Actualités - Propriété Intellectuelle
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Actualités - Propriété Intellectuelle Janvier 2004 La Commission du droit d’auteur du Canada appuie sur la touche pause en ce qui concerne la hausse de taxe cachée sur les cassettes et les CD vierges La Commission déclare que 60 millions de dollars par année suffisent pour indemniser la copie privée L E 12 DÉCEMBRE 2003, la Commission du droit d’auteur du Canada (la Commission) a rendu une décision qui peut être considérée comme une victoire pour les consommateurs. Des sociétés de gestion des droits d’auteur représentant les compositeurs de musique, les éditeurs, les artistes-interprètes et les maisons de disques avaient exhorté la Commission à fixer pour 2003-2004 des taux de redevance pour la copie privée qui leur permettraient d’encaisser environ 120 millions de dollars, premièrement, en augmentant de façon nette les redevances pour la copie privée imposées sur certains supports audio vierges, et deuxièmement, en augmentant le nombre de supports assujettis aux redevances pour la copie privée. Le présent article examinera le cadre général des redevances pour la copie privée, donnera un aperçu des parties clés de la décision de la Commission et proposera des idées quant à l’avenir des redevances pour la copie privée. Qu’est-ce que la copie privée? Avant la modification de la Loi sur le droit d’auteur en 1998, la reproduction d’un enregistrement sonore aurait constitué dans presque tous les cas une violation de plusieurs dispositions de cette loi. Toutefois, en pratique, ces dispositions étaient pour ainsi dire inexécutoires par les titulaires de droits. La modification de 1998 prévoit que soit versée aux différents titulaires de droit d’auteur une redevance pour la copie privée sur la vente de supports audio vierges, en échange de la légalisation de la copie privée. La copie privée se produit lorsque des personnes reproduisent pour leur usage personnel une œuvre musicale enregistrée. Il n’est pas nécessaire que la copie d’origine soit une copie légale. Par conséquent, le régime de copie privée s’applique à toutes les copies privées d’enregistrements sonores sur des supports audio, peu importe leur source. Par exemple, la copie d’origine pourrait être une cassette audio préenregistrée achetée à un magasin de musique, un CD emprunté ou volé ou un MP3 téléchargé d’Internet. MONTRÉAL TORONTO OTTAWA La Loi sur le droit d’auteur impose à tous les importateurs et fabricants de supports audio vierges l’obligation de payer des redevances; il est présumé que le prix offert aux consommateurs reflète ces redevances. Les redevances pour la copie CALGARY VANCOUVER NEW YORK LONDRES Stikeman Elliott S.E.N.C.R.L., s.r.l. Avocats www.stikeman.com HONG KONG SYDNEY privée sont perçues par la Société canadienne de perception pour la copie privée (SCPCP), qui est essentiellement un organisme confédéral de sociétés de gestion des droits d’auteur, représentant des auteurs-compositeurs, des artistes-interprètes, des éditeurs de musique et des maisons de disques. Quel est le processus d’établissement des redevances? La SCPCP dépose un projet de tarif auprès de la Commission, qui le publie ensuite afin que quiconque puisse y faire opposition au moyen d’une déclaration écrite. Après avoir été instruite des oppositions et du projet de la SCPCP, la Commission est chargée de fixer des redevances justes et équitables, qui sont par la suite perçues et réparties par la SCPCP. La Commission a tenu deux audiences antérieures sur la copie privée, à l’issue desquelles elle a fixé les tarifs pour les années 1999-2000 et 2001-2002. Par le passé, les redevances ont été imposées sur les cassettes audio analogiques d’une durée de 40 minutes ou plus, les CD enregistrables (CD-R), les CD réinscriptibles (CD-RW), les CD-R Audio, les CD-RW Audio et les MiniDisc. La Commission du droit d’auteur a fixé les redevances provisoires en vigueur pour 2003 à des niveaux identiques à ceux qu’elle avait fixés dans sa décision de 2001-2002. Les revenus provenant des redevances se sont établis à 59,3 millions de dollars entre 2000 et 2002, dont 54,4 millions de dollars ont été réservés aux fins de répartition entre les compositeurs, les artistes-interprètes et les producteurs d’enregistrements sonores, selon les proportions suivantes : 66 % à la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN), à l’Agence canadienne des droits de reproduction musicaux (CMRRA) et à la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada (SODRAC) aux fins de répartition entre les auteurs admissibles; 18,9 % à la Société canadienne de gestion des droits voisins (SCGDV) et à la Société de gestion des droits des artistes-musiciens (SOGEDAM) aux fins de répartition entre les artistes-interprètes admissibles; et 15,1 % à la SCGDV aux fins de répartition entre les producteurs admissibles. Le projet de tarif de la SCPCP pour 2003-2004 La SCPCP avait initialement proposé une augmentation de 75 % (à 51 ¢) de la redevance par