Les émotions - Frédéric Demarquet

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Les émotions - Frédéric Demarquet
Les émotions
Emotion :
Trouble subit, agitation passagère causés par un sentiment vif de peur, de
surprise, se joie, de colère, etc… (Petit Larousse)
Qu’est-ce qu’une émotion ?
Toute émotion répond à un seul et même objectif : vivre. A l’origine de l’émotion se
trouve le cerveau reptilien, commun à l’ensemble des mammifères. Son rôle est fondamental
en ce sens qu’il régule les besoins essentiels tels que dormir, boire, manger ou encore se
reproduire. Il participe également à assurer et à rassurer nos besoins de sécurité, d’identité et
de réalité d’être. Les émotions protègent donc l’homme et participent à assurer sa survie.
Les besoins existentiels :
Nos besoins sont à l’origine de notre motivation et entraînent, pour les satisfaire, des
comportements visant cette satisfaction et reposant sur nos capacités d’adaptation et notre
intelligence. L’absence de satisfaction du besoin entraîne la frustration et le manque. On peut
donc dire que les besoins sont à l’origine de la motivation comme de la frustration, mais aussi
de la satisfaction comme du manque.
Les besoins primaires, que nous partageons avec l’ensemble des espèces vivantes
sont : manger, boire, dormir, se reproduire…
Il existe cependant des besoins secondaires, tout aussi importants pour l’homme : le
besoin de sécurité, le besoin d’identité et le besoin de réalité d’être qui, ajoutés aux besoins
primaires, assureront le besoin fondamental d’intégrité auquel aspire l’être humain et
indispensable à son équilibre.
La connaissance de soi ne peut faire l’économie de la reconnaissance de ses besoins.
Le besoin de sécurité est enraciné dans le cerveau archaïque de chacun et est à
l’origine de l’aptitude à se protéger du danger. Il génère des comportements de mouvements,
d’observations et de pensés. En situation de danger, un homme va observer avec davantage
d’acuité, il va penser beaucoup plus efficacement ou encore générer des mouvements
beaucoup plus rapides. Toute action visant à se soigner, à se protéger, s’abriter, s’organiser…
trouvent leur origine dans le besoin de sécurité.
La peur est l’émotion qui résulte du sentiment d’insécurité. Elle est à ce titre
indispensable à la survie. Il existe deux mécanismes de défense possibles : la fuite s’il est
impossible d’assurer sa sécurité ou, si la fuite est impossible, une paralysie qui entraînera un
autre mécanisme de défense par une stratégie défensive.
Le besoin d’identité est constitué de la somme du besoin d’appartenance et de
différence. Il est à l’origine de la création, de l’invention, de la détermination. Il s’origine
dans le besoin de se définir soi par rapport à ce qui n’est pas soi et de définir l’autre par
rapport à soi. Il est donc une résultante de la vie sociale ou, à l’inverse, la vie sociale est une
nécessité née du besoin d’identité. Il engendre des comportements d’affirmation, de décisions,
de compétition, il nous amène à nommer les choses par rapport à soi, à sa vision du monde.
Le langage découle du besoin d’identité, l’organisation hiérarchique également. La
reconnaissance et l’estime sont deux valeurs intimement liées au besoin d’identité.
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La tension et l’insécurité résultent du manque d’identité. La colère est donc une
émotion liée à ce manque. En ce sens, elle déclenche un état défensif de lutte né de
l’impuissance à assurer son identité. Lutte qui pourra s’avérer efficace ou non, ce qui
engendrera des stratégies visant une nécessité existentielle. L’espace relationnel est le terreau
de l’expérience identitaire.
Le besoin de réalité d’être est la somme de l’harmonie et de l’épanouissement
personnel. Dernier né de l’évolution, sûrement spécifique à l’homme, ce besoin s’origine dans
le besoin de perception de soi et se motive par la volonté de donner du sens. Il nous emmène
au-delà de la reconnaissance de son identité en introduisant une notion de futur, de projection,
d’évolution, de changement. Il entraîne la réalisation de soi. Il s’exprime par la sensation
même d’exister, par le besoin de comprendre, de trouver des réponses et donc de s’interroger.
Il nous pousse à l’action, motive nos initiatives, nous permet de prendre en considération qui
nous sommes, nos talents, nos envies. Le besoin de réalité d’être entraîne la projection dans
un destin individuel et collectif à la fois, il englobe nos aspirations, nos idéaux et motive la
solidarité. En ce sens, il engendre l’harmonie entre son système propre et les systèmes
environnants.
