Homélie de Mgr Turini pour le jubilé de la Miséricorde des couples

Transcription

Homélie de Mgr Turini pour le jubilé de la Miséricorde des couples
HOMELIE DU PERE EVEQUE
JUBILE DES COUPLES-ANNEE DE LA MISERICORDE
DIMANCHE 14 FEVRIER 2016
CATHEDRALE ST JEAN-BAPTISTE DE PERPIGNAN
Sœurs et Frères bien-aimés,
Cet après-midi, sous les voûtes de notre Cathédrale, résonne le chant d’action de
grâce de votre amour. Même si vous ne l’entendez pas avec vos oreilles,
écoutez votre cœur, c’est là qu’il déploie sa mélodie.
Vous êtes venus renouveler ce OUI qui a tout changé dans votre vie.
Quelle que soit la façon dont vous l’avez prononcé dans la liturgie du sacrement,
tout son sens se déploie dans le bel échange des consentements :
« Veux-tu être ma femme ? Veux-Tu être mon mari ?
OUI.
Je te reçois comme épouse, comme époux et je me donne à toi pour t’aimer
fidèlement tout au long de notre vie ».
Votre présence ici-même, est le signe de cette fidélité que vous vous êtes promis
l’un à l’autre.
La fidélité n’est pas d’abord de l’ordre de l’héroïsme, mais de celui de
l’AMOUR.
« Par-dessus-tout revêtez l’amour » nous dit St Paul : « c’est le lien parfait ».
Il est possible que cette fidélité dans votre vie conjugale et familiale ressemble à
un long fleuve tranquille : tant mieux.
Il est possible aussi qu’à certains moments, elle ait pu ressembler à un torrent
capricieux, tumultueux, risquant d’emporter tout sur son passage au risque de
tout perdre au risque de vous perdre.
Mais c’est l’Amour par-dessus tout qui vous a permis de vous maintenir dans la
fidélité ou de la reconquérir.
C’est lui qui vous donne la force du pardon mutuel, qui vous remplit de ces
sentiments de compassion, de douceur et de patience, d’accueil réciproque.
AIMER FIDELEMENT quel engagement ! A vue humaine, cela paraît hors de
portée pour certains, d’autres parleront éventuellement de fidélités successives.
Chacune et chacun connaît ses propres limites ! Nous avons besoin de modèles,
de témoins pour AIMER FIDELEMENT.
Nous les trouvons certes autour de nous dans nos familles, chez nos amis, mais
nous voyons aussi beaucoup de séparations, de ruptures, d’infidélités qui
provoquent blessures et souffrances.
Y-a-t-il alors un modèle ou un témoin sûr de cet AMOUR FIDELE.
Aussi fort que vous l’avez prononcé le jour de votre Mariage, je réponds OUI :
Jésus. Il est le témoin fidèle de l’amour qui l’unit à Son Père et qui l’unit à Son
Eglise dont nous sommes les membres.
Non seulement son amour est fidèle, Il l’a vécu jusqu’à la Croix, mais il est
éternel depuis le matin de Pâques. Non seulement, Il vous donne la force de
vivre ensemble pour toujours, mais de vous aimer pour toujours.
En vous donnant l’un à l’autre, Il s’est lui-même donné à vous le jour où vous
avez échangé vos consentements. En sanctifiant votre amour, Il vous a aussi
appelé à la sainteté.
C’est Lui le lien parfait dont parle St Paul.
Si ce soir vous venez rendre grâce pour ce oui que vous vous êtes donné le jour
de votre mariage sacramentel, rendez grâce aussi parce que Jésus a dit OUI à
votre amour et que depuis Il vous donne son énergie pour le vivre, chaque fois
que vous le priez, que vous écoutez sa Parole, que vous recevez son Pain de Vie,
que vous vous replongez dans sa présence.
Je ne saurai trop vous encourager également à profiter de cette Année de la
Miséricorde pour vivre le Sacrement de la Réconciliation, afin qu’en plongeant
dans son pardon, vous expérimentiez combien il vient resserrer les liens de votre
amour et devient une force pour le vivre au quotidien.
C’est pour cela que vous êtes venus « chanter à Dieu, dans vos cœurs, votre
reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par
l’Esprit ». Et nous, vos prêtres et votre évêque nous sommes heureux de chanter
avec vous cet hymne d’amour que vous élevez vers le Seigneur.
J’ai parlé de fidélité, je voudrai aussi parler de bénédiction.
En disant OUI à votre amour Jésus l’a consacré, l’a bénit parce que déjà vous
êtes une bénédiction l’un pour l’autre.