cassette audio d’une durée de 40 minutes ou plus; une augmentation de 180 % (à 59 ¢) par CD-R et par CD-RW de 100 mégaoctets ou plus; et une augmentation de 49 % (à 1,15 $) par CD-R/RW Audio ou MiniDisc. En outre, la SCPCP a proposé d’assujettir de nouveaux supports à la redevance, plaidant que ces supports sont habituellement utilisés par les consommateurs pour reproduire la musique. Les redevances initiales proposées pour 2003-2004 à l’égard de ces nouveaux supports étaient les suivantes : 65 ¢ par DVD vierge; un taux variant entre 0,221 ¢ et 0,55 ¢ par mégaoctet pour les cartes de mémoire électronique amovibles ou les disques durs amovibles; et, selon la capacité de mémoire, des taux variant entre 0,193 ¢ et 1,08 ¢ par mégaoctet pour les cartes de mémoire électronique amovibles ou les microdisques durs amovibles et vendus avec un appareil de musique, tout comme pour la mémoire non amovible et intégrée à un tel appareil. La décision majoritaire de 2003 de la Commission La Commission a rendu sa décision après avoir examiné en détail la preuve fournie par deux principaux opposants et après avoir examiné les oppositions écrites provenant de plus de 1 500 parties ainsi que la preuve et les témoignages figurant au dossier et provenant des deux instances antérieures portant sur les redevances pour la copie privée. Stikeman Elliott S.E.N.C.R.L., s.r.l. a représenté la Canadian Storage Media Alliance (CSMA), coalition d’importateurs et de fabricants de supports audio vierges, lors des audiences. Aussi, pour la première fois, la Commission a entendu le point de vue d’une coalition de détaillants de supports audio vierges comptant dans ses rangs Costco Wholesale Canada, Future Shop, InterTan (Radio Shack Canada), London Drugs, Business Depot (STAPLES Business Depot), Wal-Mart Canada et le Conseil canadien du commerce de détail. Bien qu’il y ait eu une opinion dissidente sur certaines questions, la décision de la majorité de la Commission indique que l’augmentation des taux de redevance proposée par la SCPCP n’était pas justifiée à ce moment, et que la justice et l’équité exigeaient que les redevances actuelles soient maintenues telles quelles. Par conséquent, la Commission a maintenu inchangées toutes les redevances pour la copie privée en vigueur à leurs niveaux actuels de 29 ¢ pour les cassettes audio d’une durée de 40 minutes ou plus, de 21 ¢ pour les CD-R et les CD-RW et de 77 ¢ pour les CD-R Audio, les CD-RW Audio et les MiniDisc. À l’appui de son maintien du statu quo, la Commission a 2 / STIKEMAN ELLIOTT S.E.N.C.R.L., s.r.l. / ACTUALITÉS - PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE signalé que le marché des cassettes audio avait atteint sa pleine maturité, et en raison des prix statiques, la redevance devait rester la même. En outre, la Commission a établi l’existence de marchés gris et noir pour les CD vierges. Raisonnant qu’une redevance majorée pourrait déstabiliser le marché davantage, la Commission a décidé d’agir avec prudence et de maintenir les redevances à leurs niveaux actuels. La Commission a rejeté la demande de la SCPCP d’établir des redevances sur les DVD vierges, les cartes de mémoire amovibles et les microdisques durs amovibles, pour le motif que la preuve disponible n’avait pas établi clairement que ces supports étaient habituellement utilisés par des personnes pour reproduire de la musique. La Commission a établi que les DVD vierges sont utilisés presque exclusivement pour faire des enregistrements vidéo et, dans une mesure très négligeable voire inexistante, pour réaliser des enregistrements audio. Pour ce qui est des supports amovibles, la Commission a adopté une approche pratique, prenant en compte les caractéristiques intrinsèques de l’appareil pour établir si son support est habituellement utilisé par les consommateurs pour la copie privée. Toutefois, la Commission a accédé à la demande de la SCPCP d’établir des redevances sur la mémoire non amovible intégrée en permanence à des enregistreurs audionumériques (lecteurs MP3). Les taux de ces redevances ont été fixés à 2,00 $ pour les lecteurs MP3 pouvant enregistrer au plus 1 gigaoctet, à 15,00 $ pour les lecteurs MP3 pouvant enregistrer entre 1 et 10 gigaoctets et à 25,00 $ pour les lecteurs MP3 pouvant enregistrer plus de 10 gigaoctets. La Commission a appuyé la structure tarifaire étagée en expliquant que la capacité de stockage variait grandement selon le dispositif utilisé. En outre, la Commission a fait remarquer que plus la capacité de stockage augmente, moins le consommateur est porté à utiliser tout l’espace disponible pour reproduire de la musique, étant donné que la demande du consommateur de copie privée connaît un point de saturation. La Commission a donc conclu qu’un taux par gigaoctet n’était pas approprié au-delà d’un certain point. La SCPCP s’était engagée à ne pas percevoir de redevances sur les ventes effectuées avant l’homologation définitive du tarif de 2003-2004 à l’égard des supports qui n’étaient pas déjà assujettis à un tarif. Par