Service civique

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Service civique
FICHE PRATIQUE N°10
gestion de projet
www.animafac.net
Service civique :
comment accueillir un volontaire dans son asso ?
L’œil dubitatif et le sourcil circonflexe, vous vous demandez sans doute quels avantages votre
association pourrait bien avoir à accueillir un volontaire vu que : s’il s’agit de main d’œuvre, vous avez
déjà des bénévoles ; s’il s’agit de lâcher des sous, vous n’en avez pas ! Et bien, sachez-le, non seulement le service civique n’est pas du bénévolat, puisque ce statut permet à des jeunes motivés de
s’engager à plein temps dans une association, pendant six ou neuf mois, moyennant une indemnité
de 540 euros par mois. Mais en plus, votre association n’aura à financer que 80 euros par mois de
cette indemnité.
1. PETITE PréSEnTATIOn du SErVICE CIVIquE
La naissance du volontariat associatif
La saga du volontariat commence en l’an de grâce 1997, lorsque
notre désormais ex-Président Chirac abolit le service militaire.
Soulagement dans les rangs des bacheliers, liesse chez les
militaires qui n’auront plus à former ces ....... Bref, tout le monde
est content même si l’on regrette le brassage social, la formation
professionnelle et le sens de la citoyenneté apportés aux jeunes
générations. Experts et énarques se souviennent alors d’une revendication des associations : créer un statut pour permettre et
reconnaître un engagement bénévole dense et de courte durée.
Brassage social, acquisition d’expérience, citoyenneté, tout y est.
En 2000, sont votés les premiers statuts de volontaires
indemnisés... dont personne, ou presque, n’entend parler.
En 2005, des émeutes interviennent dans les banlieues. Pressé
de remédier à la « crise » de la jeunesse, le gouvernement fait
aboutir un projet de loi sur le volontariat associatif, en discussion
depuis deux ans. Le 14 juillet 2006, alors que la France s’endort
devant le discours annuel du Président Chirac, ce dernier réveille
les troupes en annonçant la création d’un label « service civil volontaire », chapeautant l’ensemble des statuts existants et finançant 90 % de l’indemnité du volontaire, à condition que celui-ci ait moins de 26 ans.
Animafac décide alors de demander un agrément, pour en
faire bénéficier toutes les associations du réseau. Avec le
service civil volontaire, Animafac a ainsi accueilli plus de
1200 volontaires en mission dans les associations du réseau.
En 2010, l’Etat décide de réformer ce dispositif pour le rendre plus
accessible et permettre à un plus grand nombre de jeunes d’en
bénéficier. C’est ainsi qu’apparaît le service civique, pour lequel
Animafac est de nouveau agréé.
u À SAVOIR : Animafac a développé ce dispositif afin de permettre aux associations à projet de développer leurs actions. Il ne
s’adresse donc pas aux associations se présentant aux élections
universitaires ou ayant un mandat syndical.
Volontaire, qui es-tu ?
Est-ce un salarié ? Est-ce un bénévole ? La réponse est, bien
entendu, ni l’un ni l’autre.
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2. dE l’uTIlITé du SErVICE CIVIquE
Côté association
Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques raisons qui peuvent pousser une association à recourir au service civique.
aScénario n°1
aLe volontaire n’est pas un salarié
Le but du service civique n’est pas d’employer des salariés
sous-payés, mais de permettre à des jeunes de s’engager dans
l’associatif. Les 540 euros touchés mensuellement par le volontaire ne sont pas un salaire, mais une indemnité lui donnant les
moyens financiers de s’investir pleinement sans avoir recours à
papa-maman ou au McDonald. Le volontaire ne peut en aucun cas
effectuer un travail qui aurait dû normalement incomber à un
salarié.
Petite structure cherche coordinateur de projet. Parce que
l’étudiant voyage et qu’il lui arrive de vouloir suivre, voire terminer
ses études, les jeunes associations souffrent souvent d’un déficit
de temps et de suivi. Exemple... Septembre : on décide d’organiser
un festival cet été, tout le monde est enthousiaste. Février :
avec tous ces partiels, personne n’a eu le temps de chercher des
financements. Avril : zut, le président de l’association est parti en
stage agricole au Pérou. Juin : on remet ça à l’année prochaine ?
