CigaleMag n°47
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CigaleMag n°47
N°47 Le Prix du public ENQUÊTE Paris, ventre de la France LE RUBAN BLEU er gu id Bleu de m Le e ces Le ruban s bo n s p etit s co m présente les meilleurs commerces BONS PLANS Des cartes à la carte ! AVEC de Paris RENCONTRE AVEC Bruno Cormerais et Gontran Cherrier avec OFFERT PAR VOTRE ARTISAN BOULANGER Découvrez la nouvelle carte BRED ACEF, personnalisable selon vos envies. (1) • Choisissez le visuel de votre carte bancaire, parmi une sélection de 10 visuels (1) spécifiques ACEF ou en téléchargeant la photo personnelle de votre choix . LE US des enseignes partenaires, exclusif à la carte BRED ACEF. PL S • Bénéficiez d’un programme d’avantages et de réductions auprès (1) Conditions et tarifs disponibles en agence et sur www.bred.fr BRED Banque Populaire - Société anonyme coopérative de banque populaire régie par les articles L 512-2 et suivants du code monétaire et financier et l’ensemble des textes relatifs aux banques populaires et aux établissements de crédit au capital de 520 285 720 euros - 552091795 RCS Paris -Siège social : 18, quai de la Rapée - 75604 Paris cedex 12 Intermédiaire en assurances immatriculé à l’ORIAS sous le numéro 07 003 608. Synacom - Photo : Gettyimages Carte BRED ACEF Sommaire 12ENQUÊTE r hiffmache BONS PLANS Paris, ventre de la France ? 20 ART ET CULTURE Théâtre 22ARTISANAT École Olivier de Serres Projet Arts et Cités Trésors Vivants de l’Artisanat - Prix du public 30SPORT Boxe avec Abdoulaye Fadiga 32 LA CHRONIQUE 34 SECRETS DE VIGNES 38 LE RUBAN BLEU 47 HISTOIRE DE BOULANGER 50 SECRETS DE CHEF Ma rencontre avec Gontran Cherrier et Bruno Cormerais Foire aux vins - Chalet des îles Philippe Faure-Brac Le Guide des bons petits commerces Dominique Anract et la French touch Brioche traditionnelle de Christophe Coët par Françoise Lemoine [email protected] © N. Sc 4 Édito LE VENTRE DE PARIS L e Ventre de Paris… C’était le titre d’un roman d’Émile Zola, publié en 1873. Le théâtre de ce livre, c’était les halles centrales de la capitale, sur lesquelles on a construit Beaubourg et le Carré des Halles. Les plus jeunes ne les ont pas connues. Les un peu plus anciens se souviennent, eux, de cet espace bruyant, tourbillonnant, tout à la fois brutal et chaleureux, bordés de restaurants pour solide appétit. Toutes les nuits, jusque dans les années 60-70, des bourgeois venaient s’encanailler là, leur belle au bras. Le Ventre de Paris c’était tout un symbole. Ce temps a-t-il tant changé ? Dans sa forme, oui. Aujourd’hui, Rungis a pris le relais. Paris est aujourd’hui débordé par l’Ile-de-France qui s’étale et s’étend bien loin de ses fortifications. Et précisément, sur le fond, nous vous démontrons, dans ce numéro que cette Ile-de-France est devenue le ventre de la France ! Des producteurs de tous les coins de l’Hexagone lui apportent leurs meilleurs produits : des viandes, des poissons, des fromages, des fruits, des légumes, des vins… Rien ne manque. Vous le découvrirez peut-être au fil des lignes qui suivent, mais non seulement les Français restent très attachés aux produits de leur terroir et à leur qualité, mais, mieux, la cuisine, la bonne table et le bon goût et les bons produits reviennent en force. Le nombre d’émissions télé consacrées à la cuisine en atteste. Nous qui vantons, depuis des mois, le talent de nos producteurs et de nos artisans, ne pouvons que nous en féliciter. D’ailleurs Cigale, toujours à la pointe de l’actualité ne pouvait que s’associer à ces rendez-vous médiatiques. Notre magazine est partenaire de la nouvelle émission quotidienne de M6 Où est la meilleure boulangerie de France ? Maintenant, à table ! Vous voulez nous faire part de vos bons plans, vos coups de cœur, vous voulez voir apparaître une nouvelle rubrique, nous envoyer votre témoignage pour illustrer un dossier ? Écrivez-nous à : [email protected] Direction, administration, rédaction : 36, rue Scheffer - 75116 Paris – Tél. 01 84 19 06 53 – Directrice de la Rédaction : Françoise Lemoine : [email protected] – Directeur artistique : Nestor Burlington : [email protected] – Service photo : Nicolas Schiffmacher – Ont collaboré à ce numéro : Christian Rol, Arsène Corvec, Sabine Corvec, Alexis Sainte Marie, Marie Beauquet, Jean Lapoujade – Service publicité : [email protected] – Tél. 01 84 19 06 53 – Directeur de la publication : Alexis Sainte Marie : [email protected] – Cigale est édité par la société Taliesin 36, rue Scheffer - 75116 Paris - Tél. 01 84 19 06 53 – SARL au capital de 100 000 € Imprimé par : Infopress Group - 9G, Ardealului Street, Otopeni, Bucharest, Romania BONS PLANS ap pl i 0% ex po Louer une voiture Les organismes de location de voiture dépensent beaucoup d’argent pour rapatrier leurs véhicules de location à l’agence de départ et rééquilibrer leurs parcs automobiles. Alors pourquoi ne pas faire appel aux particuliers qui ont besoin de se déplacer ? La plateforme luckyloc.com met en relation les particuliers et les loueurs professionnels en recensant tous les transferts en France. En devenant « convoyeur », le particulier n’aura plus qu’à payer l’essence et les péages pour s’en aller le portefeuille apaisé vers sa destination. Pour le moment, peu de trajets disponibles, mais nous, on parie sur cette start-up malicieuse. Pour réserver votre véhicule : www.luckyloc.com 10% À PARTIR DE cu is in e À ceux qui sont déjà lassés des soirées rooftop, voici un concept qui devrait redonner vigueur à leur coup de fourchette. Des dîners dans des rames de train désaffectées, des arrière-boutiques, des cours de récréation ou des ateliers d’artistes, voilà ce que proposent Maud et Olivier, deux passionnés de cuisine et de rencontres fortuites. En créant une communauté d’hôtes et de convives de tous horizons, ils rêvent de donner un jour naissance à la plus grande table du monde. Au-delà du plaisir de mettre les pieds sous la table d’un inconnu, le « cooker », les « meeters », les invités donc, amènent sur la table leurs histoires, leurs passions et leurs idées. Encore un site communautaire qui fait la part belle à l’humain et à l’insolite. Bon plan Cigale : appelez de notre part pour avoir -30 % sur votre prochain dîner ! Réservations sur le site www.icooknmeet.com ch in e À PARTIR DE Cuisine Cook’n’meet, un goût de clandestinité… 15% Blanche, ses conseils et petits prix ! Dans son lumineux dépôt-vente, Blanche a opté pour une mode fondée sur le partage et le recyclage nous amenant à repenser notre consommation. Seul indice : la douceur des prix, tout est vendu en moyenne au tiers de la valeur du neuf. Au sein de ce bel écrin dédié à la féminité et au bon goût, on déniche une robe Maje à 60 €, une paire de Weston à 80 €, des boucles d’oreilles Scooter à 15 €, un sac cuir Darel à 70 €, des lunettes de soleil de toutes marques à 80 €... Non ce n’est pas magique, c’est IKONIK ! 40, rue de la Tour d’Auvergne - Paris 9e – Tél. 09 50 01 73 56 www.ikonik-depotvente.com 4 CIGALE 47 À PARTIR DE dé br ou ill e su r le po uc e 10% Mozza & Co, sur les chapeaux de roue… Un drôle de petit marché italien monté sur roues, et imaginé par les trublions Arthur Gambard et Thibault Merendo, sillonne les quais de la Rive Gauche pour le plus grand plaisir des amateurs de mozzarella. Qu’ils s’appellent Madone, Cicciolina, Berlusconia ou Castafiore, ces délices crémeux accompagnés de jambons, de poivrades et de légumes grillés, étalent sans complexe qualité artisanale et petits prix. Ce bar à mozza élégant n’a rien à envier aux Food Trucks qui font déjà partie du mobilier parisien. Pour savoir où capturer cette trattoria mobile : www.mozzaandco.it pe rs o À PARTIR DE Un Anglais tombé amoureux de Montmartre, c’est arrivé plus d’une fois. Un Anglais tombé amoureux du vin français, c’est courant également. Mais l’unique Anglais qui rende hommage à ses amis de la confrérie vineuse de Montmartre, c’est Dudley Bennett, dont les toiles sont exposées tout le mois d’octobre à la Commanderie du Clos-Montmartre. Une plongée en toute discrétion dans l’intimité de ces chevaliers de la tradition vineuse parisienne, qui ont ouvert leurs portes et leur cœur à cet artiste incontournable de l’art figuratif. Commanderie du Clos – Montmartre, 9 bis rue Norvins - Paris 18e Du 1er au 22 octobre de 11h à 18h30 sauf le lundi www.dudleybenett.com 1% « J’espère pour toi que tu as un bon avocat… » Oui, et en plus je l’ai tout le temps avec moi. Fraîchement débarquée dans la forêt des applications smartphone, voici celle qui répondra à toutes vos questions d’ordre juridique. Avocat GC, éditée et mise à jour par un cabinet de neuf avocats, rassemble une centaine de vidéos couvrant les problématiques du droit de la famille, des sociétés, de la route, de l’immobilier… et propose des devis et des calculs de pension gratuits. Pour les clients du cabinet, un espace personnel dédié vous permet même de consulter vos affaires en cours. Avocats GC, disponible gratuitement sur App Store et Google Play « What’s that », Dudley ? 99% Sa valise toute sa vie ! À l’aéroport cet été, qui n’a pas pris la valise d’un autre ou qui n’a pas laissé tourner le tapis 3 fois au minimum avant de trouver sa valise ? Et nous sommes même inquiets de ne pas pouvoir la reconnaître ! C’est pourquoi maintenant plus d’excuses, vous pouvez créer votre propre valise unique au monde, en la personnalisant à votre goût et la reconnaître au premier coup d’œil. Calibag vous donne les moyens de configurer votre valise en ligne et de choisir sa couleur, celle de ses accessoires et de sélectionner votre propre sticker. Une belle collection de stickers smart, rigolos et vraiment sympas est à votre disposition ou, bonne nouvelle, vous pouvez aussi télécharger votre propre visuel, votre photo par exemple. Élément important, les stickers sont très résistants et indéchirables. Avec plus de 14 millions de configurations possibles, il y a donc peu de chance que votre valise ressemble à une autre. www.calibag.com e ça dé m én ag À PARTIR DE 0% Avocat GC, le droit au droit pour tous 502% carte Des bras en plus, déménagement à la Un nouveau service permettant de réduire les coûts de déménagement vient d’être lancé par le collectif Des bras en plus. Ils mettent à votre disposition des déménageurs, des véhicules, des emballages, et c’est vous qui décidez du nombre de personnes, de la quantité de matériel et de la durée dont vous en aurez besoin. Gain d’argent : vous et vos amis participez au déménagement, vous adaptez votre formule à votre budget. Gain de temps : vous organisez vous-même votre déménagement à votre mesure. Une très bonne idée pour les têtes en l’air prises au dépourvu de déménageurs quand la rentrée fut venue. Les agences : 60 rue Ramey - Paris 18e et 141 rue Cardinet - Paris 17e Renseignements au 01 84 16 18 00 ou sur www.desbrasenplus.com BONS PLANS JUSQU’À ec o -70% La course aux économies Et cette année ce n’est pas du luxe tant notre pouvoir d’achat se réduit. Alors nous allons ici nous occuper de votre budget voiture, un des plus gros budgets du ménage. Grâce à revisersavoiture. com, vous pourrez bénéficier d’offres promotionnelles pour l’entretien de votre voiture et en plus près de chez vous. Sur ce site, les garages s’inscrivent pour vous faire connaître toutes leurs meilleures offres pour l’entretien, la révision, le contrôle technique, la vidange, la batterie, le pare-brise, les phares, la carrosserie, les pneus, les amortisseurs, les bougies… Votre inscription est gratuite. Vous pourrez même aller voir les promotions directement en cliquant sur l’enseigne qui vous intéresse et toutes les marques sont présentes ! Alors à vous de jouer. www.revisersavoiture.com Les enfants rois Le très chic Hôtel Royal Monceau propose chaque samedi aux enfants et adolescents de ses clients aussi bien de l’hôtel que de l’extérieur un brunch, des ateliers de cuisine, d’arts plastiques et de musique, voire des cours pour s’improviser D.J. Hôtel Royal Monceau – 37 Avenue Hoche Paris 8e – Tél : 01 42 99 88 75 www.leroyalmonceau.com be au té 0% Chezlecoiffeur.com 0% Le fabuleux jardin de l’École du Breuil Bonne nouvelle, depuis le 12 juillet dernier, l’accès aux 6 hectares du jardin de l’Ecole du Breuil (créée en 1867) est en libre accès toute l’année. Jusqu’à présent seul l’arboretum était ouvert au public. Découvrons ce que nous réserve ce beau jardin en perpétuelle mutation puisqu’il s’agit du terrain d’expérience des 300 élèves qui se forment aux métiers de paysagistes, d’horticulteurs, de bucherons etc. Dorénavant nous pouvons contempler son jardin anglais et sa marre bordée de plantes aquatiques et de joncs refuge de hérons, colverts, poules d’eau, et autres perruches à collier, sa roseraie, son fruticetum et ses 800 arbustes, sa collection de 1000 plantes, plantations saisonnières éphémères modifiant l’aspect du jardin au fil des saisons et son jardin de rocaille. Sans oublier les Rhododendrons, les Camélias, les Magnolias, les Narcisses… Cet Etablissement d’enseignement horticole propose une scolarité gratuite et des cours publics de jardinage à la carte très prisés... Une belle sortie bucolique ! Route de la Ferme / Route de la Pyramide (entrée publique) Bois de Vincennes - Paris 12e M° Château de Vincennes puis bus 112, arrêt « Carrefour de Beauté » RER A direction Boissy-Saint-Léger – Station « Joinville-le-Pont » Autoroute A4 (de Paris) sortie Joinville-le-Pont puis 2e à gauche. www.ecoledubreuil.fr 80e Fête des Vendanges à Montmartre La Fête des Vendanges de Montmartre revient sur les hauteurs de la butte. Pour célébrer l’art des mets et l’art d’aimer, elle s’est pourvue d’une marraine de charme et d’un parrain de choix, Nolwenn Leroy et Thomas Dutronc. Expositions, concerts, défilés, dégustations de produits artisanaux s’invitent à cette édition dont les temps forts sont le Grand Défilé, le Ban des Vendanges et le Feu d’artifice en musique au Sacré Coeur. Très attendu également, le Parcours du Goût à la découverte de nos régions, des vins du monde et de l’eau. Cette année encore, plus de 400 000 visiteurs devraient se rendre à cette invitation conviviale et désormais incontournable. Et vous ? Du 9 au 13 octobre – www.fetedesvendangesdemontmartre.com 0% Free Troc Box, le club des échangeurs anonymes Un grand carton, un hall d’immeuble, quelques affiches bien placées, et voici la « Free Troc Box » prête à ranimer des flammes entre voisins. Chacun peut y déposer des objets qui ne lui servent plus, et récupérer ce qui lui plaît. Ce système de troc tout simple peut également marcher au bureau ou dans une association. Il suffisait d’y penser… Pour télécharger les affiches et les logos, rendez-vous sur la Page Facebook Free Troc Box. ex po Ce site malin vous ouvre les portes des meilleurs salons de coiffure parmi une sélection de partenaires à proximité de chez vous. L’avantage ? Chezlecoiffeur.com vous garantit des réductions de 30 à 40 %. Vous vous inscrivez, vous entrez vos critères, et vous sélectionnez le créneau qui vous convient. Le site se charge du reste ! Comme un vrai site communautaire, les utilisateurs partagent leurs avis sur les prestations. Un service à découvrir d’urgence. www.chezlecoiffeur.com so rti e 0% ré cu p’ at el ie rs 0% fe st iv al 0% 10e biennale d’Issy, l’art et le goût Consommation, gourmandise, alimentation… le goût sous tous ses angles investit la Biennale d’Issy que 55 artistes font vivre du 13 septembre au 17 novembre. Les créations de grands chefs étoilés côtoient les œuvres de plasticiens, de sculpteurs, de photographes et de peintres. Le parcours des salles dévoile un regard critique, parfois amusé, parfois tendre, sur la nourriture et la relation que les hommes entretiennent avec elle. Du 13 septembre au 10 novembre Musée Français de la Carte à Jouer, 16 rue Auguste Gervais - 92130 Issy les Moulineaux, et du 15 octobre au 17 novembre à la Médiathèque, 33 rue du Gouverneur Général Eboué - 92130 Issy Les Moulineaux www.biennaledissy.com pa rti r 230% Voyager ensemble c’est tout ! Pour les prochaines vacances, voici un concept original destiné aux célibataires et aux monoparentaux qui en ont assez d’être isolés au sein de couples ou de familles. Grâce aux Covoyageurs, vous pouvez choisir de partir avec d’autres célibataires par thème, donc par affinités, afin d’installer très rapidement une convivialité et des échanges chaleureux. Les thèmes et profils proposés sont les suivants : explorateur, randonneur, passionné et monoparental avec les enfants. Autre avantage non négligeable, vous pouvez découvrir les profils des covoyageurs déjà inscrits et échanger avec eux avant de partir. Des économies sont réalisées bien sûr grâce au partage des chambres et les circuits sont de fabrication « maison », élaborés en collaboration avec des agences locales, sans intermédiaires. Les meilleurs circuits aux meilleurs prix peuvent être ainsi proposés. Exemple pour 230 €, sur un week-end de 3 jours, évadez-vous pour une randonnée dans le massif secret du Caroux au sein du parc naturel du Haut Languedoc. Une belle idée pour ne plus jamais être seul. www.les-covoyageurs.com CIGALE 47 5 E R I R C S N I S U O V E D INUTILE Marie est inscrite à Université de la Sorbonne – à Café du Buraliste avec Buraliste E R B M E M À J É D S E T US Ê France VO e d l a i c o s u a e s ré 1 , s e t s i l a r Les bu er Marie Timbre acheté, candidature postée ! On croise les doigts ! 