Images du Japon (6) Comme les fois précédentes, je parle du climat

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Images du Japon (6) Comme les fois précédentes, je parle du climat
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Images du Japon
(6)
Comme les fois précédentes, je parle du climat ! Arrivés samedi à Nagasaki, nous avons
retrouvé un temps chaud et lourd, près de 35° ; c’est inhabituel début octobre, il semble qu’un
typhon près de Taïwan fait monter la chaleur vers le Japon.
Nagasaki est une ville un peu exceptionnelle au Japon : elle est le berceau du christianisme,
c’était un port ouvert au commerce international au XVIe siècle, et c’est aussi dans cette ville
que les premiers prêtres des MEP, dont le Père Petitjean, découvrirent les chrétiens cachés à la
fin du XIXe siècle.
Trois signes leur permirent de reconnaître dans ces missionnaires français des disciples de Jésus
Christ et des catholiques, signes donnés par les missionnaires du XVIe siècle et auxquels les
catholiques demeurèrent attachés pendant les 250 ans de leur vie cachée : la Vierge Marie,
l’attachement des prêtres à leur « chef » d’ailleurs (il s’agit du pape) et le fait que les prêtres
soient célibataires. Ayant constaté cela chez les prêtres MEP ils purent donc se faire reconnaître
d’eux.
Marie Khannon, statue des chrétiens cachés
Aujourd’hui, au Japon, les chrétiens demeurent une petite minorité : 450.000 personnes dans
un pays de 127 millions d’habitants.
Le Japon connaît comme ailleurs de profondes transformations sociales : fragilisation des liens
familiaux (divorces, familles monoparentales), des disparités sociales qui s’accentuent, un
travail précaire pour beaucoup, des migrations internes vers les métropoles qui sont les lieux
du développement économique, etc. Toutes choses que nous constatons pareillement ailleurs,
en particulier en France.
Ces changements de la société affectent les vies personnelles et aussi la transmission de la foi
qui, surtout ici dans le sud et à Nagasaki, se fait essentiellement dans le cadre familial. Ceci a
des conséquences pour l’ensemble de la vie de l’Eglise. Un exemple, cette année, un seul jeune
est entré au séminaire pour tout le Japon.
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Les questions qui sont devant nous sont redoutables, nous les connaissons bien : comment vivre
et annoncer la foi dans une société éclatée et engendrant nombre de fragilités ? La réponse ne
sera pas dans la reproduction des modèles d’hier, ceux-ci correspondant à une société qui
n’existe plus.
Quittant Nagasaki, nous prîmes le train pour Fukuoka – et ce n’est pas le Shinkansen, il ne va
pas encore jusqu’à Nagasaki –.
Fukuoka est une ville du nord de l’île de Kyushu qui connait un grand développement grâce
aux nouveaux métiers : électronique, services, etc. Même au Japon, l’industrie lourde souffre
de la concurrence des pays asiatiques à bas coût.
Mardi matin, je prendrai un avion tôt pour Tokyo où je changerai pour un vol vers Paris.
A Fukuoka nous retrouvons un autre prêtre MEP, présent à la retraite la semaine dernière,
Marcel Kauss. Il travaille pour le diocèse dans un centre chargé de venir en aide aux SDF, aux
sortants de prison – occasion de dire que tous les pays d’Asie, dont le Japon, pratiquent encore
la peine de mort – et d’anciens drogués qui suivent un programme de sevrage.
J’ai été heureux de ce deuxième voyage au Japon, de l’accueil par son Eglise et d’avoir mieux
connu certains des prêtres des Missions Etrangères de Paris. Comme je l’écrivais, ce sont pas
des demi-sel, plutôt des durs à cuire ; ils me montrent comme à chacun que la mission, son
urgence, ne souffre pas la demi-mesure.
+ Pascal Wintzer
Le lundi 3 octobre 2016