Immobilier: Des gérances haussent le ton face aux sous
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Immobilier: Des gérances haussent le ton face aux sous
17.09.15 14:56 Vaud & Régions Suisse Monde Économie Sports Culture Vivre High-Tech People Savoirs Auto Plus Lausanne & Région Riviera-Chablais Nord vaudois-Broye La Côte Faits divers Images Clic-clac Labo 24 Le Zap vaudois L'actu en dessins Des gérances haussent le ton face aux souslocations Airbnb Immobilier Des utilisateurs de la plate-forme ont été menacés de résiliation de bail pour avoir sous-loué leur appartement sans autorisation. Julie sous-louait via Airbnb cette pièce de son appartement sans l’accord de sa gérance. Par Gabriel Sassoon 15.09.2015 En chiffres 1900 C’est le nombre de Image: Vanessa Cardoso C’est la nappe rouge à pois blancs du balcon qui aura permis de confondre Julie*. Pour payer une partie de son loyer, cette Lausannoise sous-louait depuis quelques mois une chambre de son appartement par l’intermédiaire de la plate-forme de location entre particuliers Airbnb. Elle n’avait pas demandé l’autorisation de sa gérance. En mars, cette dernière a découvert l’annonce et a menacé de résilier son bail. «Ils sont passés dans la rue et ont reconnu la nappe de la table du balcon, qui était en photo.» Julie s’est immédiatement retirée du site et s’est engagée à ne plus recommencer. Son bailleur n’a pas mis fin à son contrat. Pas moins de 1900 biens immobiliers sont enregistrés sur son site dans la région lausannoise, affirme Airbnb. Beaucoup d’utilisateurs ne le savent peut-être pas, mais en mettant à disposition d’un tiers leur logement ou une partie de celui-ci par cet intermédiaire, même pour un week-end, ils concluent de facto une sous-location. Selon le Code des obligations, ils sont donc obligés de demander l’accord préalable du propriétaire. Si cela n’a pas été fait, celui-ci est en droit de demander de cesser l’activité, et de résilier le bail en cas de refus. «Ne pas demander l’autorisation à sa gérance est une violation des obligations contractuelles qui peut mener à la résiliation du contrat de bail», précise Vanessa Grand-Pierre, juriste à la Chambre vaudoise immobilière (CVI). «Tout le monde le fait» Paul* s’est fait pincer cet été après avoir sous-loué une chambre de son logement lausannois sans l’aval de sa gérance. «Tout le monde le fait. Je ne me suis pas posé la question.» François* non plus, lui dont le bail a aussi failli être résilié par une autre régie en début d’année à chambres, appartements, maisons inscrits sur Airbnb dans la région lausannoise, selon Airbnb. Ces logements sont mis à disposition par des locataires et des propriétaires. 13'000 C’est le nombre de bien immobiliers inscrits sur Airbnb dans toute la Suisse. La plupart se trouvent à Genève, à Zurich, à Bâle, à Lausanne et à Berne. 96% C’est la hausse du nombre d’annonces entre juillet 2014 et juillet 2015. Le nombre de personnes s’offrant un logement via Airbnb en Suisse a augmenté de 130% sur un an. Des loyers souvent abusifs Un propriétaire peut s’opposer à une sous-location si le loyer perçu par son locataire est «abusif». Quand atteint-on cette limite? Prenons le cas de Paul*, cité cicontre. Le Lausannois souslouait une de ses deux chambres via Airbnb pour environ 70 francs la nuit. Cela lui permettait de payer la moitié de son loyer, d’environ 1700 fr., après douze jours. Au tarif normal, qu’il aurait demandé à un colocataire par exemple, la moitié du loyer n’aurait été atteinte qu’au bout de trente jours. Immobilier: Des gérances haussent le ton face aux sous-locations Airbnb - Vaud & Régions - 24heures.ch Lausanne. Les agences contactées confirment: très peu de demandes d’autorisation leur parviennent. Certaines, comme Naef Lausanne ou Golay Immobilier, n’en ont jamais reçu, alors même que le succès de la plate-forme va croissant. Les hôteliers haussaient déjà le ton face à cette plate-forme qu’ils considèrent