La fatigue et dépression résultent du manque de réalité d’être. La tristesse est donc une
émotion liée à ce manque. Elle engendre une mécanisme de repli sur soi qui peut s’avérer
efficace par un isolement donnant lieu à une nouvelle recherche d’harmonie, ou inefficace,
engendrant un renoncement mobilisant de nouveaux mécanismes de défense.
Il existe une hiérarchie dans les besoins, à savoir que le besoin de réalité d’être ne peut
être pris en compte que si le besoin d’identité est assuré qui lui-même ne peut être pris en
compte que si le besoin de sécurité est assuré, qui lui-même ne peut être pris en compte que si
les besoins primaires sont assurés.
A titre d’exemple, observez ce qui se passe lorsque vous êtes en formation et que la
faim se fait sentir : il devient très difficile de tenir compte de votre besoin de réalité d’être lié
à votre évolution personnelle et votre concentration tout comme votre motivation tendent à se
tourner vers un tout autre besoin, plus primaire mais touchant à votre survie. Il devient
rapidement difficile de lutter, même si l’on sait que nos réserves peuvent nous permettre de
vivre encore de nombreux jours sans manger : votre cerveau reptilien est en alerte et demande
à être satisfait !
Les stratégies émotionnelles :
Nos émotions font partie de ce que nous nommons les mécanismes de défense, en ce
sens qu’elles sont le symptôme nous indiquant que nous devons nous défendre face à un
danger menaçant nos besoins et donc notre survie. Les émotions nous permettent donc la mise
en action et en mouvement vers la satisfaction d’un besoin et donc vers la survie. Lutter
contre ses émotions revient donc à lutter contre sa survie : on peut comprendre en quoi les
habitudes culturelles de contrôle des émotions mettent en danger l’intégrité de la personne et
s’avère être une lutte impossible. Le système émotionnel est un système inconscient qui
répond à sa propre logique et possédant une puissance stratégique que l’on nomme
couramment instinct de survie. Les émotions nous mobilisent vers nos besoins. Lutter contre
reviendrait à se laisser mourir, ce qui demanderait un contrôle de soi gigantesque, dont on
peut percevoir l’aspect morbide.
Les émotions ne sont pas à confondre avec les sentiments qui sont des ressentis plus
légers et non en rapport avec la survie. On peut être triste sans pour autant se sentir fatigué,
déprimé et quelque-part en danger, on peut être en colère, sans pour autant se sentir agressif et
prêt à se battre pour sa survie. On peut dire en ce sens que le sentiment est l’expression d’une
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émotion légère qui, si elle est écoutée et prise en compte, donnera une orientation dans nos
choix d’adaptation, évitant en cela que l’émotion devienne plus envahissante et qu’elle
s’immisce en nous imposant ses propres règles sur lesquels nous n’aurions plus de libre
arbitre.
Toute émotion répond à une logique de menace et à l’origine de celle-ci se trouve
toujours un élément déclencheur qui va entraîner une succession de comportements adaptatifs
et écologiques pour la personne ainsi menacée. Ces réactions sont inconscientes et
automatiques, n’ayant d’autres soucis que de satisfaire les besoins menacés. C’est la raison
pour laquelle on est parfois surpris de nos réactions face à un événement ou une situation qui
peuvent paraître anodins et qui déclenchent pourtant une si vive chaîne comportementale. Le
mécanisme de défense se déclenche toujours comme si notre vie était en jeu, car il n’est pas
réfléchi, mais simplement éprouvé de manière extrêmement rapide, si rapide en fait qu’il est
impossible sur l’instant de décrypter les associations et abstractions qui constituent cette
enchaînement cognitivo-comportemental.
En réaction à la logique de menace, se trouve donc toujours une logique de survie par
la fuite (peur), la lutte (colère) ou le repli (tristesse). On comprend bien ainsi que les émotions
répondent à une logique de stratégie. Cependant, dans certains cas, la logique semble
s’emballer et ne pas être adaptée à la situation réelle.
Quand les émotions s’emballent :
Dans certaines situation, nous sommes envahis par des symptômes que l’on connaît
tous et qui nous semblent bien souvent disproportionnés par rapport à la situation : larmes,
colère, nœud dans la gorge, mal au ventre, envie de fuir, tensions musculaires, transpiration
excessive, rougeur, voix peu assurée, tremblements… Ces réactions et comportements
répondent tous à une logique stratégique qui semble tout à fait explicable si l’on se réfère à ce
qui précède mais qui paraissent néanmoins très excessive dans certaine situations.
