Lettre n° 80 - Société Française de Médecine de Catastrophe

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Lettre n° 80 - Société Française de Médecine de Catastrophe
Société Française de
Médecine de Catastrophe
la
N°
8 0
Lettre de la SFMC
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f é v r i e r
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e
a n n é e
La vie de la SFMC ...........................................................................................................................................................2
Les fusillades ou tueries de masse
...................................................................................................
Épidémiologie du terrorisme .................................................................................................................. 23
Les accidents d’avions militaires...................................................................................................... 39
38, rue Dunois - 75637 Paris Cedex 13
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w w w . s f m c . e u
La lettre de la SFMC n°80
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La vie de la SFMC
Le mot du président
Fusillades à Paris… suite
Faut-il encore parler de l’odieux attentat contre Charlie Hebdo et des fusillades qui l’ont suivi ? Comme
tout sujet brûlant d’actualité il a saturé l’espace de communication et l’esprit des lecteurs-auditeurs. La
SFMC, cependant se doit de porter un regard particulier : partage et limites de la manifestation de solidarité, projet scientifique.
La SFMC, société savante et humanitaire est solidaire des Charlie et des victimes :
Les assassinats de journalistes sont inacceptables, comme tous les Français celui des dessinateurs de Charlie nous a choqués.
C’est un symbole fort de la France qui est visé: la liberté de penser, de parler, de dessiner, de communiquer. Cette liberté a été
conquise, chèrement, en même temps que l’égalité et la fraternité. Ce sont là des éléments fondateurs de notre vie en commun.
Comme tout citoyen, nous nous sentons solidaires. Membres d’une association, il faut y ajouter notre sensibilité à la liberté de
s’associer, avoir des projets communs libres et indépendants de tout pouvoir, de toute censure.
La SFMC est une société à but scientifique, or science et l’humour sont intimement liés: humour et démarche scientifique sont
proches, Einstein l’a bien montré1 ; « le rire est le propre de l’homme2 » écrivait ce grand philosophe et médecin porteur des
lumières de la renaissance. Une pensée libre est nécessaire au chercheur, au poète, à l’écrivain, au créateur.
Les assassinats de policiers, froidement abattus, concernent un autre symbole de la République: la loi et ses représentants. La
loi est ce qui nous unit, nous permet de vivre ensemble. La loi est l’expression libre, responsable, démocratique du peuple qui
a tout moyen de la faire évoluer par des actions non violentes, respectueuses de l’autre.
Assassiner des policiers c’est porter atteinte à la République, à notre organisation politique3 et sociale.
Enfin prendre en otage et assassiner des innocents, hommes, femmes et enfants4, est non seulement une lâcheté mais un
crime contre nos valeurs de civilisation.
La SFMC spécialisée dans la mitigation des urgences collectives et des catastrophes, les secours aux victimes quel que soit
leur sexe, leur race, leur religion, leur conviction politique, ne peut qu’être complètement concernée.
C’est ainsi que nous avons manifesté notre condamnation et notre solidarité par une lettre ouverte adressée à l’ensemble des
victimes. Merci aux membres et aux amis de la SFMC d’avoir soutenu et accompagné cette initiative.
La réaction socio-médiatique à l’événement ne peut nous laisser indifférents :
Sommes-nous des Charlie? Certainement lors de notre réaction d’empathie attristée initiale. Nous n’avons pas été les seuls,
comme beaucoup de Français nous n’étions pas des lecteurs assidus, ni même occasionnels, de Charlie Hebdo. Le caractère
excessif, même s’il rappelait l’ambiance des salles de garde des carabins, n’avait pas mes suffrages, mais quelques dessins ne
manquaient pas de faire sourire et réfléchir par leur à propos. La religion, l’armée, les politiciens en ont souvent fait les frais. La
frontière entre l’humour et la provocation, l’outrance et l’irrespect est difficile à fixer. Dépendant de la sensibilité de chacun. Mais
il était toujours possible de ne pas acheter Charlie Hebdo. Il appartient à chacun de fixer le curseur.
Le choc émotionnel, relayé par l’emballement médiatique, a transformé tous les Français en Charlie. Mais nous devons nous
interroger sur la portée et surtout sur l'à propos de caricatures diffusées mondialement.
Le problème ne peut nous laisser indifférents, le plus significatif pour nous est le nombre de morts et de blessés provoqués. Il
s’agit là d’une nouvelle manifestation d’urgence collective et de catastrophe sociale: la catastrophe d’origine médiatique.
Les médias ont été responsables de la mort de plusieurs dizaines de morts et blessés dans le monde. Ce n’est pas la première
fois que l’on meurt collectivement pour des idées, mais ce sont des morts de trop, des morts évitables, peut-être par un peu plus
de retenue, de responsabilité.
Dans son rôle la SFMC consacre aux fusillades un moment de réflexion scientifique :
Quittant la sphère compassionnelle et politique pour un abord plus scientifique de l’évènement, nous proposons de réfléchir à
tous les aspects de ces tragiques épisodes le 20 mai 2015. À l’occasion d’une session de la SFMC tentons de donner des réponses aux nombreuses questions posées par les fusillades:
- Quelles sont les armes utilisées? Quelle est la caractéristique de la balistique des lésions produites chez les civils?
- Quelles sont les techniques de relève médicale des blessés, l’organisation des secours?
- Quelles leçons tirer des fusillades d’enfants de Toulouse, de foule à Liège, de la fusillade Nanterre, des récents attentats de
Paris?
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- Quelles dimensions médico-psychologique, médiatique?
Les Professeurs Pierre Carli et Jean Pierre Tourtier, tous deux responsables de services très concernés par ces évènements
nous ont donné leur accord pour participer à cette session.
Vous en trouverez le programme sur votre site www.sfms.eu
Notre président émérite a consacré quelques pages de cette lettre à l’abord de cette étude.
Complètement solidaire de la réaction d’empathie des Français et des étrangers qui ont manifesté leur soutien amical, fermement attachée aux valeurs de notre République et de l’humanisme médical, la SFMC reprend la posture qui est la sienne: analyser, comprendre les mécanismes de la tragédie, préciser les techniques et les méthodes d’intervention qui permettront de
sauver ou de mieux secourir encore des victimes du même type d’évènement.
Mais la SFMC et moi-même restons à votre écoute pour ajuster notre réaction associative à cette tragédie aux connotations nombreuses, quelques fois antinomiques.
Henri Julien
Président de la SFMC
1. Albert Einsten in Comment je vois le monde, Flammarion, Champs sciences, n° 183, 2009.
2. Rabelais dans Gargantua,pardon à notre confrère montpelliérain d’avoir attribué ces mots à Bergson qui les avait repris. Rendons à César…
3. Politique au sens Politeia : qui concerne la vie de la cité, son fonctionnement, sa structure, ses lois.
4. En référence à la tuerie de Toulouse, 22 mars 2012.
Le mot du secrétaire général
Début dramatique pour cette nouvelle année, le terrorisme est de retour dans notre pays. Hommage à toutes
ces victimes innocentes de la barbarie aveugle. Et, malgré tout cela, il faut bien que le quotidien demeure. La
vie et l’avenir doivent prévaloir sur l’horreur.
Que dire de la SFMC ? Qu’elle va plutôt bien, qu’elle comprend pas loin de 450 adhérents, qu’elle fourmille de projets. L’assemblée générale du 23 janvier a permis de faire le point annuel habituel, notre trésorier et notre secrétaire général adjoint ont passé le relais, deux membres ont été cooptés au conseil d’administration en attendant les
élections de cette année, sur le second trimestre vraisemblablement. Elections, et donc candidatures. Il y aura
deux postes à pourvoir, les membres intéressés par une participation au conseil d’administration (et éventuellement
au bureau) sont priés de ne pas oublier d’adresser une déclaration de candidature dans les délais (toutes les informations nécessaires seront bien entendu transmises en temps et en heure ainsi que la procédure de vote).
La journée scientifique « Point d’étape sur la maladie à virus Ébola » du 23 janvier a connu un succès majeur. L’amphithéâtre Rouvillois plein à craquer, avec une répétition vidéo dans la salle voisine, des conférenciers de très haut
niveau, venus de tous les horizons (virologues, épidémiologistes, cliniciens, décideurs, acteurs de terrain, logisticiens). Les projets ne manquent pas, habituelles sessions d’enseignement, participations internationales, sans oublier une journée le 20 mai 2015 consacrée au retour d’expérience sur la prise en charge des victimes de
fusillades (réservez la date sur vos agendas).
En bref, une situation porteuse. Le corollaire en est qu’avec toutes ces activités qui se développent, toutes les
bonnes volontés seront les bienvenues. La SFMC recherche un maître de la toile (un « webmaster » en français…)
pour gérer le site web, par exemple.
Que 2015 soit une année fructueuse pour la SFMC.
Luc Ronchi
Secrétaire général de la SFMC
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La vie de la SFMC
Liste des nouveaux membres 2015
depuis la parution de la dernière lettre SFMC n° 79 décembre 2014
AUPIC
BELOT- de SAINT-LEGER
BERGZOLL / RUIZ
BLANCHOT
BOLD
CHARPENTIER
COLLADO VIVAZ
DA SILVA
DELORME
DIPIETRO
DO MONTE
ERDENEBAYAR
FAVIER / NIZOU
GERARDOT /FASSETTA
GURRERA
LAPEYRERE / PRUDHOMME
LE LOCH
LEMOINE
MEGY /MICHOUX
MORIS
PAUCHARD
PILLETTE
PONDAVEN
QUENTIN
REBECQ
REIX
REYMONDON
SCHWETTERLÉ
SIVEIRA
VINCENT
Nathalie
Frédérik
Delphine
Michel
Bavuu
Eric
Eric
Casimir Rogeiro
François
Gaetano
Pedro
Bavuu
Laurence
Nathalie
Emmanuel
Elisabeth
Jean-Baptiste
Sabine
Isabelle
Michael
Jean-Michel
Denis
Laurent
Philippe
Pierre-Benjamin
Audrey
Louis
Thierry
Lucia
Simone
63008
13012
20200
13260
92100
38530
71290
24220100
94450
70026
97400
92100
61000
06670
31200
75005
69437
75013
36000
13011
28000
37300
13320
92140
33320
80500
83370
95000
22241080
22011002
CLERMONT-FERRAND
MARSEILLE
VILLE DI PIETRABUGNO
CASSIS
B.- BILLANCOURT
PONTCHARRA
PRETY
RIO DE JANERIO
LIMEY - BREVANNES
MODUGNO Italie
SAINT-DENIS
B.-BILLANCOURT
ALENCON
LEVENS
TOULOUSE
PARIS
LYON
PARIS
CHATEAUROUX
MARSEILLE
CHARTRES
JOUÉ LES TOURS
BOUC BEL AIR
CLAMART
ESYSINE
AYENCOURT
SAINT-AYGULF
NEUILLY SUR OISE
RIO DE JANEIRO
RIO DE JANERO
Ainsi que les sociétés, membres affiliés :
Société
Société
Société
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ATA
HONEYWELL
RESPIREX
44700
93420
78830
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ORVAULT
VILLEPINTE
BONNELLES
Évènements et information générales
Deux événements très différents ont retenu l’attention générale en ce début d’année, le premier de nature sociétale avec les deux attentats terroristes à Paris qui par leur nature ont largement dépassé le
cadre national, le deuxième ce fut l’accident aérien en Espagne d’origine technologique impliquant plusieurs appareils de l’OTAN et ayant entraîné de nombreuses victimes parmi les personnels des armées
en France comme dans d’autres pays.
Cet événement a eu aussi un retentissement qui a dépassé largement le seul cadre professionnel des
armées.
La Lettre de la SFMC a donc décidé, pour l’essentiel, de consacrer ce premier numéro de l’année à l’analyse globale de ces deux « catastrophes » à retentissement sociétal.
Les fusillades ou tueries de masse
Les États-Unis sont régulièrement le théâtre de fusillades ou tueries de masse (mass shooting).
La France et l’Europe sont relativement épargnées, alors que dans certaines régions du monde elles sont fréquentes
car elles s’inscrivent dans un contexte sociétal où il est difficile de séparer guerre civile de terrorisme permanent.
Les récents événements survenus à Paris au début du mois de janvier 2015 entrent-ils dans ce concept ?
Il a semblé utile de consacrer à ces événements une étude typologique plus complète.
Plusieurs critères peuvent être retenus pour tenter une classification :
- Les circonstances de survenue ;
- L’origine des agresseurs ;
- Les motivations des agresseurs ;
- Les lieux de survenue ;
- Les victimes ciblées ;
- Les armes utilisées.
Plusieurs de ces critères sont d’ailleurs intriqués et c’est à partir de ces corrélations que l’on peut proposer la typologie suivante comportant plusieurs scénarios et sous scénarios.
Scénario n° 1 : Les fusillades liées aux actions de banditisme
En France, comme dans la plupart des pays d’Europe, ce sont des faits relevant de la criminalité habituelle telle que
la plupart des pays en connaissent. Cette criminalité varie dans ses objets mais actuellement on peut trouver des dénominateurs communs dans les trafics de drogues, les trafics d’armes, les rackets et enlèvements, la prostitution,
etc.
Sur un fond endémique plus ou moins important d’actions individuelles ou semi–individuelles surviennent des actions
à conséquences collectives.
Ces actions de fusillades peuvent elles-mêmes actuellement se scinder en quatre sous-scénarios.
• Les actions de représailles ou de « règlement » de compte entre des clans ou des organisations rivales dans
les domaines du contrôle de la drogue, de la prostitution et de différentes activités illicites.
- Les victimes sont peu nombreuses, car ce sont le plus souvent des actions ciblées sur 4 ou 5 personnes et elles
appartiennent au même groupe.
- Elles surviennent soit dans des lieux publics fréquentés régulièrement par les victimes (bars, restaurants), soit sur la
voie publique ou dans des véhicules en stationnement ou en déplacement.
- Elles sont effectuées par des armes de poing, mais les armes automatiques sont également souvent employées depuis quelques années en raison de la facilité de leur obtention.
- Comme il s’agit d’actions faites pour tuer, les lésions sont fréquemment mortelles d’emblée, en raison de leur localisations thoraciques et céphaliques préférentielles.
- Dans le domaine de l’organisation de secours, l’alerte est rapide mais les actions se limitent généralement au constat
de décès sur place et l’identification des corps est facile.
- Dans certains cas les corps abandonnés sont découverts quelques heures après les tirs dans des lieux plus moins
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habituellement peu fréquentés.
- Dans ce cadre bien défini, il faut signaler cependant la survenue intermittente de « grands massacres » avec la possibilité de trouver des survivants qu’il faudra prendre en charge.
• Les actions de banditisme pour voler des objets de grande valeur (bijoux, matériels…) ou de l’argent liquide.
- Elles surviennent en milieu urbain ou périurbain car il s’agit d’attaques de magasins, de bijouterie, de fourgons de
transport de fond, de banques, de dépôts de matériels.
- Les victimes sont peu nombreuses, se recrutant parmi les personnels du magasin, les personnels de conduite et d’escorte pour les convois de fond et quelquefois les témoins, victimes de « balles perdues ».
- Les armes utilisées peuvent être aussi bien des armes de poing que des armes automatiques de l’arsenal des armes
de guerre, associées ou non à des explosifs (attaque de fourgons de transport de fonds).
- En ce qui concerne la topographie et la gravité des lésions, cela dépend aussi bien de la nature de l’arme que des
conditions de réalisation permettant ou non des tirs de précision, il y aura donc des blessés qu’il faudra prendre en
charge.
- Dans le domaine de l’organisation de secours, les actions consisteront à prendre en charge les victimes sur les lieux
mêmes de l’événement avec les protocoles usuels pour « blessés par balle ».
La prise en charge médicale sur les lieux doit être aussi courte que possible car le traitement définitif ne peut être que
chirurgical.
- Cette prise en charge se fera donc toujours dans un climat émotionnel particulier d’autant plus important que le nombre de victimes est élevé, qu’il y a également des morts et qu’il existe des liens affectifs de nature variable entre les
victimes et les rescapés.
• Les actions de banditisme avec prise d’otages, il peut s’agir d’une variante des actions de vol ou de cambriolage qui « tourne mal « pour les malfaiteurs surpris par les services de police.
- Les victimes vont se recruter soit parmi les otages soit parmi les services de police.
- La gravité des lésions dépend du type d’armes à la disposition des malfaiteurs et surtout de leur intention de tuer.
Toutes les possibilités peuvent se rencontrer : des lésions graves quasiment mortelles d’emblée, aux lésions de faible gravité.
Il faut tenir compte du potentiel évolutif de certaines lésions dans la mesure où les otages blessés ne peuvent être évacués immédiatement des lieux où ils se trouvent.
- Ces situations entraînent quasi automatiquement l’intervention d’unités spéciales (GIGN, RAID) des services de gendarmerie et de police.
- L’organisation des secours doit tenir compte du risque évolutif que peuvent représenter des échanges de tirs et les
personnels de secours et de soins doivent respecter les périmètres de sécurité installés par les services de police ou
de gendarmerie.
Elle est réalisée par les services de secours habituels mais peut être aussi initialisée par l’unité médicale d’accompagnement des unités d’intervention spécialisées (cf. note sur le soutien médical du GIGN).
- L’importance du climat émotionnel doit être également prise en compte avec la présence ou non d’impliqués, de
proches (parents, collègue de travail, etc.).
- Le climat relationnel doit tenir compte également de la présence des médias et des acteurs politiques locaux, voire
régionaux et nationaux suivant les lieux de survenue.
