- Action Solidarité Tiers Monde

Transcription

- Action Solidarité Tiers Monde
numéro
235
avril
2007
prix: 2,5 EURO
l e
d é v e l o p p e m e n t
h u m a i n
e n
re v ue
senegal:
Islam und demokratie
Entretien avec
Ernesto Cardenal
labels unter der lupe am
Beispiel Bananen
Philippinen:
eine mörderische
demokratie
Entretien avec
Adamo Dahico
Brennpunkt Sommaire
06
Nr. 234
Février 2007
Senegal
Éditorial
.................................................................................................................................................................. 1
Edité par:
Action Solidarité Tiers Monde
55, avenue de la Liberté
L-1931 Luxembourg
Tél: 400 427-20
Fax: 400 427-27
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Responsable de la redaction:
Marc Keup
Ont participé à ce numéro:
Sena Afeto, Dilcia Figueroa, Laurent Hulten, Nicole E. Ikuku, Marc
Keup, Monique Langevin, Caroline Pagnot, Carole Reckinger,
Jacqueline Rippert, kristy Schank,
Julie Smit, Daniel Tchamo, JeanLouis Zeien ea.
Photo de couverture:
Aude Ehlinger-SOS Faim
Impression:
CA-Press Esch/Alzette.
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général tous les deux mois.
12
International
Comment les accords commerciaux sapent le développement....................................... 2
RDC: "L'avancée démocratique historique".............................................................................. 4
Senegal: Islam und Demokratie.................................................................................................... 6
La croissance démographique et le (sous)-développement.............................................. 8
Du Sandinisme au Danielisme.....................................................................................................10
Entretien avec Ernesto Cardenal.................................................................................................12
Verhaltenskodex für EU-Geber....................................................................................................14
Labels unter der Lupe am Beispiel Bananen..........................................................................15
Chiquita zahlt Schmiergelder an Terrororganisationen.....................................................18
Kurznachrichten...............................................................................................................................20
Cardenal
Dans un
entretien, Cardenal fait honneur
à son image de
franc parleur.
15
Nouvelles des partenaires
Philippinen: eine mörderische Demokratie............................................................................21
Trois partenaires de l'ASTM s'échangent au Guatémala....................................................24
Neues von Jana Jagaran - ein Reisebericht.............................................................................26
Luxembourg
Action Solidarité Tiers Monde: l'assemblée générale 2007...............................................28
Entretien avec Monique Langevin.............................................................................................31
Conférence et séminaire: diversité culturelle et droits culturels.....................................33
Exposition: All We Need.................................................................................................................34
Entretien avec Adamao Dahico...................................................................................................36
Le coin des lecteurs.........................................................................................................................40
Labels
Immer mehr
Labels zieren
unsere Produkte.
Was steckt
dahinter?
21
Philippinen
Kurz vor den
Kongresswahlen
befindet sich das
Land wie im Ausnahmezustand.
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Nachdruck ist frei unter der
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Réalisé grâce à un appui
financier de la Coopération
luxembourgeoise.
Le contenu de la présente publication relève de la seule responsabilité de l'ASTM et ne peut en
aucun cas être considéré comme
reflétant l‘avis du gouvernement
luxembourgeois.
Das Beispiel
Senegal zeigt,
dass Islam und
Demokratie sehr
wohl miteinander
vereinbar sind.
36
Le Brennpunkt Drëtt Welt est une revue luxembourgeoise, éditée par
l'Action Solidarité Tiers Monde.
www.astm.lu
Dahico
L'humouriste ivoirien nous parle
de son parcours.
Si j‘étais président...
De surcroît, le président de l‘ASTM est un bénévole - ou
une bénévole - comme ce fut le cas ces quatre dernières
années. On est donc loin de l’image du PDG classique: la
présidence de l‘ASTM veille à ce que les décisions prises
par le conseil d‘administration soient mises en oeuvre
et à ce que la démocratie interne de l‘association soit
respectée. Il s‘agit d‘un travail orienté avant tout vers
l‘intérieur de l’organisation. C‘est en fait un iceberg,
dont la partie visible ne représente qu‘une infime partie
du tout. Si on sait en outre que l‘organisation a connu
une forte croissance au cours des dernières années,
inutile de préciser que rares étaient les candidats à se
bousculer au portillon pour endosser les responsabilités
de „président“.
Pourquoi dans ce cas se représenter à une fonction déjà
assumée et dont on connaît tous les aspects - agréables
et moins agréables?
Difficile de répondre à cette question. D‘abord parce
qu‘on se sent „sollicité“ et qu‘on s’aperçoit que
personne d‘autre n‘est disposé à jouer le jeu. À première
vue, il peut sembler défaitiste de se faire désigner président „faute de volontaires“. Mais la réalité est bien plus
complexe. On peut parfaitement „aimer“ l’idée d’être
président tout en renonçant toutefois au poste.
En tant que bénévole, on dispose d‘une ressource à la
fois rare et gratuite (eh oui, économistes, tenez-vous
bien!): le temps qu‘on veut et peut bien investir pour
l‘association. En tant que simple membre, on peut à
tout moment disposer presque librement de ce temps et
s‘investir dans telle ou telle activité. En tant que président, ce libre choix est beaucoup plus restreint, voire
parfois inexistant. Dire oui à la présidence de l‘ASTM,
c‘est renoncer à une certaine liberté, qui est cependant
à la base de tout militantisme. L‘interview accordée par
Monique Langevin, présidente sortante, explique très
clairement cette contradiction (voir p.31).
La question qui se pose dès lors est de savoir si l’on n‘est
pas plus utile à l‘association en tant qu‘électron libre.
Ce choix incombe au candidat lui-même et à l‘ensemble
des membres actifs de l‘association. Ce fut le cas lors de
notre assemblée générale de mars 2007. Mais attention:
il ne s‘agit pas d‘un mariage, l‘engagement ne vaut que
pour deux ans.
Richard Graf
éditorial
„Qui est votre président?“ - C‘est une question qui revient
très souvent lorsque les bénévoles et/ou les permanente-s s‘apprêtent à présenter le travail de notre association à l’occasion d‘une des nombreuses manifestations
organisées par l‘ASTM. N‘est-ce pas typiquement luxembourgeois que de vouloir identifier toute une organisation, voire tout un mouvement, à travers la personne
qui la „préside“, alors qu‘au quotidien, des dizaines de
militants sont présents sur plusieurs fronts, traitent des
sujets brûlants dans des régions très diverses, négocient
des dossiers complexes? Pour une association comme
l‘ASTM, qui se préoccupe du (mal-) développement, tant
au Sud qu‘au Nord, il serait impensable qu‘une seule et
unique personne incarne l’ensemble des activités.
International
International
L’avenir hypothéqué: comment les accords
commerciaux sapent le développement
Les accords de commerce et d‘investissements conclus dans la plus grande discrétion entre les pays riches
et les pays pauvres menacent de priver les pays en développement d‘une place de choix dans l‘économie
mondiale.
Oxfam International
Des pays puissants, avec à leur tête
les Etats-Unis et l‘Union européenne
(UE), cherchent à conclure des accords
de libre-échange régionaux et bilatéraux
avec un regain d’énergie sans précédent.
Et cela sans les fanfares qui accompagnent les rencontres au sommet et à l‘abri
des feux des projecteurs des médias
internationaux. Près de 25 pays en développement ont aujourd‘hui signé des
accords de libre-échange avec des pays
développés, et plus de 100 sont engagés
dans des négociations. Deux traités bilatéraux d‘investissements sont signés en
moyenne chaque semaine. Pour ainsi
dire, aucun pays, aussi pauvre soit-il, n‘a
été épargné.
Les pays riches utilisent des „accords
de libre-échange“ (ALE) bilatéraux et
régionaux et des traités d’investissement
pour négocier des concessions qui leur
sont refusées à l‘Organisation mondiale
du commerce (OMC), où les pays en développement peuvent s‘allier et demander
des règles plus favorables. Les Etats-Unis
ont baptisé leur approche „libéralisation
compétitive“ et l‘UE a déclaré son intention d‘utiliser ces accords bilatéraux
comme „un marchepied pour conclure
les futurs accords multilatéraux“.
Des accords indispensables?
L‘UE affirme que cette nouvelle génération d‘accords bilatéraux et régionaux
est indispensable, si les pays en développement d‘Afrique, des Caraïbes et du Pacifique veulent maintenir leur accès aux
2
marchés européens en pleine conformité
avec les règles de l‘OMC. L‘UE a également répété aux pays en développement
qu‘elle n‘a pas „d’intérêts commerciaux
offensifs“ dans les négociations et qu‘il
y aura de longues périodes de mise en
oeuvre. Cependant, ses propositions,
qui ont une portée considérable, et son
approche agressive vont à l’encontre de
ces déclarations.
La
progression
inexorable
de ces accords de commerce et
d‘investissements, négociés pour la
plupart à huis clos, menace de saper la
promesse d’une réduction de la pauvreté
dont étaient porteurs le commerce et la
mondialisation. Dans un monde de plus
en plus mondialisant, ces accords cherchent à privilégier les exportateurs et les
entreprises des pays riches au détriment
lesquelles il sera difficile de revenir, qui
démantèlent systématiquement les politiques nationales destinées à promouvoir
le développement.
Les Etats-Unis et l‘UE forcent
l’adoption de règles sur la propriété
intellectuelle qui réduisent l‘accès des
populations défavorisées à des médicaments essentiels, augmentent le prix des
semences et autre intrant agricole au
point d’être inabordables pour les petits
agriculteurs et rendent plus difficile
l‘accès des entreprises des pays en développement aux nouvelles technologies.
À titre d‘exemple, la proposition d‘accord
commercial entre les Etats-Unis et la
Colombie augmenterait le prix des médicaments de 919 millions de dollars d‘ici
à 2020, une somme qui serait suffisante
pour financer les soins de santé de 5,2
„Un marchepied pour conclure les futurs accords
multilatéraux“.
des pauvres agriculteurs et travailleurs,
et comportent de sérieuses implications
pour l‘environnement et le développement.
Au-delà des traités multilatéraux
Dans le pire des cas, ces accords
enlèvent aux pays en développement
les moyens de gouverner efficacement
leurs économies et de protéger leurs
ressortissants les plus défavorisés. Allant
bien au-delà des dispositions négociées
au niveau multilatéral, ils imposent des
règles d’une portée considérable sur
millions de personnes dans le cadre du
système public de santé. Dans le cadre
de l‘Accord de Libre-échange entre les
Etats-Unis, la République dominicaine
et l’Amérique centrale (DR-CAFTA), le
prix des produits agrochimiques devrait
être multiplié plusieurs fois.
Les règles des ALE sur la libéralisation des services menacent de pousser
les entreprises locales à la faillite, de
réduire la concurrence et d‘étendre le
pouvoir monopolistique des grandes
entreprises. Par exemple, lorsque le
Mexique a libéralisé ses services financiers en 1993 en préparation à l’Accord
BP 232 - novembre 2006
International
marché local. Dans
de telles conditions,
non seulement les
investisseurs étrangers sont incapables
de développer des
liens au niveau
national, de créer
des emplois décents
ou d’augmenter les
salaires, mais ils
exacerbent en plus
les inégalités.
Les chapitres
sur les investisPartout dans le monde, la résistance aux accords de libre-échange
sements et les
s‘intensifie, comme en 2005 à La Paz (Bolivie).
accords bilatéraux
dans les ALE exposent les gouvernements à des poursuites
de libre-échange de l‘Amérique du Nord
de la part des investisseurs étrangers si
(ALEAN), les entreprises étrangères ont
une nouvelle réglementation est perçue
augmenté leur part du système bancaire
par l’investisseur comme étant dommade 85 pourcent en sept ans, tandis que
geable pour ses intérêts, même si ces
les prêts à des entreprises mexicaines ont
réformes sont dans l‘intérêt public. Le
chuté de 10 à 0,3 pour cent du produit
montant des réparations exigées de
intérieur brut (PIB), privant les populal‘Argentine à la suite de l’adoption de
tions défavorisées des zones rurales de
mesures d‘urgence pendant la crise
sources de crédit vitales.
financière de 2001/2002 sont estimées à
18 milliards de dollars.
Services inclus
Les accords de libre-échange peuvent
imposer une libéralisation radicale des
Ces nouvelles règles pourraient égaletarifs douaniers, menaçant les moyens
ment menacer l‘accès des populations
d‘existence des petits agriculteurs et
défavorisées à des services essentiels.
empêchant les gouvernements d‘utiliser
Dans certains ALE américains, les pays
leurs politiques tarifaires pour promouen développement s‘engagent à laisser
voir ses activités de fabrication. Par
les investisseurs étrangers accéder à leurs
exemple, par le biais de ses Accords de
secteurs publics si lesdits secteurs sont
partenariat économique (APE), l‘Europe
ouverts aux entreprises privées natiopropose d‘obliger les pays les plus
nales. La divulgation officieuse du projet
pauvres du monde à ramener à zéro
de texte des mandats de négociations
une grande partie de leurs tarifs douades ALE de l‘UE avec l‘ASEAN, l‘Inde,
niers. En outre, les ALE ne tiennent pas
l‘Amérique centrale, les pays andins et
compte des répercussions que peuvent
la Corée du Sud montre que l‘UE tente
avoir les subsides des pays riches sur les
d‘obtenir des dispositions similaires
pays pauvres par le biais du dumping,
pour l‘eau et d’autres services.
ou la pléthore de barrières non tarifaires
Dans de nombreux accords, les
qui continuent à empêcher l‘accès aux
nouvelles règles d‘investissements
marchés des pays riches.
empêchent les gouvernements des pays
en développement d‘exiger des entreprises étrangères qu‘elles transfèrent
Transfert de pouvoir
leurs technologies, forment des travailleurs locaux ou s’approvisionnent sur le
L‘effet général de ces changements de
BP 232 - novembre 2006
réglementation est de miner progressivement la gouvernance économique, de
transférer le pouvoir des gouvernements
à des entreprises multinationales en
grande partie incontrôlables, de spolier
les pays pauvres des outils dont ils ont
besoin pour développer leurs économies
et s’assurer une position avantageuse
sur les marchés mondiaux.
Même si les gouvernements des pays
en développement ont maintenant pris
de l’aplomb pour défendre leurs intérêts à l‘OMC et dans certains accords
régionaux et bilatéraux, la balance de
pouvoir dans les négociations actuelles
penche toujours fortement en faveur
des pays riches et des grandes entreprises économiquement influentes. En
outre, dans les pays en développement,
les petites entreprises, les syndicats, les
organisations non gouvernementales,
les groupes de femmes et les populations
indigènes disposent de peu de mécanismes de participation, et leurs droits et
besoins sont largement négligés.
Le commerce et les investissements
sont indispensables au développement,
et il convient de remédier immédiatement aux déséquilibres qui caractérisent
et faussent le commerce mondial et les
règles d’investissements. Mais les accords
de libre-échange et les traités bilatéraux
d‘investissements, source d’inégalité et
d’exploitation, empêchent les pays en
développement d’adopter les politiques
mêmes dont ils sont censés avoir besoin
pour lutter contre la pauvreté et ne représentent, en aucune manière, un moyen
de mettre le commerce et les investissements au service du développement, ou
de construire un monde plus sûr et plus
juste.
Oxfam International est une confédération de 13 organisations qui rassemblent 3000 partenaires répartis dans
plus de 100 pays. Cet article provient
du document d‘information „L‘avenir
hypothéqué“ (mars 2007), disponible
sur demande au CITIM .
3
International
RDC: „L’avancée démocratique historique“
Au lendemain des dernières élections présidentielles et législatives en République Démocratique du Congo
(RDC), la formule est lâchée: la majorité de la presse occidentale, surtout européenne, salue une „avancée
démocratique historique“.
Sena Afeto
Une fois encore, la confusion entre
démocratie et multipartisme a fait
légion.
D‘après sa définition la plus élémentaire, la démocratie devrait être „un
gouvernement du peuple, par le peuple
et pour le peuple“. Du moins, c’est ce
qu’on a toujours prétendu dans les
pays aspirant à ce système politique.
Or, tout régime politique, dont bien
sûr la démocratie, connaît à la fois des
hauts et des bas. Mais dans nos pays du
Sud, surtout africains, tout régime ou
système politique n’a semble-t-il que de
mauvais côtés. Aucun de nos dirigeants
ou presque, y compris ceux élus sur
une base „démocratique“, ne parvient à
Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de Libération du Congo (MLC), peine à
avouer sa défaite au second tour de la Présidentielle contre Joseph Kabila.
4
mettre en place une pratique politique
saine et profitant aux peuples. Nos
dirigeants ne sont pas atteints du virus
démocratique. Tout ce que nous voyons
n’est que folklore destiné à satisfaire
l’opinion internationale.
(MLC), et chef de guerre.
Il n’est un secret pour personne que
c’est grâce à un partage du pays entre les
différents chefs de guerre – le pays était
à la merci de six bandes armées, des pays
frontaliers étant également impliqués
Il suffit que soient „officiellement“ mises en place
des institutions pour qu’on parle de démocratie.
Peu importe qu‘elles soient régulières ou non. On
s’empresse d’en prendre acte ou, le cas échéant, de
féliciter les nouveaux dirigeants, et tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes.
Les élections de 2006
La RDC a connu de graves crises
socio-politiques au cours de son histoire
récente. Crises qui ont semé abus, clientélisme, bafouement des droits fondamentaux, exécutions sommaires, etc.
Les deux dernières guerres ont à elles
seules causé 3,5 millions de pertes en
vie humaine. Ce ne sera pas opportun de
retracer ici l‘itinéraire désolant et indécent de ce „pays“ quatre-vingt fois plus
grand que la Belgique. Intéressons-nous
plutôt à l’actualité. Après une dernière
décennie marquée par les crises et les
transitions éprouvantes – surtout pour
la population, – les Congolais ont été
appelés à élire leurs futurs président et
parlementaires. De ces élections de juillet
2006 est ressortie la reconduction de
Kabila à la présidence de la République.
Élu au second tour contre son ex-viceprésident Jean-Pierre Bemba, président
du Mouvement de Libération du Congo
– qu’un semblant de calme est revenu,
permettant d’organiser ces élections. Ce
partage a été scellé par les accords de Sun
City en Afrique du Sud, en 2002. D’où
l’entrée au gouvernement de M. Bemba.
Qu‘a donc tiré le peuple de tout cela? Des
miettes que ces chefs de guerre aimeraient bien lui offrir gracieusement?
Une vraie ambition
pour sa nation?
Le 1er mars dernier, nous avons
assisté à une conférence donnée par la
journaliste belge Colette Braeckman,
qui connaît bien le pays. On peut saluer
ses recherches poussées et une présentation objective sur l’évolution de la
situation. Seulement, la question qui
demeure posée concerne le sort réservé
au peuple. Un certain optimisme ressortait de son analyse. Elle semblait vouloir
faire „confiance“ au président réélu qui,
selon elle, „cacherait bien son jeu aux
BP 235 - avril 2007
International
occidentaux et serait animé d’une vraie
ambition pour sa nation“. Une démocratie est censée profiter à la population
qui délègue le pouvoir à des personnes
supposées la représenter valablement.
Effectivement, plus de la moitié (70%)
des électeurs inscrits ont accompli leur
devoir civique. Est-ce suffisant pour
parler d’avancée démocratique historique? Ici, dans les pays du Nord, nous
dirions que seul le factuel suffit. Il suffit
que soient „officiellement“ mises en
place des institutions pour qu’on parle
de démocratie. Peu importe qu‘elles
soient régulières ou non. On s’empresse
d’en prendre acte ou, le cas échéant, de
féliciter les nouveaux dirigeants et tout
va pour le mieux dans le meilleur des
mondes.