23 réagir partager Café du Buraliste Si ça marche, c’est ma tournée ! BONS PLANS 0% ex po Throwback, douce souffrance de la rentrée Ça peut vous tomber dessus en pleine réunion, en plein dîner familial, en plein cours d’aqua-bike. Il faut dire que vous l’avez cherché, en laissant votre doigt glisser vers l’application Throwback. Vous le saviez pourtant, qu’elle prendrait un malin plaisir à vous envoyer par mail vos photos de vacances de manière impromptue le reste de l’année. Et vous voilà figé devant votre smartphone, avec cet air mélancolique de ceux qui repensent aux apéros sur le port, aux flirts en anglais, aux soirées rosé-potins… Allez, courage. Throwback, disponible gratuitement sur App Store fe st iv al 2% Festival annuel de la randonnée Dimanche 29 septembre, le Comité départemental de la randonnée pédestre de Paris vous invite dès 10heures aux « Parigorandos », un festival de randonnées au coeur du Bois de Boulogne, l’un des poumons verts de la capitale. Ouvert à tous, petits, grands, sportifs ou pas, en famille ou entre amis, chacun pourra pratiquer à son rythme cette activité sportive en toute convivialité. Toutes les randonnées seront animées et encadrées par les bénévoles du comité. Voir sur le site les heures de rendez-vous des différents parcours. Inscriptions sur place : Bois de Boulogne , nord du lac inférieur, route de Suresnes www.rando-paris.org À PARTIR DE m us iq ue 12% Jazz Sur Seine, 12 jours de fête Avec 450 mélomanes mobilisés pour le Festival Jazz sur Seine, on peut parler d’une véritable opération séduction pour faire (re) découvrir ce genre musical sur lequel des générations entières se sont déhanchées. Dans 18 clubs de jazz franciliens, et dans la rue des Lombards, se côtoieront jazzmen confirmés et jeunes pousses françaises. À noter, des ateliers de sensibilisation destinés aux jeunes des quartiers prioritaires. Jazz sur Seine, du 12 au 24 octobre 2013. Programmation complète près de chez vous sur www.jazzsurseine.fr JUSQU’À so in -80% Le bien-être à petits prix Prendre soin de soi c’est se consoler des vacances qui s’éloignent, c’est aussi gagner de l’assurance pour affronter le bureau et sans culpabilité grâce ici aux réductions de prix. Balinéa.com est un site formidable dédié à la beauté et au bien-être, une vraie révolution dans le sens où il répertorie tout ce qui se fait de mieux en Spas, instituts de beauté, salons de massage, salons de coiffure, écoles de danse en associant toujours un descriptif complet des soins avec photos ainsi que les réductions de prix. Ces petits prix sont le fruit du travail d’une équipe de choc qui sélectionne rigoureusement les établissements référencés et négocie pour nous les bons plans. Tout se fait en ligne auprès des Instituts 24h/24 et 7j/7 avec mises à jour en temps réel. Plus de 1 000 bons plans sont à votre disposition. Vous aussi prenez du temps pour vous. www.balinea.com 8 CIGALE 47 0% Derniers jours du London Art Wall London Art Wall est un collectif londonien qui met à disposition des artistes et publicitaires certains murs de la ville. Cette introduction est nécessaire pour comprendre ce qu’il se trame au Printemps Haussmann. À l’occasion de la Fashion Week anglaise, cinq artistes de ce collectif ont disposé des créations uniques là où vous trouvez d’ordinaire vos jeans et paires de talons préférés. Que ce soit à la vue de cabines téléphoniques anglaises ou des fresques murales hallucinantes, votre shopping sera bouleversé à tous les coups ! Jusqu’au 9 octobre aux Galeries Printemps – 64, Bd Haussmann - Paris 9e Du lundi au samedi de 9h35 à 20h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h - 01 42 82 50 00 an im at io ns À PARTIR DE ap pl i 2% Versailles : Paroles de jardiniers Pour rendre hommage à André Le Nôtre, jardinier du Château de Versailles, qui aurait fêté ses 400 ans cette année, Yvelines Tourisme organise la deuxième édition de Paroles de Jardiniers, du 7 au 29 septembre. Pendant quatre week-ends, plus de 120 animations sont prévues : visites des jardins privés, rarement ouverts au public, ateliers de jardinage, rencontres avec des experts, découverte de plantes singulières, animations pour les enfants… Ne pas manquer les temps forts de l’événement en réservant pour : une promenade dans les serres tropicales de l’Arboretum de Chèvreloup (le 15, tarifs : 2 € à 4 €) ou pour des animations dans le Domaine de Port-Royal des Champs (le 22, gratuit). Au programme également, lectures en musique au Domaine national de Saint-Germain-en-Laye (le 29, gratuit). Réservation obligatoire : 01 39 07 85 02 ta bl e 20% Cuisinez express comme des chefs Tout pour vous plaire et vous faire gagner du temps. Il faut dire que Les Commis vous mâchent le travail et ils aiment ça ! Voilà, vous aimez cuisiner mais vous redoutez les courses et les files d’attente, vous n’appréciez pas non plus particulièrement l’épluchage des légumes, leur découpe, la pesée… Ne vous inquiétez pas pour ça, Les Commis s’en chargent pour vous. Oui c’est possible ! D’abord vous choisissez sur le site des Commis parmi les 4 menus élaborés par des chefs étoilés - Yann Tanneau, Chef du restaurant de l’Opéra à Paris et Johannes Bonin, Chef Pâtissier à Dubaï – (ou vous composez votre propre menu) puis vous commandez et recevez votre kit avec tous les ingrédients frais, préparés, dosés (fournisseurs à l’identique des grands restos) et vous cuisinez votre repas chez vous en moins d’une heure. Vous ne vous réservez donc que la meilleure partie de la préparation du dîner qui est l’art de cuisiner que vous aimez tant. Fini le stress du retard, fini de coucher les enfants trop tôt, fini de courir tout simplement… En plus, c’est un menu du chef, ce qui ne gâche rien et changera peut-être de l’éternel saumon en papillote, quoi que très bon… Clément et Cyril sont à votre disposition et vous attendent. Les Commis – 51, avenue Trudaine - PARIS 9e– Tél. 01 48 74 83 14 À partir de 8 personnes à table, bénéficiez d’une réduction de 10 %. Entrée-Plat ou Plat-Dessert : 16 €/pers. – Entrée-Plat-Dessert : 20 €/pers. Plat : 12,50 €/pers. – Possibilité de retirer votre kit en boutique www.lescommis.com BONS PLANS E PAYSAGE ET ELAGAG Arbor-Essences Pour les copropriétés et les particuliers, l’élagage des arbres est un vrai problème. Problème relatif, puisqu’il nécessite un jardin, chance inouïe à Paris – mais problème quand même. Laurent Michel a la solution. par Alexis Sainte Marie Photo : DR U ne pincée de chauvinisme nous pousserait à dire que depuis les chefs-d’œuvre de Le Nôtre à Versailles, l’art topiaire (entendez l’art de tailler les végétaux) est venu s’ajouter à la longue liste de savoir-faire que le monde entier envie à la France. Mais le chauvinisme, même par pincées, s’accorde mal avec cet art discret et patient dont Laurent Michel est un éminent représentant. TAILLE DOUCE « J’ai grandi à la campagne. Mes grands-parents, agriculteurs, m’ont donné la passion de la terre » raconte Laurent Michel. C’est ainsi qu’il est devenu paysagiste. Quelques années plus tard, il crée Art Topia, qui emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes, puis Arbor-Essences, une unité de cinq personnes spécialisée dans l’élagage et le soin des arbres… « Le principe de l’élagage tel que nous le pratiquons, c’est le respect de l’architecture de l’arbre. Un arbre tout juste élagué n’a pas plus de raison de ressembler à un portemanteau qu’un homme qui sort de chez le coiffeur, d’avoir le crâne rasé. Seulement trop de gens pensent qu’un arbre ne s’élague qu’en hiver ; que lorsqu’on élague, il faut y aller un grand coup… En fait on peut élaguer toute l’année et il vaut mieux le faire une fois par an intelligemment qu’une fois tous les trois ans brutalement : au final, ça prendra à peu près autant de temps et l’arbre sera nettement plus beau ! C’est ce qu’on appelle la taille douce, dite « à l’anglaise », et c’est notre spécialité. » LE VÉGÉTAL D’ABORD Que ce soit pour la taille d’un arbre près d’un bâtiment, le délierrage d’une façade, l’abattage d’un arbre dangereux ou encore le dessouchage, Arbor Essences sait répondre à toute demande dans la gestion du patrimoine arboricole. Très engagé dans la préservation de l’environnement, l’entreprise recycle tous les rémanents issus des tailles pour en faire du paillage, pratique la lutte biologique contre la Mineuse des Marronniers, et utilise de l’huile de colza pour ses machines… écologie oblige ! Pour un arbre dans une cour parisienne, ou la gestion d’un parc de château en Normandie, une taille de Vigne Vierge sur un pignon ou de la taille de topiaires, Laurent Michel ne fait pas de différence, c’est le végétal qui prime… par passion. Retrouvez l’interview filmée de Laurent Michel sur www.cigaletv.com ARBOR ESSENCES - Ferme du Vivier 78860 Saint-Nom-la-Bretèche Tél. : 01 61 06 20 53 – Fax : 01 61 06 20 54 Mail : [email protected] Site : www.art-topia.eu CIGALE 47 9 © dalaprod - Fotolia.com BONS PLANS S ’il fallait résumer en deux mots la mission de l’ACEF, on parlerait d’accompagnement personnalisé ; car c’est bien le cœur de métier de cette association, créée par et pour des fonctionnaires, que d’aider ses adhérents à bâtir une relation privilégiée avec les banques partenaires. L’ACEF AU SERVICE DES FONCTIONNAIRES TES EN VOUS AVEZ LES CAR MAIN Les cartes personnalisables de l’ACEF L’ACEF, Association pour le Crédit et l’Épargne des Fonctionnaires et Agents des Services Publics, a lancé il y a quelques mois une carte personnalisable. L’initiative a remporté un franc succès qui ne cesse de se confirmer… par Alexis Sainte Marie Photos : DR 10 CIGALE 47 L’ACEF a pour but d’accompagner les fonctionnaires et les agents des services publics tout au long de leur carrière – et même plus loin, puisqu’elle propose aussi des plans d’épargne retraite. Autrement dit, le principe même de l’ACEF, avant d’être financier, est humain. Avant d’être une histoire de banque, l’ACEF est une histoire de personnes. Cela passe par de grandes choses, comme la multitude de produits bancaires spécialement réservés aux fonctionnaires que les Banques Populaires, partenaires de l’ACEF, leur proposent – cela passe aussi par de petites choses du quotidien, des petits riens qui disent la vocation humaine de cette association. Et parmi eux, la dernière en date à l’initiative de la Bred pour les ACEF de son territoire : les cartes de paiement personnalisables destinées aux membres de la fonction publique ou établissements assimilés, adhérents à l’ACEF. UNE CARTE PERSONNALISÉE Ça peut paraître accessoire comme ça, mais la carte de crédit est sans doute ce qui, au quotidien, nous rapproche le plus de notre banque. On a toujours sa carte sous la main. Elle est comme la porte d’entrée de l’ensemble des services que l’on peut BONS PLANS sourire numérique ; et sur ceux de la troisième génération, là, photos de famille, paysages montagneux et autres marqueurs de notre personnalité s’étalent en couleurs. Est-ce à dire que la carte bancaire suit le même chemin ? C’est bien probable et c’est tant mieux : on sort si souvent sa carte au fil de la journée qu’il était temps de faire quelque chose pour la rendre plus agréable à l’œil. DES AVANTAGES EXCLUSIFS attendre en tant que client. Une carte est en fait le symbole de la relation qui nous unit à notre banque. Quoi de plus logique donc que de voir l’ACEF, dont la proximité avec ses adhérents est le maître mot, proposer des cartes de crédit plus personnalisées que l’habituel (et assez peu esthétique) dégradé de couleur bleu ou marron ? C’est désormais chose faite, avec une carte MasterCard qui, mis à part son aspect, diffère peu des autres : les plafonds de retrait ou les différentes assurances proposées sont tout ce qu’il y a de plus habituels. On notera juste quelques services supplémentaires ; ainsi, en plus des assurances et assistances standards, cette carte offre une garantie achats, une prolongation de garanties constructeur et une protection juridique ainsi que le paiement en trois fois par SMS. DES VISUELS À L’INFINI Venons-en donc maintenant à l’apparence, grand avantage de cette carte. Après l’unique visuel proposé à l’origine de la mise en place de la carte, l’ACEF et la Bred offrent désormais à leurs clients adhérents une gamme de visuels se rattachant à trois thèmes : solidarité, bénévolat et nature. Certains auront un coup de cœur pour un de ces visuels, les autres pourront aller plus loin en chargeant carrément le visuel de leur choix par Internet. Là, tout est possible : photos de sa famille, de ses vacances, de son chien… Seule restriction : une carte appartenant ultimement à la banque qui l’émet, on évitera les images de tabac, d’alcool ou les photos, disons, un peu trop personnelles qui tomberaient sous le coup de la loi ! On pense ici au téléphone portable : sur les portables de première génération, un écran noir et blanc affichait l’heure et le réseau ; sur ceux de la seconde génération, une grosse tête ronde qu’on aurait crue dessinée par un enfant de quatre ans vous renvoyait un généreux Éditée par la Bred Banque Populaire, partenaire de l’ACEF, cette carte reprend en fait le principe de la carte Bred&moi, sortie il y a près de deux ans. À cela près que lorsque l’ACEF propose quelque chose à ses adhérents, elle s’arrange généralement pour leur négocier au passage quelque avantage exclusif… Cette carte ne fait pas exception : cette fois, cet avantage exclusif se traduit par un programme affinitaire dédié. Avec la carte BRED ACEF, les adhérents bénéficieront toute l’année de bons plans exclusifs négociés auprès des enseignes partenaires, Celio, Marionnaud, UGC ou Gaumont, pour n’en citer que quelques-unes… Des offres mensuelles viendront s’ajouter à ces offres permanentes. Enfin – mais là, ce n’est plus l’affaire de l’ACEF – puisque cette carte est une MasterCard, son propriétaire bénéficie également du programme Priceless Paris, qui propose un certain nombre d’offres et de bons plans exclusifs pour profiter au maximum de Paris. Décidément, l’ACEF prend soin de ses adhérents ! www.bredacef.com CIGALE 47 11 ENQUÊTE Charcuterie au Gallia PARIS, VENTRE DE LA FRANCE Tous à la capita(b)le ! Paris. Ses grandes avenues, son métro, ses pigeons… et ses quelques 2 250 000 bouches à nourrir. Chaque semaine, des milliers de produits artisanaux affluent des quatre coins du pays pour ravitailler la Ville Lumière. par Alexis Sainte Marie et Jean Lapoujade Photos : Nicolas Schiffmacher / DR ”P aris est un village », dit l’adage, et à voir les étals des innombrables commerçants de proximité qui émaillent