- Dans les situations de prise d’otages qui durent très longtemps et au cours desquelles les comportements des agresseurs vis-à-vis des otages sont très peu violents voire même « attentifs et sécurisants », il faudra tenir compte de la possibilité d’apparition secondaire du syndrome de Stockholm chez les victimes-otages.
• Les actions de banditisme lors de contrôle sur la voie publique, de véhicules automobiles ; il s’agit de tirs
d’armes pour couvrir les fuites.
- Dans ces situations, les victimes se recrutent essentiellement parmi les personnels des services de police ou de gendarmerie, mais des balles perdues peuvent, dans les zones de fortes densités de population, provoquer des atteintes
des passants plus ou moins proches.
- Il peut s’agir aussi bien de tirs d’armes automatiques que d’armes de poing et la gravité des lésions est variable en
fonction de la précision des tirs.
- L’organisation des secours devra tenir compte aussi bien des lieux de survenue (voie publique), du nombre de victimes, de leur nature (services de police ou témoins) et de la gravité des lésions.
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Scénario n° 2 : Les fusillades liées aux différents familiaux
Elles peuvent elles-mêmes actuellement se scinder en deux situations distinctes ou deux sous-scénario.
Actions préméditées et préparées
- Elles consistent dans la mort de plusieurs personnes de la même famille (parents et proches, époux et enfants) qui
sont « exécutées » par des tirs directs (crâne et thorax) et les lésions sont mortelles d’emblée.
- Les actions se déroulent en milieu familial de nature variable suivant le milieu rural ou urbain.
- Le tireur se suicide immédiatement après les faits ou secondairement, il peut également prendre la fuite.
- Dans certaines situations, le tireur reste sur place et se retranche dans les lieux, et suivant la formule journalistique
habituelle il devient un « forcené ».
- Les armes utilisées sont des armes de poing ou des armes de chasse.
- L’organisation des secours est amenée quelque fois à prendre en charge des survivants en tenant compte du risque
évolutif représenté par « le forcené » et du climat émotionnel particulier (présence d’enfant parmi les victimes).
- Dans les situations où le tireur est retranché l’intervention des unités spéciales de la gendarmerie nationale et de la
police est de règle comme dans le sous-scénario n°3.
Actions non préméditées
- Elles consistent dans le tir d’armes sur de personnes de l’entourage familial au cours de disputes violentes où le
contexte alcoolique est plus moins présent, le contexte psychiatrique est souvent aussi évoqué.
- Les victimes appartiennent au même groupe familial et leur nombre est toujours limité, le plus souvent inférieur à 5.
- Les armes utilisées sont variables, le plus souvent armes de chasse mais également armes de poing.
- Suivant les cas, le tireur (presque toujours un homme) peut se suicider, se livrer à la police, se retrancher sur les lieux.
- La nature et la gravité des lésions dépendent à la fois des armes utilisées et des conditions de tir, il peut s’agir de lésions mortelles d’emblée mais aussi de lésions laissant des possibilités immédiates de survie.
- L’organisation des secours doit pouvoir prendre en charge les survivants en tenant compte des risques évolutifs
éventuels, du climat émotionnel général.
Scénario n° 3 : Les fusillades liées aux « querelles » de voisinage
- Elles consistent dans le tir d’armes à feu sur de personnes de voisinage au cours de disputes violentes où le contexte
alcoolique est plus moins présent.
- Les victimes, comme pour les tirs au cours de conflits familiaux, appartiennent au même groupe. social et familial
- Suivant les cas, le tireur (un homme) peut se suicider, se livrer à la police, se retrancher sur les lieux.
- La nature et la gravité des lésions dépendent à la fois des armes utilisées et des conditions de tir, il peut s’agir de lésions mortelles d’emblée mais aussi de lésions laissant des possibilités immédiates de survie.
- L’organisation des secours doit pouvoir prendre en charge les survivants en tenant compte des risques évolutifs
éventuels, du climat émotionnel général.
Scénario n° 4 : Les fusillades provoquées au cours d’actions de terrorisme
- Fréquentes dans certaines régions du monde où les actions de terrorisme ont été réalisées le plus souvent avec des
engins explosifs, elles ont été rares en Europe et en France au cours de ces dernières années.
Cependant, en raison d’une part de la facilité pour se procurer des armes de tir automatique (armes de guerre), et d’autre part de la modification des comportements des terroristes, on assiste depuis quelque temps à une nette augmentation des fusillades dans les actions de terroristes.
- Ces événements surviennent surtout en milieu urbain, grandes villes ou capitales régionales.
- Les cibles sont tout à la fois des lieux symboles (lieux de culte, bâtiments publics, écoles, des populations données
(pour leur appartenance à une religion donnée, à une profession donnée).
- Compte tenu de ces cibles, les victimes pourront être des adultes, des enfants des adolescents, des femmes, des
personnels de service publics, des personnels de culte…
- Les moments de fusillades sont choisis en fonction d’une plus grande l’affluence de personnes.
- Les armes utilisées sont le plus souvent actuellement des armes de guerre à tir automatique avec un fort potentiel
destructeur et leur utilisation est faite dans le but précis de tuer.
- Les lésions constatées sont souvent des lésions graves, mortelles d’emblée pour beaucoup de lésions crâniennes
et thoraciques.
- Les auteurs de ces fusillades agissent soit en solitaire, soit en groupe d’un à deux tireurs agissant soit simultanément
et ensemble soit en décalage à la fois spatial et temporel.
- Les motivations idéologiques, bien que très variables, obéissent aux mêmes règles de « vengeance », de haine visLa lettre de la SFMC n°80
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à-vis d’une culture ou d’une religion, « d’établissement ou de rétablissement » d’un ordre sociétal donné.
- Quand les auteurs ne peuvent quitter les lieux avant l’arrivée des forces de police, on assiste alors à une confrontation avec ces services de police entraînant de nouveaux tirs, des prises d’otages et dans ces conditions les situations
peuvent durer très longtemps.
- Le plus souvent, quand ils peuvent quitter les lieux de l’attentat avant l’arrivée des services de police, cette confrontation est retardée, elle aura lieu en d’autres endroits et ce en fonction de la rapidité et la de précision des recherches,
des localisations et des actions d’arrestation.
- Survenant en milieu urbain, à des heures de grandes activités sociales et dans des lieux très fréquentés, ces événements sont très rapidement connus et la rapidité de cette information contribue souvent à accentuer la présence
de population sur les lieux.
- La nature et les conséquences immédiates et retardées de ces événements, comme leur survenue en milieu urbain,
expliquent et justifient l’importance quantitative et qualitative des moyens de secours engagés.
- Ces événements par leurs conséquences humaines (nature des cibles et nombre de victimes) ont toujours un retentissement national, voire mondial, important qui est à la base de ce nouveau concept « d’implication nationale ».
- Cette « implication nationale » se manifeste soit spontanément (rassemblement de foule) dépôt de gerbes de fleurs
sur les lieux) soit officiellement par les prises de paroles et les déclarations des responsables politiques.
Ces réactions émotionnelles sont relayées et souvent amplifiées par les médias (télévision, radios, presse écrite…).
L’organisation des secours doit tenir compte de tous ces paramètres pour mettre en place ses différentes stratégies de prise en charge globale.
Stratégie logistique
La mise en place d’un PMA modulaire en milieu urbain est souvent difficile et peut retarder la réalisation des soins primaires et dans ces conditions on peut concevoir les organisations suivantes :
- Quand les fusillades ont lieu dans un espace fermé il est possible d’envisager un traitement primaire sur place dans
la mesure où la sécurité globale est assurée vis-à-vis d’un risque évolutif (tireur encore en place, possibilité d’une explosion secondaire).
- Quand les événements ont lieu sur la voie publique, il est plausible d’envisager la prise en charge primaire dans l’espace abrité le plus proche des lieux avec toujours la priorité à accorder à la sécurité globale.
- Dans les situations complexes au plan des espaces disponibles, le regroupement de plusieurs véhicules sanitaires
peut être une solution si le nombre de victimes n’est pas trop élevé.
Stratégie administrative
- Elle a pour but de résoudre une des contraintes majeures dans ce type d’événement : établir rapidement et avec certitude la liste nominale des victimes : morts et blessés avec les références quant à la gravité de leurs blessures et les
lieux d’hospitalisation.La coordination avec les services de police judiciaire est indispensable autant que « réglementaire » pour résoudre cette obligation.
- Les différents moyens actuellement à la disposition des équipes de secours ont permis au cours des dernières années de résoudre ce problème.
Stratégie de soins somatiques
- La présence de nombreuses équipes médicales ne justifie pas l’abandon du triage initial.
Pour les blessés survivants, il s’agit souvent de blessures graves réalisées par des armes de guerre dont le traitement
est essentiellement un traitement chirurgical précoce.
- Compte tenu de la survenue des événements urbains disposant de plateaux techniques proches, nombreux et bien
équipés, la prise en charge pré-hospitalière doit avoir pour seuls objectifs la survie immédiate (limitation et compensation des hémorragies, liberté, protection des voies aériennes et assistance ventilatoire).
- Lors de l’intervention d’unités spécialisées, il faut tenir compte de la présence d’équipes médicales in situ pour commencer cette prise en charge des victimes. (Cf. Article suivant)
Stratégie de prise en charge psychologique
- La survenue de ces événements d’une part en milieu urbain à forte densité, d’autre part dans un endroit symbole et
sur des cibles humaines particulières, va augmenter et diversifier les « impliqués directs et indirects » qu’il est souvent
difficile de distinguer rapidement.
- Dans un premier temps la mise en place et le respect d’un périmètre de sécurité permettent de scinder ces « candidats à l’implication » en deux groupes :
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- Ceux qui étaient sur place au moment de l’événement et que l’on peut considérer, puisqu’indemne de lésions somatiques, comme des rescapés avec toutes les conséquences que cela entraîne, d’autant plus que ces rescapés sont
aussi assez souvent des collègues, des parents des victimes décédés ou blessées.
- Ceux qui n’étaient pas sur place mais qui ont des liens affectifs plus ou moins important avec les victimes.
Dans un deuxième temps, les responsables de CUMP devront définir les stratégies de prise en charge et les faires
connaître.
Il ne faudra pas oublier également, que comme lors de tout événement à répercussions psychologiques importantes
et généralisées, des personnels de secours peuvent présenter secondairement des troubles psychologiques en raison de leur participation active.
Stratégie relationnelle
Dans la mesure où l’on peut considérer que les actes de terrorisme sont des faits de guerre survenant en temps de
paix, il est évident que :
- Les répercutions et les réactions émotionnelles surviendront à tous les échelons de la chaîne de secours et de soins
comme à tous les échelons de la chaîne de responsabilité politique et administrative.
- Les amplifications et interprétations médiatiques, aidées ou non par la prise de position des nombreux experts accrédités ou spontanés, seront importantes.
Dans ces conditions la stratégie relationnelle entre les différents acteurs de secours doit être anticipée et appliquée
rapidement.
Scénario n° 5 : Les fusillades « spontanées » types USA
Elles sont les mieux connues, car les plus étudiées en raison de leur fréquence depuis une trentaine d’années essentiellement aux États-Unis.
Il s’agit d’agressions collectives dans un but déterminé celui de tuer, les motivations n’empruntent rien au concept de
banditisme ni de terrorisme, certaines semblaient être liées à des convictions de fanatisme religieux qui incitent au
meurtre.
Le terme de « fusillade » est complété ou associé à celui de « tuerie de masse » dénommé aux États-Unis : « shooting
mass .
Cependant, il peut aussi désigner des événements au cours desquels l’agresseur utilise aussi des armes blanchesessentiellement Chine et Japon et une fois en Europe- mais aussi des explosifs ou des moyens incendiaires.
Les pays de survenue
Ces fusillades, ne sont pas présentes dans toutes les régions du monde car leur possibilité de survenue comme leur
fréquence, semblent liées à la facilité d’obtention des armes à feu.
- Les États-Unis ont de fait le quasi-monopole de ces événements avec 72 % des cas.
- L’Europe est en deuxième position avec 15 % des cas et dans l’ordre de fréquence on a l’Allemagne (4), la France,
la Finlande, la Belgique (2), viennent ensuite avec un seul cas, la Suisse, le Royaume Uni. Et ensuite l’Irlande, le Danemark et la Norvège.
- Le Canada vient ensuite avec 6 %.
- L’Australie 4 % des cas.
- Les autres pays représentent 5 % des cas avec : le Brésil (1 cas), l’Argentine (1 cas), le Yémen (1 cas), la Nouvelle
Zélande (1 cas), l’Azerbaïdjan (1 cas).
Les lieux de survenue
Avec les moyens d’agression (armes à feux), les lieux de survenue représentent un autre dénominateur commun.
- Les établissements d’enseignement : écoles, lycées, collèges, universités, salles de cours ou annexes, sont en effet
les lieux choisis dans 70 % des cas,
- La voie publique et les centres commerciaux sont le théâtre de fusillades dans 14 % des cas.
- Les lieux de travail sont représentés dans 6 %.
- Dans 6 % des cas on trouve des zones de rassemblements festifs ou politiques.
- Les autres lieux représentent 4 % des cas.
Le sexe et l’âge du « tireur »
- Il a pu être précisé dans 99 % des cas et dans le seul cas où le tireur n’a pas été retrouvé on a pu constater avant
sa fuite qu’il s’agissait d’un homme : c’est un homme dans 96 % des cas et une femme dans 4 % des cas.
- L’âge n’est pas mentionné dans 40 % des cas, mais le contexte permet de penser que le tireur est un adulte.
La lettre de la SFMC n°80
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La fourchette d’âge s’étend de 88 ans à 6 ans.
Dans 20 % des cas il s’agit d’un adolescent ou un enfant de moins de 18 ans.
Les origines sociales et professionnelles du tireur
- Dans 40 % des cas, il s’agit d’un élève ou ancien élève de l’établissement.
- Dans 10 % des cas il s’agit d’un employé ou ancien employé de la société.
- Dans 50 % des cas l’origine socio-professionnelle est très variable, c’est ainsi que l’on peut trouver :
- Dans plus de 40 % des cas il s’agissait d’étudiant qui n’avait pas encore de profession déterminée.
- Deux médecins.
- Deux anciens enseignants.
- Deux conducteurs de taxi ou de véhicule utilitaire.
- Douze employés de formation diverse.
Les motivations évoquées
Elles sont présentes dans seulement 15 % des cas : chômage, sentiment d’abandon, vengeance, troubles psychiques
antérieurs.
Les faits concomitants
Dans 5 % des situations, le tireur très peu de temps auparavant a commis d’autres meurtres, il s’agissait de ses parents ou des collègues.
Les moyens employés
Les armes à feu seules sont employées dans 86 % des cas, il s’agissait pratiquement dans tous les cas d’armes automatiques, une ou plusieurs étaient détenues par le tireur.
On retrouve les armes à feu associées à des engins explosifs dans 5 % des cas.
Les armes blanches ont été employées essentiellement en Chine, au Japon et une fois en Europe.
Le devenir du tireur
Théoriquement le devenir du tireur s’inscrit dans 5 possibilités :
- Il arrive à s’enfuir, cela s’est produit une seule fois.
- Il est tué par les services de police lors de leur intervention, cela s’est produit dans 5 % des cas.
- Il se suicide immédiatement après les faits et ce suicide a lieu sur place dans 39 % des cas.
- Il s’enfuit et se suicide secondairement dans 2 % des cas.
- Dans 53 % des cas, il est arrêté par les services de police immédiatement après la fusillade.
Pour les 53 tireurs arrêtés, 5 % seront condamnés à mort et exécutés (États-Unis et Chine), 10 % environ seront internés car considérés comme malades mentaux et les autres seront condamnés à des peines de prison souvent très
longues (essentiellement les tireurs enfants et jeunes adolescents aux États-Unis).
Quelques particularités de l’événement
La relation faite par les premiers témoins a permis de relever quelques particularités lors ces événements.
- Le comportement du tireur lors de son action « déterminé et agissant avec calme » dans 7 % des cas
- Le déguisement du tireur, en père Noël, en clown.
- Le comportement du tireur vis-à-vis des victimes : prises d’abord en otages et attachées avant d’être tuées
Le nombre de victimes
En règle générale, il est connu très rapidement avec une bonne précision aussi bien pour les morts que pour les blessés.
Il dépend de plusieurs variables :
- Le type d’arme utilisé et le nombre de munitions disponibles : les fusils d’assaut sont manifestement les armes les plus
meurtrières.
- La densité de population en un lieu donné, elle est souvent maximale dans une salle de classe ou un centre commercial.
- Des possibilités de fuite des populations présentes, limitées dans une école.
- Le temps dont dispose le tireur avant l’intervention soit de témoins désarmant le tireur soit des forces de police.
- Compte tenu des imprécisions de certains comptes rendus, le nombre total de victimes s’établit de la façon suivante
pour l’ensemble des 100 événements :
- Victimes décédées: autour de 650, soit moins de 7 morts par fusillade, avec des valeurs extrêmes de 1 mort à 70 morts.
- Victimes blessées : 450, soit moins de 5 blessés par événements, avec des valeurs extrêmes de 1 à 30 blessés.
La lettre de la SFMC n°80
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Les fusillades et agressions collectives dans les lieux publics ou sur la voie publique sont à classer
dans les accidents de société, mais bien que proches dans leurs conséquences générales des actes
de terrorisme il convient de les étudier séparément.
Ce type d’événement considéré jusqu’à présent comme étant une spécificité des États Unis semble
s’étendre également à l’Europe et à d’autres continents.