La pression européenne
On connaît la forte pression européenne exercée dans l’organisation de
ces élections. Les élections ne vont rien
arranger dans nos pays si de profonds
changements ne s’y opèrent pas au préalable. Si l’esprit démocratique ne prend
pas place dans l’entendement de nos
dirigeants, rien ne changera. Cet esprit
ne fera pas son chemin tant que les
occidentaux privilégieront leurs intérêts
dans ces pays au détriment de ceux des
populations locales. Kabila a dû accepter
de continuer de confier l’exploitation des
richesses, surtout minières, de son pays
à des entreprises occidentales pour que
cette stabilité précaire voie le jour.
Les Congolais aspirent plus que
jamais à un Etat de droit, à une vie
meilleure. Ils en ont surtout assez de
ces incessantes crises/guerres qui les
martyrisent depuis des années; d’où
leur adhésion aux dernières élections.
Tout ce que demande ce peuple, c’est la
paix et de meilleures conditions de vie.
Mais comment y arriver si le pays est à
la merci de chefs de guerre qui „auraient
accepté de cesser toute initiative armée et
faire intégrer leurs troupes dans l’armée
régulière“ tout en sachant que leur assurance est leur main mise sur des troupes
BP 235 - avril 2007
L‘EUFOR R.D. Congo, force millitaire de l‘Union Européenne, était basée à Kinshassa pour
prévenir tout dérapage dans le processus électoral. Son mandat a pris fin en novembre 2006.
qui leurs sont fidèles? Nous en voulons
pour preuve les récents échanges de tirs
d‘armes des 22 et 23 mars à Kinshassa
entre la milice de Bemba et l’armée
régulière, événement qui a valu à Bemba
de fuir le pays pour, selon la version officielle, „se soigner au Portugal“. Une fois
encore, on déplore des victimes parmi la
population civile.
Comment espérer mieux des „dirigeants“ en place lorsque l‘on sait que
tout a été mis en œuvre pour empêcher
l’opposant historique Etienne Tissekedi et sa formation politique l’Union
pour la Démocratie et le Progrès Social
(UDPS), une formation non armée qui
a déstabilisé l‘ancien dictateur Mobutu
de l’intérieur et facilité son renversement par Kabila-père, de participer aux
dernières élections? Preuve que l’esprit
démocratique n’y est pas.
que, pour que la RDC aille mieux, des
infrastructures routières notamment, et
une réelle et profonde réorganisation du
pays s‘imposaient. Surtout, a-t-elle dit,
les contrats miniers existants actuellement devraient être revus.
L’Afrique – et la RDC – se redressera
et retrouvera une place digne dans le
concert des nations lorsque ses intérêts primeront et que sera confiée à ses
enfants la possibilité de choisir réellement et librement leurs représentants.
Alors seulement pourrons-nous parler
d’avancée démocratique historique.
Sena Afeto est membre de l‘ASTM.
Des intérêts multinationaux?
Comment s‘en sortir quand les intérêts des multinationaux occidentaux
priment sur ceux des nationaux ?
Mme Colette Braeckman a reconnu
5
International
Senegal: Islam und Demokratie
In den letzten Jahrzehnten hat sich die Demokratie zu einem hohen Ideal entwickelt, dass in den meisten
Ländern der Welt zumindest angepeilt wird. Vielfach wurde dabei die Frage aufgeworfen, ob sich die islamische
Religion mit demokratischen Grundwerten vereinen lässt.
Carole Reckinger
Senegal ist eines der wenigen afrikanischen Ländern, das als Demokratie
bezeichnet werden kann. Gleichzeitig
gehören rund 94% der senegalesischen
Bevölkerung der islamischen Religion an.
Die Bedeutung des Wortes Demokratie
in der senegalesischen Umgangssprache
Wolof, Demokaraasi, wird weniger mit
liberalen Werten und einem Mehrparteiensystem verbunden, sondern vielmehr
mit „Konsens“.
Cruise O’Brian beschrieb die damalige
Situation mit folgenden Worten: „Alle
fünf Jahre konnte man vor den Wahlen
über die Regierung und über das Establishment sagen was man wollte. Man
konnte sogar öffentliche Kundgebungen
abhalten ohne viel mehr als eine minimale Gefängnisstrafe zu riskieren. Die
einzige Grundregel auf die die Regierung
bestand, war dass sie am Ende als Sieger
hervorging.“ Schlussendlich nahm
die Herrschaft des „Parti Socialiste du
Sénégal“ doch noch ein friedliches Ende,
als im Jahr 2000 Oppositionsführer
Die Interaktion zwischen der sekulären Staatsgewalt
und den Sufi-Bruderschaften schützt in gewisser
Weise auch den Staat vor jenem Zusammenbruch,
den man in einigen Nachbarländern beobachten
konnte. Sie half den Institutionen, die ja größtenteils
von der französischen Kolonialmacht importiert
wurden und seither vom Westen beeinflusst blieben,
sich an den senegalesischen Kontext anzupassen.
Nachdem das Land 1960 von Frankreich seine Unabhängigkeit erstritt,
wurde es während 40 Jahren vom „Parti
Socialiste du Sénégal“ regiert. Der erste
Präsident, Léopold Sédar Senghor, trat
1981 zu Gunsten seines Ministerpräsidenten Abdou Diouf ab. Dieser gewann
die folgenden Wahlen 1988 und 1993
mit überwältigender Mehrheit, welche
allerdings von der Organisation Freedom
House als „unfair“ beurteilt wurden.
Der irische Akademiker und Politiker
6
Abdoulaye Wade die Wahlen gewann.
Er wurde im Februar 2007 mit 56% der
Stimmen wiedergewählt.
In den 1980er und 1990er Jahren
versuchte die damalige Regierung unter
Präsident Diouf islamische Reform- und
Oppositionsgruppen in das politische
System einzufügen. Die Gründung
zahlreicher neuer Parteien in dieser Zeit
verhinderte, dass sich die Islamisten
als einzige Oppositionskraft etablieren
konnten. In Folge der wirtschaftlichen
Krise Anfang der 1990er Jahre, wurde
der „réveil islamique“ durch eine generelles Desinteresse gegenüber religiösen
Themen in der Politik ersetzt. Dadurch
waren die islamischen Oppsitionsgruppen gezwungen sich der sozialen
und ökonomischen Realität des Landes
anzunehmen und weitgehend auf die
religiöse Rhetorik zu verzichten. So
wurden sie ein Teil der politischen Landschaft und ihr Programm war weitgehend mit dem der etablierten Parteien
identisch.
Die Sufi-Bruderschaften
Senegal ist ein sekuläres Land und
seine Verfassung garantiert die Religionsfreiheit. Doch einige der mächtigsten
Männer Senegals sind Mitglied von islamischen Sufi-Bruderschaften. So spielt
z.B. die Mouride-Bruderschaft eine
wichtige politische, ökonomische und
soziale Rolle im Senegal. Sogar Staatspräsident Abdoulaye Wade gab öffentlich
kund, dass er eine Pflicht gegenüber
dem „Marabout“ (religiöse Persönlichkeit) seiner Bruderschaft zu erfüllen hat.
Auch wenn diese religiöse Einrichtungen
in der Vergangenheit keine direkte politische Rolle gespielt haben, so ist ihr
Einfluss in der Bevölkerung überaus
bedeutend und sie stehen zumindest in
einem ständigen Dialog mit den politischen Eliten. Auch ist ihre Fähigkeit
Wahlen zu beeinflussen unumstritten,
wie die Vergangenheit gezeigt hat.
Doch die Interaktion zwischen der
sekulären Staatsgewalt und den SufiBruderschaften schützt in gewisser
Weise auch den Staat vor jenem Zusammenbruch, den man in einigen Nachbar-
BP 235 - avril 2007
International
Amtsinhaber Abdoulaye Wade wurde im Februar 2007 als senegalesischer Präsident bestätigt.
ländern beobachten konnte. Sie half den
Institutionen, die ja größtenteils von der
französischen Kolonialmacht importiert
wurden und seither vom Westen beeinflusst blieben, sich an den senegalesischen Kontext anzupassen. In den ländlichen Gebieten, die für die Politiker nur
schwer zugänglich sind, bringen sie die
politischen Botschaften aus der Hauptstadt unter das Volk und werden so zu
einem Mittler zwischen den Wählern
und der Politik. Im Gegenzug erhalten
die Bruderschaften Land, technische
Ausrüstung und Bankkredite, die zu
einem gewissen Grad wieder der Bevölkerung zugute kommen. Denn obwohl
sie viele Anhänger unter der städtischen
Bevölkerung haben, bleiben sie vor allem
BP 235 - avril 2007
auf dem Land sehr einflussreich.
Rückschläge
Doch die senegalesische Demokratie
birgt auch immer noch seine Schattenseiten. Journalisten und Oppositionspolitiker werden teilweise schikaniert
und eingeschüchtert. Im Mai letzten
Jahres wurde Abdourahim Agne, Führer
einer oppositionellen Reformpartei,
eingesperrt und der Aufwiegelung des
Volkes angeklagt, als er die Menschen
aufforderte dem Beispiel der Ukraine
zu folge und Präsident Wade mit friedlichen Protesten aus dem Amt zu jagen.
Doch im Vergleich zu den meisten
afrikanischen Staaten ist die Demokra-
tisierung Senegals weit fortgeschritten.
Sie zeigt, dass die islamische Reformagenda durchaus mit demokratischen
Werten vereinbar ist. Der Islam hat in
Senegal keine hemmende Wirkung auf
die Demokratie, sondern laut Cruise
O’Brien, die Fähigkeit das Land zusammenzuhalten. Armut, ökonomische und
soziale Ungleichheiten, sowie die paternalistische Gesellschaftsstruktur sind für
die senegalesische Demokratie weitaus
schädlicher.
Carole Reckinger studiert an der School
of Oriental and African Studies in
London.
7
International
Débat: la croissance démographique et
le (sous)-développement
La famine, les maladies n’ont pas pu réguler la croissance démographique dans les pays du Sud comme le
préconisait Malthus dans „l’Essai sur le principe de la population“ en 1798.
Daniel Noumbissié Tchamo
S’il reste vrai que l’augmentation
arithmétique des ressources (alimentaires) ne compensera pas les besoins
d’une population en pleine croissance, les
prévisions de Malthus ont été un échec
autant que toutes les mesures contraceptives mises à la disposition de ces
populations. Tout porte à croire que c‘est
à cause de „la rareté organisée“  qu’un
enfant de moins de dix ans meurt de faim
ou de maladies liées à la malnutrition
toutes les cinq secondes dans le monde
(Ziegler, 2005 : 117) car la planète peut
de l’humanitaire. C’est d’ailleurs en se
lamentant sur la misère des enfants dans
le „tiers monde du tiers monde“(Afrique)
qu’un animateur français, Pascal Sevran,
propose de „stériliser la moitié de la
population“ (Var matin, 05-12-06) après
avoir établi un lien direct entre les crises
de famine et la  forte  croissance démographique nigériennes en particulier
et de l’Afrique en général : „la bite des
noirs est responsable de la famine en
Afrique … On enverra même de l’argent
pour qu’ils [les noirs] puissent continuer
à répandre, à semer la mort“ (Sevran :
2005). Cela implique que cette mesure
vise à mettre fin, semble-t-il, à ce désastre
Ceux qui, comme Pascal Sevran, préconisent la stérilisation, ce qui est de notre point de vue d‘un paternalisme obscène et de mauvais goût, utiliseraient
plutôt leur microphone ou leur plume pour inciter à
agir en faveur de l’investissement humain.
„nourrir“ (sans OGM), ses 6, 2 milliards
actuels non sans penser aux générations
futures (voir rapport FAO sur l’insécurité
alimentaire dans le monde, 2003).
Une leçon infâme
Mais ceux qui font le lien entre la
croissance démographique des populations et le sous-développement des pays
du Sud, notamment l’Afrique, l’Amérique
Latine et l’Asie, n’hésitent pas à prescrire les thérapies de choc sous le saut
8
humain, qui rend tout „développement„
impossible et dont l’Occident paie la
facture. C’est à partir de cette étincelle
que jaillit notre réflexion qui s’inscrit en
faux contre toute corrélation forte entre
la croissance démographique et le „sousdéveloppement“ dont la famine est l’une
des formes d’expression.
Ce genre de leçon infâme a soulevé
à juste titre les flots de critiques qui,
au-delà des contestations sur le fond
des propos, montrent que l’enjeu de la
démographie ne cesse d’avoir un regain
d’intérêt aux yeux du citoyen lambda
comme des théoriciens du „développement“.
L‘enjeu démographique
Le nombre d‘habitants sur terre a en
effet franchi la barre des 6 milliards, et
les prévisions à l‘horizon 2020 situent
la population mondiale entre 7,2 et 8,5
milliards selon un rapport des Nations
Unies, World population prospects
1996. (Susan George, 2006, 127). La
population des régions les moins développées du monde atteindrait 7milliards
tandis que celle des régions développées
représenterait près de 1, 3 milliards. Les
néomalthusiens comme Paul Erlich y
voyaient déjà depuis 1968 „une bombe
P“ redoutable, tant pour ces populations
que pour l’humanité toute entière.
Car la croissance de la population est,
selon eux, synonyme de surpopulation,
de pénurie d’eau, de déforestation et de
famine (conjoncturelle et structurelle),
d‘exploitation des enfants, de prostitution juvénile dans les pays du Sud. Ce
qui, aux yeux de ces alarmistes, est fort
préjudiciable pour la croissance économique, et donc pour l’emploi, d’autant
plus que toute nouvelle personne supplémentaire est toujours de trop et implique
une productivité nulle. Mais est-ce une
„raison majeure“ pour proposer la stérilisation des populations de ces régions,
proposition irresponsable d’un animateur de télévision (mais digne d’intérêt
pour certains néomalthusiens) de
subventionner le contrôle des naissances
pour sortir du „sous-développement“?
BP 235 - avril 2007
International
La première solution est une insulte à la
dignité humaine et la seconde une fausse
vraie solution qui ne cesse de démontrer
ses limites. On ne saurait décréter, sur
ces bases-là, la stabilité d’une telle
population: en d‘autres termes, on ne
peut, par souci d’éradiquer les crises de
famine, faire assimiler aux populations
du Sud (les plus vulnérables) la conception „à la carte“ qu’on a d’un nouveauné au Nord.
Une forte croyance au
principe du génie...
Premièrement au Sud, compte tenu
du niveau de vie façonné par une absence
de tout système de sécurité sociale, on
attend des enfants qu’ils prennent leurs
parents en charge quand ceux-ci sont
âgés: on y a une forte croyance au „principe du génie“, à savoir la chance dans
le nombre. L’un d’eux peut „réussir“,
à l‘instar de Mandela, Fotso Victor,
Einstein…, et changer le statut de toute
la famille. L’argument du nombre au
Sud résiste à toutes les mesures
contraceptives
classiques,
d’autant plus que la mortalité
infantile est encore élevée parmi
les couches populaires où les
couples ont plus d’enfants qu’ils
n‘en souhaitent réellement afin
de maximiser les chances de gains
par rapport aux décès liés à une
faible espérance de vie, (moins
d’une génération par rapport à
la moyenne en Occident pour les
mieux lotis) et à des conditions
sociales, politiques et climatiques
défavorables.
À l‘inverse, voir en l’enfant un
facteur d’amélioration du bienêtre familial est quelque chose de
révolu dans les pays riches. Ici,
avoir un enfant est généralement
pour les mieux lotis, „une entreprise coûteuse“ précédée d‘une
longue réflexion et requérant
un réel investissement. Contrairement au Sud où les facteurs
socio-économiques et affectifs
BP 235 - avril 2007
sont déterminants, le Nord porte encore,
dans une certaine mesure, attention au
seul facteur affectif. Sans donner raison
à la théorie du développement par gradation de Rostow, il faut reconnaître que
tel n’était pas le cas pour l’Europe ou
dans les sociétés rurales de l’Amérique
au XIXe siècle, où le taux de natalité
dépassait celui des pays pauvres du Sud
aujourd’hui.
...et un contribuable potentiel
Deuxièmement, au Sud, dans une
croissance démographique, un bébé
n’est pas toujours de trop; c’est un futur
contribuable potentiel qui participera au
financement des programmes sociaux
(vu les circonstances, la question des
modalités de cette contribution est
secondaire). Un aspect que le Nord
enviera (avec nuance) à moyen et à long
terme car le déclin de la démographie
risque de faire péricliter le système de
pensions et, partant, la cohésion sociale
toute autant que la solidarité entre les
générations; à moins que les centres de
décisions ne continuent, comme ils le
font déjà, de mettre cyniquement leur
politique migratoire à la remorque de la
politique de l’emploi.
De même qu’il n’y a pas, à notre
connaissance, de lien direct entre la
croissance démographique, la croissance économique et la résorption du
chômage, il n’y en a pas entre le déclin
de la population et la résorption du
chômage. Car tout est d’abord question
d’avoir une population formée et innovante prête à saisir les retombées de la
croissance (intensive) et à jouer sur les
mécanismes de redistribution. Ce qui
n’est pas incompatible avec „la pression
démographique“ car celle-ci est aussi
potentiellement source d’innovation
et d’invention technologique, capable
d’améliorer la qualité de vie, certes pas à
l’échelle d’une „croissance intensive“.
Ceux qui, comme Pascal Sevran, en
s’alarmant de la situation des enfants
misérables, de la famine au Sud (notamment en Afrique) préconisent la stérili-
9
International
sation, ce qui est de notre point de vue
d‘un paternalisme obscène et de mauvais
goût, feraient mieux d‘utiliser leur
microphone ou leur plume pour inciter
à agir en faveur de l’investissement
humain: promouvoir les infrastructures,
l’éducation, une santé accessible aux
plus démunis, des mécanismes de redistribution intra et interétatiques.
Importante démocratisation
En clair, c’est le développement
humain qui, stimulé, parviendra à stabiliser, voire réduire la population, agissant
ainsi comme le véritable contraceptif.
„Nous devrions donc probablement
laisser chaque pays décider si une population plus nombreuse crée une pression
intolérable sur ses ressources naturelles ou s’il s’agit d’un terreau propice
au développement de nouvelles idées
et d’une nouvelle source de recettes
fiscales“ (William Easterly, 2006 :121);
d’où l’importance de la démocratie (en
termes de libertés de conceptualisation
de ses propres besoins sociaux et économiques pour l’intérêt général, mettant
en exergue une connexion entre droits
politiques et besoins économiques).
L’Afrique de transition démocratique
peut aussi être en partie l’Afrique de
transition démographique. L’Afrique, à
l‘inster des autres continents du Sud,
connaît de fortes inégalités en matière de
taux de natalité tout comme en densité de
population: c’est „l’Afrique du plein et du
vide“ qui, schématiquement, donne lieu
à un littoral méditerranéen, où le ralentissement démographique est certain, et
trois ensembles subsahariens à plus ou
moins forte croissance dont l’Afrique de
l’Ouest (40% du total au subsaharien)
et l’Afrique de l’Est (37%) d’un côté et,
de l’autre, la diagonale d’un vide relatif,
qui passe du Soudan (11 hab/km2) à la
Namibie (2hab/ km2) englobant tous les
Etats de l’Afrique équatoriale (centrale)
loin de l’île Maurice (600 habs/ km2).
Nicaragua: du Sandinisme
au Danielisme
16 ans après le rejet des sandinistes, Daniel Ortega du Front Sandiniste
National de Libération (FSNL) a été réélu en novembre 2006 comme
Président du Nicaragua.
