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Séance 2 / texte 2 : La mobilisation selon Louis-Ferdinand Céline
Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) est médecin et écrivain français. Il participe à la Première
Guerre Mondiale en tant que cavalier cuirassier. Cette expérience de la guerre dont il sort blessé
et décoré lui fait découvrir l’horreur des combats et l’absurdité du monde qu’il dénonce dans son
premier roman Voyage au bout de la nuit (1932). La sincérité et l’humanité de son propos sont
noircies par des pamphlets antisémites écrits sous l’Occupation.
Le 2 août 1914, Ferdinand Bardamu, étudiant en médecine, est en pleine discussion avec
son ami Arthur Ganat également étudiant à la terrasse d’un café parisien.
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Mais voilà-t-y pas que juste devant le café où nous étions attablés un régiment
se met à passer, et avec le colonel par-devant sur son cheval, et même qu’il avait l’air
bien gentil et richement gaillard, le colonel ! Moi, je ne fis qu’un bond d’enthousiasme.
- J’vais voir si c’est ainsi ! que je crie à Arthur, et me voici parti à m’engager, et
au pas de course encore.
- T’es rien c… Ferdinand ! » qu’il me crie, lui Arthur en retour, vexé sans aucun
doute par l’effet de mon héroïsme sur tout le monde qui nous regardait.
Ça m’a un peu froissé qu’il prenne la chose ainsi, mais ça m’a pas arrêté.
J’étais au Pas. « J’y suis, j’y reste ! » que je me dis.
- On verra bien, eh navet ! » que j’ai même encore eu le temps de lui crier
avant qu’on tourne la rue avec le régiment derrière le colonel et sa musique. Ça s’est
fait exactement ainsi.
Alors on a marché longtemps. Y en avait plus qu’il y en avait encore des rues,
et puis dedans des civils et leurs femmes qui nous poussaient des encouragements,
et qui lançaient des fleurs, des terrasses, devant les gares des pleines églises. Il y en
avait des patriotes ! Et puis il s’est mis à y en avoir moins des patriotes… La pluie est
tombée, et puis encore de moins en moins et puis plus du tout d’encouragements,
plus un seul, sur la route.
Nous n’étions donc plus rien qu’entre nous ? Les uns derrière les autres ? La
musique s’est arrêtée. « En résumé, que je me suis dit alors, quand j’ai vu comment
ça tournait, c’est plus drôle ! C’est tout à recommencer ! » J’allais m’en aller. Mais trop
tard ! Ils avaient refermé la porte en douce derrière nous les civils. On était faits,
comme des rats.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, © Editions Gallimard, 1932
■ Questionnaire
1. Qui est Louis-Ferdinand Céline? Qui est Ferdinand Bardamu ? Ce récit est-il
autobiographique ?
2. Est-ce que ce récit constitue un témoignage direct de la guerre ?
3. Qu’est-ce qui pousse le narrateur à s’engager ?
4. Quel est le comportement des civils dans cette scène ? Citez des mots du texte à
l’appui de votre réponse.
5. Quel est le niveau de langue employé dans ce récit ? Quel est l’effet produit ?
6. Quel sentiment le narrateur éprouve-t-il au début du texte ? à la fin ? Quelle évolution
constatez-vous ?
■ Etablir des liens entre le texte de Jean Richard de Soultrait et celui de Céline
Rédigez un court paragraphe dans lequel vous comparez les textes du témoin Jean Richard
de Soultrait et de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline. Quels points communs et différences
notez-vous entre ces deux textes ?
■ Documents complémentaires
Affiche annonçant la mobilisation générale le 2 août 1914
Jacques Tardi, C’était la guerre des tranchées, Casterman, 1993
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Comment la foule réagit-elle à l’annonce de la guerre ?
Observez le cadrage de la vignette : que voit-on des personnages ?
Quelle expression lit-on sur les visages ?
Quel geste confirme cette émotion ?
Quelles différences notez-vous entre cette image de Jacques Tardi et le texte de
Jean Richard de Soultrait ?
6. Jacques Tardi offre-t-il une vision pessimiste ou optimiste de la nature humaine ?
Justifiez en vous appuyant sur l’ensemble de vos réponses ?

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