Le 18 mai 1927 aux États Unis
L’attentat de Bath Consolidated School, école d'une petite ville du Michigan .fut l'un des premiers attentats-suicides de l'histoire, il avait pour motivation apparente ; l'endettement.
L'homme, un agriculteur de profession, avait protesté contre la levée d'un nouvel impôt permettant l'ouverture de cette école, impôt qui aurait dégradé ses finances.
Après avoir tué son épouse, il fit ensuite exploser une charge de dynamite ainsi que lui-même et sa voiture, tuant 45 personnes, principalement des écoliers, et en blessant 58 autres.
Depuis, de nombreux événements similaires sont survenus dans des lieux publics et en particulier dans des établissements scolaires.
Ce phénomène - auparavant limité semble-t-il aux États-Unis - a gagné de nombreux autres pays, le Chine par exemple, avec une simple différence dans le choix de l’arme : couteau au lieu d’arme à feu, ce qui s’explique facilement par
la facilité de posséder une arme aux États-Unis. Celui en date du 22 juillet 2011 en Norvège, où après un attentat à
la bombe visant le siège du gouvernement à Oslo qui fit sept morts, une fusillade tua au moins 90 personnes sur l'île
d'Utoeya. Cette fusillade est considérée comme la plus meurtrière de l'époque contemporaine.
Compte tenu de l’ensemble des répercussions sociétales de ces événements il a semblé utile de dresser une liste de
ces événements.
Cette liste n’est certainement pas exhaustive et ne prend pas en compte les fusillades et autres attentats survenus dans
un contexte de terrorisme patent et évident, de même ne sont pas analysés les événements survenus dans un contexte
de banditisme, les fusillades dans les prisons au cours d ‘émeutes, ni les règlements de compte de type mafieux, ni
les « drames familiaux », encore que pour ces derniers il est souvent difficile à la fois de les identifier et de ne pas en
tenir compte dans les motivations.
Également ne sont pas pris en compte les nombreux tirs dans les établissements scolaires ne faisant pas de victime.
De même les agressions collectives à l’arme blanche telles qu’elles ont pu survenir essentiellement au Japon et en
Chine ne sont pas analysées dans cette étude.
Aux États-Unis les données fournies doivent être largement majorées, en effet ne sont pris en compte que les fusillades faisant aux moins deux morts suivant les indications du FBI, ainsi par exemple pour la seule année 2012, il n’a
été pris en compte que 7 situations de fusillades massives alors que 24 autres fusillades ont eu lieu en milieu scolaire,
faisant 17 victimes.
Les principales fusillades meurtrières depuis 1960
Les sources en sont diverses : archives des agences de presse et grands quotidiens nationaux, actualités du Web…
Les informations sont plus ou moins complètes suivant ces sources, en particulier sur les armes utilisées, les circonstances de survenue, les motivations de l’agresseur…
Les communiqués en été repris dans la presque intégralité de leur présentation et les mots en italique et guillemets
sont des mots conservés et repris des communiqués de presse initiaux pour mesurer d’une part le caractère émotionnel de ces informations (tuerie, massacre, forcené…) et d’autre part pour essayer d’expliquer le geste criminel par
des différences ethniques, des problèmes familiaux, professionnels, économiques.
Et en fin d’analyse, c’est la notion de déséquilibre mental qui prédomine cependant depuis quelques années il est quelquefois difficile de faire la part entre déséquilibre mental et terrorisme idéologique et religieux (terrorisme « islamique »
en particulier).
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1. Le 24 octobre 2014, États-Unis, région de Seattle
Dans un lycée de la région de Seattle, dans la cafétéria où ils
avaient été invités à déjeuner, un élève déclenche un tir avec
un pistolet automatique, fusillade qui a fait au moins deux
morts, dont le tireur, et quatre blessés graves. Le tireur aurait retourné son arme contre lui pour se tuer, les autres
élèves ont été "emmenés en bus" vers un endroit où ils sont
en sécurité hors du lycée.
2. Le 26 avril 2013, Istres France
Dans un quartier pavillonnaire de la ville situé aux abords de
l'étang de Berre, un jeune homme de 19 ans originaire de la
ville tire avec un fusil d’assaut. Le bilan fut de trois morts et un
blessé. Les victimes, ciblées dans son entourage, semblent
avoir été visées un peu au hasard. Il s'agit de deux voisins,
âgés de 35 à 45 ans trois et d’un automobiliste qui passait au
moment de la fusillade et qui a été tué au volant de son véhicule. Interpellé sur place il n'a opposé aucune résistance.
3. Le 13 septembre 2013, États-Unis, Washington
Une fusillade dans un immeuble de bureaux de la Marine
américaine a fait treize morts, parmi lesquels le tireur, dont les
motivations restaient inconnues, abattu par la police, et huit
blessés. Cette fusillade en plein cœur de la capitale fédérale
est la plus importante sur une implantation militaire depuis
l’assassinat de treize militaires sur la base de Fort Hood, au
Texas, en 2009.
4. Le 20 octobre 2013, États-Unis, Nevada
Un enseignant a été tué par balle et deux élèves blessés
lorsqu'un de leurs camarades a ouvert le feu.
Dans un collège de la ville de Sparks, un élève a brusquement tiré dans sa classe avec un pistolet automatique dès le
début des cours avant de se donner la mort.
Le bilan est donc de deux morts (dont le tireur) et de 4 blessés graves.
5. Le13 décembre 2013, États-Unis, Denver
Un lycéen avec, en évidence, une arme au poing a fait irruption au sein d’un collège, dans la banlieue sud de Denver,
et a blessé par balles deux élèves.
Le tireur a été retrouvé à l'intérieur de l'école où il s’était suicidé. Suivant des témoignages « Il n'a même pas essayé de
dissimuler son arme ».
8. 31 août 2012, États Unis, New Jersey
Dans un supermarché d'Old Bridge un tireur ouvre le feu,
tuant deux personnes. Le tireur, un ancien marine se suicide
immédiatement après.
9. 21 octobre 2012, Brookfield (Wisconsin)
Au moins trois morts et quatre blessés dans ce qui apparaît
comme un drame familial. Un homme a tiré près d'un centre
de beauté où travaille sa femme dont il est séparé, et sa fille.
10. Le 14 décembre 2012, Newtown (Connecticut)
Cet événement aux États Unis dénommée « la tuerie de Newton » a vu un jeune de 20 ans, Adam Lanza, ouvrir le feu dans
des classes et dans le couloir de l'école Sandy Hook, tuant
20 enfants de six et sept ans et six adultes, avant de se suicider.
Le tireur vêtu d'une tenue de combat (masque, gilet pareballes) disposait d’un important nombre d’armes à disposition traversé le hall, donnant les premiers coups de feu. Il
s’est ensuite suicidé.
11. Le 12 décembre 2011, Belgique
Un homme tire dans la foule après avoir jeté des grenades.
Le bilan final, 6 morts est celui signalé par les médias, tueur
inclus (un enfant de 17 mois, deux jeunes de 15 et 17 ans
tous les trois tués sur place, une septuagénaire blessée sur
place et décédée à l’hôpital le lendemain, une femme de ménage de 42 ans tuée quelques heures plus tôt dans un entrepôt appartenant au tueur).
Il y a aussi 123 blessés dont 5 dans un état critique.
Les moyens utilisés étaient trois grenades lancées dans la
foule et un tir d’arme à feu automatique (deux ou trois chargeurs).
La quatrième grenade a explosé aux pieds du tueur alors qu’il
allait la jeter dans la foule. Il s’est alors suicidé d’une balle
dans la tête.
12. Le 21 octobre 2011, États Unis
Fusillade devant une école de New York, une femme est
tuée et deux personnes blessées dont un enfant. Le tireur
est inconnu.
13. Le 22 juillet 2011, Norvège
Après un premier attentat à la bombe visant le siège du gouvernement à Oslo qui fit sept morts, une fusillade tua au
6. Le 2 avril 2012, Oakland, Californie
moins 90 personnes sur l'île d'Utoeya proche de la capitale,
Un Coréen de 43 ans tue sept personnes et en blesse trois lors d'une université d'été de la jeunesse du parti travailliste.
à l'Université religieuse avant de se rendre à la police. Le tireur a « tué méthodiquement ses victimes après les avoir 14. Le 24 juillet 2011, États Unis
alignées contre un mur ».
Au cours d’une fusillade, un homme tue six personnes lors
d'une fête d'anniversaire qui se déroulait dans une patinoire
7. Le 20 juillet 2012, Aurora, près de Denver (Colorado) de la ville de Grand Prairie (Texas) et se suicide ensuite.
Au moins 12 personnes sont tuées et une cinquantaine bles- Le premier bilan de la fusillade faisait état de six morts et de
sées dans une fusillade perpétrée dans un cinéma projetant quatre blessés. Des enfants figurent parmi les victimes.
une première du dernier Batman, à Aurora, près de Denver
(Colorado).
La lettre de la SFMC n°80
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sonnes et en blessant au moins quatre autres.
Généralement, ces « tueurs fous » sévissent dans les
écoles, les collèges ou les universités. Ce massacre a eu
lieu dans une maison de retraite (Pinelake Health & Rehab
Center : 90 lits dont certains réservés à des personnes atteintes d’Alzheimer). Le tireur, lourdement armé, a tiré calmement et systématiquement sur « tout ce qui bougeait »,
même sur des personnes en chaise roulante.
16. Le 7 avril 2011, Brésil
« Suite à l’intervention de la police, et à la fusillade qui
Un homme de 24 ans, ouvre le feu dans son ancien lycée s’en est suivie, le tireur a été blessé et arrêté. Son seul
et tue une dizaine d'élèves et en blesse 18 autres. Le lien avec cet établissement serait son ex-compagne,
tueur se serait suicidé après avoir été blessé par la police. employée de cette maison de retraite ».
5. Le 9 avril 2011, États Unis
Un homme d'une vingtaine d'années a ouvert le feu dans
un centre commercial bondé d'Alphen dans l'ouest des
Pays-Bas, tuant six personnes et en blessant onze, avant
de se donner la mort.
« Il se déplaçait sans hâte, tuant de sang-froid, les tirs
ont duré dix à vingt minutes ».
17. Le 8 janviers 2011, États Unis à Tucson (Arizona)
Au cours d’une réunion publique organisée par une parlementaire, fusillade au cours de laquelle six personnes sont
tuées et douze blessées, dont la parlementaire. Le tireur,
connu des services de police pour ses antécédents judiciaires, a été jugé comme « déséquilibré » par les médias
locaux après son arrestation.
18. Le 13 février 2010, États -Unis
Fusillade dans une université de l'Alabama (sud des EtatsUnis), le bilan est de trois morts et un blessé, l’auteur de
la fusillade était une femme employée de l'université, elle
a été arrêtée.
Aucun mobile pour cette fusillade n'était immédiatement
connu.
23. Le 3 avril 2009, États-Unis
Un homme « d'origine vietnamienne » âgé de 41 ans tue
13 personnes et en blesse quatre autres dans un centre
d'accueil pour immigrés à Binghamton (État de New York).
Il se suicide ensuite avant l’arrivée des services de police.
D’après certaines sources « il supportait mal sa perte
d’emploi et sa mauvaise maîtrise de l’anglais qu’il était
en train d’apprendre dans ce centre ».
24. Le 30 avril 2009, Azerbaïdjan
Un homme de 29 ans entré dans l'université tire : sept personnes tuées. Il a ensuite été neutralisé par la police.
25. Le 10 juin 2009, États-Unis
Un homme de 88 ans armé d'un petit calibre a ouvert le
feu l'intérieur du musée du Mémorial de l'Holocauste à
19. Le 2 juin 2010, Grande-Bretagne
Washington, où se trouvaient de nombreux visiteurs, tuant
Ayant des « problèmes financiers importants et marqué un garde chargé de la sécurité, avant que deux autres
par un héritage manqué au profit de son frère » un gardes tirent à leur tour sur l'agresseur.
homme de 43 ans, chauffeur de taxi, tue 12 personnes
dont son frère et se suicide.
26. Le 4 août 2009, États-Unis
Un homme a ouvert le feu dans une salle de gymnastique
20. Le 9 septembre 2010, États Unis
dans la ville de Bridgeville, près de Pittsburgh, tuant trois
Deux personnes ont été tuées et deux autres grièvement personnes avant de se donner la mort, selon d’autres
blessées au cours d'une fusillade dans une usine du sources, une dizaine de personnes ont également été
groupe agroalimentaire Kraft à Philadelphie (Pennsylva- blessées dont certaines seraient dans un état critique.
nie). La femme, auteur des coups de feu, a été arrêtée. « Il n'a rien dit. Il est entré dans la pièce comme s'il saAucun détail n'a été donné dans l'immédiat concernant les vait où il allait, a sorti ses armes et commencé à tirer »,
victimes et ses motivations Une centaine de personnes se a déclaré à la presse le superintendant du comté d'Alletrouvaient dans les locaux de l'usine lorsque la fusillade gheny. Entre 60 et 70 personnes se trouvaient dans la
s'est produite.
salle au moment de la fusillade.
21. Le 10 mars 2009, États-Unis
Un homme, âgé d’une trentained’année, armé, tue au
moins dix personnes dans l'Alabama avant de retourner
son arme contre lui. Les meurtres se sont déroulés tout
au long de son trajet dans plusieurs maisons et lieux publics. Il aurait tué sa mère également auparavant.
22. Le 29 Mars 2009, États-Unis
Un homme de 45 ans, a ouvert le feu dans une maison de
retraite de Carthage (Caroline du nord), tuant huit per-
La lettre de la SFMC n°80
27. Le 5 novembre 2009, Etats-Unis
Un psychiatre militaire de 34 ans « d'origine palestinienne » tire sur des personnels sur la base militaire de
Fort Hood (Texas). Le bilan est 13 personnes tuées et de
31 blessés. Blessé par les services de police il sera hospitalisé dans un état grave.
Selon des sources officielles « il devait sous peu rejoindre
son unité en zone de combat en Afghanistan ».
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28. Le 14 février 2008, Etats-Unis
Un jeune homme ouvre le feu sur le campus d'une université
de l'Illinois (nord), faisant cinq morts et une quinzaine de blessés avant de se suicider.
37. Le 12 février 2007, États-Unis
Le même jour, à 3 000 km de là, à Philadelphie (Pennsylvanie), au moins quatre personnes ont été tuées dans une
autre fusillade, à l'issue de laquelle le tireur se serait suicidé. Le motif de la fusillade n'était pas connu dans l'im29. Le 8 février 2008, Etats-Unis
médiat. Cette fusillade s'est déroulée dans une ancienne
Une étudiante tue deux personnes dans un institut technique base de la marine, convertie en bureaux.
de Bâton Rouge (Louisiane), puis se suicide.
38. Le 2 avril 2007, États-Unis
30. Le 16 octobre 2008, États-Unis
Fusillade dans un bâtiment d'une université à Seattle, dans
Dans l’Illinois, cinq fusillades ont lieu en une semaine dans l'État de Washington, dans le nord-ouest des Etats-Unis, le
plusieurs écoles, faisant 10 morts dont 6 dans une université bilan est de deux morts, un homme et une femme. Aucune
de l'Illinois. Le tireur, étudiant en sociologie, se suicide après précision sur les circonstances ni sur les victimes
la dernière fusillade.
39. Le 16 avril 2007, États-Unis
31. Le 11 mars 2009, Allemagne
« Massacre sur le campus de Virginia Tec » au cours duUn jeune homme de 17 ans, ancien élève collège Albert- quel 32 personnes ont été tuées, l’auteur de la tuerie, a
ville-Realschule de Winnenden, tire sur les élèves et le per- tiré plus de 170 balles en 9 minutes, en deux séries sésonnel, il prend la fuite à bord une voiture volée et se suicide parées.
après avoir été blessé par les services de police.
C’est la seconde tuerie, qui fut la plus meurtrière, elle a
Le bilan final fut de quinze morts : 9 élèves (8 filles et un gar- duré 9 minutes, Les policiers sont arrivés sur les lieux en
çon), trois institutrices, un passant et deux vendeurs d'une 3 minutes, et ont réussi à pénétrer 5 minutes plus tard
concession automobile. Les motivations de l'auteur, décrit dans le bâtiment, dont le tueur avait enchaîné les trois
par ses proches comme un garçon « normal et discret », res- portes d'entrée.
tent inconnues. Il était suivi par un psychothérapeute pour Le tireur s’est suicidé à l’arrivée de la police qui a découdépression, même s'il avait cessé de se rendre aux séances vert « le spectacle atroce » plus de 50 personnes tuées
depuis septembre 2008.
ou blessées par balles.
L'enquête n'a pas permis initialement d'expliquer le geste
32. Le 23 sept 2008, Finlande
de cet étudiant perturbé, qui préparait une licence d'anFusillade du lycée professionnel Un étudiant de 22 ans pro- glais. La thèse de la préméditation a été retenue.
voque un « carnage » dans un lycée d'enseignement professionnel de la localité de Kauhajoki, tuant 10 personnes 40. Le 30 avril 2007, États-Unis
avant de mettre fin à ses jours, le bilan signale également 2 Deux semaines après la tuerie de Virginia Tech, une noublessés.
velle fusillade est survenue près de Kansas City dans l'État
du Missouri dans un centre commercial, tuant au moins
33. Le 16 octobre 2008, États-Unis
trois personnes sur le parking et faisant plusieurs blessés
Une fusillade sur une pelouse d'une école primaire à Detroit, à l’intérieur du centre Ward Parkway Center. Au moins
fait un mort et 3 blessés.
deux autres personnes avaient été blessées dans la fusillade.