nos rues et nos boulevards, on est tenté de le croire. Profitons de la fin de l’été pour déambuler un peu dans la ville : ici, des bourriches d’huîtres fraîchement arri12 CIGALE 47 vées d’Oléron, là, des fromages de chèvres de Chavignol ; dans la brasserie du coin de la rue, de la viande d’Aubrac ; au café d’en face, un petit Beaujolais de derrière les fagots venu tout droit de Villié-Morgon… Oui, Paris est un village – ou plus exactement un concentré de tous les villages de France. Cette incroyable variété de produits, on la doit avant tout aux commerçants de proximité parisiens. Restaurateurs, primeurs, poissonniers, bouchers, charcutiers, fromagers : tels ont été nos interlocuteurs pour cette grande enquête au cœur du ventre de Paris… UNE IMAGE DE PARIS Qui dit village dit ambiance de village. Car l’atmosphère n’est pas tout à fait la même lorsqu’on se promène dans le Paris des commerçants, où chaque devanture annonce une arrière-boutique aux airs de gardemanger campagnard… Cliché ? Aucun Parisien n’a le droit de le croire, avec à portée de métro la rue Montorgueil, et le marché couvert de Passy, celui des Batignolles, les Halles ! Car cela, c’est le Paris des commerçants – une tour de Babel où l’on parle tous les patois de France, un bazar oriental façon cocorico. S’y promener suffit à s’en convaincre, cette image n’a rien d’une image d’Epinal. C’est une image de Paris, ENQUÊTE par ce qu’on sert aux clients. » Et Gérard Bohélay de nous envoyer nous faire une opinion dans le 11e arrondissement, chez Jean-Pierre Lebrave, patron du Gallia, un bartabac à l’ancienne… COMMERÇANT À L’ANCIENNE La viande de la Maison Conquet et elle est rigoureusement exacte. Mais allons plus loin et demandonsnous en quoi consiste vraiment cette atmosphère si particulière… Estelle simplement faite du défilement incessant des badauds et des sempiternelles répliques des commerçants, ces célèbres « Il est beau, mon pâté ! » et autres « Deux pour le prix d’un ! » qu’on croirait tout droit sorties d’un film d’avant-guerre ? La description est pittoresque, et pour cause : c’est celle d’un marché de spécialités régionales. Tout est là. Remplacez les produits du terroir par autre chose et l’édifice s’écroule. « Elles sont belles mes casseroles ! », « Une tondeuse achetée, une tondeuse offerte ! » Ça tombe complètement à plat. « Dans l’imaginaire collectif français, la table est synonyme de convivialité, nous explique Gérard Bohélay, notre premier interlocuteur. C’est comme ça, c’est français : on n’imagine pas conclure une affaire sans en parler autour d’un déjeuner ; on n’envisage pas de séduire une femme sans l’inviter à dîner. » Gérard Bohélay est président de la Fédération des Buralistes de Paris Île-de-France et s’il en connaît un rayon sur le sujet, c’est parce que 80 % de ce réseau, en parallèle de la vente de tabac, développe une activité bar brasserie. « Pour nous, c’est quelque chose de très important. Les buralistes sont, en nombre, le premier réseau de proximité du pays. Mais cela, ça ne veut rien dire : notre vocation est d’être le premier réseau « social » de France. Un réseau accueillant, convivial – et comme je le disais, en France, ça passe par la table. D’autant que le tabac n’a pas bonne presse aujourd’hui et que les marges sur ce produit sont extrêmement faibles… Alors le côté brasserie, pour un buraliste, c’est une façon de tenir son rôle de premier commerce de proximité, pas seulement dans les chiffres, mais dans la vie de son quartier – et un moyen de boucler les comptes à la fin du mois… » Gérard Bohélay défend depuis des années cette vision de son réseau, bien loin de la peinture sinistre que nous en font régulièrement médias et ministres. « Les buralistes sont malheureusement une proie facile pour certains parlementaires en manque de reconnaissance… Taper sur notre réseau, c’est s’attirer à coup à peu près sûr les faveurs de la presse. Mais quand on y regarde de plus près, on voit que beaucoup de buralistes sont des acteurs majeurs de la vie de leur quartier. Quand je dis ça, je ne pense pas au tabac : vendre des cigarettes n’est pas une fin en soi. Mais la brasserie, le comptoir et sa célèbre philosophie… Ça, c’est toute une ambiance, qui passe forcément Comme la plupart des patrons de bar-tabac parisiens, les racines de M. Lebrave sont ailleurs, dans l’Aveyron précisément. « Les Aveyronnais et les cafés parisiens, c’est toute une histoire, commence-t-il, rigolard. Depuis la fin du XIXe, la région fournit Paris en patrons de bar-tabac ! » À l’époque, les Aveyronnais ne sont pas arrivés les mains vides, question de politesse. Dans leurs valises, ils ont apporté toute la panoplie de leurs spécialités régionales… Aujourd’hui, magret, foie gras, aligot et autres truffades se disputent la carte du Gallia. « Je ne crois pas aux cartes pléthoriques. Un menu trop rempli, ça cache toujours quelque chose, nous confie-t-il, songeur. Mais il y a une chose sur laquelle je ne Jean-Pierre Lebrave CIGALE 47 13 ENQUÊTE transige pas, c’est la qualité de mes produits : uniquement du frais, et des producteurs que je connais. Ma viande d’Aubrac vient de la maison Conquet (voir encadré), une référence en la matière ; mes fromages de chèvre, de chez un petit producteur du Poitou. Pour mes vins, un ami œnologue me conseille, on goûte ensemble, avec quelques copains et si ça nous plaît, je l’ajoute à ma sélection. » Gérard Bohélay ne s’y est pas trompé : Jean-Pierre Lebrave est le parfait exemple de ces bougnats qui alimentent Paris en produits de qualité et le Gallia, une de ces innombrables tables qui ouvrent la capitale aux producteurs régionaux. « Ce choix que j’ai fait de ne me fournir que chez des artisans me permet de me différencier, ce qui est très impor- La carte des vins du Gallia Lucien Conquet TROIS QUESTIONS À LUCIEN CONQUET, MAISON CONQUET, LAGUIOLE (AVEYRON) Comment vos produits se sont-ils retrouvés à Paris ? Paris regorge d’Auvergnats. A une époque, les trois quarts des brasseries parisiennes étaient tenus par des gens de la région. Alors dans la tête d’un Auvergnat, Paris, c’est peut-être loin en kilomètres, mais le chemin est ouvert depuis si longtemps qu’il y a comme une grosse route toute droite qui y mène en un rien de temps ! Aujourd’hui, expédier à Paris, c’est presque une tradition : on fournit plus Paris que les villes des départements voisins ! Qu’est-ce qui pousse les restaurateurs parisiens à faire appel à vous ? D’abord des produits de qualité : la maison Conquet ravitaille les Parisiens depuis plusieurs générations. Et puis les scandales alimentaires ont poussé les gens vers plus de traçabilité : en tant qu’artisans bouchers-charcutiers, c’est une garantie que nous fournissons. Pour la viande par exemple, nous ne proposons que de la viande d’Aubrac, qui est une référence chez les amateurs. En faisant appel à nous, les restaurateurs savent que la qualité sera là. Que représentent les circuits parisiens dans votre production ? Nous travaillons avec beaucoup de restaurateurs, plus quelques bouchers et quelques épiceries fines : au total, Paris représente 50% de notre activité. 14 CIGALE 47 tant dans notre profession. Et puis je dois dire qu’à mon avis, la cuisine, ce n’est pas seulement ce qu’il y a dans l’assiette : c’est une façon d’accueillir les gens. Si on veut faire dans la convivialité et qu’on sert du surgelé, on voit bien que ça coince. La cuisine aveyronnaise, c’est une cuisine chaleureuse, généreuse. Derrière chaque produit, il y a une histoire qu’il faut raconter. Et ça, parler avec les clients pour leur conseiller tel plat, tel vin, tenir en fait son rôle de commerçant, ça, c’est le métier comme avant. » LE CONTACT HUMAIN Aveyronnais ou autre, des hommes de terroir comme Jean-Pierre Lebrave, il en existe des centaines à Paris, avec chacun son carnet d’adresses et ses produits confidentiels. C’est le Paris du bouche-à-oreille : vous travaillez avec un boucher, il vous conseille le jus de pomme de son beau-frère ; vous connaissez un poissonnier, il vous présente un ami viticulteur. Et ce n’est pas neutre. Cela veut dire que cette fameuse ambiance dont Gérard Bohélay et Jean-Pierre Lebrave nous parlaient n’est pas l’apanage du restaurateur et de son client : elle existe déjà à ENQUÊTE l’échelon du dessus, lorsque le détaillant va chercher ses produits chez le producteur. « Nos métiers sont des métiers de contacts humains, affirme Philippe Olivier, président de la fédération des crémiers-fromagers (Fédération Nationale des Détaillants en Produits Laitiers). Connaître ses producteurs, c’est la seule façon de dénicher le produit vraiment exceptionnel, celui derrière lequel tout le monde court. Moi, mes fournisseurs, je ne les appelle pas seulement quand il y a un problème de livraison. Passer un coup de fil de temps en temps, juste pour prendre des nouvelles, c’est comme ça que je conçois le métier. Au fil du temps, l’immense majorité de mes relations professionnelles sont devenues des relations amicales. Le contact humain, c’est le secret de nos métiers. Il m’est arrivé de demander des fromages spéciaux à des producteurs, avec des formes particulières, des tailles bien précises… Avec certains producteurs, nous avons ressorti des recettes de fromages disparus. Et si j’ai pu monter ça avec eux, c’est parce que je les connaissais, qu’on s’entendait bien, Les fromages de Jean-Pierre Lebrave Le comptoir du Gallia qu’on se faisait confiance. Alors je vais grossir un peu le trait : le contact humain est un vrai savoir-faire. Ça vaut pour nos relations avec les clients, ça vaut aussi pour nos relations avec nos fournisseurs. » Derrière les mots de Philippe Olivier, on voit se profiler un réseau d’une incroyable densité, comme une gigantesque toile, faite de détaillants et de producteurs. D’un côté c’est Paris, et de l’autre la France… Et ce réseau a ceci de particulier qu’en dépit des tonnes de marchandise qu’il voit défiler chaque semaine, en dépit du poids économique qu’il représente, il fonctionne à la parole, à l’amitié, à la confiance. Dans ces circuits, les contrats d’exclusivité se résument à une poignée de main ; les négociations se font autour d’un verre. La paperasse n’a pas cours – la qualité a-t-elle jamais été affaire de paperasse ? LA GRANDE DISTRIBUTION, UNE MENACE ? Face à ce réseau, il en est un autre aux méthodes radicalement différentes, c’est celui de la grande distribution. Ses arguments sont simples et – entend-on trop souvent – imparables. Notre enquête ne pouvait faire l’impasse sur ce sujet. « Le véritable problème lorsqu’on parle de la grande distribution, nous répond Philippe Olivier, c’est que l’on compare des choses qui ne sont pas comparables. Rapprocher un camembert industriel d’un camembert artisanal n’a aucun sens : ce ne sont pas les mêmes fromages. L’un demande un certain temps d’affinage et un lait d’excellente qualité, le second est une pâte de fromage que l’on passe dans une machine et qui, deux heures plus tard, a l’apparence d’un camembert. Les comparer est absurde, il n’y a qu’à goûter : ce sont CIGALE 47 15 ENQUÊTE deux fromages différents, un point c’est tout. Nous, nous faisons des fromages avec des goûts pas nécessairement forts – mais prononcés. Alors après, c’est une question de goût, et tous les goûts sont dans la nature, c’est connu… » Philippe Olivier parle de la grande distribution avec le flegme du connaisseur qui en a vu d’autres : pour lui, commerces indépendants et grandes enseignes ne chassent pas sur les mêmes terres. « Je vais même aller plus loin. Est-ce que vous avez déjà essayé de comparer, en termes de prix je veux dire, un camembert artisanal acheté chez le fromager du coin de la rue et le meilleur camembert que la grande distribution puisse offrir ? C’est assez amusant : ce camembert-là affiche le même prix que le camembert artisanal que l’on trouve dans nos crémeries-fromageries, voire même un peu plus ! » Convaincu comme tout un chacun que les prix pratiqués par la grande distribution sont imbattables, mais La Fromagerie d’Auteuil, dans le 16e pourtant intrigué par l’assurance du président des crémiers fromagers, nous avons suivi son conseil et découvert, non sans surprise, qu’effectivement, à produit à peu près égal, il revenait plutôt moins cher de se fournir chez les petits commerçants. Saviez-vous qu’un steak haché de haute qualité, en La Maison Conquet 16 CIGALE 47 grande distribution, valait le même prix qu’un steak haché de boucher, pourtant nettement plus savoureux ? Il faut croire que tout est question de communication : l’argument est de taille… LE DÉFI DE LA TRAÇABILITÉ Aujourd’hui, les circuits courts ont la cote et les petits détaillants, le vent en poupe. Du scandale de la vache folle dont nous parlait Lucien Conquet aux lasagnes de cheval du début de l’année, les consommateurs se méfient. Ils veulent savoir ce qu’ils mangent ; qu’on leur explique, les yeux dans les yeux, d’où viennent leur entrecôte, leur dos de saumon et leurs pommes de terre. La traçabilité est devenue un enjeu majeur que les détaillants de tout poil ont relevé aisément. La grande distribution en revanche a une particularité, c’est d’être grande, justement. Trop grande, même. Au jeu de la traçabilité, elle a perdu d’avance. « Je travaille pour l’Union Nationale de la Poissonnerie Française, commence Patrice Marie-Surelly. ENQUÊTE Ce qu’on note dans la poissonnerie, c’est que les gens viennent chez nous pour avoir un conseil, pour qu’on leur explique d’où viennent les produits, comment ils ont été pêchés, comment on les prépare… Ça, dans la grande distribution, c’est quelque chose d’impensable : vous imaginez si à chaque rayon, il fallait un vendeur spécialisé ? On n’en sortirait plus ! Le principe de la grande distribution, c’est la réduction des coûts pour augmenter les marges. On fait dans le grand. C’est l’inverse de la poissonnerie artisanale, qui cherche avant tout le produit d’exception. Le saumon par exemple : en grande distribution, vous trouverez généralement du saumon d’élevage norvégien. 