Kristy Schank
Comme on pouvait s‘y attendre,
Ortega a bénéficié du soutien du Président vénézuélien Hugo Chávez pendant
sa campagne électorale, et a été désavoué
par Washington. Ce qui, à première vue,
paraît normal, est toutefois surprenant
sachant que lors des élections, l’ancien
sandiniste s’est rallié, dans son nouveau
rôle de dirigeant autoritaire, aux
instances conservatrices du pays.
Les élections 2006
Ortega figurait parmi les commandants du FSLN qui, le 19 juillet 1979, ont
renversé le dictateur Anastasio Somoza
Debayle, dernier représentant du clan
des Somozas au pouvoir au Nicaragua
pendant plus de 45 ans. La révolution
sandiniste s‘est maintenue jusqu’en 1990
avec Ortega à la présidence dès 1985.
Plusieurs réformes ont été réalisées au
cours de ces années, notamment dans
les secteurs de l’éducation, de la santé
et de la réforme agraire. Après la chute
du régime sandiniste, le pays centraméricain a connu une forte influence
néolibérale marquée par de nombreuses
privatisations dans les secteurs publics,
comme la distribution de l’énergie, les
communications et l’éducation, accompagnées de multiples tentatives de privatisation de l’eau. Ces mesures ont, entre
autres, conduit à un appauvrissement
général, à des taux d’analphabétisme et
de chômage désormais assez élevés ainsi
qu‘à un accès limité à l’éducation.
Après deux candidatures présidentielles infructueuses, Ortega s’est
zoom
Les élections au Nicaragua en novembre 2006
„Lentement, mais proprement“, ainsi ont eu lieu les élections du 5 novembre
2006 au Nicaragua. Le taux de participation, qui a atteint 67% des 3,66 Mio.
d’habitants ayant le droit de vote, est supérieur à celui enregistré dans le reste de
l’Amérique latine, mais inférieur à celui qui a marqué les élections tenues précédemment au Nicaragua. Daniel Ortega, du Front Sandiniste de Libération Nationale
(FSLN), l‘a emporté avec 37,99% des voix. Les autres candidats ont pour leur part
obtenu 28,30% pour le conservateur Eduardo Montealegre, de l’Alliance Libérale
de Nicaragua (ALN), et 27,11% pour José Rizo, du Parti Libéral Constitutionnaliste
(PLC). Le quatrième candidat, Edmundo Jarquín, du Mouvement de Rénovation
Sandiniste (MRS), a quant à lui recueilli 6,29 % des suffrages. Les résultats reflètent
plus au moins la répartition des sièges au Parlement: FSLN, 38 sièges; ALN, 24;
PLC, 25; MRS, 5.
Daniel Tschamo est membre de l‘ASTM.
10
BP 235 - avril 2007
International
représenté lors des élections de 2006.
La campagne, dirigée principalement
par son épouse et manager Rosario
Murillo, s‘intitulait „réconciliation,
unité nationale et amour“ et reflétait le
rapprochement entre Ortega et la spiritualité de l’Eglise catholique. Sur le plan
international, la campagne électorale a
été soutenue par le président vénézuélien Hugo Chávez, qui avait promis au
peuple nicaraguayen du pétrole à prix
réduit en cas d’une victoire d‘Ortega. Au
contraire, les Etats-Unis ont réagi à la
candidature sandiniste en menaçant de
bloquer les „remesas“1 en cas de victoire
sandiniste.
Fidel Castro et Hugo Chávez étaient
parmi les premiers à féliciter Ortega pour
sa victoire électorale et à lui souhaiter
la bienvenue dans le cercle des nations
latino-américaines ayant viré à gauche.
Cependant, bon nombre d‘acteurs
progressistes et de représentants de la
gauche à l’intérieur du pays se méfient
de plus en plus de „leur“ candidat
sandiniste. Les rebondissements dans
le parcours politique de Daniel Ortega
au cours des dernières quinze années
n’était que trop visibles...
Critique de la gauche
Au coeur des critiques exprimées par
ses ex-camarades figure le pacte conclu
par Ortega avec l’ancien président libéral
Arnoldo Aleman (PLC) à la fin des années
90. Tous deux se sont assurés le contrôle des instances centrales, telle que
la Cour Suprème de Justice. En outre,
c‘est grâce à une modification de la
constitution concernant la loi électorale,
commanditée précisément par Aleman
et Ortega, que ce dernier a remporté les
élections de 2006. Cette modification
portait sur la réduction du nombre de
voix nécessaires pour gagner les élections au premier tour, le taux passant de
45% à 35%.
La victoire d’Ortega résulte également
du fait que les partis de la droite libérale
n’étaient pas unis et que le jeune Mouvement de Rénovation Sandiniste (MRS),
BP 235 - avril 2007
„L‘amour est plus fort que la haine“: graffiti électoral en faveur d‘Ortega, à Léon (Nicaragua)
qui s’était formé autour de l’ancien
maire sandiniste de Managua Herty
Lewites, demeurait méconnu, surtout
dans les régions rurales. À Managua, le
MRS a pu réunir des personnalités de
la gauche progressiste du pays, dont de
nombreux artistes et activistes sandinistes (surtout des femmes), qui se sont
détournés d’Ortega et de la direction
officielle du FSLN comme p. ex. les frères
Mejia Godoy, Sergio Ramirez, Ernesto
Cardenal, Giaconda Belli et Vilma
Muñez. Ils critiquent surtout le nouvel
autoritarisme d’Ortega, la corruption
et l’absence de démocratie à l’intérieur
du Frente, dont la direction actuelle a
notamment renoncé à tenir des pré-élections internes avant la présidentielle.
La bipolarité rompue
a rassemblé le FSLN, les militaires et
l’Eglise, allant jusqu‘à se présenter avec
l’ex-chef des Contras, Morales Carazo,
en tant que vice-président. Il n’est donc
pas surprenant que la victoire d’Ortega
soit saluée à la fois par des forces de
gauche latinoaméricaines et par des
entrepreneurs, financiers et banquiers
proaméricains. Néanmoins, une grande
partie de la population nicaraguayenne
se méfie des derniers propos populistes
d’Ortega et constate avec inquiétude le
processus de transformation au sein du
FSLN du „sandinismo au danielismo“,
comme le remarquent certains journalistes internationaux.
Kristy Schank est membre de l‘ASTM
(1) Argent envoyé par les travailleurs nicaraguayens émigrés aux
En 2007, après les élections, la bipolarité du système politique nicaraguayen
des décennies passées semble rompue. Le
gouvernement actuel est composé d’un
mélange de représentants des différents
partis, tout en conservant le pacte entre
Ortega et Aleman (FSLN-PLC). Ortega
Etats-Unis à leur famille. Au total, leur montant est estimé à environ
700 millions de dollars.
11
International
Entretien
Ernesto Cardenal: „des révolutions, il y en aura
toujours!“
En visite au Luxembourg en mars 2007, Ernesto Cardenal a fait honneur à son image de franc parleur. Dans
une interview accordée au Centre d‘Information Tiers Monde (CITIM), le poète révolutionnaire nicaraguayen ne
cache pas son antipathie envers le nouveau gouvernement de son ancien compagnon de lutte, Daniel Ortega.
qu’une seule conférence de presse et il
n’avait toujours pas désigné les membres
de son gouvernement, à part les ambassadeurs aux Etats-Unis, au Costa Rica
et à Cuba. Le gouvernement est donc
toujours un mystère pour moi. De plus,
le vote à été minoritaire avec seulement
38% des votes en faveur d‘Ortega. Plus
de 60% des votes étaient donc contre lui.
Ce n‘est que grâce au nombre élevé de
candidats et aux divisions entre ceuxci qu‘il a remporté ces élections. Il ne
représente pas la majorité du pays.
Ce qui est intéressant, c’est que le pouvoir
ne semble pas reposer entre les mains
d’une personne, mais de deux: lui et son
épouse. C‘est elle qui rédige toutes ses
déclarations. Apparemment, elle décide
également du choix des ministres.
Prêtre, poète, révolutionnaire: Ernesto Cardenal est une véritable légende vivante. Au Centre
Culturel Neumünster, il a démontré ses talents d‘écrivain et, quelques heures plus tôt, il nous a
rappelé son engagement inébranlable
Quelle est votre réaction face
à l’élection de Daniel Ortega en
novembre 2006 au Nicaragua ?
Je ne suis pas contre l’élection de Daniel,
mais on avait un autre candidat sandiniste, qui ne l’a pas remportée.
Comment envisagez-vous l‘avenir
du nouveau gouvernement? Est-il
mieux que le précédent?
Je ne peux pas le dire. Quand je suis parti
12
pour l‘Europe, il était au pouvoir depuis
un mois à peine. Cela fait maintenant
deux semaines que je suis en tournée
avec le Grupo Sal en Allemagne, en
Autriche etc. Vous êtes certainement
mieux informé que moi sur la situation
au Nicaragua. Tout a commencé dans le
plus grand secret.
Pendant toute la campagne électorale, il
n’y a pas eu de déclaration ni de conférence de presse. Pendant le premier
mois de son gouvernement, il n’a donné
Le programme électoral d’Ortega
était sensiblement différent de celui de
son premier gouvernement...
Le programme électoral de Daniel parle
de réconciliation, d’unité nationale
et d’amour. On ne sait pas ce que cela
signifie.
Sa position vis-à-vis des Etats-Unis
est également très différente.
Oui. Il s’est rapproché un peu de tous les
gouvernements de la région, aussi bien
des Etats-Unis que des gouvernements
de gauche comme Cuba, le Vénézuela,
et même l’Iran. C’est ambigu, tout cela
a été passé sous silence. Il a souscrit
une convention avec l’Iran, mais ne l’a
jamais publiée.
BP 235 - avril 2007
International
Opportunisme politique?
nous en Europe. Que pensez-vous de
ce personnage?
Oui.
Que pensez-vous de tous les gouvernements de gauche en Amérique latine
qui ont remporté des élections l’année
passée ?
Je suis en faveur de tous ces gouvernements, mais je crois que le gouvernement d‘Ortega ne sera pas de gauche.
Il ne peut pas être de gauche, parce
que son programme est basé sur l’unité
nationale, la réconciliation et sur une
alliance avec les somozistes et la contrerévolution, avec des capitalistes et des
entrepreneurs.
Rétrospectivement,comment
voyez-vous le premier gouvernement
d’Ortega? La déception fut très grande
lorsqu‘il sombra dans la corruption...
C’est pourquoi bon nombre de sandinistes ont quitté le parti. Parce qu’on
voyait que ce n’était plus la révolution,
mais une trahison faite à la révolution.
Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose
de la révolution. Les gouvernements
de droite qui ont suivi ont annulé
la plupart des progrès en matière de
réforme agraire, de santé et d’éducation,
à part peut-être la culture. Le plus grand
succès de la révolution a avoir survécu
est la démocratie. Bien que les gouvernements suivants aient été pro-capitalistes,
néolibéraux et corrompus, ils étaient
tout de même démocratiques. Il y a eu la
liberté de presse, le pluralisme politique
et des élections libres. Un autre succès a
été l’instauration de l’armée sandiniste,
qui s’appelle maintenant l’armée nationale, mais qui est toujours la même.
Elle ne s’implique plus dans la politique
comme ce fut le cas avant la révolution
et elle est respectée par l‘ensemble de
la population; elle n’est plus au service
d’un seul parti.
L’image d‘Hugo Chavez (président
du Venezuela) est très ambiguë chez
BP 235 - avril 2007
90% des médias de communication
appartiennent à 3 grandes multinationales nord-américaines. Toutes les informations que vous recevez ici, y compris
celles concernant le Nicaragua, passent
par ces multinationales et une grande
partie de ces informations sont simplement fausses. On transforme une partie
de l’information et on en passe une autre
sous silence.
Le Venezuela vit une nouvelle révolution,
mais les médias ont ridiculisé Chavez,
l‘ont présenté comme un bouffon, un
clown ou un fou. C‘est également la
façon dont on présente la révolution
cubaine et dont on a caricaturé Fidel. Je
suis sûr que les gens ici au Luxembourg
qui ont visité Cuba n’ont pas retrouvé
l’image de l‘île que véhiculent les médias
capitalistes. C’est également ce qui
est arrivé à la révolution au Nicaragua.
Ceux qui y sont allés, y compris des gens
d’ici, pourraient témoigner que c’était
une bonne chose. Mais les médias étatsuniens ont dit le contraire.
Ce qui est intéressant avec la révolution
actuelle au Venezuela, c’est que c’est
une révolution bolivarienne.
C’est le vieux rêve d’une
Amérique latine unie, face à
l’Amérique du nord. Et c’est
pour cela qu’il est attaqué, le
président Chavez, pour cette
attitude bolivarienne. Je suis
un grand admirateur, mais
aussi un ami de Chavez.
Par contre, je ne suis pas
d’accord avec l’aide qu’il
apporte à Daniel Ortega, mais
il peut faire ce qu’il veut. Ce
sont des raisons d’Etat, je
suppose.
Comment voyez-vous
le futur de la révolution à
Cuba ?
Je ne peux pas le savoir, mais
je crois que la révolution se
poursuivra. Avec ou sans Fidel.
Une question sur la religion :
comment voyez-vous le futur de la
théorie de la libération ?
Lors de la deuxième visite du pape JeanPaul II au Nicaragua, un journaliste
lui avait demandé dans l’avion ce qu’il
pensait de la théorie de la libération. Le
pape avait alors répondu que ce n‘était
plus un danger puisque le communisme était mort. Plus tard, l’évêque
brésilien Casaldaliga affirma à cet égard
que tant qu’il y aurait des pauvres, il y
aurait la théorie de la libération. Cela est
important, parce que l’ancien pape tout
comme le pape actuel l’ont toujours
combattue. Les deux papes ont combattu
la vraie Eglise. Tous les succès obtenus
par l’Eglise ont été niés et annulés par
ces deux papes. Ainsi ont-ils fait reculer
l’Eglise au lieu de la faire avancer.
Est-ce que selon vous ce retour
en arrière s’est accéléré depuis
l’avènement de Joseph Ratzinger ?
C’est resté la même chose, puisque de
toute façon Ratzinger menait déjà la
„Le triomphe de la révolution est le triomphe de la
poésie“: après la chute du dictateur Somoza en 1979,
Ernesto Cardenal devient Ministre de la Culture du gouvernement sandiniste.
13
International
politique du pape antérieur. Je ne pourrais pas dire si c’est mieux ou pire, ça me
semble simplement la même chose.
Est-ce que le monde verra encore
beaucoup de révolutions ?
Des révolutions il y en aura toujours, c’est
comme avec le feu ou avec les langues.
Au début, il y avait la Révolution française, laquelle nous a tous influencés.
Malgré la terreur et la guillotine, elle a
quand même imposé la démocratie à ce
monde. Il y a eu des révolutions depuis
et il y en aura d’autres. La première et la
plus grande des révolutions fut celle de
Jésus, qui disait qu’il fallait instaurer le
gouvernement de Dieu sur Terre et qu’il
fallait changer le monde. Cette révolution est toujours vivante, entre chrétiens
et non-chrétiens. Parfois les non-chrétiens sont plus fidèles à la doctrine du
Christ que les chrétiens eux-mêmes. La
révolution sociale, Jesus l’a faite aussi.
En parlant de révolution sociale,
quelle est actuellement la force des
mouvements populaires au Nicaragua?
On ne sent pas qu’ils ont beaucoup de
force. Avec une première révolution
qui avait suscité tant d‘espoirs mais qui
s‘est brisée, et avec le faux sandinisme
de Daniel Ortega aujourd’hui, le peuple
ne semble guère convaincu de la cause
révolutionnaire. Il règne surtout une
grande frustration dans le pays.
Europäische Kommission:
Verhaltenskodex für EU-Geber
Der EU-Kommissar Louis Michel schlägt einen Verhaltenskodex vor, der
zukünftig die Hilfsgelder der EU-Mitgliedsstaaten besser koordinieren
soll.
Nachdem der Europäische Rat sich
im Jahre 2005 auf eine quantitative Erhöhung der öffentlichen Entwicklungszusammenarbeit bis 2015 geeinigt hat, soll
nun auch eine qualitative Verbessserung
der Hilfe eingeleitet werden. Das Hauptaugenmerk der EU-Kommission fällt
dabei auf eine bessere Koordinierung
der einzelnen Mitgliedsstaaten in ihren
Anstregungen.
Zu diesem Zweck hat Louis Michel
Anfang März einen freiwilligen Verhaltenskodex vorgestellt. Das Ziel dabei ist
nach eigenen Worten der Abbau von
Bürokratie, Einsatz der Gelder, wo sie
am meisten benötigt werden, Bündelung der Hilfe und Arbeitsteilung mit
Blick auf mehr, bessere und raschere
Hilfe. „Hilfe soll helfen und nicht zur
Belastung werden. Wir müssen innerhalb der EU Bürokratie abbauen und
zu einer besseren Aufgabenteilung
gelangen. Der von der Kommission
vorgeschlagene Verhaltenskodex basiert
Si vous aviez dû sacrifier une chose
dans votre vie, auriez-vous sacrifié la
révolution, la poésie ou Dieu?
J’aurais sacrifié tout ce que Dieu
m’aurait demandé de sacrifier.
Propos receuillis lors de la conférence
de presse au CITIM le 3 mars 2007.
Traduit de l‘espagnol par Marc Keup.
14
„Hilfe soll helfen und nicht zur Belastung
werden.“ EU-Kommissar Michel will die Gelder
der Mitgliedsstaaten besser koordinieren.
auf bewährten Methoden; die Gelder
werden dort eingesetzt werden, wo man
sie am dringendsten braucht, und sie
werden so eingesetzt, dass sie wirksam
zur Ausmerzung der Armut beitragen.“
so der EU-Kommissar.
Die Kommission schlägt beispielsweise vor, dass die Geber ihr Engagement
je Partnerland auf diejenigen beiden
Sektoren beschränken, in denen sie den
größten komparativen Vorteil bieten.
Dieser Grundsatz kann dazu führen,
dass ein Mitgliedstaat die Verantwortung
für die Abwicklung seines Hilfeprogramms in einem bestimmten Bereich
einem anderen Mitgliedstaat überträgt,
der dazu besser in der Lage ist.
Heute konzentrieren sich zu viele
Geber auf Erfolgsländer wie Vietnam,
während andere oft fragile Länder wie
die Zentralafrikanische Republik häufig
vernachlässigt werden. Es wird daher
vorgeschlagen, dass alle EU-Geber den
„unterfinanzierten“ oder vernachlässigten Ländern wenigstens einen Teil
ihres Hilfebudgets widmen.
Ausserdem kommt es immer wieder
zu beträchtlichen Überschneidungen
bei der Hilfe. In Tansania beispielsweise
gibt es über 600 Projekte im Gesundheitsbereich, meist zur Bekämpfung von
HIV/AIDS. In Kenia werden Arzneimittel
von 20 Gebern über 13 verschiedene
Beschaffungsstellen erworben.
Eine durch den freiwilligen Verhaltenskodex erreichte wirksame Arbeitsteilung zwischen den EU-Gebern soll
nun derartigen Situationen ein Ende
bereiten. Inwieweit das Konzept der
Kommission schlußendlich erfolfreich
sein wird, hängt allerdings vom Willen
der EU-Mitgliedsstaaten ab.
BP 235 - avril 2007
International
Labels unter der Lupe am Beispiel Bananen: Steckt im
Frosch ein verwunschener Märchenprinz ?
„Wir haben keinen Einfluss darauf was Chiquita in seiner Werbung schreibt.“ Diese Aussage kommt nicht von
einer Gruppe von kritischen Minderheitsaktionären oder von aufmüpfigen Bananenpflückern in Costa Rica.
