Le plan de financement

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Le plan de financement
PRATIQUE
Fiche pratique
Le plan de financement
CÉCILE KATLAMA, CNAR Financement, France Active
Le développement d’une association génère souvent des besoins de financement nouveaux.
Pour s’assurer de la pérennité et de la crédibilité du projet, le plan de financement permet
de vérifier que la totalité des flux financiers s’équilibre.
L’
association peut s’appuyer sur trois outils de gestion
- aux variations du besoin en fond de roulement (BFR) ;
prévisionnelle pour évaluer la viabilité économique
rappelons que le BFR mesure le décalage entre les entrées
et financière de son projet de développement :
d’argent encaissées et les sorties décaissées ; il traduit le
- le compte de résultat prévisionnel permet de vérifier que
besoin de financement lié au cycle d’exploitation de la
les besoins de financement liés au fonctionnement coustructure.
• Les ressources prévisionnelles (argent qui
rant sont couverts : les produits générés
« rentre ») correspondent à toutes les res(subventions d’exploitation, participation
des usagers…) sont-ils supérieurs aux
sources durables (internes et externes)
➜ Pour en savoir plus
• Le site de Solfia :
dont peut bénéficier la structure pour
charges correspondantes (charges de perwww.solfia.org
sonnel, loyers, amortissement des invesfinancer ses emplois.
• France Active :
tissements…) ?
www.franceactive.org
- le plan de trésorerie (ou prévisionnel de
Tour de table
• « Analyser la situation
financière de l’association »,
trésorerie), tableau périodique des encaisLe tour de table financier peut se concrétiAssociations mode d’emploi
ser par une réunion avec différents acteurs
sements et décaissements, permet d’idenn° 141.
tifier les éventuelles périodes d’insuffinanciers sollicités. Il peut également s’agir
• « Les indicateurs pour
fisance ; c’est un outil précieux, pour la
de rendez-vous distincts avec chacun des
repérer vos besoins de
financement », Associations
relation bancaire notamment ; il est généfinanceurs pressentis. L’objectif est d’idenmode d’emploi n° 139.
ralement réalisé sur une période d’un an.
tifier le rôle et la participation de chacun
• « La gestion comptable
(implication financière) dans la réussite du
et financière de votre
Équilibre financier
projet. L’association devra vérifier que les
association », Guide pratique
Associations mode d’emploi
Le plan de financement permet quant à lui
objectifs du projet correspondent bien aux
n° 20.
de s’assurer que les besoins en investissecritères d’éligibilité à un soutien financier
ment et l’évolution du besoin en fonds de
des partenaires. L’argumentaire devra être
roulement sont pris en charge sur plusieurs
adapté : faisabilité économique (notamment
exercices et que l’assise financière de l’association va rester
pour les banques), valeur ajoutée sociale (pour les pouvoirs
équilibrée. On parle bien ici d’équilibre financier (qui se rappublics), visibilité de l’action et valorisation des partenaires
porte au bilan), et non d’équilibre du modèle économique
(pour les fondations). ■
(qui se rapporte au compte de résultat). En d’autres termes,
il permet de s’assurer de la cohérence du plan de développement en ce qui concerne l’équilibre entre les besoins et les
ressources de financement. C’est aussi un outil de négociaLES PRINCIPAUX PARTENAIRES MOBILISABLES
tion auprès des apporteurs de fonds externes.
AUTOUR DU PLAN DE FINANCEMENT
Pluriannuel
Le plan de financement doit donc porter sur plusieurs exercices, idéalement trois à cinq ans. Schématiquement, on
trouve d’un côté les besoins financiers (ou emplois) de l’association pendant les années considérées, et de l’autre, les
ressources en trésorerie dont elle disposera.
• Les emplois prévisionnels (argent qui « sort ») sont les
besoins de trésorerie liés :
- aux nouveaux investissements,
Besoins
de financement
Solutions de
financement
Acteurs du
financement
Investissement
• Subventions
d’investissement
• Emprunts
bancaires
• Apports en
fonds associatifs
• Collectivités,
• Fondations
• Banques
• France Active
Variation du besoin
en fonds de roulement
Apports en fonds
associatifs
France Active
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Associations mode d’emploi
Numéro 144 Décembre 2012
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PRATIQUE
Fiche pratique
Les éléments constitutifs du plan de financement
Emplois (argent qui « sort »)
N+1
N+2
N+3
N+1
N+2
N+3
Investissements
Remboursement des dettes financières
Variation du BFR
TOTAL Emplois
Ressources (argent qui « rentre »)
Subventions d’investissement
Apports en fonds associatifs
Emprunts bancaires
Capacité d’autofinancement
TOTAL Ressources
SOLDE
CUMUL
Les investissements
La variation du BFR
Un investissement (actif
immobilisé) se distingue d’une
dépense d’exploitation qui elle,
sera affectée à un seul exercice.
L’investissement est un bien utilisé durablement par la structure (plus d’un an). Il peut être
matériel (locaux, matériel informatique, véhicule…), immatériel
(logiciels, brevets…) ou financier
(dépôt de garantie…).
Le développement d’un nouveau projet nécessite souvent
de réaliser de nouveaux investissements. Pour les estimer, l’association doit s’appuyer sur des
devis qui permettent d’évaluer
précisément les coûts engendrés.
L’évolution du besoin en fonds de roulement constitue un élément important des besoins
de financement liés au développement.