comme une sorte de concurrence déloyale, beaucoup d’utilisateurs ne s’acquittant pas de la taxe de séjour. Au tour des gérances de partir à la traque des souslocations illicites. «Nous faisons des visites ponctuelles sur la plate-forme pour voir si nous reconnaissons des logements que nous gérons, expose Olivier Moser, chief operating officer chez de Rham Immobilier. A ce jour nous avons trouvé trois cas, mais ils risquent d’être plus nombreux à l’avenir. Il nous est déjà arrivé de résilier le bail pour cette raison.» Dans le cadre plus large d’une «chasse aux sous-locations» lancée il y a un an, les employés de Bilfinger doivent aussi surveiller le site. «Mais c’est difficilement contrôlable et ça prend beaucoup de temps», relate Olivier Juillard, directeur pour la Suisse romande. 17.09.15 14:56 Selon Renaud Jaccard, directeur de l’ASLOCAIntersections, un tel montant est donc abusif. Cela ne change rien que le locataire ne touche pas effectivement plus que le loyer mensuel, parce qu’il ne sous-loue qu’un week-end. «Dans une sous-location normale, un locataire peut demander une majoration de 10% à 15% du loyer qu’il paie pour l’utilisation du mobilier, entre autres. Mais, et c’est le problème avec Airbnb, les montants demandés vont souvent au-delà.» Dans ce cas, le bailleur est donc dans son droit de refuser la sous-location à un locataire qui en ferait la demande. C’est pour sensibiliser ses membres au «phénomène» Airbnb que la CVI a publié l’hiver dernier un papier consacré à la plate-forme. «On en parle beaucoup. Des propriétaires nous contactent pour nous demander que faire lorsqu’ils sont confrontés à un locataire qui utilise le site», relate Vanessa Grand-Pierre. Selon son analyse, un bailleur doit en règle générale accepter une demande de sous-location si les conditions, qui doivent être communiquées, sont suffisamment déterminées. Le loyer perçu, quant à lui, ne doit pas être abusif. «Dans le cas d’Airbnb, deux spécificités font qu’il pourra presque toujours refuser. Une sous-location doit être conclue pour une durée déterminée. Tel n’est pas le cas d’une personne qui sous-loue régulièrement sur le site. Enfin, les personnes qui sous-louent via Airbnb le font dans le but de se procurer un revenu, ce qui est interdit et constitue un motif de résiliation de bail.» Prudence conseillée L’ASLOCA conseille aux utilisateurs d’Airbnb d’être prudents. «Ils prennent un risque en sous-louant sans autorisation, affirme Renaud Jaccard, directeur de l’ASLOCA-Intersections. Le droit suisse se prête peu à cette activité. Et le droit vaudois est encore plus restrictif car il prévoit que, si l’accord n’a pas été obtenu, le locataire s’expose à une résiliation. Dans d’autres cantons, il est possible de justifier la sous-location par la suite.» Renaud Jaccard évoque aussi la possibilité pour le bailleur de réclamer une partie des gains réalisés via Airbnb. Surnommée la «reine d’Airbnb», la Vaudoise Jasmina Salihovic, fondatrice de la société Chambres d’amis, loue plus d’une centaine de biens immobiliers pour le compte de propriétaires et de locataires domiciliés un peu partout en Suisse. Cinq personnes qu’elle représentait et qui souslouaient sans autorisation se sont fait attraper. «J’invite mes clients à être transparents avec leur régie. Faites une lettre où vous expliquez que vous allez faire ça sporadiquement et les raisons qui vous motivent. Si le loyer perçu n’est pas excessif, il ne devrait pas y avoir de problème.» Chez de Rham, Olivier Moser dit qu’une telle démarche serait bien accueillie. «Sur le principe, nous sommes opposés à la pratique. Mais si un locataire est transparent, on examinera sa demande avec plus de bienveillance. Mais on s’y opposera s’il s’avère, au vu du loyer, de la durée ou de la fréquence, qu’il veut réaliser un profit.» * Prénoms d’emprunt (24 heures) http://www.24heures.ch/vaud-regions/gerances-haussent-face-souslocations-airbnb/story/21365032#comments