Signer à l`Inami, ça vous dit

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Signer à l`Inami, ça vous dit
ACTUALITÉ
Signer à l’Inami, ça vous dit ?
es poncifs sur la fonction publique
ont la vie dure, et l’Inami en charrie
son lot. Le corps médical le réduit
volontiers à un antre de disciples de la
(sur)réglementation et d’empêcheursde-prescrire-en-rond, des quasi-traîtres à
la profession, quand il n’y voit pas la bonne
planque pour soignants indolents. L’imaginaire collectif, caricatural, a-t-il tout faux ?
Patiemment, les Drs Vanwynsberghe,
De Ridder, Hepp et Renauld, qui font partie de l’état major des grandes branches de
l’Inami à vocation médicale (le service indemnités, le service soins de santé et le
service d’évaluation et de contrôle), entremêlent leurs arguments pour nuancer ces
perceptions. « L’Inami est un grand méconnu. On retient qu’il punit, interdit...
mais il est plutôt un facilitateur, qui
concerte, rembourse, ouvre des droits, informe. Y travailler doit être un choix positif.
Nous avons besoin de candidats motivés
par l’organisation de soins de santé à la
fois de qualité, accessibles et payables,
des candidats mus par un intérêt pour le
service public, et littéralement : au public », affirment-ils en substance.
L
Une expertise nécessaire
S’adjoindre des médecins – certes au
risque de déforcer davantage des zones
déjà en densité problématique... –, c’est la
condition sine qua non pour faire du boulot
pertinent, démontrent-ils encore. Seul un
bagage médical permet d’appréhender
des pratiques, des prestations... avec la
compréhension nécessaire. Pour un
confrère libéral, passer « de l’autre côté de
la barrière » en endossant la casaque Inami,
c’est aussi apporter son expertise à la
réflexion de l’administration sur le chapitre IV,
l’informatisation, la simplification, la
teneur des campagnes de feedback par
exemple. In fine, c’est contribuer à faire
progresser le cadre réglementaire, la nomenclature... qui conditionnent l’exercice
de terrain.
Dans le mouvement,
intellectuellement
L’Inami entend garantir une politique
d’assurance evidence based, sous-tendue
par une réflexion scientifique, soulignent
nos interlocuteurs. Pour eux, loin d’être
le terminus de l’activité cérébrale, un
poste à l’Institut est synonyme d’élargissement des connaissances. Parce que
les formations internes s’enchaînent –
qu’il s’agisse de se spécialiser en médecine de l’assurance ou d’acquérir les
compétences juridiques nécessaires à la
mission d’inspecteur. Parce que chaque
Payés pour ne plus exercer
Entrer à l’Inami offre un confort horaire dont le MG indépendant n’est pas coutumier, et signe bien sûr la fin de la contrainte des gardes. Le revers du nine-to-five
n’est-il pas pécuniaire ? En débutant, un médecin-inspecteur doit s’attendre à un
salaire annuel brut de 39.880 euros minimum, un médecin gestionnaire de risques
et prestations de 38.455 euros ; des montants qui n’incluent pas l’allocation de fin
d’année et le pécule de vacances. Depuis décembre 2008, l’ancienneté accumulée
dans le privé peut dans certains cas être valorisée. Et si devenir statutaire à l’Inami
empêche le médecin d’encore exercer – pas question par exemple de se préserver
des activités résiduelles d’expertise – cette interdiction est compensée par une allocation qui, pour 2009, oscillait de 25.000 à 37.000 euros par an. De quoi mieux vivre la rupture obligée avec la pratique... « Ramené en mensuel, cela signifie qu’une
recrue sans expérience professionnelle touchera 3.200 euros bruts et une prime
compensatoire de 2.150 euros », illustre Patrick Brahm, du département des ressources humaines. « Après 10 ans de carrière, ces montants passent respectivement à 3.800 et 2.500 euros. »
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LE GÉNÉRALISTE 4 février 2010 N° 951
© Reporters
L’Inami, qui sur ses 1.400 employés dénombre quelque 130 médecins
statutaires, cherche une quinzaine de renforts, appelés à devenir médecinsinspecteurs ou médecins gestionnaires de risques et des prestations. Un
recrutement qui répond à l’ambition de l’Institut - huiler non stop la mécanique
de l’assurance soins de santé et indemnités - et en augure d’autres : d’ici
5 ans, la retraite va écarter près de 20 % des ‘niveau A’. | J.M.
S’adjoindre des médecins – certes au risque de déforcer davantage des zones déjà en densité problématique... –, c’est la
condition sine qua non pour faire du boulot pertinent, explique l’Inami.
grand service s’insère dans des réseaux
internationaux, ce qui constitue un stimulant intellectuel permanent. Parce
qu’en vertu du principe de subsidiarité,
un médecin inamien se concentre
non sur des formulaires à tamponner
mais sur des tâches à la hauteur de ses
qualifications. Enfin, parce que le travail
au quotidien, jalonné de passerelles
entre des services qui se décloisonnent
progressivement, est marqué du sceau
d’une multidisciplinarité enrichissante :
les médecins échangent avec les autres
pions pensants du système que sont
les juristes, les statisticiens, les actuaires, les informaticiens... La décennie
qui vient sourira par ailleurs aux ambitieux, nous glisse-t-on. Papy-boom des
cadres inamiens aidant, les occasions
de prendre du galon devraient se multiplier. ◆
www.selor.be
L’Inami ne fait pas de distinction généralistespécialiste à l’embauche, et les postes sont à
pourvoir aussi bien au siège central, à
Bruxelles, que dans les sections provinciales ;
onze concernent le service d’évaluation et
de contrôle. Les descriptions de fonction
complètes se trouvent sur le site du Selor,
assaisonnées d’un film égrenant les témoignages de médecins déjà en place à l’Inami.
Les candidatures peuvent être introduites
jusqu’au 15 février.
La fin du ‘trek ta plan’
Les fonctionnaires dirigeants en témoignent : l’Inami a évolué ces dernières années vers plus de
professionnalisme, avec dépoussiérage de mentalités. Le changement se marque jusque dans
l’encadrement des nouveaux : durant un an ils bénéficient de l’expérience d’un mentor qui leur met le
pied à l’étirer, jusqu’au dépôt de leur mémoire de fin de stage. La modernisation se traduit encore, au
niveau gestion des ressources humaines, par des horaires flottants et - ce qui est encore loin d’être
acquis partout dans le privé - des possibilités de télétravail. En octobre dernier, une enquête de
satisfaction parmi le personnel de niveau A a révélé de 73 % de répondants satisfaits. Faut-il parler
néerlandais, pour officier avenue de Tervuren ? « Ce n’est pas une condition stricte à l’engagement,
mais il faut être disposé à se plonger dans un bain bilingue. En réunion, chacun participe dans sa
langue », explique l’état major en soulignant le respect interne entre personnes de régimes
linguistiques différents et l’organisation de formation en langues. Enfin, l’Inami se dit prêt à patienter
quelque temps pour que les candidats qui brilleront dès les épreuves de sélection se libèrent de leurs
obligations professionnelles.

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