«La Magie de la truffe ? C`est que l`on ne sait jamais »

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«La Magie de la truffe ? C`est que l`on ne sait jamais »
«La Magie de la truffe ? C’est que l’on ne sait jamais »
Paru le 3 Mars 2014 sur www.lanouvellerepublique.fr
S
ur les coteaux de Salles, Didier Lacroix et son fils Clément exploitent
depuis une quinzaine d’années l’une des plus importantes truffières du
département.
Mystère et boule de tuber melanosporum au pied d'une truffière du secteur de La MotheSaint-Héray, ce samedi. « Cette parcelle a bien produit pendant six à sept ans, puis s'est
arrêtée. Une taille " sévère " a été effectuée pour booster le racinaire, elle a été remycorhizée
il y a deux ans. Mais rien n'y fait… »
Didier Lacroix, le propriétaire, envisage carrément une solution radicale s'il n'y a aucun signe
de redémarrage de la production de truffes. La technicienne régionale elle-même n'est pas en
mesure de prédire l'avenir. Son fils Clément parle avec philosophie de cette passion familiale
lancée il y a une
quinzaine d'années par
son père : « C'est toute la
magie du produit, on ne
sait jamais ce que l'on va
trouver… » Jusqu'à
la
dernière minute, lorsque
le chien au travail flaire
une truffe bien mûre.
" Une activité
aléatoire "
très
A la tête d'une propriété 1. La Mothe Saint Héray - Deux Sèvres. Grâce à la trufficulture Clément Lacroix, 22 ans,
céréalière
de a pu rester travailler sur l'exploitation familiale
136 hectares,
Didier
Lacroix a consenti un investissement conséquent (de l'ordre de 3.000 € par hectare) dans sa
superbe truffière qui s'étend sur les coteaux de Salles, au pied de la rivière
Pamproux : « J'aime ce contact avec la nature », explique-t-il. A peine 2,5 hectares au début,
la plantation s'étend sur plus de onze (11,30 ha exactement), l'une des plus importantes du
département, ce qui représente environ trois mille arbres. « Cette activité, surtout hivernale,
se complète avec les céréales », souligne le producteur. La taille des chênes verts, à l'aide
d'un sécateur électrique, va débuter et occuper une personne à temps complet pendant trois
semaines. Suivront les travaux classiques d'entretien de la truffière, tonte et débroussaillage
jusqu'à la récolte hivernale, de décembre à fin février. « C'est une activité très
aléatoire, insiste Didier Lacroix, le gel, un printemps froid ou la sécheresse, et puis ça ne
marche pas. » D'autant plus aléatoire qu'« un arbre sur trois, en moyenne, produit des
truffes », malgré les efforts des pépiniéristes. Avec un rendement qui se situe à environ cinq
kilos
par
hectare.
La production de l'exploitation est écoulée auprès de nombreux restaurateurs de la région,
ainsi que les particuliers en vente directe ou les marchés régionaux comme Jarnac en
Charente. Grâce à cette activité complémentaire, Clément, 22 ans, reste travailler sur
l'exploitation. Question, faut-il agrandir la truffière ? « Cinq hectares supplémentaires
signifieraient autant de céréales en moins, et au moins cinq ans pendant lequel on ne
retirera rien de cette plantation. » Encore des mystères.
130 producteurs en association dans les Deux-Sèvres
Vingt ans que les producteurs de truffes se sont structurés en association dans le
département : « Début des années 2000, nous étions sept. Aujourd'hui nous regroupons cent
trente adhérents », indique le président Christian Soullard (La Mothe Saint-Héray). Des
jeunes producteurs pour la plupart – agriculteurs, retraités, salariés – disséminés sur des
terrains adaptés à cette culture, comme la plaine niortaise, les nord-est et sud-est du
département, secteurs calcaires favorables au développement de la « tuber melanosporum » :
« La plupart sont des passionnés, poursuit le président. Personne ne vit de la truffe, il ne
s'agit que d'un complément. » Les plantations sont généralement de petites superficies, un à
deux hectares, sur lesquelles on trouve différentes essences d'arbres à vocation truffière :
chêne vert, chêne pubescent, charme ou tilleuil. Avec une production départementale évaluée
à 200 kg cette année, les Deux-Sèvres renouent avec une tradition ancestrale : « En 1876, le
département produisait environ 2,5 tonnes », précise Christian Soullard. Actuellement, fin
de saison, le kilo d'or noir est évalué à 500 € environ, le principal marché régional se situant
à Jarnac. On dénombre environ 630 producteurs en Poitou-Charentes, principalement en
Charente.
Association des trufficulteurs des Deux-Sèvres, contact : tél. 05.49.05.02.43 ou
06.68.23.96.55.
Par Jean Rouziès
www.truffeculture.com

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