Les enjeux actuels du monde associatif

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Les enjeux actuels du monde associatif
Les enjeux actuels du monde associatif
Financement des associations, construction du dialogue civil, soutien au bénévolat,
accompagnement des associations : plusieurs volets de la politique de la puissance
publique en direction des associations sont aujourd’hui réinterrogés. Cet atelier donnera
des points de repère sur les principaux sujets aujourd’hui en débat, souvent mal connus
des responsables associatifs eux mêmes et pourtant décisifs pour l’avenir de la vie
associative
Intervenante : Nadia Bellaoui, Secrétaire Nationale de la Ligue de l’enseignement et
ancienne déléguée générale d’Animafac
Animateur : François-Xavier Hautreux de Radio Campus Paris, vice-président d’Animafac
Les spécificités du monde associatif français
Les bénévoles sont au cœur du monde associatif. Ils constituent les ressources humaines des
associations et ils y effectuent des missions d’intérêt collectif. Le bénévolat peut ainsi être
considéré comme consubstantiel des associations mais il y a cependant des volontés politiques
et institutionnelles pour n’en retenir que l’importance de l’acte gratuit.
Un des principaux enjeux du monde associatif est l’augmentation des responsabilités
attribuées aux bénévoles, autant dans le cadre du fonctionnement de l’association que dans
ses représentations extérieures. Pour cela, les bénévoles doivent prendre en main les
associations mais ceci implique une reconnaissance accrue du don de temps et une
valorisation des compétences acquises par des engagements associatifs. Sur cette voie certains
gouvernants annoncent des dispositifs, tel le Livret d’épargne civique, aux objectifs plus ou
moins clairs mais il semble que le développement de la Validation des acquis de l’expérience
soit une des plus sérieuses avancées.
Conjointement, le salariat tarde à se développer dans un monde associatif à la
gestion bénévole parfois fragile.
Un deuxième enjeu important est ainsi celui de la construction des associations comme des
employeurs pérennes. Le monde associatif français est confronté aux risques d’être
essentiellement un instrument au service des politiques publiques. Les associations sont
parfois considérées comme des prestataires de services pour les institutions alors qu’il est
statué la plupart du temps que leurs missions doivent être élaborées par leurs membres. De
plus lorsque cette instrumentalisation des associations a lieu, elles sont parfois accusées de
fausser une concurrence avec le secteur marchand. Si cette posture délicate du monde
associatif évolue peu c’est en parti car les associations manquent de capacités à défendre en
commun leurs intérêts.
Un troisième grand enjeu pour les associations est donc la mutualisation concrète de leurs
revendications et de leurs idéaux communs pour qu’une voix associative forte soit
véritablement entendue par les pouvoirs publics.
Questions/réponses:
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Animafac – 7 et 8 février 2009
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Pourquoi se développent les subventions allouées aux projets plutôt qu’aux
associations ?
La subvention peut tendre à devenir seulement un financement résultant d’un appel d’offre.
Comme en France une vie démocratique prend forme grâce aux associations il est important
que l’État prenne part à celle-ci en subventionnant l’association pour que les projets soient
ainsi exclusivement définis par ses membres (par les assemblées générales...). Les services
ministériels de Bercy travaillent actuellement à la création d’un site web centralisant tous les
dispositifs de financements publics et qui permettrait d’avoir une vision claire des budgets
alloués aux associations. Concernant le milieu étudiant, nombreux sont ceux qui ne savent pas
comment acquérir les compétences requises pour formuler des demandes de subventions.
Pour certains il parait anormal que les associations doivent se substituer à l’État dans
des fonctions qu’il n’assure pas. Même si elles répondent sans doutes à son inaction dans
certains domaines, on peut penser que les associations effectuent un travail d’une meilleure
qualité que celui que ferait l’État. Le récent rapport de Jean-Louis Langlais Pour un
partenariat renouvelé entre l’État et les associations évoque un nécessaire rapprochement
entre ces deux parties prenantes de la vie politique. Cependant nous assistons actuellement au
développement d’un mode d’action en collectif, hors du cadre légal de l’association et
indépendant des pouvoirs publics et de leurs subventions. Ces collectifs, souvent liés au
monde associatif, comptent parfois peu de bénévoles mais bénéficient d’intérêts médiatiques
et d’impacts politiques important car ils amènent des problématiques précises sur la scène
publique (comme les stages avec Génération précaire ou le logement avec Jeudi-Noir). Ainsi
les actions collectives ponctuelles ou les démarches de lobbying peuvent dans une certaine
mesure sembler plus efficaces que l’activité à long terme des associations. L’implication des
bénévoles reste néanmoins essentielles à la vie des associations et des dispositifs comme une
ANPE des bénévoles ou un volontariat mal établi pourraient lui être néfaste.
Pourquoi les associations ne font-elles pas grève pour faire prendre conscience de
l’ampleur de leur action ?
Une grève parait par exemple irréalisable pour la Ligue de l’enseignement qui regroupe en
son sein près de 40 000 emplois. Les associations devraient plutôt trouver des modes
d’expression pour communiquer au plus haut niveau. En France il y a environ 40% du monde
associatif organisé au sein d’une fédération nationale ou d’un conseil représentatif. Des
instances gouvernementales comme le Conseil national de la vie associative, ou
indépendantes comme la Conférence permanente des coordinations associatives, demeurent
pour certains peu enclines à amorcer des changements dans la vie politique française. Les
associations disposent cependant de nombreux atouts et peuvent prendre du recul, sans
pressions, vis-à-vis de l’État. On peut aussi considérer qu’elles sont réellement issus de la
population et ont alors de grandes capacités d’expertises.
La nomination de Martin Hirsch comme haut commissaire à la jeunesse participe t-elle
à une instrumentalisation ou à un encouragement des associations ?
Cette nomination illustre avant tout le choix qui s’offre à nous dans le panel des modes
d’actions, associatif, syndical, partisan... même si les syndicats et les partis sont d’abord des
structures associatives. La personnalité de Martin Hirsch permet un dialogue privilégié auquel
des associations comme la Ligue de l’enseignement souhaitent prendre part. Malgré cela la
gouvernance des institutions s’exerce « sur rendez-vous » et rarement dans des processus de
dialogue continu. Ce problème fondamental de méthode abaisse notre confiance envers nos
représentants et est un frein majeur à la démocratie. Face à cette faible écoute les associations
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préfèrent se regrouper pour affliger plutôt que dialoguer pour n’aboutir à rien. Un
regroupement solide des acteurs associatifs semble ainsi indispensable pour défendre
efficacement le débat public et faire vivre la démocratie.
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