Economie collaborative

Transcription

Economie collaborative
Conférence de presse – 22 octobre 2015
Questions - réponses
1. Comment avez-vous travaillé pour obtenir ces données, notamment les chiffres du dernier
slide de votre présentation ?
Nous nous sommes basés uniquement sur les déclarations d’airbnb et des autres plateformes :
déclarations à la presse, étude réalisée par airbnb en 2013. Nous avons étudié, très longuement les
données du site insideairbnb : site qui donne une photo à un instant T de la situation d’airbnb à Paris
mais également dans d’autres villes mondiales. Les données sont mises à jour régulièrement mais
nous ne connaissons pas la fréquence. Comme, nous ne connaissons pas l’identité des gestionnaires
du site (ça pourrait même être airbnb !).
AirBB annonce 50 ou 60 000 offres, mais ce n’est pas clair : uniquement Paris ? ou incluant Neuilly,
boulogne ??, etc… les offres qui n’ont jamais de dispo ? Avec Inside AirBB, c’est clairement la partie
active et comparable.
C’est un travail de longue haleine que nous menons depuis l’été / la rentrée. Nous avons également
rencontré les trois chercheurs dont l’étude a été publié dans Médiapart (Gaël CHAREYRON, Saskia
COUSIN & Sébastien JACQUOT).
Un constat : les difficultés d’obtenir des chiffres fiables des plateformes. Il serait temps de réclamer
aux plateformes leurs chiffres: chiffre d’affaires généré en France ; nombre de voyageurs, nombre de
nuitées ; montant des commissions qui échappent à l’impôt en France…
On s’est rendu compte également de la compétition entre les plateformes sur le nombre d’offres
proposées. Le listing est le sujet dans l’économie numérique, mais pour nous, le sujet c’est la
réalisation effective de la vente / location d’appartements. « LE bon Coin » : mise en ligne de
600 000 annonces par jour, 25 millions d’annonces sur le site : on voit bien que le listing est « le »
ratio qu’il faut gonfler dans l’économie virtuelle…. ???….
2. Pourquoi annoncer 35428 offres alors qu’airbnb partout annonce plus de 50 000 offres ?
Le chiffre 35 428 est le chiffre disponible sur le site insideairbnb. Les annonces des dirigeants
d’aribnb ne peuvent être corroborées, et concernent l’Ile-de-France, pas Paris intra-muros.
On s’est servi d’insideairbnb pour pouvoir comparer des chiffres à un instant T. Pour les déclarations,
elles sont fluctuantes et invérifiables.
Page 1 sur 5
3. Finalement -2,8% de nuitées hôtelières en moins sur le 1er semestre, c’est peu en
comparaison avec l’augmentation « incontrôlée » des offres sur les plateformes ? L’offre
d’Airbnb n’est-elle pas complémentaire de l’offre hôtelière ?
Premièrement, la location meublée a toujours existée. Elle est régulée et encadrée. En tant que
propriétaire, vous devez vous déclarer en mairie. Pour la ville de Paris, vous devez remplir une
déclaration de changement d’usage… sauf résidence principale (c’est-à-dire habitation au moins 8
mois dans l’année)
Mais aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence. Tout le monde fait n’importe quoi.
Deuxièmement, il faut modérer. Quand les plateformes parlent de leur listing, c’est-à-dire le nombre
d’offres, ils sont dans une course à l’offre, en concurrence avec Booking.com, les autres OTA et les
autres plateformes.. Aujourd’hui, ce qui nous importe c’est la vente. On a besoin du chiffre d’affaires
airbnb. On a besoin de la réalité des chiffres.
Troisièmement, c’est la première fois qu’on observe un décrochage pour l’hôtellerie parisienne, mais
également en province. Cet été, si la fréquentation était au rdv, partout en France, nous avons
constaté une baisse de la fréquentation dans nos établissements. Ce premier décrochage est un
signal fort. Nous ne pouvons pas nous contenter de constater un décrochage, de laisser se
développer une concurrence déloyale, alors que ce sont nos entreprises qui contribuent à l’économie
locale, ce sont nos entreprises qui emploient plus de 36 000 salariés à Paris (et 200 000 en France),
ce sont nos entreprises qui créent de la richesse.
Nous ne sommes pas contre la concurrence, mais une concurrence loyale et saine ; où chacun
respecte ses obligations, conformément à l’activité qu’il a. Si un loueur a 142 appartements (Fabien
dans la présentation) à louer, c’est un hôtelier, donc il doit remplir les mêmes obligations qu’un
hôtel.
Enfin, ces activités ont des conséquences, pas uniquement pour l’hôtellerie :
-
Conséquence pour les commerces de proximité : une nuit dans un appartement, c’est deux
places en moins dans un restaurant.
Conséquence pour le marché de l’immobilier dans les grandes villes : offre de logement qui
se raréfie, un marché sous tension,
Conséquences pour les consommateurs, qui n’obtiennent pas le même encadrement
sécurité (incendie, électrique, etc.) ni la même hygiène.
Conséquences pour les voisins : qui subissent des nuisances sonores, de l’insécurité et de
l’incivilité.
Conséquence pour l’Etat : de nombreuses recettes fiscales et sociales qui échappent
totalement à la fiscalité française, puisque qui déclare ses revenus aujourd’hui sur cette
activité ?
Page 2 sur 5
4. La location à la nuitée, en étant moins chère que l’hôtellerie classique, ne permet-elle pas à
des touristes de venir en France ?
