creusait entre le Nord et le Sud. Que proposait‐il ? C’est à partir des structures sociales (villageoises) qu’il faut penser le développement de l’agriculture basé sur des productions vivrières, et un développement industriel articulé à celle‐ci par une exploitation raisonnée des ressources naturelles. Dans l’esprit d’un développement durable, notion qu’il est un des premiers à utiliser. Parmi les outils à mettre en place il insiste sur l’éducation, la formation professionnelle notamment de la paysannerie, le contrôle des naissances, la création de coopératives locales, le développement du « crédit mutuel » (microcrédit). 58, rue Raulin
69007 LYON
Tél : 04.78.42.95.33
E.mail : [email protected]
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Cinquante ans après qu’en est‐il ? La sécurité alimentaire et sanitaire ne sont pas toujours assurées, l’exode rural continue, la misère des grands centres urbains s’est étendue, les élites locales sont toujours dans les mêmes travers et bradent des terres agricoles à des sociétés ou Etats étrangers. A nuancer par quelques exceptions. Et pourtant l’Afrique est une terre de contrastes qui montre une évolution réelle et pleine d’espérance : la scolarisation a progressé en nombre et en qualité, les populations font preuve d’inventivité, les classes moyennes se sont considérablement développées, et les économies ne se portent pas si mal : depuis une dizaine d’années le taux de croissance oscille de 5 à 7,5 % selon les pays ! Les investisseurs et les entrepreneurs prisent désormais le continent, les Etats renégocient les contrats d’exploitation des ressources naturelles avec les multinationales. Les rapports de forces avec l’Occident changent. Contrairement aux idées reçues l’Afrique est « dans l’Histoire ». Malgré les soubresauts qui l’agitent elle décolle et se fait une place dans le monde. La meilleure façon de s’en rendre compte est d’y aller, de rencontrer les acteurs du développement et porteurs de projets avec qui la solidarité a du sens. Plus que jamais les touristes sont les bienvenus. Rendez‐vous donc avec le Cevied au Togo, Sénégal, Maroc, Tunisie, Ethiopie ou Madagascar. Le président, Gilbert Clavel. Octobre 2014 Dates à retenir
22 Novembre AG du CEVIED. Film et débat sur le Togo et le voyage avec notre
partenaire APJ Togo
20,21,22 Février 2015 Primevère à Lyon Le CEVIED sera présent
30 Mai 2015 : Préparation voyages
4em trimestre 2014
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BUNA (prononcer bouna »):
L'or brun soit le café...
L'Ethiopie est le 7ème producteur mondial de café, sa boisson phare. Avant d'en faire une boisson, les Ethiopiens affection‐
naient les grains de café grillés comme une friandise, ou mêlés à du beurre, pour faire des galettes salées, ou encore en infusion de grains broyés, ou sous forme de pulpe séchée, ou consommée fraîche comme légume. Les guérisseurs lui vouaient de grandes vertus médicina‐
les. Dans certaines régions reculées, ces usages sont toujours de rigueur. Ce ne sont pas les Ethiopiens qui firent connaître le caféier au monde. Ce sont des caravanes arabes qui transportèrent les premières, au 13ème siècle, le café de la province de Kaffa au Yémen, d'où des marchands assurèrent, vers la fin du 15ème siècle, sa diffusion en occident et à travers le monde. Le café fut longtemps un produit musulman par son usa‐
ge comme par l'organisation de son exportation, vers Harar (ville musulmane à l'est d'Addis Abeba) et les ports de la mer rouge (Moka au Yémen).. Jusqu'aux environs de 1850, l'église éthiopienne copte interdisait sa consommation. Ce ne fut que tardivement, à l'époque de Ménélik II, que l'Etat éthiopien encoura‐
gea sa production et s'intéressa aux possibilités d'expor‐
