Diaporama de Céline Demougeot - SUN-IP

Transcription

Diaporama de Céline Demougeot - SUN-IP
Ateliers de Partage de Pratiques Pédagogiques Innovantes
Pédagogie Inversée : intérêts – limites
Retour d’expérience en Pharmacie
Céline Demougeot
Mardi 8 décembre 2015
http://sun-ip.univ-fcomte.fr/
Contexte
- Matière enseignée :
Pharmacologie appliquée à la thérapeutique
UE « volumineuse » du semestre 1 de PH3 : 6 ECTS
dont 3,2 ECTS de Pharmacologie = 30h Cours magistraux / 2h ED
- Public / effectifs :
Etudiants de 3ième année Pharmacie
Environ 60 étudiants
Contexte
- Méthode pédagogique
« à l’ancienne » !
Les étudiants copient le cours que je dicte à leur rythme
Des illustrations sont disponibles sur un polycopié ou faites à la main au fil du
cours
Les explications sont fournies au fur et à mesure
Pourquoi ce choix ?
Arguments contre un diaporama « partiel » projeté en cours
- il est difficile d’écouter – écrire – lire en même temps
- l’étudiant n’a pas un document facile à apprendre à l’issue du cours
Arguments contre un diaporama comprenant la totalité des informations à
apprendre, projeté en cours
-
Bonne méthode mais trop propice à une surabondance d’informations que
l’étudiant ne pourra pas retenir
-
Par expérience : 2h de cours « à l’ancienne » = 1h de cours « conférence »
Pourquoi la pédagogie inversée ?
- 1 chapitre de cours difficile à faire passer
Chapitre sur les médicaments anti-épileptiques : médicaments très importants pour la pratique
professionnelle future de l’étudiant en pharmacie
MAIS
Une vingtaine de molécules à présenter, toutes différentes les unes des autres
Pas grand-chose à comprendre
Beaucoup d’informations à assimiler
= risque de cours « catalogue », déplaisant pour l’étudiant et l’enseignant
changement de technique pédagogique pour rendre « digeste » un cours « indigeste »
Motiver l’étudiant à l’apprentissage de ce cours
Principe de la pédagogie inversée
1
Donner le cours à l’étudiant 1 mois avant les séances présentielles : support papier
2
L’étudiant apprend le cours chez lui
3
Lors des séances présentielles :
-
En amphi, avec toute la promo
-
En s’appuyant sur un cas clinique : mise en situation
-
Des questions sont posées aux étudiants pour évaluer
-
-
Acquisition des connaissances
-
Acquisition des compétences (réflexion)
Les étudiants sont interrogés individuellement
Exemple : cours transmis aux étudiants
Principe
- Rédaction : cf un « chapitre de livre »
- Les éléments importants à retenir sont en gras
- Des tableaux à la fin de cours résument des points
importants
Exemple : séance présentielle
Cas n° 1
Une étudiante en pharmacie de 19 ans consulte en raison de la survenue d’un épisode dont elle
n’a pas de souvenir, en raison d’une perte de connaissance.
Après avoir repris connaissance, la jeune femme a constaté qu’elle s’était mordu la langue, qu’elle
avait une des pertes d’urines, qu’elle avait des douleurs musculaires et se trouvait dans un état
confus. Des témoins lui ont rapporté qu’elle avait les 4 membres contractés, secoués de spasmes
et les yeux révulsés pendant 1 à 2 minutes.
Q1. A quelle pathologie associez-vous ces symptômes ?
Q2. Décrivez les différentes formes possibles de cette pathologie.
Vérification des connaissances
Q1. A quelle pathologie associez-vous ces symptômes ?
A une crise d’épilepsie généralisée tonico-clonique.
Q2. Décrivez les différentes formes possibles de cette pathologie.
Crises généralisées (ou bilatérales, ou symétriques)
La décharge neuronale est d'emblée généralisée aux 2 hémisphères cérébraux.
Elles sont caractérisées par :
- une perte de connaissance ou de contact
- des manifestations végétatives importantes (augmentation de FC, augmentation de la PA, polypnée, mydriase,
sudation, énurésie...)
- associées ou non à des phénomènes moteurs c'est-à-dire des convulsions qui peuvent être toniques
(contractions généralisées et intenses des muscles striés (+ morsure de langue), 15-30s), cloniques (alternance
de contractions et décontractions de la musculature, déterminant des secousses violentes, brèves et rythmiques
de la musculature, < 1min), ou tonico-cloniques.
