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SARKIS Œuvres entrées dans la collection en 1985, 1998, 2002, et en 2007 à l’issue de l’exposition Le monde est illisible, mon cœur si (2002) : Partitions pour les 3 scènes de Le monde est illisible, mon cœur si, 2002 - La Brûlure, 2002 Dimensions : 46 x 69 cm N° d’inventaire : 2002.4.1 - L’Espace de musique, 2002 Dimensions : 46 x 69 cm N° d’inventaire : 2002.4.2 - L’Ouverture, 2002 Dimensions : 46 x 69 cm N° d’inventaire : 2002.4.3 Don de l’artiste en 2007, n°d’inventaire : 2002.4.1à 3 L’Ouverture, 2002 2 Dimensions : 1 200 m Œuvre acquise en 2007, n° d’inventaire : 2007.3.1 Le Son des quatre lumières colorées à l’arrivée, 1998 Dimensions : 280 x 84,5 x 84,5 cm Don de l’artiste en 2007, n° d’inventaire : 2007.8.1 La Chaleur, 2007 L’ensemble des 7 œuvres interprétées par e Sarkis composent une 8 œuvre. 2 Dimensions : 1 200 m Don de l’artiste en 2007, n° d’inventaire : 2007.8.2 The Drama of the K., 1983 Dimensions : 324 x 78 x 180 cm Œuvre acquise par le FNAC, déposée au Musée en 1985. Transfert de propriété en 2007, n° d’inventaire : 2007.12.8 Rêve du jour et de la nuit du peintre en bâtiment, 1980 2 Dimensions variables : environ 40 m Œuvre acquise par le FNAC, déposée au Musée en 1998. Transfert de propriété en 2007, n° d’inventaire : 2007.12.7 Sarkis, Vue de l’exposition Le Monde est illisible, mon cœur si, 2002. Conférence. ©Blaise Adilon ©Adagp, Paris 2010 1 C’est rue du Pont-de-Lodi à Paris, en 1982, chez Éric Fabre que nous engageons nos premières conversations avec Sarkis. À cet instant, l’artiste soulève la moquette et intitule son geste La sculpture du décor. Mais depuis dix ans déjà, il pose au sol la plupart des œuvres qu’il 2 expose aux regards. Ajustant l’un à l’autre, il crée la mise en scène . 1 Galerie Éric Fabre, Paris. En 1985, Sarkis réunit en une seule publication (Lebeer Hossmann) « Trois mises en scènes » créées pour trois lieux distincts dans un temps à peu près simultané, respectivement à Berne, Genève et Villeurbanne (juin-novembre). En 1991, il crée les « Scènes », substituant à la continuité du sol la fragmentation des petites plates-formes circonscrites sur lesquelles il joue désormais l’histoire des 2 © Musée d’art contemporain de Lyon - 2010 1 En septembre 1991, nous évoquons avec Sarkis un projet d’exposition au Musée ; l’artiste vient de créer Paysage (brûlé) pour la première Biennale de Lyon. Mais c’est en mars 1998, alors que nous inaugurons Le Son des quatre lumières colorées à l’arrivée, pièce silencieuse 3 pour fragment d’espace sonore , que nous nous engageons véritablement. Comme toujours avec Sarkis, la toute première apparition de l’exposition se manifeste sous la forme d’une aquarelle (printemps 2001). Sur un plan du deuxième étage du Musée à l’échelle 1/100 que nous lui avons confié, Sarkis a déposé des couleurs avec cette délicate maîtrise qui n’appartient qu’à lui. Ce projet de papier sera progressivement ajusté jusqu’à ce que l’artiste lui donne une forme définitive. Dès lors, il sera ce que Sarkis nomme une « partition », qu’un exécutant futur pourra rejouer en l’interprétant, à la manière d’un chef d’orchestre pour la musique savante. Une partition peut être composée d’une ou plusieurs œuvres, anciennes ou inédites, appartenant ou non à des collections publiques ou privées. Le propriétaire d’une partition est en droit dans le futur le plus lointain de « rejouer » l’exposition, c’est-à-dire qu’il aura par contrat l’accord de prêt de toutes les œuvres qui composent l’exposition, qui ne lui appartiennent pas, pour jouer une partition dont il est propriétaire, ou plus exactement, dont il a les droits de reproduction et d’exécution. En ce sens, la partition est comme une œuvre au carré, tandis que les œuvres qui la composent sont des « reproductions » (au sens de notes reproductibles). Ces œuvres, pleinement elles-mêmes et « duplicata » tout à la fois, sont au service d’une « œuvre » plus vaste qui les dépasse et les englobe : l’exposition Sarkis, Partition pour Le monde est illisible, mon rejouable à l’infini. L’exposition est œuvre cœur si, 2001. ©Blaise Adilon ©Adagp, Paris aussi longtemps que la partition est respectée 2010 4 par l’exécutant. En septembre 2001, la future partition a déjà un titre : Le monde est illisible, mon cœur si. L’exposition comporte trois scènes et se déroule en trois périodes successives d’égale importance, d’un mois environ, chacune aura sa propre partition ; la première du 2 février au 2 mars, la seconde du 6 mars au 7 avril et la troisième du 17 avril au 19 mai 2002, chacune porte un sous-titre. Les trois scènes occupent successivement tout l’espace disponible du 2 deuxième étage du Musée (30 x 36 x 5 m), soit environ 1 200 m . Tous les murs ont disparu, afin que le lieu soit immédiatement dévoilé dans son intégralité et qu’on chemine en toute liberté. Ainsi, l’espace tout entier est une scène. L’exposition est configurée dans le temps, par conséquent elle se tient moins qu’elle ne se déroule : la