34. Le 26 octobre 2008, États-Unis
Une fusillade dans un campus de l'université de l'Arkansas 41. Le 7 novembre 2007, Finlande
fait 2 morts et un blessé. Une personne a été interpellée.
Un jeune homme de 18 ans ouvre le feu dans un lycée à
Tuusula au nord d'Helsinki, tuant sept élèves ainsi que la
35. Le 14 décembre 2008, États-Unis
directrice de l'établissement avant de se suicider.
Une fusillade éclate dans un centre commercial, un homme
déguisé en père Noël tue au moins 8 personnes avant de se 42. Le 5 décembre 2007, États-Unis
suicider.
Un jeune homme de 19 ans armé d'un fusil d'assaut AK-47
ouvre le feu dans un centre commercial d'Omaha au Ne36. Le 12 février 2007, États-Unis
braska (centre) tuant huit personnes, avant de se donner
Fusillade dans un centre commercial géant de Salt Lake City la mort.
(Utah), le Trolley Square. Un homme a ouvert le feu sur la
foule avec un fusil et tue 5 personnes et en blesse une di- 43. Le 13 septembre 2006, Canada
zaine d’autres. Le tireur, un homme adulte, a commencé à Une fusillade au collège Dawson de Montréal (Québec,
tirer au hasard dans la foule avec un fusil à pompe. La police Canada), fait un mort et dix-neuf blessés. L’auteur s'est
n'a toutefois pas précisé si l'assaillant avait été abattu ou s'il suicidé après avoir été blessé par la police. L'incident à
s'était suicidé.
Dawson était la troisième fusillade fatale dans la ville.
La lettre de la SFMC n°78
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44. Le 3 octobre 2006, États-Unis
Cinq fillettes tuées et six grièvement blessées par un tireur
dans une école amish de Pennsylvanie. Les enfants ont
été « exécutées d’une balle dans la tête après avoir été attachées au tableau ». Le tueur était un chauffeur routier, livreur de lait, âgé de 32 ans et père de trois enfants qui
avait prémédité son acte et écrit plusieurs lettres. Il s’est
ensuite suicidé.
53. Le 19 février 2002, Allemagne
Un forcené de 22 ans tue le proviseur et blesse grièvement une autre personne dans son ex-école de formation
professionnelle à Freising, près de Munich. Auparavant, il
avait tué deux cadres d'une entreprise dont il venait d'être
licencié.
54. Le 21 octobre 2002 à Melbourne, Australie
Fusillade à l'Université de Monash, un étudiant, ouvrit le
feu dans une salle d'étude. Deux étudiants ont été tués et
45. Le 5 octobre 2006, États-Unis
Dans le lycée Platte Canyon High School de Bailey, dans d'autres ont été blessés. Le tireur, « malade mental », a
le Colorado, un homme ouvre le feu et prend six per- été envoyé dans un hôpital psychiatrique.
sonnes en otage. Il se suicide après avoir mortellement
blessé par balle une des deux jeunes filles qu'il retenait 55. Le 26 avril 2002, Allemagne
La « tuerie d'Erfurt » au cours de laquelle 16 personnes,
prisonnières.
dont 13 enseignants, deux lycéens et un policier, sont
tuées dans un lycée d'Erfurt (Thuringe) par élève de 19
46. Le 21 novembre 2006, Allemagne
Une fusillade au collège d'Emsdetten en Allemagne fait ans qui se suicide ensuite.
vingt-sept blessés dont seize par intoxication après que
l'auteur de la fusillade ait allumé des fumigènes avant de se 56. Le 27 mars 2002, France
À Nanterre près de Paris, un déséquilibré tue huit conseildonner la mort.
lers municipaux en pleine réunion et en blesse 19 autres,
dont 14 grièvement. Il se suicide lors de sa garde à vue.
47. Le 12 mars 2005, États-Unis
Sept personnes participant à un service religieux dans un
hôtel de Brookfield dans le Wisconsin sont tuées et qua- 57. Le 10 janvier 2001, États-Unis
tre autres blessées par un homme armé qui retourne son Un adolescent de 17 ans tire sur les élèves dans le lycée
de Hueneme (95 km au nord de Los Angeles), avant de
arme contre lui.
prendre une lycéenne en otage. Ce jeune homme n'appartenait pas à l'établissement, il sera abattu par la police.
48. Le 21 mars 2005, États-Unis
À Red Lake (Minnesota), dans une réserve indienne du
Minnesota un adolescent de 16 ans tue par balles dans 58. Le 5 mars 2001, États-Unis
son école neuf personnes dont cinq lycéens, avant de se Un adolescent de 15 ans ouvre le feu dans le lycée Santana de Santee (banlieue de San Diego), tuant deux élèves
suicider.
et faisant 13 blessés. Il est condamné « pour meurtre et
possession d'armes » à une peine de 50 ans d'emprison49. Le 26 novembre 2004, Chine
Huit adolescents sont tués et quatre autres blessés par nement.
balles dans le dortoir d'un lycée de Ruzhou, dans la province centrale du Hénan. Le tueur de 21 ans est livré par 59. Le 27 septembre 2001, Suisse
Un « déséquilibré » tue en séance 14 membres du Parlesa mère après un suicide raté.
ment et du gouvernement local du canton de Zoug, près
de Lucerne, et se suicide.
50. Le 27 août 2003, États-Unis
Un employé qui avait été licencié d'une petite entreprise
de Chicago (nord) tue avec un pistolet semi-automatique 60. Le 26 mai 2000, États-Unis
six de ses anciens compagnons de travail avant d'être Un élève de 13 ans, tue son professeur au dernier jour de
classe dans le collège de Lake Worth (Floride). Inculpé de
abattu par la police.
meurtre, il a été condamné à une peine de 28 ans d'emprisonnement.
51. Le 24 septembre 2003, États-Unis
Deux lycéens de 17 ans, sont mortellement blessés dans
un lycée de Cold Spring dans le Minnesota par un de leur 61. Le 29 février 2000, États-Unis
Un enfant de six ans « abat » une camarade du même âge
camarade, âgé de 15 ans au moment des faits.
à l'école élémentaire Buell à Mount Morris Township (Michigan).
52. Le 16 janvier 2002: États Unis
Un étudiant exclu de la Faculté de droit des Appalaches à
Grundy (Virginie) abat avec un pistolet le doyen de l'établissement, un professeur et une étudiante. Trois autres
étudiants sont blessés. Âgé de 42 ans, cet homme d'origine nigériane souffrait de problèmes mentaux.
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62. Le 26 décembre 2000, États-Unis
72. Le 28 avril 1998, États-Unis
Un homme de 42 ans tue sept de ses collègues dans une Deux adolescents sont abattus et un troisième est blessé
entreprise informatique de Wakefield, près de Boston.
par balle, alors qu'ils jouaient au basket-ball après les
cours dans une école élémentaire de Pomona (Californie).
63. Le 20 avril 1999, États-Unis
Le tireur, un garçon de 14 ans, a été inculpé.
Deux jeunes de 17 et 18 ans, armés de revolvers et de
bombes artisanales, ouvrent le feu dans le lycée de Co- 73. Le 24 avril 1998, États-Unis
lumbine, à Littleton (Colorado), tuant 12 élèves et un pro- Un professeur de sciences de 48 ans est abattu devant
ses étudiants lors d'une fête du collège James W. Parker
fesseur, avant de se suicider.
à Edinboro (Pennsylvanie) par un élève âgé de 15 ans, qui
est condamné à une peine de 30 ans de prison.
64. Le 28 avril 1999, Canada
La fusillade de W. R. Myers High School, lycée de la petite
ville agricole de Taber (Alberta), fait un mort et trois bles- 74. Le 21 mai 1998, États-Unis
sés, l'auteur de la fusillade est un adolescent de 14 ans. Un élève de 15 ans exclu provisoirement du lycée de
Springfield (Oregon) ouvre le feu avec une carabine dans
65. Le 20 mai 1999, États-Unis
la cafétéria de l'établissement, tuant deux adolescents et
Un élève de 15 ans tire dans le lycée Heritage à Conyers blessant 23 autres. Il avait auparavant assassiné ses pa(Géorgie) avec un 357 Magnum et un fusil à canon scié, rents. Il est condamné à près de 112 ans de prison.
blessant six camarades. Il plaidera la démence, il est
75. Le 19 février 1997, États-Unis
condamné à 40 ans de prison.
Un lycéen de 16 ans armé d’un fusil à pompe tue le proviseur et un élève du lycée de Bethel(Alaska) et deux autres
66. Le 29 juillet 1999, États-Unis
Après avoir tué sa femme et ses deux enfants, un « spé- lycéens sont blessés. Il sera condamné à 210 ans de priculateur boursier » de 44 ans ouvre le feu dans deux so- son.
ciétés de courtage d'Atlanta (Géorgie) tuant neuf
76. Le 30 mars 1997, Yémen
personnes puis se suicide.
Un forcené ouvre le feu au fusil automatique sur des éco67. Le 13 août 1999 Melbourne, Australie
liers de deux écoles mixtes de la banlieue de Sanaa, faiFusillade à l'Université de La Trobe, un homme entré dans sant six morts dont quatre enfants et une dizaine de
le bar sur le campus de La Trobe blesse une femme puis blessés. Il était opposé à la mixité scolaire.
tue le gérant. Il essaye de tirer sur d'autres personnes mais
77. Le 10 octobre 1997, États-Unis
est arrêté par des témoins.
Un ancien élève du lycée Lew Wallace à Gary (Indiana) fait
68. Le 2 novembre 1999, États-Unis
irruption lors d'un match de football américain. Il abat une
Un technicien de 40 ans, employé depuis 15 ans par la adolescente de 18 ans et blesse deux autres lycéens.
société Xerox, ouvre le feu dans un immeuble de la so78. Le 1er octobre 1997, États-Unis
ciété à Honolulu (Hawaï) tuant sept personnes.
Un garçon de 16 ans tue sa mère d'un coup de couteau,
à Pearl (Mississippi), avant de tirer ensuite au fusil sur neuf
69. Le 19 novembre 1999, États-Unis
Une collégienne de 13 ans est mortellement blessée par élèves du lycée de la ville. Deux d'entre eux meurent, dont
une balle à Deming (Nouveau-Mexique). Son agresseur son « ancienne petite amie ». Le tireur a été condamné à
de 12 ans, est condamné à deux années en maison de la prison à vie.
correction.
79. Le 1er décembre 1997, États-Unis
70. Le 6 décembre 1999, États-Unis
Trois lycéens sont tués et cinq autres sont blessés à l'inUn élève de 13 ans, tire sur ses camarades du collège de térieur du lycée Heath à West Paducah (Kentucky) par un
Fort Gibson (Oklahoma), faisant quatre blessés. Il pourra élève de 14 ans décrit comme immature. L'adolescent,
quitter la prison à l'âge de 19 ans.
déclaré irresponsable, a été condamné une peine de prison à vie.
71. Le 24 mars 1998, États-Unis
Quatre jeunes filles et un enseignant sont abattus, tandis que 80. Le 2 février 1996, États-Unis
dix autres personnes sont blessées lors d'une fausse alerte Un élève de 14 ans avec un fusil d'assaut, tue deux caau feu au collège Westside à Jonesboro (Arkansas) déclen- marades et le professeur du lycée Frontier Junior à Moses
chée par deux garçons âgés de 11 et 13 ans, armés de trois Lake.
fusils et sept armes de poing. Condamnés pour meurtres,
81. Le 28 avril 1996, Australie
ils resteront en prison au moins jusqu'à l'âge de 21 ans.
Un « déséquilibré » tue 35 personnes à Port Arthur, sur
l'île de Tasmanie.
La lettre de la SFMC n°80
- 16 -
82. Le 13 mars 1996, Grande-Bretagne
vement blessé un autre étudiant avant de se suicider.
« Massacre de Dunblane », 16 enfants et leur institutrice
sont tués dans une école publique de Dunblane (Ecosse) 92. Le 13 Novembre 1990,Nouvelle-Zélande
Dans la petite ville balnéaire de Aramoana en Nouvellepar un « déséquilibré » qui se suicide ensuite.
Zélande un homme de 33 ans tire sur des habitants tuant
83. 24 septembre 1995, France
six personnes.
A Cuers et Solliès-Pont (sud-est) un adolescent de 17 Il sera retrouvé et tué le lendemain par les forces de poans tue 16 personnes et se suicide.
lice parties à sa recherche.
84. Le 4 avril 1994, Aarhus, Danemark
Un étudiant de 35 ans de l'université d'Aarhus entre dans
la cafétéria de son université vers 11 heures avec une
arme. Il tire et tue deux étudiantes et en blesse deux autres. Peu après il va dans les toilettes des hommes où il
se suicide.
93. Le 17 janvier 1989, États-Unis
Un « vagabond » de 24 ans, se met à tirer avec une Kalachnikov dans la cour de récréation de l'école maternelle Cleveland à Stockton (Californie). Cinq enfants sont
tués et 29 autres sont blessés, ainsi qu'un enseignant.
Le jeune homme retourne ensuite son arme contre lui.
85. Le 7 juin 1994, Hollywood, Nord de l'Irlande
Un ancien élève ayant »une grosse rancœur » est entré
à l'assemblée dans le couloir de l'école secondaire Sullivan et a utilisé un lance-flammes pour attaquer les étudiants passant un examen.
Six ont étés blessés dont trois sérieusement.
94. Le 6 décembre 1989, Canada
Un homme tue 14 jeunes femmes à l'École Polytechnique de Montréal pour se venger des « féministes » et se
suicide.
91. Le 1er novembre 1991, États-Unis
À l’université de l'Iowa à Iowa City, fusillade par un
homme de 28 ans, quatre membres de la faculté de l'université sont tués ainsi qu’un étudiant. Il a également griè-
100. Le 15 septembre 1959, États-Unis
La fusillade dans une école élémentaire de Poe Elementary à Houston dans le Texas fait six morts, dont l'auteur
et son fils.
95. Le 29 janvier 1979, États-Unis
Au cours d’une fusillade à Cleveland, l’Elementary School
86. Le 24 août 1994, Canada
de San Diego (Californie), une femme tue le concierge et
Un ancien professeur réalise une prise d’otage à l'uni- le directeur de cette école.
versité Concordia de Montréal et tue quatre personnes. Durant les négociations, elle déclare « ne pas aimer les
lundis ».
87. Le 18 janvier 1993, États-Unis
Un adolescent de 17 ans dans le lycée East Carter à 96. Le 28 mai 1975, Canada
Grayson (Kentucky) abat une jeune fille d'une balle dans Fusillade de la Centennial Secondary School, fait 3 morts
la tête. Il blesse ensuite le concierge. Il est condamné à dont l'auteur de la « tuerie » et 13 blessés.
la réclusion à perpétuité avec une peine incompressible
de 25 ans.
97. Le 27 octobre 1975, Canada
La fusillade de St. Pius X High School, fait un mort et 5
88. Le 7 décembre 1993, États-Unis
blessés, l'auteur de la fusillade se suicide peu après.
A Garden City, New York, sur la ligne de chemin de fer
Long Island Rail Road, un passager tue six autres per- 98. Le 1er août 1966, États-Unis
sonnes et en blesse dix-neuf autres.
Fusillade à l'université du Texas d'Austin : quinze morts
Il est arrêté et maîtrisé par d’autres passagers. Il sera et trente et un blessés.
condamné à 315 ans de prison.
99. Le 11 juin 1964, Allemagne
89. Le 1er mai 1992, États-Unis
Le « massacre » de Cologne au cours duquel huit élèves
Un jeune homme de 20 ans retranché dans son ancien et deux enseignants sont tués, le tireur se donne la mort
lycée à Olivehurst (Californie) abat quatre personnes et ensuite.
en blesse dix autres. Selon la justice, il voulait se venger L’homme âgé de 42, armé d'une bombe d'insecticide
d'avoir échoué à ses examens. Il a été condamné à mort. convertie en lance flamme, d'une lance et d'un outil,
entre dans l'école catholique de Volksschulde et ouvre le
90. Le 16 octobre 1991, États-Unis
feu sur des filles qui jouaient dans la cour. Il casse enA Killeen ville du centre du Texas, un chauffeur de ca- suite une fenêtre d’une classe avec l'outil et tire à l'intémion parcours la ville en tirant sur les habitants à travers rieur. Huit enfants et deux professeurs sont tués, vingt
la fenêtre de son véhicule tuant 24 personnes.
enfants et deux professeurs survivent avec de grave brûIl se suicide après avoir été blessé par les forces de po- lure. Après avoir pris du cyanure, le tireur meurt le jour
lice.
suivant.
La lettre de la SFMC n°80
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Cinq événements survenus dans des écoles et n’ont pas été pris en compte dans cette présentation
car relevant d’actes de terrorisme ou n’ayant pas fait de victime.
Le 13 mai 1993, prise d'otages dans une école maternelle de Neuilly. Un « entrepreneur chômeur dépressif » retient
en otage une classe de maternelle, armé d'un pistolet d'alarme et ceinturé d'explosifs, durant deux jours. Le preneur
d'otages, qui se fait appeler « Human Bomb », est tué lors de l'assaut du RAID. Il n'y a eu aucune victime parmi les otages.
Le 15 mai 1974, Israël
Un activiste palestinien provoque un massacre dans une école à Ma'alot en Israël, il tue vingt-six personnes et en blesse
soixante autres.
