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18-Bibliothèque-06_Mise en page 1 22/05/12 15:37 Page136
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lande, de la Grèce et de l’Irlande
sont autant d’implacables réquisitoires contre la cécité et/ou le
manque de courage des responsables
politiques. Et ce n’est pas tout : avec
une impitoyable causticité, surtout
dans le cas de la Grèce, Lewis cible
sans détours l’incivisme des citoyens.
Exemple, à propos d’une manifestation de fonctionnaires contre l’austérité :
Michael Lewis
Boomerang.
Europe : voyage
dans le nouveau tiers-monde
Paris, Éditions Sonatine, 2012, 220 p.,
20,30 €
Michael Lewis connaît parfaitement la recette américaine du bestseller : anecdotes, formules chocs,
humour, points de vue tranchés. On
peut s’agacer, voire plus, de son
usage abusif des stéréotypes culturels :
C’est la version grecque du Tea
Party : des inspecteurs des impôts
qui touchent des pots de vin, des
enseignants d’écoles publiques qui
n’enseignent pas vraiment, des
employés grassement payés de compagnies de chemin de fer en faillite
dont les trains ne sont jamais à
l’heure, des employés d’hôpitaux
publics soudoyés pour acheter des
fournitures à un prix exorbitant.
Voilà où ils en sont, et nous aussi :
une nation d’individus qui cherchent à faire porter le chapeau à
n’importe qui sauf à eux-mêmes
(p. 91).
Le meilleur moyen de découvrir une
ville, c’est de s’y promener à pied,
mais partout où je vais des Islandais
me rentrent dedans… (p. 29).
Il n’empêche : avec toutes les
limites du genre, ce livre est l’un des
documents les plus éclairants sur le
volet européen de la crise financière.
On y trouve peu de théorie économique, mais un démontage précis
des processus ayant conduit à la crise
et des analyses pénétrantes de la
psychologie des acteurs. Après le
Casse du siècle (2010) – véritable
polar sur la crise des subprime vue
depuis Wall Street –, Michael Lewis
nous offre un nouveau témoignage
sur les incroyables dérives et délires
d’un milieu professionnel voué en
principe à l’exercice de la plus froide
des rationalités.
Dans ce second ouvrage, le
monde de la finance n’est pas seul
dans le collimateur, et c’est ce qui le
rend encore plus intéressant. Les
chapitres consacrés aux cas de l’Is-
Excessif ? Sans doute, mais les
faits et propos rapportés par l’auteur
sont éloquents et ne laissent pas
indifférent. On sort de cette lecture
encore plus pessimiste sur la capacité de nos sociétés à prendre en
charge leur avenir :
Quand les gens accumulent des
dettes qu’ils trouveront difficiles,
voire impossibles à rembourser, ils
disent plusieurs choses à la fois. Ils
disent de toute évidence qu’ils veulent plus que ce qu’ils ont les
moyens de s’offrir immédiatement.
Ils disent aussi, de façon moins évi136

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