Paris, le 17 juin 2008 S. CHARRIER Co-responsable du
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Paris, le 17 juin 2008 S. CHARRIER Co-responsable du
Paris, le 17 juin 2008 S. CHARRIER Co- responsable du Secteur Contenus V.MARGARIA Co- responsable du Groupe Documentation Monsieur LEGOFF Ministère de l’Education Nationale Inspection Générale Etablissements et Vie Scolaire 61- 65 rue Dutot 75015 PARIS Monsieur le Doyen, Lors de notre audience avec vous le 28 mai dernier, nous vous avons fait part de nos inquiétudes au sujet de la place de l'information - documentation et des enseignants documentalistes dans les projets de nouveaux programmes de collège. Nous nous permettons de revenir vers vous expliciter les raisons qui nous font considérer ces avant- programmes comme une régression pour la formation des élèves, en matière de culture informationnelle. Les programmes actuels n'accordaient déjà pas, selon nous, suffisamment de place aux activités documentaires en collaboration avec l'enseignant documentaliste. Mais les nouveaux n'en accordent plus aucune. Il n'est plus à aucun moment fait mention du travail en collaboration avec les documentalistes ni même du lieu CDI (si ce n'est une seule mention dans le programme d'éducation civique). L'usage des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) traverse tous les projets de programmes, globalement recentrés sur l'objet technique. Du coup, on ne trouve plus rien dans le programme de français sur la lecture d'ouvrages documentaires, le maniement du dictionnaire, la lecture de la presse, bref, l'approche de supports documentaires variés, et pas uniquement informatiques. De même, en histoire- géographie et éducation civique, les parties du programme sur la recherche documentaire, assez développées jusque là, ont été très fortement réduites. Le seul programme qui accorde une large place à l'information- documentation, mais du point de vue des TIC uniquement, est celui de technologie. Or, nous constatons que les notions concernant la maîtrise de l'information introduites dans ce programme (« recherche d'informations sur la toile » en 6ème, « Moteur de recherche, mot clé, opérateurs de recherche » et « Identifier les sources » en 5ème, etc.), l'ont été sans cohérence ni réelle progression pédagogique, et sans faire apparaître, à aucun moment, une possible collaboration avec le professeur documentaliste. Pourtant, le professeur documentaliste, titulaire d'un CAPES qui atteste de sa maîtrise des savoirs info- documentaires, est le garant de la formation des élèves à la culture de l'information. Nous avions déjà souligné le risque que faisait courir l'éparpillement des compétences informationnelles dans le socle commun. Elles sont en effet citées dans le pilier « maîtrise de la langue française » (1), « compétences sociales et civiques » (6), « initiative et « autonomie » (7) et bien sûr, dans le pilier « maîtrise des TUIC » (4). Seul un pilier « maîtrise de l’information », regroupant toutes ces compétences, aurait pu permettre d’apporter une véritable culture de l’information aux élèves, culture qui ne se réduit pas à la culture numérique. Ces projets de programmes, qui visent à mettre en oeuvre le socle, ont donc confirmé nos craintes. Pour que les apprentissages documentaires soient opérationnels pour les élèves, les programmes d'enseignements, toutes disciplines confondues, doivent accorder une vraie place aux activités documentaires en collaboration avec l’enseignant documentaliste. Ceci va de pair avec la formalisation des contenus d’enseignement en « information - documentation », par le biais d’instructions officielles, qui permettraient aux professeurs documentalistes de bâtir l’indispensable travail en complémentarité avec leurs collègues d'autres disciplines. C'est le sens de la première proposition que nous avons soumise au Ministre pour revaloriser la profession d'enseignant documentaliste, dans un courrier du 10 avril 2008, dont nous vous avons remis copie lors de notre audience. Nous espérons que vous serez sensibles à l'alerte de toute une profession qui, par ces projets de nouveaux programmes, voit son rôle pédagogique marquer un recul significatif. Comment l'expliquer, alors que dans un récent rapport de l'Unesco (Introduction à la maîtrise de l'Information , 2008), la maîtrise des médias, de l'informatique et de l'information est reconnue comme un défi majeur pour la formation des citoyens de demain ? En espérant que vous apporterez toute l'attention nécessaire à ce dossier, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Doyen, l’assurance de nos sentiments respectueux. S. CHARRIER Copie à : M. Durpaire V.MARGARIA