Es ist vielmehr die Antwort von Oliver Bach, einem Verantwortlichen der US Umweltorganisation Rainforest
Alliance. Diese NGO schmückt mit ihrem Frosch-Label die gelben Früchte des Multis Chiquita.
Jean-Louis Zeien
sensibel“ darstellt. Anlass und Ort dieser
kritischen Frage: ein Workshop auf der
Tagung „Labels unter der Lupe“, die von
13 Schweizer NGOs Mitte Februar in
Obige Aussage ist seine Antwort
Bern organisiert wurde.
auf die Frage, ob er es als zulässig
Zu diesem Zeitpunkt war in diesem
empfinde, dass aufgrund der Rainforest
Workshop den meisten der Anwesenden
Alliance Zertifizierung, Chiquita sich in
bereits klar: mit biologischem Anbau
seiner Einführungswerbung als „streng
hat Chiquita und auch ihr Zertifizierer
ökologisch, sozial gerecht und kulturell
Rainforest Alliance
nichts zu tun. Auf
ihrer
Internetseite
(www.rainforest-alliance.org) könne jeder
Einblick
nehmen
in die ökologische
Kriterienliste die von
der US-Umweltorganisation abverlangt
werden, so Oliver
Bach. In der Tat
werden dort eine
Reihe von messbaren
Kriterien angeführt
wie z.B.: Entwaldungsverbot, Verbot
von
bestimmten
Chemikalien, Standards für Abfallbeseitigung etc. Für
den kritischen Beobachter bleibt eine
Frage offen: Genügt
dies um sich als
„streng ökologisch“
„Das neue Chiquita Label mit dem Siegel der Rainforest Alliance
zu bezeichnen oder
steht für gute Arbeits- und Lebensbedingungen auf den Plantagen
kann es nicht beim
sowie für eine nachhaltige Landwirtschaft, in der Umweltschutz groß
Normalverbraucher
geschrieben wird“ so die Firma Chiquita auf ihrer Homepage www.
chiquita.de. Etiquettenschwindel?
zu dem falschen
BP 235 - avril 2007
Eindruck führen, hier wäre ein biologischer Chiquita-Landbau am Werke? An
dieser Frage scheiden sich dann wohl die
Geister.
Der Moderator des Workshops,
François Meienberg von der Schweizer
NGO „Erklärung von Bern“, wandte
sich dann der Frage zu, inwiefern das
Frosch-Label von Rainforest Alliance
etwas mit Fair Trade zu tun habe.
Nein, lautete die eindeutige Antwort
von dem Verantwortlichen, da seien sie
als Umweltorganisation nicht kompetent, das wäre eindeutig der Bereich
der Fairhandelsorganisationen wie Max
Havelaar oder TransFair. Mit anderen
Worten: bei Chiquita-Rainforest Alliance
gibt es keine garantierten Mindestpreise
mit einer Fair Trade Prämie oder andere
Maßnahmen des fairen Handels. Dies
bleibt die „Auszeichnung“ des Fairen
Handels.
Chiquitabanane - weder fair
gehandelt noch biologisch angebaut
Damit dürfte wohl klar sein: Bei
Chiquita mit Frosch-Label wird weder
fair gehandelt noch biologisch angebaut. Also doch kein verwunschener
Märchenprinz, der im Frosch auf der
Banane steckt ?
Aber Chiquita setzt laut Frosch-Label
auch soziale Akzente mit z.B. Schulungsprogrammen und dem Bau von
Schulen auf den Plantagen.
Dabei gibt es auch hier wesentliche
Unterschiede zum fairen Handel wie z.B.
15
International
in der Förderung von emanzipatorischen
Modellen resp. betrieblichen Mitbestimmungsrechten. Auf der Tagung wurde
deutlich spürbar, welche Spannungen
weiterhin im Verhältnis zu den Gewerkschaften vor Ort bestehen. Immer wieder
wird von Gewerkschaftsseite aus dem
Süden darauf hingewiesen, dass die Freiheit einer gewerkschaftlichen Organisation der Arbeiter nicht gewährleistet sei
und systematische Diskriminierungen
stattfinden würden.
Fair Trade setzt dabei konsequent
auf Emanzipation: Vor allem bei den
Kleinbauernkooperativen
bestimmen
die Mitglieder selbst, wo sie investieren
möchten und wie sie selbst ihre Arbeitsund Lebensbedingungen dank den
Fair Trade Mehreinnahmen verbessern
möchten.
Labels – eine Notwendigkeit ?
Also doch der Faire Handel als
alleiniger Polarstern, der in der Ferne
leuchtet, wie ein Teilnehmer des Workshops bemerkte ?
Kritik am Fairen Handel gab es
trotzdem auch seitens Helge Fischer von
Banafair, des zweiten Redners. Helge
Fischer lehnte zunächst das Zertifizierungssystem von Rainforest Alliance als
nicht ausreichend glaubwürdig ab.
Er ist der Meinung, dass es im fairen
Handel auch einige Vorgehensweisen
gibt, die verbesserungswürdig sind. Er
beanstandet, dass die Kontrollkosten,
die in den Ländern des Südens anfallen,
von den Produzenten selbst getragen
werden müssen. (Bei den biologischen
Zertifizierungssystemen ist dies auch
der Fall.)
Darüber hinaus bergen laut Helge
Fischer die Labels ein Verständnisproblem für alle Beteiligten – vom Produzenten bis zum Konsumenten. Zu viele
Labels würden in den Industrieländern
entwickelt werden und die Produzenten
im Süden hätten ihre Mühe die unterschiedlichen Kriterien, Bedingungen,
Standards etc. zu verstehen und zu
erfüllen. Auch die Konsumenten
16
könnten sich in diesem Labeldschungel
nicht mehr zurecht finden.
Martin Rohner, der Direktor der
Schweizer Fair Handelsorganisation
Max Havelaar (der Schwesterorganisation von TransFair-Minka) war der
Dritte am Rednerpult des Workshops. Er
wies darauf hin, dass der Faire Handel
nur funktionieren und den Produzenten
Mehreinnahmen bringen könne, wenn
eine seriöse Kontrolle auch im Süden
stattfindet. Diese würde natürlich
auch Kosten mit sich bringen. Darüber
hinaus gebe es im Fairen Handel einen
Hilfsfonds, der benachteiligten Produzentengruppen bei Bedarf finanziell
unter die Arme greifen könne zwecks
Finanzierung der Kontrolle. (Alle anfallenden Kosten wie z.B. Entwicklung von
Fair Trade Standards und Kontrollen in
den Ländern des Nordens werden von
den Fairhandelsorganisationen in den
europäischen Ländern finanziert.) Die
Existenz von Labels wäre in den Augen
des Max Havelaar Direktors absolut
vertretbar und notwendig. Allerdings
nur, wenn das Label einen tatsächlichen
Mehrwert gegenüber den handelsüblichen Praktiken garantieren würde.
Beim Label des fairen Handels sei dies
eindeutig der Fall.
Die Kritik an Rainforest Alliance, die
mit Chiquita zusammenarbeiten, war
nicht auf diesen Workshop beschränkt.
Am Vormittag hatte der Gewerkschaftsvertreter der Bananenplantagenarbeiter
aus Costa Rica die Glaubwürdigkeit
von Rainforest Alliance bereits in Frage
gestellt und von massiven Einschüchterungen der Arbeiter durch das Management auf den Plantagen berichtet,
die im Vorfeld der Kontrollbesuche
der Umweltorganisation stattfanden.
Daraufhin bot Oliver Bach von Rainforest Alliance dem Gewerkschaftsvertreter
ein ehrliches Gespräch an, man solle
sich doch gemeinsam an einen runden
Tisch setzen. Auf solche öffentlichkeitswirksamen Aussagen solle er verzichten,
denn vor zweieinhalb Jahren sei ein
solches Angebot schon erfolgt mit dem
Resultat dass er als Gewerkschaftsver-
Beim Label des fairen Handels steht die
Eigenverantwortung der Produzenten im
Vordergrund (photos: Transfair-Minka).
treter seitdem nichts mehr von Rainforest Alliance gehört habe.
Im Kreuzfeuer der Kritik
Überhaupt hatten die Chiquita
und Rainforest Alliance Vertreter es an
diesem Vormittag sehr schwer bei einem
überwiegend kritischen Publikum, so
BP 235 - avril 2007
International
auch der Senior Director Corporate
Responsibility von Chiquita George
Jaksch, der sich bemühte, die Nachhaltigkeit bei der Produktion von Chiquita
Bananen hervorzustreichen. Das größte
Eingeständnis vergangener Verfehlungen des Multis, das Herr Jaksch
verlauten ließ, lag darin, dass Chiquita
bei der Prägung des Begriffs ‚Bananenrepublik’ eine maßgebliche Rolle gespielt
habe. Ansonsten pries er insgesamt die
Wandlung des Konzerns an, der seit
1992 sowohl ökologisch als auch sozial
auf dem rechten Weg sei mit Hilfe von
Rainforest Alliance.
Auch wenn Chiquitas Anstrengungen
um ökologische und soziale Verbesserungen anzuerkennen sind, so blieb
die Skepsis bei vielen Teilnehmern der
Tagung jedoch groß. „Zu grausam war
die Ausbeutung von Mensch und Natur
während eines Jahrhunderts“ (Ursula
Brunner, Ehrenpräsidentin von terrafair
in tf 6/2006) und darüber hinaus gibt
auch die rezente Vergangenheit Anlass
zu Zweifel an dem Wandel, denn der
Konzern musste zugeben, in Kolumbien
terroristische Gruppen finanziert zu
haben (siehe Artikel Seite 18). Solche
Beispiele tragen dazu bei, dass trotz
Bemühungen von Chiquita in Zusammenarbeit mit Rainforest Alliance,
Zweifel an der wundersamen Wandlung
des Frosches in einen Märchenprinzen
aufkommen.
Vor dem Hintergrund der Forderung
von kritischen Verbrauchern nach einer
umwelt- und sozialverträglicher Produktion wirft das natürlich auch weitere
Fragen auf : Wieso hat bislang Chiquita
das neue Frosch Label nur in einigen
Verbraucherländern eingesetzt, darunter
die Schweiz und Luxemburg, Länder in
denen der Konzern tatsächlich seit der
Einführung der Fair Trade Bananen an
Boden verloren hat oder sich die Frage
nach der sozialen Verantwortung von
Unternehmen deutlicher stellt? Handelt
es sich tatsächlich nur um eine Testphase bevor es weltweit eingeführt wird,
oder ist es kein Zufall, dass bislang dort
mit dem Froschlabel gearbeitet wird, wo
BP 235 - avril 2007
Fair Trade Bananen durch ihren großen
Marktanteil (56 % in der Schweiz!)
dem Giganten teilweise empfindliche
Einbussen bescherten?
Fragen zur nachhaltigen Entwicklung von Labels
Abschließend stellen sich einige
wesentliche Fragen sowohl für die Fair
Trade Bewegungen bzw. NGOs als auch
für die Politik, die ihre jeweilige Verantwortung in diesem Bereich übernehmen
müssen:
Kann resp. soll eine NGO eine
Partnerschaft aufnehmen mit multinationalen Konzernen, welche die unbe-
tiven mit der Vermehrung von Labels
umgehen, die nachhaltige Entwicklung
auf ihre Fahnen geschrieben haben, aber
mit ihren Kriterien weit unter den Standards des fairen Handels liegen? Welchen
Labels gelingt es, das Vertrauen der
Verbraucher zu gewinnen und welche
Labels werden verschwinden?
In manchen europäischen Ländern
wurden bereits erste Kontakte geknüpft
und Kooperationen zwischen Fair Trade
Organisationen und einem multinationalen Unternehmen aufgebaut. Solche
Schritte bergen gleichermaßen Risiken
als auch Chancen: Wird hier der Fair
Trade Ansatz nur als soziales Feigenblatt
gebraucht oder geht es dem Unter-
Die Labels inklusive des Fair Trade Garantiezeichens
dürfen nicht zur Imagepflege missbraucht werden,
sie müssen sich ihre Glaubwürdigkeit am Wirkungsgrad der positiven Fairänderungen von Arbeits- und
Lebensbedingungen der Menschen im Süden unter
Beweis stellen.
quemen Wahrheiten ihrer vergangenen
Geschäftspraktiken leugnen oder nicht
bereit sind diese aufzuarbeiten?
Kann eine NGO Kriterien entwickeln,
die Kommunikation jedoch dem jeweiligen Konzern überlassen und auf eine
Regulierung der Aussagen des Konzerns
in Bezug auf Ökologie und Soziales
verzichten?
Welche Voraussetzungen müssen
erfüllt sein in Bezug auf Vergangenheitsbewältigung eines Konzerns damit eine
NGO nicht ihre Glaubwürdigkeit aufs
Spiel setzt bei einer Zusammenarbeit
mit diesem Konzern?
Wie kann resp. muss die öffentliche
Hand regulierend eingreifen, damit
Labels Mindestbedingungen erfüllen?
Wie hoch soll der Mehrwert gegenüber
den handelsüblichen Praktiken sein,
damit der Einsatz eines Labels überhaupt gerechtfertigt ist?
Wie sollen die Fair Trade Initia-
nehmen um die Nutzung von neuen
Marktnischen resp. das Aufpolieren von
Imageschwierigkeiten? Oder können
solche Kooperationsmodelle ernsthafte
Anzeichen sein für die Wahrnehmung
einer sozialen Verantwortung, die besonders auch multinationale Unternehmen
in den Ländern des Südens haben?
Damit die Spreu vom Weizen
getrennt wird, muss auf diese Fragen in
möglichst naher Zukunft eine Antwort
gefunden werden, am besten in Zusammenarbeit mit den betroffenen Menschen
im Süden. Die Labels inklusive des Fair
Trade Garantiezeichens dürfen nicht
zur Imagepflege missbraucht werden,
sie müssen ihre Glaubwürdigkeit am
Wirkungsgrad der positiven Fairänderungen von Arbeits- und Lebensbedingungen der Menschen im Süden unter
Beweis stellen.
17
International
Kolumbien: Chiquita zahlte Schmiergelder
an Terrororganisationen
Der weltgrößte Bananenproduzent Chiquita musste sich vor einem US-Gericht wegen der finanziellen Unterstützung von Terrororganisationen verantworten. Mit der Zahlung von 25 Millionen US-Dollar entzog sich der
Konzern nun einer Verurteilung. Diese wandern allerdings in die Staatskasse der USA, anstatt die Opfer zu
entschädigen.
Kristy Schank
Vor kurzem musste Chiquita eingestehen, zwischen 1997 und 2004 insgesamt 1,7 Mio. US-Dollar Schmiergelder
an die paramilitärische Vereinigung
Autodefensas Unidas de Colombia (AUC)
in Kolumbien gezahlt zu haben. Von
1990 bis 1997 erhielt die FARC (Fuerzas
Armadas Revolucionarias de Colombia)
diese Zahlungen, die vor der AUC die
Anbaugebiete von Chiquita in Uraba
und Santa Marta im Norden Kolumbiens
kontrollierte. Sowohl die ultrarechten
Paramilitärs als auch die links gerichtete
Guerilla gelten in den USA spätestens
seit 2001 als terroristische Organisationen und somit ist deren finanzielle
Unterstützung verboten. Beide Organisationen sind verantwortlich für zahlreiche Massaker an der Zivilgesellschaft
im lang andauernden Bürgerkrieg in
Kolumbien, sowie für einen Grossteil
des Kokainexports. Chiquita hat nun
eine Strafzahlung von 25 Mio. Dollar
angekündigt, um sich von der Klage des
US-Gerichtshofes freizukaufen.
Schutzgelder ?
Chiquita behauptet die Gelder seien
Schutzgelder gewesen, die die Sicherheit ihrer Angestellten gewährleisten
sollten. Dies klingt im kolumbianischen
Kontext durchaus plausibel, doch stellte
die Staatsanwaltschaft ausserdem fest,
dass im Hafen von Carepa 3.000 Sturmgewehre des Typs AK 47 und 5 Millionen
Patronen des Kalibers 5,62mm in einer
Lagerhalle der Chiquita-Tochterfirma
18
Chiquita zahlte jahrelang Schmiergelder an die paramilitärische Organisation AUC und an die
linke Guerilla FARC (Photo: Jason P. Howe) .
Panadex S.A. abgeladen wurden. Wer
sich auch nur annähernd mit der
über hundertjährigen Geschichte des
Konzerns auseinandergesetzt hat, weiß
wie zynisch solche Worte aus dem Mund
des weltgrößten Bananenproduzenten
klingen.
Chiquita wurde 1899 als United
Fruit Company (UFC) gegründet mit
Sitz in Cincinnati, Ohio (USA) und
mit Hauptanbaugebieten in Zentralamerika, der Karibik, sowie Kolumbien
und Ecuador in Südamerika. Durch
das Schaffen gewaltiger Infrastrukturen
erlangte die UFC sehr früh eine entscheidende Machtstellung in diesen Ländern.
Die bereitgestellte Infrastruktur, besonders im Transportwesen, beschränkte
sich jedoch hauptsächlich auf die
Eisenbahnstrecken und Transportwege
die dem Konzern für den Bananenexport gewinnbringend diente. Dadurch
erlangte die „Yunai“, wie die UFC auch
genannt wurde, bereits Anfang des 20.
Jahrhunderts ihre bis heute andauernde Vormachtsstellung von globalen
Ausmaßen.
Um diese Vormachtstellung im weltweiten Obsthandel zu verteidigen, war
Chiquita jedes Mittel recht. Die Liste
der Anschuldigungen ist lang: Ausbeutung der ArbeiterInnen, Bestechung
von BeamtInnen, Einflussnahme auf
nationale Regierungen, brutale Eingriffe
Streikende und Missachtung der Gewerkschaftsfreiheit. Besonderes Aufsehen
BP 235 - avril 2007
International
erregte der Fall Arbenz in Guatemala.
Der damalige sozialdemokratische Präsident Guatemalas Jacobo Arbenz veranlasste 1951 eine Agrarreform die vorsah,
500 km2 landwirtschaftliche Fläche der
UFC gegen Entschädigung zu enteignen
und an lokale KleinbäuerInnen zu
verteilen. Die Firma sah daraufhin ihre
politische Macht im Land gefährdet und
ließ mit Hilfe der USA den Präsidenten
durch eine Söldnergruppe stürzen.
Der Nachfolger von Arbenz machte die
Enteignungen, sowie den eingeführten
Mindestlohn und Arbeitnehmerschutz
wieder rückgängig.
Aber nicht nur die sozialen, sondern
auch die ökologischen Auswirkungen
von Chiquita sind verheerend. Der
Monokulturanbau bringt exzessives
Düngen mit sich, was die Gewässer stark
verschmutzt und Flora und Fauna der
umliegenden Regenwälder bedroht. Der
intensive Pestizideinsatz ist aber auch
für die ArbeiterInnen nicht ungefährlich.
Schlagzeilen machte der Einsatz des
Pflanzengiftes Nemagon aus Dibromchlorpropan (DBCP) ab den 1950er
Jahren. Aus Flugzeugen wurde das Gift
breitflächig über die Plantagen gesprüht,
unabhängig davon ob BananenarbeiterInnen gerade auf den Anbaugebieten
arbeiteten oder gleich neben den Feldern
wohnten. Schwere körperliche Missbildungen, Unfruchtbarkeiten, Krebs und
Hautkrankheiten waren die Folge dieser
Pflanzengifte, die in ihrem Herstellerland, den USA, längst verboten waren.
Ab den 1970er Jahren prangerten weltweite Kampagnen die Vorgehensweise
des Lebensmittelkonzerns an. Daraufhin
benannte sich die UFC 1984 in Chiquita
Brands International um, um so vom
schlechten Image vergangener Zeiten
weg zu kommen.