Le 1er septembre 2004, Russie
Prise d'otages dans une école de Beslan par des terroristes séparatistes tchétchènes. Le 3 septembre, après trois jours
de siège, les forces spéciales russes donnent l'assaut. Bilan : 344 morts dont 186 enfants.
Le 16 décembre 2014, Pakistan
Attaque par des Talibans d'une école de Peshawar mort de 141 personnes, dont 132 enfants.
Il faut également citer les tueries de masse effectuées à l’arme blanche.
Le 23 mars 2010, Chine Un ancien médecin de 42 ans, tue huit écoliers avec un couteau dans une école de Nanjing,
dans la province de Fujian. Condamné à mort le 8 avril, il a été exécuté. L’agresseur avait motivé son geste par « une
rupture amoureuse et le sentiment d’être abandonné par tous ».
Le 29 avril 2010, Chine
Un homme a pénétré dans une salle de classe de la ville de Taixing, dans la province du Jiangsu, « un couteau à la main
et bien déterminé à semer la mort et la désolation autour de lui ». Âgé de 47 ans, l’individu a frappé sans sommation, blessant vingt-huit enfants et trois adultes. Cinq enfants ont été hospitalisés dans un état grave.
Selon les premiers éléments de l’enquête, « l’agresseur se trouvait dans une grande détresse psychologique. Chômeur
depuis 2001, il vivait sans ressource et a agi semble-t-il sans motivation précise »
Le 28 avril 2010, Chine
Un ancien instituteur en congé maladie depuis 2006 pour des problèmes mentaux, a blessé au couteau des écoliers et
un enseignant, dans une école primaire de Leizhou, dans la province du Guangdong (sud). L’agresseur, avait été appréhendé alors qu’il tentait de se défenestrer. Le bilan est de seize enfants et un instituteur blessés.
Le 23 janvier 2009, Belgique
Un jeune homme de 20 ans pénètre dans une crèche à Termonde avec un couteau et une hache. Il tue deux bébés et
une puéricultrice et mutile 10 autres bébés. Il se rend aux forces de l’ordre. Il était maquillé de blanc comme le « joker »
de Batman. Il présente des troubles psychiatriques graves (schizophrénie). Il n’a pas d’antécédent judiciaire. Il portait sur
lui le plan d’accès de trois autres crèches. L’enquête mettra en évidence qu’il a assassiné une septuagénaire une semaine
auparavant.
Le 25 février 2008, Chine
Deux écoliers d'une école de la province du Guangdong (sud) sont tués à coups de couteau et quatre personnes blessées par un ancien élève qui se suicide peu après.
Le 26 novembre 2004, Chine
Le « massacre de Ruzhou » en Chine est perpétré par un étudiant qui assassine à l'arme blanche huit camarades et en
blesse quatre autres dans le dortoir du lycée.
Le 26 novembre 2002, Chine
Un «forcené» poignarde à mort quatre enfants et en blesse trois autres dans une école primaire de Huaiji (province du
Guangdong, sud).
Le 8 juin 2001, Japon
La « tuerie de l'école d'Osaka » au cours de laquelle huit enfants sont poignardés dans une école à Tokyo par un homme
armé d’un couteau de cuisine.
Le 1er avril 1996, Chine
Un « forcené » tue sept écoliers à coups de couteau et en blesse cinq autres dans deux écoles de Meitian (province
du Hunan).
La lettre de la SFMC n°80
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En France comme dans d’autres pays européen la survenue d’une fusillade ou d’une tuerie de masse
entraine l’intervention des services de police parmi ceux-ci il existe des unités spéciales dotées d’un soutien médical.
Le soutien médical des unités d’intervention
Introduction
L’actualité récente a mis en exergue la valeur et la bravoure de ses hommes qualifiés souvent d’exceptionnels, d’humbles et dotés d’une compétence hors norme. Ces hommes travaillent toujours dans l’ombre et appartiennent aux unités d’élite, taillés pour le combat urbain. C’est ainsi que nous avons pu suivre quotidiennement leurs interventions au
décours des évènements malheureux survenus en janvier 2015 à Paris. Ces hommes appartiennent à des unités spéciales.
La présence d’un soutien médical de ces unités d’intervention est plus que nécessaire pour des raisons que nous détaillerons plus loin. L’équipe médicale, partie intégrante de l’unité, représente le premier maillon de la chaîne de secours.
Les principales unités d’intervention en France1
• Les GIPN
Créés en 1972, Les Groupes d’Intervention de la Police Nationale (GIPN) sont des unités d’élite de la Police nationale française, à vocation régionale, amenées à intervenir dans des situations d'extrême violence ou à haut risques
telles que les prises d'otages, les actes de terrorisme, les mutineries dans les prisons ou les interpellations d'individus dangereux ou de forcenés.
On en dénombre 7 en métropole (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes, Strasbourg) et 3 en outremer
(Pointe-À-Pitre, St Denis, Nouméa).
• Le GIGN
Le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) est une unité d'élite de la Gendarmerie nationale créée
en 1974, spécialisée dans les opérations de contre-terrorisme, de libération d'otages, de lutte contre le grand banditisme et de protection. Sa compétence est nationale voire internationale car le « Groupe » est amené à intervenir dans
les ambassades françaises également.
Le GIGN dispense également de nombreuses formations, tant sur le plan national qu'international.
Sa devise est « s'engager pour la vie ».
• Le RAID
Le RAID est une unité d'élite de la Police nationale créée en 1985. Le nom est choisi en référence au mot « raid »,
désignant un assaut militaire, mais a reçu par rétroacronymie le sens Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion.
Sa compétence est nationale.
Son rôle est notamment d'agir dans les situations de crise, du type prise d'otages, retranchement de forcenés ou arrestation de malfaiteurs à haut risque (grand banditisme), mais aussi de contribuer à la lutte antiterroriste en apportant
son concours à l'Unité de coordination de la lutte anti-terroriste (UCLAT) et aux autres services spécialisés, afin de
mener des opérations de filature, d'observation, de renseignement et d'arrestations d'individus ou de groupes susceptibles de se livrer à des actions terroristes sur le territoire français.
Sa devise est : « servir sans faillir ».
• La BRI de la préfecture de police de Paris (dite brigade Antigang) du « 36 quai des Orfèvres ».
Créée en 1964, la brigade de recherche et d'intervention (BRI) est une unité d'enquête et d'intervention de la police
judiciaire française. La BRI/BAC-PP est une des trois composantes de la FIPN (Force d'intervention de la Police Nationale) avec le RAID et les différents GIPN.
Son principe est de surveiller les bandes organisées de la grande criminalité afin de les interpeller quelque temps
après le passage à l'acte et ce afin de pouvoir fournir un maximum de preuves contre elles et pas seulement l'association de malfaiteurs.
Elle dépend directement de la préfecture de police de Paris comme tous les services de police judiciaire de Paris et
des départements limitrophes de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne).
La lettre de la SFMC n°80
- 19 -
Intérêt de la médicalisation
La dangerosité, la spontanéité, la confidentialité, l’isolement, le risque des dommages collatéraux (cas des
prises d’otages de masse) des interventions imposent,
de manière indiscutable, la présence d’une médicalisation de l’avant.
Certains d’entre eux sont anesthésistes-réanimateurs.
Outre la parfaite connaissance de la médecine de l’avant,
les médecins et les IDE sont intégrés dans les exercices
permettant ainsi à tout le groupe de se positionner, de
s’adapter, d’évoluer et de réagir de manière adéquate le
jour J. Ces entrainements intensifs sont fondamentaux
pour l’équipe médicale car ils lui permettent de déstresser
L’histoire de toutes ces interventions aussi bien tra- et donc d’éviter de perdre tout moyen lors d’une intervengiques qu’avec un dénouement heureux ne cesse de tion difficile.
nous rappeler ô combien cette assertion est juste.
Toutes les situations sont envisageables car aucune in- L’équipe médicale revêt la même tenue que leurs camatervention n’est identique. Ainsi, l’équipe médicale peut rades opérationnels (tenue d’intervention, casque de proaussi bien être en léger retrait (prise d’otages de masse tection avec visière pare-balle et gilet pare-balle) et
ou non, interpellations et autres missions de police ju- dispose d’un sac ou d’une chasuble lui permettant de
diciaire, contre-terrorisme aérien) que dans la colonne prendre en charge plusieurs urgences vitales. Il suit l’ind’assaut (contre-terrorisme maritime).
tervention au moyen d’une radio qui lui permet d’intervenir
rapidement dès lors qu’il y a une sollicitation.
Une étude américaine a montré que parmi les équipes
SWAT (special weapons and tactics), il y avait environ L’organisation des secours
1,8 perte d'officiers, 18,9 malfaiteurs blessés et 3,2 pas- Lorsqu’il y a un blessé, qu’il soit du côté des forces de l’orsants blessés sur 1 000 missions. Ces statistiques in- dre ou du côté adverse, la prise en charge est immédiate
diquent le besoin d’un soutien médical à proximité car elle est réalisée par l’équipe médicale sur place. En
revanche, en cas de blessés multiples, le médecin assure
lorsque les opérations deviennent risquées2.
le rôle non seulement de premier médecin mais également
Profil de l’équipe médicale
de premier directeur des secours médicaux après la staA chacune des interventions est associée la présence bilisation des blessés. D’où l’importance d’un IDE urgend’une équipe médicale, aussi discrète qu’efficace.
tiste compétent afin d’épauler le médecin avant l’arrivée
d’autres moyens de secours. Ces derniers sont présents
Au GIGN, l’équipe médicale est composée d’un médecin dans quasiment tous les cas de figure et sont sollicités par
et d’un infirmier diplômé d’état (IDE). Ce binôme est com- les autorités locales. Ils sont représentés par les sapeursplètement intégré dans « le Groupe » car il participe éga- pompiers et le SAMU locaux.
lement à tous les entrainements. Sa présence est
fondamentale et fait partie intégrante du dispositif. D’ail- Dans ces cas-là, le médecin se présente aux divers interleurs les opérationnels le disent souvent : « votre présence locuteurs et établit un plan de secours, sans pour autant
nous rassure », « heureusement que vous êtes là », « vous dévoiler le mode d’action de ses camarades. Dans le cas
faites complètement partie du Groupe »…
où l’équipe médicale se retrouve seule et qu’il y a plusieurs
blessés, le médecin et son IDE assurent le triage et la
Le RAID et la quasi-totalité des GIPN dispose d’un groupe prise en charge initiale. Il est amené à téléphoner au
médical d’intervention (GMI) avec un médecin d’astreinte SAMU local afin de solliciter les moyens médicaux, para24 heures sur 243. Ils agissent seuls, sans IDE.
médicaux et le type de transport.
La BRI de la préfecture de police de Paris dispose également d’un groupe de médecins d’astreinte 24 heures sur Ainsi, partant d’une situation complètement incertaine et
24 dont la création est récente (2009-2010). Elle était imprévisible, la chaîne de secours se met très rapidement
soutenue auparavant par les équipes médicales de la en place permettant une prise en charge optimale du
BSPP (brigade de sapeurs-pompiers de Paris) et/ou les blessé. Comme leurs camarades opérationnels, l’équipe
SAMU de Paris et de la petite couronne.
médicale de ces unités d’élite s’adapte à toutes les situaTous ces médecins sont des urgentistes et/ou réanima- tions qui peuvent se présenter.
teurs confirmés et aguerris.
Les médecins du GIGN sont la plupart issus des forces Outre le soutien physique des opérationnels, l’équipe méspéciales, de la BSPP ou des régiments opérationnels. dicale peut apporter une aide psychologique aussi minime
Tous urgentistes et parachutistes, ils exercent également soit-elle, au décours d’un defusing à la volée ou totalement
dans les structures d’urgences et/ou les SMUR (service improvisée sur le tarmac ou sur le lieu de l’intervention.
mobile d’urgence et de réanimation).
Rares sont les personnes qui pensent en avoir besoin ou
Les médecins des GMI exercent dans les centres hospi- qui nous sollicitent directement. L’effet de groupe est tel
talo-universitaires et/ou dans les hôpitaux de grande re- qu’un soutien psychologique médical est quasi inexistant4.
nommée.
La lettre de la SFMC n°80
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Quelques exemples et contre-exemples
Le 26 décembre 1994
Intervention du GIGN sur le tarmac de l’aéroport de Marseille-Marignane dans un Airbus A300 d’Air France. Ce
dernier a été détourné par quatre terroristes du groupe islamique armé au départ d’Houari Boumediene, à Alger. Il
y avait à bord 161 passagers et 12 membres d'équipage3.
Après quatorze heures de négociations, le « Top Action »
est lancé sur la radio.
Bilan de l’intervention : les 4 terroristes tués, 3 membres
d’équipage blessés, 13 passagers légèrement atteints,
dont 11 « contusionnés », et 9 gendarmes touchés, dont
8 par balles.
Thierry P., un des gendarmes qui a donné l’assaut,
confiera plus tard : « les médecins du Groupe, Dominique et Bernard, découpent ma combinaison et me posent une perfusion. La morphine et l’anesthésie
commencent à faire effet, la douleur s’en va doucement
et moi, je m’endors… »5. Ce confrère Dominique D. nous
informera par la suite que le PMA était sous l’avion et que
la prise en charge était immédiate avant l’évacuation des
blessés au sein de la zone de transit. Cette dernière était
le lieu du second PMA où se trouvaient les sapeurs-pompiers, le SAMU, les associatifs, les forces de l’ordre ainsi
que les autorités.
initiale des patients, quelle que soit la gravité de la pathologie. Le relais est toujours effectué par les sapeurs-pompiers locaux et/ou le SAMU local. Sa vocation est de
traiter rapidement, efficacement et de stabiliser en attendant les autres moyens de secours puis de se reconditionner rapidement de telle manière à pouvoir accomplir
une autre mission.
Le 28 septembre 2005
Intervention du GIGN sur « le Pascal Paoli » détourné par
des marins syndicalistes du syndicat des travailleurs
corses (S.T.C.). Le but était de ramener le cargo à Bastia,
son port d'attache en guise de protestation contre la privatisation de la (Société nationale Corse Méditerranée)
SNCM7.
Les hommes du GIGN sont descendus en corde lisse
avant d’infiltrer le bateau au moyen des hélicoptères
Pumas et Cougars. Il y avait deux équipes médicales, chacune était dans une des colonnes d’assaut, bouteille
d’oxygène à la main et chasuble d’intervention sur le dos
en plus de l’équipement d’intervention. Lors du briefing,
les deux médecins s’étaient convenus du dispositif médical suivant : installation du poste médical avancé (PMA)
dans la salle à manger (une des plus grandes salles du bateau), évacuations des blessés par moyen héliporté et demande de renforts médicaux6. Fort heureusement, il n’y a
Au cours de l’année 2005
pas eu de blessé à déplorer. Il est à noter que le leader
Le GIGN a été sollicité pour intervenir dans un petit village des syndicalistes a donné comme consigne de ne pas rédu sud de la France car le dénouement de la situation sister8.
semblait très incertain en raison de la détermination du
preneur d’otage. Il s’agissait d’un homme d’une quaran- Le 19 janvier 2007
taine d’année ayant séquestré son fils de 3 mois au dé- Intervention du GIGN au domicile d’un forcené de 66 ans
cours d’une conjugopathie. La mère, ayant pu s’échapper, qui s’est retranché chez lui en Haute-Garonne suite à un
a prévenu la gendarmerie locale. Au décours de la négo- différend familial. Bilan dramatique : un gendarme tué et
ciation, l’individu, très déterminé, s’est jeté de son appar- deux gendarmes blessés dont un grièvement. L’équipe
tement du troisième étage. S’en suit un terrible bilan médicale a prodigué les soins d’urgences et a permis
lésionnel : traumatisme thoracique avec volet costal et em- d’éviter la perte du membre supérieur du gendarme sévèphysème sous cutané, traumatisme de l’abdomen, du ra- rement touché mais n’a pu sauver notre camarade qui a
chis et du bassin chez le père et traumatisme crânien été touché au flanc gauche par des tirs de chevrotines9.
grave avec d’emblée une anisocorie et une déformation
de la boîte crânienne chez le nourrisson. Sédation et drai- Contre-exemple
nage thoracique chez le père et intubation du fils qui dé- Ainsi, ces quelques exemples illustrent de manière
cèdera à l’hôpital malgré l’évacuation rapide par concrète la nécessité absolue de la présence d’une
équipe médicale au sein de ces unités spéciales. Son abhélicoptère effectuée par le S.A.M.U. local.
En raison de l’isolement et du caractère spontané de cette sence peut entrainer des dégâts collatéraux catastrointervention, l’équipe médicale était seule. Elle a été ren- phiques alourdissant ainsi le nombre de décès.
forcée par une équipe de sapeurs-pompiers locale. Le Souvenons-nous de l’assaut des unités spéciales russes
SMUR le plus proche était à plus d’une heure de route, (les « Spetsnaz ») lors de la prise d’otage de 850 spectad’où la demande d’un moyen héliporté par le médecin du teurs du théâtre Doubrovka de Moscou, le 23 octobre
groupe. Ce dernier a pris en charge en priorité le nourris- 2002. Les preneurs d’otage représentaient une cinquanson tout en donnant les instructions à l’infirmier pour la taine de rebelles tchétchènes. Les forces Alpha sont inprise en charge du père. Un des sapeurs-pompiers qui tervenus en utilisant un gaz toxique, a priori du Fentanyl10.