1,2 tonne produite en 2012, un produit « tout-venant » de qualité honorable. Chez un poissonnier, ce sera du saumon d’Écosse Label Rouge, introuvable en grande distribution à cause de son prix et parce qu’il demande un travail de préparation trop long – et pourtant le goût s’en ressent ! Idem pour les crevettes bleues ou le cœur de thon L’écume Saint-Honoré, dans le 1er blanc… Ou le Skrei par exemple, une espèce de cabillaud qu’on commercialise depuis quelque temps : c’est un poisson délicieux, une espèce de cabillaud au goût particulièrement délicat. Forcément, le prix est en conséquence : la grande distribution ne peut pas suivre. Et puis, il faut dire que le Skrei arrive entier ! Il n’y a qu’un poissonnier pour savoir découper ça ! » De cette conversation avec Patrice Marie-Surelly, on retiendra que le réseau des artisans poissonniers offre une variété et une qualité que la grande distribution ne peut pas concurrencer. On en profitera également pour saluer son fair-play au sujet du saumon d’élevage norvégien de la grande distribution, puisqu’il a très élégamment omis de préciser que manger de ce poisson plus de deux fois par semaine présenterait pour l’organisme des risques suffisamment élevés pour faire l’objet d’une recommandation officielle de son pays d’origine (source : rue89) ! Mais revenons à des choses plus légères… LE RESPECT DES PRODUITS Ils sont nombreux, les producteurs boudés par la grande distribution faute de produire en quantités suffisantes. Mais retournons le problème en demandant son avis à l’Union Nationale des Syndicats de Détaillants en Fruits, Légumes et Primeurs : « Le propre des petits producteurs de fruits et légumes, c’est l’attention très particulière qu’ils portent à leurs produits. Pour les fruits par exemple, ils font un travail formidable sur le taux de sucre – ni trop, ni pas assez ; sur la façon de les cultiver sans les gorger d’engrais… Forcément, le goût s’en ressent. Le marché du boulevard Charonne CIGALE 47 17 ENQUÊTE Le marché du boulevard Charonne Il y a un vrai savoir-faire. Alors ces producteurs sont certes trop petits pour intéresser la grande distribution, mais ce qu’on constate, c’est que ceux qui pourraient travailler avec les centrales d’achat, quand ils ont le choix, préfèrent ne pas le faire. D’abord parce que la politique de prix des centrales d’achat n’est pas à leur avantage, ce qui est quand même important ! Ensuite, parce qu’avec un primeur il y a une discussion possible, un respect du produit et du travail bien fait. Ce contact humain entre producteurs et primeurs est quelque chose d’essentiel : c’est en fait ce qui garantit la qualité pour le consommateur final. » Nous noterons au passage que cette façon de penser n’est pas sans rappeler les mots d’un fromager qui figure ce mois-ci dans notre rubrique Ruban Bleu, M. Maret (voir p.42) : il nous expliquait que de plus en plus de jeunes agriculteurs, plutôt que de vendre leur lait à pasteuriser à la grande distribution, préféraient se lancer dans la production de fromages. Leurs marges n’en sont que plus élevées et leur produit, mieux apprécié… Arrivé au terme de cette enquête – dont nous espérons qu’elle aura 18 CIGALE 47 intéressé le lecteur – nous résumerons notre propos en professant qu’à miser sur les commerces de proximité, commerçants, producteurs et consommateurs : tous sont gagnants ; qu’à tabler sur les circuits courts, on garantit non seulement la vitalité économique, mais aussi le respect du travail bien fait et bien sûr, la variété gastronomique… Nous laissons désormais la parole à Jean Lapoujade, notre expert ès vins, pour un mot sur ce marché particulier et une de ces conclusions gaillardes dont il a le secret, entre produits du terroir et petit verre au comptoir – à la vôtre ! LES CAVES SE REBIFFENT ! Nos ancêtres consommaient le vin comme un substitut alimentaire désaltérant et ingurgitaient à foison des litres de rouge épais qui leur donnait de la force à l’ouvrage, du cœur au ventre et la lippe vagabonde. Même dans les cantines scolaires, le quart de vin avait droit de cité. Fort de cette consommation conséquente, le viticulteur pouvait faire pisser sa vigne sans souci de qualité, sa production était toujours vendue. Il ne craignait que le phylloxéra et le mil- diou. Aujourd’hui, la morosité de nos estomacs délicats ne supporterait plus ces jajas d’autrefois. Mais d’une extrémité à l’autre, le vin est souvent devenu un nectar précieux que le consommateur se doit de payer un bon prix avant de le glouglouter en prenant des airs inspirés, tout en débitant entre deux lampées un jargon technico-œnologique bien senti. Cette nouvelle consommation a créé de nouveaux marchés : les intermédiaires se multiplient entre le viticulteur et le consommateur. Grossistes, négociants, chaînes de cavistes ou pire, acheteurs de la grande distribution ont verrouillé la filière. Pour survivre, les producteurs doivent rentrer dans cette boucle strangulatoire, même si quelques vacanciers en goguette leur donnent encore un peu d’oxygène en s’arrêtant déguster dans leur domaine. Depuis quelques années, le vin retrouve un certain allant sur les comptoirs parisiens. Le petit canon de rouge et de blanc fait fureur à l’heure apéritive et détrône peu à Jean Lapoujade ENQUÊTE peu les sempiternels laxatifs anglosaxons. À l’origine de ce phénomène, les bougnats auvergnats qui monopolisaient la vente de charbon dans la capitale jusque dans les années 50. Après la Deuxième Guerre mondiale, ce commerce fructueux tomba sur un bec… de gaz. Pour redonner vie à leurs échoppes, nos bougnats les convertirent peu à peu en bistrots à vin, n’hésitant pas à descendre dans les vignobles pour trouver des petits producteurs de qualité dans des appellations moins connues que Bordeaux ou Bourgogne. Ils gardaient jalousement leurs adresses vineuses, mettant eux-mêmes le vin en bouteille et es- tampillant le flacon d’une étiquette au nom de leur établissement. Il fallut attendre les années 70 pour voir les premiers viticulteurs tenter l’aventure inverse et monter à la capitale. Dans le sillage de Roger Thévenet (voir encadré), ces hommes de la terre quittèrent leur terroir pour battre le pavé parisien et proposer leur production dans les bar-tabac, brasseries, cafés, bistrots à vin et autres estaminets de bon aloi qui constituent aujourd’hui un marché non négligeable pour la survie de leur profession. Le vin, souvent ringardisé dans l’esprit du grand public, retrouva peu à peu une dimension gastrono- mique à laquelle on ajouta celles du plaisir et du partage. Bien entendu, la grande distribution, sentant un marché juteux, voulut se mêler à la fête. Heureusement, dans le sillage de tradition du Vin, association qui décerne chaque année la Bouteille d’Or au « Meilleur Bistrot à vin » (cette année, « Le Bistrot d’à côté », 16 rue Lalande, dans le 14e), la notion de vin de propriété s’installa dans la tête et les papilles du consommateur. Conscients de l’opportunité de ce mode de distribution, les vins de Blaye, Chinon ou Juliénas n’ont pas hésité à organiser des journées dédiées à leurs appellations au cours desquelles les viticulteurs montent ensemble à la capitale avant de s’éparpiller dans tous ces établissements à la rencontre des consommateurs. Quel plaisir de pouvoir s’accouder à un comptoir à n’importe quelle heure de la journée en compagnie d’un hydrophobe distingué, d’un œnophile crapuleux ou d’un habitué au nez fleuri pour y déguster un ou deux verres de vin issu de nos terroirs de France. Avec quelques rondelles d’une saucisse d’Auvergne ou un Saint-Nectaire au lait cru, la vie prend tout de suite un sens plus émoustillant… TROIS QUESTIONS À : ROGER THÉVENET, DOMAINE DU PETIT PÉROU, MORGON Roger, vous avez été l’un des premiers à monter à Paris. Racontez-nous l’origine de cette démarche. C’était dans les années 70. Je voyais depuis quelques années des propriétaires de bistrots venir chez moi et m’acheter des fûts entiers. Peu à peu, j’ai sympathisé avec certains d’entre eux, notamment Cathy et Daniel Vidalenc qui tenaient « Le Réveil du 10e ». Ce sont eux qui m’ont invité à venir les voir sur Paris et qui m’ont présenté à de nombreux confrères. Aujourd’hui, combien servezvous de clients parisiens ? Entre 120 et 130, tous des débits de boisson. Et quelle proportion de votre production écoulez-vous ainsi ? Près de 50%, ce qui n’est pas rien ! Roger Thévenet CIGALE 47 19 7 > 1O NOV 2O13 CARROUSEL DU LOUVRE PARIS THÈME 2O13 : PATRIMOINE ET TERRITOIRES www.patrimoineculturel.com 20 CIGALE 46 Théâtre ART & CULTURE OMBRE ET LUMIÈRE Moi, Caravage par Marie Beauquet T out commence par un chant, une longue complainte italienne qui nous hante jusqu’à la scène finale. Mais autant que vous le sachiez d’emblée, la pièce débute par un Caravage déjà mort. Même mort, il n’est que bruit, tumulte et agitation. À l’image de sa vie, dont il est question dans cette pièce. Les thèmes qui ont dirigé l’œuvre de Caravage, de son vrai nom Michelangelo Merisi, sont tous là, adroitement mis en scène : la rébellion contre ses maîtres et contre le carcan ecclésiastique, la sensualité à tout prix, la fascination pour la décapitation. Le décor, subtilement dépouillé, est semblable au peintre : il ne vit que par la force du clair-obscur. On ne résiste pas longtemps à ce regard fou, ces cheveux indomptés, et ce tumulte créatif. Accompagné par Laetitia Favart qui incarne les hommes et les femmes de la vie du peintre, l’italien Cesare Capitani donne corps et fougue au Caravage tel que Dominique Fernandez l’avait imaginé dans son roman La Course à l’abîme. Si la pièce s’appelle Moi, Caravage, Capitani peut se proclamer lui, le Génie. Petit conseil : pour apprécier encore plus la pièce, une petite revue de ses œuvres principales n’est pas superflue. Moi, Caravage – Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins - Paris 8e Du mardi au dimanche à 19h, le week-end à 15h30 Théâtre IGALE BON PLAN C POUR 2 10 INVITATIONS ER À GAGN EMAG.COM, SUR WWW.CIGAL TIONS VI RUBRIQUE IN TA MET IC MÉTAYER AU SOM ÉR Le train fantôme par Alexis Sainte Marie A près le triomphe des « 39 Marches », il serait faux de dire qu’on attendait Eric Métayer au tournant. Au contraire, on trépignait d’impatience de découvrir sa nouvelle pièce. Bienvenue dans Le train fantôme, adaptation de Dracula à la sauce Métayer ! Alors comment dire tout le bien qu’on en pense ? Commençons par la mise en scène, puisque c’est la marque de fabrique du maître. À elle seule, elle suffit à justifier le spectacle : chaque nouvelle innovation scénique – et il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup – déclenche instantanément l’hilarité de la salle. Avec ça, un jeu d’acteurs au cordeau, mené tambour battant (une franche engueulade à deux voix notamment, jouée par une seule actrice, aussi brillante que drôle) et des dialogues particulièrement comiques. Arrive-t-on au niveau des 39 Marches ? C’est qu’Eric Métayer avait mis la barre haut. En ce qui nous concerne, nous avions adoré sa précédente pièce. Le temps aidant, il semble qu’elle soit devenue à peu près indétrônable dans notre souvenir, la question ne se pose donc plus. Courez malgré tout voir Le train fantôme. En entrant dans la salle, les ouvreurs, se prenant au jeu, nous ont souhaité une soirée « terrifiante », « moche », puis finalement « horrible ». C’est raté : on a passé une soirée fantastique. Théâtre de la Gaîté Montparnasse – 26, rue de la Gaîté - Paris 14e Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 21h, Samedi à 16h30, Dimanche à 15h Théâtre IGALE BON PLAN C E TÉLÉPHONE DE FOLI Aphone POUR 2 10 INVITATIONS À GAGNER EMAG.COM, SUR WWW.CIGAL TIONS RUBRIQUE INVITA par Alexis Sainte Marie L ’aphone est le dernier gadget à la mode, le nec plus ultra de la technologie qui va changer votre vie – peut-être même plus que vous ne l’auriez voulu ! Car l’aphone ne vous permet pas seulement de téléphoner : il téléphone pour vous. Imaginez un monde d’où tout coup de fil rasoir serait banni : c’est l’aphone, seul téléphone capable de se brancher sur votre cerveau et de tailler une bavette à votre place. Voila la trame alléchante du spectacle de Jérémy Manesse. Une fois cette trame posée, accrochez-vous, ça part dans tous les sens : rien d’étonnant, on est au Café de la Gare, théâtre mythique qui a su rester fidèle aux folies de sa jeunesse, quand Coluche, plutôt que de hanter ses murs, les faisait trembler à grands coups de vannes. Si vous ne connaissez pas, allez-y – et si vous connaissez aussi, d’ailleurs. Le Café de la Gare, c’est un endroit où tout est permis. Une scène sur laquelle les acteurs ont le droit de s’amuser autant que la salle. Des pièces dans lesquelles les plus loufoques énormités font rire comme des gamins le plus sérieux des publics. « Aphone » est fidèle à l’esprit du lieu : plein d’énergie et d’excentricité. On en sort ravi, un peu perdu aussi mais qu’importe : pendant une heure et demi, on a rigolé. Comme des gamins. Et c’était bien. Café de la Gare – 41 rue du Temple - Paris 4e - Samedi et Dimanche à 18h, Lundi à 20h CIGALE 47 21 ARTISANAT ERRES ÉCOLE OLIVIER DE S L’intelligence de la main L’École Olivier de Serres, autrement dit, L’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art (ENSAAMA) est issue de l’École des Arts Appliqués à l’industrie (1922), et de l’École des Métiers d’Art (1941). Sous le magistère de sa Directrice Marie-José Mascioni, les 710 heureux élus alternent sculpture, décor mural, céramique, architecture d’intérieure, esthétique industrielle et joie de vivre. par Arsène Corvec Photos : Nicolas Schiffmacher L ’École Olivier de Serres a une âme. Celle-ci s’appelle Marie-José Mascioni qui accompagne davantage qu’elle ne « dirige » ses élèves. D’ailleurs, ceuxci n’ont besoin que d’être encadrés. Ils le sont par les meilleurs professionnels 22 CIGALE 47 dans leur catégorie. Fred Barnley est en charge de la création sur métaux : l’orfèvrerie et l’horlogerie. Lui-même est un artiste accompli qui expose à New-York. Pascal Geoffroy ne quitte son atelier du Larzac que pour son cours de céramique. Sophie Clercy et François Paturange initient leurs troupes aux matériaux de synthèse tandis que le domaine fresques-mo- saïques est tenu par Edwige et Sabine. Plus étonnant est le concept développé par le Maître Choï, la composition graphique et volumes. Cette liste non exhaustive – n’oublions pas les cours d’expression française, de maths et de physique – est un gage d’épanouissement pour ceux et celles qui ont choisi d’emprunter le chemin difficile des Métiers d’Art d’Olivier de Serres où les maisons de luxe puisent abondamment ; ainsi que la firme Renault avide de concepteurs de prototypes en design. Maire-José Mascioni, en ambassadrice d’Olivier de Serres, loue et promeut « le génie français, cette notion très abstraite, qui s’épanouit chez nous et s’exporte aux 4 coins du monde. Nous y perpétuons aussi de vieilles sciences oubliées comme la laque. Au point que des Chinois viennent chez nous retrouver les secrets de leur propre héritage. » En parcourant les couloirs de l’établissement, refait à neuf, la maturité des sujets d’étude laisse pantois. La bohème désordonnée ARTISANAT qui y règne est illusoire car l’enseignement est rigoureux. « Dans notre école, les élèves sont tellement pris par leur passion qu’il faut les mettre à la porte le soir » explique la Directrice en souriant. « Nous sommes, dans la grande tradition des Écoles d’arts appliqués (Boulle, Estienne et Duperré) des « accoucheurs de talents ». Pour atteindre cette ambition, les meilleurs équipements, locaux et matières sont mis à disposition. « Nous avons chaque année des milliers de postulants pour quelques 700 places. Les plus motivés des post-bac, ceux chez qui nous décelons un potentiel, sont les heureux élus de notre jury ». D’autant plus heureux qu’Olivier de Serres est, malgré son élitisme légitime, un établissement public, donc gratuit… Un peu comme si les ateliers Rolls-Royce mettaient leurs ateliers et leurs experts à la disposition d’apprentis mécano qui voudraient tâter de la bielle ou de l’arbre à cames. On ne dira pas que les élèves d’Olivier de Serres sont des « apprentis mécano » mais Marie- José Mascioni s’inscrit dans le sillage de Gérard Desquand (voir Cigale N°45) et préconise, elle aussi, l’instauration de diplômes de 3e cycle – en lieu et place d’un simple BTS – véritables passeports pour l’international où, comme l’on sait, la touche française bénéficie toujours de ce prestige – fondé – qui repose sur l’extrême professionnalisation de nos compatriotes lorsque ceux-ci exercent dans les techniques de pointe. Mieux encore, Olivier de Serres développe des techniques et des Arts pratiquement invisibles ailleurs dans le monde. D’où l’extrême urgence pour les Pouvoirs Publics de prendre à cœur cette préoccupation. « Gérard Desquand est un défricheur, un pionnier » dit-elle « Il ne bataille pas pour lui mais pour le rayonnement français en termes de métiers d’art et pour l’économie qui en découle. Nos domaines ne sont pas des « niches » confidentielles mais de véritables mines. » Des mines d’or et de talents qui motivent les partenaires institutionnels. Delsey, Thompson, Décathlon, Mitsubishi, Peugeot et d’autres encore soignent ce vivier où l’on prélèvera les « perles rares » pour mieux les polir, les dégrossir et les amener jusqu’à maturité. La « patte » Olivier de Serres est reconnaissable entre toutes (comme, dans leurs domaines respectifs, Duperré, Estienne et Boulle) : l’intelligence, plus la main. ENSAAMA - Olivier de Serres 63, rue Olivier de Serres - Paris 15e M° Convention Tél. : 01 53 68 16 90 Fax : 01 53 68 16 99 www.ensaama.net CIGALE 47 23 ARTISANAT ARTS & CITÉS L’œil, la main et l’idée La plupart de nos monuments sont issus de la collaboration entre artistes, artisans et ingénieurs. Le projet « Arts et Cités » entend remettre cet esprit au goût du jour en réunissant des étudiants de