Die Verantwortung des Nordens
Die Anklage Chiquitas vor einem
US-Gericht macht deutlich, welche
Machtposition multinationale Konzerne
in Lateinamerika innehaben. Denn
nicht etwa vor einem kolumbianischen
Tribunal muss sich Chiquita verantworten, obwohl deren Zusammenarbeit
mit den Terrororganisationen dort mit
Sicherheit seit langem bekannt war.
Erst die Verletzung der US-amerikanischen Terrorismusgesetze die seit 2001
verschärft wurden, brachte den Konzern
vor Gericht, obwohl er systematisch die
Sozial- und Umweltgesetzgebung in
den Gastländern ignoriert. Die Abhängigkeit mancher Volkswirtschaften von
den multinationalen Großkonzernen ist
enorm und solange sich die Ursprungsländer im Norden nicht für die Praktiken ihrer Betriebe in Drittländern
interessieren, werden sie auch weiterhin
straffrei Gewinne auf Kosten der lokalen
Bevölkerung machen dürfen.
Kristy Schank ist Mitglied der ASTM.
zitiert / cité
Message des femmes tchadiennes sur les APE
Femmes tchadiennes, mobilisons-nous pour un Accord de Partenariat Economique UE/ACP pour le développement!
1. Les APE, c’est d’abord l’affaire des femmes qui représentent en Afrique plus de 50% de la population;
2. Exigeons un report de 3 ans de la date butoir du 31 décembre 2007 pour conclure un „APE équitable“;
3. L’APE doit nous aider à développer nos produits locaux (fruits, volailles, viande, oseille, oignons, etc.) en vue de favoriser leur
exportation;
4. L’APE doit favoriser l’intégration régionale en Afrique Centrale;
5. La signature des APE doit être conditionnée par la prise en compte des coûts d’ajustement, et par le règlement de questions
préalables: clarifier la notion de libre-échange et l’accès aux marchés, respecter les préférences régionales;
6. L’APE doit contribuer au renforcement des capacités institutionnelles des ACP: formation, promotion de l’industrialisation
des ACP;
7. L’Union européenne doit faire preuve de plus de transparence dans les négociations et non faire pression sur les Etats ACP.
La paix en Afrique, c’est aussi un Accord de Partenariat Economique POUR le développement!
Organisations signataires: Centre d’Informations et de Liaison des Ong (CILONG), Cellule de liaison et informations des associations féminines (CELIAF), Association de coopération et de recherche pour le développement (ACORD), Association pour la
Défense des Droits des consommateurs (ADC).
BP 235 - avril 2007
19
International
Kurznachrichten
Burma: Naypyidaw neue Hauptstadt
Burmas Militärjunta hat ihre Hauptstadt offiziell von Rangun in das 400 km
nördlich gelegene Naypyidaw verlegt,
was übersetzt so viel wie „Königliche
Stadt“ bedeutet. Das Land, das von
der Junta in „Myanmar“ umgetauft
wurde, ist international isoliert. Naypyidaw wurde förmlich aus dem Boden
gestampft und hat heute nach offiziellen
Angaben rund 900.000 Einwohner. Die
Gründe für den Wechsel des Regierungssitzes sind weiterhin unklar. Die Junta
gab an, die Stadt sei im Gegensatz zu
Rangun zentral gelegen. Ausländische
Beobachter vermuten allerdings eher
strategische Gründe : Naypyidaw liege
mitten im Urwald und sei daher leichter
zu verteidigen.
Mauretanien: Sieg der Demokratie
Über 40 Jahre lang reihten sich in
Mauretanien Putsch und Gegenputsch
aneinander. Jetzt kam es zum ersten Mal
zu einem friedlichen Machtwechsel. Der
69-jährige Sidi Mohammed Ould Cheikh
Abdellahi setzte sich im März mit 52,8
Prozent der Stimmen gegen seinen
Kontrahenten Ahmed Ould Daddah
durch. Eineinhalb Jahre nachdem das
Militär im August 2005 dem damaligen
Diktator Maaouya Ould Taya die Macht
entriss, wird das westafrikanische Land
nun international als ein Modell für
einen demokratischer Wandel gepriesen.
Kambodscha: Das Rote-Khmer Tribunal in Schwierigkeiten
Drei Jahrzehnte nach den Massakern
der Roten Khmer in Kambodscha (19751979) warten die Opfer immer noch auf
Gerechtigkeit. Seit einem Jahrzehnt
wird zwischen der kambodschianischen
Justiz und den Vereinten Nationen über
das Prozessrecht und die Inhalte des
Tribunals gestritten, das 2007 endlich
die Arbeit aufnehmen sollte. Zur Anklage
der Verantwortlichen kam es allerdings
immer noch nicht, da sich die kambodschanische Anwaltskammer (BAKC)
quer legt. Die UN-Richterin Claudia Fenz
und ihre Kollegen berichteten, die BAKC
wolle die - ohnehin unüblichen - Zulassungsgebühren für ausländische Richter
„indiskutabel hoch“ ansetzen. Sollte
keine Lösung in diesem Streit gefunden
werden so Fenz, müssten die UN-Richter
aufgeben und ihre Arbeit beenden.
Senegal: Abdoulaye Wade neuer Präsident Senegals
Abdoulaye Wade (80), der im Jahr
2000 nach 26 Jahren Opposition den
langjährigen Staatschef Abdou Diouf
ablöste, gewann am 28 Februar 2007die
Präsidentschaftswahl in Senegal. Er
erhielt bereits im ersten Wahlgang die
absolute Mehrheit mit 55,7 %. Wade
stammte aus einer Kaufmannsfamilie
und studierte an der Sorbonne in Paris.
20
Seine erste Amtszeit gilt aus innenpolitischer Sicht allgemein als wenig erfolgreich. Umso mehr setzte er sich außenpolitisch in Szene. Er gilt als Freund von
Frankreichs Staatschef Chirac und war
2001 einer der Mitbegründer der Neuen
Partnerschaft für Afrikas Entwicklung
(Nepad).
BP 235 - avril 2007
Nouvelles des partenaires
Nouvelles des partenaires
Philippinen: eine mörderische Demokratie
Fast vier Jahre nach dem letzten Besuch auf den Philippinen, scheint das Land unverändert: das Verkehrschaos
von Manila, der scharfe Kontrast zwischen den Slums und der hypermodernen Skyline des Makati-Geschäftsviertels und der konstante, alles übertönende Lärm der Motorräder und Jeepneys, der jeden Versuch einer
Unterhaltung auf der Strasse praktisch unmöglich macht.
Julie Smit
Doch obwohl äußerlich unverändert,
waren wir uns sehr wohl bewusst, dass
das Land nicht mehr das gleiche ist
wie im Jahr 2003. Die ersten Gespräche
mit unseren Partnern und ein kurzer
Blick in die lokalen Tageszeitungen
bestätigen, dass sich das Land zurzeit
wie im Ausnahmezustand befindet. Der
nationale Urnengang (Mai 2007) steht
an und mit ihm Befürchtungen über
Wahlmanipulationen, Einschüchterung
der linken Opposition und vor allem
Mordanschläge auf progressive Politiker
(laut der Menschenrechtsorganisation
Karapatan 800 Opfer seit dem Amtsantritt der Präsidentin Arroyo im Jahr
BP 235 - avril 2007
2001). Eine Frage erhitzt die Gemüter
dabei besonders: inwiefern steht die
Regierung mit den gezielten Tötungen
in Verbindung?
Bis vor kurzem fast unbemerkt von
der restlichen Welt, befindet sich das
Land in einer tiefen politischen Krise
die teilweise an eine Kriegsrecht-Situation erinnert. Gegner der Regierung
befinden sich unablässig in Gefahr der
Welle an Gewalt und Menschenrechtsverletzungen zum Opfer zu fallen. Doch
glücklicherweise beginnt die Weltöffentlichkeit sich langsam bewusst zu
werden, dass auf den Philippinen mehr
im Argen liegt, als die regelmäßigen
Überschwemmungen, Taifune und die
gelegentlichen Entführungen von westlichen Urlaubern durch die islamistische
Abu Sayaff-Terrororganisation im Süden
des Landes.
Untersuchung der
Vereinten Nationen
Im Februar 2007 besuchte der
Sondergesandte der Vereinten Nationen,
Philip Alston, die Philippinen. Während
zehn Tagen untersuchte er die politischen Mordanschläge und die systematischen Menschenrechtsverletzungen,
nachdem sich mehrere Familien von
Opfern und die Organisation Karapatan
an den UN-Menschenrechtsrat gewand
hatten. Alston bezeichnete die Morde an
linken Aktivisten und Journalisten als
„erschreckend“. Gleichzeitig empfand er
die Theorie der Regierung und des Militärs, wonach die Tötungen auf Konflikte
innerhalb der kommunistischen Partei
der Philippinen und ihres bewaffneten
Flügels „New People’s Army“ zurückzuführen sind, als „besonders unüberzeugend“ (especially unconvincing). Er kam
zu den gleichen Schlussfolgerungen wie
die Menschenrechtsorganisationen, die
vor allem das Militär für die politischen
Morde verantwortlich machen.
Unsere Partner berichteten, wie sie in
den letzten Jahren Familienangehörige
und Freunde verloren haben und fast
alle unter ihnen fürchten ständig um ihr
Leben. Mehrere unter ihnen erzählten
uns, dass sie unablässig in Bewegung
sind, nachdem sie Morddrohungen
erhalten haben. Danilo Ramos, der
Vorsitzende unserer Partnerorganisation
KMP, einer Bauernbewegung, traut sich
nicht mehr zu seiner Familie in Bulacan
21
Nouvelles des partenaires
und wechselt regelmäßig seinen Wohnsitz. Bety Pennido, eine Aktivistin der
Menschenrechtsorganisation Karapatan,
ist ebenfalls ständig unterwegs nachdem
sie Drohungen des Militärs erhalten
hat. Sie musste ihre Frisur ändern um
weniger schnell erkannt zu werden.
Mobiltelefone werden nur noch mit
äußerster Vorsicht benutzt, aus Angst
abgehört zu werden.
Einige Regionen des Landes sind
so schwer militarisiert, dass eine Reise
dorthin nicht mehr in Betracht gezogen
werden kann. Wir wurden ausdrücklich
davor gewarnt, unsere Partnerorganisation Nueva Ecjia zu besuchen, obwohl
ihr Sitz nur 120 km von der Hauptstadt
entfernt liegt. Stattdessen kamen sie
nach Manila, um uns zu treffen und
um über die Probleme zu berichten, mit
denen sie konfrontiert sind. Die Auswirkungen der letzten Jahre in permanenter
Angst waren unübersehbar: sie hatten
viel von ihrer Fröhlichkeit und ihrem
spontanen Humor verloren, der uns bei
früheren Besuchen so aufgefallen war
und fast alle unter ihnen leiden unter
Bluthochdruck. Das Team musste ihre
Büroräume in Cabanatuan aufgeben, als
die Situation sich auf gefährliche Weise
zuspitzte. Die lokale Bevölkerung ist
derart traumatisiert, dass sie uns baten
das Projekt-Programm so zu verändern,
dass sie zuerst psychologische Hilfe
finanzieren können, ehe sie mit den
ehemals geplanten Gesundheitsprogrammen fortfahren können.
Repression und Manipulation
Wir kamen gerade auf den Philippinen an, als sich die heißeste Phase des
Wahlkampfes anbahnte und alles ist auf
dieses Ereignis fokussiert. Die Befürch-
das Fälschungen der letzten Wahlen im
Jahr 2004 offen legte.
Gleichzeitig versucht die Regierung
unter Arroyo, die progressiven Parteien
zu diskreditieren, wie z.B. Bayan Muna
(das Volk zuerst), Anakpawis (Arbeiterpartei) und Gabriela (Frauenpartei),
indem sie ihnen Nähe zur bewaffneten
Aufstandsbewegung „New People’s
Army“ unterstellt. Fassungslos lasen
wir in der Tageszeitung, dass der Vorsitzende von Bayan Muno, Satur Ocampo,
festgenommen und wegen seiner angeb-
Ka Bel erzählte uns von der Notwendigkeit seiner
Partei Anakpawis so viele Kandidaten wie möglich ins
Rennen um die Parlamentssitze zu schicken, da sie
davon ausgehen müssen, dass einige von ihnen bis
zum Wahltermin ermordet werden.
tung, dass die Regierung die Wahlen
manipulieren wird, ist allgemein weit
verbreitet. Nur einige Wochen vorher
waren die Räume der Wahlkommission
niedergebrannt worden, die über den
korrekten Ablauf des Urnengangs wachen
soll. Es wird vermutet, dass mit dieser Tat
Beweismaterial vernichtet werden sollte,
lichen Beteilung an einer Mordserie
Mitte der 1980er Jahre angeklagt wurde.
Die angebliche Tat geschah zu einer Zeit
als Ocampo aus politischen Gründen im
Gefängnis saß.
Die Mainstream-Zeitung „Philippine
Daily Inquirer“ brachte am 27ten März die
Schlagzeile: „We’re back to martial law,
part II“, bezogen auf die Jahre unter der
Marcos-Diktatur. Im Zusammenhang mit
der Verhaftung Ocampos und der Verhaftung einiger Journalisten auf Grund
einer Verleumdungsklage die durch
den Ehemann der Präsidentin eingebracht wurde, schrieb der „Inquirer“:
„dies ist ein klares Signal dafür, dass die
Demokratie in diesem Land im Sterben
liegt, wenn sie nicht bereits tot ist.“
Ironischerweise hat die Verfolgung der
Oppositionsgruppen durch die ArroyoRegierung, den progressiven Parteien
Aufwind verschafft. Ein Sprecher von
Bayan Muna meinte dazu: „die Gegner
unserer Partei sind zu unseren besten
Wahlkampf-Managern geworden.“
Besuch bei Ka Bel
Ein anderer linker Oppositionspo-
22
BP 235 - avril 2007
Nouvelles des partenaires
Crispin Beltran, alias Ka Bel, in seinem Krankenhauszimmer von wo er seinen Wahlkampf führt. Der 80jährige ehemalige Gewerkschaftsführer
steht seit über einem Jahr unter Hausarrest.
litiker und ehemaliger Gewerkschaftsführer Crispin Beltran, führt den Wahlkampf aus seinem Krankenhauszimmer
heraus, bewacht durch die Polizei. Wir
besuchten ihn dort und besprachen mit
ihm die derzeitige politische Situation.
Er erzählte uns von der Notwendigkeit
seiner Partei Anakpawis so viele Kandidaten wie möglich ins Rennen um die
Parlamentssitze zu schicken, da sie
davon ausgehen müssen, dass einige
von ihnen bis zum Wahltermin ermordet
werden.
„Ka Bel“, wie er von seinen Freunden
genannt wird, steht seit Februar 2006
unter Arrest, als er wegen öffentlichem
Aufruhr angeklagt wurde. Seither hält
er seine Moral vor allem durch die zahlreichen in- und ausländischen Solidaritätsbekundungen aufrecht die seine
Zimmerwände bedecken. Im Zuge des
BP 235 - avril 2007
damaligen Ausnahmezustands waren
einige Parlamentarier sogar gezwungen
im Kongressgebäude Zuflucht zu suchen.
Er bedankte sich für den Protestbrief
den die ASTM damals an die Präsidentin
Arroya schrieb.
Die Oppositionspolitiker legen alle
ihre Hoffnungen auf einen Regierungswechsel bei den Wahlen im Mai. Rafael
Mariano, der sich für Anakpawis zur
Wiederwahl stellt, glaubt dass eine
Änderung der Mehrheitsverhältnisse im
Kongress ihrer Verfolgung eine Ende
setzen wird, so dass sie endlich ihre
Arbeit zum Wohle der armen Bevölkerungsteile aufnehmen können.
Realitätsverlust
Sicherlich ist ein Politikwechsel
vonnöten, wenn sich etwas an den
derzeitigen Ungerechtigkeiten und der
allgegenwärtigen Armut ändern soll.
Während überall im Land Plakate mit der
Aufschrift „Gloria cares“ (Gloria Arroyo,
derzeitige Präsidentin. Anm.) an den
Wänden hängen, muten ihre Aussagen
zur Armutsbekämpfung eher befremdlich an: „Ich fordere meine Landsleute
dazu auf, ihr Geld zuerst für Basisprodukte auszugeben, ehe sie Luxusartikel
kaufen, damit unsere Kinder genug
zu essen haben.“ Nachdem wir die
entsetzlichen menschenverachtenden
Lebensbedingungen in den Slums von
Cebu gesehen haben, müssen wir uns
unweigerlich fragen ob diese Frau noch
mit der Realität in Kontakt steht.
Julie Smit ist Mitglied der ASTM
23
Nouvelles des partenaires
Guatémala: trois organisations partenaires de l‘ASTM
échangent leurs expériences à Antigua.
La rencontre qui a réuni nos partenaires du Guatemala, du Salvador et du Honduras vient de s’achever. Il s‘agit
de l‘ISD (Initiative Sociale pour la Démocratie) au Salvador, du CENCOPH (Centre de Communication Populaire)
au Honduras et du CUC (Comité d’Unité Paysan) au Guatemala, ainsi que de SERJUS (Services Juridiques et
Sociaux). Une rencontrre qui s‘est avérée très fructueuse...
Dilcia Figueroa et
Monique Langevin
Trois jours durant, du 19 au 21 mars,
nous nous sommes retrouvés à Antigua,
l’ancienne capitale du Guatemala,
détruite en très grande partie lors du
tremblement de terre de 1773, à la suite
duquel la capitale fut déplacée à Guatemala-city. Antigua est aujourd‘hui une
très jolie ville aux rues colorées et pavées
à l’ancienne. On y voit encore les ruines
des églises et des couvents détruits lors
du tremblement de terre. La réunion
s’est déroulée dans une ancienne maison
coloniale appartenant maintenant à la
communauté luthérienne du Guatemala
et faisant office de lieu d’accueil. Cette
maison, à l’origine privée, a été transformée en hôpital pendant une dizaine
d’années. D’après nos renseignements,
le Che Guevara y a été soigné (chambre
10), lors de son séjour au Guatemala au
début des années 50, pendant le gouvernement progressiste de Jacobo Arbenz.
L’ASTM a depuis plusieurs années
quatre partenaires en Amérique centrale
avec lesquels elle développe une dynamique de coopération en vue de renforcer
le mouvement social et la démocratie
dans la région. C’est dans ce contexte
que la rencontre ayant pour thème
„Démocratie et Mouvement social“ a eu
lieu.
La lutte commune pour les DESC
La mise en place d’une stratégie de
concentration de nos actions dans quelques pays et la lutte pour la réalisation
des DESC (droits économiques, sociaux
et culturels) nous ont amenés à appuyer
ces organisations qui travaillent sur de
telles problématiques. Au cours des
dernières années, elles ont acquis dans
leur pays une grande expertise dans ces
domaines.
Voici un an à peine, constatant une
concordance entre leurs visions, objectifs et expériences, et afin de mettre leurs
savoirs en commun, l’ASTM a envisagé
une rencontre entre ces partenaires.
Celle-ci visait à échanger des expériences
et des méthodologies, ainsi qu‘à définir
un plan de travail commun permettant
une meilleure implication dans la réalisation d’une démocratie qui réponde
aux besoins de toute la population, et
non seulement des élites traditionnelles
au pouvoir.
Des démocraties
surtout formelles
Victor Cute, de Serjus, et Renan Valdes, de CENCOPH, présentent les résultats de la réflexion
sur les faiblesses de la démocratie dans les différents pays d’Amérique centrale.