était de garde sur VSAV (véhicules de secours et d’assis- Bilan de l’intervention : 39 des terroristes ont été tués et au
tance aux victimes) ce jour-là était infirmier. Il a grande- moins 129 otages, dont neuf étrangers1.
La cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) n'a
ment prêté main-forte à l’équipe médicale du groupe6.
Il faut savoir que l’équipe médicale de ces unités d’inter- pas critiqué le fait que les autorités russes aient utilisé la
vention ne réalise et ne doit réaliser qu’une prise en charge force ni un gaz nocif pour mettre fin à la prise d'otages,
La lettre de la SFMC n°80
- 21 -
mais elle a mis en lumière le manque de préparation des
opérations de sauvetage et la violation de l'article 2 de la
Convention européenne des droits de l'Homme (droit à la
vie). « Même si les informations sur l'utilisation du gaz
n'ont pas été communiquées aux médecins et aux services d'urgence, le nombre élevé de personnes ayant
besoin d'une assistance médicale n'était pas une surprise, et certains préparatifs généraux auraient pu être
effectués à l’avance », affirme-t-elle. Elle surenchérit sur
le fait que « sur le chemin de l'hôpital ou peu après leur
arrivée il était donc crucial de leur dispenser immédiatement des soins médicaux »11.
La présence d’équipes médicales sur place aurait-elle pu
réduire le nombre de décès ? Probablement, sans entrer
dans une polémique, juste en se basant sur un « plan médico-opérationnel ».
• Au Québec
Au Québec, le GIMT ou « groupe d’intervention médicale
tactique » de Sherbrooke, est une unité d’ambulanciers
paramédicaux formés et équipés pour pouvoir accompagner les policiers lors d’interventions dans la région de
l’Estrie. Un médecin urgentiste peut être amené à participer au soutien médical15.
Conclusion
La médicalisation au plus proche des zones de combat
date déjà du temps de Dominique-Jean Larrey et se perpétue au fil du temps.
Fidèles à l’esprit du pré-hospitalier français, nos unités
d’intervention n’échappent pas à la règle. C’est ainsi que
leurs équipes médicales constituent le premier maillon de
la chaîne de secours. Parfois, cette dernière est loin d’être
organisée en raison du caractère spontané et discret des
interventions.
D’où l’absolue nécessité d’avoir des équipes
Le soutien médical des unités spéciales étrangères
La médicalisation de ces unités d’exception est quasiment médicales non seulement compétentes en médecine d’urune spécificité française. Cependant, de plus en plus de gence et en médecine de catastrophe mais disposant égapays tendent vers la médicalisation alors que d’autres res- lement d’un sens aigu de l’organisationnel.
tent sur un modèle de para-médicalisation
Médecin en chef Moni CHAI
Service des urgences Hôpital d’Instruction des Armées Legouest
• Aux États-Unis
Aux États-Unis, les “special weapons and tactics”
connus sont le nom de SWAT, l’équivalent de nos unités
d’intervention, étaient initialement soutenus par les services d’urgences locaux. Ils ont vu l’évolution de leur soutien médical par l’intégration des paramédicaux issus des
services d’urgence puis très récemment des medics (médecins). Ces paramedics et medics bénéficient de formations spécifiques reconnues, depuis 2001, comme étant
une spécialité (la « Tactical Emergency Medicine »). On _____________________________
Références :
l’évoquait déjà en 1994 comme étant une sous spécialité 1. Wikipédia.
de la médecine d’urgence pré-hospitalière adaptée à un 2. Tactical data bank. Bethesda, MD: Casualty Care Research Center,
Department of Military and Emergency Medicine, Uniformed Services
« environnement tactique » 12.
University.
Afin de devenir médecin de l’équipe des SWAT, deux se- 3. J.-S. David, O. Lamour, S. Peyrefitte. Médicalisation de situations
maines de formation théorique et pratique sur le terrain d’exception : prises d’otages et forcenés. SFMU. Urgences 2012. Paris.
4. M. Chai. Soutien médico-psychologique du G.S.I.G.N. Mémoire dans le
sont nécessaires. Cet apprentissage est essentiellement cadre du diplôme universitaire « Stress et traumatismes majeurs ». Paris VI.
basé sur l’approche des laboratoires clandestins, des 2005.
bombes, des armes de destruction massive, de l’évacua- 5. http://www.gign.org/groupe-intervention/?page_id=407
6. Expérience personnelle.
tion de bâtiments menacés, des armes moins létales utili- 7. http://www.lemonde.fr/economie/article_interactif/2005/09/28/le-gignsées pour le contrôle des foules. La formation repose a-pris-le-controle-du-ferry-de-la-sncm-detourne_693587_3234.html
Retour de l’opération du Pascal Paoli. http://www.gign.org/groupeaussi sur le traitement de l'hémorragie, des plaies thora- 8.
intervention/?p=2033
ciques pénétrantes. Enfin, le programme comporte éga- 9. http://www.ladepeche.fr/article/2007/01/21/1840-l-intervention-dulement une conférence sur la santé de l'équipe axée sur gign-les-questions-qu-on-se-pose.html
10. http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20021030.OBS2100/le-gazl'alimentation, l'exercice et la gestion du stress13.
employe-etait-du-fentanyl.html
• En Allemagne
Le GSG 9 (en allemand : Grenzschutzgruppe 9, en français : protection des frontières groupe 9) est une unité d'intervention de la police allemande formée suite à l'échec
de l'intervention de la police lors de la prise d'otages aux
Jeux olympiques de Munich en 1972. Le soutien « médical » est assuré par les infirmiers issus de l’opérationnel. Il
n’y a pas de médecin14.
La lettre de la SFMC n°80
11. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/prise-d-otages-du-theatredoubrovka-la-russie-condamnee_1063680.html#
12. LE Heiskell, RH Carmona. Tactical Emergency Medical Services. An
Emerging Subspecialty of Emergency Medicine, Ann Emerg Med
1994;23:778-785
13. S. Lewis. What does it take to be a doctor on a SWAT team ?
http://www.vice.com/read/ what-does-it-take-to-be-a-doctor-on-a-swat-team1106
14. X. Donne. Exercice d’exception de la médecine d’urgence : le médecin
du GIGN. http://www.carum.org/1_medecinGign.pdf
15. www.premiereligne.org/numero3/variete-GIMT.html
- 22 -
Épidémiologie du terrorisme
Reprise et mise à jour d'un travail déjà présenté dans la Lettre de la SFMC n° 43 de juillet 2006
Quelques rappels sur la notion de terrorisme, origine du concept
C’est la Révolution française qui a créé le concept de terrorisme en 1789 avec la notion de terreur politique.
Le « terrorisme » désignait alors un système de gouvernement révolutionnaire, la Terreur, qui s’étendit
de septembre 1793 à juillet 1794.
Les premiers dans l'Histoire à être appelés « terroristes » furent les conventionnels envoyés en mission en province
pour assurer la répression du royalisme et du fédéralisme.
Pendant quelque temps encore, « terroriste » sera synonyme de « républicain ». Le terrorisme naît donc au cœur de
l'État. La terreur apparaît nécessaire à l'avènement d'une société meilleure.
Le mot est fixé pour la première fois dans le supplément de 1798 au Dictionnaire de l'Académie française ; « Terrorisme » est donc un mot du français ainsi que ses dérivés (« terroriser », « terroristes »). Les autres langues, comme
l'anglais et l'italien, l'ont emprunté.
Le sens du mot « terrorisme » évolue dès le début XIXe. Il désigne désormais une stratégie de contestation violente de
l'État. De méthode de conservation et de protection de l'État, il devient l'outil de sa remise en cause.
Les différentes phases du terrorisme en France
La première période : les Carbonari
La France est alors relativement épargnée par les actions des patriotes italiens jusqu’à l’attentat contre Napoléon III
en 1858 : l’explosion d’un bombe au passage de la voiture de l’empereur fait 8 morts et 156 blessés.
La deuxième période terroriste : les Anarchistes
Ce terrorisme n'apparaît réellement en France qu'en 1892.
De 1892 à 1894 quelques hommes criminels, dont les fameux Ravachol. Henry et Vaillant, multiplient les actions violentes. Ravachol en particulier en mars 1892 commet trois attentats à la bombe, dont un à l’Assemblée Nationale.
Il sera arrêté et guillotiné quelques semaines plus tard. Il devient un martyr de la cause et son aventure est le prélude
à une vague d'attentats qui dure deux ans.
La seconde période du terrorisme anarchiste est marquée par les crimes de la « bande à Bonnot » de décembre
1911 à avril 1912.
Le 21 décembre 1911, ils commettent le premier vol à main armée en automobile de l'histoire, contre la Société Générale de la rue Ordener à Paris, les « brigades du Tigre », 12 brigades spéciales de police mobile créées par Clemenceau (Président du Conseil et ministre de l’intérieur, cet homme politique est également médecin) en décembre
1907 en viennent à bout.
La troisième période terroriste : les conflits balkaniques
Le terrorisme d'origine balkanique touche toute l'Europe, mais la France n’est atteinte qu'une seule fois : assassinat
le 9 octobre 1934 à Marseille d'Alexandre de Yougoslavie et de Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères.
La quatrième période : la guerre d'Algérie
Cette période s’étend de 1954 à 1962.et un certain nombre de spécialistes considèrent qu’il y eut trois origines :
- Le terrorisme du FLN (Front de libération nationale) dirigé contre trois cibles : les musulmans opposés à la cause indépendantiste, les indépendantistes concurrents du Mouvement national algérien (MNA) et les Européens.
- Le terrorisme des Européens avec l'Organisation armée secrète (OAS).
- Et un terrorisme d'État des services spéciaux.
La cinquième période : le terrorisme polymorphe
Depuis la fin des années 1960, la France est le théâtre permanent d'un terrorisme aux multiples motivations, d'origine
interne et externe.
- Les terrorismes indépendantistes basque, antillais, breton, etc. a duré de 1970 à 1980, seul le terrorisme corse a
semblé perdurer plus longtemps.
- Le terrorisme d'extrême gauche touchera moins la France que le reste de l’Europe avec quelques groupes comme
les Brigades internationales dans les années 1970 et ultérieurement le groupe Action directe.
La lettre de la SFMC n°80
- 23 -
- Le terrorisme international est principalement celui du Proche et Moyen-Orient. Les années 1980 furent les plus marquées par ces événements.
La France est soit le théâtre de conflits et de luttes entre divers pays ou diverses communautés (attentats contre diplomates, assassinats d'opposants politiques, etc.), soit la cible directe de pays ou d'organisations lui reprochant sa
politique diplomatique.
C’est actuellement ce terrorisme de l’islamisme radical qui, depuis l’attentat du World Trade center aux États-Unis septembre 2001, s’est généralisée a plusieurs à plusieurs continents, à plusieurs pays et dont les dernières actions sont
survenues en début de l’année 2015.
Sources : Institut national audiovisuel
Http : //www.ina.fr/voir_revoir/terrorisme
Cet historique nécessite la pris en compte d’une réflexion sur les définitions et le concept du terrorisme, réflexion
certes intéressante au plan didactique mais qui reste du domaine de l’utopie intellectuelle et n’apporte aucune solution pratique au problème de la prévention de la protection et surtout de l’organisation des secours quand les actes
ont été réalisés fautes d’avoir été prévenus et empêchés.
Extraits de » Temps Réels » Dossier Débats temps réels, terrorisme - hyper terrorisme
http://www.temps-reels.net/article608.htlm
• Dans les guerres " fort contre faible " le fort qualifie régulièrement le faible de " terroriste ", ce qui donne une légitimité morale à son action. Ce qualificatif est en général justifié car le terrorisme est l’une des armes volontiers utilisées
par le faible (il rétablit l’équilibre de la terreur, car lui est souvent déjà terrorisé).
L’usage de la terreur par l’un des deux camps, n’enlève pas la légitimité éventuelle de son combat. Le qualifier seulement de " terroriste " peut être une façon d’oublier qu’il est aussi, selon le cas, un " occupé ", un " exploité ", un " résistant ", un " partisan ", etc.
FL
• Terrorisme : diverses formes de violence politique extrême
Alain Joxe avait proposé, en 1996, une typologie des actes de violence extrême. Cette typologie est très utile. Il faut
désormais ajouter à sa typologie une nouvelle catégorie : l’hyper terrorisme.
Depuis les années soixante-dix, à l’occasion des divers troubles qui ont agité le bassin méditerranéen et touché
l’opinion française, le mot terrorisme a été galvaudé, risquant de brouiller les analyses. [...] Si on doit désigner
sous le même vocable toutes les activités politiques ayant recours aux violences extrêmes, le terrorisme cesse
d’être un concept utile à l’analyse stratégique car il recouvre toutes les actions de force, lesquelles visent toujours à terroriser.[...]
L’usage du " terrorisme " comme concept fourre-tout pousse à prendre le symptôme pour la maladie travers
dans lequel ne devraient pas tomber les Européens.[...]
Il semble ainsi préférable d’utiliser le terme de violence politique extrême, pour qualifier la liste suivante d’actions
qu’on doit distinguer d’actes de guerre, mais qui ne sont pas des actes individuels puisqu’ils ont un objectif politique :
- Les assassinats ciblés de responsables politiques ou militaires. ;
- Les prises d’otages libérables sous conditions (actions du Front populaire pour la libération de la Palestine,
FPLP, dans les années soixante-dix) ;
- Les attentats contre des soldats en uniforme faisant partie d’armées d’occupation ou d’intervention ; Les actes
de kamikazes ;
- Les assassinats aveugles de civils sans défense appartenant à une communauté adverse (voitures piégées) ;
- Les effets de sièges militaires prenant massivement des populations civiles en otages (comme celui de Beyrouth en 1982 ou celui de Sarajevo).
Cette classification permet d’opposer stratégiquement le ciblage précis au ciblage aléatoire, d’une part, le stade
de la menace au stade de l’exécution, de l’autre.
Seules les opérations de menace ou de massacre (les trois dernières mentionnées ci-dessus) sont des actes indiscriminés, et peuvent être qualifiées de terroristes.
L’assassinat politique et la prise d’otage appartiennent, du fait de leur ciblage précis, à un autre type de stratégie que celle de la terreur. Quant aux actions armées contre des unités militaires, elles sont des actes de guerre.
L’usage des actions extrêmes a toujours été lié à la lutte (inégale) contre la tyrannie, l’oppression étrangère ou
la conquête coloniale. Certes, on peut distinguer, comme le fait Michel Wieworka, le « terrorisme par le haut » et
La lettre de la SFMC n°80
- 24 -
le « terrorisme par le bas », mais ils sont toujours liés.
Le recrutement des agents des actions violentes peut être organisé par des forces politiques locales, régionales
ou mondiales, mais il n’a de sens qu’en fonction des tensions sociales locales. Seules des motivations morales
ou éthiques spécifiques permettent la formation des combattants volontaires très particuliers qu’exigent ces
formes d’action quasi suicidaires.[...]
Alain Joxe. In LE MONDE DIPLOMATIQUE | AVRIL 1996
http://www.monde-diplomatique.fr1996/04/JOXE/2635
Le texte d’Alain Joxe est très brillant. Le rappel de la possibilité qu’a le terrorisme d’accéder au pouvoir d’État (cas
de M. Begin) est bienvenu, ainsi que l’idée selon laquelle le recours au terrorisme est contextuel (plus que lié aux
personnes).
Il faut en effet une nouvelle catégorie. Quel contenu donner à " hyper terrorisme " ?
Parce que :
1- Il me semble que, autant qu’à faire peur, le multi-attentat du 11 cherchait à faire des dégâts. On s’en veut de
transposer à la réalité et aux vies des gens les leçons des kriegspiels, mais je suppose que les Bush et Ben
Laden le font tous les jours, alors il faut s’y atteler.
Quand je joue à " Civilization " (PC) et que je suis à une phase avancée de la partie dans le rôle d’une civilisation
faible, incapable d’affronter l’ensemble des forces adverses, et sans espoir de remonter le handicap " à la régulière " (dans le libre jeu du marché libre), ma seule possibilité pour éviter la victoire du leader est d’attaquer par
surprise sa capitale. Soit ça réussit en semant le désordre chez lui pour quelques tours de jeux (ça m’est arrivé
une fois), soit ça échoue (en général), mais, consolation, ça peut obliger le leader à abandonner son sentiment
de sécurité, à investir sur le militaire au lieu du développement économique, financier et symbolique (le " vaisseau spatial " dans Civ. II), et peut-être ainsi à ralentir sa marche vers la victoire. Une autre possibilité est qu’il
achète la paix en me versant une compensation, pour éviter d’avoir à faire cet effort militaire (il se contentera alors
de mesures défensives à ses frontières, et d’espionnage chez moi). Encore faut-il que mes propres villes soient
assez éloignées de celles du leader, et assez protégées contre les attaques aériennes, pour éviter d’être annihilé en retour.
2- Une particularité très forte de ces attentats est qu’il s’agit de suicides.
Y a-t-il déjà eu dans l’histoire un tel " suicide collectif + meurtre de masse " ? Il y a les kamikazes japonais, qui je
crois attaquaient en vagues ( ?).
Apparemment le cas est très éloigné. Les kamikazes agissaient dans le cadre d’une guerre classique qui s’annonçait perdue. Ils signifiaient leur refus personnel de la défaite, mais ne donnaient pas réellement à leur pays
de chances supplémentaires d’accéder à la victoire : ils allaient plutôt se fracasser la tête contre le mur. Beaucoup rataient d’ailleurs le navire qu’ils visaient, et n’étaient que sommairement formés au pilotage ; les avions
qu’on leur donnait étaient difficile à gouverner. En fin de compte, ceux qui rataient leur cible comptaient, peutêtre, presque autant que ceux qui coulaient un navire américain. Mais n’est-ce pas exactement ce qui se passe
ici ?