Imaginez maintenant une personne présente 24 heures par
semaine pour suivre l’organisation et faire le lien entre les
membres de l’association. Pour de petites structures, la présence
d’un volontaire est une opportunité de réaliser les projets qui
n’étaient pas mis en œuvre faute de moyens humains.
aScénario n°2
fiches pratiques
aLe volontaire n’est pas un bénévole
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Comme le bénévole, le volontaire s’engage par conviction. Leurs
statuts sont néanmoins différents. Si l’on se réfère au dictionnaire, le volontaire « accepte de son plein gré une tâche » quand
le bénévole « fait quelque chose sans être rémunéré et sans y
être tenu. » Pour ceux qui n’auraient pas compris la finesse de langage, cela signifie que, lorsqu’un bénévole ne fait pas ce qu’on lui
a demandé, on peut tout au plus le regarder d’un air courroucé. Le
volontaire, lui, s’engage par contrat à accomplir une mission. Pas
de « j’ai eu la flemme » qui tienne, s’il ne met pas tout en œuvre
pour mener à bien ce projet, l’association qui l’accueille peut lui
demander des comptes, voire rompre son contrat.
u À SAVOIR : il n’existe pas de critères de nationalité pour le service civique. Il suffit, pour être volontaire, de justifier d’un an de
résidence en France.
Volontaire, que fais-tu ?
Un volontaire n’arrive pas dans une association les pieds en espadrilles et les doigts en castagnettes. Il est accueilli pour une
mission précise, déterminée avec l’association qui le reçoit. Cette
mission doit être intéressante pour le volontaire, l’association
d’accueil et contribuer à l’intérêt général. Ne sont pas considérées comme telles les tâches consistant à faire le ménage,
classer les mails du président ou participer à la recherche de subventions pour l’association.
Participer à la préparation d’un festival, à des actions de sensibilisation au développement durable sur le campus ou au développement d’ateliers pédagogiques auprès d’enfants en difficulté
sont, en revanche, des exemples typiques de missions « d’intérêt
général ».
A priori, vous avez compris ce qu’est le service civique. Reste à savoir en quoi cela peut servir à votre association ou à vous-même si
vous souhaitez endosser le costume du volontaire.
Grosse structure cherche regard neuf pour nouveaux projets.
Le problème n’est évidemment pas le même pour de grosses
associations nationales rassemblant des centaines de
bénévoles et des salariés. Le volontaire peut alors apporter une
contribution moins experte que les salariés, mais plus investie
que les bénévoles, pour développer des volets demandant un
véritable engagement associatif : animation du réseau, création
de liens entre l’association et le quartier...
Côté volontaire
aScénario n°1
Associatif passionné cherche statut pour valoriser son engagement. L’associatif passionné se reconnaît à sa capacité à parler,
des heures durant, de son joyau, sa raison de vivre, son association. En période de rush, il ne dort plus (ou dans les locaux de
l’association), ne se lave plus (ou sous la contrainte des autres
membres de l’association) et peut devenir passablement hystérique pour des sujets apparemment sans importance. Il n’a pas de
temps pour un boulot et, sauf à avoir des parents compréhensifs,
est actuellement très fâché avec son banquier. Le service civique offre à tous ces passionnés la possibilité de vivre leur
rêve, quelles que soient leurs ressources familiales. Le statut
permet également de faire passer cet engagement de la case
« loisir » à la case « expérience professionnelle » sur le CV.
TÉMOIGNAGE
« Avant de devenir volontaire, j’étais déjà investi à temps
plein dans mon association. Ce statut m’a permis de vivre cet
engagement en laissant de côté les problèmes financiers.
Pour Dévorateur d’espace, ça a été une bulle d’air : une sorte de
subvention en nature concentrée sur les moyens humains. »
Florian, 25 ans, volontaire à Dévorateur d’espace (Paris).
aScénario n°2
aSalades avec les salariés
Jeune motivé cherche porte d’entrée associative. Pas besoin
d’être pieds et poings liés avec une association pour devenir volontaire. Beaucoup ont en effet choisi de s’investir dans cette aventure pour faire une pause dans leurs études, découvrir le monde
associatif, réfléchir à leur orientation professionnelle...
Il arrive, lorsque la mission demande beaucoup d’investissement et que le volontaire côtoie, au jour le jour, des
salariés payés deux fois plus, que celui-ci s’interroge :
« Je serais pas en train de me faire couillonner, là dis donc ? »
Ne laissez pas germer ce type de sentiment : prévoyez, régulièrement, des temps de parole durant lesquels le volontaire pourra
exprimer son ressenti. A l’association d’expliquer que ce qu’elle
demande au volontaire (qualités humaines, engagement) et ce
qu’elle peut lui apporter (expérience de vie, ouverture) n’a rien
à voir avec ce qu’elle attend d’un salarié (expertise, efficacité).
À l’association également de donner des preuves de bonne foi
en étant, par exemple, plus souple sur les horaires avec le volontaire qu’avec les salariés.
TÉMOIGNAGE
« Pour moi, le volontariat a été une chance d’accéder au
monde associatif. Le projet proposé par l’association était très
intéressant et il m’a permis de nouer de nombreux contacts.
C’est tout de même plus intéressant que d’accumuler
les petits boulots ! »
Jonathan, 21 ans, volontaire à Apha’zik (Grenoble)
Les petits pièges du volontariat
Vous voilà, normalement, convaincu de l’utilité d’accueillir un
volontaire. Passons maintenant aux aspects pratiques.
