Images du Japon (5) La météo a un peu changé. Durant la semaine

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Images du Japon (5) La météo a un peu changé. Durant la semaine
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Images du Japon
(5)
La météo a un peu changé. Durant la semaine, la chaleur s’est faite moins forte, mais au profit
de la pluie… l’humidité demeure. D’ailleurs, ceci doit être fréquent : dans la maison religieuse
qui nous accueillait pour la retraite, il y avait un déshumidificateur d’air dans une des pièces de
mon logement.
Ceci a confirmé ce que j’avais vu dans plusieurs films japonais : la présence permanente de la
pluie ; je pense en particulier à certains films d’horreur : Ring et surtout Dark water. Des films
que je recommande pour qui aime ce genre. Ces films ont connu des remakes américains ; on
les préférera bien entendu dans leur version japonaise. Ils montrent en particulier combien les
Japonais vivent en présence des esprits ; ici, ils sont maléfiques. Les dessins animés de Hayao
Miyazaki sont aussi pleins d’esprits, mais alors positifs et bienfaisants.
Je peux également souligner un autre avantage du Japon, il concerne les pieds. Sitôt que l’on
entre dans un bâtiment, on dépose ses chaussures pour préférer des chaussons. Parfois même
les chaussettes, ainsi dans la chapelle des Sœurs où s’est déroulée la retraite : confort assuré !
Les pieds… essentiels pour les missionnaires qui durent se déplacer par ce moyen jusqu’au
début du XXe siècle. Dans leurs récits ils écrivent ce que cela signifie.
« Quand on veut sortir, il faut prendre des souliers de paille. Pas cher : deux paires pour un sou,
mais pas solide ! On en use 2 paires par jour, une le matin et l’autre le soir. J’ai déjà fait
l’expérience de ces beaux souliers en passant la montagne vers Morioka, au mois d’avril. C’est
commode, mais pas chaud pour les pieds qui en souffrent… » écrit le Père Cussonneau, natif
des Mauges, arrivé au Japon en 1886.
Les choses ont un peu changé !
Il rapporte aussi ce fait. « Un seul ennui : je me frappe la tête continuellement dans les portes
japonaises qui sont trop basses pour moi. Ces bons japonais construisent leurs maisons à leur
taille qui est petite, sans se douter qu’ils auraient un jour un grand missionnaire à venir les
évangéliser. » Depuis, les portes sont plus élevées, mais non, pas toutes !
D’ailleurs beaucoup de choses ont évolué ; le Japon est depuis longtemps à la pointe dans les
technologies de tous domaines jusqu’à cette spécialité nippone : la sophistication des toilettes…
Les prêtres des MEP furent, au Japon, jusqu’à une centaine dans les années 60 ; aujourd’hui,
ils sont quinze. Je suis heureux de côtoyer des hommes qui sont toujours un peu des aventuriers
et des durs à cuire. Je me réjouis qu’actuellement, un séminariste originaire du diocèse, plus
exactement du Bocage, commence sa formation, au séminaire de Saint Sulpice pour les
Missions Etrangères de Paris.
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C’est avant tout l’amour de Dieu et des hommes qui poussèrent ces missionnaires à partir si
loin de chez eux pour connaître une vie très difficile. Revenus au Japon à partir de 1865, les
prêtres MEP durent se faire « ambulants » : en effet, la loi leur interdisait de résider plus de
trois jours dans la même ville, le même village. A l’image de saint Paul, ils furent des
missionnaires itinérants, leurs missions furent qualifiées des « ambulances du nord Japon », ils
partirent en effet du Kyushu pour aller vers le nord, dans le Honshu.
Voici ce qu’écrit le Père Cadilhac en 1893 : « J’ai besoin de me dire souvent : mais mon garçon,
cela valait-il la peine de quitter son père, sa mère, ses frères, ses sœurs, son pays, ses amis ?
Tout ce qui fait le charme de la vie pour franchir dix mille lieues de distance, venir dans un
pays inconnu, vivre avec un peuple qui a la réputation d’être gentil, poli, aimable, c’est vrai,
mais qui, crois le bien, est composé d’hommes soumis aux sept péchés capitaux, et qui vous
aurait promptement dégouté si une force supérieure ne vous attachait au devoir en vous
remplissant de patience et de charité. Et si après une vie de privation, de souffrances, de
sacrifices, si après être allé si loin, on allait au diable finalement. Quelle folie ! Si par sa faute,
on rendait toute sa vie inutile, et si on manquait la porte du paradis. Non, il ne faut pas la
manquer cette porte du paradis, devrait-on souffrir tous les tourments, endurer toutes les
misères. »
A Nagasaki nous avons bénéficié d’un accueil plus que cordial par l’archevêque, Mgr Takami,
un sulpicien ; il exprime toute sa gratitude pour les prêtres MEP et leur don d’eux-mêmes pour
le peuple japonais.
Cette ville est marquée à la fois par son histoire chrétienne et par la bombe, les principaux lieux
historiques évoquent ou l’une ou l’autre, mais aussi les deux à travers la personnalité
exceptionnelle du Dr Nagai. Baptisé avant la guerre, il perdra sa femme le 9 août 1945, serait
atteint de leucémie et consacrera ses dernières années à une vie de grande simplicité au service
de la paix.
Ce dimanche 2 octobre, nous avons visité le sanctuaire où sont honorés les 26 martyrs, parmi
lesquels Paul Miki. Arrêté et sa mort prochaine, il écrivait ceci : « Je n’ai commis aucun crime,
la seule raison pour laquelle je suis mis à mort est que j’ai enseigné la foi que Seigneur Jésus
Christ […]. La loi chrétienne commande que nous pardonnions à nos ennemis et à ceux qui
nous font souffrir ». Ce même 2 octobre, à Saint Etienne du Rouvray, près de Rouen, la messe
était à nouveau célébrée dans l’église où fut assassiné le Père Jacques Hamel.
+ Pascal Wintzer
Le dimanche 2 octobre 2016

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