24
Nous sommes partis d’une analyse
des réalités en Amérique centrale: celleci a mis en évidence les lacunes de la
BP 235 - avril 2007
Nouvelles des partenaires
démocratie telle qu’elle y est vécue actuellement, ainsi que le manque de coordination entre les mouvements sociaux.
Mais heureusement, le tableau n‘est pas
si sombre, et au-delà des faiblesses et des
menaces, il y a également des opportunités à saisir pour faire avancer les espoirs
d’une grande partie de la population.
Parmi les menaces, il a été mentionné
le fait que dans ces pays, la démocratie est
surtout formelle, axée sur une pratique
électorale et ne permet pas la réalisation
des DESC. Marta, une dirigeante nationale du CUC participant à la réunion, a
insisté à plusieurs reprises sur le fait que
la situation de très grande pauvreté de la
majorité de la population a généré une
culture de lutte pour la survie et non pas
pour une implication dans la recherche
d’une vraie démocratie. Néanmoins,
contrairement à l’époque où sévissaient
dans ces pays des régimes autoritaires
et répressifs, il existe actuellement des
espaces de discussion de débats, de réflexion et de mobilisation. En outre, l’accès
aux technologies de la communication
permet de plus en plus la construction
de réseaux d’organisations qui luttent
pour la défense des droits.
Une méthodologie participative
La méthodologie utilisée pendant
toute la rencontre ainsi que les compétences et l’engagement des participants
ont généré des débats très riches en idées
et en propositions. Cette méthodologie
appelée „participative“ faisant constamment appel aux expériences person-
L’accès aux technologies
de la communication
permet de plus en plus la
construction de réseaux
d’organisations qui
luttent pour la défense
des droits.
BP 235 - avril 2007
Fernando Solis, consultant, donne un aperçu de la conjoncture en Amérique centrale, ainsi que
de l’évolution des trusts constitués par les grandes familles détenant le pouvoir économique.
nelles et au vécu de chacun, permet de
construire des réflexions propres, et pas
seulement académiques.
Pour conclure, l’analyse de la conjoncture socio-politique et des champs
d’action de chacune des organisations
présentes, ainsi que le constat relatif au
besoin d’articulation des organisations
ont permis d’établir une série de recommandations à mettre en pratique. Cellesci doivent contribuer à la construction
de la démocratie et au renforcement du
mouvement social. Au-delà de cet engagement, les organisations se sont mises
d’accord sur quelques actions concrètes
à développer dans les mois qui viennent.
Entre autres, chacun s’est engagé: à
mettre ses compétences à la disposition
des autres; à établir des mécanismes de
communication et à créer un espace
d’analyse théorique en vue de nourrir
les pratiques. Une nouvelle rencontre
est envisagée pour le courant de l‘année
2008 afin d’évaluer les avancées dans le
programme qui vient d’être défini.
Le 3è jour s’est conclu sur une évaluation de la rencontre, l‘occasion pour les
participants de manifester unanimement
leur grande satisfaction. Au-delà des
objectifs qui ont été atteints, la synergie
générée a déjà déclenché des collaborations qui se sont mises immédiatement
en place entre des participants qui ne se
connaissaient pas jusque-là.
Pour l’ASTM, cette rencontre, la
première du genre, a permis non seulement de vérifier à nouveau la cohérence
de nos actions et l’importance d’appuyer
de telles organisations, mais aussi de
continuer à développer des synergies
entre différents acteurs de développement.
Dilcia Figueroa et Monique Langevin
sont membres de l‘ASTM.
25
Nouvelles des partenaires
Indien: Neues von Jana Jagaran - ein Reisebericht
Laurent Hulten, freiwilliger Mitarbeiter der ASTM, besuchte vor kurzem auf eigene Faust die indische Partnerorganisation Jana Jagaran. Hier sein Reisebericht.
Laurent Hulten
Vor einigen Wochen besuchte
ich unsere Partnerorganisation Jana
Jagaran, im Bundesstaat Karnataka.
Hauptgrund für den Trip war ein Projekt
hier in Luxemburg, das wir seit einigen
Monaten vorbereiten : Inspiriert von
der Idee „L’Afrique dans mon école
/ village africain“, das die ASTM seit
einigen Jahren anbietet, wollen wir in
naher Zukunft in vergleichbarer Weise
das Thema Indien, und spezieller den
Bundesstaat Karnataka Kindern und
Jugendlichen in Luxemburg näherbringen.
Einstieg ins Thema soll ein großes
Wandtuch werden, welches verschiedene Aspekte des Lebens auf dem Land
in Karnataka darstellt. Was lag näher, als
bei unseren Freunden von Jana Jagaran
anzuklopfen, ob sie uns da nicht weiterhelfen könnten ?
Sie konnten! Und um die Dinge voranzutreiben, verbrachte ich einige Tage in
Indiens Südwesten. Meine Homebase für
die Zeit wurde das Internat von Father
Tom Chenkala, dessen Bruder Joe vor
mehr als 25 Jahren Jana Jagaran gründete. Es liegt in Nesargi, 30 km außerhalb
der Distriktshauptstadt Belgaum, wo
sich das Hauptquartier von Jana Jagaran
befindet. Hier hatte ich Gelegenheit, bei
einer der monatlichen Versammlungen
der Frauen-Selbsthilfegruppen dabei zu
sein. Nach zähem Beginn vor einigen
Jahren erfreuen sich diese Gruppen nun
einer steigenden Beliebtheit.
Es geht darum, Probleme in den
umliegenden Dörfern gemeinsam zu
besprechen, nach Lösungen zu suchen,
aber auch Aufklärungsarbeit zu bieten.
26
(zu Themen wie Gesundheit, Politik,
Bürgerrechte, ...)
Außerdem verwalten sie ihre finanziellen Reserven eigenständig, funktionnieren so quasi als eine kleine Bank,
nach dem Mikrokredit-Prinzip.
Warum die Frauen ? Können die
Männer das nicht ? Erstens sind die
Männer öfter unterwegs oder mit dem
Bestellen der Felder beschäftigt, zweitens
hat sich herausgestellt, dass die Frauen
oft ein größeres Verantwortungsgefühl
gegenüber ihrer „community“ haben,
und auch weniger anfällig dafür sind,
dem Bruder Alkohol zu sehr zuzuspre-
chen.
In den darauffolgenden Tagen bin
ich dann ziemlich viel „auf Achse“ mit
meinem Aufpasser/Reiseführer/Organisator Gopi Krishna. Gopi steht nicht bei
Jana Jagaran in Lohn und Brot, sondern
arbeitet freelance. Das tun die meisten,
die mit Jana Jagaran zu tun haben.
Sein eigentliches „Baby“ ist die
Taschenmanufaktur in Mekelmardi, in
der Nähe von Nessargi. Mit Recht ist
er sehr stolz : Die Nachfrage ist in den
letzten Jahren stetig gestiegen, es gibt
feste Abnehmer in aller Herren Länder,
sowohl in Europa als auch in Ostasien,
Arbeit am Webstuhl in Rajankatti (photo: Laurent Hulten).
BP 235 - avril 2007
Nouvelles des partenaires
vor allem Japan. Auch hier arbeiten nur
Frauen aus dem Dorf und einigen umliegenden Weilern. Sie können ihre Kinder
mitbringen, die tollen dann herum und
tragen so zur allgemeinen Belustigung,
also nicht zuletzt auch zur Hebung des
Arbeitsklimas bei. Ein ziemlich sicherer
Job und ein Einkommen, das weit über
dem liegt, was man z.B. in der Landwirtschaft verdient : Mekelmardi ist eine
Erfolgsstory.
Eigentlich soll ich mit Gopi den
Künstler besuchen, der für uns dieses
große Gemälde anfertigen soll. Der heißt
Annand und wohnt in Raichur, fast 300
km westlich von Belgaum. In Indien
aber ticken die Uhren anders: Manchmal
werden die Dinge gleich erledigt,
manchmal erst später, oder morgen,
oder...irgendwann halt. Gopi ist ein viel
beschäftigter Mann, was man auch daran
merkt, dass sein Handy nie mehr als 10
Minuten am Stück Ruhe gibt.
Nach zwei Tagen und einigem eben
business-bedingten Zickzack durch
Karnataka und Maharashtra landen wir
dann bei Annand. Wir diskutieren und
hantieren zwei Nachmittage lang mit mit
Schere und Kleber, schließlich einigen
wir uns doch noch auf ein Konzept für
das Bild.
Annand verspricht, dass er sich gleich
an die Arbeit begibt, und dass das Werk
BP 235 - avril 2007
ganz bestimmt nächste Woche fertig
sein wird. In der Zwischenzeit besuche
ich endlich Father Joe in Belgaum, und
lerne einen beeindruckend warmherzigen und symphatischen Menschen
kennen, der es fertigbringt, hundert
Dinge gleichzeitig zu deixeln, für alle da
zu sein, und dabei trotzdem noch ein
Bild der Ruhe und Souveränität abzugeben. Wie macht er das bloß ?
Ich wohne der Jahreshauptversammlung der verschiedenen Arbeitsbereiche
von Jana Jagaran bei : großer Bahnhof!
Aufklärungsarbeit über Bürgerrechte,
eine kleine Farm für biodynamische
Landwirtschaft, Unterstützung und
Beratung für Kleinbauern, Gopis
Taschenmanufaktur, und und und....
Alle berichten vom vergangenen
Jahr und blicken voraus auf 2007 und
darüber hinaus. Mir bleibt als lustigste
Szene in Erinnerung, wie einige der
Leute um den Tierarzt Dr. Baig mit
einem kleinen Sketch zeigen, wie sie
in den abgelegen Landstrichen bei den
Hirten Aufklärungsarbeit leisten, um
ihnen klarzumachen, dass Krankheitsbefall bei ihren Schafsherden kein gottgewollter Schicksalsschlag ist, sondern
etwas, wogegen man sich u.a. mit Medikamenten und Impfungen, sowie mit
staatlichen Unterstützungsprogrammen
helfen lassen kann. Ein paar Leute krie-
chen hierfür auf dem Boden herum und
ahmen die blökenden Schafe nach – alle
kringeln sich vor Lachen.
Die nächsten Tage begleite ich Gopi
weiter bei verschiedenen Business-Trips
und wir finden zwischendurch Zeit,
einige Dinge für unser Indien-Schulprojekt in Luxemburg zu besorgen : typische Kleidung, traditionelles Spielzeug
aus Badami, Küchenutensilien, Bücher,
CD’s, usw. Die Zeit vergeht wie im Flug,
und am letzten Tag vor meiner Abreise
rumpeln wir ein weiteres Mal über
Karnatakas Straßen nach Raichur, wo
ich unser Gemälde in Empfang nehmen
will. Annand am Handy : “Yes, yes, please
come, painting is finish !”
Pustekuchen ! Sechs Leute gleichzeitig arbeiten fleißig daran, aber fertig
ist das Bild noch lange nicht. Annand
macht ein verlegen-betretenes Gesicht
und bemüht sich um Erklärungen. Ich
muss grinsen und kann nicht wirklich
böse sein : Hier ticken die Uhren eben
wie gesagt anders. Dann wird es eben
später mit der Post gesendet.
Namaste, auf Wiedersehen – dank
der Hilfe von Jana Jagaran wird unser
Schulprojekt in diesem Herbst (hoffentlich) startklar sein.
Laurent Hulten ist Mitglied der ASTM.
27
Luxembourg
Luxembourg
Action Solidarité Tiers Monde: l‘Assemblée générale
2007 a élu un nouveau président.
L’assemblée générale (AG) ordinaire de l’ASTM s’est tenue le 10 mars dernier dans les locaux du Centre
d‘Information Tiers Monde (CITIM) et a vu l‘élection d‘un nouveau président.
Nicole E. Ikuku
L’assemblée générale (AG) ordinaire de l’ASTM s’est tenue le 10 mars
dernier dans les locaux du Centre
d‘Information Tiers Monde (CITIM).
Conformément aux statuts de l‘ASTM, le
conseil d‘administration est élu tous les
deux ans lors de l‘AG. Ce fut le cas cette
présence de nouvelles têtes a donné
lieu à un tour de table où chacun a pu
brièvement se présenter. La matinée a
été consacrée à diverses présentations,
notamment: le bilan financier 2006 et
les perspectives financières 2007-2009,
les rapports d’activités 2006 et les objectifs pour 2007 et, pour conclure, les
élections du conseil d’administration et
du/de la président/e.
Nous adressons un grand merci à l’ensemble des
donateurs qui, grâce à leur générosité, nous ont
permis de faire face à des engagements toujours
croissants.
année, à commencer par l’élection de
l’ensemble des membres du CA, suivie de
l’élection du nouveau président. Richard
Graf, qui avait déjà occupé ce poste de
2001 à 2003, a été désigné président
à l‘unanimité. Membre actif depuis
1976 et premier permanent de l‘ASTM
en 1982, Richard Graf a, au cours des
deux dernières années, assuré les fonctions de trésorier de l‘association. Les
membres remercient Monique Langevin
pour ses quatre années d’engagement
personnel à la présidence et pour tout
le travail qu’elle a réalisé. Monique
Langevin demeure bien entendu
membre du conseil d’administration et
membre bénévole de l’ASTM. De même,
l‘assemblée a adressé ses remerciements
aux membres sortants Colette Tonnar,
Marie-Paule Ley et Julia Georgi pour leur
travail au sein du CA qui accueille ainsi
trois nouveaux membres: Aline Fares,
Ricarda Colles et Nikki Shillinglaw. La
28
Bilan financier 2006 et budget
2007
Avec un volume global de 1,5 million
d‘euros consacrés aux projets de nos
partenaires du Sud et aux activités
d‘éducation au développement ici au
Luxembourg, la vitesse de croisière des
dernières années a été maintenue. Il
en va de même pour les dons reçus par
l’ASTM. Nous adressons un grand merci
à l’ensemble des donateurs qui, grâce
à leur générosité, nous ont permis de
faire face à des engagements toujours
croissants. De manière générale, il a été
constaté que la trésorerie de l‘ASTM a fait
l’objet de nettes améliorations suite au
versement de subventions importantes
qui se faisaient attendre depuis 2002.
Toutefois, en raison d’un retard accusé
dans le versement de subventions
publiques destinées à financer certaines
opérations de nos partenaires, nous nous
sommes vus dans l’obligation d’avoir
recours à un crédit de pont accordé par
Etika afin de pré-financer ces actions.
L‘exercice 2006 s‘est soldé par
un léger bénéfice; dès lors, les fonds
propres de l‘association sont en hausse
par rapport à 2005. Cependant, si nous
souhaitons, comme prévu, renforcer
notre participation financière auprès de
nos partenaires actuels ou en admettre
de nouveaux, nous devrons développer
nos recettes. De plus, il convient de
zoom
Nouveau Conseil d‘administration de l‘ASTM
Membres bénévoles: Richard Graf (Président), Luc Amegandji, Ricarda Colles, Aline
Fares, Monique Langevin, Mike Mathias, Cécilia Raffaeli, Monique Schumacher
Niki Shillinglaw, Julie Smit et Raymond Wagener.
Les permanents représentants des secteurs (sans droit de vote): Robert Bodja,
Dilcia Figueroa, Michèle Hemmer, Nicole Etikwa Ikuku, Marc Keup.
BP 235 - avril 2007
Luxembourg
L‘assemblée générale 2007 s‘est tenue comme toujours au Centre d‘Information Tiers Monde (CITIM).
maintenir une réserve pour faire face
aux difficultés de trésorerie décrites
plus haut. Les comptes 2006 ont été
approuvés et il a été donné mandat au
conseil d’administration d‘établir le
budget 2007 sur la base des accordscadres établis d‘un commun accord avec
le ministère de la coopération.
Un défi majeur dans les années à venir
consistera en l‘augmentation des fonds
propres de l‘association moyennant une
campagne de collecte de fonds.
Les rapports d’activités des permanents ont ensuite été présentés au moyen
de diapositives (type PowerPoint). Il faut
rappeler que début 2007, l’équipe de
l’ASTM compte 14 permanents dont 9 à
temps plein et 5 à temps partiel, parmi
lesquels une personne est engagée à
durée déterminée pour le projet culture
BP 235 - avril 2007
2007. Voici brièvement ce que nous
pouvons retenir des présentations :
Coordination: le recrutement et
l’encadrement de nouveaux bénévoles se
sont avérés fructueux en 2006. En effet,
sur environ 10 demandes, 7 personnes
sont restées et ont renforcé les groupes
de travail existants. Rappelons que les
permanents ont entamé un accompagnement méthodologique de leurs activités
en éducation au développement qui leur
permettra d’aboutir à la création d’une
feuille de route afin de mieux répondre
aux objectifs prédéfinis par activité.
Demeure néanmoins la question des
entretiens annuels à réaliser en 2007 et
de l’organisation de formations adaptées
à l’intention des permanents et ainsi que
leur suivi.
Projets de solidarité: en 2006, deux
permanents et une dizaine de bénévoles
ont suivi sans grandes difficultés 23
projets dont 11 en Amérique Latine,
6 en Asie, 5 en Afrique et 1 au ProcheOrient. Les questions soulevées en 2006
– qui demeurent d’actualité en 2007
- concernent les critères de sélection
des partenaires ainsi que l’amélioration
du fonctionnement du groupe Projets.
Force est de constater que pour certaines
organisations partenaires, notamment
aux Philippines, les conditions de travail
se sont considérablement dégradées au
cours de l’année 2006.
Citim: la bibliothèque a fait l’objet
de nombreux changements; l’ASTM se
réjouit du bon déroulement des services
du Citim et de son cadre accueillant. Les
locaux ont été entièrement rénovés au
cours de l’année écoulée. Il convient de
29
Luxembourg
souligner qu’en octobre 2007, le Citim
fêtera ses 25 ans; et les bénévoles désireux de participer à l’organisation de
cet événement - et les idées - sont les
bienvenus.
Agence Culturelle: de nombreux
pièces de théâtre et autres spectacles
mettant en scène des artistes du Sud
ont été organisés en 2006, une initiative qui se poursuivra cette année. Les
ateliers des cultures traditionnelles de
l’agence culturelle ont déjà commencé
en février 2007. Dans le cadre de l’année
culturelle 2007, une personne a été
engagée en février pour la réalisation des
ateliers autour du projet Troller revisited
proposés aux lycées et aux maisons de
jeunes.
Revue «Brennpunkt Drett Welt» et
travail politique: en 2006, le nombre
d’éditions de la revue est passé de
cinq à sept numéros et la rédaction a
mis l’accent sur une amélioration du
contenu tout en élargissant le nombre
d’auteurs. Pour 2007, la rédaction prévoit
une modification de la mise en page,
comme vous pouvez le constater dans ce
numéro. Sur le plan politique, le groupe
suit de près la négociation des Accords
de Partenariat Economique et l’impact
de l’introduction des organismes génétiquement modifiés pour nos partenaires,
ainsi que d’autres dossiers en relation
avec le développement humain.
Agence Communes: en février 2007,
nous recensons 30 communes qui ont
adhéré ou vont adhèrer à l’Alliance du
Climat: celles-ci représentent plus de la
moitié de la population du Luxembourg.
Actuellement, quatre membres permanents, dont une personne engagée en
février 2007, s’attachent à proposer des
activités de sensibilisation destinées aux
habitant(e)s des communes.
ASTM Jeunes: le groupe Jeunes
s’est quelque peu restreint. Il est clair
qu’après cinq ans de fonctionnement, les
mêmes jeunes ont des préoccupations
différentes et il convient d’assurer une
re-dynamisation de ce groupe en attirant
de nouveaux membres. Néanmoins, les
quelques jeunes présents ne manquent
30
La présidente sortante, Monique Langevin (à dr.), et le nouveau président Richard Graf (à g.).
pas d’idées et insufflent un élan prometteur à l’ASTM Jeunes.