première scène sera recouverte pour devenir la deuxième scène, tandis que dans la troisième, un dispositif ouvert au flux continu d’un présent en permanence actualisé ouvrira sur l’actualité du monde. Au cours de chacune des trois scènes, dans l’ordre chronologique, un son invité souligne la durée. D’abord Bach, Cantate BWV 127, puis Feldman, Symétrie boiteuse, enfin Le Souffle du dehors (tous les sons émis au dehors sont invités dedans). La scène I, La Brûlure, est composée de quinze pièces anciennes disposées autour de Transflammation, la seizième, créée pour l’occasion : 479 planches organisées en un cercle de huit mètres de diamètre, en dix-sept tas. L’œuvre est constituée de tous les éléments débités d’un meuble prêt à l’emploi, tout entier contenu dans ses planches, comme en suspension. 5 C’est un horizon d’attente. œuvres (Grenoble, Magasin : « scènes de nuit – scènes de jour »). Enfin, en 2000, (Bordeaux, 21 janvier9 avril), dans l’immense nef du CAPC, il permet au public de s’asseoir et parler en partageant l’espace continu de l’exposé. 3 Musiques en scène : 1998, du 4 au 24 mars, à l’invitation du Musée, Sarkis crée l’œuvre pour le premier étage. 4 Sur l’exécution de l’œuvre et le respect de la « partition », voir dans un tout autre contexte, la notice Sol LeWitt/Merz. 5 Les quinze pièces anciennes sont : 14 Lustres des ateliers brûlés, 2000 ; neuf vitraux : Paysage, 1994 ; Ma chambre de la rue Krutenau en satellite, 1989 ; La Robe de « Une nuit à Oud-Amelisweerd », 2000 ; © Musée d’art contemporain de Lyon - 2010 2 La scène II s’intitule L’Espace de musique : toutes les œuvres de la scène I sont couvertes de e e kilims parmi les plus beaux qui soient du XVIII au XX siècle. Morton Feldman (1926-1987), qui compose à partir de patterns soumis à des principes de répétition et à d’infimes variations, a tissé les notes de Crippled Symmetry, d’après le motif répété d’un kilim d’Anatolie (voir notice Feldman). Pour la scène III, intitulée L’Ouverture, tout a disparu (œuvres, kilim, Feldman) à l’exception des quatorze lustres, des neuf vitraux et des plaques de rue. Une énorme tuyauterie en périphérie de la salle ramène de l’extérieur l’air et les sons qui s’y trouvent, tandis que la lumière du dehors colorée au-dedans s’infiltre toujours par les vitraux. Au centre, huit écrans. 6 Plusieurs orateurs seront invités pour des conférences , tandis que chaque jour des journaux du monde entier sont déposés au sol, rapportant dans leur langue les faits du monde, poussés en désordre vers le centre par l’air qui pulse et qui souffle le chaud et le froid : indice du temps qui va, « Musique du vent ». Dès 1985, le Musée accueille en dépôt The Drama of the K., œuvre alors récemment acquise par le FNAC. En 1998, le Musée accueille en dépôt Rêve du jour et de la nuit, du peintre en bâtiment, récemment acquise par le FNAC. En 2002, à l’issue de l’exposition Le monde est illisible…, Sarkis donne au Musée les partitions des scènes I, II et III. En 2007, le Musée acquiert la scène III. Sarkis donne alors au Musée Le Son des quatre lumières colorées à l’arrivée. Avec les trois partitions et la scène III, le Musée tient une œuvre générique (sur cette notion voir notices Kabakov, Baldessari, Filliou), moment précis où l’artiste délibérément bascule l’espace sur l’axe de la temporalité, et où les scènes, dans leur succession diachronique construisent un moment singulier. Celui-ci incarne trois couples emblématiques de l’œuvre de Sarkis : passé présentifié/présent perpétuel, actualisation/actualité, art/monde (sur la notion de Sarkis, L’Ouverture, 2002. ©Blaise Adilon moment, voir Abramović/Ulay, Kosuth, Jean-Luc ©Adagp, Paris 2010 Parant). En 2007, les deux œuvres du FNAC font l’objet d’un transfert de propriété. L’ensemble des sept pièces, en incluant les trois partitions, travaillent la question de la durée, de l’interprétation, de la transmission et articulent comme jamais dans l’œuvre de Sarkis les rapports de l’histoire, de la mémoire et du présent. Forts de cette « vérité », nous suggérons alors à Sarkis d’interpréter à son tour ces sept œuvres pour qu’ensemble elles n’en fassent qu’une sur le modèle de la rétrovision (schéma inspiré par Allan Kaprow, terme emprunté à Daniel Buren, voir notices Robert Morris, François Morellet, Allan Kaprow). Sarkis accepte et trace sur le papier un jeu de forme qui prend peu à peu cette configuration. Sarkis Né en 1938 à Istanbul (Turquie), vit à Paris et travaille à Villejuif (France) Zone, 1994, Au commencement, l’aquarelle, 1998 ; Leidschatz (Les Chambres brûlées), 1991 ; L’Air, 1995 ; Les Cendres de Gramsci, 1987 ; Froid au dos, 1993 ; La Bibliothèque de Sarajevo visitée par le piano/fourneau, 1997-1998-2002 ; La Fontaine de Krishna, 1999 ; Paysage brûlé, 1991 ; Nord Ost West Sud, en aquarelle rouge, 1997 ; Les 12 Plaques de rue des objets brûlés, 1990. 6 Bernard Stiegler, Angela Davis. Sarkis est présent trois jours par semaine et dialogue avec qui le souhaite. © Musée d’art contemporain de Lyon - 2010 3