Premièrement, il faut comparer ce qui est comparable. Les charges ne sont pas les mêmes : c’est un
rapport de 1 à 10 presque. Rien que la masse salariale représente 35% de notre chiffre d’affaires. Et
les charges financières : 20%  vous pouvez compter dedans le coût de la mise aux normes
accessibilité, de la sécurité incendie. Le résultat net avant impôts pour l’hôtellerie se situe entre 5 et
10% du chiffre d’affaires… Et en face, des multipropriétaires, qui proposent une offre similaire à
l’hôtellerie sans les contraintes, ni les contrôles… Il faut avoir une notion du prix juste.
Le loueur a des charges financières liées à son appartement, mais , comme nous partons du principe
qu’il n’a pas acheté cet appartement pour le louer, ce qui serait opposé à l’économie de partage, cela
ne peut pas rentrer dans l’addition des coûts.
Mais si vous voulez ne parler que du prix facial : en, effet l’offre proposée sur airbnb est souvent
moins chère. Alors l’Etat doit se poser les bonnes questions : quels touristes pour demain ? Le
tourisme est un contributeur important qui représente 7% du PIB de la France. Est-ce que l’Etat peut
se passer de la contribution des touristes internationaux pour la France ?
5. Combien estimez-vous d’offres de locations à la nuitée en France
Airbnb annonce 150 000 offres ; homelidays 143 000. Abritel, 161 296. Le bon coin 165 000
annonces. SeLoger Vacances 130 000. Si on agrège toutes ces données, en enlevant les doublons
évidemment ; on estime qu’on doit être autour de 500 000 offres sur toute la France.
6. Comment calculez-vous les revenus générés par Airbnb à Paris (383 millions €)
En reprenant les chiffres annoncés par la plateforme :
1,8 millions de voyageurs depuis le début de l’année à Paris
X 5 (durée moyenne de séjour)
X 41€ (prix moyen par nuit par personne)
7. Vous évoquez 28 emplois directs pour airbnb ; ce sont ceux qui travaillent directement
pour la plateforme. Mais de nouveaux services ont émergé : service de ménage,
conciergerie, etc. Finalement de nouveaux emplois indirects sont également créés.
Il est impossible de savoir combien d’emplois indirects les plateformes ont créés, surtout combien
sont déclarés réellement… Encore une fois, c’est aux plateformes de fournir ces chiffres.
Avec ces plateformes, des petites sociétés se créent pour les clefs, le ménage, etc. Mais ce sont des
emplois précaires qui se créent et qui resteront précaires. Dans l’hôtellerie, il n’y a pas de précarité
pour nos salariés. Bien au contraire, grâce à la formation, il y a de réelles perspectives de carrière et
Page 3 sur 5
d’évolution. Nos offres sont différentes, pouvant être plus chères, avec plus de sécurité pour le client
et pas de précarité pour nos salariés.
Quel modèle social voulons-nous ?
En 2005 : 20 000 créations par an ;
En 2010, 14 000 créations
Aujourd’hui ?
Concernant l’hôtellerie, les emplois indirects sont emplois des fournisseurs, sous-traitants,
prestataires de services des établissements en contact direct avec les touristes. On pourrait les
calculer.
8. Airbnb s’engage à collecter la taxe de séjour : ce n’est pas suffisant ?
La collecte de la taxe de séjour par airbnb à Paris est effective depuis le 1er octobre dernier. C’était
censé être une obligation des loueurs - comme c’est le cas pour les hôteliers ou pour les agences
immobilières - mais dans les faits peu la déclaraient.
C’est un premier pas louable mais ne résout pas l’opacité de ces activités : absence de transparence
dans le reversement de la collecte de la taxe de séjour, puisqu’aucune disposition ne permet
d’identifier les propriétaires, ni le nombre réel de nuitées par appartement. Pas plus que les revenus
issus de cette activité qui permettrait de différencier l’économie collaborative de l’économie grise. La
performance du modèle économique d’Airbnb impose le silence.
Aujourd’hui, airbnb trompe le consommateur en indiquant « identité vérifiée » : la plateforme vérifie
juste les coordonnées mail ; mais en aucun cas l’identité de la personne. C’est pour cette raison que
nous demandons une registre avec le nom et l’identité des personnes pour plus de transparence
pour les clients et plus de transparence dans les déclarations.
Exemple : Bettina qui a disparu + Autre Exemple : New York, en 2014, l’attorney Général trouve 2
« hotes » -propriétaires à New York qui génèrent 40% du CA d’AirBB de New York. Ces 2 profils sont
inidentifiables sur AirBB et inside AIrBB . Seul AirBB et ce type d’enquête peuvent les identifier…..
9. Quid des annonces de Laurent FABIUS lors de la conférence annuelle sur le tourisme ?
Nous avons salué l’engagement de l’UNPLV sur une charte visant à informer les loueurs de leurs
obligations : Encore une fois c’est un deuxième pas louable… Pour l’instant la charte n’est pas encore
signée.
Mais des questions demeurent : Quel est son caractère contraignant pour le loueur ? Nous craignons
un emballage cosmétique… D’ailleurs, si l’UNPLV s’engage à transmettre au loueur le montant de ses
revenus générés, censés être déclarés, pourquoi ne pas transmettre ces informations directement à
l’administration fiscale ?
Page 4 sur 5
Sur le décret du 30 août 2015 permettant à l’administration fiscale d’obtenir des documents et
renseignements chiffrés détenus par les plateformes au sujet de leurs membres pour le contrôle des
impôts : Troisième pas louable… Mais cette possibilité donnée à l’administration fiscale couvre
uniquement que les entreprises françaises donc pas AirBB. Et de toute façon, si AirBB ne maitrise pas
l’identité complète des profils-hôtes, mais que leur adresse IP……Evidemment, il est urgent de
renforcer les contrôles. Mais plus que ça, il faut encadrer ces pratiques avec des mesures spécifiques
visant à rétablir une équité réglementaire, juridique et sociale.
Page 5 sur 5