tation, laquelle fut facilitée par la mise en service du chemin de fer Addis‐Djibouti en 1917. Les zones de caféiculture s'étendent entre 1 500 et 2 400 m d'altitude dans les régions montagneuses du sud‐ouest, non sous forme de forêts mais mélangées à d'autres cultures céréalières, maïs ou tef. Outre la variété « Moka Harar » qui est un des grands noms du café au niveau mondial, apprécié par son goût et sa qualité, l'arabica constitue le gros du café éthio‐
pien. Les principaux acheteurs sont l'U E, le Japon et l'Arabie Saoudite. Une céréale : le tef
Le « tef » est une céréale très résistante aux variations climatiques ! Lors des dernières sécheresses, il a résisté là où les autres céréales succombaient. Il est principalement cultivé en Ethiopie, sur les hauts pla‐
teaux abyssins. Cette céréale produit des grains plus petits qu'une tête d'épingle, à la bonne comme à la mauvaise saison. A la saison des pluies , les champs de tef, d'un vert éclatant, ondulent sous le vent d'une façon caractéristique. Le tef est semé au début des fortes pluies de juin‐juillet. Dans les champs, on introduit le cheptel dont le piétine‐
ment écrase les mottes, recouvre les semences et les pré‐
serve des oiseaux. La tâche la plus contraignante est le désherbage, opéra‐
tion répétée deux fois successivement. Les enfants doi‐
vent y contribuer dans l'humidité et le froid du matin. Pour ce désherbage et pour la récolte, on a recours à l'en‐
traide familiale et à la collaboration entre agriculteurs. La récolte du tef demande des soins particuliers : tiges et épis sont mis à sécher en meules sur le champ, puis le tef est emmené sur une aire de battage afin d'être piétiné par le passage de bœufs attachés les uns aux autres par grou‐
pe de six à neuf. Les valeurs nutritionnelles du tef sont supérieures à cel‐
les de toutes les autres céréales éthiopiennes. Sa teneur protéinique est très élevée ; l'absorption quotidienne d'une galette d'injera fournit à l'organisme l'apport en acides aminés suffisant à la bonne santé de l'individu. Lors d'un séjour en Ethiopie, il faut goûter l'incontourna‐
ble galette d'injera préparée avec la farine de tef. Ces galettes fermentées et moelleuses au goût légèrement acide que l'on mange avec une sauce de viande, le Wat, accompagnent tous les repas. Murièle Gourbault
Du 18 au 27 janvier 2015. Rencontres solidaires en Haïti Voyage organisé avec Lyon Haïti Partenariat et le Réseau National de Promotion du Tourisme Solidai‐
re en Haïti
Encore de la place. Ne tardez pas à vous inscrire!!
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Un projet d’agriculture «durable» dans le district d’Alap‐
puzha (Allepey) au Kerala Dans le district d’Allepey , au sud du Kerala, bien connu des touristes pour les promenades dans ses «backwaters», une municipalité a mis en pratique un programme de culture de légumes depuis 1997 grâce à un fonds d’environ 800 euros pour acheter des semen‐
ces, des engrais et des pesticides ( malheureusement en 97 la réflexion n’allait pas encore jusqu’à pratiquer une culture biologique). Près de 6000 familles ont participé à la culture de différents types de courges, courgettes, aubergines, piments et «ladies finger», les doigts de da‐
mes, sorte de petite courgette un peu gluante très utili‐
sée en Inde dans le curry de légumes. L’objectif de base du programme était d’apporter une solution durable au problème d’emploi de la localité en réorganisant l’agri‐
culture. Afin de motiver la population, on a prévu de faire les plantations pendant une seule journée. 5000 personnes ont participé à ce programme et seuls les sachets de se‐
mences ont été distribués. 50 hectares ont été semés pour une production totale de 100 tonnes de légumes. Plusieurs parties prenantes étaient impliquées pour sou‐
tenir le programme en dépit de nombreuses difficultés. Des 6000 familles concernées par ce projet, chaque jour au moins un membre de chaque famille travaillait une heure dans les champs. L’organisation du travail à la base était faite par des chefs de groupe. L’agriculture est devenue une agriculture rurale et fami‐