Vous vous êtes reçu chacune, chacun comme un don de Dieu fait à l’autre et
nous savons que ce que Dieu donne c’est ce qui peut nous arriver de mieux, car
il veut le meilleur pour nous.
Vous le direz chacune et chacun dans un instant : « De ton amour, Seigneur, j’ai
reçu l’épouse, l’époux que je veux continuer à aimer fidèlement tout au long de
notre vie. Bénis sois-tu ».
Ce qui peut user le couple, c’est, certes, de moins se parler, de moins se regarder
peut-être, mais surtout de ne plus s’émerveiller.
« Emerveillez-vous de ce don de Dieu que vous êtes l’un pour l’autre ».
Je ne veux pas dresser une vision par trop irénique du couple, que l’on pourrait
me reprocher, j’ai fait allusion plus haut aux difficultés qui peuvent se présenter
dans la vie de votre couple. Chacun, chacun est marqué par son caractère et ses
défauts et il faut s’ajuster à l’autre en permanence tout au long de sa vie.
Mais la présence des plus anciens parmi nous montre que cela est possible.
Là encore, c’est Dieu qui unit les diversités, dans l’unité. Et s’émerveiller, c’est
regarder l’autre comme Dieu nous regarde : avec amour.
C’est pour cela qu’il est plein de miséricorde.
Le Père de la parabole n’a pas commencé par voir les mauvais agissements de
son Fils pour lui en faire reproche, mais sa décision de revenir à Lui, même si le
fils aîné pense qu’elle est discutable. Mais pour le Père c’est l’amour
inconditionnel pour ses enfants qui la motive.
C’est peut-être cela aussi la miséricorde vécue dans le couple : quoi qu’il arrive,
en Dieu vous avez cette certitude, qu’Il vous fera toujours revenir l’un vers
l’autre, malgré vos misères, malgré votre péché, parce que l’amour votre amour
nourrit par le sien est plus fort que tout. Savoir se demander pardon l’un à l’autre
est une preuve suprême de l’amour que l’on a l’un pour l’autre.
Je vous ai dit que vous êtes un don l’un pour l’autre, une bénédiction de Dieu
que chacune et chacun a reçu dans sa vie comme ce qui pouvait lui arriver de
mieux. Mais me disait un jour un évêque africain : « Tout don reçu est un
message à communiquer ».
Ce soir vos enfants et même vos petits-enfants vous accompagnent et rendent
grâce avec vous.
Ils sont la confirmation de votre amour mais ils en sont aussi les messagers,
parce qu’en vous accueillant comme don de Dieu et en vous donnant l’un à
l’autre votre amour s’est ouvert à la vie, a accueilli la vie. Ils sont avec nous
pour en témoigner. Qu’ils en soient remerciés.
De là où je vous parle, je ne peux que me laisser porter à la contemplation de ce
que je vois en vous regardant.
Je ne peux que rendre grâce pour l’œuvre que Dieu a accompli et continue à
accomplir dans vos couples depuis peu ou depuis longtemps et dans vos familles
et réaffirmer comme l’a fait le Pape François dans l’homélie de clôture du
Synode pour la famille : « l’importance de l’institution de la famille et du
mariage entre un homme et une femme, fondée sur l’unité et sur l’indissolubilité
et à l’apprécier comme base fondamentale de la société et de la vie humaine ».
En disant cela, je souhaite de tout mon cœur que ne sentent pas exclus celles et
ceux qui ont connu des difficultés, des épreuves et des séparations dans leur
couple allant parfois jusqu’au divorce. Dieu ne fait exception de personne dans
sa miséricorde et je veux leur redire mon affection et ma proximité de cœur et de
prière.
Mes amis, vous êtes devant moi et mes frères ministres ordonnés la parabole
vivante de l’Eglise. A travers votre union sacramentelle, c’est l’union de Jésus à
Son Eglise qui nous est donné de voir.
A travers vos familles, c’est la famille Eglise qui se présente à nous : celle où
chacun doit se sentir attendu, reconnu, respecté, aimé.
Famille Eglise envoyée par le Christ pour aider notre société à devenir ce qu’elle
doit être : une famille humaine.
Le OUI de Marie s’est transformé en MAGNIFICAT quand elle a mesuré auprès
d’Elisabeth les merveilles que Dieu a accomplies dans leur cœur.
Que le renouvellement de ce OUI chante en vous pour faire de votre couple et
de votre famille un très beau MAGNIFICAT. AMEN.