Le Métier de documentaliste

Transcription

Le Métier de documentaliste
Analyse de Joachim SCHÖPFEL
[email protected]
I2D – Information, données & documents
n°3, septembre 2015
©ADBS
Le Métier de documentaliste
Jean-Philippe Accart ; avec la collab. De Marie-Pierre Réthy ;
préf. d’Anne-Marie Libmann et Véronique Mesguich
4e éd. – Paris : Électre-Éd. du Cercle de la
librairie, 2015. – 425 p. – ISBN 978-2-76541461-2 : 42 €
UNE FINE OBSERVATION DE L’ÉVOLUTION DU MÉTIER DU DOCUMENTALISTE
Aucun doute : seize ans après sa première édition, ce livre reste la référence pour la profession de documentaliste. Que
fait un documentaliste ? Quels sont ses objets, ses méthodes, ses techniques, procédures et outils ? Quel est son environnement professionnel ? Comment se distingue-t-il des autres métiers de l’information, des bibliothécaires, archivistes, etc. ? Quel est son rapport avec les utilisateurs, et qui sont-ils ? Aussi systématique que détaillé, le livre propose
une réponse à toutes ces questions, mais insiste dès le début sur le fait qu’il s’agit là d’un « projet en constante évolution ».
La préface, signée par les anciennes coprésidentes de l’ADBS Anne-Marie Libmann et Véronique Mesguich1, met l’accent sur les immenses bouleversements du monde de l’information professionnelle. On pourrait avoir l’impression que tout a changé depuis 1999. Vraiment ? Nous avons
posé la question à Jean-Philippe Accart de savoir s’il n’existait réellement pas d’invariants dans ce métier. Sa réponse : « Ce qui a changé principalement est l’environnement économique, le monde de l’entreprise, la technologie, le rapprochement avec d’autres métiers connexes (bibliothèques, archives par exemple). Ce qui reste invariable pour les documentalistes réside dans le cœur du métier, à savoir : le traitement et l’analyse
de l’information, la relation avec l’utilisateur, les services mis en place, la diffusion de l’information et l’adaptation aux changements qui sont
constants, surtout par rapport à la technologie. »
La première partie du livre décrit ces changements d’environnement, relatifs aussi bien à l’information et à la société qu’aux profils, besoins et
pratiques de l’utilisateur. On retrouve les « invariants » et la continuité du métier davantage dans la deuxième partie. Le métier est abordé sous
plusieurs aspects, par le biais de son objet (le document) et des caractéristiques élémentaires de la documentation, à partir des formations et
compétences des professionnels, puis sous l’angle de la gestion, de l’évaluation et du marketing des services documentaires.
Les troisième et quatrième parties du livre sont consacrées aux techniques et technologies de la documentation. Par techniques documentaires,
on entend l’acquisition et le traitement des documents et la diffusion de l’information. Quant aux technologies, on y trouve l’informatique documentaire, la GED et la veille (naturellement), mais aussi le travail en réseau, la numérisation et - nouveauté - les données. Le tout présenté d’une
façon synthétique et richement documentée.
Il est impossible de prédire l’avenir, mais on peut essayer de dégager les dynamiques et tendances du moment. La cinquième et dernière partie
intitulée « Développements » analyse quatre points, dont la médiation et l’évaluation, qui sont aux yeux des auteurs essentiels au développement du métier de documentaliste. Leur crédo : « Si ce métier reste attaché à des valeurs d’échange et de partage, il doit être encore mieux
imbriqué dans la vie sociale et dans celle des organisations pour assurer son futur ».
Quelle évolution suscite le plus d’intérêt actuellement auprès du professionnel ? De nouveau, nous avons posé la question à Jean-Philippe Accart.
Sa réponse : « Je dirais les réseaux sociaux (soit par leur refus, soit par leur acceptation totale), et également le Big Data ». On ne sera donc pas
surpris que les données occupent une place importante dans cette quatrième édition.
À feuilleter le livre, on se rend compte qu’on tient une formidable boîte à outils dans la main, pour enseigner et former de futurs documentalistes, pour créer et développer un service documentaire, pour recruter des professionnels, mais aussi pour mettre à jour les référentiels de
compétences et d’emplois-types. Il aidera également à répondre aux étudiants quand ils posent des questions concernant l’avenir de ce métier.
Par ailleurs, nous avons également demandé à l’auteur quelle était, selon lui, la force du métier susceptible d’en assurer encore l’existence dans
vingt ans ? Il a répondu qu’il était difficile de faire des prévisions à si long terme… avant d’ajouter : « Le besoin de professionnels pour gérer les
données (c'est-à-dire la curation), pour effectuer des recherches d’information pointues et ciblées, [pour assurer] l’organisation et la mise en forme
de contenus… Bref on reste beaucoup sur le cœur du métier, qui me paraît en faire la force parce que ce sont des techniques particulières qui ne
sont pas enseignées ailleurs (ou pas de la même manière) ».
Ce métier s’appellera-t-il toujours « documentaliste » ? Rien n’est moins sûr. Le livre se termine sur quelques remarques sur le concept
d’architecte de l’information, qui soulignent des dimensions comme « les besoins des utilisateurs, l’organisation de l’information et des connaissances et l’évaluation de l’expérience utilisateur ».
Jean-Philippe Accart, depuis 1983 tour à tour bibliothécaire, documentaliste, formateur, enseignant, chercheur, responsable de service, coordinateur de réseau, auteur et consultant, est un fin observateur de l’évolution du métier du documentaliste depuis plus de vingt ans. Ses réflexions et
analyses concernant les activités, compétences et conditions d’exercice de ce métier pas toujours comme les autres accompagneront les documentalistes dans les années à venir.■
1
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