Dix ans après le 11 septembre résumé F

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Dix ans après le 11 septembre résumé F
Résumé de la conférence du 13 septembre 2011
Dix ans après le 11 septembre
Le mardi 13 septembre 2011, à l’occasion du dixième anniversaire des attentats du
11 septembre, l’Institut royal supérieur de défense a organisé une conférence intitulée « Dix ans
après le 11 septembre ». L’orateur était le professeur François Heisbourg, président de
l’International Institute for Strategic Studies (IISS).
La première partie de la conférence a été consacrée à l’héritage du 11 septembre,
date historique et moment charnière au niveau de la perception (internationale) du terrorisme.
Avec près de 3.000 victimes, les attentats du 11 septembre sont la première manifestation de
terrorisme de destruction de masse ou d’hyperterrorisme, ce terme désignant tout acte terroriste
causant la mort de plus de 1.000 personnes.
Dans le contexte du terrorisme, il convient de souligner le terme empowerment appliqué à un
groupe terroriste qui opère en tant qu’acteur majeur et non étatique sur la scène internationale,
comme c’est le cas d’Al-Qaida. Ce phénomène est étroitement lié à la révolution des
technologies et des télécommunications.
Cependant, nous vivons dans une époque qualifiée d’« ère de la rupture stratégique » étant
donné l’existence d’un paradoxe entre le phénomène de la mondialisation et la nécessité
d’accroître la sécurité intérieure, ce qui change quelquefois radicalement la nature d’une
problématique, par exemple quand un problème sanitaire ou environnemental devient un
problème économique ou vice versa.
Les attentats du 11 septembre ont également induit un traumatisme sécuritaire, dans le sens
neutre du terme, parmi les États concernés, ainsi qu’un changement dans les rapports de force
dans le monde et dans la politique extérieure américaine. Auparavant, les États-Unis
redoutaient le géant chinois, mais après le 11 septembre 2001, l’ennemi numéro 1 des ÉtatsUnis a été Al-Qaida, qui a fait office de “distraction massive”. Avec la mort de Ben Laden, les
Etats-Unis retournent à la priorité chinoise.
De nombreuses leçons peuvent être tirées des attentats du 11 septembre. Tout
d’abord, la lutte contre le terrorisme peut être aussi dommageable que l’action terroriste ellemême. Ainsi, l’invasion de l’Irak par la coalition américano-britannique aurait pu être évitée. À
l’inverse, la manière remarquable dont les autorités britanniques ont réagi aux attentats du
7 juillet 2005 à Londres est totalement en porte-à-faux avec la réaction des autorités espagnoles
après les attentats du 11 mars 2004 à Madrid, qui n’est pas resté sans conséquences
électorales. D’un point de vue financier, le 11 septembre et ses suites afghanes et irakiennes
ont déjà coûté aux États-Unis mille milliards (1.000.000.000.000 !) de dollars, sans parler de la
perte de sa crédibilité (dégâts moraux) auprès de la communauté internationale en raison des
procédures extrajudiciaires difficilement compatibles avec les notions de droits de l’homme ou
d’État de droit.
Deuxièmement, la lutte contre le terrorisme n’est pas principalement militaire, mais également
politique, la frontière étant ténue entre une intervention militaire qui vise à combattre le
terrorisme et une intervention militaire contre-insurrectionnelle.
Troisièmement, les attentats du 11 septembre ont permis à Al-Qaida de remporter une victoire,
ce qui est paradoxal dans le cadre de la guerre contre le terrorisme que mènent les États-Unis
et ses alliés. En réalité, on peut parler d’erreur morale de la part des autorités américaines dans
la mesure où elles ont officieusement reconnu Al-Qaida et d’autres groupes jihadistes en les
désignant par l’expression « combattants armés », ce qui leur confère une dignité et un statut
officiel au regard des lois internationales sur la guerre.
Toutefois, le bilan de la réaction aux attentats du 11 septembre n’est pas négatif sur
toute la ligne. Des progrès et améliorations ont pu être notés dans de nombreux domaines : une
collaboration et coopération accrues entre les services de renseignement de différents pays,
une augmentation du nombre d’attentats déjoués, l’absence d’attentats hyperterroristes
(parallèlement, les attentats perpétrés ont eu relativement peu d’impact sur l’échiquier
géopolitique international) et l’affaiblissement d’Al-Qaida tant du point de vue militaire que du
point de vue idéologique. La riposte alliée a permis de décapiter Al-Qaida, dont le couronnement
est sans conteste l’élimination de Ben Laden en mai dernier, et d’accentuer les dissensions
internes, poussant ce mouvement dans la quasi-marginalité et ce, même au sein du monde
musulman. Al-Qaida est en quelque sorte devenue la victime de son propre extrémisme et de sa
radicalité, puisque son combat armé fait plus de victimes musulmanes que non-musulmanes.
Le 11 septembre suscite finalement de nombreuses questions. Le principe
d’aggravation des actes de terrorisme est-il toujours valable ? Dans quelle mesure le Printemps
arabe est-il une conséquence du 11 septembre et sera-t-il en mesure d’instaurer des régimes
démocratiques dans le monde arabo-musulman ? Les États-Unis sont-ils en train de reboucler
un cycle géopolitique et géostratégique interrompu en 2001 du fait qu’ils sont en train de se
repositionner dans le monde, mais dans un contexte différent caractérisé par une Chine
beaucoup plus forte ? Existe-t-il un risque de polarisation de la politique intérieure et extérieure
des États-Unis (depuis les attentats du 11 septembre, le poids européen au sein de l’OTAN par
rapport aux dépenses américaines de défense est passé de 50% à 35%) ? Dans le contexte de
la crise financière, doit-on craindre un effondrement de l’Union européenne si l’euro devait
s’effondrer ?
Pour l’instant, il n’est pas encore possible de répondre de manière satisfaisante à ces
questions, seul l’avenir nous le permettra…
Le texte ci-dessus a été soumis au conférencier pour
approbation et/ou adaptation. L’article ne reflète pas
nécessairement le point de vue des autorités militaires.

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