filières techniques, artistiques et généralistes, autour de projets dont, de fait, ils maîtriseront toutes les phases de réalisation… par Alexis Sainte Marie Photos : Nicolas Schiffmacher /DR I l faut dégraisser le mammouth ». Ces mots prononcés par Claude Allègre quelques jours seulement après son arrivée à la tête du Ministère de l’Éducation nationale lui avaient valu la haine tenace des professeurs… L’enseignement, véritable citadelle assiégée à la française alors même que Bruxelles tente désespé24 CIGALE 47 rément d’uniformiser les diplômes européens, n’en finit pas d’échauffer les esprits – et pas seulement dans les cursus généralistes… RÉUNIR LES FILIÈRES Alors faut-il dégraisser le mammouth ? À cette question dangereuse, nous préférerons celle-ci : dans le fond, qu’est-ce qu’un mammouth ? Un pachyderme anachronique. Un gigantesque machin tout de poils emmêlés et de lourdeur pataude, disparu quelques milliers d’années avant notre ère. Les poils en moins, cette définition n’est pas sans rappeler certaines institutions françaises qui portent leur lourdeur comme un symbole d’efficacité et leur anachronisme comme l’emblème du respect des traditions. L’enseignement est de ces institutions, indéniablement, et le pire anachronisme qu’elle commette, c’est sans doute cette dichotomie entre formations dites intellectuelles et manuelles – dichotomie d’autant plus grave qu’elle a tendance à franchement favoriser les premières au détriment des secondes… Or formations techniques et formations généralistes, bien loin d’être concurrentes, sont complémentaires. Combien d’œuvres n’auraient jamais vu le jour sans l’étroite collaboration d’artistes, d’artisans et d’ingénieurs ? On pense ici à bon nombre de nos monuments, Arc de Triomphe, Château ARTISANAT de Versailles ou Pyramide du Louvre entre autres, qui n’auraient jamais vu le jour sans le travail conjoint de ces trois catégories de personnes. Et c’est là que le système tel qu’il existe apparaît dépassé, car aujourd’hui, chaque filière est parfaitement cloisonnée. Et si l’on reprend ce trio, pourtant gagnant, de l’artiste, l’artisan et l’ingénieur, il est flagrant de voir combien les formations actuelles les poussent à travailler chacun dans leur coin, sans la moindre passerelle entre eux, alors même que leur carrière amènera forcément les élèves qui suivent ces formations à travailler ensemble. C’est pour remédier à ce triste état de choses que Gérard Desquand et Alain Derey ont imaginé le projet « Arts et Cités », un concours qui rassemblera des élèves de filières différentes à travailler ensemble au cours de l’année scolaire 2013-2014. s’affirmer, chacun dans sa spécificité. « Pour ce projet coordonné par l’Institut National des Métiers d’Art, explique Gérard Desquand, nous avons réuni des écoles d’arts appliqués comme Boulle, Duperré, Estienne ou Olivier de Serres, mais également l’École nationale supérieure d’architecture de Marne-la-Vallée, les BeauxArts de Bretagne ou l’École des Ingénieurs de la Ville de Paris. Le but, c’est que les élèves aient accès à d’autres horizons, qu’il n’y ait pas ce cloisonnement idiot entre les filières. Ça ne veut pas dire que l’artisan va devenir ingénieur ou l’ingénieur artisan : ça veut dire que lorsqu’un ingénieur imagine quelque chose, c’est l’artisan qui le réalise ; que lorsque l’artisan a une idée, c’est l’ingénieur qui la rend possible. » Faire se rencontrer ces jeunes, c’est affirmer que l’artisan n’est pas qu’une « petite main », tout comme l’ingénieur n’est pas qu’une machine à calculer ou l’artiste, un pur esprit conceptuel. C’est reconnaître la légitimité de chacun à s’intéresser au travail de l’autre et faciliter des échanges qui viennent servir la réalisation commune. « Arts et Cités » vient ainsi illustrer la complémentarité des savoir-faire, aussi bien artistiques qu’artisanaux ou techniques. « Ce programme est d’autant plus important, continue Gérard Desquand, qu’il y a l’envie chez les élèves de s’ouvrir sur ces autres formations. Le système actuel est verrouillé, mais les jeunes, eux, ont soif d’échanges entre filières. Le but de notre projet, c’est de combler ce manque en créant des passerelles autour d’un concours commun. » UN TRAVAIL D’ÉQUIPE Car une fois les écoles réunies, il a fallu imaginer le projet autour duquel elles DES ÉCOLES PARTENAIRES Alain Derey est directeur de l’École d’architecture de la Ville et des Territoires de Marne-la-Vallée, ancien directeur de la prestigieuse Villa Arson, et à l’origine docteur en philosophie – Gérard Desquand, graveur héraldiste, Maître d’Art, président de l’Institut national des Métiers d’Art et professeur à l’école Estienne. L’ambition de leur projet, c’est donc de créer des passerelles entre différentes filières et différentes écoles, de les réunir autour d’un projet commun qui doit permettre à tous ces talents de pleinement CIGALE 47 25 ARTISANAT allaient pouvoir collaborer tout en faisant valoir leur savoir-faire particulier : c’est sous la forme d’un prix que le programme « Arts et Cités » se lancera dès le mois de décembre. Et pas un prix qui verrait s’opposer les écoles entre elles… « Surtout pas, s’amuse Alain Derey : cela, c’est précisément ce que l’on combat ! » Non, pour « Arts et Cités », les groupes en compétition seront composés d’élèves des différentes écoles, chargés de conceptualiser et de réaliser un projet de leur choix dans le domaine de l’espace public. « Et puisque chaque groupe maîtrisera l’ensemble des compétences demandées, continue Alain Derey, ils seront en mesure de le réaliser d’un bout à l’autre. Prenons un exemple : si un groupe choisissait de fabriquer, je ne sais pas… un lampadaire, disons : les élèves des Beaux-Arts le dessineront, les artisans le réaliseront et les ingénieurs s’occuperont de le faire fonctionner. Mais ce qui sera intéressant, c’est que les élèves ne pourront 26 CIGALE 47 pas réaliser leur partie chacun dans leur coin : ils seront obligés d’échanger et d’avoir en tête les trois étapes de la réalisation lorsqu’ils y ajouteront leurs compétences, vous comprenez ? Ce qui signifie qu’au-delà de la satisfaction d’utiliser leurs compétences pour mener à bien un projet commun, ce que ces élèves vont découvrir, c’est la richesse des savoir-faire de leurs coéquipiers. De ces échanges vont, je crois, naître des choses fabuleuses. » Concrètement, ce projet prendra la forme de deux ateliers intensifs d’une semaine pour lesquels l’appel à candidatures débutera en décembre. Le premier des ces ateliers, en févriermars 2014, permettra aux groupes de définir leur projet selon des critères à la fois esthétiques, économiques et économiques ; et le second, six mois plus tard, de le réaliser. VERS UN NOUVEAU DIPLÔME Mais puisque ces échanges entre filières coulent si parfaitement de source, comment se fait-il qu’ils n’existent pas depuis plus longtemps ? « En fait, il en existe quelques-uns, modère Gérard Desquand, dans cer- ARTISANAT taines écoles – mais si peu ! Et il y a une explication simple à cela, qui est, au fond, la vraie raison d’être de notre projet : c’est qu’en France, le système des diplômes est terriblement verrouillé. Vous savez comme, dans les études généralistes, si par exemple vous faites deux ans de prépa scientifique pour passer ensuite en fac d’histoire, il n’est pas certain que vous ayez la moindre équivalence ? C’est pareil dans les formations artistiques et artisanales. En pire. » Ainsi, le concours « Arts et Cités » a pour vocation de réunir les filières autour d’un projet commun mais même, à plus long terme, de légitimer la création un Diplôme National Supérieur des Métiers d’Art unique qui soit reconnu par l’ensemble des écoles. Car on touche ici à un autre problème du système : alors que les filières généralistes visent à peu près toutes le bac+5 – et plus encore depuis la réforme LMD qui doit permettre au système français de se caler sur les standards européens – les formations aux métiers d’art, elles, dépassent rarement les deux ans… « Il y a quelque chose de presque infâmant aujourd’hui à ne faire que deux ans d’études post-bac, nous explique Gérard Desquand. On peut le regretter, le fait est qu’il est anormal qu’un élève qui souhaite continuer à se perfectionner après son Diplôme des Métiers d’Art en deux ans ne puisse pas le faire… Ou du moins pas en France, car ne nous leurrons pas : des Français doctorants en métiers d’art, il y en a – ils se sont simplement expatriés dans des pays qui proposent ce type de diplômes : l’Angleterre, les pays scandinaves ! Vous me direz, ça leur fait apprendre les langues… Mais tout de même ! N’est-il pas désolant que ces jeunes ne puissent pas se spécialiser en France, alors même que nos savoir-faire artisanaux sont une référence mondiale ? Le diplôme que nous voulons créer doit pallier ce manque, en formalisant une filière complète de formation aux métiers d’art, du bac+2 au bac+5, ce qui revient en fait à relever le niveau de ces diplômes en s’alignant sur nos homologues européens. » En mettant en lumière la collaboration entre les différentes filières et en facilitant les passerelles, le projet « Arts et Cités » invite en fait les étudiants à prendre leur avenir en main, à faire bouger les choses ; en un mot, à forcer la main de l’administration pour réinventer leurs formations et les métiers auxquels ils se préparent. Artisans, artistes et ingénieurs vont travailler ensemble : l’idée est fascinante, ne doutez pas que Cigale vous en reparlera… CIGALE 47 27 AT 2013 N A IS T R A ’ L E D S T N A TRESORS VIV Prix du Public Ça y est, l’édition 2013 des Trésors Vivants de l’Artisanat est lancée et avec elle, le « Prix du Public » qui propose aux internautes de voter pour l’artisan de leur choix. par Françoise Lemoine Photos : DR 28 CIGALE 47 J usqu’au 15 octobre, il suffira aux internautes de regarder une des vingt vidéos de trois minutes sélectionnées par des experts et de voter en ligne pour conduire un « maestro » des métiers d’art à devenir « Trésor Vivant de l’Artisanat ». L’avantage de ce vote ? On n’est, pour une fois, jamais déçu de son choix ! UN VOTE « COUP DE CŒUR » Le vote du public récompensera un artisan d’art sélectionné préalablement par le jury sur la base de deux valeurs fondamentales : l’excellence de sa technique et la place qu’occupe son entreprise dans le patrimoine national qu’il convient de protéger. Indépendamment de ce vote « coup de cœur » ouvert au public, le jury des Trésors Vivants de l’Artisanat, composé d’experts, de mécènes et de journalistes spécialisés, récompensera, en toute indépendance, trois artisans d’art majeurs dont les noms seront révélés au cours du Salon du Patrimoine Culturel qui se tiendra au Carrousel du Louvre en novembre 2013. Ce trophée est une consécration pour l’artiste car il met en valeur non seulement le talent et la réussite professionnelle mais aussi le rôle de « passeur de témoin » des artisans qui tiennent à transmettre Forum Francophone des Affaires ce dont ils sont les héritiers : une technique… DES MÉTIERS À TRANSMETTRE En votant par Internet, vous serez donc dans l’esprit du jury : portraits de chaque artisan, vidéos Haute Définition filmant l’atelier en effervescence, note de synthèse sur l’entreprise et son marché, etc. Et côté « coup de cœur », vous risquez de devoir faire des choix en découvrant des artistes indépendants que le monde entier nous envie ! Mais qui, paradoxalement, doivent se battre pour que l’État préserve les programmes de formation qui assureront la transmission à de nouvelles générations. Information complémentaire qui donnera un sens encore plus grand à votre vote ; derrière les vingt qualifiés, se cache une organisation qui a reçu quatre cents dossiers de candidature pour les Trophées. Et au-delà de la sélection des profils particulièrement adaptés à la philosophie originelle des Trophées, le jury a pu constater la vitalité des métiers courus par les élites du monde entier malgré le patronyme baroque des spécialités : gaufreur, glypticien, plumassier, passementier… Un véritable microcosme, en fait la crème de la crème des métiers d’art, qui s’est pressée aux portes du concours. SOUTENEZ L’ARTISANAT ! Car les Trophées servent aussi à pointer du doigt une réalité : Depuis plusieurs décennies on a préféré le diplôme à la technique. Mais les chiffres de Pôle Emploi restent malheureusement sourds aux sirènes du tout-diplômé et réper- torient rarement des artisans d’art dans leurs fichiers. Pourquoi ? Parce que les artisans d’art n’en finissent jamais de se former et que le marché français comme le marché international assure des commandes régulières et précieuses à une grande partie des trente-quatre mille artisans d’art français. Aussi, en votant, comme près de 20 000 amateurs en 2012, vous lancerez un signal fort aux institutions : les métiers d’art sont des métiers vivants qui ouvrent des perspectives à long terme pour ceux qui s’y forment. Les Trophées des Trésors Vivants viennent ainsi, de façon professionnelle et ludique, mettre en lumières les meilleurs artisans d’art qui ont fait ce choix et permettent aux Français, en surfant sur le site avant de voter, de redécouvrir l’incroyable richesse de plus de 200 différents métiers en naviguant d’un artiste à l’autre. Les votes sont ouverts du 15 septembre au 15 octobre sur le site tresorsvivants.com Résultats annoncés le 16 octobre et remise des prix le 7 novembre au Salon du Patrimoine Culturel. CIGALE 47 29 SPORT BOXE Champion spirit, noble art et beaux quartiers Le 50 Foch, comme son nom l’indique, est situé sur la prestigieuse avenue où le multiple champion Abdoulaye Fadiga initie au noble art célébrités, anonymes motivés et capitaines d’industrie. par Sabine Corvec Photos : Nicolas Schiffmacher O utre l’exclusivité du concept Champion Spirit, on notera la valeur ajoutée : les coachs comptabilisent à eux seuls 29 titres nationaux et 16 titres internationaux. La clientèle ? Huiles du Cac 40 venues fondre, « people » discrets, sportifs de haut niveau et « communicants » sulfureux constituent 30 CIGALE 47 l’essentiel des troupes d’Abdoulaye Fadiga, champion du Monde de Boxe Thaï 2007 et sept fois champion de France, avec 63 victoires sur 69 combats (!). Ce palmarès impressionnant vaut à ce jeune homme accort d’entraîner les Forces Spéciales d’Intervention et d’assurer parfois la sécurité de diverses personnalités. Mais, désormais, son activité principale est celle d’un manager entrepreneurial autant que celle d’un coach. Son univers et celui de ses clients est un décor de cinéma aux lumières savantes et à la déco épurée. « J’ai commencé dans un petit local rue Marbeuf en 2009 où je donnais des cours particuliers parallèlement à ma carrière. En 2010, j’ai ouvert une autre salle avenue de Malakoff à Paris et le 50 Foch en juillet 2013. Depuis le début, le bouche-à-oreille a fonctionné et m’a amené une clientèle aussi discrète que fidèle. » Beau parcours pour ce Français d’origine malienne qui suivit sa mère, puéricultrice pour Médecins sans Frontières, dans la brousse et les villages africains avant de venir s’installer en France, dans la banlieue ouest où Abdoulaye a grandi et pratiqué de manière intensive le sport. » Mais ceux qui rêveraient de s’encanailler et frémissent de volupté à la seule évocation de la SPORT banlieue en seront pour leurs frais. « Mon but, explique le champion bien élevé, c’est précisément de sortir la boxe de la banlieue. Je veux dire, de s’affranchir de cette connotation. De toute façon, tout le monde le sait, les champions de haut niveau en boxe ne sont pas des gens qui se battent dans la rue. » Ce paradoxe, qui n’en n’est pas un, laisse plutôt la place à l’esprit des lieux et à la métaphore : « La boxe est une école de la vie. On prend des coups. Tout le temps, quel que soit le niveau social et sa position. Avec la boxe, on apprend à encaisser, à se relever et à reprendre l’avantage. Les cadres dirigeants qui viennent ici sont sensibles à cette philosophie simpliste