Eléments de corrigé : l`histoire du monde a-t
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Eléments de corrigé : l`histoire du monde a-t
Eléments de corrigé : l’histoire du monde a-t-elle un sens ? PREMIERE PARTIE Il faut absolument respecter l’énoncé du sujet qui demande que l’on réponde à une question au sens multiple. L’introduction doit donc montrer que l’on a compris le double sens du sujet. Comme toujours quand le terme « l’histoire » apparaît, il faut penser autant à l’histoire comme « ce qui s’est produit dans le passé » que comme « le savoir que les historiens produisent » et encore « la production de ce savoir ». Sur ces trois plans l’histoire du monde pose des questions qui peuvent renvoyer à la question du sens. L’idéal est de commencer par la nécessité d’une histoire du monde aujourd’hui. La globalisation (mondialisation) a une histoire. Nous avons pris conscience récemment d’appartenir à un seul monde (un monde fini et périssable nous dit-on) : faire l’histoire de cette prise de conscience c’est faire l’histoire du monde. Or cette histoire, quand commence-t-elle ? Une histoire du monde ? laquelle ? Qu’est ce que l’histoire du monde ? A-t-elle un sens ? Cela renvoie à la tradition de l’histoire universelle et au problème de l’histoire conçue comme une téléologie, mais on aurait tord de réduire le sujet à un débat historiographique ou philosophique en grande partie dépassé sur le sens de l’histoire. Parce que c’est du monde qu’il s’agit : il faut donc se demander s’il est possible de faire l’histoire du monde. Est-il possible de faire UNE histoire du monde : c'est-à-dire d’embrasser d’un regard la totalité de l’histoire humaine sans tomber dans la généralisation et produire une sorte de « petit Lavisse » mondial ? Peut-on faire l’histoire d’un monde dont les hommes n’ont pris conscience que très tardivement ? Peut-on FAIRE l’histoire du monde : dispose-t-on des sources ? Les différences de sources d’une région du monde à l’autre ne font-elle pas courir le risque d’une histoire déséquilibrée ? Comment trouver une position de surplomb pour faire une histoire du monde qui ne soit pas européo-centrée ou anti-européo centrée ? Peut-on faire l’histoire des populations dont le rapport au temps est différent, peut-on considérer d’un même regard des sociétés qui se sont construites sur l’idée de « progrès » historique et des sociétés qui se sont construites sur l’idée d’un temps circulaire ? On le voit les questions sont nombreuses et doivent être structurées autour d’un axe problématique qui pourrait être formulé par exemple en prenant volontairement le terme à contresens : faut-il être insensé pour entreprendre l’histoire du monde ? I. Est-il insensé de chercher un sens à l’histoire du monde ? Répondre oui s’il s’agit de (re)faire de l’histoire universelle et de répondre à la question de la philosophie de l’histoire d’un point de vue téléologique dont on peut faire la critique à partir d’une réflexion sur le texte 1 : critique d’une histoire européocentrée conçue comme l’avènement de la modernité. Cette critique peut également porter sur l’analyse du discours du document 2 (apologie de la mission civilisatrice de l’occident. Mais après tout, les questions posées par l’histoire environnementale et la big history renvoient au problème de l’évolution générale de l’humanité. Ainsi que les questions sur la contribution des différentes parties de l’humanité au monde unifié d’aujourd’hui (cf le projet énoncé par le doc 1). II Est-il insensé de chercher à faire l’histoire du monde ? Répondre oui s’il s’agit du projet d’un seul historien (toute synthèse est impossible). Souligner les difficultés liées à l’hétérogénéité des sources (montrer par exemple à partir des documents 2 et 3 que la dissymétrie entre l’abondance des sources européennes et la rareté des sources « indigènes » produit une histoire de la relation coloniale forcément dyssymétrique. Un problème accentué par l’hétérogénéité des rapports au passé des sociétés humaines (citer le document 1 sur ce thème). Le document 2 peut également être commenté sous cet angle : le discours du Prince de Galles illustre la diffusion d’un projet « scientiste » de connaissance des « civilisations » qui demeure un projet exclusivement européen. Mais montrer que les démarches de l’histoire interconnectée et le travail collectif imposé par des projets d’histoire du monde permettent de produire du savoir et sont une chance pour les historiens de sortir de l’isolement national : expliquer la démarche des subaltern studies (doc 1) et ses limites. Montrer comment ces démarches ont un certain écho dans les programmes du secondaire en s’appuyant sur l’exemple du document 3. III Est-il sensé de ne pas faire l’histoire du monde ? Répondre non s’il s’agit de l’histoire de la globalisation : les historiens ne peuvent pas renoncer à l’histoire du phénomène le plus important de la société dans laquelle ils vivent sans perdre toute utilité sociale. A ce propos on peut opposer l’histoire du monde (échelle macro) à la micro-histoire qui serait moins sensibles aux grands problèmes de l’humanité, plus nombriliste dont l’utilité sociale serait très indirecte. Constater que l’histoire scolaire s’ouvre à l’histoire du monde en dehors de l’histoire contemporaine des guerres mondiales (étudiées en 3 et première) et de la mondialisation (étudiée en 3 ème et terminale) en même temps qu’elle s’ouvre à la micro-histoire, proposant parfois des variations d’échelle audacieux (doc 3). Mais souligner le danger d’un retour à une vulgate d’histoire mondiale conduisant inéluctablement au meilleur des mondes ou justifiant les affrontements d’aujourd’hui (cf les questions sur le « miracle occidental »). Là encore on peut s’appuyer sur la perspective hypercritique avancée par le document 1 (qui va jusqu’à suggérer que faire l’histoire du monde reviendrait à la mort de l’histoire - du moins telle qu’elle a été conçue par les occidentaux. Conclure sur la chance que constitue l’histoire du monde pour l’histoire à travers une série de renouvellements. Renouvellement des objets bien sûr. Renouvellement des sources : importance de l’archéologie, de l’histoire orale. Renouvellement des méthodes : croisement des points de vue, importance de l’anthropologie et obligation de confrontations internationales entre historiens. Renouvellement des questionnements (sur les limites de la connaissance, sur les rapports des sociétés à l’histoire et au temps, sur les concepts : monde ? histoire ? mémoire ? patrimoine mondial ? SECONDE PARTIE Peut-il exister une citoyenneté mondiale ? 1) Le document suggère d’entrer dans la question à partir des institutions mondiales. Montrer (c’est indispensable) que vous avez des connaissances sur leur développement (depuis la guerre de Crimée (croix rouge internationale) jusqu’au Tribunal international en passant par la SDN et l’ONU… Insister sur le développement de ces institutions au XX° siècle et commenter la proposition de l’auteur du texte dans cette perspective : utopie ou feuille de route de l’ONU ? Montrer que sur des thèmes économiques, environnementaux, voire sur la question des migrations, un début de « gouvernance mondiale » se dessine. 2) Mais le terme de citoyenneté ne peut s’appliquer s’il ne s’agit que d’institutions : il faut pour qu’on parle de citoyenneté qu’il y ait une implication des populations du monde comme acteurs ainsi qu’un sentiment d’appartenance. Montrer des exemples de l’émergence de cette conscience (ONG mondiales, forums altermondialistes, mobilisations de solidarité lors des grandes catastrophes –Tsunami- ou de révolutions démocratiques – printemps arabe- …). Ces engagements demeurent cependant minoritaires et correspondent souvent à des préoccupations principalement occidentales. On peut aussi voir dans le développement d’une « culture mondiale » un autre ferment d’une identité mondiale qui pourrait être la base d’une conscience citoyenne mondiale : diffusion d’une langue internationale, développement du tourisme international, world music, télévision et cinéma mondialisés, pratiques vestimentaires et culinaires, réseaux sociaux mondialisés (facebook…)… 3) Terminer en constatant que ces « ferments » d’une citoyenneté mondiale sont parfois en concurrence avec les citoyennetés nationales ou régionales (Europe, Asie…) et que l’abolition des frontières et des guerres demeure une utopie. Montrer que la réflexion sur la citoyenneté mondiale est finalement assez peu développée dans les programmes scolaires encore très centrés (en France comme ailleurs) sur la citoyenneté nationale. Le programme d’ECJS de terminale contient cependant un thème qui tend à démontrer que cette préoccupation gagne du terrain. S’il reste du temps on peut proposer des points de départ de cette réflexion : par exemple : la participation à des évènements sportifs mondiaux (JO, coupe du monde de foot ou de rugby) est-elle susceptible de contribuer à l’émergence d’une citoyenneté mondiale ? ou bien : les réseaux sociaux (facebook…) peuvent-ils contribuer à l’émergence d’une citoyenneté mondiale ?).