Comptabilité et secrétariat du
personnel: les deux permanentes à
temps partiel, chargées de la comptabilité, ont dû faire face à de nombreux
changements survenus en 2006, à savoir
l’engagement de nouveaux membres
permanents et un nouveau plan comptable, mais nous espérons que l’année
2007 leur sera plus douce.
Bien entendu, l’ensemble de ces
présentations ont fait l’objet de multiples
réflexions et discussions autour des
activités de chacun. Elles ont permis
un échange riche en informations et
en conseils entre membres permanents
et bénévoles. Ces derniers ont salué
le dynamisme de chacun ainsi que
l’interaction et la complémentarité des
divers secteurs de l’ASTM.
L’après-midi a été entièrement
consacrée à la politique de récolte de
fonds et à la campagne que l‘ASTM
souhaite mettre sur pied à cette occasion,
mais il ne s’agit pas de recueillir des fonds
„à n’importe quel prix“. Pour permettre
au groupe d’avancer dans ses réflexions
et d’orienter ses actions futures, il était
important d’impliquer les membres de
l’ASTM, de manière à susciter un débat
et un échange d’idées sur ce thème. Les
18 personnes présentes l’après-midi se
sont réparties en trois groupes de travail
qui se sont avérés très créatifs. Après
une demi-heure d’échanges, tous se
sont réunis en plénière pour partager
leurs réflexions. Le groupe Fundraising
a ainsi rassemblé un certain nombre de
réponses et de pistes pour la prochaine
réunion, tandis que les membres de l’AG
ont mandaté le groupe pour proposer
des actions concrètes ainsi qu’un budget
pour le prochain CA.
Pour clore cette assemblée, le
nouveau président a vivement remercié
tous les membres et il soumettra prochainement, avec Nicole, des propositions
de répartition des tâches aux nouveaux
membres du conseil.
Nicole E. Ikuku est membre de l‘ASTM.
BP 235 - avril 2007
Luxembourg
Entretien
Action Solidarité Tiers Monde: Monique Langevin
dresse le bilan de cinq années de présidence
Pendant cinq ans, Monique Langevin a été présidente d‘Action Soliarité Tiers Monde. Lors de l‘Assemblée
Générale de l‘ASTM en mars, Monique ne s‘est pas représentée, cédant ainsi la place à Richard Graf. Dans un
entretien avec le Brennpunkt, elle dresse le bilan de sa présidence.
Depuis quand es-tu active à l’ASTM
et quelles étaient tes fonctions ?
J’ai commencé à travailler à l’ASTM en
septembre 1988 en tant que permanente,
responsable des projets. À cette époque,
l’ASTM appuyait surtout des projets
en Amérique latine. Nous n’étions que
trois permanents à temps partiel pour
l’ensemble des activités. Puis l’équipe
s’est agrandie, notamment avec l‘arrivée
d’une 2ème permanente chargée plus
spécifiquement des projets en Afrique.
Mes fonctions en tant que permanente
ont pris fin en juillet 2002, date à laquelle
j’ai pris ma retraite, mais avec l’intention
de continuer comme bénévole. Et puis
en octobre 2002, pour des raisons liées
au fonctionnement interne, on m’a
demandé d‘assurer la présidence, ce que
j’ai accepté.
Qui était président à l‘époque?
C’était Richard Graf. Quant à moi, j’ai
assumé ces fonctions jusqu’aux élections du 10 mars dernier.
Qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui tu
ne te soies pas représentée ?
Je pense qu’il est souhaitable que la présidence tourne. Une nouvelle personne va
apporter de nouvelles idées. Et puis, la
tâche de présidente est une tâche lourde
et j’avais envie effectivement de passer le
flambeau afin d’avoir un tout petit plus
de disponibilité. Quand on est président,
on doit être présent le plus possible. Car
au-delà des tâches quotidiennes, il faut
assister aux conseils d’administration,
BP 235 - avril 2007
Monique Langevin quitte la présidence de l‘ASTM, qu‘elle a assurée de 2002 à 2007. Elle
restera bénévole active au sein de l‘ASTM.
aux réunions de gestion, etc.. Maintenant, j’ai envie de pouvoir m’absenter
de temps en temps sans me sentir
„coupable“.
Justement, en parlant de la fonction
et des tâches, peux-tu faire un petit
bilan de tes 5 ans de présidence?
C’est difficile de dresser un „petit“
bilan de „mes“ 5 années de présidence.
Dans une association comme l’ASTM,
qui oeuvre dans plusieurs domaines
d’activités, complémentaires mais différents les uns des autres, tels que l’appui
à des projets dans le Sud, l’éducation au
développement et le travail politique,
la responsabilité de ce qui se fait dans
l’organisatvion ne relève pas de la seule
présidence, même si l‘on endosse la
responsabilité de faire en sorte que ça
marche bien. Et pour que ça fonctionne,
il faut veiller à la cohérence des activités.
Ce n’est pas toujours évident quand
elles sont aussi nombreuses. De plus,
au cours de ces 5 années, l’ASTM a vu
son équipe s’agrandir; on dénombre à
présent 12 permanents, à temps plein ou
partiel, certes, mais cela nous a obligés à
revoir notre gestion. En tant que prési-
31
Luxembourg
dente, je me suis sentie très concernée
par la bonne marche de l’association et
de son équipe de travail. C’est pour moi
une satisfaction de quitter la présidence
en sachant que l‘équipe marche bien,
que les permanents s’entendent bien et
ont à coeur de faire bouger l’association,
de la faire vivre.
Un autre aspect que je veux souligner, bien que là encore je n’en sois pas
vraiment responsable, tout en y ayant
contribué, c’est d’avoir vu des jeunes
rejoindre notre association. Pour moi,
c’est quelque chose de vraiment essentiel, parce qu’une association doit vivre,
évoluer, et je crois que nous sommes sur
la bonne voie.
Quels sont les points forts ou les
dossiers que tu aimerais voir se poursuivre à l‘avenir?
Un point qui me paraît essentiel, c’est la
visibilité de l’ASTM. S‘il est vrai que nous
menons beaucoup d’activités, sommes
présents dans de nombreux événements,
certains ne nous connaissent toujours
pas. Cette difficulté à se faire connaître
vient peut-être du fait que nous ne
sommes pas une ONG qui travaille dans
l’humanitaire mais que nous travaillons
seulement dans le long terme. Or, notre
Monique Langevin devient permanente d‘ASTM dès 1988. Ici, en mission au Mexique au
début des années 90.
dans ce domaine, nous continuons à
approfondir cette thématique aussi bien
dans le domaine des projets que celui de
l’éducation au développement.
Autre point: la communication.
Nous avons un outil formidable avec
notre revue, le bp3w qui est devenu LE
journal luxembourgeois qui traite de ce
qui se passe dans les pays du sud. Nous
C’est pour moi une satisfaction de quitter la présidence en sachant que l‘équipe marche bien, que les
permanents s’entendent bien et ont à coeur de faire
bouger l’association, de la faire vivre.
reconnaissance est indispensable pour
obtenir des appuis financiers nécessaires
au développement de nos activités.
Un autre chantier en cours est
celui de la maîtrise parfaite du cadre
logique. La définition des objectifs, des
indicateurs „objectivement vérifiables“,
des critères d’évaluation constitue un
travail constant. Bien que les permanents tout comme les bénévoles aient
suivi à plusieurs reprises des formations
32
aimerions qu’il soit davantage connu.
Et puis il y a la communication de ce
que nous faisons auprès de nos partenaires. C’est quelque chose que j’aimerais
promouvoir maintenant que je vais avoir
plus de disponibilité.
Dans quel cadre pouvons-nous
espérer te retrouver à l’ASTM ?
au développement m’intéresse beaucoup, j’ai été permanente pour les
projets et c’est ce domaine qui m’attire
le plus. Peut-être parce que je m’y sens
plus compétente? Mais je crois surtout
que c’est pour les rencontres que
nous faisons lorsque nous partons en
mission. J’en reviens toujours pleine
d’énergie, forte de l’exemple que me
donnent nos partenaires dans leurs
luttes pour changer leur situation. Je
vais donc poursuivre ma collaboration
en tant bénévole du groupe „Projets“. Je
me suis également présentée au conseil
d’administration, je participerai donc à
ses activités mais d’un peu plus loin par
rapport à ces dernières années.
Je souhaite bonne chance à Richard
qui vient d’être élu président. Je le connais
de longue date et j‘ai toujours apprécié
ses qualités et ses compétences. Je laisse
la présidence entre de très bonnes mains,
et j’en suis très heureuse.
Les questions ont été posées par Nicole
Ikuku. Transcription réalisée par Liza
Amatini.
Bien que ce qui touche à l’éducation
BP 235 - avril 2007
Luxembourg
Conférence et séminaire: diversité culturelle et
droits culturels. Pour quoi faire?
L‘Institut de Formation Sociale organise, dans le cadre de l‘année culturelle 2007 et en collaboration avec
d‘autres organisations, deux journées de réflexion sur la diversité culturelle et les droits culturels.
Le Luxembourg est un pays multiculturel, cela ne fait aucun doute.
Cette diversité culturelle peut-elle
pour autant garantir la cohésion sociale
d’un pays comme le Luxembourg ? La
culture peut être source d’enrichissement
mutuel mais également engendrer un
repli communautaire ou nationaliste
en poussant à son paroxysme le patrimoine (artistique ou linguistique) de sa
communauté d’origine.
Par ailleurs, la diversité culturelle
constitue l’une des sources du développement économique, mais aussi intellectuel ou spirituel. Le développement des
pays du Sud de l’hémisphère ne devrait
donc pas dépendre des seules forces du
marché.
Enfin, l’accès à la culture pour les
minorités tout comme pour les populations marginalisées ou exclues est-il
véritablement reconnu et appliqué?
L’exercice de „droits culturels“, à l’instar
des droits sociaux ou politiques, pourrait l’assurer.
De ce constat devrait découler une
redéfinition des politiques culturelles.
„Luxembourg et Grande Région 2007“
représente un moment particulier pour
lancer ce débat citoyen.
Conférence-débat, jeudi 24 mai
2007 à 18h30
Conférence-débat sur „Les enjeux
de la Convention Unesco sur la diversité culturelle“ . Cette Convention sur
la “Protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles” est
entrée officiellement en vigueur le 18
mars 2007.
• “Le contenu et les enjeux de la Convention UNESCO“ par Patrice Meyer-Bisch.
• „Quels enjeux pour le Luxembourg?“
par Raymond Weber.
• Modération: Carole Schimmer, Radio
100,7.
BP 235 - avril 2007
Séminaire, vendredi 25 mai 2007
09h00: accueil et introduction
09h30: Raymond Weber: „Diversité
culturelle et cohésion sociale“
10h45: café
11h00: Nicole Graffé: un témoignage
personnel: „Vers et pour une participation
des plus défavorisés à la vie culturelle.“
Patrice Meyer-Bisch (Chaire UNESCO
pour les droits de l‘homme et la démocratie): „Pourquoi des Droits culturels?“
12h30: déjeuner
13h30: présentation de projets “Participation citoyenne et intégration par la
culture”
14h00: ateliers:
1. Les enjeux de la diversité culturelle au
Luxembourg ? Menaces sur l’identité ?
2. Participation et intégration par la
culture: en fait-on assez? Le rôle du
politique.
3. Culture et Développement: une chance
pour les rapports Nord-Sud?
16h00: mise en commun, conclusions
et suites.
Le 24 et 25 mai 2007 au Centre Culturel de
Rencontre Abbaye de Neumünster.
Inscription
• par téléphone : +352 44743-339
• par mail : [email protected] www.ifs.lu
• par courrier : Institut de Formation Sociale
Frédéric MERTZ, 5, avenue Marie-Thérèse
L-2132 Luxembourg.
Veuillez nous indiquer à quel groupe de travail
vous souhaitez participer l’après-midi.
Participation aux frais : gratuit
Inscription avant le 11 mai 2007.
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Luxembourg
Exposition: All We Need - le monde selon les besoins
ALL WE NEED est d’abord une exposition dans un lieu unique, spectaculaire et absolument irrésistible : les Soufflantes, immense Halle industrielle de l’usine sidérurgique de Belval. ALL WE NEED est également une exploration du monde globalisé et des efforts consentis par les humains pour imaginer et vivre une vie heureuse.
ALL WE NEED pose des questions
d’actualité et situe les hommes et les
femmes de Luxembourg et de la Grande
Région face aux défis de l’avenir: ne
pas renoncer aux plaisirs de la vie tout
en menant une existence soucieuse des
limites écologiques de la biosphère.
Un parcours à couper le souffle
Intégré dans l‘immense Halle des
Soufflantes de Esch/Belval, l‘exposition
propose un parcours de découverte à
tous les égards: la pénétration d‘un lieux
fermé au public pendant plus de cent
ans, la découverte d‘une installation
industrielle morte et abandonnée sont
renforcées par cette approche ludique,
artistique et aventurière pour présenter
la quête des humains pour une vie meilleure.
Les visiteurs partiront à l’aventure
sans autre bagage qu’un baladeur mp3
qui raconte l’histoire des roses dans nos
magasins de fleurs, les réflexions du
trafiquant d’organes à Medelín et la vie
du thon qui retrouve ses amis au départ
du navire spatial qui les emmènera vers
d‘autres rives.
Le parcours de l‘exposition est
constitué de 10 stations suivant les
besoins humains fondamentaux d‘après
Manfred Max-Neef qui vous invite à un
voyage d‘introspection et de découverte
de vos envies les plus profondes et les
plus réelles.
Et quel est mon premier pas pour
contribuer à un monde meilleur?
L‘exposition n‘apporte pas de réponse,
mais tente de poser des questions. À
nous tous de contribuer aux réponses....
Par notre premier pas pour réussir cet
autre monde auquel nous aspirons.
© Christof Weber
Besoins fondamentaux sur une
planète solidaire
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All We Need
Halle des Soufflantes
Site de Belval Ouest,
12, avenue des Hauts Fournaux
L-4362 Esch-sur-Alzette
Le parcours de l‘exposition est
constitué de 10 stations qui reprennent
les thématiques suivantes:
1. Loisirs
Relax: tourisme, rencontres culturelles,
musiques du monde.
2. Subsistance
Survive: changement climatique, pêche
industrielle et artisanale, génie génétique.
3. Liberté
Choose: liberté économique et droits
politiques et civiques.
4. Affection
Love: diamants et métaux précieux des
colonies, fleurs importées.
5. Identité
Belong: vêtements, signes d‘identité.
6. Assistance
BP 235 - avril 2007
Luxembourg
Protect: concepts de santé, médicaments
et commerce d‘organes.
7. Compréhension
Understand: appropriation des savoirs,
cartes du monde.
8. Créativité
Create: matériel informatique et autres
9. Transcendance
Believe: des rêves aux croyances, des
convictions à l‘obscurantisme.
10. Participation
Stand Up, Get Up, Fight for Your Rights:
un autre monde est possible.
Si les besoins fondamentaux sont
partout les mêmes, la façon dont les
humains tentent de les satisfaire varie
considérablement suivant le contexte
culturel et surtout évidemment en fonction du niveau de vie. Les habitants des
pays du Nord de la planète s’acharnent à
vouloir réussir leur quête du bonheur par
une multitude de produits de consommation. Trop souvent hélas, ce mode
de consommation porte préjudice aux
droits d’autres habitants de la planète.
À travers tous ces produits, des
histoires et destins rendent compte tant
BP 235 - avril 2007
des ressources planétaires limitées que
du commerce injuste. Il devient apparent qu’à partir du point de saturation, la
surabondance en marchandises nuit à la
qualité de vie générale.
L’exposition propose une série
de concepts alternatifs, d’idées et de
réponses à l’éternelle question d‘une vie
accomplie. Une vie certes sans ascèse ni
renoncements, mais une vie orientée par
un esprit d’équité et de justice planétaire
et par la prise de conscience que
l’humanité ne dispose en fait que d’une
seule Terre. Ainsi, le périple à travers
le monde en tant que marché global
devient un voyage de découverte sur les
aspirations éternelles de l’humanité vers
le bonheur universel.
infos : www.allweneed.lu
L‘exposition All We Need
Horaires d‘ouverture:
Du 21 avril au 28 octobre 2007
• mardi à dimanche de 11h-19h
• nocturne: jeudi de 11h-21h
• Fermé le lundi
Classes scolaires et groupes (à partir de
30 personnes):
• mardi à vendredi également à partir
de 9h sur rendez-vous.
Prix:
• tarif normal 6 euros.
• tarif réduit 5 euros (sur présentation d‘un ticket valable des transports publics).
• tarif étudiant 3 euros (-26 ans, personnes handicapées, demandeurs d‘emploi,
club 2007, groupes à partir de 12 personnes).
• gratuit (PASS2007, 1 accompagnateur par groupe, le 1er dimanche du mois).
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Luxembourg
Entretien
Adamo Dahico: l‘enfant terrible de l‘humour ivoirien.
C’est dans l’ambiance matinale du café du Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye Neumünster (CCRN) que
j’ai eu l’honneur et le plaisir de rencontrer „l’enfant terrible de l’humour ivoirien“, alias Adama Dahico, présent
parmi nous du 17 au 30 mars 2007 dans le cadre du 1er festival „Humour pour la paix“ organisé par le CCRN.
Il a bien voulu nous accorder cette interview pour le Brennpunkt.
Brennpunkt:
Bonjour
Adama
Dahico et soyez le bienvenu au Grand
Duché du Luxembourg.
Adama Dahico : Bonjour cher ami.
La première chose que j’aimerais
vous demander, c’est comment va
Dahico ?
Adama se porte très bien, raison pour
laquelle il a effectué ce déplacement.
Cela fait des milliers de kilomètres quand
même. Ceci pour avoir le privilège de
partager une passion avec vous, celle
de l’humour. Je me porte bien, Dieu
merci. Et c’est ce que je souhaite à tous
ceux qui m’aiment et à ceux qui ne me
connaissent pas encore.
tions les griots qui étaient les courroies
de transmission entre les rois et les populations. Ce sont eux qui transmettent les
mauvaises et les bonnes nouvelles. Ils
ont l’art de manier la langue avec délicatesse et génie. Ils savent tout transmettre
avec de belles paroles dont ils usent
souvent pour dédramatiser les situations
les plus difficiles. L’humour qui s’installe
aujourd’hui en Afrique a hérité de ce
savoir faire, de l’art de ces griots, des
jeux de mots dont usaient allègrement
ces derniers. Il prend place aussi et
surtout grâce au courage et au désir d’y
parvenir des personnes qui pratiquent
le métier d’humoriste aujourd’hui.
C’était jusqu’à une date récente considéré comme le domaine réservé aux
perdus de la société, aux ratés, ou bien
à ceux qui n’ont aucun métier, aucune
qualification professionnelle. Il fallait
donc être „bouffon“ pour faire rire. C’est
une pratique revenant à ceux qui n’ont
rien d’autre à faire. Mais aujourd’hui
l’humour est pratiqué par des gens qui
y croient, qui en portent l’amour, qui
ont foi en ce métier. C’est ainsi que nous
tenons compte de comment l’humour se
pratique partout en Europe, en Afrique.
Nous nous cultivons aussi à travers les
médias, la presse, la télévision, la radio.
Nous nous sommes rendu compte, à
D’où vient Dahico?
Je viens de la Côte d’Ivoire, un beau pays
situé en Afrique de l’Ouest, qui compte
environ 17 millions d’habitants. Pays
où je suis le président d’un célèbre parti
politique dénommé „le Parti du Rire“.