mais qui s’ancre dans le réel dans des proportions inimaginables. » Mais peut-on être bourgeois et dur au combat ? « Je ne vois pas de différence. Je pense que les gens naissent avec les mêmes dispositions à être méchants, agressifs, forts, faibles ou sournois. Après c’est selon sa propre vie et le milieu dans lequel on évolue qui développent ou pas la niaque. » Deux types de clientèle se réunissent autour de ce Champion Spirit : ceux qui viennent pour la défense et le combat ; et ceux qui viennent pour se muscler, perdre du poids et se vider la tête. Et les femmes qui constituent 50 % de la clientèle sont les plus assidues et les plus présentes. Pour 95 euros de l’heure (prix dégressif en fonction du nombre de séances), les heureux élus pourront côtoyer lors de leur propre entraînement, Ahmed El Mousaoui, champion de France de boxe et Brian Denis, champion intercontinental de boxe Thaï et autres champions de passage. Pour l’heure, le 50 Foch c’est l’assurance d’un entraînement unique par des athlètes de haut niveau et des prestations de luxe : fourniture de serviette, de bouteilles d’eau, d’un casier à l’année. La fin de la séance, après le « retour au calme », appelle systématiquement les mêmes attitudes de fierté et les encouragements du coach n’ont rien de surjoués. Plus que vous, il sait que vous êtes allé jusqu’au bout. Pour Claude, un des coachs, pas de mystère, il faut compter entre 10 et 15 séances pour retrouver une forme physique permettant de supporter le programme au point de se sentir progresser. Car ici, aucune répétition, l’inscription revient à entrer en compétition face à la routine, à la déprime, au mauvais stress. Les points de convergence psychiques sont tels entre le management d’une PME et le programme millimétré de chaque séance que passer le cap d’une heure revient à surmonter les autres « montagnes » qui attendent le manager de PME à la sortie de la salle selon Christophe, leader français dans le marketing mobile. Quant aux plus prometteurs des abonnés, ils peuvent même espérer être épaulés par la dream team locale. « Nous avons un petit jeune que nous allons emmener en compétition, et un autre qui a des dispositions pour l’athlétisme. » Et, pour ceux qui souhaiteraient des cours particuliers à domicile, c’est envisageable. Enfin les femmes qui préfèrent la boxe au botox, elles disposeront, comme leurs homologues masculins, des conseils d’un nutritionniste maison et des soins d’un ostéopathe. Quant à l’accueil que réserve Abdoulaye, il n’a pas de prix. 50 Foch 50 avenue Foch – Paris 16e Tél. 01 45 00 19 51 E-mail : [email protected] www.champion-spirit.com Abdoulaye Fadiga Coaching Team 147 avenue de Malakoff – Paris 16e Tél. 01 45 02 10 55 CIGALE 47 31 LA CHRONIQUE sur MA RENCONTRE AVEC & Gontran Bruno Cherrier Cormerais Depuis la rentrée, Bruno Cormerais et Gontran Cherrier sont les animateurs et le jury de l’émission de M6, « La meilleure boulangerie de France ». Nous avons rencontré les deux boulangers cet été, alors qu’ils revenaient de trois semaines de tournage… par Alexis Sainte Marie Photos : DR Dans l’émission, vous sillonnez la France à la rencontre de boulangers. Comment avez-vous sélectionné les boulangeries que vous visitez ? Bruno : C’est un des points forts de l’émission : la première sélection ne vient pas de nous, mais des clients des boulangeries eux-mêmes ! Ce sont eux qui les ont inscrits, parce qu’ils pensaient que leur boulangerie pouvait bien être « la meilleure boulangerie de France »… 32 CIGALE 47 Gontran : C’est vrai que les gens ont vraiment joué le jeu : la chaîne a reçu plus de 5 000 réponses, et là-dessus, pour des raisons pratiques, elle en a sélectionné 84. Sinon ce n’est pas trois semaines, mais trois ans qu’on aurait dû partir ! Quand on regarde l’émission, on sent une vraie complicité entre vous. Vous vous connaissiez avant ? Bruno : Pas du tout, alors qu’on travaille pourtant pas si loin l’un de l’autre ! Mais on s’est tout de suite bien entendu. Même dans nos appréciations des boulangeries, on était quasiment toujours d’accord. Et en même temps, on se complétait bien : moi j’ai une approche très « technique » de la boulangerie, très précise. Je ne plaisante pas avec le poids de la baguette ou la fermentation de la farine… Gontran : Et moi non plus, mais j’ai une approche plus « gastronomique » : j’aime surprendre ; ce qui m’amuse, ce sont les associations de goûts auxquelles on ne s’attend pas… Comment avez-vous été choisis pour l’émission ? Gontran : J’avais déjà eu la chance de faire de la télévision à plusieurs reprises, du coup M6 a pensé à moi pour cette émission… Et puis je pense que le fait que je sois jeune, avec des boulangeries un peu à la mode à Paris et à l’étranger et que les caméras ne m’effraient pas… Enfin, vous voyez, ça a joué, quoi ! LA CHRONIQUE Bruno : Ça, clairement, moi on me connaît moins ! (rires) En fait moi, c’est en devenant Meilleur Ouvrier de France en 2004 que je me suis mis à recevoir quelques propositions à droite à gauche… Mais jamais rien d’aussi gros ! Et vous n’aviez pas le trac au début ? Bruno : Au début, honnêtement, si ! Mais bon, d’abord, comme on le disait, le courant est tout de suite passé avec Gontran. Et puis chaque jour, c’étaient des boulangers qu’on allait voir : des gens qui font le même métier, qui ont la même passion que nous. Et ça, ça met tout de suite à l’aise ! Ces boulangers, on ne les connaissait pas, mais on avait tellement de choses en commun que ça se passait forcément bien. Certains nous demandaient des conseils, comment on faisait tel ou tel type de pain, on s’échangeait nos trucs, d’artisan à artisan… C’était des discussions géniales ! Gontran : Je crois que c’est vraiment ce qui nous a le plus marqués : le contact humain qu’on a eu avec ces boulangers. Et dans tout ce que vous avez goûté, il y a eu des choses marquantes ? Gontran : Bien sûr ! Des choses délicieuses ! Beaucoup, même… Mais on ne peut rien dire pour le moment : il faudra regarder l’émission ! Bruno : Il y a aussi eu quelques ratés mémorables ! (rires) Non, mais vraiment, des choses à la limite du comestible ! Enfin, peu, heureusement… On a surtout eu beaucoup de bonnes surprises : le principe de l’émission, c’est de juger les boulangeries sur leurs spécialités. Parmi elles, il y avait beaucoup de spécialités locales dont on n’avait jamais entendu parler. La plupart étaient très bonnes, certaines étaient carrément délicieuses… Gontran : C’est vrai que dans les concours traditionnels, les recettes imposées sont généralement très complexes, mais pas nécessairement très bonnes au goût. Alors que là, en jugeant sur les spécialités, il y a bien sûr une part technique, mais au final, c’est le goût qui compte. La boulangerie, d’après vous, ça passe bien à la télé ? Gontran : Quand on fait du pain, on utilise des matières nobles, les gestes sont à la fois amples et précis : ça donne des images magnifiques. Bruno : Et il y a nous, qu’on voit quand même beaucoup dans l’émission : je trouve qu’on passe plutôt pas mal ! (rires) Vous êtes tous les deux chefs d’entreprise. Pour enregistrer l’émission, vous avez accepté de partir sur les routes pour les tournages. Ça n’a pas été compliqué ? Bruno : Si, on ne va pas se mentir. Une boulangerie, c’est comme n’importe quelle entreprise, pour qu’elle tourne bien, il faut que le patron soit là. Partir comme ça pendant plusieurs semaines, ce n’était pas évident. Et moi, je dois avouer qu’à la fin, mon fournil me manquait ! Gontran : Bruno, moi et tous les boulangers que je connais (et j’en connais un certain nombre !), on a tous ça en commun : on aime notre métier. Quand on travaille, on s’amuse. Alors au bout d’un moment, ça finit par manquer ! Et qu’est-ce qui vous a décidés à accepter malgré tout ? Gontran : Je crois que prendre du temps pour montrer la noblesse de notre métier, sa diversité, pour mettre les gens en avant, c’est quelque chose d’absolument essentiel. Il faut montrer au public les coulisses de l’artisanat – d’abord parce que c’est intéressant, ensuite parce que les artisans le méritent ! Bruno : Moi, ce qui m’a vraiment décidé, c’est que je ne voulais pas entendre dire n’importe quoi sur la boulangerie ! Que le pain fait grossir, que la baguette est trop chère… La baguette n’est pas trop chère ? Bruno : Pas quand elle est bonne. Ce sont les mauvaises baguettes qui sont trop chères : une baguette dégueulasse, c’est toujours trop cher ! Et le pain ne fait pas grossir ? Gontran : Regardez-nous : 84 boulangeries visitées et pas un gramme de trop, des vrais athlètes ! Ça dit bien ce que ça veut dire, non ??!!!... (rires) actu La Meilleure Boulangerie de France Diffusion du lundi au vendredi à 17h35 sur M6. www.m6.fr/emission-la_meilleure_boulangerie_de_france CIGALE 47 33 SECRETS DE VIGNES FOIRE OVINS Petits producteurs en danger Au mois de septembre, pendant que le viticulteur vendange, les foires aux vins pullulent comme le phylloxéra dans les vignes de jadis. par Jean Lapoujade Photo : DR À grand renfort de publicité, les grandes enseignes prétendent ainsi démocratiser la consommation du vin – miroirs à luette ! DES FOIRES... Dénigré toute l’année comme un poison pour automobilistes, vilipendé pour ses connotations vieillottes et ses producteurs bougons, le vin retrouve en septembre une notabilité attrayante. 34 CIGALE 47 Dès la rentrée, nos boîtes aux lettres débordent de catalogues qui annoncent les foires aux vins. Le tout selon un agenda étonnamment cohérent qui évite la concurrence entre enseignes. Chaque page grouille d’appellations rutilantes, parées de vertus châtelaines, gouleyantes, odoriférantes et surtout tarifaires. Quelques coups de cœur à flanquer un infarctus aux buveurs impénitents palpitent dans des couleurs criardes. Ces vins ne sont ni meilleurs ni plus originaux. Ils sont juste proposés à un prix particulièrement bas, dû soit à des stocks invendus de l’année précédente, soit à un malheureux viticulteur qui s’est fait essorer par des acheteurs experts dans l’art d’étrangler le fournisseur. Combien de ces hommes de terroir, plus à l’aise dans la vinification que dans la négociation, se sont ainsi laissés piéger ? Au départ, ils croient à un débouché inespéré pour écouler leur production. Mais une fois ferrés, les acheteurs vont leur demander de réduire les marges et produire plus, la qualité et l’esprit du vin restant les grands absents de ces tractations vineuses et vénales. ET DES LIVRES Pour vous orienter à travers tous ces coups de cœur corporatistes, il suffit d’acheter l’un des multiples guides œnologiques qui refleurissent dans les rayons de nos librairies à chaque rentrée littéraire. Avec une morgue solennelle, ils nous expliquent ce que nous devons boire et aimer. Par une coïncidence à défriser un bouchon, nous en retrouvons acoquinés avec certaines enseignes pour parrainer ces grandes braderies viticoles. Les vins « recommandés par » bénéficient alors de commentaires élogieux… Alors pourquoi bouder cette embellie saisonnière d’un monde viticole en difficulté ? Parce qu’elle ne profite pas à tous ces petits viticulteurs indépendants qui ne possèdent ni les armes ni la production pour rentrer dans le troupeau de ces foires « ovins » qui font de l’abattage pour certains et de l’abattoir pour d’autres. RESTO LE CHALET DES ILES Au milieu coule une rivière En semaine ou le week-end, le Chalet des Îles, véritable havre de paix au cœur du Bois de Boulogne, invite les Parisiens à se mettre au vert… par Alexis Sainte Marie Photo : DR D eux minutes de barge suffisent à traverser le petit bras du Lac inférieur du Bois de Boulogne derrière lequel se retranche le Chalet des Îles. Qu’importe donc que vous ayez ou non le pied marin, le voyage n’est pas de ceux qui s’estiment en miles nautiques… UN DÉCOR IDYLLIQUE Et pourtant, quel dépaysement lorsqu’on débarque sur cette microscopique île, alors qu’on rou- lait cinq minutes plus tôt porte de la Muette… Régulièrement cité comme une des terrasses les plus originales et les plus agréables de Paris, le Chalet des Îles réussit le tour de force de nous faire quitter la ville sans pourtant nous en faire sortir – géographiquement du moins. En semaine, dans ce restaurant au bord de l’eau, rendez-vous amoureux et déjeuners d’affaires se suivent et ne se ressemblent pas : les businessmen se détendent en faisant honneur à l’excellente cuisine du chef Cédric Poncet composée exclusivement de produits du marché – les couples, eux, préfèrent se dévorer des yeux, cadre bucolique oblige. SUMMERTIME Puis vient le week-end, auquel se prête si bien l’atmosphère du Chalet… Cette année, les dimanches après-midi sont réservés au « Summertime » : de 16h à 2h du matin, sur fond de musique lounge et électro, on déambule un verre à la main, on danse, on s’allonge dans l’herbe pour une sieste d’autant plus agréable qu’on ne l’a pas méri- tée, en un mot on profite d’un dernier bol d’air avant le lundi. Dans un esprit festif et décalé, le Chalet a voulu faire revivre, en plein Bois de Boulogne, l’ambiance des « afternoon parties » de certaines plages américaines… Le Chalet des Îles reprend ainsi ce concept de « fête de jour », débarqué il y a quelques années en France, dans certaines stations de ski notamment. À cela près que si, en haut des pistes, ces fêtes ont quelque chose de surexcité, au bord de l’eau, elles apaisent. Question d’ambiance, question de goût ! Dans les montagnes, de lourdes chaussures de ski aux pieds, une pinte à la main, on gigote dans tous les sens après une journée de sport intensif : c’est la biture techno. Au Chalet des Îles, on profite en sirotant un verre de blanc, on se laisse porter par la fin de l’été : c’est un certain art de vivre, et on y adhère pleinement ! Lac inférieur du Bois de Boulogne Porte de la Muette - Paris 16e 01 42 88 04 69 reservationlechaletdesiles.net www.chalet-des-iles.com CIGALE 47 35 SECRETS DE VIGNES IGNERON LES VENDREDIS DU V Philippe Faure-Brac Les vignerons ne parlent pas de leur vin, ils le racontent et tous les vendredis, Philippe Faure-Brac vous invite à venir écouter leur histoire… par Alexis Sainte Marie Photo : Nicolas Schiffmacher Q “ u’est-ce qui vous a fait aimer le vin ? ” À première vue, poser cette question à Philippe Faure-Brac peut sembler ingénu. Meilleur Sommelier du Monde 1992, créateur du Bistrot du Sommelier et associé du Domaine Duseigneur : arrivé à ce niveau, les souvenirs de jeunesse ne relèvent36 CIGALE 47 ils pas de la simple anecdote ? Eh bien non, justement. Car la passion de Philippe Faure-Brac pour le vin, c’est toute une histoire. Pas celle d’un homme d’affaires avisé qui aurait trouvé le bon créneau : homme d’affaires, il l’est par la force des choses, presque sans rendre compte. Mais son amour du vin, lui, est sincère, bouillonnant ; il suffit de déjeuner au Bistrot du Sommelier pour s’en apercevoir, lorsqu’invariablement, depuis trente ans, Philippe FaureBrac fait le tour des tables pour discuter avec ses clients, conseillant un verre à l’un, dissertant sur une appellation avec un autre, recommandant tel petit producteur à un troisième. LE PREMIER VERRE Plus qu’un nom, « Le Bistrot du Sommelier » est une feuille de route. « Lorsque j’ai ouvert, au début des années 80, j’ai voulu accentuer le côté table d’hôtes. J’aime cette ambiance. Si je pouvais, je ne ferais que ça. Les gens discutent, échangent : cette convivialité, pour moi, c’est le principe même du vin. Quand on goûte un vin, on a envie de le partager. Le vin est tout sauf un plaisir égoïste. Alors qu’est-ce qui m’a fait aimer le vin ? Le premier que j’ai goûté, je m’en souviens comme si c’était hier, c’était un Muscat Beaumes-de-Venise, avec des notes de pêche, d’agrumes, un soupçon de rose… J’étais tout gosse, treize ou quatorze ans. Mon frère et moi étions en vacances chez nos grandsparents, dans les Hautes-Alpes. On avait décidé d’aller escalader le Mont Ventoux et c’est là qu’on s’est retrouvés au milieu des vignes, au coucher du soleil, avec un