Passez muscade, le tour est joué !!

Transcription

Passez muscade, le tour est joué !!
A vous Mesdames et Messieurs les participants et intervenants au colloque du
19 octobre 2016
CACHEZ CES MINEURS, CES INVISIBLES QUE l’ON NE SAURAIT VOIR !
Le 13 septembre dernier, lors d’une réunion publique en mairie du 18ème
Madame Versini déclarait :
« Il n’y a pas un seul mineur isolé à la rue à Paris »
Ce colloque prend pour acquis que tous les mineurs isolés étrangers seraient pris en charge.
Or, l’ADJIE et quelques collectifs communiquent régulièrement les noms, prénoms et dates de
naissance de mineurs refusés par la DASES ; Ce sont 132 noms de mineurs refusés entre
janvier et mai 2016 qui ont été communiqués à Mme Versini.
Il existe bien un dispositif dont les étapes conduisent à mettre de nombreux mineurs à la rue dans Paris
En 1 : A leur arrivée au DEMIE, ou après quelques jours, on fait passer à ces jeunes
l’entretien d’évaluation
En 2 : On leur pose des questions sur leur périple, sur leur âge, leurs parents, la composition
de la fratrie, les motifs qui leur ont fait quitter leur pays
En 3 : Les motifs de refus :
Leurs réponses jugées évasives, l’absence de photo sur leur document d’état civil …
Et la sanction tombe : « vous n’apportez aucun élément permettant d’étayer la minorité que
vous alléguez ».
Nous sommes dans un système sans bienveillance, où la présomption de majorité domine :
s’ils ne sont pas reconnus mineurs, ils ne sont pas non plus majeurs; le doute dans l’intérêt
de l’enfant, pourtant bien inscrit dans les textes, n’a pas cours pour eux.
En 4 : Les conséquences du refus :
Une mise à la rue, sans protection et sans solution, avec l’adresse du 115 inaccessible
pour un mineur, et saturé.
Passez muscade, le tour est joué !!
Et c’est ainsi qu’on peut déclarer « qu’il n’y a aucun mineur à la rue dans Paris »
A Paris, près de 80% de ces jeunes en raison de ce dispositif,
sont sans hébergement, contraints de vivre à la rue.
UN SYSTEME ABSURDE
L’entretien d’évaluation dont le processus est décrit plus haut est promulgué partout en
France.
Il est l’outil, dès l’entrée des mineurs sur le territoire des politiques des départements qui
conduit à les exclure dès leur arrivée et par conséquent à ne plus respecter la convention
internationale des droits de l’enfant que la France a signée et ratifiée.
Comment avoir accès à la santé, à un suivi social dans ces conditions ?
Comment avoir accès à la scolarisation alors même que celle-ci est actuellement soumise à un
hébergement ?
Comment vivre et grandir quand les soupçons de mensonge sur leur identité s’ajoutent
aux séquelles de leur parcours migratoire et de l’exil ?
Quant aux mineurs ou justes majeurs qui ont franchi l’étape de l’évaluation et sont
mis sous protection, les difficultés ne sont pas moindres
Ils sont pour le plus grand nombre logés en hôtel, c'est-à-dire sans accompagnement véritable,
et pour beaucoup sans suivi médical, psychologique.
L’accès à l’école publique leur est massivement refusé, l’ASE de Paris lui préférant
« Aprelis » structure qui fait de l’apprentissage de base et ne prépare à aucune qualification
professionnelle reconnue par l’état. Quel avenir leur réserve t on ainsi ? Une vie de « sans
papiers » corvéables à merci ?
Ils sont dans une survie permanente, et continuellement sous tension, dans la crainte d’être
mis à la rue, guettant une décision judiciaire, favorable ou non, ou une décision de
prolongation de prise en charge au-delà de 18 ans.
Tels sont les constats qu’il est nécessaire de faire
Ce que nous décrivons repose sur une réalité concrète qui n’est pas, dans ce processus, une
simple erreur de parcours ou une exception.
On nous dira que rien n’est parfait et que tout est fait pour améliorer la situation.
Or, nous accompagnons depuis des années des centaines de mineurs qui se débattent dans
cet environnement sans que nous puissions voir d’avancées sur le fond.
Devant cette situation, il est légitime de se poser cette question :
L’intérêt de l’enfant est-il au centre des préoccupations de la Mairie de Paris ?
Les Collectifs Réunis pour la Protection des Jeunes Isolés [email protected]
(ASMIE, TIMMY/CPSE, permanence ADJIE, …)

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