Ces réactions sont vécues ainsi de manière disproportionnées car elles résultent de
situations antérieures vécues comme dangereuses. Elles sont une réactivation engendrée par
des processus d’associations inconscients émanant de notre mémoire personnelle et de la
mémoire collective.
Par exemple, nous n’avons pas besoin de nous être un jour brûlé pour avoir peur du
feu : par instinct, nous savons que celui-ci est dangereux et qu’il est souhaitable de le
maîtriser. Mais une personne qui est prise de panique dès qu’elle voit quelque-chose qui lui
rappelle le feu se trouve dans une difficulté liée à un emballement émotionnelle. Elle finira
peut-être par ne plus supporter la chaleur ou la couleur jaune, en ayant totalement oublié qu’à
l’origine de cette peur, se trouve le cerveau reptilien et l’instinct de survie. La chaîne
d’abstractions et d’associations devient tellement longue que l’origine de la peur n’est plus
consciente.
Un autre exemple serait celui d’un homme qui, enfant, s’est retrouvé dans une
situation ou, à chaque fois qu’il parlait en famille, son père lui disait qu’il se trompait et qu’il
ferait mieux de se taire plutôt que de dire n’importe quoi. A cet âge-là, il en a déduit qu’il était
effectivement préférable de se taire et d’éviter ainsi de mettre son père en colère, ce qui
déclenchait chez cet enfant une peur d’abandon. On peut donc voir cela comme une stratégie
de survie puisque l’enfant a besoin de ses parents pour se loger, se nourrir et subvenir à ses
besoins en général. A la longue, il a effectivement fini par ne plus parler beaucoup en société
et à se replier sur lui-même. Plus tard, il est engagé dans une entreprise dans laquelle on lui
propose un poste qui suppose d’animer régulièrement des réunions. Ces situations sont pour
lui de véritables épreuves et il est sans cesse débordé par des émotions violentes qu’il ne
s’explique pas. Il a beau rationaliser, rien n’y fait et il est prêt à donner sa démission pour
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éviter ces situations, ce qui ne ferait qu’empirer la situation puisqu’il s’éloignerait encore plus
d’une écoute possible du message adressé par son cerveau reptilien. On voit bien à nouveau
dans cette exemple la chaîne d’abstractions et d’associations inconsciente qui amène ce
débordement.
Fort heureusement, il n’est pas nécessaire de comprendre l’origine réelle de nos
émotions et toutes les chaînes associatives pour apprendre à vivre avec et je dis bien vivre
avec, car il est grand temps maintenant d’éclairer un point capital : ce n’est pas en cherchant à
contrôler et à fuir nos émotions que l’on règle nos difficultés de cohabitation avec elles, mais
bien en comprenant leur langage, en les écoutant et en les respectant comme on doit respecter
les garantes de notre survie et de notre intégrité.
Vivre avec ses émotions :
Vivre en bonne harmonie avec ses émotions implique d’apprendre à les connaître et à
les reconnaître. L’un des premiers indicateurs d’une tension émotionnelle est notre corps.
Viennent ensuite les indices cognitifs : qu’est-ce que je me dis de cette situation ? Quelles
pensées me viennent en vivant cette situation ? Quelle idée je me fais de la situation ? Enfin,
observons nos comportements : qu’est-ce que je fais dans cette situation ? Qu’est-ce que je ne
fais pas ? Qu’est-ce que je fais à la place ? Apprendre à écouter ces indicateurs est un moyen
sûr de reconnaître une émotion dès les premiers signes.
L’étape suivante sera de ressentir et d’accueillir le manque que nous révèle notre
émotion. Accepter ce manque sera une étape décisive pour ne plus se sentir dépassé par ses
émotions. Apprendre ce que nous dit notre corps, son langage propre, identifier notre
comportement et nos modes d’interactions dans certaines situations seront de précieux
révélateurs de nos manques. Lorsque nous avons faim, nous savons satisfaire ce besoin, nous
avons appris à la faire. Apprenons maintenant à satisfaire nos besoins existentiels au delà des
besoins primaires. Apprenons à faire avec nous et non contre nous : ne nous défendons plus
de nos manques mais nourrissons-les.
Nos manques sont en fait nos besoins non satisfaits et tous nos besoins fondamentaux
sont contenus dans les objectifs de toutes nos actions quotidiennes. Il n’est aucune action qui
ne réponde à un besoin. Ne pas tenir compte de ce besoin, c’est déclencher une émotion. Ne
pas tenir compte de cette émotion, c’est la rendre encore plus présente. Cela revient à dire que
chaque action repose aussi sur une émotion sous-jacente : lorsque je fuis, j’évite le danger et
l’émotion qui est associée, la peur et j’ai donc besoin de sécurité.
