des primes pour tous

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des primes pour tous
N° 36 ‐2013 ‐ Roissy, décembre 2013 DES PRIMES
POUR TOUS !
D
epuis la semaine dernière, les débats sont enflammés dans la compagnie au sujet des primes exceptionnelles attribuées à une partie des salariés. La distribution de ces primes résulte de l’application des mesures salariales 2013 (NAO) : gel des salaires, enveloppe globale d’augmentations individuelles (1,4%), confor‐
mément aux nouvelles dispositions de la Convention d’entreprise Sol, qui « permettent aux directions d’instaurer, entre autres, des mesures d’ajustement salarial destinées à récompenser des efforts particuliers qui seront déterminées à l’automne dans la limite de l’enveloppe restante ». De plus, les sommes distribuées (évidemment hiérarchisées, comme l’intéres‐
sement) varient au bon vouloir des responsables et des secteurs de l’entreprise sans aucune transparence (de 150 à 900 euros d’après ce que nous constatons). Quid des règles d’attribution même s’il est prétendu que la décision est consécutive à l’évaluation annuelle de chaque salarié(e) ? Au regard des fiches de poste et du pourcentage de FAA réalisés, cette affirmation des dirigeants ressemble à une mauvaise plaisanterie. Dans le contexte actuel, il aurait été juste de redistribuer à chaque salarié les 1,4 % de la masse salariale attribués à chaque secteur. TRANSFORM’2015 :
L’INJUSTICE !
Dans des circonstances où la direction n’a de cesse d’invoquer l’équité et la nécessité de motiver les personnels pour faire face aux obstacles rencontrés par la compagnie, nous pouvons mesurer son efficacité ! Quelle reconnaissance pour toutes celles et ceux laissés pour compte ? « Transform’2015 : des efforts partagés » … en réalité des récompenses aléatoires et individuelles ! CASSER L’ESPRIT D’EQUIPE
Les relations de travail sont bien régies par la coopération, l'échange de type don‐contre don, dans lequel il faut donner, recevoir et rendre. Le problème de notre direction c’est qu’elle n’a pas la conviction que les femmes et les hommes de la compagnie sont au cœur de la performance de l’entreprise. Dès lors, elle ne fait pas de la reconnaissance une action constructive et/ou une appréciation de la contribution des acteurs de l’entreprise, tant sur le plan des pratiques professionnelles que sur celui de l’investissement personnel. Plutôt que cela, elle divise et oppose. Son slogan ressemble à « j’en ai bavé pour en arriver là, il va falloir que tu en baves à ton tour ». RECETTE POUR DEMOTIVER
LES SALARIES(ES)
Parmi les méthodes de management qui ont traversé l'Atlantique ces dernières années, et qui ont été condamnées par les juges français, on trouve le « forced ranking ». Le « forced ranking » est un procédé qui consiste à classer les salariés dans des catégories (le plus souvent sur la base de critères tels que la réalisation des objectifs) sur une échelle censée graduer le meilleur. Le « forced ranking » est une « version hard » de cette méthode qui consiste, pour les managers, à classer leurs collaborateurs dans différentes catégories préétablies par la direction, et affectées de quotas. Par exemple, dans la première catégorie (celle des meilleurs éléments et au moins 25 % des salariés quoi qu’il advienne), dans la seconde (celle des éléments « moyens »), il faut au moins classer la moitié des effectifs, etc. Vu le schéma, on s'en doute : malheur à ceux qui se trouvent rangés dans la dernière catégorie. La Cour de cassation, qui représente la plus haute juridiction du pays, a condamné clairement cette pratique du ranking « par quotas ». La direction Air France doit certainement ignorer ce jugement... Nous sommes bien dans ce cas de figure avec ce mode de rémunération. Il y a 3 catégories : « les mauvais », avec un quota de 20 % minimum, « les moyens » et « les bons ». Exemple pour les cadres : zéro euro pour les mauvais, entre 300 et 400 euros pour les moyens, et 700 à 900 euros pour les bons. FAITES VOS COMPTES
En résumé, quelle que soit la somme obtenue par chaque salarié, au vue des différentes mesures de blocage des rémunérations imposées par Transform’2015, la direction ne risque pas de casser sa tirelire avec cette distribution de bons points éphémères ! Chacun doit malgré tout prendre conscience que ces primes ne seront pas prises en compte pour le calcul de la pension de retraite et de plus, rien n’oblige la direction à réitérer l’opération l’année prochaine. ON NE NOUS DIT PAS TOUT !
Le meilleur étant pour la fin, la direction a cru bon de distribuer des primes exceptionnelles de 150 euros à 450 euros à certains syndicalistes permanents. Une chose est certaine, la CGT n’a pas été informée par la direction du versement de la prime à certains de ses délégués. Nous avons adressé un courrier à la direction de l’entreprise en stipulant que nos délégués refuseraient ces primes si elles n’étaient pas attribuées à l’ensemble des salariés(es). Notre éthique est limpide : ni plus ni moins que les salariés. Nous demandons l’extension de cette prime, de façon uniforme, à toutes et tous car l’ensemble des salariés s’est vu imposer des efforts dans le cadre de Transform. Cette prime aurait dû être un acte destiné à renforcer la cohésion sociale dans l’entreprise. Au lieu de cela, elle incarne la déshumanisation et l’esprit de compétition entre salariés. LA DIRECTION DOIT ATTRIBUER UNE PRIME A TOUS LES SALARIÉS !