Even

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Even
Materials and Structures/Matériaux et Constructions, Vol. 33, January-February 2000, p 2
HOW TO START A NEW MILLENNIUM?
COMMENT ABORDER UN NOUVEAU
MILLÉNAIRE?
E
ven though the countdown to the new millennium began a
long time ago, which should imply our preparedness for this
special event, a number of concerns have oddly gone unaddressed: might this be due to our reliance on an entirely arbitrary and
meaningless time reference?
The turn of the year however still provides an occasion to critically reflect on the events, developments and accomplishments of the
past year, while at the same time to glance at the challenges lying
ahead of us, trace foreseeable developments, recommend lines of
action and identify any inconsistencies in future trends.
The first part of such an endeavor seems comparatively straightforward, with the experience of past years’ exercises serving as a guide.
The remarkable contributions of outstanding researchers, whose work
has shaped the history of materials science over the past several centuries (e.g. Hooke, Navier, Bernoulli, Le Chatelier, Powers, L’Hermite,
Carneiro), are unanimously praised for their elegance, intelligence and
lasting significance. From a more somber perspective, these research
milestones from the past are a far cry from today’s flooding of the
scientific market with journals and conferences, many of which happen to be chock-full of uninteresting
and sometimes even useless papers or
presentations.
This tendency has been repeatedly
observed, but who is to be blamed for it
and, more importantly, how can it be
reversed? Might public disgrace of poor authorship discourage subsequent contributions unworthy of publication? Will a myriad of financial constraints on research programs help filter out low-quality work
or merely serve to enforce the application of ill-adapted criteria more
rigorously? Does this regrettable situation result from a distorted level
of competition among researchers, including the use of inappropriate
evaluation tools (i.e. the “publish or perish” syndrome)? Yet, such
policies are also dictated by the growing demand to fill existing journals
and break conference attendance records. It must be admitted that
meaningful scientific exchange is often sacrificed in favor of turning a
profit. This refocusing of priorities has been introduced into the scientific and technical community with our (perhaps unconscious) acquiescence or leniency. In many instances, personal ambition and profit
incentive underlie this warping of values.
The present issue of Materials and Structures addresses topics on
concrete technology, on timber and on mineral binders in an effort to
enhance the understanding of material behavior for a safer and more
effective design and fabrication of elements and structures. As such,
the first issue for the year 2000 continues with the tradition of a
smooth transition towards furthering the development of basic materials and technologies. Natura non facit saltus – also for our fields of
concern, no drastic changes are foreseeable at least over the near term
neither in materials design nor in use in structures. Instead, ongoing
research and development will serve to optimize the use of customized materials for their specific applications and environmental
contexts.
Science, in fulfilling one of its basic functions, will support the
effective sourcing and compilation of available knowledge in all fields
concerned – to help nurture so-called “knowledge management”.
Yet, the responsibility for identifying valuable and correct information will continue to be shouldered by the user. Besides purely technical requirements, instituting two-way cooperative relationships
between experts in many fields of research and practice has become
vital to building a truly multi-disciplinary future, which should leave
less room for individual competition. Contributing to this joint
effort represents a key challenge ahead of us – a modest, yet ambitious, goal for 2000 and beyond!
I wish you all a very happy and successful New Year, full of ongoing
and fruitful exchanges with your colleagues. We will do our utmost to
ensure that Materials and Structures supports you in this effort.
ien que le compte à rebours ait déjà été déclenché depuis fort
longtemps, et que nous aurions dû être préparés pour cet événement si particulier, le nouveau millénaire suscite des inquiétudes inexplicables – peut-être issues d’une échelle de temps inconsciemment tracée, sans signification aucune et tout-à-fait inappropriée.
Pourtant, le changement d’année offre habituellement l’opportunité
d’une analyse critique sur les événements, développements et réalisations de l’année écoulée. C’est aussi l’occasion de porter un regard sur
les défis qui se présentent à nous, de commenter les évolutions possibles,
de préconiser des lignes de conduite et de désigner les tendances erronées.
La première partie d’un tel effort semble être relativement aisée, et a
déjà été mise en œuvre dans le passé. Les contributions remarquables de
chercheurs d’exception – points de repères dans l’histoire de la science des
matériaux pendant plusieurs siècles, tels que Hooke, Navier, Bernoulli,
Le Chatelier, Powers, L’Hermite, Carneiro ont été reconnues pour leur
élégance, leur intelligence et leur pertinence sur le long terme. Dans une
approche un peu sombre, ces contributions ont été comparées à l’inflation
actuelle sur le marché scientifique du nombre de
journaux et de conférences « surpeuplées », malgré la présence de communications de faible
niveau ou sans aucun intérêt.
Si ce phénomène a bien été observé, qui
devons-nous blâmer, et comment y remédier ?
Un déshonneur public envers les auteurs
médiocres aura-t-il raison des futures contributions inutiles ? Des restrictions budgétaires contribueront-elles à diminuer les actions de qualité
limitée, ou engendreront-elles une plus grande rigueur dans l’application
de mauvais critères de sélection ? N’est-ce pas le syndrome déplorable
d’un venant d’une concurrence acharnée entre les chercheurs, ainsi
qu’une application d’outils d’évaluation inappropriés, et d’une politique
de publication à tout prix imposée aux auteurs ?
Pourtant, ce phénomène est également généré par une demande de
plus en plus forte de contributions pour remplir les journaux existants et
pour battre des records d’audience lors d’une conférence.
Nous devons bien reconnaître que l’échange scientifique est souvent
sacrifié au profit d’une activité rentable. Cette évolution s’est installée
dans notre communauté scientifique et technique, avec notre consentement – même inconscient, ou notre tolérance.
Des intérêts personnels, des ardeurs individuelles ainsi que des
ambitions de profit financier ont assez souvent fait le lit des défauts que
nous pointons du doigt.
Ce numéro de Matériaux et Constructions aborde le thème de
la technologie du ciment, du bois de construction, des liants minéraux,
en vue d’une compréhension accrue du comportement des matériaux
pour une conception et une mise en œuvre des éléments de construction
plus sûres et efficaces. Ainsi, ce premier numéro de l’an 2000 perpétue
la tradition d’une évolution pas-à-pas de matériaux et technologies
connus. Natura non facit saltus – c’est également le cas pour notre secteur : aucun changement radical dans le calcul des matériaux ou leur
emploi n’est attendu à court terme. Par contre, la recherche-développement continuera d’optimiser l’emploi des matériaux dans les applications et environnements spécifiques.
En tant qu’information de base, la science apportera son soutien à
la production et à la compilation des connaissances disponibles dans
toutes les disciplines concernées, d’où l’expression nouvelle « gestion des
connaissances ». Mais l’identification de l’information utile restera de la
responsabilité de l’utilisateur. Une coopération interdisciplinaire ouverte
entre spécialistes devient essentielle, en diminuant la part de concurrence
individuelle. Contribuer à cette action collective constitue un défi que
nous devons nous lancer dès l’an 2000.
Je vous adresse tous mes vœux pour une année heureuse, remplie de
succès et d’échanges fructueux avec vos collègues. Nous ferons porter nos
efforts pour que Matériaux et Constructions vous accompagne dans
cet esprit.
Jörg Kropp
Jörg Kropp
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EDITORIAL
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