En fuyant, je satisfait mon besoin de sécurité, mais j’évite aussi une confrontation qui
m’aurait peut-être permis de satisfaire d’autres besoins. On voit bien qu’il devient nécessaire
de trouver de nouvelles solutions. Le besoin est aussi ce qui donne du plaisir dans la
réalisation d’une action, par la satisfaction de ce besoin.
Si mon besoin de sécurité est impérieux, je n’ai guère d’autre choix que de le
satisfaire, et j’éprouverai sûrement là un plaisir important à l’avoir satisfait, mais si j’apprends
à nourrir progressivement et régulièrement ce besoin primordial, alors, je vais laisser la place
à la satisfaction de nouveaux besoins, sources de plaisir et de réalisation.
Le besoin de sécurité est le besoin qui, non respecté, peut causer le plus de dégâts dans
la vie de tous les jours et particulièrement dans la vie professionnelle où certaines situations
ne sont pas évitables. L’émotion qui lui est attachée est généralement la peur, qui peut se
traduire soit par la fuite, soit par l’agressivité (association avec la colère), soit par le replis sur
soi (association avec la tristesse).
On va voir maintenant comment on peut progressivement se sortir du cercle vicieux :
besoin – manque – émotion – évitement – besoin – manque…
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Apprendre à se libérer :
Lorsqu’on parle de se libérer, il ne s’agit nullement de se libérer de ses émotions et de
ses peurs, mais davantage de se libérer de systèmes de pensées erronés afin d’apprendre à
libérer nos potentiels. Il ne s’agit pas non plus de devenir quelqu’un d’autre que soi, mais
d’apprendre à réagir et à agir différemment dans certaines situations. Le système défensif va
alors progressivement laisser la place à un système plus ouvert, dans la conscience de ses
besoins, de ses manques et de ses potentiels.
Un évènement révèle une émotion, mais ne la déclenche pas: ce qui déclenche
l’émotion, c’est la représentation que nous nous faisons de cet événement . Cette
représentation se nourrit de notre histoire, de notre culture, d’évènements passés, de notre
éducation… et se traduit pas une vision globale et personnelle que nous portons sur les
évènements. On comprend alors que fuir l’événement ou chercher à le modifier, ce qui revient
au même, ne fera que renforcer la vision que nous en avons et qu’il est préférable de se
dégager de l’événement par un recul permettant de dissocier l’événement de la représentation
et de l’émotion afin d’apprendre progressivement à écouter cette émotion, son message et les
besoins sous-jacents. Si l’on trouve alors le moyen de nourrir son besoin, la vision que nous
nous faisons de l’émotion va se modifier et la fuite n’apparaîtra plus comme la meilleure
alternative.
La dissociation de l’événement et de l’émotion associée par une observation
bienveillante de ses comportements est un point essentiel dans l’apprentissage d’une
nouvelle manière d’aborder la question émotionnelle.
Prendre du recul signifie avant toute chose reconnaître les comportements qui
accompagnent l’événement : écouter le langage corporel et écouter nos « petites voix » ou
notre langage automatique qui sont les éléments cognitifs correspondants à la manière dont
nous nous racontons l’événement dans notre vision des choses. Les mots que nous
employons, les images que nous associons à l’événement sont révélateurs et sont l’occasion
d’apprendre à se connaître et à comprendre comment nous réagissons et pourquoi : les besoins
et les manques vont alors apparaître et nous allons pouvoir apprendre à les nourrir. Cela
signifie qu’il devient nécessaire d’accepter ses émotions et leurs signaux et de les accueillir
enfin pour ce qu’elles sont. N’oublions pas que la fuite ne permet pas l’apprentissage et valide
notre vision de l’événement qui va alors se renforcer. On comprend bien là à nouveau en quoi
la question de la gestion des émotions par le contrôle de celles-ci est un leurre et qu’une
approche plus écologique pour la personne est possible.
La question de la relation :
La relation et au cœur même de nos émotions. En effet, il est impossible d’être sans la
relation : la relation à soi et la relation aux autres, les deux étant absolument indissociables.
Même pour une personne qui vivrait seule sur une île déserte, la relation aux autres, se
traduisant par le manque de relation, serait au cœur de son vécu émotionnel.