producteur qui nous a fait goûter son vin… Aujourd’hui, la scène est aussi claire dans ma mémoire que les parfums de ce premier verre – SECRETS DE VIGNES devenir inaccessible, c’est un crèvecœur pour les amateurs. L’argent est un critère dangereux. » Ce qui explique au passage le prix très raisonnable de ces tables d’hôtes. ACCORDS METS-VINS Philippe Faure-Brac c’est cette atmosphère que j’essaie de faire vivre au Bistrot. » TABLE D’HÔTES Trente ans plus tard, le succès du Bistrot du Sommelier ne s’est jamais démenti. Après d’importants travaux cet été, il vient de rouvrir ses portes et avec lui, les « Vendredis du vigneron », une table d’hôtes hebdomadaire qui réunit une quinzaine de personnes dans les caves du restaurant, novices et amateurs, autour d’un producteur venu présenter entre cinq et huit vins de sa propriété. « J’ai lancé les Vendredis du Vigneron en 2005. Là encore, l’esprit convivial des tables d’hôtes domine. Et même si on a eu beaucoup de chance, puisque ça a tout de suite très bien marché, on a tenu (et réussi, je crois) à garder un côté intimiste. Si on est trop nombreux, ça devient une foire aux vins – l’ambiance n’est plus la même, ce n’est pas ce qui m’intéresse. » Intimiste, pas exclusif, Philippe Faure-Brac insiste : « Exclusif est un mot que je n’aime pas quand il s’agit de vin : tout le monde doit avoir accès à de bons vins. Quand la cote de certaines bouteilles grimpe au point de Les « Vendredis du Vigneron » mettent un producteur à l’honneur en proposant un menu composé spécialement autour de ses vins. « On s’amuse beaucoup en préparant ces menus. Le jeu consiste à trouver des accords mets-vins surprenants pour révéler au mieux les vins. » Et Philippe Faure-Brac de nous décrire l’air franchement incrédule de certains viticulteurs dont on s’apprêtait à accompagner le rouge d’un poisson ou le blanc d’un fromage – pour se ranger à l’avis du maître des lieux après dégustation et repartir la recette en question sous le bras… « Ces menus, c’est une certaine lecture des vins, qui n’est pas nécessairement celle du vigneron en arrivant chez moi : rien que ça, c’est déjà l’occasion de discussions fascinantes. » Si Philippe Faure-Brac tient tant à faire rencontrer les producteurs à ses clients, c’est qu’il a le plus grand respect pour leur travail. « Séparer le vin des hommes qui le crée, avec leurs goûts, leur histoire, cela n’a pas de sens. Le vin est un produit très humain, il a une âme : rencontrer les vignerons et parler avec eux, c’est déjà commencer à apprécier leurs vins. » À l’entendre parler comme ça, on ne s’étonnera pas d’apprendre qu’il s’est lui-même associé en 2004 au Domaine Duseigneur. « À force de parler de vin, ça devait arriver ! C’est un domaine que j’aime beaucoup ; un domaine familial, tenu par des passionnés. J’aime leur vin et l’esprit dans lequel ils l’élaborent. Dans le fond, la seule chose que je regrette, c’est de ne pas pouvoir y aller plus souvent ! » Et lorsqu’on lui demande, pas très sûr de nous, si une retraite anticipée ne lui permettrait pas d’y passer plus de temps, son sourire laisse entendre que la retraite, en ce qui le concerne, n’est pas pour tout de suite… Et pourtant, dans ce sourire, on croit lire aussi que la vraie place d’un sommelier, pour Philippe Faure-Brac, est peut-être là : les mains dans la terre, au milieu des vignes. Le bistrot du Sommelier 97 boulevard Haussmann - Paris 8e 01 42 65 24 85 - ouvert du lundi au vendredi www.bistrotdusommelier.com CIGALE 47 37 er gu id Bleu de m Le e ces Le ruban s bo n s p etit s co m Chocolaterie-confiserie À la mère de famille PETITS COMMERCES Les meilleurs à côté de chez vous Avec sa rubrique Ruban Bleu qui met à l’honneur les métiers de bouche, Cigale poursuit ses enquêtes dans les coulisses de l’excellence. Ces artisans n’auront plus aucun secret pour vous. par Françoise Lemoine Photos : Nicolas Schiffmacher 38 CIGALE 47 À LA MÈRE DE FAMILLE : NOTRE MADELEINE DE PROUST Julien Merceron, 26 ans, lauréat en 2007 de la coupe de France des jeunes chocolatiers ne pouvait trouver meilleure adresse que « À la mère de famille » pour se perfectionner : c’est la plus ancienne chocolaterie de Paris. Après son apprentissage de pâtissier-chocolatier-confiseur, en Vendée, Julien a poussé la porte de ce monument parisien du chocolat. Mais avant de monter à la capitale, il fait ses gammes à Biarritz où l’emblématique maison fabrique des caramels, des truffes et des Folies d’Écureuil. Deux ans après il arrive rue du Faubourg Montmartre et s’installe dans l’atelier, voisin de la boutique. « Depuis, je me consacre exclusivement au chocolat », déclare timidement le jeune homme. Attirés par les effluves du chocolat, nombreux sont les passants à s’arrêter pour le voir œuvrer derrière la vitre. En plus des chocolats aux pralines, aux pistaches, au sésame et des rochers de Biarritz, il réalise des pièces uniques pour la décoration des vitrines du magasin. Les saisons et les événements guident son inspiration : un coq pour la fête des Mères, un ours pour Noël, une poule mouillée pour Pâques : « C’est un travail de création et de otre site ption sur n merces d’exce m co de us pl z Retrouve sculpture à part entière » estime fièrement Julien. Cette boutique classée Monuments historiques vaut le détour. D’abord grâce à un rapport qualité-prix jamais égalé, mais aussi pour l’ambiance surannée qui s’en dégage : dans un coin, une caisse du XIXe siècle, autour de gros bocaux en verre avec à l’intérieur : bêtises de Cambrai, bergamotes de Nancy, Madeleine de Commercy, coquelicots de Nemours, calissons d’Aix, sucettes… Un peu plus loin des macarons et toute une gamme de glaces fabriquées maisons, comme tous les produits proposés. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges : « Nous fabriquons notre propre chocolat et sommes très vigilants sur les dates de production afin que le stock soit le plus frais possible, explique une responsable. Ici pas d’esbroufe, on vise l’originalité : « Nous sommes modernes en innovant dans la forme tout en restant traditionnel ». Une valeur sûre qui assure son succès depuis des décennies. À La Mère de Famille 35, rue du Faubourg-Montmartre - Paris 9e Tél. : 01 47 70 83 69 CIGALE 47 39 er gu id Bleu de m Le e ces Le ruban s bo n s p etit s co m septembre 2014, ce sont 350 m2 qui verront le jour à Tokyo : « J’aime créer. Mes moindres économies sont réinvesties ». Une revanche sur la vie ne serait pas étrangère à cette boulimie… On ne s’en plaindra pas, tant la qualité est à chaque fois au rendez-vous. Boucherie Hugo Desnoyer Hugo Desnoyer 45, rue Boulard - Paris 14e Tél. : 01 45 40 76 67 et 28 rue du Dr Blanche - Paris 16e Tél. : 01 46 47 83 00 Kebab de luxe 15, rue Saint-Augustin - Paris 1er DE L’ÉLEVEUR À L’ASSIETTE Plus besoin de présenter Hugo Desnoyer, une des stars de la boucherie parisienne, même s’il prend un coup de sang, tant cela heurte sa modestie, qu’on le nomme ainsi. Et pourtant… il en a fait du chemin depuis l’ouverture à 27 ans de sa boucherie emblématique du XIVe. Hugo Desnoyer fournit les plus grands restaurants (L’Arpège, l’Astrance, Pierre Gagnaire…), mais aussi l’Élysée. Le client peut lui aussi apprécier depuis quelques mois ces morceaux de choix dans sa nouvelle boutique du XVIe, voire savourer sur place à pas d’heure, le menu dégustation (50 €). Une reconnaissance méritée pour l’homme au long tablier blanc. Ici pas de viande aux origines indifférenciées, il travaille main dans la main avec des éleveurs indépendants, dont il taira le nom, de crainte qu’on ne lui pique ses bonnes adresses « Je préfère rester discret, je me suis fait trop souvent avoir, même par les plus grands… ». Pendant longtemps il a sillonné la campagne auvergnate mais aussi la Haute Vienne et le Lot 40 CIGALE 47 AMÉDÉE, LE ROI DU BOUDIN et Garonne « À chaque fois, c’était de belles rencontres », déclare ce Mayennais, en découpant 2 tranches de faux-filet. Depuis quatorze ans il a passé la main aux « sourciers » qui se chargent de trouver de nouveaux producteurs. Il faut dire qu’il ne peut être au four et au moulin avec 49 employés à gérer. À peine a-t-il ouvert une nouvelle adresse, qu’il se lance d’autres défis. En juin dernier, il ouvrait un kebab de luxe, à l’angle de la rue Sainte Anne et de la rue Saint-Augustin, à Paris. Peu d’années avant, il créait une boucherie à Bucarest (Roumanie), et en Anthony Coufourier, 20 ans, Prix Rabelais « charcuterie-traiteur » en 2013, est entre de bonnes mains. Depuis janvier dernier. Il fait son apprentissage chez Amédée Gamboa, le roi du boudin, de la choucroute, du pâté de tête, du jambon de Paris, etc. Les clients n’hésitent pas à venir de Clamart, d’Issy-les-Moulineaux ou encore de Vincennes pour acheter tous ses produits faits maison. Dans son magasin de nombreuses coupes alignées sur des étagères en témoignent. Non seulement c’est un excellent professionnel reconnu, mais en plus un pédagogue hors Charcutier-traiteur Amédée Gamboa otre site ption sur n merces d’exce m co de us pl z Retrouve UN CAVISTE ÉCOSSAIS Anthony Coufourier pair. Anthony en a bien conscience : « C’est très enrichissant d’être dans ce milieu, témoigne le jeune homme, même si ce n’est pas toujours facile de quitter sa famille, en Normandie, mais cela fait grandir et cela forge le caractère ». Après un CAP, un brevet professionnel de boucher et un stage chez ses parents bouchers à Fécamp, il opte pour charcutier-traiteur. En 2012, il remporte dans cette catégorie le prix de meilleur apprenti charcutier. Anthony sait qu’il ne manquera jamais de travail dans son domaine. Il compte bien rester chez Amédée Gamboa, « pour acquérir une bonne expérience ». Son patron ne tarit pas d’éloge sur son employé : « Il en veut. C’est de moins en moins courant. On voit que ses parents lui ont inculqué la culture du travail. Cela fait plaisir de transmettre son métier et surtout sa passion ». En 2014, Anthony compte bien se présenter au concours des jeunes espoirs charcutiers traiteurs. Il semble sur la bonne voie pour l’obtenir. Quelques tables et chaises rouge rubis… entourées de bouteilles et de caisses de vin, l’endroit est exigu, mais infiniment convivial. Juvéniles, rue Richelieu propose près de 120 références de vins à des prix raisonnables, mais amateurs de bordeaux et de bourgognes, s’abstenir : le patron Thimothy Johnson n’en vend pas. « Trop chers et l’endroit est trop petit ». En revanche, dans la limite des places disponibles on trouve un grand choix de vins du Languedoc, de Provence mais aussi du monde entier (Australie, USA). « Les vins doivent tourner, nous n’avons pas assez de place pour les entasser ». Ce sympathique Écossais passionné de vin est arrivé en France en 1969. « À cette époque la vie ici était beaucoup plus agréable qu’en Grande-Bretagne. J’ai adoré ces années, mais maintenant je comprends que les Français quittent l’Hexagone pour l’Angleterre… ». Nous ne parlerons donc pas de sujets qui fâchent… Associé pendant de longues années à Marc Williamson, autre grand amateur de vins, au wine-bar Willi’s, à deux pas de là, rue Croix des Petits Champs, il a décidé de faire bouteille à part en 1987 pour ouvrir Juvéniles. Dans cet endroit intime et convivial où l’on peut également venir déjeuner ou dîner autour d’un plat simple ou de tapas, ou encore d’une assiette de charcuterie, arrosée d’un bon vin. Juveniles 47, rue de Richelieu - Paris 1er Tél. : 01 42 97 46 49 Amédée Gamboa 89 rue Cambronne - Paris 15e Tél. : 01 47 83 79 85 Caviste Juveniles CIGALE 47 41 er gu id Bleu de m Le e ces Le ruban s bo n s p etit s co m CHOCOLATS ROCHOUX : TABLETTE ÉPHÉMÈRE Dans sa boutique de poche, rue d’Assas, Jean-Charles Rochoux, Moussoir d’or pour son chocolat au basilic et coq d’or en 2008, ne cesse d’innover. Et bien lui en a pris « Les clients viennent pour la qualité et l’originalité de mes chocolats ». Sa dernière trouvaille : la tablette éphémère du samedi à base de fruits de saison. L’été réalisé avec des fraises, des cerises, des framboises ou encore des abricots, et l’hiver avec de la mangue, des litchis ou de la banane : « C’est une tablette de gourmandise réalisée le matin même et à déguster dans les deux jours, précise JeanCharles Rochoux. C’est dans son laboratoire situé au sous-sol de sa boutique minuscule qu’il innove et réalise bonbons, chocolats au poivre, à la rose, voire au cigare… Il vient même d’exporter au Japon, le Makers mark (bonbon américain). Ses tablettes classiques aux noisettes du Piémont, comme les pralinés Sancho à base de poivre japonais au goût de citronnelle, sont à tomber. Sa dernière création : la tablette sakura à la fleur de cerisier du japon, accommodée de thé vert. En septembre il compte créer un bonbon composé de 3 miels récoltés à Paris et en Île-de-France. « C’est toujours intéressant de se surpasser. Mon but est de créer des produits qu’on ne voit pas chez mes confrères. » Parfois il voit encore plus grand. Sa passion, c’est aussi les sculptures en chocolat, comme ce torse d’homme qu’on peut voir en vitrine : « À chacun sa tablette de chocolat » ironiset-il avant d’exporter ses talents dans les grands magasins japonais. Jean-Charles Rochoux 16, rue d’Assas - Paris 6e Tél. : 01 42 84 29 45 www.jcrochoux.com 42 CIGALE 47 Fromagerie Aux bons fromages CAVE À FROMAGES Le chiffre exact fait débat chez les experts, mais si l’on en croit De Gaulle, gouverner un pays qui possède plus de 360 sortes de fromages relève de l’exploit. M. Maret, lui, se contente de 150 : tout se passe donc à merveille dans sa fromagerie de la rue de la Pompe. Et cette carte de 150 appellations, il l’a remplie petit à petit, au fil de ses découvertes. « Dénicher les meilleurs producteurs, c’est un travail qui ne s’arrête jamais. On parcourt les salons ; en vacances, quand on passe devant une ferme, on s’arrête pour goûter… C’est la vraie richesse de notre fromagerie : une liste de producteurs passionnés qui font des fromages d’exception, des fromages de caractère. » M. Maret a repris la boutique familiale en 1986. Depuis, les pierres otre site ption sur n merces d’exce m co de us pl z Retrouve qu’il y a ajoutées ont la forme de crottins, de reblochons, de camemberts… « Nous avons la chance de disposer de trois caves d’affinage sous la boutique, une pour les pâtes pressées, une pour les pâtes molles et une pour les fromages de chèvre. Ça nous permet de terminer l’affinage pour répondre au mieux aux attentes de nos clients. » La cave à chèvres, d’ailleurs, se visite : sur rendez-vous, tous les samedis, M. Maret y organise des dégustations vins/ fromages pour huit à dix personnes, une expérience rare à Paris ! Épicerie Terra Corsa Aux bons fromages 64 rue de la Pompe - Paris 16e Tél. : 01 45 04 88 67 ouvert du lundi au vendredi de 8h à 13h et de 15h30 à 19h30 et le samedi de 8h à 19h30 TERRA CORSA Terra Corsa regorge de produits qui rappellent l’île de Beauté : Coppa, saucissons au porc, au sanglier, ou encore à la châtaigne, figatelle, jambon fumé fabriqué à partir de porcs nourris aux glands et aux châtaignes, mais aussi fromages, bières, confitures de figues, alcools dans de jolis flacons, vins de Sartène, de Balagne, de Patrimonio, des produits tous estampillés du sceau de la qualité artisanale corse. Les amateurs trouvent leur bonheur dans la chaleureuse boutique d’Eric Vanderberghe, un corse par sa mère, comme son nom ne l’indique pas… On peut également déguster sur place une assiette de charcuterie ou de fromage. À deux pas de Montmartre, les touristes, dans un élan gourmand n’hésitent pas à s’arrêter en terrasse, tout comme les nombreux habitués du quartier. Terra Corsa 42, rue des Martyrs - Paris 11e Tél. : 01 48 78 20 70 Épicerie Terra Corsa CIGALE 47 43 er gu id Bleu de m Le e ces Le ruban s bo n s p etit s co m Boucherie Moncouyoux LA BOUCHERIE DANS L’ÂME Voilà maintenant vingt-sept ans que Christian Moncouyoux tient une boucherie dans le centre de Palaiseau (Essonne). Un métier qu’il a dans la peau, comme ses parents et arrière-grands-parents. Se