Cérémonie en mémoire des victimes des attentats du 11 septembre

Transcription

Cérémonie en mémoire des victimes des attentats du 11 septembre
Discours de Monsieur Gérard COLLOMB
Sénateur-Maire de Lyon
A l’occasion de la cérémonie en mémoire des victimes des attentats du 11
septembre 2001
Monument des Droits de L’Homme – Parc de la Tête d’Or, Lyon 6e
Dimanche 11 septembre 2011
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Monsieur le Consul des Etats-Unis d’Amérique,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Représentant du Préfet de la région Rhône-Alpes, Préfet du
Rhône,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Autorités judiciaires,
Mesdames et Messieurs les Représentants du Corps Consulaire,
Messieurs les Représentants des Cultes,
Mesdames et Messieurs,
« Ce n’est pas là une bataille entre les civilisations. C’est une bataille pour la
civilisation ».
Ainsi s’exprimait Gerhard Schröder le 11 septembre 2001.
Le Chancelier allemand entrevoyait déjà la réponse que les démocraties auraient
à opposer au terrorisme qui venait de plonger les Etats-Unis dans les ténèbres de
la barbarie.
Effroyable onde de choc que l’effondrement des Twin Towers diffusée à
l’ensemble de notre planète avec ces images en direct sur les écrans du monde
entier.
Marquant l’apogée d’un terrorisme total, ces attentats représentent le premier
crime contre l’humanité au commencement de ce 21e siècle.
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Série d’attaques abominables broyant près de 3000 vies, repoussant au-delà de
tout entendement les frontières de la raison.
Impossible d’oublier ce matin-là du 11 septembre 2001.
Il est 8h46, à New York, quand le Vol 11 de la compagnie American Airlines
s’encastre à plus de 700 km/h dans la Tour Nord du World Trade Center.
A 9h03, un deuxième avion traverse le ciel bleu de Manhattan à près de 900
km/h. Amorçant un dernier virage, il se fracasse sur la Tour Sud. Le choc est si
terrible que l’édifice semble littéralement transpercé.
Puis c’est, à 9h37, le fracas d’un 3e avion jeté à pic sur le Pentagone, siège du
Département de la Défense américaine.
Une poignée de minutes plus tard, le crash d’un 4e porteur sur le sol de
Pennsylvanie, non loin de la ville de Pittsburgh.
A New York, en moins de deux heures, une nuit noire et épaisse s’est emparée
de Manhattan.
Au cœur de ce désastre, le World Trade Center n’est plus qu’un immense amas
de ruines renfermant les corps de tous ceux pris au piège des Twin Towers.
Sur les 2762 personnes qui ont perdu la vie dans les tours jumelles, moins de
300 purent être retrouvées.
C’était il y a dix ans.
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Les Etats-Unis venaient de subir la plus violente attaque de leur histoire et avec
elle, le monde avait assisté, impuissant, à la plus grande agression terroriste de
tous les temps.
Attentat-suicide cynique et aveugle où les avions, avec à leur bord passagers et
membres d’équipages, sont transformés en bombes incendiaires volantes.
Attentat-suicide dont certains aspects rappellent l’attaque perpétrée soixante ans
plus tôt sur la base navale de Pearl Harbor.
Sauf que cette fois-ci, l’ennemi qui venait de frapper les Etats-Unis était d’une
nature bien différente.
Ennemi érigeant la terreur en modèle absolu et n’hésitant pas à commettre les
pires massacres.
Ennemi pour qui le renversement des démocraties était et continue d’être le
cœur d’une vision du monde.
Ennemi dont l’ultime dessein puisé dans l’idéologie fondamentaliste la plus
rétrograde est d’aller vers l’affrontement des civilisations.
Un choc entre les peuples semblable à celui que décrivait Samuel Huntington
quand il parlait d’une nouvelle ère géopolitique fondée sur le conflit des cultures
et des religions.
C’est pour cela d’ailleurs que les terroristes s’en étaient pris à New York. Parce
que cette métropole représente justement le contraire de l’affrontement des
peuples et des cultures, un modèle réussi d’intégration multiculturelle, une
société où toutes les communautés vivent ensemble, dans la concorde, dans la
solidarité, dans cette formidable envie d’aller de l’avant.
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C’est pour cela qu’ils s’en étaient pris au World Trade Center, ce lieu où
semblait battre le cœur du monde.
Les traumatismes qu’entraînèrent les attentats du 11 septembre 2001 furent et
demeurent encore considérables.
Pour tous les Américains, bien sûr, qui aujourd’hui sont rassemblés autour de ce
10e anniversaire ; mais, au-delà, ils furent vécus comme un traumatisme dans la
plupart des pays du monde qui assistaient, incrédules, à cette tragédie.
Sans l’ombre d’un doute, ces évènements ont marqué une étape historique dans
la marche du monde ; la plus importante, certainement, depuis la fin de la guerre
froide et la chute du mur de Berlin.
Leurs conséquences ont entraîné des mutations profondes, amené les Etats à
repenser une nouvelle donne géostratégique, à réorchestrer en profondeur la
nature de leurs relations. Des alliances nouvelles se sont nouées – jusque lors
inconcevables – afin d’éradiquer les ferments du terrorisme international dans
une lutte de longue haleine contre les organisations criminelles. Des victoires
ont été remportées dont nous pouvons être satisfaits, à l’instar, Monsieur le
Consul Général des Etats-Unis, de la mise hors de nuire des principaux chefs
d’Al-Qaïda.
Pour autant, cette guerre-là est-elle définitivement gagnée ?
La menace de nouveaux attentats montre que beaucoup reste à faire, que notre
vigilance doit être entière, mais au-delà, qu’il nous faut surtout réensemencer
l’espérance dans le monde.
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Nous croyons dans les valeurs qui ont fait l’Amérique : celles de la démocratie,
celles du progrès !
C’est ce message d’espérance que les Etats-Unis d’Amérique avaient si bien su
porter au moment où les nations européennes étaient en proie à la barbarie nazie.
C’est un tel message d’espérance que, dix ans après, la tragédie du 11 septembre
doit pouvoir à nouveau nous inspirer.
C’est parce que ce combat-là a pour fondement les Droits de l’Homme que nous
avons souhaité organiser notre rassemblement dans cet espace si symbolique de
tous les combats pour la liberté.
Ce dixième anniversaire est l’hommage de la Ville de Lyon à l’ensemble des
femmes et des hommes tués dans ces attentats.
C’est l’hommage rendu aux 343 pompiers et 60 policiers new yorkais qui ont
payé du prix de leur vie leur courage.
C’est un hommage qui fait écho aux commémorations organisées en ce jourmême, en cette heure-même, à New York, dans les Etats d’Amérique et un peu
partout sur la planète pour dire ensemble notre volonté que le terrorisme ne
triomphera jamais !
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