L’autre peut alors facilement devenir l’objet de nos émotions par la vision que nous
nous faisons de lui, de nous face à lui et de l’expérience de la relation entre nous et lui. Si
l’émotion n’est pas acceptée et consciente, la relation peut facilement se transformer en
confrontation. L’autre et nous-même pouvons tenir de nombreux rôles dans la relation, rôles
qui rempliront des fonctions liées à l’état émotionnel. L’autre peut devenir notre sauveur,
notre victime, notre bourreau, il peut donner du sens, des solutions … et nous pouvons tenir
les mêmes fonctions. La projection sur l’autre peut devenir un moyen de communication
déplaçant à l’extérieur ce dont nous ne savons quoi faire en nous. Le problème se déplace
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alors mais n’en est pas moins toujours valide et nous allons naviguer au grès des relations
d’un état émotionnel à un autre : de la peur à la colère, à la tristesse, à la joie … sans jamais
apprendre quoi que ce soit de ces émotions et de ces relations. La relation devient alors un
lieu ou l’autre tient le rôle d’objet existentiel et de solution pour nous. Ler rôles sont bien sûr
interchangeables et nous pouvons à notre tours devenir l’objet existentiel de l’autre.
Demander à l’autre de s’occuper de nous, au même titre que s’occuper de lui peut cacher une
difficulté à prendre en charge ses propres besoins. Etre en bonne relation signifie sûrement
respecter le territoire de l’autre et faire respecter son propre territoire mais cela ne peut être
sans une prise en charge par soi-même de ses besoins propres et donc par leur reconnaissance
et leur acceptation. On voit bien là en quoi la relation et donc la communication sont
intimement liées à la question émotionnelle.
Conclusion :
Pour conclure, j’aimerais attirer l’attention sur le fait qu’en terme de gestion des
émotions, il n’est que des solutions personnelles et adaptées à chacun d’entre nous. En
premier lieu, c’est la personne elle-même qui sait ce qui sera le mieux pour elle. Il est
cependant parfois nécessaire de faire un travail et un apprentissage amenant une certaine
conscience de soi. Ce travail peut s’effectuer, selon les cas et le degrés de difficultés
rencontré, par une formation, un coaching, une thérapie, un stage de développement personnel
ou encore par la lecture d’ouvrages appropriés.
Ce support de cours ne donne bien sûr pas de solution miracle : il ne fait qu’éclairer
certains points sur un sujet très vaste et qui peut être approché de différentes manières. Il reste
à chacun d’entre nous de faire l’apprentissage de soi nécessaire à la réalisation de ses
potentiels, dans l’écoute de ses émotions et de leurs messages riches d’enseignements. Le
chemin peut être long et il n’ai jamais que partiellement parcouru. Nos émotions nous
accompagneront fort heureusement tout le long et cela ne signifie pas que nous n’avançons
pas, bien au contraire. Cela pourrait paraître curieux à ceux qui commenceraient cette lecture
par la conclusion - et je les invite à reprendre au début - mais pour les autres, j’ai la faiblesse
de croire que cette proposition leur semblera acceptable.
Pour rédiger ce support de cours, je me suis référé à l’excellent livre de Catherine
Aimelet-Périssol : Comment apprivoiser son crocodile chez Robert Laffont que je vous invite
à consulter si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet.
Pour terminer, je reprendrai une courte fable qu’elle site elle-même à la fin de son
ouvrage : L’oasis.
Il était une fois un vieil homme, assis près d’une oasis, à l’entrée d’une ville du moyen
orient. Un jeune homme s’approcha et lui demanda :
- Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme lui répondit par une question :
- Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?
- Egoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais bien content de partir.
- Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit le vieil homme.
Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa la même question :
- Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme répondit de même :
- Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?
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- Ils étaient bons, accueillants et honnêtes. J’y avais de nombreux amis, et j’ai beaucoup de
mal à les quitter.
- Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit le vieil homme.
Un marchand, qui faisait boire ses chameaux, avait entendu les deux conversations. Dès que
le second jeune homme s’éloigna, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche :
- Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée
par deux personnes ?
- Mon fils, dit le vieil homme, chacun porte son univers dans son cœur. D’où qu’il vienne,
celui qui n’a trouvé rien de bon par le passé ne trouvera rien de bon ici non plus. Par contre,
celui qui avait des amis dans l’autre ville, trouvera ici aussi des amis loyaux et fidèles. Car,
vois-tu, les gens sont vis-à-vis de nous ce que nous trouvons en eux.
J’ajouterais à cette fable que chacun a le choix de modifier sa perception du monde qui
l’entoure à tout moment et peut ainsi transformer sa réalité en une réalité différente, porteuse
de davantage de satisfaction. Il n’est en effet de réalité que celle que nous nous fabriquons et
il existe donc autant de réalité que d’individus. Mais j’ouvre là sur une approche
constructiviste qui sera l’objet d’un autre cours.
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