Le médecin décide de débuter le traitement par :
DEPAKINE 200 mg cp, 4 cp/jour
Q10. Que pensez-vous de ce choix de première intention ?
Mauvais choix car la patiente est une jeune femme en âge de procréer : l’acide valproïque doit être évité en
raison de son effet tératogène
Législation mai 2015:
-
ordonnance initiale par un spécialiste
-
Signature d’un accord de soin
-
Renouvellement par le généraliste pendant 1 an
Vérification de la capacité de synthèse de l’étudiant
Q12. La patiente vous demande si elle devra suivre un traitement antiépileptique à vie, que
répondez-vous ?
Un traitement antiépileptique ne sera pas forcément maintenu toute la vie : il est maintenu au minimum 2-4 ans,
mais doit être périodiquement réévalué. Il pourra être progressivement arrêté après 2-5 ans de rémission.
Cependant, tous les syndromes épileptiques ne se prêtent pas à un arrêt de traitement.
Vérification de la capacité à transmettre une information à partir des connaissances
Après 2 mois de traitement par LAMICTAL à 100 mg/j, la jeune femme présente à nouveau une crise d’épilepsie
à l’occasion d’une soirée Pharma très arrosée.
Q14. Quelle(s) peut (peuvent) être les causes de cette crise, et comment fera le médecin pour
vérifier la ou les hypothèses ?
Causes possibles
- Inobservance ?
- Posologie insuffisante ?
- Association avec un inducteur enzymatique ? alcool
- Exposition à un stimulus épileptogène ? Alcool, lumière stroboscopique
Possibilité : dosage plasmatique
-
Si conc mesurée < conc efficace
- Mauvaise observance du traitement ? Education thérapeutique ?
- Monter la posologie
-
Si conc mesurée > conc efficace
- observance du traitement = ok
- Éviter situations à risque
- Changement de principe actif
Vérification de la capacité de réflexion à partir des connaissances
Après 2 ans d’expérience : bilan des évaluations
2014
2015
Assiduité
Présence
72%
60%
☺
Apprentissage du cours
?
?
Intérêt de la technique pédagogique
2014
2015
☺
Qualité du support de cours transmis
☺
☺
Efficacité de la technique pédagogique
2014
2015
☺
Extension de cette technique à d’autres cours
Commentaires libres des étudiants
2014
2015
!
Rq : temps utilisé pour la pédagogie inversée = temps utilisé pour le cours en pédagogie « normale »
Conclusions
Points positifs
-
Motive les étudiants à la présence en cours / à l’apprentissage
-
Moins de passivité en cours
-
Aide à intégrer le cours, facilite l’apprentissage
-
Permet de vérifier la transmission des grands messages du cours
-
Permet de vérifier la capacité de réflexion à partir de connaissances
-
Oblige à une très bonne qualité de support transmis aux étudiants
-
Les étudiants comprennent ce qu’on attend d’eux
-
Permet de faire ce que l’on ferait en « ED » même si ces heures n’ont pas été dégagées dans l’emploi du
temps
Conclusions
Points négatifs
-
Les étudiants (faute de temps ?) ne jouent pas le jeu : pas d’apprentissage préalable
-
Csq 1 : ils apprécient que l’enseignant les aide à apprendre un cours qu’ils ont déjà lu
-
Csq 2 : cela augmente considérablement le temps consacré à un cours
(temps étudiant – temps présentiel – temps étudiant)
-
-
Csq 3 : inapplicable à un nombre de cours important
L’étudiant doit découvrir seul un cours : pas toujours facile, pas favorable à l’apprentissage
= anti-pédagogique ?
= ne l’appliquer qu’à des cours simples à comprendre en lisant un document
-
La méthode ne remplace pas la nécessité pour l’étudiant d’apprendre son cours !
Conclusions
Perspectives
-
Pour ce cours : je continue cette technique = Réussite pour le chapitre considéré
-
Pour mes autres cours = NON
-
Montre la nécessité d’adosser des ED aux cours magistraux
-
A utiliser avec modération et réflexion préalable
Limites de mon expérience
-
Pas d’évaluation du même cours proposé en pédagogie « classique » = comparaison impossible
-
Pas de retour sur les compétences acquises à long terme
-
Pas d’expériences pour d’autres cours, à des étudiants d’autres années