conséquent, les nouvelles redevances sur la mémoire non amovible intégrée en permanence aux lecteurs MP3 sont entrées en vigueur le 13 décembre 2003. Le programme d’exonération de la redevance En plus de fixer des tarifs, la Commission a fait des commentaires intéressants à propos du programme d’exonération de la redevance de la SCPCP, qui a été établi en 1999. Conformément à ce programme, la SCPCP a renoncé à son droit de percevoir des redevances pour la copie privée sur les ventes de supports vierges réalisées auprès de certains acheteurs, tels que les institutions d’enseignement et les organisations religieuses, les radiodiffuseurs, les industries de la musique, du film et de la vidéo ainsi que d’autres entreprises qui reproduisent l’audio et des données sur des supports assujettis à une redevance aux fins de leurs activités. La Commission a déclaré que le programme était « illégal », remarquant que « il ne revient pas à la Commission ou à la SCPCP de se substituer au législateur en sous-entendant d’autres exemptions ». Par conséquent, la Commission a refusé de tenir compte du programme d’exonération de la redevance dans l’établissement du montant de la redevance. Malgré la décision de la Commission, la SCPCP a déclaré qu’elle continuerait à honorer tous les contrats d’exonération de la redevance existants qu’elle a conclus avec des importateurs, des fabricants, des distributeurs et des acheteurs spéciaux et qu’elle continuerait à accepter de nouvelles demandes. La SCPCP a déclaré que si les tribunaux canadiens décident à l’avenir que le programme d’exonération de la redevance est illégal, elle ne chercherait pas à recouvrer les redevances antérieures. Évolution future de la redevance pour copie privée Même si la Commission a fait savoir qu’il « ne faut pas tenir pour acquis » qu’elle maintiendra le statu quo à l’avenir, la SCPCP a exprimé publiquement sa déception face aux taux fixés par la Commission. Il n’y a guère lieu de douter que la SCPCP continuera de tenter d’augmenter la portée de la redevance pour la copie privée. Dans une décision antérieure, la Commission a reconnu qu’au fur et à mesure de l’évolution des marchés, de nouveaux types de supports utilisés pour la copie privée peuvent être recensés et assujettis à la redevance. La structure même de la redevance, établie par une commission administrative et non par voie de législation, semble indiquer qu’elle est dynamique et donc facilement adaptable à l’évolution de la copie privée. STIKEMAN ELLIOTT S.E.N.C.R.L., s.r.l. / ACTUALITÉS - PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE / 3 La Commission a établi qu’actuellement, lorsqu’un support est intégré en permanence dans un certain type d’appareil, il est possible de déterminer s’il est utilisé à titre de support audio en évaluant les caractéristiques de l’appareil. La Commission a également établi qu’elle ne ferait pas de distinction entre la mémoire amovible vendue avec un produit particulier et la même mémoire amovible vendue séparément. Cette méthodologie peut varier à l’avenir, au fur et à mesure que la tendance vers la multifonctionnalité des appareils électroniques grand public se poursuit. De nombreux facteurs influenceront les décisions en matière de copie privée prises à l’avenir par la Commission : l’incertitude quant à la situation juridique du programme d’exonération de la redevance; l’incidence des redevances sur les grands fabricants et détaillants de supports; les plaintes habituelles des opposants, telles que le fait que les supports vierges ne sont pas tous utilisés pour la copie privée de la musique. Le régime de copie privée soulève toujours la simple question de la difficulté d’établir la façon dont il faut tenir compte des acheteurs de supports de stockage qui n’utilisent pas le support pour la copie privée. La Commission a souligné dans sa décision que « certains pensent que le régime ne peut survivre dans sa forme actuelle si aucun répit n’est accordé à ceux qui ne font pas de copie privée ». En outre, la Commission a donné un aperçu des considérations de marché et de politique qui ont influé sur sa dernière décision et qui continueront sans doute à influer sur ses décisions : le caractère généralisé des marchés gris et noir; la capacité de payer et l’intérêt public; des considérations en matière de distribution de la redevance à l’échelle internationale; l’utilisation accrue de systèmes électroniques de gestion du droit d’auteur (SEGDA) et de mesures de protection technologiques (MPT) par les titulaires de droits. Groupe de propriété intellectuelle de Stikeman Elliott S.E.N.C.R.L., s.r.l. Pour obtenir de plus amples renseignements à propos de ce bulletin, veuillez communiquer avec l’une des personnes suivantes: MONTRÉAL Dominique Babin [email protected] (514) 397-3095 Stuart (Kip) Cobbett [email protected] (514) 397-3266 Hélène Deschamps-Marquis [email protected] (514) 397-3029 Marie-Pierre Simard [email protected] (514) 397-3680 OTTAWA Stuart C. 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