Mes parents sont d’origine malienne. Ils
sont arrivée en Côte d’Ivoire avant les
années de l’indépendance (les années
60). Aujourd’hui, je jouis pleinement
de la citoyenneté africaine, ivoirienne...
Voilà Adama Dahico.
On a l‘impression que l’humour
(professionnel) commence à s’installer
en Afrique pour de bon, quel est votre
avis à ce sujet?
Vous savez que l’Afrique est un continent
d’humour. Nous avons dans nos tradi-
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Sena Afeto de l‘ASTM (à gauche) et Adamo Dahico (à droite) lors d‘une entrevue matinale au
Centre Culturel de Rencontre Abbaye de Neumünster.
BP 235 - avril 2007
Luxembourg
travers nos différents voyages, que nous
ne sommes pas si ridicules que ça. Dans
mon pays, j’ai fait des émissions de TV,
des chroniques dans certains médias,
des spectacles. C’est vous dire que
l’humour se porte très bien; tout dépend
des personnes qui l’ont choisi comme
métier. Si vous considérez quelque chose
comme votre gagne pain, vous mettrez
forcément toutes les chances, tous les
moyens à votre disposition pour pouvoir
le pratiquer au mieux. C’est ce que nous
essayons de faire.
Si j’ai bien saisi tes propos, l’humour
africain serait le prolongement logique
de la tradition orale qui a toujours
caractérisé l’Afrique?
Tout à fait.
Pour revenir à vous-même Dahico,
comment, du jour au lendemain, êtesvous devenu humoriste?
C’est vrai que ce fut le parcours du
combattant. D’abord, depuis les classes
de lycée et collège, j’étais parmi les
élèves retenus en fin d’année pour faire
des sketchs pendant les fêtes scolaires.
Après ma seconde, j’ai voulu intégrer
l’Institut National des Arts pour me
former en dramaturgie. Ce qui ne s’est
malheureusement pas fait à cause du
nombre trop élevé de candidats. Nous
avions donc la possibilité de l’intégrer à
la rentrée suivante. Mais, en attendant,
je m’étais inscrit dans une troupe de
la place, disons une troupe de quartier
diens/humoristes appelé „Les Rigolos
d’Abobo“ (un quartier d’Abidjan). Nous
avons participé à des émissions télé.
Dieu merci, j’ai été retenu dans une
émission radio „Alokodrom“ animée
par un certain Tonton Boba à l’époque.
J’ai donc fait huit ans de radio. Après la
radio, j’ai joué dans une pièce de théâtre.
Voilà un peu le parcours d‘Adama Dahico.
Aujourd’hui j’écris aussi des bouquins.
Quand on dit Adama Dahico, on pense
tout de suite au rire.
À quand remonte ta première
montée sur scène en tant qu’humoriste
de profession?
C’était en 1992. Mon groupe et moi
avions participé à un dîner de gala. Nous
avions joué une trentaine de minutes.
Cela m’a beaucoup marqué. Mais mon
premier véritable one man show remonte
à l‘an 2000, au Palais des Cultures. C’était
quelque chose de nouveau, d’inédit dans
mon pays et surtout à Abidjan.
Parlons à présent des soutiens
d’Adama Dahico. Pour arriver à
s’affirmer dans une telle profession,
y-a-t-il une structure officielle pour te
soutenir ou t’es-tu débrouillé tout seul,
le système D quoi?
(Rire). J’en ris parce que vous êtes mieux
placé que moi pour savoir que le financement des œuvres ou activités culturelles
en Afrique est le dernier des chapitres à
l’ordre du jour de nos instances gouvernementales. Nos ministères de la culture
Je viens de la Côte d’Ivoire, un beau pays d‘Afrique
de l’Ouest et d‘environ 17 millions d’habitants.
dirigée par une personne qui avait fait
l’Institut. L’appétit venant en mangeant,
j’ai eu envie tout suite d’aller plus loin.
En deux ans, j’ai eu mon initiation de
base sur le plan théâtral, ensuite nous
avons créé un petit groupe de comé-
BP 235 - avril 2007
ont toujours été les plus pauvres alors
qu’on dit que la culture, c’est notre âme,
c’est notre sens. Je voudrais tout simplement dire que les soutiens d’Adama
Dahico sont variés. D’abord, il y a moimême, mes cachets, mes rentrées de
publicité, d’animateurs de spectacles.
J’ai mis en place une petite structure
de production appelée „production de
Doromikan“ qui me permet de mieux
organiser mon travail. Quand nous
organisons de grands événements, nous
faisons appel à de plus grandes structures, des sponsors. C’est vrai que ces
sponsors ne nous donnent pas grand
chose, mais le peu dont nous bénéficions
nous permet quand même d’y arriver. Il
y aussi des personnes de bonne volonté
qui nous aident. Et puis bon Dieu merci,
nous avons un président de la République, son excellence Laurent Gbagbo,
qui est amateur de rire. Pour nous, c’est
un artiste. Il est professeur d’histoire, il
sait ce que c’est que l’art, la tradition. Il
apprécie beaucoup les artistes qui travaillent. Il m’a fait l’honneur de me faire
Chevalier de l’Ordre national. À chaque
fois que nous organisons une activité
d’envergure et que nous faisons appel à
lui, il a toujours répondu favorablement
à nos requêtes. Je crois que c’est tout ce
qui fait que Dahico a encore du souffle,
cet amour pour ce métier. Il est vrai que
sans les moyens, on a beau aimer faire
quelque chose, on n’y parvient pas. Je
peux vous affirmer qu’avec le président
Gbagbo, nous les artistes, nous sommes
des „bébés gâtés“. Je veux dire les artistes
qui aiment travailler et qui travaillent
dur.
On peut dire que dans votre cas, c’est
un privilège, pour ne pas dire un grand
privilège, de se voir aider ou soutenir
par un président de la République au
moment où dans nos pays africains, les
structures font réellement défaut pour
la promotion de la culture.
Je vous assure que nous avons un
ministère de la culture mais c’est un
département qui a n’a pas de budget
adéquat. Il y a aussi des sociétés qui
peuvent aider les artistes à avancer dans
leurs métiers. Mais écoutez, comme on le
dit chez nous, „chacun est venu se chercher à Abidjan“, donc voilà. On prend ça
comme ça. C’est une question de volonté
37
Luxembourg
politique. Peut-être qu’on a eu un président qui aime la culture. Demain, si c’est
un autre qui aime l’économie, peut-être
que ce seront les économistes, hommes
d’affaire qui auront grâce à ses yeux.
Revenons à présent sur le plan
international, africain bien sûr. On a
connu de grands noms du rire par le
passé. J’aimerais juste citer feu Jean
Miché Kankan du Cameroun. Il nous
a marqués par ses sketchs teintés
d’un humour très apprécié dans
toute l‘Afrique. Aujourd’hui, il n’est
plus. Ses œuvres tournaient autour
du train-train quotidien, de questions
de société. On a aussi le phénomène
Pie Tshibanda, d’origine congolaise
(RDC) et résidant en Belgique. Il fait
lui aussi des malheurs dans le métier
et il est surtout orienté vers les questions d’immigration, de racisme,
d’intégration des Africains en Europe.
Y-a-t-il un domaine de prédilection
pour Adama Dahico? Ou aime-t-il
aborder toutes sortes de questions?
Vous savez, un humoriste c’est un
médecin; un médecin généraliste capable
de diagnostiquer le mal partout. Si vous
avez mal à la dent, il peut vous indiquer
les médicaments appropriés pour calmer
la rage et les maux de tête qui vont
avec... De temps en temps, il se permet
de se spécialiser ou se focaliser sur un
domaine bien précis quand il sait que le
mal est très profond. Donc aujourd’hui,
le mal de l’Afrique est lié à l’avènement
du multipartisme, de la démocratie,
la bonne gouvernance et tout ce qui
va avec. Adama Dahico, évoluant avec
l’actualité, attaque aujourd’hui l’humour
sociopolitique. Peut-être que demain il
s’orientera vers un autre domaine. Nous
pensons qu’il y a beaucoup de choses à
revoir, à changer dans nos pays sur le
plan politique. C’est pour cela d’ailleurs
que je suis candidat aux prochaines élections présidentielles. Cela me permet de
croquer l’actualité sociopolitique et, en
même temps, j‘en profite pour mettre
en relief les problèmes auxquels nous
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Adamo Dahico sur scène lors de son spectacle au CCRN à Luxembourg.
faisons face en Europe et aussi dans
d’autres pays africains. Je me mets donc
dans la peau des politiciens pour toucher
et souligner ces réalités. Aujourd’hui
plus que jamais, nous devons redéfinir
la démocratie, le multipartisme. Parce
que nous avons remarqué que la liberté
d’expression a biaisé un peu le comportement de certains jeunes. Ils n’ont plus
d’égard envers leurs aînés alors que le
respect envers ses aînés est une valeur
très importante dans nos sociétés. Nous
avons nos valeurs culturelles, traditionnelles à maintenir et à valoriser.
Aujourd’hui, les pratiques dans les
campagnes et dans les villes ne sont pas
les mêmes. Comment concilier nos traditions, nos cultures avec la modernité?
C’est l’un des grands défis à relever pour
l’Afrique. La démocratie mal enseignée
est venue dénaturer, démystifier un peu
l’autorité de nos chefs traditionnels.
Adama Dahico est entre tout ça. C’est
donc l’humour sociopolitique, comme le
disait Coluche à l’époque, qui intéresse
Dahico aujourd’hui.
On voit que Dahico est bien ancré
dans ses racines ancestrales, mais il
fait en même temps avec la modernité.
Il ne se renie pas en quelque sorte.
Comme je l’ai dit, l’humour est dans
notre tradition. Nous devons nous
appuyer sur cette dernière pour faire face
à tout ce que la modernité nous apporte,
sinon nous finirons par devenir des
déracinés. Ce n’est pas tout ce qui nous
BP 235 - avril 2007
Luxembourg
vient de l’Occident, surtout de l’Europe,
que nous adopter. Il faut avoir la faculté
de trier tout ça et en garder ce qui est
compatible avec nos us. On ne peut pas,
au nom de je ne sais quel développement, tout accepter. Nos fétiches, nos
divinités finiront par se retourner contre
nous. On dira que ce sont des malheurs.
Moi je dis non, c’est juste parce que
nos traditions n’acceptent pas certaines
choses, certains comportements et attitudes importés.
Vous avez touché tantôt une question très sensible dans nos pays, celle
de la liberté d’expression. Adama
Dahico peut-il dire librement ce qu’il
pense, dénoncer objectivement ce qui
ne va pas?
Merci pour cette question. Je peux dire
que la Côte d’Ivoire est l’un des pays les
plus avancés sur ce plan. Quand Laurent
Gbagbo est arrivé au pouvoir, il a pris
une disposition qui interdit l’arrestation
ou l’incarcération des journalistes dans
l’exercice de leurs fonctions. Vous savez,
il a lui-même séjourné en prison. Les
gens sont libres d’écrire ce qu’ils veulent.
Il y en a eu certains qui ont été interpellés. Liberté d’expression ne veut pas
dire liberté d’intoxication. Il faut être sûr
des informations avant de les diffuser.
Mettre des rumeurs à la une pour s’en
excuser le lendemain n’a rien avoir avec
cette liberté. Aucun artiste n’a été mis
en prison. Ils sont libres de dire et de
chanter ce qu’ils veulent.
Le journal français Le Monde te
définissait en octobre dernier en ces
termes : „Le comique le plus populaire
de Côte d’Ivoire utilisant au mieux
la dérision pour panser les blessures
d’une population lasse de la crise politique ou du scandale des déchets toxiques“. Vous retrouvez-vous dans cette
définition ?
Je l’assume pleinement. Il est vrai que
l’événement tragique le plus récent
est celui du déversement des déchets
BP 235 - avril 2007
toxiques dans un quartier populaire
d’Abidjan. J’ai fait un sketch là-dessus en
disant que „les déchets, on les connaissait avant parce qu’on est habitué“. Mais
c’est le toxique là qui nous a surpris.
Les globules blancs – les blancs donc
– ont déversé trop de déchets toxiques
dans notre sang – notre pays – avec le
concours de ses filles et fils. Les gens ont
bien apprécié et j’en ai été félicité.
Revenons à présent sur un plan
un peu plus sérieux. Notre continent
souffre de plusieurs maux, il est très
malade. Que pensez-vous de cet état
de choses?
Il faut que nos dirigeants africains
comprennent que quand on vient au
pouvoir, c’est pour servir et non se
servir. Un député ne peut être dans le
même confort qu’un président de la
République. Si vous arrivez chez certains
ministres, vous n’avez même pas la place
pour stationner un vélo, tellement il y a
de voitures partout. Il fait quoi avec tout
ça ? Voyez-vous, il n’est pas industriel. Il
devient intouchable. Ceux qui ne sont
plus au gouvernement ne conçoivent
pays hôte? Tant que nous n’aurons pas
compris cela, nous resterons sur notre
lit d’hospitalisation. Je pense qu’on est
suffisamment formé et instruit pour
sortir de cet état. Ce sont les mêmes
documents que nous avons étudiés en
Europe avec les blancs. De retour chez
nous, on n’a même pas honte de rouler
dans de belles voitures sans voies bitumées. Nos dirigeants aiment bien qu’on
les voie partout, dans les médias; qu’on
leur soit reconnaissant tout le temps. Il
faut que les gens travaillent.
Et en ce qui concerne la population?
AD: Elle doit elle aussi comprendre
qu’elle ne peut pas totalement confier
son destin aux seules autorités politiques. Le politicien, c’est quelqu’un
qui a l’art de jouer avec les mots pour
amadouer la population. Comment
peut-on convaincre quelqu’un avec un
sac de riz de 50 kg pour aller faire voter
toute une famille? Ce sac suffira-t-il pour
nourrir la famille pendant les cinq ans
du mandat électoral? Tant que ce genre
de mentalité subsistera, on n’évoluera
Il faut que nos dirigeants africains comprennent que
quand on vient au pouvoir, c’est pour servir et non
pour se servir.
même plus de réintégrer leur profession
initiale. Ils pensent ce sera synonyme
de régression. C’est ainsi qu’ils deviendront les lèche-bottes de ceux qui sont
aux affaires espérant redevenir ministre
un jour, ou alors quémander des postes
de conseillers, ambassadeurs, etc. Dans
certaines ambassades africaines et
d‘Europe, le service laisse à désirer. Je
me demande ce que ces diplomates sont
allés chercher là-bas. Ils ne servent pas
leur pays, ils font des affaires. Combien
sont-ils à inviter des artistes, des opérateurs économiques à venir promouvoir
les potentialités de leur pays dans leur
pas. Je veux dire aux jeunes Africains
d’avoir un esprit de créativité, d’initiative
personnelle. Ils doivent aimer travailler.
C’est le seul chemin pour s’en sortir.
Le problème de l’Afrique c’est l’Afrique
elle-même. Les solutions ne peuvent
venir que de ses enfants. Regardez la
Côte d’Ivoire, nous avons sillonné tous
les pays occidentaux pour régler la crise.
Mais c’est juste à côté ici à Ouagadougou
que l’ultime solution est trouvée.
Interview réalisée par Sena Afeto.
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Le coin des lectures
Le coin
des lectures
Amartya Sen: Warum es keinen Krieg
der Kulturen gibt
Gibt es einen „Krieg der Kulturen“ zwischen dem Westen und dem Islam? Die einen
sagen, wir sind bereits mitten in diesem Krieg, die anderen hoffen, den Konflikt durch einen
Dialog der Kulturen entschärfen zu können. Amartya Sen zeigt in seinem Buch, daß die
falsche Illusion einer einzigen Identität diesen „Krieg der Kulturen“ konstruiert und zugleich
fatal vorantreibt. Während die Welt zunehmend aufgeteilt wird in Blöcke aus Religionen,
Kulturen oder Zivilisationen, geraten uns andere Faktoren des menschlichen Daseins wie
Klasse, Geschlecht, Bildung, Beruf, Sprache, Kunst, Wissenschaft, Moral oder Politik immer
mehr aus dem Blick. Sens brillante Analyse von Multikulturalismus, Postkolonialismus,
Fundamentalismus, Terrorismus und Globalisierung macht vor allem eines klar: Die Welt
kann sich ebenso in Richtung Frieden bewegen, wie sie jetzt auf Gewalt und Krieg hinzusteuern scheint.
C.H.Beck: 210 Seiten
J.M.G Le Clézio: Raga
On dit de l‘Océanie qu‘elle est le continent invisible. Invisible parce que les voyageurs qui
s‘y sont aventurés la première fois ne l‘ont pas aperçue et parce qu‘aujourd‘hui, elle reste un
lieu sans reconnaissance internationale, un passage, un territoire qui a fait rêver bien des
explorateurs qui risquèrent leur vie pour l‘atteindre et essayer d‘en cartographier les contours.
J.M.G. Le Clézio n‘avait pas imaginé que le mythe rejoignait la réalité : il découvre l‘immensité
de l‘océan, les myriades d‘îles, d‘îlots, d‘atolls. De ce continent fait de mer plus que de terre,
il s‘approche, découvrant archipels, valeurs émergées des profondeurs, récifs coralliens.
L’auteur nous invite à la découverte de la culture océanienne, au repérage au moyen des
étoiles, à la méditation sur l‘immensité de la mer, à l‘amour des mères qui protègent leurs
enfants dans la tempête. Voyage initiatique, approche de la beauté vers l‘humanité, ce texte
ouvre une réflexion et une critique de la mondialisation qui vient mettre en péril l‘harmonie
d‘une civilisation précieuse mais fragile.
Editions du Seuil: 140 pages
Youssou N‘Dour: die Küche meiner Mutter
Rue 22, angle 31, in der Medina von Dakar: Ein Stadtviertel der kleinen Leute, voller
Gerüche und Farben, voller Leben und Festivitäten. Hier beginnt die Geschichte von Youssou
N’Dour, der die Musik seines Heimatlandes in der ganzen Welt berühmt machte. In diesem
Buch erzählt er über die authentische afrikanische Küche, so wie sie seine Mutter Sokhna
liebevoll für ihre große Familie seit seiner Kindheit bereitet. Die meisten Rezepte wurden seit
Generationen mündlich weitergegeben, hier sind sie zum ersten Mal notiert.
Christian Verlag: 194 Seiten
Le Centre d‘Information Tiers Monde (55, avenue de la Liberté) est ouvert du lundi au vendredi de 14.00 à 18.00 heures. Les frais d‘inscription au CITIM
s‘élèvent à 5 euros par année et permettent l‘emprunt de livres et tout autre matériel.
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BP 235 - avril 2007
Une exposition sur les besoins,
les ressources et l’équité
Eine Ausstellung über Bedürfnisse,
Ressourcen und Fairness
21.04.07 – 28.10.07
Les Soufflantes d’Esch Belval
val
s 19h
Du mardi au dimanche de 11h à 19h / Dienstag bis Sonntag von 11h bis 19h
Jeudi 11h à 21h / Donnerstag von 11h bis 21h
Concept Artistique / Künstlerisches Konzept: Martin Heller
Site de Belval Ouest, 12, Avenue des Hauts Fourneaux, L-4362 Esch-sur-Alzette
www.luxembourg2007.org www.allweneed.lu
Groupes scolaires sur inscription mardi au vendredi à partir de 9h / für Schulklassen auf Anfrage
Dienstag bis Freitag ab 9h
6€ / 5€ / 3€
Inscriptions scolaires et informations autour du programme pédagogique: / Einschreibung für
Klassen und Auskunft über das pädaogische Begleitprogramm:
[email protected] tél 26 02 09 24
Ce projet a été réalisé dans le cadre de Luxembourg et Grande Région, Capitale Européenne de la Culture 2007
sous le Haut-Patronage de Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse
partenaires All We Need