Quelle était alors la motivation (positive) des kamikazes japonais ? Peut-être l’idée que des valeurs essentielles,
plus pérennes que les rapports de forces militaires, seraient renforcées par leur geste ? (la fidélité au trône impérial, la supériorité morale des japonais sur le reste du monde, tout simplement le sens de l’honneur ????).En
cela ils se seraient posés en martyrs (témoins) : par la confiance qu’autrui est porté à accorder à leur jugement,
autrui incline à admettre l’idée que, derrière l’échec apparent de leur mission (mort de soi-même, mort d’innocents
...), se cache un investissement fructueux sur des forces plus puissantes.
Le plan Vigipirate, inefficace en lui-même contre les détournements-suicides, se justifie par le fait que des jeunes
pourraient être tentés de suivre l’exemple des commandos - " martyrs " de la côte Est, en bricolant leur propres
suicides-massacres dans nos villes et villages.
3- And now what ?
La solution court-termiste classique (nécessaire) est de renforcer son bouclier d’une part, désarmer l’ennemi
d’autre part (le " mettre hors d’état de nuire " y compris en anéantissant ses forces armées et ses moyens de commandement. Ça n’apparaît pas facile, et de nouveaux missiles de croisière sur l’Afghanistan n’atteindraient aucun
de ces deux buts
Alain Joxe attire l’attention sur la nécessité d’agir sur les situations aux sources de la violence ; cela ressemble
aux textes dans " La misère du monde " (Bourdieu) sur " the legit way " : on peut ne pas choisir la délinquance
si l’on estime que, en restant réglo, on a une chance raisonnable de réussir. Mais les US semblent sincèrement
persuadés que, dans ce monde, tout le monde a eu sa chance de réussir, la preuve, eux-mêmes l’ont eue ... .Agir
aux sources de la violence est souvent considérée comme une action de long terme. Peut-être à tort ? …
4- Terrorisme ou guérilla ?
La lettre de la SFMC n°80
- 25 -
Au risque de choquer, il me semble préférable de parler de guérilla à propos des actes qui ont été perpétrés ces
dernières années contre les Etats-Unis partout dans le monde. Le terme est plus neutre et plus factuel que terrorisme. Par ailleurs, un guérillero est aussi bien un terroriste qu’un partisan.
Une guerre contre le terrorisme ou contre des terroristes particuliers ?
En y repensant, je vois pas mal d’exemples dans l’histoire où des actes autodestructeurs ponctuent la fin d’un
conflit (non le début).
Serait-ce une catégorie opératoire pour les attentats du 11-09, que de l’imaginer non comme le début d’une nouvelle guerre, mais comme un concentré " (si cette expression a un sens).
Après l’emploi de toute une série d’autres armes incluant le terrorisme non suicidaire, l’embargo pétrolier, la guérilla urbaine et rurale, les guerres classiques, etc.
L’idée est que la guerre dans laquelle se lancent officiellement les USA ne peut être une guerre contre le terrorisme (pas plus que contre la violence, le mensonge, la laideur etc.) mais contre des terroristes particuliers, issus
d’un milieu particulier, animés de motivations particulières, etc.
__________________________________________________
Sélection de références bibliographiques
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Jean-Charles Brisard, Guillaume Dasquié : Ben Ladden, la vérité interdite (Denoël, Coll. Impacts, Paris 2001)
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John Kerry : The New War (Simon & Schuster, New York, 1997)
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Marie-Hélène Labbé : La grande peur du nucléaire 'Presses de Sciences Po, Paris, 2000)
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Le Débat stratégique, revue du CIRPES
Hérodote, revue d'études géopolitiques
Autrement (avec les série Frontières et CERI
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Service canadien du renseignement de sécurité (site en français) http://www.csi-scrs.ca/fr/proirities/terrorism.asp
La lettre de la SFMC n°80
- 26 -
Terrorisme, attentat
Définition
La première définition est une définition essentiellement politique dans un contexte de guerre et de
menaces de guerre par une « puissance étrangère », l’autre, l’étranger étant de tout temps considéré comme un adversaire.
Une telle définition, même si elle prend en compte
dans sa deuxième partie la notion de terrorisme
« intérieur » (assimilé à un ordre révolutionnaire),
n’apporte pas d’éléments très utiles pour les problèmes beaucoup plus prosaïques d’organisation
des secours.
Aussi on préférera la deuxième définition qui met
davantage en exergue l’agression sur un ou plusieurs individus, sur une collectivité, une population donnée, agression que doit prendre en
compte l’ensemble du système de secours.
Ainsi les attentats et autres actes de terrorisme
s’inscrivent dans le contexte des accidents de société ou encore accidents sociétaux.
Ces accidents sociétaux ne sont pas des phénomènes nouveaux, ils ont toujours existé mais actuellement trois éléments nouveaux doivent être
pris en compte dans l’analyse de leurs effets immédiats et secondaires.
- La plus grande responsabilisation des autorités
compte tenu de l’importance que donnent les populations au concept de sécurité, devenu un argument politique incontournable ;
- La médiatisation de l’événement qui permet de
« voir » et même d’entendre « très rapidement les
scènes des attentats, les plaintes des victimes, les
réactions des populations-témoins, les commentaires des journalistes, créant ainsi « une implication » quasi immédiate et générale, une implication
sociétale et nationale.
- L’organisation des secours qui, dans la plupart
des cas, permet de minimiser les conséquences
immédiates en limitant les destructions évolutives,
en soignant les victimes et en d’améliorer ainsi le
pronostic vital.
La survenue répétitive des attentats est ainsi de nature à « favoriser » l’entraînement des personnels,
les réactions efficaces des organismes et institutions responsables de la gestion de crise.
Considérés par certains auteurs et à certains moments, comme des faits de guerre en temps de
paix, les actions de terrorisme sont des accidents
sociétaux, qui vont atteindre essentiellement des
populations civiles, plus secondairement des personnels militaires mais en dehors d’actions de
guerre proprement dite.
C’est donc le caractère collectif qui est le trait doLa lettre de la SFMC n°80
- 27 -
minant et un des plus importants pour l’ensemble
des actions de secours.
Depuis une trentaine d’années ces actions terroristes semblent pour certains, s’inscrire dans une
« logique de survenue » qui doit inciter les systèmes de secours à être prêts pour faire face à
tout moment.
La riposte institutionnelle, comme pour toute
agression prévisible, est dominée par deux aspects : la prévention (et la protection) et le secours.
Cependant, il convient de remarquer que les actions terroristes présentent, quant à leurs conséquences, des particularités par rapport aux autres
formes et aux autres circonstances d’agression
collectives que sont les catastrophes naturelles
et technologiques.
Ces particularités se constatent aussi bien chez
les populations avec des conséquences somatiques et psychiques que sur l’organisation des
secours.
L’impact d’une action terroriste, d’un attentat
quelles que soient les circonstances, s’inscrit
donc dans un contexte spatial et temporel tout à
fait spécifique : l’individu atteint, le groupe social,
la collectivité, la nation auxquels il appartient,
dans le court terme et aussi le moyen et le long
terme.
L’ensemble de ces notions ne doivent pas être
méconnues dans le domaine de l’organisation
des secours.
Typologie des attentats
Les données du passé comme la prise en
compte des connaissances actuelles permettraient d’envisager quatre types d’attentats ou
d’actions terroristes en termes de moyens utilisés :
- Les attentats conventionnels ou qualifiés encore
d’attentats traditionnels ;
- Les attentats non conventionnels ;
- Les attentats innovants ;
- Les attentats exceptionnels quant aux moyens
utilisés, aux cibles atteintes ou aux conséquences matérielles et humaines qui sont pris en
compte actuellement dans la notion d’hyperterrorisme.
Un certain nombre d’action terroristes sont classées dans les « attentats conventionnels » en référence aux moyens utilisés : armes à feu, engins
explosifs qui sont des moyens utilisés en situation
de guerre conventionnelle.
Pour un moyen donné, ces attentats seront caractérisés également selon les circonstances, les
cibles, les effets directs recherchés sur les cibles
La lettre de la SFMC n°80
- 28 -
mais aussi les effets indirects sur l’ensemble de la
population.
Actuellement ces moyens conventionnels se réduisent aux armes à feu et aux engins explosifs.
Les armes à feu, qu’il s’agisse d’armes de poing
ou d’armes automatiques, sont essentiellement
employées contre des cibles humaines.
On constate leur emploi dans des agressions de
petits groupes ou dans des actions de détournement de moyens de transport, avion en particulier.
Les conséquences en terme quantitatif sont toujours relativement limitées.
Les engins explosifs offrent un très grand polymorphisme aussi bien dans leur nature (explosifs
de guerre et explosifs civils) que sur les conditions de leur emploi :
- fixes, déposés et mise à feu par détonateur,
- fixes, déposés et mise à feu à distance,
- mobiles et propulsés par tubes lance- roquette
et autres engins balistiques,
- embarqués sur des véhicules terrestres le plus
souvent et tout récemment maritimes et aériens,
- portés par de hommes et des femmes lors d’attentats suicides.
Ils offrent aussi de très grandes possibilités de
destruction des structures, des installations visées.
La très grande diversité des situations jusqu’ici
rencontrées s’associe aux innombrables autres
possibilités que vont offrir les technologies modernes (terrorisme innovant).
Pour tous ces moyens on retrouve comme dénominateurs communs : la logistique d’approvisionnement et d’utilisation, le choix des cibles,
l’impact recherché.
Les cibles matérielles
Les cibles matérielles sont nombreuses et c’est à
partir de l’ensemble des attentats observés au
cours de ces 20 dernières années que la liste suivante a été établie.
Lieux de rassemblement du public
Lieux de loisirs et de détente, lieux et installations
sportives, lieux de culte, lieux de commerce, ils
offrent tous les mêmes caractéristiques d’une part
d’un accès relativement facile puisque non réglementé et d’autre part d’une présence plus ou
moins nombreuse de la population donc d’une «
certaine certitude » quant aux effets agressifs recherchés.
Dans les cibles nouvelles figurent maintenant les
écoles et probablement plus tard dans les actions
des attentats innovants les hôpitaux.
La voie publique dans sa diversité de situation
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peut être également considérée comme un lieu
de rassemblement du public.
Tous ces lieux ont déjà fait et feront encore l’objet de maints attentats conventionnels et les
attentats dans cs lieux ont une répercussions
quasi immédiates sur les comportements des populations (diminution de fréquentation donc répercussions dans la vie quotidienne et
conséquences économiques).
Installations et moyens de transport
Le transport routier et le transport aérien ont été
jusqu’à présent les cibles favorites des actions terroristes : aérogares et gares routières, avions et
cars.
Les transports ferroviaires et en particulier les
transports urbains et périurbains souterrains ou
non sont devenus en une dizaine d’années des cibles également privilégiées (attentats métro parisien 1995, attentats de Madrid et Londres 2005).
Les transports maritimes, hormis quelques cas,
ont été jusqu’à présent relativement peu atteints.
Dans l’ensemble de ces transports il y a également lieu de distinguer les transports de voyageurs des transports de marchandises et de
matières premières.
Les conséquences des attentats menés contre
ce type de transports et en particulier le TMD,
s’apparentent aux conséquences des destructions des installations industrielles fixes.
Dans l’inventaire des actions recensées au cours
de ces dernières années, celles menées contre
les transports industriels ne sont pas fréquentes
en Europe.
Installations industrielles
C’est en raison de leur grande diversité grande
comme de la grande diversité des actions terroristes déjà réalisées, que l’on est amené à proposer quelques interrogations.
La prise en compte de ce type d’attentats doit entraîner deux questions utiles à la fois pour les règles
de prévention et de protection (réglementation et limitation de vente pour des produits susceptibles de
servir d’explosif) et pour les opérations de secours
(quelles conséquences humaines immédiates):
- Quelle logistique est nécessaire ?
- Quel impact faut-il envisager à la fois sur les personnels de l’installation, les populations avoisinantes, l’environnement naturel ?
Parmi ces installations industrielles il faut prendre
en compte :
- Les installations de production, de raffinerie et
de stockage de produits pétroliers,
- Les installations de productions de produits chimiques dangereux (engrais, etc.).
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Installations et structures militaires
Malgré le degré de protection et de défense
qu’elles sont censées avoir, toutes les sortes
d’installations et structures militaires ont fait l’objet
attentats terroristes conventionnels.
Dans certaines zones il s’agit souvent en fait de
situation de guerre, même si officiellement cette
appellation n’est pas retenue.
Il y a quelques années ce furent les bases de
l’OTAN en Allemagne qui furent les cibles des attentats, actuellement ces bases de l’OTAN sont
des cibles régulières en Afghanistan.
Bâtiments publics et ERP
Certains de ces bâtiments se confondent avec les
lieux de rassemblement du public, c’est le cas
des aéroports, des gares ferroviaires et routières.
D’autres sont considérés également comme des
édifices publics, les bureaux de postes, les mairies, les commissariats, les bureaux de perceptions, les ambassades et consulats.
Entrent également dans ces catégories tous les
établissements scolaires, les hôpitaux qui jusqu’à
présent en Europe n’ont pas fait l’objet (à une ou
deux exceptions près) d’attentats.
Cependant des tueries de masse survenues en
Russie d’une part et au Pakistan d’autre part montrent la vulnérabilité de ces lieux.
En fonction des conditions et des restrictions
d’accès à ces bâtiments on peut distinguer :
- Les attentats survenant dans des locaux « ouverts » : mairies, gares, aéroports,
- Les attentats survenant dans les locaux « semiouverts »,
- Les attentats survenant dans les locaux » fermés ».
Le choix, en tant que cible, d’un bâtiment considéré comme « ouvert » ou « fermé » n’est pas sans
importance sur le »ressenti » des populations.
C’est ainsi qu’apparaît le concept de vulnérabilité
de certains édifices qui feront l’objet de mesures
de surveillance et de protection comme les gares,
les aéroports mais aussi des lieux de culte.
Lieux de travail
Certains se confondent également avec les sites
industriels ou encore les bâtiments publics, les
lieux de rassemblement du public.
Le plus souvent c’est le bâtiment qui est visé et
utilisé comme moyen d’atteinte de son contenu
humain, les effondrements d’immeubles après attentats par explosifs en sont l’exemple le plus caractéristique.
Le bâtiment ciblé est un symbole autant que les
personnels qui s’y trouvent (ambassade, caserne).
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Cibles humaines
Elles ont jusqu’à présent fait l’objet :
- Soit d’attaques individuelles ciblées (par arme à
feu ou par engin explosif, voiture piégée ou explosion d’une forte charge au passage de la voiture, envoi de roquettes…) ;
- Soit d’attaques collectives au cours d’une explosion avec destruction d’immeubles.
Suivant les situations il peut s’agir de personnalités politiques, de personnels de l’appareil d’État,
de personnalités religieuses ou du monde du
spectacle, du monde économique. Plus récemment sont apparues des nouvelles cibles avec le
monde des médias, les personnels des armées
mais aussi des membres d’une collectivité religieuse visés « en bloc ».
Dans d’autres situations, il s’agit de membres
d’une collectivité socioprofessionnelle, culturelle
donnée ou bien indistinctement des membres
d’une nation ou d’une confession religieuse donnée.
Circonstances de survenue
Les circonstances et les lieux de survenue sont
d’autres caractéristiques qui vont avoir une influence considérable à la fois sur les conséquences immédiates mais aussi sur l’organisation
des secours car ces éléments sont connus dès
réception de l’alerte.
Jusqu’à présent, c’est essentiellement le milieu
urbain et celui des grandes villes et des capitales
nationales et/ou régionales qui ont été les cibles
des principaux attentats.
Les circonstances de survenue : jour de la semaine, horaire sont également des éléments à
prendre en compte dans l’estimation et l’évaluation des conséquences humaines.
À la lueur des multiples attentats répertoriés on
peut distinguer :
- Les attentats réalisés pour tuer : tous les engins
explosifs dans des lieux ou des bâtiments publics
aux jours et aux heures d’affluence ; de même
tous les engins explosifs dans des transports collectifs ;
- Les attentats pour détruire : les engins explosifs
de forte puissance dans divers lieux survenant le
soir et en dehors de moments d’affluence (Nuit
bleue à Paris et à Marseille le 24 avril 1982 voir
annexe I) ; ce sont des bâtiments « symboles »,
monuments divers commémoratifs, façades de
bâtiments religieux, de banques, d’ambassades.
- Les attentats pour « rappeler », rappeler une revendication, une menace : engins explosifs, dégradations diverses, le plus souvent la nuit, sans
danger pour les personnes.
Cependant il faudra avoir à l’esprit la notion d’at-
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tentats successifs et un attentat à l’explosif de nuit
avec de simples destructions matérielles peut
être suivi, au moment de l’arrivée des secours
d’une autre explosion.
Cela permet de rappeler l’intérêt de la « sécurisation des lieux » et de l’établissement d’un périmètre de sécurité.
Évolution et prospective
Les recherches prospectives, alliées à un esprit
d’anticipation, ont permis d’aboutir d’abord à la
notion d’attentats non conventionnels puis ensuite
à celle d’attentats innovants puis d’hyperterrorisme à partir de trois critères distincts :
- Les moyens utilisables dans un contexte géopolitique économique et technique donné ;
- Les cibles humaines et matérielles potentielles,
en fonction de leur vulnérabilité dans l’espace et
dans le temps ;
- Les effets recherchés aussi bien dans le « spectaculaire et le court terme » que dans le moyen et
long terme avec la triple composante : effets matériels et physique sur l’environnement humain,
effet sur l’environnement naturel et enfin impact
psychologique.