Cependant, nul système n’étant parfait, l’expérience d’Animafac
dans l’ancien service civil volontaire a d’ores et déjà permis de
repérer quelques terrains glissants.
3. AmuSEmEntS AdminiStrAtifS
aBisbilles avec les bénévoles
Première étape de votre marathon administratif : remplir, sur le
site d’Animafac, un formulaire de demande d’accueil dans lequel
vous décrirez votre association, définirez la mission du volontaire et expliquerez ce que signifie pour vous l’accueil d’un volontaire en service civique (un test pour vérifier que vous avez
bien lu cette fiche pratique ... )
Certains bénévoles ont tendance à penser que, puisque le volontaire est payé pour être là, il n’a qu’à tout faire. Attention, donc, à
bien communiquer pour éviter que volontariat ne rime avec
baisse de motivation des bénévoles.
TÉMOIGNAGE
« Il est important de clarifier le statut du volontaire et ses
missions auprès des membres de l’association. Dans mon
cas, les choses n’avaient pas été bien posées. Les bénévoles
se sont reposés sur le fait que j’étais présente, et indemnisée
pour cela, pour me déléguer des tâches et se consacrer plus à
leurs études. De mon côté, au lieu de les remotiver, j’ai mené
les projets dans mon coin. Au final, les membres de l’association étaient contents du travail accompli. Mais je crois que
plus de communication aurait permis de montrer que, même
si le volontariat permet d’être plus investi, les projets doivent
être menés par l’ensemble de l’association. » Marjorie, 24 ans,
volontaire à Etoupsy. (Toulouse)
Solliciter l’accueil d’un volontaire en Service Civique
Une fois votre demande bouclée, elle est scrutée, analysée,
décortiquée par une commission interne au réseau afin de vérifier que l’association est assez organisée et solide pour proposer une mission intéressante, qu’elle dispose de locaux pour
accueillir un volontaire, et qu’il s’agit bien d’un projet d’intérêt
général...
Le dossier accepté, vous pouvez recruter. Vous devrez remplir
une fiche de renseignement sur le volontaire et son tuteur, y
joindre un procès verbal de CA et un RIB. Il est également demandé à l’association de verser d’emblée la totalité de sa part de
l’indemnité du volontaire : 80 euros multiplié par le nombre
de mois de présence du volontaire (6 ou 9), ça fait, ça fait...
Vous pouvez y arriver !
3
fiches pratiques
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Le recrutement d’un volontaire est concrétisé par la signature
d’une convention entre Animafac et l’association d’accueil,
et d’un contrat entre Animafac et le volontaire.
u A savoir : l’association d’accueil comme le volontaire peuvent
rompre le contrat avant son terme moyennant un préavis d’un
mois.
Pendant la mission
Après la mission
Le dispositif du service civique prévoit quelques obligations
de l’association envers son volontaire, au cours de sa mission.
Dans l’ordre :
Tuteurs et volontaires devront exposer brièvement les résultats
obtenus, les compétences développées et les savoir-faire acquis
par le volontaire. Cette dernière formalité permettra au volontaire
de recevoir un certificat de service civique.
aLe tuteur
L’association d’accueil doit désigner un tuteur qui s’occupera de
co a cher le volontaire. Le tuteur est une personne qui dispose de
réelles qualités d’écoute, d’analyse, de dialogue et fait preuve
de maturité. Outre un suivi au jour le jour du volontaire, qui peut
permettre d’éviter les soucis précédemment évoqués, le tuteur
doit également former le volontaire si besoin est.
aLes formations civiques
Permettre aux volontaires de prendre conscience de l’importance
des valeurs civiques et de l’intérêt d’agir pour la communauté
est l’un des buts premiers du service civique. Les associations
d’accueil sont donc tenues de proposer à leur volontaire des journées de formation civique. Pour leur faciliter la tâche, Animafac
réunit l’ensemble des volontaires des associations du réseau
pour des sessions communes. Au programme, par exemple :
réflexion sur le travail de mémoire, débat sur l’Europe ou jeux sur
les différences interculturelles.
aL’accompagnement à l’insertion professionnelle
Le volontaire peut, s’il le souhaite, consacrer du temps au cours
de sa mission à la recherche d’un travail ou d’une formation. Pour
ce faire, Animafac a signé une convention avec l’AFIJ (Association
pour faciliter l’insertion des jeunes) pour que les volontaires puissent bénéficier d’entretiens individualisés.
Vous avez désormais toutes les cartes en main pour accueillir un
volontaire dans votre association. Et s’il vous reste des questions
qui vous empêchent de dormir, n’hésitez pas à écrire un mail à
[email protected] !
H Pour aller plus loin : www.servicecivique-animafac.net
et www.service-civique.gouv.fr