lever à 4h trois fois par semaine pour s’approvisionner à Rungis ne lui fait pas 44 CIGALE 47 peur. « Le commerce marche bien, mais il faut se donner de la peine, déclare cet homme jovial en préparant un onglet. C’est un métier où on ne compte pas ses heures et qui demande un savoir-faire. Il ne faut pas croire que la boucherie c’est uniquement de la vente. Derrière il y a beaucoup de préparation ». Pendant que Monsieur découpe la Blonde d’Aquitaine, la Limousine et la Salers, Madame, Alsacienne d’origine, concocte des spécialités de sa région. De nombreuses terrines sont proposées et l’hiver, Alsace oblige, le baeckhoffe, la choucroute et le coq aux myrtilles s’imposent. Dans leur jolie boutique moderne, décorée de plats régionaux en faïence, mais aussi des nombreux prix reçus comme otre site ption sur n merces d’exce m co de us pl z Retrouve celui des Papilles d’Or, un concours départemental et le 1er prix des Mercure d’Or délivré par la chambre de commerce, Christian Moncouyoux, se désole comme un grand nombre de métiers de bouche, du manque de relève dans la boucherie. « Nous ne trouvons pas de personnel, pourtant l’école de la boucherie refuse du monde. C’est vrai que ce métier exige des contraintes, mais il paie bien. Le métier a un bel avenir ». Pour preuve, nombreux sont ceux qui souhaitent se reconvertir. Christian Moncouyoux a vu défiler un conducteur de bus, un pédicure et un gardien d’immeuble qui finalement a été retenu. « Il commence l’école en septembre pour 6 mois. Il viendra ensuite chez moi en alternance en contrat de qualification professionnel (CQP) ». L’avenir dira s’il est tombé sur la perle rare. Il le souhaite en tout cas. Boucherie du Marché 1, place de la Victoire - 91120 Palaiseau Tél. : 01 60 14 01 22 Christian Moncouyoux vous ouvre sa boutique pour une visite virtuelle sur www.maisonmoncouyoux.com CIGALE 47 45 er gu id Bleu de m Le e ces Le ruban s bo n s p etit s co m Épicerie Causses CAUSSES TOUJOURS C’est l’épicerie dont chacun rêverait en bas de chez lui. Dans cette boutique spacieuse et lumineuse les légumes et les fruits sont rafraîchis en permanence par pulvérisation et côtoient un grand choix de fromages, d’antipasti, de pâtes fraîches, mais aussi d’olives de toutes sortes, d’amandes grillées, de pistaches, rassemblées dans de grands bocaux blancs. Un peu plus loin de larges rayonnages de miel, confitures, huiles d’olives, confits, soupes, pain du boulanger réputé Benjamin Turquier, rue de Turenne… Au sous-sol, une cave à vin avec 107 références entre 10 et 20 €. On trouve donc de tout pour préparer à la dernière minute un repas de qualité et d’extrême fraîcheur. De plus, ces produits sont à peine plus chers qu’ailleurs : « Ce n’est pas une épicerie fine, précise le jeune patron Alexis Roux de Bézieux, mais une boutique d’alimentation générale, 46 CIGALE 47 un segment qui jusqu’ici n’existait pas. ». C’est après avoir rédigé un ouvrage rendant hommage à l’épicier et à son rôle dans le lien social que cet ancien auditeur d’Ernst et Young a eu l’idée d’ouvrir Causses en 2011 : « Il y avait 120 000 épiciers il y a 20 ans, il n’en reste plus que 28 000 aujourd’hui », déplore le jeune homme qui dès le début a souhaité valoriser le savoir-faire des producteurs. Son slogan « sain, savoureux et simple », n’a rien d’anodin. Ses 180 fournisseurs doivent respecter la charte qu’ils ont signée et qui bannit gluten, conservateurs, colorants et additifs industriels. « Il ne s’agit pas d’avoir des produits bio, mais de s’inspirer du mouvement slow-food. » Là aussi on peut apprécier sur place, plats du jour, salades, soupes, préparés le jour même, dans son petit restaurant situé à côté du magasin. 400 personnes se pressent chaque jour chez Causse. Face à ce succès Alexis Roux de Bézieux compte ouvrir un deuxième magasin l’année prochaine, rue Rambuteau aux Halles. Causses 55, rue Notre-Dame-de-Lorette - Paris 9e Tél. : 01 53 16 10 10 Histoire de boulanger Dominique Anract et le père Nathanaël Houssou DOMINIQUE ANRACT French touch La « french touch ». On en entend beaucoup parler, notamment dans les métiers de bouche et plus encore en boulangerie-pâtisserie. Mais qu’en est-il vraiment ? La « french touch » fait-elle vraiment recette à l’étranger ? Par Alexis Sainte Marie Photos : DR Pour répondre à cette question, nous sommes allés demander son avis à Dominique Anract, boulanger et patron de « La Pompadour », dans le XVIe. Et c’est par deux histoires qu’il nous répond… BOULANGER ET GRAND VOYAGEUR Les voyages forment la jeunesse. Ce dicton qui a servi d’excuse à des générations d’étudiants partis s’encanailler loin du domicile paternel pendant qu’à l’autre bout du monde, des générations de mères se consolaient des frasques de leur rejeton en se répétant qu’il faut bien que jeunesse se passe – ce dicton, donc, Dominique Anract y souscrit à 100 %. Et c’est le sourire aux lèvres, depuis sa belle boulangerie de la rue de la Tour, qu’il évoque avec nous ses vingt ans : lorsque, diplôme de boulanger en poche et sac au dos, il est parti à la conquête de l’Amérique… « À l’époque, les étudiants des filières généralistes voyageaient, mais les apprentis, eux, restaient là, bossaient dur et personne ne s’inquiétait de savoir s’il ne serait pas bon de les envoyer voir un peu à l’étranger comment les choses se passent. » Or n’y a-t-il pas là comme un paradoxe ? Car qu’est-ce que la France exporte le mieux – la faconde de ses avocats ? Ses fiscalistes surqualifiés ? Le sourire de ses politiciens ? Non, ce que le monde nous envie, ce sont nos savoir-faire artisanaux. Parlez de l’ENA à un Américain, il aura du mal à vous suivre ; mais parlez-lui de gastronomie française, il boira vos paroles. VOYAGER, C’EST S’ADAPTER Dominique Anract le dit sans détour : l’année qu’il a passée aux CIGALE 47 47 Histoire de boulanger Dans une boulangerie québécoise États-Unis lui a à peu près autant appris que ses années de formation professionnelle. « Se retrouver loin de chez soi, devoir se débrouiller seul, c’était déjà beaucoup. Mais le plus intéressant, ça a été de voir comment les choses se passaient là-bas. Quand on arrive à l’étranger, fraîchement diplômé, on a l’impression qu’on a fini d’apprendre, qu’on n’a plus qu’à se mettre au boulot… En fait, partir, c’est une vraie leçon d’humilité : on se rend compte que ce n’est pas parce qu’on sait faire une baguette française que tout va nous tomber tout cuit dans le bec. À l’étranger, les gens ont d’autres façons de travailler dont on peut – dont on doit – s’inspirer. Dans les métiers de bouche, on parle beaucoup de la « french touch ». Alors bien sûr, à l’étranger, dans les cuisines des restaurants haut de gamme ou parmi les professeurs des meilleures écoles professionnelles, on retrouve souvent des Français. Mais ce n’est pas leur passeport qui les a amenés là, c’est leur motivation et leur travail. Vous pouvez être le meilleur boulanger de Paris, vous ne serez pas pour autant le meilleur boulan48 CIGALE 47 ger de New York : pour ça, il faut s’adapter. Et voyager, c’est ça : c’est apprendre à s’adapter. » « FRENCH TOUCH » NE SUFFIT PAS C’est ce principe que le Conseil Régional d’Île-de-France a voulu faire découvrir aux apprentis franciliens des métiers de bouche. Aussi trentesix d’entre eux, sélectionnés pour leur motivation et leur passion du métier qu’ils apprennent, se sont-ils vus proposer un séjour au Québec. Pendant dix jours, encadrés de leurs professeurs et de deux boulangers – dont Dominique Anract – les jeunes ont visité des écoles de formation, des restaurants, des boulangeries… Pourquoi le Québec ? Eh bien sans doute d’abord parce que le Québec, c’est l’histoire d’un grand écart, entre la vieille Europe d’un côté et le Nouveau Monde de l’autre. Au Québec, on parle français et on roule en Chrysler. On a cet accent particulier, un peu rustique, presque campagnard – mais on glisse entre deux phrases un mot anglais prononcé dans le plus pur style yankee… Le Québec, pour nos petits Français, c’est à la fois très proche et très loin. Autre raison, et non des moindres : le Québec est aujourd’hui particulièrement demandeur de maind’œuvre qualifiée dans les métiers de bouche. « Pour ces jeunes qui seront bientôt diplômés, ce voyage peut être déterminant : pour eux, le Québec est riche en opportunités professionnelles, nous explique Dominique Anract. Mais comme je le disais tout à l’heure, ce ne sont que des opportunités : à eux de les transformer ! À l’étranger, personne ne nous attend, nous Français – à nous de nous adapter et de faire nos preuves. » Et Dominique Anract de nous parler de cette boulangerie, l’une des plus belles de Québec, dans laquelle il a emmené les apprentis : « Cette affaire a été montée par un Meilleur Ouvrier de France, installé au Canada depuis des années. Eh bien dans cette boulangerie, il se vend chaque jour quelques dizaines de baguettes… et trois tonnes de fèves au lard, la spécialité locale ! Je crois que cette visite était très instructive pour les jeunes, parce que ça leur a permis de se rendre compte que si la « french touch » existe, elle a quand même ses limites. » Les cuisines du Québec Histoire de boulanger Le père Nathanaël Houssou ET POURTANT… Et pourtant, à peu près au moment où Dominique Anract s’en retournait des plaines enneigées du Québec, un apprenti pas tout à fait comme les autres poussait la porte de sa boulangerie, rue de la Tour… Depuis trois mois, le père Nathanaël Houssou, prêtre du diocèse d’Abomey, au Bénin, apprend à faire du pain chez Dominique. Les mains encore pleines de farine, son tablier noué autour des reins, le père Houssou rythme ses phrases des grands sourires des hommes de foi : « Voilà dix ans que je suis prêtre. Mon évêque m’a envoyé à Paris il y a trois ans pour rédiger un mémoire en théologie à l’Institut Catholique et quand je n’étudie pas, je suis prêtre rattaché à NotreDame. » Et quand il n’étudie ni n’officie, le père Houssou apprend à faire du pain chez Dominique Anract. « Mon évêque a rencontré M. Anract à la Fête du Pain l’année dernière et lui a demandé de me prendre chez lui pendant un mois pour apprendre à faire le pain, ce qu’il a très gentiment accepté ! » affamé après la fuite d’Égypte dans l’Ancien Testament, au pain de la Cène qui institue l’Eucharistie dans le Nouveau Testament, le pain est omniprésent dans la Bible. Mais ce n’est pas la seule raison qui a poussé l’évêque du père Houssou à lui demander d’apprendre à en faire… « Au Bénin, des jeunes tournent mal parce qu’ils n’ont pas de travail. Nous avons donc monté une association non-confessionnelle dont je suis le coordinateur, « Le Pain Quotidien », qui leur propose d’apprendre un travail : menuisier, maçon – et bientôt boulanger ! L’association est ouverte aussi bien aux filles qu’aux garçons. Il y a beaucoup de mariages forcés au Bénin, et les filles qui les refusent sont mises au ban par leur famille, ce qui les laisse sans ressources. Alors l’Église les recueille et grâce à l’association, nous leur apprenons un métier qui leur permettra d’être indépendantes. En fait, nous essayons de donner à tous ces jeunes un projet d’avenir, eux qui sont généralement très perdus… C’est un projet très ambitieux. » Quant au financement, et même si le père Houssou assure faire confiance à la Providence, les dons sont les bienvenus. Lecteurs de Cigale, l’adresse de l’association se trouve à la fin de l’article… BAGUETTES, ETC. Voilà donc comment le père Houssou s’est retrouvé chez Dominique Anract. « Au Bénin, le pain traditionnel, c’est la miche, nous explique-t-il. En apprenant aux jeunes à faire des baguettes de tradition, on leur donne une véritable opportunité. Maîtriser un savoirfaire typiquement français, pour eux, c’est un atout fort. Et puis, si M. Anract, est d’accord, je compte bien revenir plus tard apprendre à faire les viennoiseries ! » Réponse de l’intéressé : « Le père Nathanaël est très motivé, il apprend vite, il est toujours de bonne humeur – s’il veut revenir, il connaît le chemin ! » La « french touch » aura donc bientôt ses assises au Bénin. Entre la motivation du prêtre béninois et le savoir-faire du boulanger parisien, aucun doute, la multiplication des pains semble être assurée pour le diocèse d’Abomey ! Pour faire un don ou des renseignements, écrire à : [email protected] ou par courrier : Diocèse d’Abomey Projet « Pain Quotidien » BP 410 – Bohicon – République du Bénin LE PAIN QUOTIDIEN Dans la tradition catholique, le pain n’est pas un aliment comme les autres. De la manne que Dieu fait pleuvoir sur le peuple hébreu CIGALE 47 49 SECRETS DE CHEF La recette de Christophe Coët Brioche traditionnelle Photos : Alexandre Parmentier Ingrédients • 1 kg de farine • 20 g de sel • 100 g de sucre • 20 g de levure • 10 œufs • 100 g d’eau • 500 g de beurre Étapes > Mélanger dans un pétrin (ou batteur avec le crochet) en 1 re vitesse pendant 5 minutes la farine, le sel, le sucre, la levure et les œufs. > Mettre en 2 vitesse pendant à peu près 20 minutes pour obtenir une e pâte qui se décolle des parois. > Incorporer le beurre en petits morceaux, pétrir de nouveau en 2 e vitesse pour décoller la pâte du bord de la cuve. > Incorporer l’eau petit à petit. > Plier la pâte en 4 dans un bac. > Laisser pointer 1 heure à température ambiante, puis procéder à un rabat. Rabat : refaire un tour de pétrin, et replier en 4 dans le bac. Renouveler l’opération de pointage et rabat. > Réfrigérer la pâte pendant une nuit. > Former et détailler la pâte dans le(s) moule(s) de votre choix. > Mettre à pousser à 30 °C pendant 3 heures. > Dorer au jaune d’œuf et cuire à 180 °C pendant 20 minutes. Avec ce procédé, la brioche sera beaucoup plus légère et riche en goût ! 50 CIGALE 47 huîtres & crustacés 8 rue des Prouvaires Paris 1er 01 40 26 88 94 - le-zinc.fr Fermé le dimanche ns gno u o r urs vea eille oie de m s aris rf le eP lleu d i e e le m la plac sur à volonté carppaccio de bœuf 20,90 € 7 rue des Prouvaires Paris 1er à deux Pas du louvre, de BeauBourg et de notre-dame 01 45 08 04 10 - lamfe.fr Fermé le dimanche le louchéBem la rôtisserie des anciennes halles de Paris unique à Paris l’assiette du rôtisseur à volonté carré des halles 23,90 € 31 rue Berger Paris 1er (angle rue des Prouvaires) 01 42 33 12 99 - le-louchebem.fr Fermé le dimanche u ntin o c ice i serv amed s 30 le 23h à 2 de 1 5off0ert€s le pour toute nouvel * ouverture de compte RENSEIGNEZ-VOUS SUR NOTRE SITE www.bred.fr BRED Banque Populaire – Société anonyme coopérative de banque populaire régie par les articles L 512-2 et suivants du code monétaire et financier et l’ensemble des textes relatifs aux banques populaires et aux établissements de crédit au capital de 416 228 570 euros – 552091795 RCS Paris – Siège social : 18, quai de la Rapée – 75604 PARIS Cedex 12 – Intermédiaire en assurances à l’ORIAS sous le numéro 07 003 608. étudiants, démarrez du bon * pied pour 1€ par mois * Offre réservée : - aux adhérents et/ou affiliés LMDE, pour la souscription d’une convention Dédié Jeunes LMDE. - aux bacheliers 2013 pour une première inscription en année d’études supérieures à l’occasion de l’ouverture d’un compte sur l’e-agence BRED, pour la souscription d’une convention Dédié Jeunes. Cotisation mensuelle comprenant une autorisation de découvert(1), une carte de paiement(2) et un accès à internet. (1) Les périodes de découvert ne peuvent excéder chacune 30 jours consécutifs, le compte devant redevenir créditeur entre chaque période. Uniquement à partir de 18 ans, dans la limite du montant défini par la BRED et sous réserve de son acceptation. (2) Au choix de la BRED (Visa Classic ou Electron, ou MasterCard Classic), après examen de votre dossier par la BRED et sous réserve de son acceptation. Conditions applicables pendant toute la durée des études et au maximum jusqu’à votre 28 ème anniversaire. 50 e crédités sur le compte de dépôt BRED. Offre non cumulable avec toute autre offre en cours. Offre valable du 17 juin au 31 octobre 2013.