Ce fut d’abord, toujours par association aux
conflits armés susceptibles d’utiliser des moyens
non conventionnels, le terrorisme NRBC.
Ces moyens NRBC furent longtemps considérés
par un certain nombre d’experts « accrédités »
comme inutilisables en terrorisme du fait de la
complexité de préparation et de mise en œuvre,
les arguments de cette prise de position résidaient dans la complexité de la « militarisation »
des moyens.
Il fallut attendre l’attentat au gaz sarin dans le
métro de Tokyo, Japon (précédé quelque temps
auparavant d’un même scénario qui fut ignoré au
plan international), pour prendre en compte la
possibilité d’une telle menace.
Dans un deuxième temps, mais d’une façon plus
restreinte, l’emploi de toxiques industriels courants fut également évoqué.
Avec le concept d’hyperterrorisme les deux qualifications de terrorisme conventionnel et de terrorisme innovant peuvent être confondues.
Cette notion d’innovation fait référence à l’emploi
de moyens inhabituels ou à un mélange de
moyens, à la puissance des moyens ou bien encore à la nature de la cible qui est considérée
également comme inhabituelle.
On peut donc théoriquement considérer :
- Des moyens non conventionnels et innovants
sur des cibles habituelles ;
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- Des moyens conventionnels mais plus puissants
sur des cibles inhabituelles ;
- Des moyens non conventionnels et innovants
sur des cibles inhabituelles.
C’est ainsi que l’on peut envisager d’autres
moyens que les moyens explosifs traditionnels, le
détournement puis l’usage de sources thermiques, chimiques, radiologiques à des fins
d’agression représentent des possibilités d’attentats.
De même dans les cibles nouvelles on peut envisager des cibles vulnérables dont la destruction
serait susceptible de dégâts considérables et très
meurtriers (explosion et destruction de barrage).
Exemples de scénarios
Plusieurs scénarios toxiques ont été imaginés à
partir des seuls toxiques industriels :
- Soit par des atteintes directes du site industriel
soumis à des explosions, ou tout simplement à
des incendies (l’incendie étant un des moyens
pour assurer la création et la diffusion d’un nuage
toxique à proximité de zones habitées) ;
- Soit par la destruction et /ou la mise à feu des
moyens de transport de ces produits industriels :
transport routier, ferroviaire et maritime.
À côté du risque de nuage toxique les seuls effets des explosions sont également à prendre en
compte (Usine AZF 2001).
Au cours de ces dernières années plusieurs accidents ferroviaires de produits industriels ont permis de mesurer l’importance des conséquences
de telles explosions.
Dans le passé, des incendies de navires chargés
de munitions ou tout simplement d’engrais sont
également des témoignages de la gravité de tels
événements. (Catastrophe d’Halifax, Canada
1918).
Les produits toxiques d’origine industrielle peuvent faire l’objet d’épandage aérien ou de produits
de contamination des circuits de ventilation et de
climatisation.
Ils peuvent faire l’objet également d’agents contaminants pour tous les circuits alimentaires et tous
les circuits d’eau potable.
Ces mêmes scénarios peuvent se décliner avec
les toxiques de guerre, les produits radioactifs et
les agents biologiques.
Dans plusieurs pays, de multiples scénarios d’attaques terroristes de ce genre ont été réalisés à
titre d’entraînement des services de secours.
Ces mêmes agents agressifs peuvent être également utilisés contre le monde animal terrestre,
aquatique et aérien, on peut imaginer des scénarios type « grippe aviaire » provoqués et non plus
naturels.
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Le monde végétal est également une cible potentielle d’attaques chimiques, biologiques, radioactives....Le rappel des conséquences de
l’emploi des agents défoliants, certes sur une
grande échelle et avec des moyens importants,
devrait suffire à convaincre de la crédibilité d’une
telle menace.
De nombreux feux de forêts au cours de ces deux
dernières années dans de nombreux pays, certes
favorisés par la sécheresse et les conditions climatiques, ont eu une origine volontaire dans un
grand nombre de cas.
On peut donc envisager également un terrorisme
incendiaire à côté des moyens chimiques et biologiques.
Certes les pertes humaines peuvent être limitées
par les évacuations mais les conséquences économiques resteront majeures sans compter l’impact psychologique sur les populations cibles.
Le caractère innovant peut être lié également à
l’association d’un moyen innovant sur des cibles
jusqu’à la épargnées.
- Les immeubles d’habitations et les grands immeubles de bureaux peuvent être des cibles
aussi bien d’attaques chimiques mais aussi d’incendies.
- Les hôpitaux restent très vulnérables à toutes les
formes d’agressions et bien sûr aux incendies volontaires.
- Tous les moyens de transport restent également
vulnérables mais également peuvent devenir des
moyens d’agression quand ils sont projetés
contre la cible (scénarios d’avion s’écrasant sur
des centrales nucléaires, sur des sites industriels,
des bâtiments publics…).
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L’épidémiologie et l’étude des attentats présentent un intérêt considérable pour la médecine de catastrophe.
Elle permet une anticipation des conséquences et une préparation plus adéquate aux conséquences humaines immédiates et secondaires.
En effet lors de la survenue de tels évènements il serait facile de reprocher au monde médical son impréparation à faire
face d’une façon efficace aux nombreuses victimes.
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Les accidents d’avions militaires
Le plus souvent les accidents aériens des avions militaires (en dehors des situations de guerre), pour
le nombre de victimes, sont des accidents individuels ou semi-individuels dans la mesure où les pilotes
n’ont pas eu la possibilité de s’éjecter de l’avion avant le crash au sol.
Cependant il est des circonstances au cours desquelles les victimes peuvent être plus nombreuses et
les accidents survenus au cours des vingt dernières années permettent de considérer plusieurs scénarios. Dans lesquels interviennent les types d’aéronefs en cause (avion de chasse, avion de transport
de personnels, avion-cargo, avion sanitaire, hélicoptère.
Scénario n° 1 : Accidents concernant des avions de transport personnels
Dans ces circonstances l’accident ne différent guère d’un accident d’avion de ligne, la seule particularité consiste
dans le caractère « homogène » des victimes (morts et blessés) qui appartiennent toutes au personnel d’une même
unité dont les identification seront plus facile dans les situations de destruction importante de l’avion avec fragmentation des corps ou incendie.
Cependant, dans plusieurs pays et dans des circonstances variées, les avions militaires de transport sont également
empruntés par les autorités politiques et administratives du pays.
L’organisation des secours devra tenir compte du caractère spécifique des passagers transportés (mais également des
matériels à bord).
Scénario n° 2 : Accidents d’avions de chasse avec crash sur des zones habitées
Les avions de chasse, au cours de leur évolution à des fins d’entrainement ou au cours de manœuvres, peuvent être
victimes soit d’une défaillance mécanique soit d’une collision en vol avec un autre avion participant aux mêmes entrainements ou manœuvres
Les pilotes ont consignes, avant la mise en œuvre de l’éjection, de diriger la trajectoire de l’ »avion vers des zones inhabitées, cependant cette ultime manœuvre est quelquefois impossible à réaliser.
Il faut également signaler qu’à plusieurs reprises de pilotes se sont « sacrifiés » pour faire que leur avion ne s’écrase
pas sur des zones habitées.
Dans ces conditions le nombre de victimes est fonction de la nature des bâtiments atteints (bâtiments industriels, immeubles, maisons dans les zones pavillonnaires, etc.), de l’heure de survenue qui conditionne la présence ou non de
personnes présentes dans les bâtiments.
Scénario n° 3 : Accidents d’avions à l’occasion de démonstration, de meeting aérien.
Ce sont des accidents survenant le plus souvent au décollage, à l’atterrissage et au cours des manœuvres de démonstration en vol.
Ils surviennent sur l’emprise de l’aéroport où se situe ce meeting ou quelques kilomètres plus loin.
Ce sont les accidents les plus meurtriers en raison des très fortes concentrations de population venue assistée au
spectacle quand l’avion s’écrase sur la foule.
Lors de ces accidents-dénommés souvent catastrophes aériennes en raison d’impact immédiat sur les populations l’organisation des secours doit tenir compte de plusieurs données spécifiques à ces accidents :
- alerte rapide ainsi que l’engagement des premiers secours en raison de la présence sue les lieux de moyens de secours pré- disposés en fonction de la réglementation régissant tous les rassemblements de foule(DPS).
- victimes nombreuses pouvant appartenir à plusieurs nationalités grand meeting aérien internationaux), aux populations d’origine locale, régionales, nationales.
- gravité clinique car les lésions sont souvent polymorphes associant blessures, brulures.
- répercussions psychologiques importantes parmi les populations atteintes.
Scénario n° 4 : Accidents avion-cargo militaire.
Sur bien des points, ils sont similaires aux accidents d’avion-cargo civil en ce qui concerne les circonstances de survenue et même les lieux.
Les conséquences immédiates sur l’environnement et sur les populations victimes dépendent essentiellement de la
nature de la cargaison (munitions etc.).
Organisation des secours
Lors de la survenue d’un accident impliquant un avion militaire sur le territoire national, que l’accident ait provoqué ou
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non des victimes parmi les personnels et des victimes au sol, l’organisation des secours doit tenir des spécificités
dans l’organisation pratique sur le terrain sol car l’origine militaire de l’aéronef implique des mesures spécifiques quant
aux conditions de l’enquête sur le terrain.
- Le périmètre de sécurité déjà important pour tout autre accident d’avion est primordial pour assurer la sécurité des
éventuels matériels à bord,
- L’accès au site peut être sur décision des autorités limiter aux seuls personnels indispensables pour les secours,
- Les médias peuvent ne pas être admis sur les lieux et toutes photos peuvent être également interdites,
- Les responsables des secours doivent tenir compte des risques évolutifs particuliers liés aux explosions des munitions à bord, à l’émanation de vapeurs toxiques, la présence d’hydrazine 70, de fibres de carbone, etc.
Quelques exemples d’accidents « illustrant » les scénarios
France, commune de Vouvray, le 10 décembre 2014
Au cours d’un vol de formation de nuit de deux appareils
l'un d'eux a rencontré une difficulté technique, et s’est
écrasé sur un bâtiment qui abritait un foyer d’accueil alors
que le pilote avait tenté avant son éjection de trouver une
zone inhabitée. Bilan 1 mort et plusieurs blessés au sol.
Maroc, le 26 juillet 2011
L’avion, de type Hercules C-130 avec 80 personnes a
heurté une montagne. Le bilan définitif du crash s'établit à
80 morts.
Tunisie, le 20 février 2014
Un avion militaire médicalisé libyen s'est écrasé dans la nuit,
à 40 km de la capitale Tunis, tuant les 11 passagers, dont
3 médecins, 2 patients et 6 membres d'équipage.
Iran, le 22 septembre 2009
Accident d'un avion militaire près du village de Vali Abad au
sud de Téhéran (Iran), pendant un défilé de l'armée, faisait 7 morts parmi l’équipage.
Vietnam, mai 2014
Un avion militaire laotien qui transportait le ministre de la
Défense, le gouverneur de la province de Vientiane et
d'autres personnalités importantes s'est écrasé dans le
nord montagneux du Laos. Bilan de 20 morts.
Gabon, le 17 janvier 2009
Un hélicoptère Cougar qui avait décollé du bâtiment de la
marine française la Foudre lors d'un exercice militaire
franco-gabonais s’écrase en mer, bilan de 8 morts.
Chine, octobre 2011
Un avion de chasse chinois s’écrase lors d'un meeting aérien dans la province du Shaanxi (nord). L'accident s'est
Égypte, le 20 septembre 2014
Au cours d'un entraînement, un avion de transport de produit à l'écart de la zone où était rassemblé le public, et
troupes de l'armée s'est écrasé à la suite d'une panne on ignore si il y a eu des victimes au sol.
dans les environs de Kom Ouchim dans la province de
Fayoum, le bilan est de 6 morts parmi les personnels à USA, Floride, 18 novembre 2010
Un avion civil jouant un rôle de soutien lors d'un exercice
bord.
militaire s’écrase faisant 3 morts parmi les personnels.
France, le 4 août 2014
Un Mirage de l'armée de l'Air, s'est écrasé, sur la com- Roumanie, le 5 juillet 2010
mune de Viens, dans le Vaucluse. Les 2 pilotes ont réussi Un avion militaire de type AN-2 à Tuzla transportant des
parachutistes s'écrase et prend feu peu après son décolà s'éjecter de leur avion.
Ils ont été récupérés sains et saufs, à Oppedette, dans les lage pour un vol d'entraînement, bilan de 12 morts parmi
les personnels.
Alpes-de-Haute-Provence.
France, Ariège, le 17 décembre 2003
Un avion militaire Casa 235 effectuant un exercice de larSomalie, août 2013
Un appareil appartenant à une compagnie aérienne cargo gage de parachutistes dans la vallée de Vicdessos
africaine transportant de l'armement pour les forces de l'AMI- s’écrase au sol, le bilan est de 7 morts parmi les personSOM à Mogadiscio s'est écrasé à l'atterrissage. Incendie et nels à bord.
forte explosion liée à la présence de munitions dans les lots
Ukraine, le 27 juillet 2002
transportés. Bilan 6 morts parmi les personnels.
Un chasseur Soukhoï Su- sur l'aérodrome de Sknyliv à Lviv
dans l’ouest de l’Ukraine au cours d’un meeting aérien
Mauritanie, juillet 2012
Un avion de l’armée mauritanienne s’est écrasé au mo- s'est écrasé sur la foule. Les 2 pilotes ont pu s'éjecter
ment de son décollage. L’accident qui a eu lieu à proxi- avant l'accident.
mité d’une zone habitée a causé la mort de 7 personnes Le bilan est 77 morts et plus de 200 blessés.
(3 victimes militaires et 4 civils au sol).
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Belgique, le 25 juillet 1995
Un avion de voltige jordanien s’écrase parmi le public sur
un stand de la Croix-Rouge, au cours d’un meeting international à’Ostende, le bilan est de 10 morts et 54 blessés
parmi la population au sol.
États Unis Caroline, le 23 mars 1994
Au cours d’un meeting aérien, un chasseur F-16 et un
avion de transport Hercules C-130 se percutent en plein
vol et les débris des deux appareils tuent 20 personnes
au sol. Les équipages des deux avions s’en sortaient sains
et saufs.
France, le Bourget, le 3 juin 1977
L’avion de frappe au sol américain A-10A du constructeur
Fairchild percute le sol. L’avion se disloque, tuant le pilote
d’essai de l’appareil.
France, Ile de la Réunion, le 16 mars 1968
Un avion du GLAM, un DC-6, avec à son bord parmi les
passagers le général A., chef d’État-major des armées,
s’écrase une minute après le décollage, sur les basses
pentes de l'île, à Flacour. Bilan de 22 morts.
France, le Bourget, juin 1965
Au cours du meeting aérien du Bourget, deux accidents
provoqués par des avions militaires au cours de démonsEtats-Unis, Caroline du Nord, le 1°juillet 1987
Un avion-cargo américain Hercules C-130 qui participait à trations à quelques jours d’intervalle :
un exercice militaire s'écrase et prend feu sur une piste - Le 15 juin, un bombardier supersonique américain
d'envol à cent mètres d'une tribune de spectateurs à Fort Convair B-58A Hustler rate son atterrissage : et prend feu.
L’accident fait 3 morts parmi l’équipage.
Bragg. Bilan de 5 morts.
- Le 19 juin, un chasseur Fiat G.91 italien s’écrase sur un
Allemagne, base américaine de Ramstein, le 28 aout
parking près de la piste, tuant le pilote et 8 spectateurs.
1988
Lors d’une démonstration aérienne, un des trois avions de France, Reims, le 5 mai 1955
la patrouille militaire italienne d'acrobatie aérienne Frecce Un avion à réaction Marcel Dassault, appartenant à la base
Tricolori s’écrase sur la foule faisant 70 morts et près de de Cambrai s’est écrasé dans une rue de la commune voi400 blessés.
sine. Outre le pilote, le bilan est 1 mort et quelques blessés brûlés.
France, région de Pau, le 30 juillet 1971
Un Nord 2501 avec à son bord toute une promotion
d’élèves-officiers pour le pour le brevet de parachutiste
s'écrase sur la lande Paloise. Bilan 37 morts.
Il ne s’agit pas là de tous les accidents d’avions militaires survenus durant cette période mais malgré cette réserve on peut constater que :
- 25 accidents d’avion totalisant 418 morts, la moyenne de morts par accident n’est pas significative compte tenu
des circonstances différentes.
- Les avions de combat sont en cause dans 48 % des accidents.
- Les appareils de transport de personnels représentent 32 % des cas avec 185 morts (44 % des morts).
- Les avions cargo représentent 12 %.
- Les autres aéronefs représentent 8 % des cas.
- Les accidents survenant au cours d’un meeting aérien représentent 32 % des accidents avec 198 victimes
(47 %).
- Les accidents survenant au cours des entraînements représentent 24 % des cas.
Conclusions
Ce sont les accidents concernant les transports de personnels et les accidents lors de meeting qui causent le plus
de victimes, pour les accidents de transport les victimes sont essentiellement les personnels à bord tandis que lors
des meetings les victimes se recrutent en totalité dans la population présente sur les lieux.
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