liale pour la localité. Ce programme a permis la création de fermiers entrepreneurs, aussi bien femmes qu’hommes. Plusieurs groupes d’entraide de femmes ont activement participé à la culture. Environ 120 hectares ont été cultivés par ces groupes pour produire 175 tonnes de légumes par an. Maintenant une vaste majorité de familles à bas reve‐
nu, de la commune, se sont impliquées dans la culture de légumes pour avoir un revenu complémentaire. Le nombre de personnes participantes a augmenté chaque année. En dépit des dérapages entre les problèmes de commercialisa‐
tion et les changements fréquents de personnes clés, la localité a réussi à maintenir ce projet sur une période de sept ans. Cette pratique est tout à fait transférable dans toutes les localités du Kerala. Ceci permettrait de fournir une source régulière d’emploi aux plus pauvres et aux sans‐terres et, de ce fait, leur donner un revenu régulier qu’il soit principal ou complémentaire. Les groupes d’entraides peuvent aussi se mettre à l’agriculture familiale et commencer des micro‐
entreprises. Le transfert de compétences et connaissances est défini comme un processus d’implantation de projet et de soutien qui implique l’apprentissage et le partage avec d’autres. Ces pratiques sont prouvées pour être des solutions effica‐
ces aux problèmes communs afin de contribuer au bien‐
être de tous et à l’amélioration du gouvernement local avec le moins de coût et d’efforts possibles. Cuba et tous les Cubains ont connu, après la fin du régi‐
me soviétique, de dures années noires : sans pétrole et avec une mono agriculture sucrière sans débouché, les Cubains ont plus que souffert de la faim. Et si, en face, les États‐Unis, attendaient avec leur em‐
bargo que le pays s'écroule, Cuba est retourné à la terre. L'état cubain a engagé une redistribution des terres agri‐
coles consacrées précédemment à la monoculture su‐
crière, des expériences de permaculture et de produc‐
tion sans engrais ni pesticides chimiques (plus facile quand les groupes chimiques n'existent pas) ont été lan‐
cées dans le pays (Nous avions évoqué dans un précé‐
dent article le rôle déterminant de la Fondation Antonio Núñez Jiménez, ONG de protection écologique de la Na‐
ture et de l'Homme) et Cuba est ainsi devenu un des rares pays où le nombre d'agriculteurs familiaux est en croissance. Les visites et contacts pris lors de nos voyages en parti‐
culier avec les agriculteurs familiaux regroupés au sein de l'ANAP (Association Nationale des « petits agri‐
culteurs ») , ont permis de montrer le dynamisme de tout ce processus, que ce soit à travers : ‐ Les « jardins urbains de production vivrière » sortes de potagers urbains gérés en coopérative. Le plus célèbre, Vivero Alamar (Jardins Alamar) est une sorte de ferme « biologique » aujourd'hui de 65 ha en plein milieu d'un quartier d'habitation des années 60, architecture soviétique en prime. Plus de 150 personnes y produisent fruits et légu‐
mes pour le quartier et la ville. ‐ Les coopératives de production agricole mises en place avec les nouveaux agriculteurs familiaux (voir notre retour de visite à la coopérative de José Marty évoqué dans le bulletin VI n°73). ‐ Les expériences de permaculture mises en place un peu partout dans l'île, ou à travers l'usage de méthodes naturel‐
les (lombriculture et vermicompostage par exemple pour fertiliser les sols urbains ou ceux que la mono‐exploitation sucrière avait usés). Source: KILA (Kerala Institute of Local Administration) Jour‐
nal of local Governance Janvier –Juin 2013 vol.1 N0 1 www.Kilaonline.org Transmis par Madeleine Lacour. Nous avions rapporté la parole de Ruben, un « jardinier urbain » de Cienfuegos explicitant combien ces nouveaux modes de production constituent aussi une dimension culturelle : « retrouver concrètement le rapport à la terre c'est la respecter, respecter aussi ce qu'elle nous donne et ainsi respecter aussi l'humain. »  Jean‐Pierre Aldeguer Permaculture : Art de cultiver la terre par succession de cultures pour la rendre fertile indéfiniment Prochains voyages : A la carte du 1er nov 2014 au 31 mai 2015 et en nov 2015 3