Un projet peut être économiquement viable (produits d’exploitation > charges de même
nature) mais nécessiter des besoins de trésorerie plus importants : en se développant,
une association fait souvent face à un allongement des délais de paiement de ses nouveaux financeurs (créances), tout en devant honorer d’avantages de charges. Ces décalages doivent être anticipés dans la mesure où les phases de forte croissance créent
d’importants besoins.
Le calcul de la variation de BFR peut se réaliser de la manière suivante :
• calcul du BFR de l’année N :
= Actif circulant (créances, stocks et en cours, charges constatées d’avance) – Dettes
d’exploitation (dettes fournisseurs, dettes fiscales et sociales)
= Ce qu’on me doit – Ce que je dois
• estimation (simplifiée) du BFR de l’année N + 1 :
= Produits d’exploitation prévisionnels rapportés à leurs délais d’encaissement prévisionnels + Croissance des stocks et encours – Charges d’exploitation prévisionnelles
rapportées à leurs délais de décaissement prévisionnels
= Besoins d’exploitation – Ressources d’exploitation
• calcul de la variation de BFR :
= BFR prévisionnel de l’année N + 1 – BFR de l’année N
Dans certains cas (peu fréquents pour les associations), la variation de BFR est
négative. Elle représente alors une ressource pour la structure.
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Les subventions d’investissement
Les subventions d’investissement sont des subventions destinées à acquérir de l’actif immobilisé. Il s’agit
des seules subventions que l’on retrouve au bilan (et non au compte de résultat comme les subventions d’exploitation). Elles émanent de partenaires publics (collectivités, services de l’État…) ou privés (fondations).
Les apports en fonds associatifs
Tout comme les subventions d’investissement, les apports en fonds associatifs sont des ressources externes
à l’association. On distingue les apports effectués avec et sans droit de reprise. Les apports avec droit de
reprise permettent la reprise par l’apporteur des fonds apportés au terme fixé (c’est le cas des apports du
réseau France Active) ou à la dissolution de l’association. Ces apports peuvent financer aussi bien des investissements qu’une évolution du BFR.
Les emprunts bancaires
Il s’agit de prêts émanant d’établissements bancaires, accordés sur
des durées supérieures à un an (la durée dépendra de l’objet du financement). Ils financent essentiellement des investissements.
Si les emprunts bancaires représentent une ressource du plan de
financement, le remboursement de ces emprunts représente un
emploi (il va falloir « sortir » de l’argent au moment du remboursement).
La capacité d’autofinancement
La capacité d’autofinancement (CAF) est la seule ressource du plan
de financement générée par l’activité de l’association. Elle se calcule
à partir du budget prévisionnel :
CAF = Produits monétaires de l’exercice que l’on encaisse
– Charges monétaires de l’exercice que l’on décaisse
On emploie le terme de produits et charges « monétaires » en opposition aux produits et charges « non monétaires » bien réels mais
ne donnant pas lieu à des flux financiers (dotations aux amortissements par exemple).
La CAF se calcule également de la manière suivante :
CAF = Résultat net
+ Dotations aux amortissements et provisions
– Reprises sur amortissements et provisions
– Quotes-parts de subventions virées au résultat
– Plus-values de cession d’actif
+ Moins-values de cession d’actif
La CAF représente le résultat « dépollué » de tous les produits et
charges calculés.
C’est l’un des indicateurs les plus regardés par les banques lorsqu’elles
instruisent un dossier de demande de financement d’une association sous forme de prêt. La CAF devra être supérieure au montant
des remboursements d’emprunt (sur une année).
Solde
Le solde du plan de financement (ressources – emplois) représente
la variation de trésorerie de la période. Il permet de constater s’il
y a un déséquilibre entre emplois et ressources.
MÉTHODOLOGIE DE CONSTRUCTION
DU PLAN DE FINANCEMENT
Le plan de financement détermine donc au plus
juste les besoins de financement liés au projet.
Il mesure également la capacité de l’association
à générer par elle-même des ressources.
Généralement, l’élaboration du plan
de financement nécessite plusieurs étapes :
1. Mesurer les besoins financiers liés au projet :
- lister et chiffrer les besoins d’investissements ;
- déterminer si le développement va générer
de nouveaux besoins de trésorerie à financer
(augmentation du BFR) ou au contraire, dégager
de nouvelles ressources de trésorerie qui vont
diminuer les besoins de financement (baisse
du BFR).
2. Recenser les ressources financières pour couvrir
les besoins et équilibrer le plan de financement :
- évaluer les ressources générées par l’association
(estimation de la capacité d’autofinancement
prévisionnelle) ;
- si les ressources générées ne sont pas suffisantes,
rechercher une ou plusieurs solutions financières
externes afin d’équilibrer le plan de financement :
subventions d’investissement, apports
remboursables, emprunts bancaires.
Le plan de financement est ainsi issu d’une
démarche itérative, en lien direct avec la réflexion
sur la stratégie de développement.
Si l’association ne parvient pas équilibrer le plan
de financement, la stratégie pourra être ajustée
et les hypothèses modifiées :
- en redimensionnant l’investissement (pour limiter
l’investissement et réduire le besoin, l’association
pourra dans certains cas recourir à de la soustraitance ou bien étaler l’investissement
sur plusieurs années) ;
- en optimisant le besoin en fonds de roulement
(par exemple, en diminuant les délais
de versement des créances des usagers
ou en augmentant les délais de paiement
des fournisseurs) ;
- en recherchant un meilleur équilibre entre
les charges et les produits prévisionnels pour
augmenter la capacité d’autofinancement ;
- en optimisant l’intervention des partenaires
externes.
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