Le poème en prose

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Le poème en prose
Le sonnet
Le poème en prose
Définition : poème de 14 vers. Composition : 2 quatrains suivis de 2 tercets parfois
présentés sous la forme d’un huitain, suivi d’un sizain. Disposition des rimes suivantes
dans le sonnet français : ABBA, ABBA, CCD EED. Des variantes sont possibles :
sonnet élizabéthain (Angleterre) recrée un distique EE en fin de dernier tercet. Toute
variante dans la disposition des rimes peut faire l’objet d’une remarque en commentaire.
Attention : dans les quatrains, alternance de rimes masculines et féminines.
Définition : abolition du vers et choix de la prose. Ecriture plus prosaïque que la
noblesse du vers. Disposition en paragraphes, indépendamment de toutes formes de
règles.
Caractéristiques formelles :
• musicalité du sonnet par son schéma des rimes.
• brièveté du sonnet : il faut dire beaucoup avec peu de mots. Ecriture de
l’allusion, de la suggestion.
• fin du sonnet : recherche fréquente (pas systématique) d’un effet de chute,
d’une pointe (formule brillante sur le plan formel et qui s’appuie sur cette
virtuosité pour faire passer une vérité, une belle idée). Cf. Saint-Amant « Le
Fumeur », Baudelaire « À une passante » ou les sonnets de Ronsard.
Histoire littéraire :
- Forme poétique ancienne venue de la Renaissance et de l’Italie. Popularisée par
Pétrarque dans son Canzoniere, un recueil de poésie amoureuse structuré autour d’une
histoire entre le poète et sa dame.
- Une forme poétique qui séduit un théoricien classique comme Boileau et qui s’installe
depuis la Renaissance comme une forme incontournable de la poésie française.
- Tous les grands poètes ou presque se sont adonnés au sonnet, soit par goût, par
apprentissage de poètes ou par souci de le moderniser et de le faire évoluer (observer son
évolution chez Baudelaire qui aime cette forme). Ronsard, Malherbe, Baudelaire,
Verlaine, Corbières, Laforgue, Rimbaud, Mallarmé etc... : tous auteurs de sonnets
- Il n’y a guère que les poètes romantiques qui ne s’y sont pas intéressés.
Principales qualités poétiques ou esthétiques : une écriture de la règle et de la
contrainte. Parti pris que la contrainte va être un catalyseur pour l’écriture poétique. La
règle comme obligation faite au poète de déployer sa virtuosité.
Boileau, Art Poétique (1674) : « Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème ».
Caractéristiques formelles :
• plasticité et souplesse de cette forme qui peut s’adapter à toutes les
longueurs, à tous les styles et partant de là à tous les sujets.
• une musicalité différente mais bien réelle : déplacement de cette recherche
musicale vers des jeux d’allitérations, d’assonances voire d’anaphores.
• la fin du poème en prose peut elle aussi travailler une chute, une pointe mais
sans la contrainte de versification du sonnet. Ex : « Aube » de Rimbaud.
« L’Etranger » de Baudelaire.
Histoire littéraire :
- Forme poétique récente venue d’Aloysius Bertrand au XIXe siècle via Baudelaire.
Forme qui se popularise ensuite jusqu’ à occuper une place incontournable dans
l’histoire de la poésie. Quelques recueils célèbres utilisant le poème en prose :
Baudelaire, Le Spleen de Paris (1868) Rimbaud, Illuminations ( 1875), Ponge, Le Parti
pris des choses (1942)
Principales qualités poétiques ou esthétiques : le poème en prose est à la fois le
symbole de la modernité et de la liberté en poésie. Il ouvre une nouvelle voie pour
l’écriture poétique (modernité) et abolit la contrainte des règles (liberté).
Baudelaire, « Lettre à Arsène Houssaye », préface du Spleen de Paris ou Petits poèmes
en prose.
« Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle
d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et
assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux
ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? »
=> liberté et souplesse du poème en prose qui lui a permis de s’ouvrir à tous les sujets :
petits objets chez Ponge, ville chez Baudelaire ou Rimbaud (« Ponts »), rêve chez
Aloysius Bertrand ou Rimbaud. Le poème en prose comme point de départ d’un autre
lyrisme ?
Texte complémentaire sur le sonnet : Baudelaire, Fusées (écriture libre sous forme de Journal, entre poésie et réflexion).
Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense
Tout va bien au sonnet : bouffonnerie, galanterie, passion, rêverie, méditation philosophique.
Il y a là la beauté du métal et du minéral bien travaillé. Avez-vous observé qu'un morceau de ciel, aperçu par un soupirail, ou entre deux cheminées, deux rochers, ou par une arcade, etc.,
donnait une idée plus profonde de l'infini qu'un grand panorama vu du haut d'une montagne ?
Quant aux longs poèmes, nous savons ce qu'il en faut penser ; c'est la ressource de ceux qui sont incapables d'en faire de courts.
Tout ce qui dépasse la longueur de l'attention que l'être humain peut prêter à la forme poétique n'est pas un poème.