Vie Associative
Guillemette a repris son poste après son congé parental . Vous pouvez la joindre au bureau tous les jours sauf le mercredi. Merci à vous qui avez pris la plume pour participer à ce journal consacré à l’agriculture familiale, thème de la semaine de la Solidarité Internationale 2014. N’hésitez pas à envoyer suggestions et articles pour le prochain voyage‐info !!! UNE RETOMBEE D’UN VOYAGE CEVIED AU HONDURAS : :La venue de trois chanteurs honduriens en France et l’organi‐
sation d’une « tournée » de deux semaines en septembre 2014 Quoi de plus naturel qu’une soirée « en musique », lors d’un voyage en Amérique latine… c’était en 2012. Mais beau‐
coup moins évident de faire venir en France les musiciens découverts à Tegucigalpa, de leur organiser une « tournée », et d’autofinancer un tel projet... Défi relevé. Grâce au réseau de la centaine de voyageurs qui depuis une dizaine d’années ont fait un voyage « CEVIED » au Honduras, et grâce également au réseau des associations françaises qui œuvrent dans ce pays,‐sans parler des amis et des liens personnels‐ il a été possible d’organiser 15 concerts, au hasard des personnes qui ont bien voulu se charger chacune dans sa ville de trouver un lieu, d’informer le public et d’accueillir Anibal, Alex et Edwin, avec leur « chauffeur‐apprentie impresario », pour une nuit, un repas… C’était une gageure d’intéresser –ou d’intriguer‐ un public souvent repu de trop de sollicitations (dans les grandes villes surtout), et ce fut un bonheur de ressentir la curiosité, parfois l’émotion, et tout simplement le plaisir du public présent. L’éventail du répertoire d’Anibal, de la chanson engagée au folklore, le hip hop des deux frères Alex et Edwin, (venant d’un « barrio » de la capitale) exprimant leur amour de la vie, a constitué un programme éclectique, vivant, se terminant le plus souvent par un temps de danse joyeux. Ce fut aussi un moyen de parler d’un pays souvent méconnu, (et de parler du CEVIED) et une occasion incroyable pour nos hôtes de venir en France. Ils ont rencontré de nombreux amis, passé dans de nombreuses maisons, pris un bain pour la première fois… Ce sont eux qui ont fait un « voyage CEVIED ». Si cette aventure vous intéresse, si vous voulez avoir une idée des chansons du répertoire des trois chanteurs, voir le site « hondurasparcoeur.com » Marie Thérèse de Nomazy Prochains voyages
MAROC contes*
CUBA
HAITI
TOGO
INDE JHARKHAND
PEROU
VIETNAM
SRI LANKA
OUZBEKISTAN
fin 2014 et 1er trim. 2015
* Nouveau voyage du sa.27 déc. au sa.03 janv.
du 16 janv. au 1er février, avec des membres d’ADM
du ma.20 janv. au lu.02 fév.
du sa.21 février au di.08 mars
du lu.23 février au sa.14 mars
du di.26 avril au sa.16 mai
du 15 mars au 11 avril
du ve. 1er mai au sam. 16 mai
du ve. 1er mai au ma.19 mai
Il reste 5 places
Complet
Il reste 3 places
Il reste 4 places
Et tous nos voyages du dépliant 2014 Sortie du nouveau dépliant fin novembre 2014
à consulter sur www.cevied.org
A la carte , à thème, à la demande-:
BRESIL CHILI*..COSTA RICA TUNISIE..HONDURAS…LIBAN..
Samedi, 22 novembre : ASSEMBLEE GENERALE du CEVIED
pensez à renouveler votre cotisation pour 2015
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
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Adresse : ………………………………………. ...
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 renouvelle la cotisation pour 2014
Individuel : 15 € - couple 25 €
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Individuel : 25 € - couple : 38 €
Voyage Infos édité par le C.E.V.I.E.D : Centre d’Échanges et de
Voyages Internationaux pour une Éthique de la Découverte.
58 rue Raulin 69007 LYON
Tel 04.78.42.95.33
Immatriculation Tourisme :
N° IM 069110039
Directeur de la Publication : G.Clavel
Dépôt légal : VI/79

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